Title: Dictionnaire du bon langage
Author: N.-J. Carpentier
Release date: October 10, 2013 [eBook #43926]
Most recently updated: October 23, 2024
Language: French
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CONTENANT
LES DIFFICULTÉS DE LA LANGUE FRANÇAISE
LES RÈGLES ET LES FAUTES DE PRONONCIATION
LES LOCUTIONS VICIEUSES
LES WALLONNISMES, LES FLANDRICISMES, ETC.
par
l'abbé N.-J. CARPENTIER
DIRECTEUR DE L'ÉCOLE MOYENNE DE St-BARTHÉLEMI A LIÉGE ET INSPECTEUR CANTONAL DES ÉCOLES PRIMAIRES DU RESSORT DE LA MÊME VILLE
Ce n'est pas assez d'apprendre à bien parler et à bien écrire; il faut encore et avant tout désapprendre à mal parler et à mal écrire.
LIÉGE
L. GRANDMONT-DONDERS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
1860
Les formalités prescrites par la loi ont été remplies.
Tout exemplaire non revêtu de la griffe de l'auteur sera réputé contrefait.
La difficulté de se corriger des vices de prononciation et de langage est un fait généralement reconnu par les hommes de l'enseignement, et par les personnes qui ont fait une étude quelque peu approfondie de la langue française. L'un des plus grands écrivains dont s'honore la littérature française, se fondant sur son expérience personnelle, ne craint pas de dire qu'il est rare que l'on se défasse entièrement de la rouille du provincialisme, à moins que l'on n'ait reçu de bonne heure, là où la langue se parle le mieux, c'est-à-dire dans la capitale, une éducation soignée.
A quoi faut-il attribuer cette infériorité du provincial dans l'usage de la langue?
Nous pensons qu'une des causes principales de ce fait, sinon la principale, est que, jusqu'à présent, l'on ne s'est pas assez attaché, dans l'enseignement de la VI langue maternelle, à signaler les taches qui en ternissent la pureté dans la bouche ou sous la plume de ceux qui la parlent ou l'écrivent. Cette partie négative, et pourtant essentielle, d'un cours complet de langue française a été, il faut le dire, singulièrement négligée dans nos écoles primaires et nos établissements d'instruction moyenne. Sans doute les bons traités de prononciation, les bonnes grammaires et les bons dictionnaires ne nous manquent point. Grâce à ces guides éclairés, nous parvenons à connaître les règles du bon langage; mais n'est-il pas vrai que ces manuels, pour la plupart, oublient trop qu'ils s'adressent à des personnes qui ont à se corriger des défauts originels de terroir? Ce n'est pas assez, à notre sens, d'apprendre à bien parler et à bien écrire; il faut encore, et avant tout, désapprendre à mal parler et à mal écrire.
Nous nous sommes proposé de combler cette grave lacune de l'enseignement. Nous nous adressons donc aux wallons et aux flamands, voire même aux lecteurs que notre Dictionnaire pourrait rencontrer en France, et nous les avertissons de prendre garde à certains défauts de prononciation qu'ils semblent ne pas soupçonner; nous leur signalons une foule d'expressions, de termes, de tournures, que réprouve le bon langage, ou que condamne un goût sûr et sévère: nous cherchons, en un mot, à les déprovincialiser, s'il nous est permis de parler ainsi.
Mais ce n'est que la moitié de notre tâche. Voulant donner à notre ouvrage un caractère de généralité qui en fasse un véritable manuel, même pour les personnes qui ont reçu une éducation complète, nous avons passé VII en revue les difficultés de la langue française. Nous avons désiré qu'à l'aide de notre Dictionnaire on pût trouver la solution prompte et catégorique des doutes qui se présentent journellement touchant le genre des noms, la signification de certains mots risqués, la prononciation, la synonymie, la paronymie et les règles les plus controversées de la lexicologie et de la syntaxe.
C'est assez dire que notre ouvrage offre, à chaque page, deux parties bien distinctes: une partie négative, destinée à signaler les vices et les fautes de langage, et une partie positive, qui traite sommairement des difficultés qui sont de nature à embarrasser dans la conversation et dans la rédaction.
On nous demandera peut-être pourquoi nous avons cru devoir écarter la forme du manuel proprement dit, pour adopter celle du dictionnaire.
Si l'on veut bien tenir compte de notre but, on comprendra sans peine pourquoi nous avons accordé la préférence à cette dernière forme. Nous avons eu en vue, en effet, non-seulement les élèves, mais encore les personnes qui ont terminé leur éducation. Or, si les élèves peuvent s'accommoder d'un manuel et s'en servir avec fruit, il n'en est pas ainsi des gens du monde qui demanderont surtout à trouver dans notre ouvrage un répertoire utile qu'ils puissent consulter à toute heure et sans difficulté. Il y a plus: si même nous n'avions eu en vue, en rédigeant notre Dictionnaire, que les élèves de nos établissements d'instruction publique, il nous eût été difficile, sinon impossible, d'adopter un ordre logique quelconque, par VIII exemple, un plan calqué sur les grandes divisions de la grammaire. Car enfin nous écrivons non seulement pour les élèves des écoles primaires, mais encore pour ceux qui fréquentent les cours de l'enseignement secondaire ou moyen. Or, tel plan qui eût été parfaitement approprié au degré d'instruction et d'intelligence de ceux-ci, aurait présenté pour ceux-là d'inévitables inconvénients.
Ces considérations justifient pleinement, ce nous semble, le choix que nous avons fait de l'ordre alphabétique. D'ailleurs les numéros par lesquels nous avons eu soin de distinguer nos remarques, permettront aux maîtres qui feront usage de notre Dictionnaire d'y joindre les avantages qui résultent d'une méthode plus logique et mieux adaptée aux besoins divers d'un enseignement gradué.
On nous reprochera peut-être d'avoir signalé certaines fautes de prononciation ou de langage, trop communes ou trop populaires. Ce reproche tombe de lui-même, si l'on veut bien ne pas oublier que nous écrivons pour les enfants des écoles primaires aussi bien que pour les élèves des établissements moyens ou pour les hommes instruits, et que, en définitive, le français est une langue à peu près étrangère pour tout le monde.
On n'est guère plus fondé, croyons-nous, à nous faire un grief de nos répétitions fréquentes. Qui ne sait, en effet, que la répétition est l'âme de l'instruction? Qui ignore que les élèves surtout ne savent bien que ce qu'on leur a fait répéter à satiété et sous toutes les formes? Nous en appelons ici à l'expérience de nos confrères dans l'enseignement.
Nous ne prétendons point donner notre Dictionnaire comme un code du langage de tout point irréprochable. Nous sommes des premiers à reconnaître toutes les difficultés inhérentes à la rédaction d'un ouvrage de ce genre; et partant nous conviendrons sans peine qu'il est loin encore d'avoir ce degré de perfection dont il est susceptible, et qu'une critique éclairée pourra y découvrir plus d'une lacune et y signaler peut-être des inexactitudes.
C'est pourquoi nous sommes disposé à tenir compte des observations que l'on voudra bien nous communiquer. Ces observations même nous les appelons de tous nos vœux, convaincu que nous sommes que pour arriver à faire un bon ouvrage classique, ce n'est pas trop du concours des lumières de tous ceux qui s'intéressent au sort des lettres et aux progrès de l'enseignement.
Dictionnaire de l'Académie.
Dictionnaire universel de la langue française, par M. Bescherelle, aîné.
Nouveau Dictionnaire universel de la langue française, par M. J. Poitevin.
Dictionnaire flamand-français, etc., par l'abbé Olinger.
Dictionnaire wallon-français, etc., par J. Cambresier;—item, par L. Remacle, 2 vol.;—item, par Hubert;—Dictionnaire étymologique wallon, par Ch. Grandgagnage.
Grammaire française, par l'abbé J.-J. Péters;—item, par Poitevin, Noël et Chapsal, Napoléon Landais, Girault-Duvivier, Mauvy, etc., etc.
Cours de Prononciation, etc., par Fréd. Hennebert;—item, par L. Remacle; item, par Joseph de Malvin-Cazal;—item, par le R. P. Mansion, de la Compagnie de Jésus, etc., etc.
Synonymes français, par l'abbé Girard.
Dictionnaire synonymique de la langue française, par J.-Ch. Laveaux.
Dictionnaire des synonymes de la langue française, par M. Lafaye.
Dictionnaire raisonné des difficultés grammaticales et littéraires de la langue française, par J.-Ch. Laveaux, édition de Ch. Marty-Laveaux.
Dictionnaire raisonné des difficultés et exceptions de la langue française, par Th. Soulice et Sardou.
Dictionnaire des difficultés de la langue française, par C.-V. Boiste, édition de Ch. Nodier.
Remarques sur le Dictionnaire de l'Académie, par B. Pautex.
Les Omnibus du langage, par D. Lévi Alvarès et C.-L. Merle, dernière édition de Paris.
Dictionnaire wallon-français, à l'usage des habitants de la province de Luxembourg, par J.-B. Dasnoy.
Du bon Langage et des locutions à éviter, par Mme la comtesse Drohojowska.
Belgicismes ou les vices de langage et de prononciation les plus communs en Belgique, corrigés, etc., par Joseph Benoit.
Le Complément des grammaires et des dictionnaires français, par le même.
Nouveau manuel de la pureté du langage, par F. Biscarat, édition de A. Boniface.
Le Langage vicieux corrigé, par B. Jullien.
Flandricismes, Wallonnismes et expressions impropres de la langue française, par un ancien professeur (M. Poyart).
Dictionnaire des locutions vicieuses, etc., par M. D. R.
Manuel de la conversation ou traité de la pureté du langage; Bruxelles, chez Deprez-Parent.
Les Omnibus liégeois.
Les Omnibus montois, par L. Dethier, typographe.
A, prép.—Ne dites pas: le cheval à mon père, le livre à mon frère, la fête à maman, etc.; dites, le cheval de mon père, le livre de mon frère, la fête de maman.—La barque à Caron fait exception à cette règle. (Acad.)
2. Ne dites pas: un ami à moi, à lui; dites, un de mes amis, un de ses amis; on disait autrefois, et bien gracieusement, un mien ami, un sien ami.
3. Ne dites pas: nous étions à dix à table; nous avons soupé à huit; dites, nous étions huit à table; nous étions huit à ce souper, ou nous avons soupé au nombre de huit.
4. Ne dites pas: il a mis son fils aux Jésuites; dites, chez les Jésuites, et mieux, au collége des Jésuites. (Wall. et Fland.)
5. Ne dites pas: je demeure à la rue Hors-Château; à quelle rue demeurez-vous; dites, je demeure dans la rue Hors-Château, ou simplement, je demeure rue Hors-Château; dans quelle rue demeurez-vous.
6. C'est à vous de parler, c'est à vous qu'il appartient, qu'il convient de parler, et, c'est à vous à parler, votre tour de parler est venu. (Acad.)
Cependant les bons écrivains n'ont pas toujours observé cette distinction: Dieu me l'a donné, c'est à moi à en prendre soin. (Bernardin de Saint-Pierre.)
7. La préposition à s'emploie entre deux noms de nombre, lorsque le sens permet d'augmenter le premier; ainsi on dit: il a fait cinq à six lieues; il a perdu quinze à vingt francs; il a invité trente à quarante personnes; il a perdu quinze francs et demi; il a fait cinq lieues et un quart; perdu quinze francs et demi, seize francs; invité trente et une, trente-deux personnes, etc.—Mais lorsque le sens ne permet pas d'augmenter le premier des deux nombres, c'est la conjonction ou qu'il faut employer; on dira donc: il a perdu quinze ou seize centimes; il a invité trente ou trente et une personnes, etc.
Aa.—Les deux a se prononcent et sont brefs: A-aron, Isa-ac, Ba-al.
Abaisser.—Ne dites pas: abaissez-vous pour ramasser ce qui est tombé; dites: baissez-vous.
Abasourdir, v. a., rendre sourd, étourdir: prononcez l's dure.
Abattoir, s. m., endroit où l'on tue les bestiaux; le mot abattage, dans ce sens, n'est pas français.
Abattue, dans le sens de remise, abri, n'est pas français.
Abbaye, s. f., couvent régi par un abbé, prononcez: Abé-î et non abai-ïe.
Abbé, s'écrit avec deux b, et fait au féminin abbesse: on ne prononce qu'un b dans abbaye, abbé, abbesse, abbatial.
Abîme, s. m.: on écrit aussi, mais plus rarement, abyme, abymer.
Abîmer.—Ce mot signifie gâter, et non salir, souiller, comme en wallon; vous pouvez donc dire: mon chapeau a été abîmé par la pluie; mais ne dites pas: mon pantalon est abîmé par la boue; vous direz dans ce cas: mon pantalon est crotté, éclaboussé, sali, couvert de boue.
Able, s. f., ablette, petit poisson; prononcez able (a bref.)
Able, terminaison qui a l'a long seulement dans les substantifs de deux syllabes: diable, fable (diâble, fâble), excepté table, qui a l'a bref. L'a est bref dans tous les autres cas: aimable, blamable, formidable, etc.—Les wallons sont exposés à supprimer l'l et à changer le b en p; les flamands de leur côté, prononcent trop souvent bèle au lieu de ble: ainsi les premiers diront: fâpe, tape, diâpe, aimape, estimape; les derniers diront fâbèle, tâbèle, diabèle, aimabèle, estimabèle. Il faut donc prononcer toutes ces lettres finales et particulièrement l'l, et les prononcer sans intercaler un e entre le b et l'l, et l'important, c'est d'y exercer impitoyablement les élèves dès leur plus tendre enfance.
Abloucner, attacher, serrer avec une boucle: ce mot n'est pas français; dites, boucler: bouclez vos jarretières. (Wall.)
Aboutonner, attacher avec des boutons: ce mot n'est pas français, dites boutonner. (Wall.)
Aboyer.—On ne doit pas dire: aboyer quelqu'un ou sur quelqu'un, mais aboyer à, contre ou après quelqu'un. Un chien qui aboie aux voleurs, contre tous les passants, après tout le monde; tous ses créanciers aboient après lui. En parlant des petits chiens, on emploie ordinairement le verbe japper: le chien ne fait que japper.
Abraham, n. pr.: prononcez Abrahame.
Abre, Abrer; Adre, Adrer; Avre, Avrer (terminaisons en): l'a est long dans ces terminaisons, sabre, sabrer, cadre, cadrer, navre, navrer. Cette règle s'applique aux dérivés de ces mots, auxquels il faut ajouter les analogues madré, madrée.
Abréviations.—Les principales abréviations sont les suivantes:
J.-C. Jésus-Christ.
N. S. Notre Seigneur.
N. S. J.-C. Notre Seigneur Jésus-Christ.
S. S. Sa Sainteté (le Pape).
S. P. Saint Père (le Pape).
S. M. Sa Majesté.
S. M. I. Sa majesté impériale (un empereur).
S. M. I. et R. Sa majesté impériale et royale.
S. M. B. Sa majesté britannique (le souverain de la Grande-Bretagne).
S. M. C. Sa majesté catholique (le souverain d'Espagne).
S. M. T. C. Sa majesté très-chrétienne (le souverain de France).
S. M. T. F. Sa majesté très-fidèle (le souverain de Portugal).
S. H. Sa Hautesse (le Sultan).
S. A. Son altesse. (Se dit d'un prince du sang ou d'un prince régnant).
S. A. I. Son altesse impériale. (Idem).
S. A. R. Son altesse royale. (Idem).
S. A. S. Son altesse sérénissime.
S. Exc. Son excellence. (Se dit d'un ministre, d'un ambassadeur).
S. Em. Son éminence (se dit d'un cardinal).
Mgr. Monseigneur. (Se dit d'un évêque, prince, etc.)
M. Monsieur.
Me Maître. (Se dit des notaires, avoués, avocats).
MM. Messieurs.—Mme ou Me Madame.
Mlle Mademoiselle.—Md Marchand.
Mde Marchande.—Ngt Négociant.
Acacia, s. m., arbre: prononcez acacia et non acazia.
Acalender, mot wallon; dites: cette boutique est bien achalandée, et non: acalendée.
Accessit, s. m.—Le t se prononce au singulier et au pluriel: l'Académie écrit au pluriel deux accessit, et fait remarquer que plusieurs écrivent des accessits: nous admettrions volontiers cette dernière orthographe.
Accourir, Apparaître, Disparaître et Résulter, prennent indifféremment avoir ou être: j'ai accouru, je suis accouru pour la fête; un spectre lui avait apparu, lui était apparu; mon argent a disparu, est disparu; qu'a-t-il résulté de là? qu'en est-il résulté? (Acad.)—Mais paraître, comparaître et reparaître ne prennent qu'avoir, ainsi que périr, contrevenir et subvenir: la troisième livraison de ce livre a paru; satan et ses anges ont péri par orgueil; on a subvenu à ses besoins. (Acad.)—C'est donc une faute de dire: ce livre est paru; cet ouvrage est paru depuis quinze jours.
Accroc, s. m., déchirure (le cinq des wallons); obstacle, embarras; on ne prononce pas le c final et on ne fait sentir qu'un des deux c: acrô (ô long).
Accroche, dans le sens d'agrafe, n'est pas français.
Acculé.—Ne dites pas des souliers acculés; dites des souliers éculés, pour signifier des souliers qui s'abaissent par derrière sur le talon.—On dit aussi: éculer ses souliers, ses bottes s'éculent.
A ce que.—Ne dites pas: j'arrangerai cette affaire de manière à ce que tout le monde soit content; dites simplement, de manière que tout le monde soit content.
Achéron, s. m., t. de mythol., fleuve des enfers: prononcez achéron et non akéron.
Acheter, v. a.—Ne dites pas: j'ai acheté ma maison pour dix mille francs; j'ai vendu mon cheval pour huit cents francs; mais dites: j'ai acheté ma maison dix mille francs; j'ai vendu mon cheval huit cents francs. (Wall.) Mais on dira bien: ce négociant a acheté hier pour mille francs; j'ai vendu des meubles pour deux cents francs.
Achever, v. a.—Prononcez achever, ach'ver et non ach'fer; il en est de même de échevin, cheville, écheveau, etc.—Voyez la lettre v.
Aclaircir, Raclaircir, ne sont pas français; c'est éclaircir qu'il faut dire.
Acolyte, s. m., clerc qui a reçu un des quatre ordres mineurs, nommé l'ordre des acolytes; ce mot ne figure pas dans les dictionnaires dans le sens de enfant de chœur; cependant, vu son usage fréquent dans notre pays, nous n'oserions pas le condamner absolument.—Choral, dans ce sens, n'est pas français.
Acte, s. masculin et non féminin; prononcez: ac-te, en faisant sentir le t et non ake; acte de foi, prononcez de même pacte, tact, compact, entr'acte, etc.
Actualité, s. f.—question palpitante d'actualité: cette expression, dit M. Francis Wey, est un des fruits de la révolution de Juillet; avant 1833, il n'était pas question de cette horrible façon de parler.
Addition.—Écrivez et prononcez les deux d.—Lorsqu'une consonne est doublée dans le même mot, ou se trouve à la fin d'un mot et répétée au commencement du mot suivant, les flamands n'en font ordinairement sentir qu'une; c'est une faute qu'ils doivent soigneusement éviter: ainsi ils prononceront: adition, alusion, aluvion, acessit, colaboration, peti table, aide-camp, au lieu de ad-dition, al-lusion, al-luvion, ac-cessit, col-laboration, petite table, aide de camp.
Adéquat, adj., entier, total, complet: prononcez adekoua.
Adjectif:—(prononcez ad-jectif, et non at-jectif ni ag'-jectif). Les wallons placent quelquefois abusivement l'adjectif devant son substantif; ainsi ils disent: un neuf chapeau, un blanc pantalon, une propre chemisette, etc.; il faut dire: un chapeau neuf, un pantalon blanc, une chemisette propre.
Certains adjectifs pourtant peuvent ou doivent précéder le substantif; l'essentiel est donc de bien les connaître; par ex.: on dit très-bien: une belle maison, un petit livre, un homme grand et un grand homme, etc.
Ad libitum, loc. adv., à volonté: prononcez ad libitome.
Administration, s. f.: ne dites pas: on a porté hier l'administration à M. Pierre; M. Pierre a reçu hier l'administration; dites: on a administré hier M. Pierre, M. Pierre a été administré hier; ou bien, on a porté hier le viatique, l'extrême-onction, les derniers sacrements à..... M. a reçu hier le viatique, l'extrême-onction, les derniers sacrements. (Fland.)
Adorer, v. n.—Ne dites pas: j'adore la musique; j'adore les asperges, les petits pois; dites: je raffole de la musique, je suis friand des asperges, des petits pois.
Ad patres, loc. lat., signifiant littéralement, vers les pères: aller ad patres, mourir; envoyer ad patres, faire mourir: prononcez patrèsse.
Age, s. masculin.—Ne dites pas: c'est à nos âges surtout qu'il faut éviter les excès; dites: c'est à notre âge surtout.... Cette faute est assez commune.
2. Age, dans le corps ou à la fin des mots, doit se prononcer age et non ache: âge, fromage, rivage, tapage, ménagement, déménagement, etc., et non ache, fromache, rivache, tapache, ménachement, déménachement. (Wall.)—Ache, d'un autre côté, doit se prononcer ache et non age: hache, vache, cravache, il crache, crachement, etc., et non hage, vage, cravage, il crage, cragement. (Fland.)
Aéré, adj., qui a de l'air, qui est en bel air.—Dites: cet appartement est bien aéré; ne dites pas: cet appartement est bien airé.
Affaire (Avoir).—Avoir affaire de, c'est avoir besoin de: j'ai affaire d'argent; j'ai affaire de vous, ne sortez pas.
2. Avoir affaire à quelqu'un, suppose pouvoir, autorité, force, supériorité de la part de ceux à qui on a affaire; et dépendance, infériorité, besoin de la part de ceux qui ont affaire; celui qui veut obtenir une grâce, une faveur, a affaire au ministre ou à ses commis, et non avec le ministre, etc.; il a affaire à un homme dur et méchant, à un homme plus rusé, plus fort que lui.
3. Avoir affaire avec quelqu'un, suppose concours d'affaires, discussions, différends, contestations: un commis a affaire avec le ministre; un associé a affaire avec son associé; il faut éviter d'avoir affaire avec les fripons; j'ai eu affaire avec cet homme-là au tribunal de commerce. Remarquez qu'avoir affaire s'écrit en deux mots (et non avoir à faire) dans les quatre acceptions qui précèdent.
Affiler, Effiler.—Affiler, signifie donner le fil à un tranchant; effiler, c'est défaire un tissu fil à fil: j'ai affilé la lame de mon canif; j'ai effilé ma cravate.
Affligé, adj.: ce mot ne peut pas s'employer comme synonyme d'estropié: c'est un estropié (et non un affligé) qui demande l'aumône.
Agace, s. f., oiseau qu'on nomme plus communément pie; quelques-uns écrivent, agasse. (Acad.)
Agenda, s. m., carnet où l'on inscrit jour par jour ce que l'on doit faire: le plur. est agendas: prononcez aginda et non agène-da.
Ag, Agde, Age, Agme, Agne, Agre, Agru, toutes finales brèves, excepté le seul mot âge. (M. J. Benoit, le Complément des Grammaires, etc.)
Agir.—Ne dites pas: il en a mal agi avec moi; dites: il a mal agi avec moi.
2. Ne dites pas: quand il a s'agi de parler; dites quand il s'est agi; dites de même: il se fût agi, il s'était agi, il se sera agi, il se serait agi, il se fût agi, qu'il se soit agi, qu'il se fût agi.
Agonisant: prononcez agonizant et non agonis-sant.
Ai, au lieu de oi.—Autrefois on écrivait: connoître, paroître, j'aimois, il vendroit, etc.: aujourd'hui on écrit communément: connaître, paraître, j'aimais, il vendrait.
Ai, Aie, Aye, (terminaisons en)—Généralement on fait trop sentir l'i et l'e des syllabes en ai, aie, aye. On prononce par exemple, que j'aiïe, hai-ïe, clai-ïe, gai-ïe, pai-ïe, etc., tandis qu'on doit dire: que j'aî, haî, claî, gaî, paî, (aî long). Il en est de même des mots en oie et en oye, tels que soie, voie, que je croie, etc., qu'il faut prononcer soî, voî, que je croî, etc., (oî long) et non: soi-ïe, voi-ïe, que je croi-ïe. (Wall.)
Aider, v. a.—Aider quelqu'un, c'est lui prêter plus ou moins d'assistance: il faut aider les pauvres; aidez-le à descendre.—Aider à quelqu'un, c'est, le plus souvent, l'assister en partageant ses efforts: aidez à cet homme à soulever ce fardeau.
Aide de camp, s. m.—Ce mot s'écrit sans trait d'union; faites sentir les deux d.
Aides, Aises.—Je connais les aides, les aises d'une maison, pour signifier les corridors, les chambres, les escaliers, la distribution d'une maison, n'est pas français; dites: je connais les êtres, subst. m. pl., et prononcez l'r fortement, ainsi que dans toutes les finales en dre, tre, gre, bre, fre, vre, cre, etc.
Aigle, s'emploie au féminin, 1o dans le sens d'enseigne militaire: les aigles romaines, (les enseignes des légions romaines); 2o dans le sens d'armoiries: l'aigle impériale (les armes de l'empire d'Autriche qui sont une aigle à deux têtes).—Dans tout autre sens, aigle, s'emploie au masculin: l'aigle fier et courageux, un aigle femelle;—c'est un aigle, c'est-à-dire, un homme qui a un esprit supérieur.
Aiguë, (tréma), fém. de aigu: voyez gu, guë.
Aiguière.—Prononcez: aighière; de même aiguiérée, anguille. Voyez gu.
Aiguiser, v. a.—Prononcez l'u et l'i séparément: aighuiser et non aighouiser, ou aighiser. Il en est de même de: aiguille, aiguillade, aiguillée, aiguillon, aiguillonner, aiguisement et de tous les dérivés du mot aigu. Voyez gu.
Aile ou Ale, s. f., espèce de bière anglaise: prononcez èle:—L'Académie écrit aile.
Aill.—La syllabe aill est longue au milieu des mots qui expriment une action, une chose plus ou moins méprisable ou ridicule, tels que brailler, bretailler, bretailleur, se chamailler, éraillure, haillon, railler, railleur, rimailler, rimailleur. Elle est brève dans les mots qui n'ont aucune signification désagréable: ailleurs, caillou, maillot, paillette, tressaillir, vaillant, vaillance: le mot poulailler a l'a long, parce qu'il dérive de l'ancien substantif féminin poulaille.
2. Les substantifs en aille, tous du genre féminin, ont généralement l'a long ainsi que leurs dérivés: bataille, batailler, (excepté bataillon); paille (les dérivés paillasse, paillasson exceptés); taille, tailler, etc.; excepté limaille, médaille, représaille.—Versailles, Noailles, la Fouraille, Aywaille, etc., ont aussi l'a long.
3. Les substantifs en ail, tous du genre masculin, ont au contraire l'a doux: ail, bail, corail, détail, éventail, travail, et leurs dérivés; il faut y ajouter les noms propres: Montmirail, Gail, etc. (Hennebert.)
Aimer. Ce verbe exige la préposition à devant un infinitif: ne dites pas: cet enfant aime de jouer, cet élève aime de lire: dites, cet enfant aime à jouer, cet élève aime à lire.
2. Ne dites pas: mon professeur aime à ce que mes devoirs soient bien écrits; dites: mon professeur aime que mes devoirs soient bien écrits.
3. Aimer mieux, devant un infinitif rejette toute préposition: il aime mieux jouer, il aime mieux étudier. Cependant on peut dire également: cet enfant aime mieux jouer qu'étudier, et cet enfant aime mieux jouer que d'étudier. (Acad.)
Aux temps composés, mieux précède le participe passé: j'ai mieux aimé.
4. Prononcez émer et non èmer: il en est de même de tous les mots où ai, première syllabe, est suivi d'une syllabe sonore: aisé, j'aidai, etc.
Ain.—L'n des substantifs terminés en ain ne se lie pas avec la voyelle du mot suivant: le pain est fort cher (et non le pain n'est fort cher); cet homme est vain et fier (et non vain n'et fier).
Aine, eine et ène.—Prononcez vène et non vain-ne:—huitaine, dizaine, douzaine, vaine, certaine, lointaine, veine, il mène, il amène, etc. (Wall.)
Ainsi.—Est-ce bien vrai? Oui, c'est ainsi: on dit plutôt, dans le style familier: c'est comme cela ou comme ça, forme abrégée de cela.
2. Ainsi n'est pas toujours synonyme de donc: ne dites pas: vous voilà ainsi, vous partez ainsi; dites: vous voilà donc, vous partez donc.
Air, s. m.: air frais, air chaud, air froid: v. avoir l'air.
Airer, pour aérer est un barbarisme: lieu aéré, aérer une pièce et non lieu airé, etc.
Ajamber, Ajambée, ne sont pas français; dites: enjamber, enjambée.
Ajoute.—Ce mot n'est pas français, et doit être remplacé par allonge, rallonge, ou addition, suivant le sens: mettre une allonge ou une rallonge à une jupe; la table est trop petite, mettez-y une allonge ou une rallonge; l'auteur a fait à son livre de nombreuses additions.—Prononcez allon-ge, et non: allon-che. Voyez les mots prononciation et finales.
Alargir, barb.: alargir une robe, un habit: dites élargir.
Albinos, s. m. et f., race d'hommes blafards.—Prononcez albinoce.
Alcoran, s. m., livre sacré des Mahométans.—Ne dites pas: l'Alcoran, mais le Coran. En effet, il est à remarquer que al en arabe correspond à notre article 12 le, la; d'où il suit que vous ne pouvez pas plus dire l'Alcoran, que la labible, le lelivre, la laplume.
Alentour, autrefois préposition, est devenu adverbe; on dira donc: je me promène autour du parc; j'étais dans le parc, et mon ami se promenait alentour. Alentour ne peut avoir de complément et doit toujours s'employer adverbialement.
2. Ne dites pas: il travaille autour, à l'entour de sa maison, de son devoir; dites: il travaille à sa maison, à son devoir.
Alentours, s. m. pl., n'a pas de sing., et signifie les lieux circonvoisins: les alentours de Liége sont très-pittoresques.
A l'envi, expression adverbiale qui signifie avec émulation, à qui mieux mieux: c'est une faute très-commune que d'écrire à l'envie.
Alexandre, Alexandrine, Alexandrie; l'x est dure dans ces mots: Alekçandre et non Aleg-zandre.
A l'honneur.—Ne dites pas: Liége a érigé une statue à l'honneur de Grétry; dites en l'honneur de Grétry.
Aller.—L'Académie admet je vais et je vas, mais elle ajoute que cette dernière forme s'emploie rarement et seulement dans le langage familier.
2. Je fus, tu fus, il fut, etc., pour j'allai, tu allas, il alla, etc., se disent très-bien, quoi qu'en pensent Lévy, Boinvilliers, Chapsal, Poitevin, Girault-Duvivier, etc.: cette forme est consacrée par l'autorité de l'Académie et de plusieurs bons écrivains, notamment Corneille, Me de Sévigné: il ne peut donc rester l'ombre de doute sur cette question. Voyez la grammaire de M. l'abbé Péters, no 584, où l'auteur fait justice des raisons spécieuses de ses contradicteurs.
3. Employez: a été, lorsque vous croyez qu'on est de retour: Pierre a été à l'église, mais il n'y est resté qu'un instant. Employez: est allé, lorsque vous croyez qu'on n'est pas de retour. Mon père est allé à Paris, et il y séjournera trois mois. Le wallon ici est un bon guide.
4. Ne dites pas: Monsieur le baron a été ici (chez nous); dites: Monsieur le baron est venu ici.
5. Ne dites pas: je me suis en allé; on les a fait en aller; dites: je m'en suis allé; on les a fait partir. Ne dites pas: je m'y vais, mais j'y vais.
6. Ne dites pas: mon frère va sur vingt ans; dites: mon frère aura bientôt vingt ans, ou est dans sa vingtième année.
7. Ne dites pas: aller, voyager, revenir sur la terre, sur l'eau; dites: aller, voyager, revenir par eau, par terre: j'ai été à Namur et j'en suis revenu par eau.
8. Ne dites pas: il a voulu me faire aller; dites: se jouer de moi, se moquer de moi, me plaisanter, me faire poser, m'en faire accroire, selon le sens.
9. Ne dites pas: j'ai plusieurs endroits à aller; dites: je dois aller dans plusieurs endroits; j'ai plusieurs endroits à voir, à visiter; il faut que j'aille dans plusieurs endroits.
10. Allez! Allez! formule aussi inconvenante que: vous en avez menti; dites: vous plaisantez sans doute; parlez-vous sérieusement ou pour plaisanter; apparemment vous plaisantez.
11. Aller avec veut être suivi d'un régime: ne dites pas: vous partez, je m'en vais avec; dites: je m'en vais avec vous: avec est une préposition et non un adverbe. (Wall.)
12. Ne dites pas: comment va? comment vous va? comment va-t-il? dites: comment va votre santé? comment vous en va? et mieux, comment vous portez-vous? (Acad.) Ne dites pas non plus: Comment va-t-il avec vous? dites: comment vous portez-vous? (Fland.)
13. Par raison d'euphonie, on supprime ordinairement la particule y devant le futur irai, iras, ira, etc. Ira-t-il à Rome? Il ira? Mais ce ne serait pas une faute de l'exprimer.
Allocation, Allocution, Allodial, Allodialité, Alluvion, Allusion: dans tous ces mots, prononcez les deux ll.
Allonge, dans le sens d'élan, d'escousse, n'est pas français; ne dites pas j'ai pris mon allonge pour sauter; dites: mon élan, mon escousse.
Allonger (s').—Ne dites pas: les jours s'allongent; dites: les jours croissent.
Allumer.—Ne dites pas: allumez la lumière, le feu; dites: allumez la bougie, la lampe; faites du feu.
2. Allumer, dans le sens d'éclairer, n'est pas français. (Wall.)
Almanach est masculin et se prononce almana. Ne dites pas armanach ou almanak; ne dites pas non plus une almanach placante; dites: un almanach de comptoir.
Aloès, s. m.—Prononcez aloèce.
Alors pour ensuite: alors est un adverbe de temps qui signifie: à cette époque, dans ce temps-là, comme quand on dit: il était autrefois bien riche; alors il se voyait entouré de flatteurs; dans ce temps-là ou alors, nous étions heureux. Mais on emploie abusivement alors pour ensuite, puis, après, après cela, en disant par exemple: nous dinâmes, alors nous prîmes le café, alors nous nous promenâmes; il faut dire: ensuite nous prîmes le café, ensuite.... Dites encore: nous avons été à la messe, ensuite nous sommes venus déjeuner, puis nous sommes partis, etc., et non: alors, alors.... Prononcez alor et non alorse.
Alouette, s. f., oiseau.—Ne confondez pas ce mot avec luette, morceau de chair saillant placé à l'entrée du gosier: il a la luette enflée; remettre la luette: et non: il a l'alouette, etc.—Voyez oue.
Amadou, subst. masculin: votre amadou n'est pas sec et non votre amadou n'est pas sèche.—Ne dites pas amadoue.
Amancher.—Ne dites pas: amancher un balai; dites emmancher un balai.
Amateur, s. m.—L'Académie ne reconnaît point de féminin à ce mot. Beaucoup de personnes, à l'imitation de J.-J. Rousseau, disent amatrice.
Amblève, rivière de Belgique, qui prend sa source en Prusse et se jette dans l'Ourthe. On doit écrire Amblève et non Emblève: 1o parce qu'on prononce invariablement Amblève et non Imblève; 2o parce que l'a figure dans le mot latin Amblavia et dans le mot Amel qui en est le nom allemand; 3o parce que le mot Amblève vient du germain Ambla, aune (arbre) et Ahva, eau (rivière des aunes).—Il nous paraît donc tout-à-fait impossible de justifier la seconde orthographe (Emblève).
Amelette, pour omelette ou amulette, n'est pas français.
Amer, s., boisson, est masculin: cet amer n'est pas violent: écrivez amer et prononcez amère.
Ami, s. m.—On ne dit pas être ami avec quelqu'un, mais de quelqu'un: je suis l'ami de Pierre ou Pierre est mon ami; je suis son ami, il est mon ami.
Amical, ale, adj., n'a point de pluriel masculin (Acad.); quelques grammairiens disent amicals; Boiste et Boinvilliers disent amicaux: nous préférerions cette dernière forme, si le pluriel d'amical devenait nécessaire. (Soulice et Sardou).
Amict, s. masculin, sorte de linge bénit dont le prêtre se couvre les épaules: prononcez ami et non emike ni amik-te.
Amitié, s. f.—Prononcez amiti-é et non ami-tchi-é.—Voyez ti.
Amitieux.—Ce mot n'est pas français; remplacez-le par carressant, aimant, aimable, affectueux; cet enfant est fort carressant.
Amment, se prononce aman et non an-man: apparamment, constamment, précipitamment.—Il en est de même de emment: récemment, prudemment.
Amen: prononcez amène.
Amnistie, s. f., Armistice, s. m.—L'amnistie est un pardon accordé par le souverain.—L'armistice est une suspension d'armes: on faisait autrefois ce dernier mot du féminin.
Amont, s. m. Aval, s. m.—Amont est le côté (d'en haut) d'où vient la rivière; il est opposé à l'aval, côté vers lequel descend la rivière: ces bateaux viennent d'amont (descendent); ils viennent d'aval (ils montent).
Amour est masculin: l'amour des mères est le plus généreux de tous les amours; sculpter, peindre de petits amours.—Dans le sens de passion, il est ordinairement masculin au singulier et féminin au pluriel: un fol amour, de folles amours; et, par extension: mon pays, mon premier amour, mes plus chères amours.
Amouracher; ne dites pas: enmouracher.
An, s. m., année: ne dites pas à la nouvel an; dites: au nouvel an ou à la nouvelle année.
Ancêtres, subs. m. pl., ayeux, n'a pas de singulier: prononcez ancê-tres et non ancète ni ancè-tère.
Anche, s. féminin, tuyau pour pousser l'air dans les instruments à vent: une anche de clarinette.—Prononcez anche et non ange.
Anchois, s. masculin: de bons anchois.
Ancienne, fém. de ancien; prononcez anciène et non: ancien-ne.
Andain, s. m., rangée de foin qu'un faucheur coupe à la fois.
Andante, t. de musique: prononcez andanté et non andante.
Ane est masculin et fait ânesse au féminin: A laver la tête d'un âne on perd sa lessive.
Ange, s. masculin, esprit céleste: l'ange gardien; prononcez: an-ge, et non an-che, et appuyez fortement sur le g.
Angelus, s. m.—Ne dites pas: sonner les angelus; dites: sonner l'angelus: ce mot ne se prend pas au pluriel et se prononce angeluce.
Angora, s. m., chat; ne dites pas angola.
Anguille, s. f., poisson: prononcez anghille, en mouillant les l, et sans faire sentir l'u: voyez gu.
Anis, s. m., plante, graine, dragées: prononcez ani et non anizes.—Dites anisette et non anis pour désigner la boisson qui porte ce nom.
Annales, s. f. plur.—Faites sentir les deux n, an-nales, ainsi que dans les mots suivants: annal, annaliste, annate, Anna (subst. pr.), annexe, Annibal, annihiler, annoter, annuaire, annuel, annuité.
Année, s. f.—Prononcez a-né, é long, et non an-né ni a-néïe: voyez é, ie et an.
Anniversaire, cérémonie qui se fait le même jour chaque année, est un substantif masculin: le second anniversaire; un anniversaire solennel.
Annoté, part.—Ne dites pas: tous les articles de mon magasin sont annotés en chiffres connus; dites, sont marqués.
Anoblir et Ennoblir.—Anoblir, c'est rendre noble en donnant un titre de noblesse: le roi l'avait anobli. Ennoblir, c'est élever, donner de la noblesse: ces sentiments vous ennoblissent; les beaux arts ennoblissent une langue.—Ennoblir, prononcez an-noblir et non a-noblir.
Anonyme, qui est sans nom: ouvrage anonyme; pseudonyme, qui a un faux nom: le pseudonyme de cet ouvrage est N. (c'est-à-dire N. est un nom faux, il n'en est pas le véritable auteur).
Antechrist, s. m., en un seul mot: prononcez antecri;—Christ, Prononcez Chris-te;—Jésus-Christ, prononcez Jésucri.
Antichambre est féminin comme chambre: une belle antichambre.
Anticipativement: ce mot n'est pas français; dites donc, la rétribution est de 100 frs. par an, payable d'avance ou par avance et par trimestre, et non, payable anticipativement.
Antique est opposé à moderne;—ancien à nouveau;—vieux à neuf: dans une chapelle antique on voyait d'anciens règlements écrits sur de vieux parchemins.
Ao, Aon, Aou.—L'a est bref dans ces trois combinaisons: cacao, chaos, Lycaon, Phaon, Pharaon.—L'o est nul dans Craon (ville), faon, Laon (ville), paon; lisez donc Cran, fan, Lan, pan. Il en est de même des dérivés faonner, paonne, paonneau, paonnier, Laonais, Craonais qu'il faut prononcer faner, pane, paneau, panier, Lanais, Cranais.—C'est l'a qui s'élide dans aoriste (voyez ce mot), août, aoûteron, curaçao, Saône (rivière), Saonais, Saint-Laon (ville), saoul, saouler (on écrit généralement aujourd'hui soûl, souler) taon (insecte); on prononce donc oriste (quelques-uns prononcent aoriste et saône), oût, oûteron, sône, curaço, Sonais, Saint-Lon, sou, souler, ton.—L'a et l'o se prononcent dans aorte, aortique et dans aoûté, participe passé du verbe aoûter (qui ne s'emploie plus guère qu'à ce temps): pron. aorte, aortique, aoûté. (Hennebert).
Août, s. m., huitième mois de l'année: voyez ao, aon, aou.
Apercevoir, v. a., s'écrit avec un seul p.
Apothicaire ne se dit plus aujourd'hui; on dit pharmacien.
Apparution, Disparution: écrivez et prononcez, apparition, disparition;—cependant on dit comparution, action de comparaître en justice.
Appas ou Pas, dans le sens de marche, de degré d'un escalier, de seuil d'une porte, n'est pas français.
Appel, s. m.—Dites appeau, en parlant des instruments avec lesquels on imite le chant des oiseaux.
Appeler.—Dites appeler d'un jugement et non: rappeler.
Appendice, s. m.: on prononce ap'paindice et non apandice.
Applanter n'est pas français: ne dites donc pas: cette prairie est applantée d'arbres; dites: plantée d'arbres, garnie d'arbres.
Applaudir, v. a. et n.—Applaudir quelqu'un ou quelque chose, c'est, 1o battre des mains en signe d'approbation: on a vivement applaudi le poète; on a surtout applaudi le dernier vers; 2o louer: chacun l'a applaudi d'une si bonne action; on ne peut qu'applaudir un pareil trait. (Acad.)
2. Applaudir à quelqu'un ou à quelque chose, c'est l'approuver: s'il faisait cette bonne action, tout le monde lui applaudirait; j'applaudis à votre bonne conduite.
Appliquer, v. a.—Ne dites pas: une amende de cinq francs est appliquée à tout membre qui, etc.; dites, est infligée.
Appointements, s. m. pluriel: ses appointements (et non son appointement) sont de 2000 frs.: voyez gage.
Apprendre.—Ne dites pas: ma sœur s'est apprise elle-même à broder; dites: ma sœur a appris d'elle-même à broder.
2. On dit très-bien j'apprends la musique (j'enseigne) à cet enfant. (Acad.)
3. Ne dites pas: j'ai appris cela auprès de lui; dites de lui.
Apportez votre ami, votre frère, pour amenez votre ami, votre frère, est un flandricisme.
Apprenti, s. m., et non apprentif, fait au féminin apprentie et non apprentise ni apprentisse, apprentive.
Apprêt, s. m., préparatif: prononcez aprè.
Apprêter, v. a. et n. Ne dites pas: cela prête à rire, pour signifier que telle chose rend ridicule, donne à rire, donne une occasion de rire; dites: cela apprête à rire; si vous faites telle chose, vous apprêterez à rire à tout le monde. (Acad.)
Après.—Ne dites pas: on demande après vous; chercher après quelqu'un; dites: on vous demande, chercher quelqu'un.
2. On dit très-bien: courir, attendre après quelqu'un. (Acad.) Avis à certains grammairiens qui condamnent ces expressions.
3. Ne dites pas: il est en colère, il est fâché après vous, mais ... contre vous;—il est occupé après ce travail, mais ... à ce travail.
4. Ne dites pas: mettez les chevaux après la voiture; dites, mettez les chevaux à la voiture.
5. Ne dites pas: la clef est après la porte, dites, la clef est à la porte. (Fland.)
6. Par après n'est pas français; dites simplement après.
Après-dînée, Après-soupée sont des subst. féminins et s'emploient de préférence à après-dîné, après-dîner, ou après-soupé, après-souper qui sont du masculin. Le pluriel est après-dînées, après-soupées; l'Académie ne donne pas le plur. de après-midi. Après-midi est également du féminin, quoique plusieurs le fassent du masculin. (Acad.)
Aquatique, Aquarelle, Aquatile, Aquarium, Aqua-viva, Aquador, Aquariens, Aqua-tinta: prononcez akouatique, akouarelle, akouatile; etc. Voyez qu.
Aqueduc, s. m., canal pour conduire l'eau: prononcez akeduc et non akéduc, akèduc.
A quia, loc. adv.—Être, mettre à quia, être réduit, réduire quelqu'un à ne pouvoir répondre: cet élève a été dix fois à quia pendant la classe: prononcez akuia et non a kouia. Voyez qu.
Aquilin, Aquilon: prononcez akilin, akilon. Voyez qu.
Ar et Arr, au commencement des mots, sont brefs: arrondissement, prononcez arondissement, et non ârondissement; arroser, a-roser et non âroser.
Arbalète, s. f.—On dit une arbalète et un arbalétrier.
Arborer, dans le sens de d'arbres plantés, n'est pas français: ainsi ne dites pas, une prairie bien arborée; dites une prairie bien garnie d'arbres.
Arc, s. m., Arc de triomphe, s. m., (sans traits d'union), prononcez arke.—Arc-boutant, arc-bouter, arc-doubleau; prononcez arboutant, arbouter, ardoubleau. Arc-en-ciel se prononce arkenciel, même au pluriel, qui s'écrit arcs-en-ciel. (Acad.) Voyez c final.
Archaïsme, s. m.—Mot antique, tour de phrase suranné;—archange, s. m.;—archéologie, s. f., science des monuments de l'antiquité;—archéologique, adj.;—archéologue, s. m.;—archétype, s. m., terme didactique, original, patron, modèle;—archiépiscopal, ale, adj.;—archiépiscopat, s. m.;—archontat, s. m., dignité de l'archonte;—archonte, s. m., titre des principaux magistrats grecs, surtout à Athènes.—Dans tous ces mots ch se prononce comme k; partout ailleurs arch ou archi se prononce comme le ch français, dans franchise, chemise, etc.
Archal (fil d'), prononcez l'l.—Ne dites pas du fil d'archat ou d'aréchal, mais du fil d'archal.
Archelle, n'est pas français; c'est osier qu'il faut dire.
Ardoisier, s. m.: celui qui possède ou qui exploite une carrière d'ardoises; ne dites pas ardoisier pour désigner un ouvrier couvreur; mais dites couvreur en ardoise, comme on dit couvreur en chaume, en tuile.
Are, est un subst. masculin: un are de terre.
Are et Arre, ont l'a grave dans les substantifs de deux syllabes dont l'a n'est point initial; gare, barre, gare, tare, etc.—Ajoutez l'adjectif rare, le verbe je narre et tous les dérivés, à l'exception de narratif, narration, narrateur. L'a est moyen dans lares, mare, phare, tiare; il est bref dans les dérivés barrique, barricade, barricader. (Hennebert.)
Arêt.—Ne dites pas: j'ai manqué d'avaler une arêt (de poisson); dites une arête.
Argot, s. m.—Ne confondez pas argot avec ergot: argot est le jargon des filous qui n'est intelligible qu'entre eux; ergot est cette corne molle que les chevaux porte entre les jambes; ergot signifie encore une sorte de petit ongle pointu qui se trouve aux pieds de certains animaux: les ergots d'un coq.—Ne dites pas: cet homme est bien argoté, mais, cet homme est intelligent, instruit, rusé, entend bien ses intérêts, selon le sens.
Argus, s. m., espion domestique; prononcez arguce.—Voyez s finale.
Arlequin.—Ne dites pas harlequin. (h aspirée.)
Armes, s. f. pl.—Ne dites pas: la garnison est sur les armes; dites la garnison est sous les armes. (Wall.)
Armistice, s. m.: voyez amnistie.
Armoire est du féminin: une belle et grande armoire: les wallons font souvent ce mot du masculin.
Arrérages, s. m. pl., revenus arriérés; écrivez et prononcez arrérages et non arriérages.
Arrhes, s. f. pl., argent donné pour assurer l'exécution d'un marché verbal; le mot errhes pour arrhes n'est pas français. Voyez rh.
Arrière, interj.—Écrivez et prononcez arrière et non errière.
En arrière de.—C'est une faute de dire: Ne faites pas en arrière de lui, ce que vous n'oseriez faire devant lui; dites: ne faites pas hors de sa présence ce que... Mais on peut dire: il me loue en ma présence et me déchire en arrière. (Acad.)
2. Ne dites pas: mettez-vous arrière de moi; dites: éloignez-vous, retirez-vous de moi.
3. Ne dites pas: ils sont retournés en arrière, mais: ils s'en sont retournés, ils ont rebroussé chemin.
Arrondir, Arroser: prononcez, arondir, aroser.
Arsenic, s. m.—Prononcez arsenik. (Acad.) Devant une consonne on ne prononce pas le c: l'arseni se volatilise au feu.
Artillerie, Artilleur: mouillez les ll.
Artiste, s. m. et f.—Ce mot s'emploie abusivement aujourd'hui comme synonyme de acteur, actrice; ce ténor est un grand acteur et non un grand artiste. Voyez t.
As final.—L'a est long dans les mots terminés en as au singulier: amas, bas, cas, compas, coutelas, damas, échalas, frimas, gras, lilas, ramas, repas, tas, trépas, etc., ainsi que dans leurs dérivés amasser, basse, casser, compasser, grasse, etc. Pour quelques mots de cette classe, l'a s'est fort adouci dans le langage à la mode: ainsi pour ananas, bras, cabas, cadenas, chasselas, cervelas, embarras, fracas, matelas, tracas, taffetas, verglas.—L'a est encore long dans les noms propres Lucas, Thomas, comme dans ceux où l's finale se prononce: Agésilas, Damas, Epaminondas, Stanislas, Vaugelas, etc. (Hennebert.)
As, subst. masculin, carte, poids, monnaie: prononcez âce; les as sont égaux et non égales.
Ascension, s. f., action de monter, fête: prononcez as'sension (prononcez les 2 s dures).
Ase et Aze, à la fin des mots, ont l'a long, pourvu que l'on y retrouve l's douce ou le z: base, case, gaze, évase, écrase, phrase, etc., ainsi que leurs dérivés baser, caser, gazer, etc.; il en est de même des noms propres Anastase, Caucase, Métastase, Pégase, etc.
Asion, Assion, Ation (les trois terminaisons en) sont toujours graves, d'après quelques grammairiens: prononcez persuâsion, pâssion, nâtion, etc. Cette règle, qui comprend un grand nombre de mots (1193), ne souffrirait aucune exception. Elle serait même applicable aux dérivés où ion se change en io; ainsi pâssionné, nâtional, etc.; mais lorsque ion disparaît entièrement, 24 comme dans dominateur, natif, persuadé, etc., l'a redeviendrait doux (bref).—(Hennebert.)
D'un autre côté, de bons grammairiens, et en grand nombre, prétendent que l'a des terminaisons asion, assion, ation est toujours bref. Nous pensons donc que l'une et l'autre prononciation sont bonnes; cependant, comme l'usage, à peu près général en Belgique, paraît être de faire ces sortes d'a brefs, nous admettrions plus volontiers la seconde prononciation, et nous croyons même, qu'à peine de s'exposer à se singulariser, il faut l'adopter, au moins dans notre pays.—Il va sans dire qu'on doit prononcer nettement acion et non achon, achion, etc.; il en est de même des finales en ition, sion, etc.: transition, session.
Asme, Aspe, Asque (terminaisons en): faites sentir l's et l'm: cataplas-me, spas-me, enthousias-me, asth-me (as-me), jas-pe, cas-que, etc., et non cataplasse, spasse, enthousiasse, asse, jasse, casse, ni cataplam-se, enthousiam-se, am-se, ni cataplame, spame, enthousiame, etc. Il en est de même des terminaisons en isme: catéchisme, schisme, barbarisme.
Aspect, s. m.—Prononcez aspek; prononcez de même respect, suspect (respèk, suspek); abject se prononce abjekte. Voyez ct.
Aspergès, s. m., goupillon, prononcez aspergèce.
Aspic, s. m., petit serpent venimeux: prononcez aspik et non aspi. Voyez c final et broc.
Aspiral, pour la spirale ou le ressort spiral est une faute grossière; vous direz donc: la spirale de cette montre est cassée et non l'aspiral.
Aspirer.—On dit aspirer à quelque chose et non après quelque chose; il aspire aux honneurs et non après les honneurs.
Assassiner, Assassin, Assassinat:—prononcez assaciner, assacin, assacinat et non assaziner, assazin, assazinat, ni azaziner, azazin, azazinat.
2. Assassineur, pour assassin, n'est pas français.
Asseoir, v. a.—Indicatif présent: je m'assieds, tu t'assieds, il s'assied, nous nous asseyons, vous vous asseyez, ils s'asseyent; imparf.: je m'asseyais, etc.; fut.: je m'assiérai, etc.; je m'assiérais; assieds-toi, etc.; que je m'asseye, etc.; s'asseyant, etc. L'Académie reconnaît aussi pour bonne la conjugaison suivante: Je m'assois, tu t'assois, il s'assoit, nous nous assoyons, vous vous assoyez, ils s'assoient; je m'assoyais, etc.; je m'assoirai, etc.; je m'assoirais, etc.; assois-toi, assoyons-nous, assoyez-vous; que je m'assoie, etc.; s'assoyant.—Il s'ensuit que l'expression assoyez-vous est très-française.
Assez, doit toujours être placé devant le mot qu'il modifie; ne dites donc pas: j'ai mangé assez, j'ai du papier assez, je suis malheureux assez; dites: j'ai assez mangé, j'ai assez de papier, je suis assez malheureux. (Wall.)
2. Ne dites pas: il a eu assez avec cela; dites: il a eu assez de cela ou il en a eu assez.
3. Ne dites pas: il a été assez sot de se fâcher; dites: pour se fâcher. (Wall.)
4. Assez capable pour n'est pas français; dites capable de. Assez ne va pas bien avec capable, excepté quand cet adjectif n'est suivi de rien et qu'il est employé pour habile, intelligent, etc.: ainsi l'on dit: il est assez capable, c'est-à-dire assez habile.
5. On ne dit pas non plus capable pour, mais capable de; il est capable de tenir tête à trois hommes.
6. Assez suffisant, pour suffisant, est un pléonasme ridicule, ne dites donc pas: ce repas est assez suffisant pour dix personnes; le mot suffisant rend tout à fait l'idée; assez est de trop; dites ce repas est suffisant.
Assiette à soupe, signifie assiette propre à contenir de la soupe; assiette de soupe signifie une assiette qui contient actuellement de la soupe; il en est de même de verre à vin, pot à fleur, etc., et verre de vin, pot de fleur.—Prononcez a-ciette et non achette ni agette.
Assis.—Ne dites pas: soyez assis, mais asseyez-vous ou assoyez-vous; ne dites pas non plus se mettre assis pour s'asseoir.
Assister signifie donner quelques secours, secourir, par exemple, à un mendiant; mais il ne se dit pas dans le sens d'aider quelqu'un à faire quelque chose; vous ne direz donc pas: assistez-moi à porter ce fardeau, mais aidez-moi à...
Assomption, s. f., fête catholique: prononcez le p, assomp'cion et non assom'-cion.
Assujettir, Assujettissement: prononcez as'sujétir, as'sujétissement.
Assurer, v. a.—Assurer une chose à quelqu'un, c'est affirmer, certifier cette chose: il leur assura que le fait était vrai. Vous ne direz donc pas: je les ai assurés que mon père était malade, mais je leur ai assuré...—Assurer quelqu'un d'une chose, c'est engager quelqu'un à regarder cette chose comme certaine, à y croire; assurez-le de mon respect, de mon dévouement; vous pouvez l'assurer que je prendrai en mains ses intérêts.
2. S'assurer, avec les prépos. dans, en, signifie établir sa confiance: il faut s'assurer en Dieu; malheur à celui qui ne s'assure que dans ses richesses. (Acad.)
3. S'assurer de quelqu'un, c'est s'assurer de sa protection, de son suffrage; il signifie aussi arrêter, emprisonner: assurez-vous de cet homme.
4. S'assurer d'une chose, c'est s'en procurer la certitude ou simplement se procurer cette chose, s'en rendre maître.
Astérisque (étoile qui indique un renvoi) est masculin et se prononce astériske et non astérisse: un astérisque indique un renvoi. Voyez t final.
Asthme, s. m., maladie de poitrine, courte haleine: prononcez asme et non amse;—asthmatique, prononcez asmatique. Voyez asme.
At (terminaison en): voyez t final.
Ation (terminaison en): voyez asion.
Atlas, s. m.: prononcez atlâce: le mont Atlas, un atlas de géographie. V. s finale.
Atmosphère est un subst. féminin: atmosphère chargée de vapeurs.
Atome, s. m. (o sans accent circonflexe), corpuscule: prononcez atôme (ô long).
Atteindre, v. a.—Si le complément de ce verbe est un nom de personne, ce complément est toujours direct: atteindre son ennemi; atteindre ceux qui marchent devant; il osait se flatter d'atteindre Racine.—Si c'est un nom de chose, le complément est direct ou indirect, suivant le sens du verbe.—1o Atteindre, signifiant parvenir à un terme dont on était plus ou moins éloigné: nous atteindrons ce village dans la nuit; nous partîmes en même temps, mais j'atteignis le but avant lui; et au figuré: nous atteignons enfin le terme de nos souffrances; atteindre l'âge de raison; atteindre son but, réussir dans ce que l'on s'est proposé.—2o Atteindre, signifiant toucher à une chose assez éloignée pour qu'on ne puisse y arriver sans effort: atteindre au plancher; atteindre au but; et au figuré: atteindre à la perfection; atteindre au sublime.
Atteinte, s. f.—Ne dites pas une atteinte d'apoplexie, mais une attaque d'apoplexie.
Attelée, s. f., n'est pas français; dites un attelage: il lui manque un cheval à son attelage.
Atteler, v. a.—Ne dites pas: il faut atteler le chien; dites il faut attacher... Atteler signifie attacher à une voiture.
Attendre après quelqu'un se dit très-bien. (Acad.)
Attention, s. f.—Dites avoir, faire, prêter attention, et non prendre, donner attention. (Fland.)
Au.—Au a le son de o bref devant la lettre r: j'aurai, tu sauras, il aura, nous saurons, aurore, Aurillac, Centaure, Laure, etc.; prononcez j'orai, tu soras, il ora, nous sorons, orore, Orillac, Centore, Lore. Il n'y a point d'exception à cette règle: vaurien se prononce vôrien, parce que ce mot doit être pris pour une contraction de vaut rien; Beaurevoir, Beauregard, Maurepas, et autres noms propres semblables, n'ont aussi l'au long que pour une raison analogue.—Au a le son de o bref au commencement des mots devant g guttural ou la syllabe to: augmenter, augurer, augural, autographe, autocrate, autorité, autoriser, Auguste, etc.—Il en est de même devant l'articulation composée st: austral, austère, austérité, holocauste, causticité, caustique, Austerlitz, Austrasie, etc.—Enfin il est encore bref, par exception, dans les mots suivants: auberge, aubergiste, audace, audience, aulique, aumône, auspice, autel, authentique, auxiliaire, cauchemar, cauchois, fauteuil, glauber, mauvais, mauviette, naufrage, paupière, rauque, épaulette (mais non épaule); ajoutons les noms propres Sainte-Aulaire, Ausche, Auvergne, Caulaincourt, Paul, Waux-Hall; les dérivés suivent la même prononciation.—Pourceaugnac a aussi l'au bref. (Hennebert.)
Auberge est du féminin: une bonne auberge.
Aucun et Nul se mettent au pluriel: 1o lorsqu'ils sont joints à un nom qui n'a pas de singulier: aucuns frais, nuls frais; 2o lorsque le substantif auquel ils sont joints, a, au pluriel, une signification particulière: on ne lui a rendu aucuns devoirs, c'est-à-dire, on ne lui a fait aucunes funérailles; vous n'avez aucuns soins, nuls soins pour vos parents, c'est-à-dire point d'attentions pour eux; ce domestique ne reçoit aucuns gages, nuls gages, c.-à-d., ce domestique ne gagne aucun salaire, n'a point de gages.—Aucuns, d'aucuns s'emploient dans le style naïf et badin pour quelques-uns: aucuns ou d'aucuns croient que je l'ai fait de propos délibéré. (Acad.)
Augmenter. Ne dites pas: les grains, les vins augmentent tous les jours, pour exprimer qu'ils sont à la hausse; dites: le prix des grains, des vins, augmente, s'élève, etc. Voyez diminuer.
Aujourd'hui.—On peut dire: on a remis l'affaire à aujourd'hui; jusqu'aujourd'hui ou jusqu'à aujourd'hui. (Acad.) Prononcez aujourd'hui et non aujourd'houi ni aujord'hui.
Aumône, s. f. Prononcez ômône (les deux ô longs). Plusieurs grammairiens prononcent omône (le 1er o bref).
Aune, arbre (quelques-uns écrivent aulne), est du masculin; aune, mesure, est du féminin.
Auparavant est adverbe: il ne peut donc avoir de régime comme avant, qui est préposition. Ne dites donc pas: auparavant de partir; je suis arrivé auparavant les autres, mais, avant de partir; je suis arrivé avant les autres. Mais vous direz très-bien: il avait reçu auparavant des lettres de son père; je suis arrivé longtemps auparavant, parce qu'ici il est adverbe.
Auprès de, Au prix de, Près de: voyez prix.
2. Ne dites pas: je demeure auprès de la place St-Lambert; dites ... près de la place St-Lambert.
Auspice, présage, protection, est du masculin; j'ai commencé sous d'heureux auspices: prononcez ospice (o bref).
Aussi... Comme, pour aussi... que: cette maison-ci est pour le moins aussi belle comme la vôtre; dites: aussi belle que la vôtre. (Fland.)
2. Aussi pas.—Vous n'êtes pas riche et moi aussi pas; je ne l'ai pas fait aussi; dites: ni moi non plus; je ne l'ai pas fait non plus. (Fland.)
Aussitôt, adv.: Ne dites pas: il est parti aussitôt vous; je partirai aussitôt la diligence arrivée, votre lettre reçue; dites: il est parti aussitôt que vous; je partirai dès que la diligence sera arrivée, dès que j'aurai reçu votre lettre ou aussitôt après l'arrivée de la diligence, après la réception de votre lettre.
Automne est du masc. et du fém., mais plus souvent du masculin: un automne sec; prononcez otone; mais dans autom-nal, faites sentir l'm.
Autour, prép.: voyez alentour.
Autre.—Rien d'autre est une locution vicieuse; dites: rien autre, rien autre chose, pas autre chose.
2. Monsieur est-il ici?—Oui.—N'y a-t-il personne d'autre? c'est encore une mauvaise locution; dites: n'y a-t-il point d'autre personne, personne autre, nul autre, aucun autre.
3. Ne dites pas non plus: quelqu'un d'autre, quelque chose d'autre; dites: quelque autre, quelque autre chose; adressez-vous à quelque autre personne ou à quelque autre;—c'est autre chose que j'exige.
4. Ne dites pas: je l'ai trouvé tout autre que je pensais; dites ... que je ne pensais.
5. Nous autres, vous autres. En espagnol, nous et vous sont toujours suivis de autres, même dans la conjugaison: nous autres aimons; vous autres aimez; nous autres parlerons, vous autres parlerez, etc. Il en est à peu près de même en wallon où l'on fait également, surtout dans certains dialectes, un trop fréquent usage de ces expressions. Le génie de la langue française n'autorise l'usage de ces expressions que dans des cas assez rares, et seulement lorsqu'on veut exprimer une opposition à d'autres personnes dont on vient de parler, ou insister particulièrement sur les mots nous, vous: Je m'en vais me promener; vous autres, vous irez étudier; nos professeurs nous ont recommandé de bien étudier; nous autres (les élèves paresseux), nous préférons de nous amuser; les anciens ont cru que le soleil tournait autour de la terre; nous autres, nous croyons que c'est la terre qui tourne autour du soleil.—Les Wallons ne sauraient trop se mettre en garde contre l'usage impropre ou vicieux de ces locutions.
Auxiliaire, s. m., prononcez okcilière, (o bref) et non augziliaire.
2. Plusieurs verbes prennent tantôt avoir et tantôt être, selon qu'ils expriment principalement une action ou principalement un état, en d'autres termes, selon que l'on peut faire les questions: qu'a-t-il fait? ou bien qu'est-il devenu, qu'est-il, où est-il maintenant? Ainsi on dit avec avoir et avec être: sa fortune a augmenté rapidement et sa fortune est augmentée du double;—le prix du pain a encore baissé hier et le prix du pain est baissé;—la fièvre a cessé à minuit et la fièvre est cessée depuis hier;—le vent a changé tout à coup et le vent est changé;—les eaux ont crû rapidement et les eaux sont crues;—ce billet a échu hier et ce billet est échu depuis hier;—sa maladie a beaucoup empiré en peu de temps et sa maladie est bien empirée;—son bail a expiré à la St-Jean et son bail est expiré;—cet enfant a bien grandi en un an et cet enfant est bien grandi;—le baromètre a monté lentement et le baromètre est monté;—il a monté quatre fois à sa chambre pendant la journée et il est monté à sa chambre depuis une heure;—son fusil a parti tout à coup (Acad.) et il est parti pour Paris;—la procession a passé dans notre rue et la procession est passée depuis une heure;—il a sorti mais il vient de rentrer (Acad.) et il est sorti mais il va rentrer;—les poètes disent que Vulcain a tombé du Ciel pendant un jour entier (Acad.) et elle releva son enfant qui était tombé.—Les exemples que nous citons ici de l'Académie, ne sont pas à imiter, attendu qu'ils nous paraissent être de véritables exceptions.—On construit également avec avoir ou être les verbes camper, débarquer, décroître, dégénérer, diminuer, échouer, embellir, enlaidir, grossir, hausser, vieillir, etc.
Avant, Devant.—Avant, se dit du temps: je suis parti avant vous;—devant se dit du lieu, de la situation: placez-vous devant votre condisciple, devant cette porte.
2. Ne dites pas: avant que je parte, j'irai vous voir; dites: avant de partir...
3. Avant que, d'après l'Académie, n'est jamais suivi de la négative: j'irai le voir, avant qu'il parte; sauvons-nous avant que l'orage vienne; et non avant qu'il ne parte, avant que l'orage ne vienne.
4. Ne dites pas: avant que faisiez-vous; dites auparavant, autrefois, avant cette époque, etc.: avant, étant préposition, doit toujours être suivi d'un complément.
Avant de, Avant que de.—On dit avant de ou avant que de: avant de venir, ou avant que de venir, (Acad.); les athlètes se frottaient d'huile, avant que de lutter. (Id.) Ajoutons pourtant que avant de est préférable, et que avant que de nous paraît suranné.
Avant-hier.—Beaucoup de personnes prononcent mal ce mot: l'h d'hier étant muette, on doit faire sonner le t, et prononcer avan-t-hier, et non avan-hier, encore moins avan-z-hier; prononcez de même dès hier, (dè zière); cependant dans la conversation on peut dire avan-hier.
Avec, est une préposition qui demande un régime; c'est donc une faute de dire: Je m'en vais à Liége, venez avec; dites: venez avec moi.—Cependant l'Académie admet dans le langage familier avec sans régime: il prit mon manteau et partit avec.
2. C'est encore à tort que l'on donne à avec le sens de aussi; ne dites donc pas: mon frère a bien réussi dans ses concours et moi avec; dites: et moi aussi. (Wall.)
3. Avec ne peut pas non plus s'employer pour de: ne dites pas: que puis-je faire avec ces livres; dites: de ces livres. (Wall.)
4. Ne dites pas: avec qui parliez-vous? dites: à qui parliez-vous? (Wall.)
5. Ne dites pas: j'ai eu une maladie de cœur, j'ai beaucoup souffert avec; dites: j'en ai beaucoup souffert.
6. Ne dites pas: il est dur avec les pauvres, mais ... envers les pauvres.
7. Ne dites pas: vous vous ferez des ennemis avec vos plaisanteries; mais ... par vos plaisanteries. (Wall.)
8. Ne dites pas: je suis ami avec lui; dites: je suis son ami. (Wall.)
9. Ne dites pas: voilà les compagnons que je suis venu avec; dites ... avec lesquels je suis venu. (Wall.)
10. Ne dites pas: j'ai bien ri avec cet homme, avec cette aventure;—il vit avec le produit de sa ferme;—il est parti avec le premier convoi, avec la diligence;—dites: j'ai bien ri de cet homme, de cette aventure;—il vit du produit de sa ferme;—il est parti par le premier convoi, par la diligence. (Wall.)
11. Ne dites pas: cet élève est entré au séminaire avec une année de philosophie; dites ... après une année. (Wall.)
12. Content avec cela; fâché avec cela; dites: je suis content de cela, fâché de cela, ou bien, j'en suis content, j'en suis fâché.
13. Ne dites pas: il est parti avec une pluie battante; dites ... par une pluie battante.—On dit également: par le temps qui court.
14. Ne dites pas: il va avec ceci comme avec cela; dites: il en est de ceci comme de cela. (Fland.)
15. Ne dites pas: je ne me mêle pas avec cela, dites ... de cela. (Fland.)
16. Ne dites pas: prendre quelqu'un avec le collet; dites ... au collet, par le collet. (Fland.)
17. Avec ce temps-là: ne dites pas: vous serez enrhumé avec ce temps-là; dites ... par ce temps-là. (Fland.)
18. Ne dites pas: j'ai fait acheter ce livre avec le messager; dites ... par le messager. (Fland.)
19. Notez cependant que l'on peut dire indifféremment: déjeuner, dîner, souper d'un poulet ou avec un poulet; de radis ou avec des radis. (Académie, aux mots matin et radis.)
20. Prononcez avek et non avè; avec nous (avèk' nous) et non avè nous.
Aveine, Avoine.—On dit l'un et l'autre; avoine, (prononcez avo-anne), est plus en usage.
Aveuglement, s. m., cécité.—Aveuglément, (avec accent aigu) adverbe, à l'aveugle ou en aveugle: qui agit aveuglément ne peut pas voir; il est frappé d'aveuglement.—Aveuglement, perte de la vue, ne s'emploie plus aujourd'hui au sens propre; on dit cécité: il a été frappé de cécité par la foudre.
Avis, s. m.—Prononcez avi et non avice devant une consonne, et avize devant une voyelle: avis au public.
Avoir.—Il y a. Évitez de le multiplier, au commencement des mots, à la manière des enfants: il y a Pierre qui m'a frappé; il y a Paul qui m'a poussé, etc.; dites simplement: Pierre m'a frappé, Paul m'a poussé.—Prononcez comme c'est écrit et non igna, ignia.
2. Ne dites pas: mes frères veulent avoir que cet événement soit arrivé telle année; dites: mes frères prétendent, soutiennent... (Wall.)
3. Ne dites pas: mon maître en a toujours sur moi ou à moi; dites: mon maître m'en veut, me gronde toujours. (Wall.)
4. Ne dites pas: j'ai eu ce livre à un tel; dites: d'un tel.
5. Avoir bon.—Voyez le mot bon.
6. Avoir, impersonnel, s'emploie mal avec un verbe impersonnel; ne dites pas: il n'y a qu'à pleuvoir, qu'à neiger, etc.; dites: s'il vient à pleuvoir, à neiger. (Wall.)
7. Ne dites pas: quelle heure avons-nous? nous avons trois heures; dites: quelle heure est-il? il est trois heures.—Mais on dira bien: quelle heure avez-vous? pour demander quelle heure il est à votre montre.
8. Ne dites pas: nous avons aujourd'hui le dix; dites: c'est aujourd'hui le dix.
9. Avoir peu de chose à dire chez soi: dites: avoir peu d'autorité, peu de pouvoir. (Wall.)
10. Ne dites pas: je vous redois dix centimes.—Oh! je les aurai bien une autre fois; dites: vous me les donnerez une autre fois.
11. Ne dites pas: l'élève qui n'aura pas eu ses devoirs, sera puni; dites: qui n'aura pas fait, qui n'aura pas apporté ses devoirs.
12. Avoir une chose dans l'œil, pour: voir une chose, est un flandricisme; dites: j'ai l'œil sur lui, là-dessus, je le surveille.
13. Ne dites pas: voilà une jolie montre; combien vous coûte-t-elle?—Je l'ai eue; dites: on m'en a fait cadeau.
14. Pour l'emploi de l'auxiliaire avoir et être, voyez le mot auxiliaire.
15. Avoir de quoi, être riche ou dans l'aisance. (Acad.)
16. Vous en aurez, vous serez châtié, maltraité. (Acad.)
17. Je l'aurai, je saurai bien l'avoir, se dit en parlant d'une personne dont on espère se venger; cette manière de parler vieillit. (Acad.)—Voyez ravoir.
18. Contre qui en a-t-il, en avez-vous? c'est-à-dire, contre qui est-il, êtes-vous fâché, en colère? On dit aussi: à qui en a-t-il? (Acad.)
19. Mais à qui en a-t-il, à qui en avez-vous, en avez-vous à moi, dans le sens de: à qui parlez-vous, etc., sont des barbarismes.
Avoir l'air.—L'adjectif ou le participe qui suit avoir l'air, s'accorde avec air ou avec le sujet de la proposition.—Il s'accorde avec air, si la qualité qu'il exprime peut convenir au mot air: la tuile a l'air plus gai que le chaume; cette fille a l'air hardi; cette femme a l'air hardi; cette femme a l'air méprisant: on peut dire d'un air, d'un extérieur, qu'il est gai, hardi, 36 méprisant.—Mais il s'accorde avec le sujet de la proposition, lorsqu'il exprime une qualité qui ne peut convenir au mot air; on dit: elle a l'air contente; ils ont l'air fâchés; cette viande a l'air d'être fraîche; ces légumes n'ont pas l'air d'être cuits. (Acad.) Parce qu'on ne peut pas dire d'un air qu'il est content, fâché, frais, cuit.
Avre, Avrer ont toujours l'a long: cadavre, navrer.
Avril, 4e mois de l'année: prononcez avrille (l mouillée); prononcez de même baril, péril. Voyez l mouillée.
Ayant, part. prés.—Prononcez, ai-iant et non a-yan: l'y ici représente deux i qu'il faut faire sentir comme dans: royal, moyen, citoyen, etc.
Aye, que j'aye: écrivez avec un i simple: on ne met pas d'y devant un e muet. Voyez ai, aie.
Axiome (o sans accent circonflexe), s. m., vérité, maxime évidente par elle-même; prononcez axiôme (ô long). Voyez o.
B.—C'est à tort que les wallons prononcent généralement le b des syllabes en be, comme un p: dites donc: une syllabe, une trombe, il tombe, une bombe, un verbe, un adverbe, la barbe, enjambement; et non: une syllape, une trompe, il tompe, une bompe, un verpe, un adverpe, la barpe, enjampement.
Babil, s. m.—Prononcez babille en mouillant l'l; prononcez de même les mots suivants: babillage, babillard, babillement, babiller. Voyez l mouillée.
Bac, s. m., ne s'emploie pas pour cabaret; dites: cet homme ne fréquente que les cabarets, les tavernes, les cabarets borgnes.
Bacchus: prononcez l's finale. Voyez s.
Bacon de lard, mot wallon; dites, flèche de lard.
Baguer, débaguer, débagage, pour transporter des meubles d'une maison à une autre, ne sont pas français; dites déménager. (Wall.)
Bai, Baie, adj., qui est d'un rouge brun: cheval bai; prononcez bé et non bè.
Baigner: voyez promener.
Baignoire, s. f.; dites une baignoire et non un baignoir.
Baille, n'est pas français; ne dites pas, on fait des bailles quand on a faim; mais, on fait des bâillements, ou on bâille.
2. Ne dites pas, bâiller aux corneilles (regarder bouche béante); dites bayer, et prononcez bè-ïé.
3. Dans bailler, donner, livrer par convention ou par bail, l'a est bref; dans bâiller, ouvrir involontairement la bouche, l'a est long et marqué d'un accent circonflexe.
Bailli, au féminin baillive, de l'ancien masculin baillif; bailleresse est le féminin de bailleur (de fonds).
Baïonnette, s. f.—On écrivait anciennement bayonnette.
Baise.—On ne dit pas, donnez une baise à maman; mais, donnez un baiser à maman, embrassez maman.
Baisser, v. n.—Ne dites pas: les jours baissent déjà en juillet; dites, décroissent, diminuent.
Balance, s. f., machine à peser, s'emploie au singulier: cette balance n'est pas juste et non ces balances.
Balier, Baliure, Balieur, pour balayer, balayure, balayeur, sont des expressions vicieuses; prononcez balai-ier, balai-iure, balai-ieur.
Balziner, pour lambiner, lanterner, muser, est wallon.
Banal, ale, adj., trivial; il fait au plur. masc. banaux: un compliment banal, des fours banaux.
Baptême, s. m.—Le p ne se prononce pas: batême; prononcez de même Baptiste, baptismal, baptistaire, baptistère, baptiser, débaptiser (changer de nom). Voyez p.
Barbarisme, s. m.—Il ne faut pas le confondre avec le solécisme. Il y a plusieurs sortes de barbarisme: ainsi un mot forgé, altéré ou détourné du sens que l'usage lui donne;—un adverbe employé comme une préposition;—des prépositions, des conjonctions ou d'autres mots employés ou omis mal à propos;—un nom employé à un genre ou à un nombre que l'usage lui refuse;—un verbe présenté sous une forme qui n'est pas autorisée par l'usage, par ex.: il soye, il aye, pour il soit, il ait, sont autant de barbarismes. Prononcez barbaris'-me et non barbarisse ni barbarim'se.—Voyez solécisme.
Barbe.—On dit très-bien: faire sa barbe, se faire la barbe, se faire faire la barbe, comme on dit se raser la barbe ou simplement se raser. (Acad.)
Barboter, n'est pas français; dites grommeler, marmoter.
Barette.—Faire barette, expression vicieuse, connue des écoliers; dites, faire l'école buissonnière.
Baril, s. m.: prononcez bari.
Baromètre, s. masculin; dites un baromè-tre et non baromette ni baronette.
Barres, jeu d'écolier, est un substantif féminin qui ne s'emploie qu'au pluriel: jouer aux barres.—On ne prononce qu'une r ainsi que dans barrer, barreau, barrette, barricade, barricader, barrière, barrique.
Barthélemi et non Barthélémi, ni Bartholomi, Bartholomé; on écrit aussi Barthélemy.—Voyez y.
Bartiau.—Ne dites pas: cet élève a fait aujourd'hui le bartiau; dites, ... a fait l'école buissonnière, a manqué l'école: bartiau est un mot wallon du Hainaut.
Bas.—Ne dites pas: j'ai vu cet acteur bas de la scène, mais, je l'ai vu hors de la scène, à la ville.
2. Ne dites pas: il est tombé, il s'est jeté, il a sauté en bas de son cheval, de l'échelle, de l'arbre, etc.; dites, à bas de son cheval.
3. Ne dites pas: descendre en bas, monter en haut; dites simplement descendre, monter. Voyez haut.
4. Ne dites pas: cette maison n'est bonne qu'à mettre bas; dites, qu'à mettre à bas.
5. Ne dites pas: j'ai mis bas ce grand garçon; dites, je l'ai renversé, je l'ai terrassé.
6. Ne dites pas: j'ai tiré l'oiseau bas ou en bas (au tir à l'arc ou à l'arbalète); dites, j'ai abattu l'oiseau.
7. Ne dites pas: tirez la clef bas ou en bas de la serrure; dites, tirez ou ôtez la clef de la serrure.
8. Ne dites pas: le tonneau est bas ou en bas, pour signifier qu'il est vide ou presque vide; dites, le vin, la bière, etc. est bas, pour exprimer que le tonneau est vide; et dites, le vin, la bière, etc. est au bas, pour signifier que le tonneau est presque vide.
Bassin, Bourse.—Le bassin se dit du plat où l'on reçoit les offrandes à la messe, ainsi que du petit vase dont on se sert pour aller à la quête à l'église.—La bourse sert également pour la quête et se dit d'un petit sac attaché au bout d'un manche.
Bât, s. m., selle de bêtes de somme; prononcez bâ (â long);—mais l'a est bref dans il bat, 3e pers. du prés. de l'ind. du v. battre.
Bateau, Tableau: prononcez batô, tablô (a bref) et non bâtô, tâblô.
Bâtisse, s. f., construction d'un bâtiment quant à la maçonnerie; prononcez bâtisse (â long) et non batisse ni batize; prononcez de même bâtir, bâtiment, bâton (â long).
Batiste, s. f., toile de lin très-fine; Baptiste, nom propre: prononcez batis-te et non batisse.
Bâtonnade, n'est pas français; dites bastonnade.
Battante, dans le sens de volet, n'est pas français: fermez les volets et non les battantes.
Beau, belle, adj.—Ne dites pas: c'était beau pour voir; dites, c'était beau à voir. (Fland.)
Beaucoup, adv.—Ne dites pas: il y avait beaucoup de peuple au sermon: dites, beaucoup de monde.
2. Beaucoup, dans le sens de plusieurs, ne s'emploie seul que quand il est précédé d'un déterminatif; on dit, nous sommes beaucoup, il y en a beaucoup; mais on ne dira point, beaucoup ont pensé, c'est-à-dire, beaucoup de personnes ont pensé; dans ce cas, il doit toujours être suivi de gens, personnes.
3. Beaucoup est précédé de la préposition de quand il est après l'adjectif; ainsi on dit: il est beaucoup plus grand, et il est plus grand de beaucoup.—Prononcez bôcou et non bocou ni bôcoupe; le p se prononce devant une voyelle ou une h muette: on l'a beaucoup admiré.
Beaufays, village à deux lieues de Liége: prononcez Beaufa-ïî et non Beaufai-î, par la raison qu'il faut conserver aux noms propres leur prononciation indigène ou de la localité.
Bécasse, oiseau: prononcez bécace et non bégace.
Béchée, s. f.—Ce mot n'est pas français; il faut dire, becquée ou béquée: cet oiseau donne la becquée à ses petits; on dit de même becqueter ou béqueter.
Béelzébut, Belzébut, Belzébuth, le diable: prononcez Belzébute.
Bègue.—Ne dites pas: cet enfant bègue, mais cet enfant bégaye; bègue, est subst. et adj.
Belge: prononcez Bel-ge et non Bel-che.
Ben pour bien; ne dites pas: ce jardin est ben joli; mais, bien joli.
Bénir, v. a.—Bénir a deux participes passés: bénit, bénite et béni, bénie. Le premier se dit de certaines 41 choses sur lesquelles la bénédiction du prêtre a été donnée avec les cérémonies prescrites: pain bénit, eau bénite, maison bénite, crucifix bénit, image, médaille bénite; les drapeaux ont été bénits.—Le second participe a toutes les autres significations de son verbe, et s'emploie surtout en parlant des personnes: un peuple béni de Dieu; l'Ange dit à la Sainte-Vierge: vous êtes bénie entre toutes les femmes (Acad.); toutes les nations de la terre ont été bénies en Jésus-Christ (comblées de biens, de bénédictions par J.-C.)
Berce, pour berceau, n'est pas français.
Berlue, s. f., éblouissement passager; prononcez berlû et non berlu-we.
2. Ne dites pas: cet homme a la brelue, mais la berlue.
Bernique, est français: je croyais le trouver chez lui, mais bernique!
Berriques est un mot wallon qu'il faut traduire par besicles ou lunettes.
Besoin.—Prononcez bezo-in et non bezo-an.
2. Ne dites pas: je n'ai rien besoin, je l'ai besoin; dites, je n'ai besoin de rien, j'en ai besoin. (Fland.)
3. Ne dites pas: voulez-vous que je vous aide?—Ce n'est pas besoin; dites, c'est inutile, ce n'est pas nécessaire. (Fland.)
4. Ne dites pas non plus: je n'en ai pas de besoin; dites, je n'en ai pas besoin.
Beurre, s. m.—On dit une motte de beurre (et non tartine), pour signifier un morceau de beurre arrangé en forme de petit pain.
Beurré, s. m., sorte de poire fondante: beurré blanc.
2. Beurrée, s. f., tranche de pain recouverte de beurre; on dit aussi tartine.
Bey, gouverneur turc: prononcez bè.
Bibliophile, Bibliomane.—Le bibliomane est celui qui a la passion, la fureur de posséder des livres, non pas tant pour s'instruire que pour en repaître 42 sa vue et se féliciter de les avoir. La bibliomanie est l'excès ou l'aberration de la bibliophilie.—Le bibliophile est celui qui aime sagement et honorablement les livres, qui a du goût pour les bons ouvrages et qui sait les discerner d'avec les mauvais. Les qualités du bibliophile et du bibliographe se confondent; mais quelquefois les bibliophiles les plus instruits et les plus raisonnables tombent dans la bibliomanie.
Bien, s. et adv.—Voyez le mot rien pour la prononciation de bien.
Bienfaisance, Bienfaisant.—Prononcez, mais n'écrivez pas, bienfesance, bienfesant.
Biez, s. m.—Ce mot ne se dit que du canal d'un moulin; dans toute autre acception il faut se servir du mot canal.
Bijoutière.—C'est à tort qu'on désigne sous ce nom une modiste ou monteuse de modes.
Bileux, n'est pas français, dites, bilieux: cet homme est d'un tempérament bilieux.
Bille, s. f. (ll mouillées), boule d'ivoire pour jouer au billard.—Petites boules de pierre ou de marbre qui servent à des jeux d'enfants; on dit quelquefois aussi gobille (Bescherelle). Voyez chique.
Billet, s. m.—Billet de faire part ou simplement billet de part, billet, lettre, ordinairement imprimée, par laquelle on annonce un mariage, une naissance, un décès, qui intéresse celui qui écrit; prononcez billet, ll mouillées. Voyez mortuaire.
Bis, bise, adj., brun; prononcez bi: du pain bis.
2. Bis, interj., encore une fois; prononcez bice.
Bisbille, s. f. (ll mouillées), querelle sur des riens; ne dites pas bisbisse.
Biser, dans le sens de faire de la bise, n'est pas français; dites donc il fait de la bise, nous avons vent du Nord et non il bise.
Bisquer, v. n., pester, être de mauvaise humeur, être vexé; ce mot figure dans les dictionnaires, mais il est populaire.
Bissextile, adj.: prononcez bis-sex-tile et non bizextile, bizectile, bisek.
Bivac ou Bivouac, s. m., garde en plein air; prononcez bivaque; il en est de même de bivaquer, bivouaquer.
Blague, s. f., est un petit sachet où les fumeurs mettent le tabac.
Blaguer, Blagueur, Blague, sont des expressions triviales et populaires; remplacez-les par hâbler, hâbleur, hâblerie.
Blamer, dans le sens de flamber, jeter de la flamme, n'est pas français; c'est un mot wallon.
Blanc.—Ce mot n'est jamais synonyme de pâle; ne dites donc pas d'un convalescent qu'il est encore bien blanc, qu'il est blanc-mort; dites, qu'il est encore bien pâle, qu'il est pâle comme un mort. (Wall.)
2. Ne dites pas non plus: il est blanc comme un lait, comme un satin; dites, il est blanc comme lait, comme du lait, comme le lait; comme satin, comme du satin, comme le satin.
Blanchisserie ou Blancherie (et non blanchierie), le lieu où l'on blanchit la toile ou la cire.
Blette, adj. sans masculin: poire blette, poire molle qui n'est pas encore gâtée.
Bloc, s. m.—On prononce le c final, quand le mot est isolé ou à la fin d'une phrase ou lorsqu'il est suivi d'un mot commençant par une voyelle ou une h muette: acheter toutes les marchandises en bloc (bloque), un bloc (blo) de marbre. Voyez c.
Blocus, s. m., action de cerner une place; prononcez blocuce. Voyez s finale.
Blouser, v. act., tromper; se blouser, se tromper: ces termes sont populaires et familiers.
Bluet, s. m., (on écrit plus rarement bleuet), espèce de fleur bleue qui croît dans les blés; on l'appelle aussi barbeau: prononcez bluè, bleuè et non blu-wet, etc.
Boa, s. m., grand serpent; prononcez bo-a en deux syllabes.
Bœuf, s. m., quadrupède ruminant; prononcez beu-fe; on prononce au pluriel beû, ainsi que bœuf gras (beû gras), bœuf salé (beû salé); dans nerf-de-bœuf on ne prononce l'f que dans bœuf; il en est de même de œuf (eufe) et œufs (eû).
Boire.—On dit, prendre du café, du thé, du chocolat; on dit également prendre et non boire une médecine. Voyez café.
Boîte, s. f., pour ventouse, est wallon; ne dites donc pas: on lui a mis six boîtes à la jambe, mais, six ventouses.
2. Il s'emploie absolument pour tabatière: une belle boîte; prononcez boate et non boète ni boéte.
Bon, adj., avoir bon, est un grossier wallonnisme; ne dites donc pas: on a si bon, pendant l'hiver, auprès du feu; dites, on est si bien, il fait si bon...
2. Ne dites pas: mon camarade a bon de me tourmenter; dites, mon camarade prend plaisir, a du plaisir, s'amuse à...
3. Ne dites pas: comme je ne suis pas assez riche, je ne pourrais pas faire cette énorme dépense, c'est bon pour vous; dites, c'est bon à vous.
4. Pour le bon, pour de bon, expressions usitées chez les enfants, surtout au jeu, sont des wallonnismes et doivent être remplacées par tout de bon ou un équivalent, comme, pour quelque chose; on dit également pour rire ou pour rien dans le sens contraire.
5. Ne dites pas: ce commerçant a bon à vivre; mais, vit bien, vit à l'aise, est dans l'aisance. (Wall.)
6. Tout de bon, sérieusement, est français: jusqu'ici il plaisantait, mais à présent il se fâche tout de bon, et non pour de bon, pour le bon, etc.
7. Bon pour: ne dites pas ce fruit est bon pour manger; mais, à manger; ne dites pas non plus: cette église est belle pour voir; mais, à voir: ce sont là des flandricismes.
8. Ne dites pas: j'ai bon trois sous ou trois sous de bon, pour indiquer que vous avez donné trois sous de trop, et que l'on vous doit trois sous; dites, il me revient trois sous. (Fland.)
9. Ne dites pas: le dites-vous en bon? dites, le dites-vous sérieusement? (Fland.)
10. On dit: il est bon de faire, de dire et il fait bon faire, dire: il est bon de savoir modérer ses désirs; il fait bon marcher, se promener, étudier, etc.
Bonheur, s. m.—Il n'a point de pluriel à moins qu'on ne l'emploie comme synonyme d'événement heureux: il lui est arrivé plusieurs bonheurs en un jour. (Acad.)
Bonhommes.—Ne dites pas: M. est un marchand de bonhommes; dites, M. est un marchand de jouets, un bimbelotier.
Boni, s. m., t. de finances; au pluriel bonis.
Bonne d'enfant.—Ne dites pas garde-d'enfant ni garde-enfant.
Bonnet, s. m., vêtement de tête: bonnette est wallon.
Bonté, s. f.—Ayez la bonté de vous asseoir, est une formule comique de politesse; dites, asseyez-vous, je vous prie.
Bordeaux, n. pr. de ville: écrivez et prononcez Bordeaux et non Bourdeaux.
Borgne, adj. et s., fait au féminin borgne; borgnesse est un terme bas et injurieux qui se dit d'une femme ou d'une fille borgne; borgnette n'est pas français.
Bosseler.—Ne dites pas: j'ai bosselé ma lampe en la laissant tomber; dites, j'ai bossué... Bossuer signifie faire des bosses à un métal; bosseler signifie travailler en bosse.
Bouc, s. m.: prononcez bouque.
Boucan, s. m., tapage, vacarme; ce mot est français.
Bouche.—Ne dites pas: je le lui dirai de bouche; mais, de vive voix, ou en face, sans détours, nettement.
2. Ne dites pas: il a toujours la pipe en bouche; dites, à la bouche. Voyez main.
3. D'après les exemples que donne l'Académie, on peut dire la bouche ou la gueule d'un barbeau, etc. En parlant des bêtes de somme et de trait, on dit la bouche d'un âne, d'un bœuf, d'un chameau, d'un cheval, d'un éléphant; on dit aussi la bouche d'une carpe, d'une grenouille, d'un saumon; le mot gueule s'applique particulièrement aux animaux carnassiers. Voyez gueule.
Bouchon, s. m.—Ne dites pas, un bouchon de cheminée; mais, un devant de cheminée.
Boucle, s. f.: prononcez et écrivez bou-cle et non bou-que, blou-que ni boukèle.
Bouger.—Ce verbe est neutre et ne peut avoir de régime; ne dites donc pas: il se bouge; mais, il bouge;—ne vous bougez pas de là; mais, ne bougez point de là;—bougez-vous; mais, ôtez-vous, retirez-vous, faites place;—vous bougez tout; mais, vous touchez à tout, vous dérangez tout.—Ainsi bouger quelque chose et se bouger sont des barbarismes.
Bouilleau pour bouleau.—Ne dites pas un balai de bouilleau, mais, de bouleau.
Boulancer.—Ne dites pas: il m'a boulancé, pour il m'a rudoyé, bousculé. (Wall.)
Boulet, s. m.—Ne dites pas, un boulet de neige, mais une boule, une pelote de neige; se battre à coup de pelotes de neige. Voyez briquette.
Boulette, dans le sens de balourdise, bévue, étourderie, est français, mais il est familier. Voyez hochet.
Boulevard, s. m.—Autrefois on écrivait boulevart.
Bouli et Boulie.—Écrivez et prononcez bouilli et bouillie, en mouillant les ll.
Bouloire, s. f., vaisseau de métal pour faire bouillir l'eau; écrivez et prononcez bouilloire.
Bouquette, mot wallon, en français crêpe, s. f., sorte de petite omelette faite avec de la farine de sarrazin: à Liége, on mange des crêpes à Noël; et non, des bouquettes; j'ai acheté de la farine de sarrazin; et non, de la farine de bouquette.
2. Ne dites pas: jeu de bouquette, mais, jeu d'osselets: jouer aux osselets.
Bourg, s. m., gros village: prononcez bour-ke. Cependant on ne fait pas entendre le g de bourg à la fin des mots: Limbourg, Cobourg, faubourg, que l'on prononce Limbour, Cobour, faubour.
Bourgmestre, s. m.—On prononce bourgue-mestre (Acad.), et non bourkmaître, bourkmaîse, bourgue-maître, bourguemaisse.
Bourse, s. f.—Ne dites pas: je suis allé en bourse; dites, à la bourse. Voyez bassin.
Bouteille (ll mouillées, et non boutèle).—Ne dites pas: le médecin m'a prescrit cette bouteille; mais, cette médecine, cette drogue, cette potion.
Boutique, s. f.—Ne dites pas: mon père fait boutique; dites, tient boutique, a un magasin, fait commerce. (Wall.)
2. Ne dites pas: mon domestique soigne les chevaux et fait en même temps à la boutique; dites, et sert à la boutique, s'occupe de la boutique. (Wall.)
3. Ne dites pas non plus: ce négociant fait dans les draps, dans les épiceries; dites, vend les draps, les épiceries, fait le commerce de draps, etc. (Wall.)
Bouton, s. m.—Le bouton d'une serrure, d'un verrou, est la partie saillante et arrondie à l'aide de laquelle on pousse et on tire le pêne d'une serrure ou un verrou; on dit dans un sens analogue, le bouton d'un tiroir, d'un couvercle, etc. (Acad.) Le bouton d'une porte est la pièce de fer ou de cuivre qui est ordinairement de forme ronde ou ovale, et qui sert à tirer une porte à soi ou à l'ouvrir: tournez le bouton. (Acad.)
Boyard ou Boïard, seigneur russe; prononcez bo-ï-ard.
Brader, n'est pas français; rendez ce mot par, perdre, prodiguer, gâcher, vendre à trop bas prix, selon le sens: il vend sa marchandise à trop bas prix, il la gâche.
Brahme, Brahmane, Brahmanisme, Brahmanique; prononcez brâ-me, brâ-mane, etc., sans faire sentir l'h.
Braire, v. n., ne se dit que du cri peu harmonieux de l'âne; c'est donc à tort que les wallons le disent des personnes.
Bras, s. m.—Ne dites pas: elle tenait son enfant dans les bras; dites, dans ses bras.
Brâs ou Brai, pour signifier l'orge préparée pour faire de la bière, n'est pas français; dites, malt: en Angleterre, l'impôt sur le malt est considérable. (Acad.) La drèche est le marc (le résidu) de l'orge qui a été ainsi employée.
Brasse.—Ne dites pas: il m'a pris à brasse-corps et m'a renversé; dites, à bras-le-corps.
Brasserie, s. f., lieu où l'on fait la bière; ne dites pas brassine.
Brave, adj.—Un homme brave, est un homme qui a de la bravoure, du courage; un brave homme est un homme honnête, bon, obligeant; il est familier dans ce dernier cas.
2.—Brave, subst., se dit uniquement d'un homme qui a de la bravoure; vous ne direz donc pas à un écolier: faites vos devoirs comme un brave; dites, comme un sage, comme un bon écolier, ou bien, faites sagement, tranquillement vos devoirs; brave, dans cette acception est tout-à-fait wallon.
Breloque (battre la).—Cette locution vicieuse est fort usitée, surtout dans le Hainaut, pour signifier radoter.
Brevet, s. m., Breveter; prononcez comme c'est écrit et non, brévet, bréveter ni brefeter.
Brichauder, Briscader.—Ces mots ne sont pas français; c'est gaspiller, prodiguer, qu'il faut dire.
Brick, s. m., petit navire armé; prononcez bri-ke; on écrit aussi, mais moins souvent, brig.
Brièveté, s. f.: prononcez briè-ve-té et non brié-fe-té. Voyez v.
Brigadier, s. m.—Prononcez l'a bref et non brigâdier; prononcez de même saladier et les autres mots de la même terminaison.
Brillant, adj.—Un brillant éclat est un pléonasme vicieux, car tout éclat est nécessairement brillant.
Bris, s. m., terme de palais, fracture, rupture; prononcez l's, bri-ce. (Acad.)
Brise-feu, s. m.; ne dites pas un brise-feu; dites un écran.
Broc, s. m., grand vase pour le vin; prononcez brô; le c ne se prononce qu'en poésie et dans la locution de bric et de broc. Voyez c final.
Brosse, pour balai, n'est pas français.
Brosseter, nettoyer avec la brosse, n'est pas français: dites brosser. (Wall.)
Brouet, s. m., bouillon au lait et au sucre; prononcez brou-è (deux syllabes) et non broè ni brou-wet.
Brouette, s. f.; prononcez brou-ette et non brou-wette.
2. Faire brouette, terme du jeu de quilles, ne rien abattre, est une expression wallonne; dites, faire chou blanc.
Broiement ou Broîment, s. m., action de broyer: prononcez broi-ment et non broy-ï-ment.
Brou, s. m., enveloppe verte des noix, des amandes et des fruits à coquille; ce mot ne s'emploie pas au pluriel. Écale signifie la même chose, et se dit en outre: 1o, de certains légumes: écales de pois, écales de fèves; 2o, de la couverture solide de l'œuf, qui porte aussi le nom de coque et de coquille: j'ai brisé l'écale, la coque, la coquille de mon œuf. Mais cale n'est français dans aucune de ces acceptions: cales de noix, est donc une faute grossière; écrivez et prononcez écale et non écaille.—Cale, s. f., se dit d'un morceau de bois, de pierre, etc. qu'on place sous un objet quelconque pour le mettre de niveau ou lui donner de l'assiette.
Brouillamini, s. m., désordre, confusion: embrouillamini n'est pas français.
Brouillard (papier); voyez buvard et tache.
Brouillasser, n'est pas français; dites, il fait, il y a du brouillard, il bruine.
Brouilleur.—Ne dites pas d'un mauvais écrivain, c'est un brouilleur de papier; dites, ... un barbouilleur.
Bru, s. f.—On dit ordinairement belle fille.
Bruit, s. m.—Voyez mener.
Brûler (avec un accent circonflexe), employé impersonnellement, est un flandricisme: on sonne le tocsin, il brûle quelque part; dites, il y a un incendie; ne dites pas non plus: il a brûlé cette nuit; mais, il y a eu un incendie cette nuit.
2. Ne dites pas: mon feu brûle bien, ma lampe brûle bien; dites, mon feu flambe bien, ma lampe éclaire bien.
3. Brûler du café, pour rôtir, griller, torréfier du café, est une expression wallonne et flamande tout à 51 la fois. Brûler du café, signifie: consumer du café par le feu; or ce n'est pas là ce qu'on veut dire quand on emploie cette locution; dites donc griller, rôtir du café et mieux torréfier qui nous paraît le mot propre; torréfaction est l'action de torréfier.
Brûle-bout: voyez profit.
Brut, adj.—On prononce le t: du sucre brut (brute).
Bruxelles, ville capitale de la Belgique; prononcez Brucè-les, d'après le flamand Brussel, et non Bruk-celles; ne dites pas Bruxelaire ni Brusselaire; c'est Bruxellois (Bru-cellois) qu'il faut dire.
Bu, ne s'emploie pas avec l'auxiliaire être en parlant des personnes; ne dites donc pas d'un homme ivre: il est bu, mais il a bu, il est gris, il est ivre, il a une pointe, une petite pointe de vin, de liqueur.
Bûche de bois, est un pléonasme vicieux; dites simplement, bûche, pièce de gros bois de chauffage; on dira pourtant une bûche de bois de hêtre, de bois flotté.
2. On dit tirer à la bûchette, à la courte paille; et non, à la bûche.
Buée, s. f., ancien mot français, aujourd'hui inusité; dites lessive.
Buffleteries, s. f., tout ce qui dans l'équipement militaire, est fait d'une peau préparée à la manière de la peau de buffle; écrivez et prononcez buffleteries, et non buffeteries.
Bure, puits de mines, est du féminin: cette bure est profonde.
Bureau.—Ne dites pas: mon père écrit sur un bureau; mais, dans un bureau.
Busculer, n'est pas français; dites bousculer.
Buse.—Ne dites pas: la buse ou les buses du poêle, mais le tuyau ou les tuyaux du poêle; buse dans ce sens est un mot wallon.
But, s. m., point où l'on vise, terme, fin; le t se prononce lorsque le mot termine la phrase, ou quand il est devant une voyelle ou une h muette.
2. Ne le confondez pas avec butte, s. f., qui signifie un petit tertre, une petite élévation de terre.
3. On ne remplit pas un but, comme on remplit un tonneau; on l'atteint: il a atteint son but.
But-à-but, loc. adv., également, sans aucun avantage de part ni d'autre; on l'emploie surtout au jeu: jouer but-à-but, être but-à-but.
Buvable, adj., est français, mais il est familier; on dit plutôt potable.
Buvard.—Papier buvard n'est pas français; dites, papier brouillard, pour signifier le papier dont on se sert pour faire sécher l'écriture fraîche.
2. Le buvard, s. m., est une sorte d'album où toutes les feuilles sont de papier brouillard, et dont on se sert pour faire sécher l'écriture fraîche.
C final.—Il ne se fait sentir qu'après une voyelle non nasale ou une consonne: arsenic (quelques-uns prononcent arseni contrairement à l'Académie), bac, hamac, lac, bec, pic, roc, bouc, caoutchouc, duc, busc, etc.; excepté pourtant dans arc-boutant, arc-bouter, arc-doubleau, broc, (voyez ce mot), accroc, raccroc, escroc, estomac, tabac, lacs (filets), cric, échecs (jeu), porc (on prononce ordinairement le c quand il est à la fin de la phrase et devant une voyelle), marc (poids), Saint-Marc, employé comme déterminatif, tels que la place Saint-Marc, le lion Saint-Marc; mais dans saint Marc, l'évangéliste, Marc, nom d'homme, le c se fait sentir; amict ne fait sentir ni le c ni le t. 53 Dans le discours soutenu, la liaison peut avoir lieu pour les substantifs estomac, instinct, suivis d'un adjectif: estoma-kaffaibli, instin-kadmirable.—Le c se prononce également dans les noms propres Armagnac, Brissac, Balzac, Cavaignac (prononcez Cavagnac), Cognac, Nérac, Ravaillac.
Ça, interjection familière, dont les wallons abusent trop souvent dans les locutions suivantes: oui, ça! non, ça; régulièrement il faut la supprimer.
2. Il fera ça ou cela mieux une autre fois, est une locution wallonne; dites, il fera d'autant mieux... ou en revanche, il fera mieux. (Wall.)
3. Les flamands doivent éviter de commencer leurs phrases par le mot ça: ça est vrai, ça est bon, ça je dis, ça j'ai répondu, ça je ne sais pas; ils doivent dire simplement, c'est vrai, c'est bon, je dis cela, j'ai répondu cela, je ne le sais pas, à moins qu'on ne veuille insister particulièrement ou établir une sorte d'opposition: ceci est faux, cela est vrai; ceci est mauvais, cela est bon; quant aux expressions ça ou cela je dis, etc., cette inversion n'est jamais permise en français; il faut alors recourir à une autre tournure, par ex.: voici ce que dis, voilà ce que j'ai répondu.
4. Il est comme ça, c'est son caractère, est une expression française.
Cabaret, s. m.: faites le premier a bref.
Cabas, s. m., petit panier; l's ne se prononce pas.
2. Aller à cabasse, est une locution wallonne; dites, aller bras dessus, bras dessous.
Cabeliaud, n'est pas français; dites cabillaud (ll mouill.)
Cabus, adj. m., sans féminin, pommé; il ne se dit qu'avec le mot chou: des choux cabus; on ne prononce pas l's.—Cabusette n'est pas français; dites laitue pommée.
Cacao, s. m., amande du cacaoyer, base du chocolat; prononcez caca-o.
Cachément, Cachettement: ces mots ne sont pas français; dites en cachette, secrètement, en secret.
Cacis ou Cassis, s. m., arbuste, liqueur; prononcez câci-ce.
Cacophonie, s. f., son ou accord désagréable; ne dites pas cacaphonie.
Cadastre, s. m.; prononcez cadas-tre et non cadasse ni ca-das-tère.
Cadavre, s. m., corps mort; prononcez cada-vre et non cada-fe ni cada-vère: cadavre inanimé est un pléonasme ridicule.
Cadeau, s. m.—Ne dites pas: j'ai reçu ce livre en cadeau; dites, on m'a fait cadeau de ce livre.
Cadenas, s. m., serrure mobile; ne dites pas loquet pour cadenas; le loquet en effet est une fermeture très-simple que l'on met aux portes qui n'ont pas de serrure et à celles dont le pêne est dormant; il correspond assez bien au mot wallon cliche, clichette.
2. Ne confondez pas non plus le loquet ou le cadenas avec la targette, qui est une petite plaque de métal, portant un verrou plat, et qu'on met aux portes, aux fenêtres, etc., pour servir à les fermer.—Prononcez ca-d'-na et non ca-ne-na.
Cadre, s. m.—Ne dites pas: j'ai acheté de beaux cadres, pour de beaux tableaux: un cadre n'est que la bordure du tableau, de l'estampe. Voyez quadre.
Café, s. m.; prononcez café et non cafet.
2. On ne dit pas, boire le café, mais prendre le café: boire ne se dit que des liqueurs faites pour servir de boisson, pour désaltérer, comme l'eau, le vin, la bière, etc. Voyez boire.
Cafouiller ou Fafouiller, pour Farfouiller, sont des barbarismes: farfouiller signifie fouiller dans quelque chose avec désordre.
Cahier, s. m.; prononcez ca-ié, (h muette) et non ca-iet ni ca-hier, en aspirant l'h.
Cahotement, s. m.—Ce mot n'est pas français; dites cahot, pour exprimer les sauts que fait une voiture sur un chemin raboteux; et cahotage, pour marquer l'effet, le mouvement que produisent les cahots.
Cahotte, s. f., mot wallon, morceau de papier roulé en pointe de manière à pouvoir contenir quelque chose, se traduit en français par sac, sachet, cornet et rouleau qu'il ne faut pas confondre; on dit: un cornet de tabac, de café; un rouleau de pièces de cinq francs.
Caillé, part.; dites, du lait caillé et une dent cariée.
Caisse, s. f.—Ne dites pas, une caisse de montre; dites, une boîte de montre.
Câlin, adj. (l'a est long).—Ce mot signifie flatteur, cajoleur: un petit câlin, cet homme a l'air câlin; prendre un ton câlin; mais il ne faut pas l'employer dans le sens de méchant ou de saligaud, salaud, crapuleux. (Wall.)
Caleçon, s. m., sorte de culotte; ne dites pas, caneçon.
Calendrier républicain.—Pendant la révolution française, la Convention voulant faire commencer l'année au jour où la république avait été proclamée, abolit l'ère vulgaire, et data l'ère républicaine du 22 septembre 1792, le jour même de l'équinoxe d'automne. Les mois, au nombre de douze, se composaient uniformément de 30 jours, et étaient rangés dans l'ordre suivant: vendémiaire, brumaire, frimaire,—nivôse, pluviôse, ventôse,—germinal, floréal, prairial,—messidor, thermidor et fructidor. L'année était complétée par des jours épagomènes au nombre de 5, et de 6 dans les années sextiles. Au lieu de la division du mois en semaines, on adoptait une division en 3 décades, dont les jours s'appelaient primidi, duodi, tridi, quartidi, quintidi, sextidi, septidi, octidi, nonidi, décadi. Le jour était divisé en 10 parties ou heures. Les 56 noms des saints et des fêtes du calendrier grégorien étaient remplacés par une série de noms de plantes, de métaux, d'animaux, d'instruments aratoires. Exemple: vendémiaire, primidi, raisin; duodi, safran, etc. Le 1er des jours complémentaires fut consacré à la vertu, le 2e au génie, le 3e au travail, le 4e à l'opinion; le 5e était la fête des récompenses; le 6e, dans les années sextiles, la fête de la révolution. La période de 4 ans, au bout de laquelle avait lieu cette addition du 6e jour, formait une franciade.—Le Calendrier républicain avait été imaginé par Romme. La signification de ces mois n'était vraie que pour le climat de Paris. Il a duré moins de 14 ans; sa 14e année, commencée le 23 septembre 1805, finit le 31 décembre suivant: sur un rapport de Laplace au Sénat, un sénatus-consulte du 21 fructidor an XIII rétablit le calendrier grégorien à compter du 1er janvier 1806.
(Dictionnaire de Dezobry et Bachelet).
Calotte, gifle, pétard, coup donné sur la tête ou au visage avec la main; remplacez ces mots par taloche, claque, soufflet: gifle et calotte pourtant figurent dans les dictionnaires, mais ils sont populaires.
Calque, s., est masculin: un beau calque.
Calquer, Décalquer, v. n.—Calquer, c'est transporter les traits d'un dessin sur un papier: calquer un dessin, un plan.—Décalquer, c'est reporter le calque d'un dessin sur du papier, sur une toile, sur une planche, etc.
Calville (pomme).—Dites pomme calville ou pomme de calville et non calvine ni calvi.
Camail, s., vêtement ecclésiastique, et des chanoines ainsi que des évêques en particulier; ce mot est masculin; le pluriel est camails.
Cambouis, s. m., graisse noire formée du vieux oing, dont on a enduit les roues; écrivez et prononcez cambouis et non cambuis.
Campagne.—Être à la campagne, c'est être en promenade à la campagne ou être dans une maison de campagne, pour y passer quelque temps; être en campagne, c'est être en mouvement, hors de chez soi, qu'on voyage pour son plaisir ou pour ses affaires: quand il est à la campagne, il met tous ses gens en campagne, pour lui procurer des vivres. Ces observations s'appliquent également aux locutions: aller à la campagne et aller en campagne.
Canaille, s. f.—Ne dites pas: cette personne est une canaille; ce commissaire est une canaille qui mérite la potence. Ce mot n'est pas français dans ce sens; remplacez-le selon le sens par: un gueux, coquin, fripon; un bandit, malfaiteur, vagabond; un drôle, un maraud, un gredin, un pied-plat, un infâme, un chenapan.—Canaille est un terme de mépris qui se dit de la plus vile populace: il fut insulté par la canaille.—Il se dit aussi des gens de toute condition pour lesquels on veut témoigner du mépris: il nous traite de canaille.—Il se dit quelquefois, par plaisanterie, des petits enfants qui font du bruit, qui importunent: faites taire cette petite canaille.
Cangrène: voyez gangrène.
Caout-chouc, s. m., résine élastique; prononcez caoute-chouke.
Capable, adj.—On dit: cet homme est capable de bien se battre, et non, à, pour se battre; capable n'est jamais suivi des prépositions à ou pour.—Voyez susceptible et assez.
Capillaire, capillarité, capillation, capillature: prononcez les deux ll sans les mouiller.
Capitaine: prononcez comme c'est écrit, capitaine et non captaine.
Capot, adj., 1o confus, interdit; 2o terme de jeu, qui n'a fait aucune levée; cet adjectif est des deux genres et des deux nombres; ne dites donc pas d'une 58 femme: elle est demeurée capote; mais capot.—Prononcez capo (o bref).
2. N'employez pas capot dans le sens de frit, fricassé, cassé, brisé, perdu: cet homme est frit; cet argent est fricassé; tout est frit; ce vase est cassé; cette canne est brisée; cet homme est perdu (et non capot ni capote). (Fland.)
Capote, ne se dit proprement que d'une espèce de redingote à l'usage des soldats; dans tout autre cas, servez-vous des mots redingote, frac (s. m. un frac).
Caprice, est masculin: un caprice bizarre.
Capuce, s. m.; ne dites pas: il rabattit sa capuche sur son visage; dites, son capuce, ou bien, son capuchon, (couverture de tête qui fait partie de l'habillement de certains religieux.)—Capuche n'est pas français.
Car en effet, pléon. vicieux; dites seulement, car ou bien en effet; ces deux locutions signifient la même chose.
Caracole, est un mot wallon; dites limaçon ou colimaçon.
Caramel, bonbon, est un s. m.: aimez-vous le caramel? le caramel est bon pour le rhume; mettre du caramel dans une sauce. (Acad.) Quoique l'Académie ne donne pas d'exemple de ce mot employé au pluriel, nous croyons pourtant qu'on peut dire des caramels, pour désigner les petits bonbons sucrés, de forme carrée ou oblongue, renfermés dans du papier: cet enfant aime mieux les caramels que les dragées.
Carbonaro, s. m., au pl., carbonari, nom des membres d'une société secrète d'Italie; ce mot signifie proprement charbonnier.
Caresse, s. f.—Ne dites pas: donner des caresses; dites, faire des caresses.
Carolus, s. m., ancienne monnaie: prononcez caroluce et non carluce.
Carotte, s. f.—Tirer une carotte à quelqu'un, c'est-à-dire, obtenir adroitement d'une personne ce qu'elle n'avait nulle envie de donner, est une locution basse et populaire.
Carpette, mot anglais qui n'est pas francisé; dites, tapis de pied, comme on dit, tapis de table, tapis de billard: carpette se dit en français d'un gros drap rayé pour emballage.
Carré, ne peut pas s'employer pour quadrille (sorte de danse).—Carré ne se dit pas non plus pour palier: nous logeons sur le même palier et non, sur le même carré.
Carreau, s. m.—On doit dire un carré de papier ou un quart de feuille, et non un carreau de papier: écrire une note sur un carré de papier; mais on dit, un carreau de vitre ou simplement un carreau.
Carrosse, voiture suspendue, est masculin: un beau carrosse.—Ne dites pas: il roule carrosse, il roule en carrosse; dites, il a un carrosse, il a un équipage.
Carrousel, s. m., tournois: prononcez carou-zèle et non caroucèle.
Cartabelle, s. f., le petit livre qui indique la manière de réciter l'office, se nomme, en français, un directoire; cartabelle ne figure pas dans les dictionnaires, mais il est usité en Belgique.
Carte, s. f.—Ne dites pas une carte de mort, mais un billet de part, un billet d'enterrement.
2. Ne dites pas: ce professeur donne des leçons à un franc la carte; dites, à un franc le cachet.
Carter, dans le sens de mêler ou de faire les cartes, n'est pas français; écarter (et non carter) est un terme du jeu de piquet.
Cas.—En cas que, au cas que, se disent indifféremment et sont des locutions conjonctives qui régissent le subjonctif.
2. On dit en cas d'empêchement, en cas de malheur; et non, au cas d'empêchement, etc.
3. Cas (faire): on dit, faire cas, faire grand cas, ou ne faire nul cas de quelqu'un ou de quelque chose; on ne dit pas, faire du cas, faire un grand cas de...; toutefois, on dit très-bien: j'en fais beaucoup de cas.
Casaque, habillement dont on se sert comme d'un manteau, et qui a ordinairement les manches fort larges: ce mot est féminin.
Casemate, s. f., souterrain voûté d'une citadelle: prononcez cazemate et non cacemate ni casemaque.
Casino, s. m., société de jeu, de danse: prononcez cazino et non cacino.
Cassonade, s. f., sucre non raffiné: prononcez cassona-de et non cassona-te ni castonnade.
Casuel (accidentel), ne doit pas s'employer pour cassant, fragile; il faut dire: la porcelaine est cassante, fragile, et non casuelle.
Cataplasme, est masculin: appliquer un cataplasme; prononcez cataplas-me et non catapla-me. Voyez asme.
Catéchisme, s. m.: prononcez catéchis-me et non catéchime, catéchisse, catéchim-se, catégisme.
Catherine, n. pr.: écrivez et prononcez Catherine et non Cathérine.
Cause (à).—A cause que, signifiant parce que, est français, quoi qu'en disent MM. Chapsal et Poitevin; au mot par, l'Académie dit: parce que, à cause que; et au mot cause, elle dit: à cause que, parce que.
2. Ne dites pas: c'est cause de vous que j'ai perdu mon livre; dites, c'est à cause de vous.
3. Ne dites pas non plus: je suis tombé, c'est vous la cause; mais, c'est à cause de vous ou c'est vous qui en êtes la cause.
Causer, dans le sens de parler; ne dites pas: je lui ai causé longtemps; mais, j'ai causé longtemps avec lui; j'ai causé avec lui de cette affaire (et non je lui ai causé de cette affaire).
2. Ne dites pas: nous nous causerons une autre fois; dites, nous causerons...—Se causer n'est pas français.
Causette, n'est pas français; dites causerie ou conversation, selon le sens.
Causeur, fait au féminin causeuse et non causeresse.
Cave, Esclave, Rave, etc.: prononcez comme c'est écrit, et non ca-fe, escla-fe, ra-fe. Voyez v final.
Ce, Cela.—Ne dites pas: cela ne vient pas à huit jours; dites, huit jours de plus ou de moins n'y font rien ou ne font rien à l'affaire. (Fland.)
2. Ne dites pas: c'est ce que je me plains; mais, c'est ce dont je me plains.
3. Ne dites pas: c'est moi qui a, c'est moi qui est; c'est vous qui a, c'est vous qui est; dites, c'est moi qui ai, c'est moi qui suis; c'est vous qui avez, c'est vous qui êtes; c'est nous qui avons, qui sommes, etc.
4. Ça ou cela voulait bien tomber que telle ou telle chose était arrivée.—Quand on veut parler d'une circonstance favorable, d'un heureux hasard, qui arrive dans un certain temps, on dit en flamand: ça voulait bien tomber que... Cette expression ne peut pas s'employer en français; il faut dire par exemple: c'était une circonstance favorable, un heureux hasard que votre frère aîné fût là pour prendre votre défense. (Fland.)
5. Ne dites pas: cela m'étonne que, cela ne me surprend pas que... dites, je m'étonne que ou je suis étonné que; je ne suis pas surpris que...
6. Cela va sans parler, barbar.; dites, cela va sans dire.
7. Ne dites pas: c'est aujourd'hui quatre mois que Jean est mort; dites, il y a aujourd'hui quatre mois que... (Fland.)
8. Ne dites pas non plus: ça été hier trois ans que...; ce sera demain six semaines que... dites, il y a eu hier trois ans que...; il y aura demain six semaines que... (Fland.)
9. C'est... c'était.—Ne dites pas: c'est bien étonnant que...; c'est temps de dîner; c'était dix heures, quand nous arrivâmes; c'était minuit précis, lorsque les voleurs entrèrent; c'était temps qu'il se corrigeât; mais dites, il est bien étonnant; il est temps; il était dix heures; il était minuit précis; il était temps qu'il se corrigeât. (Fland.)
10. Ne dites pas: c'est beau temps aujourd'hui; dites, il fait beau temps, il fait beau aujourd'hui. (Fland.)
11. Ne dites pas: c'est fini avec moi, avec lui; dites, c'est fait de moi, de lui. (Fland.)
12. Ne dites pas: c'est inconcevable les arbres qu'il y a dans ce jardin; dites, vous ne sauriez croire combien il y a d'arbres... (Fland.)
13. Ne dites pas: c'est certain que les enfants étaient plus soumis autrefois; dites, il est certain...
14. Ne dites pas: c'est midi, c'est six heures; il est temps que je retourne; dites, il est midi, il est six heures... (Fland.)
15. Ne dites pas: saluez ce Monsieur; dites, saluez Monsieur. Ce, devant monsieur, dame, demoiselle ou devant un nom propre, est toujours injurieux. Ne dites pas: celui-ci, celle-ci prétend que (en parlant d'une personne présente) cette chose est; ce terme est impoli et inconvenant; dites, Monsieur, Madame, Jean, Jeanne, prétend que...
16. C'est à vous à, signifie ordinairement, c'est votre tour de: c'est à vous à jouer;—c'est à vous de veut dire, c'est votre droit de: c'est à vous de jouer le premier; ou, c'est votre devoir de: c'est à vous de donner l'exemple.
Céleri, s. m., plante potagère: prononcez cél'ri et non céléri.
Cence, Cencier.—Ces mots ne sont guère usités; on dit plus communément, ferme, fermier.
Cendrisse.—Ce mot n'est pas français; dites: cendres.
Cens, s. m., redevance en argent: prononcez sance.
Censé, ée, réputé, est simplement adjectif: vous êtes censé l'avoir fait; ne le confondez pas avec sensé, qui a du bon sens, qui est conforme à la raison: personne sensée, discours sensé.
2. Censément, n'est pas français; ne dites pas: il est censément docteur; dites, il est censé docteur.
Cent et Vingt, prennent une s quand ils sont précédés d'un autre adjectif numéral qui les multiplie: quatre-vingts enfants; ils sont quatre-vingts; deux cents hommes; ils sont deux cents.—Exceptions: quoique multipliés par un autre adjectif numéral, vingt et cent sont invariables:—1o quand ils sont suivis d'un autre nombre: quatre-vingt-un ans, quatre-vingt-deux ans, deux cent trois ans, etc.; Mathusalem vécut neuf cent soixante-neuf ans.—2o Quand ils sont employés par abréviation pour vingtième, centième, parce qu'alors ils déterminent un substantif singulier exprimé ou sous-entendu: numéro quatre-vingt, page deux cent, l'an trois cent, en dix-sept cent, l'an mil huit cent, l'an mil huit cent cinquante-neuf, c'est-à-dire, numéro quatre-vingtième, page deux centième, l'an mil huit centième, etc.—Cent, employé pour centaine, devient substantif et prend la marque du pluriel: deux cents de fagots.
Centaure.—Ne dites pas: ce musicien a une voix de centaure; dites, une voix de stentor.—Centaure est un monstre fabuleux, tandis que Stentor est le nom d'un grec célèbre par la force de sa voix.
Centime, Décime, sont masculins comme les termes du système décimal: un centime, un décime (dix centimes).—Cents est aussi masculin: un cents; mais ce mot ne peut plus s'employer aujourd'hui, en 64 Belgique, que pour désigner la monnaie hollandaise qui correspond à peu près à nos pièces de deux centimes; remplacez donc ce mot par le mot centime: deux centimes, pièce de deux centimes, cela coûte quatre centimes, etc.
Cep, s. m., pied de vigne: prononcez cèpe.
Cerf, s. m., bête fauve de l'ordre des ruminants; prononcez cerfe, lorsqu'il est seul ou à la fin d'un mot et cère lorsqu'il s'appuie sur un autre mot. (Poitevin, Dict.)—Dans serf (au fém. serve) on fait toujours sentir l'f. (Acad.)
Cerise, Cerisier.—Ne dites pas cérise, cérisier.
Certain, aine, adj.—Une certaine chose, est une chose non désignée; une chose certaine, est une chose vraie, sûre.
Cesser, Décesser.—Il ne décesse de parler, est une expression vicieuse, quoique très-commune; dites, il ne cesse, il ne discontinue pas de parler, il ne déparle pas.
Ceux, pr. p.—Ne dites pas: il y en a de ceux qui parlent; dites, il y en a qui parlent: prononcez ceu et non ceuze.
Ch.—Les flamands sont exposés à le prononcer comme une s: un sien, un sin, il se casse, panasse, siersier, siez, sicorée, etc., au lieu de, un chien, il se cache, panache, chercher, chez, chicorée, etc.—Ils ne doivent pas non plus donner à che le son de ge: panage, cravage, il se cage, il se fâge, pour panache, cravache, il se cache, il se fâche. Voyez archaïsme et sch.
Chacun.—On ne dit pas, un chacun, un quelqu'un; on dit simplement, chacun, quelqu'un.
2. Ne dites pas: ces livres me coûtent deux francs chaque; nous avons eu dix francs chaque; dites, six francs chacun, ou chaque livre me coûte deux francs; nous avons eu dix francs chacun; chaque est adjectif et veut toujours un substantif après lui.
Chair, s. f.—Ne dites pas: il est noir de chair; dites, il a la peau noire. Voyez noir.
Chaire prêchoire, barb.—Dites chaire de vérité ou simplement chaire (n'écrivez pas chair); ne dites pas non plus chaise.
Chako, s. m.: on écrit aussi schako et shako; au plur. chakos.
Chaland, signifie pratique, acheteur: il a perdu ses chalands; un nouveau chaland; attirer les chalands.
Châle, s. m., vêtement de femme: on écrit aussi, mais moins souvent, schall et shall.
Chalet, s. m., nom des maisons des paysans suisses, etc.; prononcez l'a et l'e brefs, chalet et non châlet ni chalais.
Chambellan, s. m., officier de la chambre du roi; ne dites pas chamberlan ni chambrelan.
Chambran, s. m., barb.; dites chambranle pour désigner l'encadrement de bois qui se place aux portes, aux cheminées: le chambranle; (masculin).
Champignon.—Dites, il y a un champignon à la chandelle, et non, il y a un voleur.
Chandeleur, s. f., fête de la Purification, 2 fév.; la fête de la Chandeleur; ne dites pas la Chandeleuse.
Chandelle de cire, pour cierge ou bougie.—Le mot chandelle se dit plus communément pour la chandelle de suif: les chandelles d'autel se nomment ordinairement cierges et quelquefois chandelles; bougie se dit des chandelles fines.
Changer.—Ne dites pas à une personne mouillée: changez-vous, allez vous changer ou allez changer; mais, changez de linge, changez de chemise, changez de vêtement.
2. Changer pour, changer contre: ces deux locutions se disent indifféremment: il a changé sa vieille vaisselle pour ou contre de la neuve.
Chanvre et Chènevis.—Le chanvre est la plante et le chènevis est la graine du chanvre; d'où il suit que l'on doit dire: donnez du chènevis à votre pinson, et non, du chanvre.
Chaque, adj. indéf.—Ne dites pas: il fait un voyage chaque huit jours; dites, tous les huit jours.
2. Ne dites pas: nous jouerons chaque à tour; dites, tour-à-tour. Voyez chacun.
Char à banc, s. m., s'écrit sans trait d'union; au pluriel chars à bancs.
Charcutier, s. m.—Autrefois on nommait chaircutier, celui qui vend de la viande de porc; aujourd'hui on dit seulement charcutier, charcutière (et non charcuitier, ière).
Chardonneret, s. m., oiseau; ne dites pas, chardonnet.
Charité, s. f.—Les dames de charité, sont les dames du monde qui concourent à une œuvre de bienfaisance; les dames de la charité, sont des religieuses qui soignent les pauvres, les malades, etc., et qu'on appelle ordinairement Sœurs de la charité.
2. Ce mot peut se mettre au pluriel dans le sens d'aumônes: cette dame fait de très-grandes charités; et dans cette expression proverbiale: prêter des charités à quelqu'un, c'est-à-dire, chercher à faire accroire faussement qu'il a dit ou fait quelque chose de mal.
Charlatan, s. m., n'a point de fém. correspondant.
Charpie, s. f., linge effilé qu'on met sur une plaie.—Poix, s. f., matière résineuse qui provient des pins ou des sapins: le cordonnier enduit son ligneul de poix (et non de charpie.) (Wall.)
Charrée.—Ne dites pas, une charrée de bois, mais, une charretée de bois.
Charron et Charretier.—Le charron, est un ouvrier qui fait des charriots; le charretier est le conducteur d'une charrette; les wallons sont exposés à employer charron pour charretier.
2. Charretier, s. m.; on dit au féminin, une charretière.
Chasse, s. f., action de chasser; prononcez chace (a bref); Châsse, s. f., coffre pour les reliques; prononcez châce (a long).
Chasselas, s. m., raisin; prononcez chass'là.
Châssis, s. m., cadre de vitrage; prononcez châci.
Château: voyez maison.
Châtier, Châtiment, Châtiable: prononcez châthier, etc., â long et ié diphthongue. Voyez ti.
Chaud.—Ne dites pas: j'ai chaud les mains, les pieds ou des mains, des pieds; dites, j'ai chaud aux mains, aux pieds; ou bien, j'ai les mains, les pieds chauds. Il en est de même de avoir froid. Voyez froid.
Chauffer.—Dites, échauffer un appartement et non, chauffer.
Chaufferette et Couvet, ustensile pour chauffer les mains, les pieds; ne dites pas, chauffette.
Chausson, s. m., sorte de pâtisserie qui contient de la marmelade, de la compote ou des confitures, et qui est faite d'un rond de pâte replié sur lui-même; c'est ce qui se nomme en wallon liégeois golzâ.
Chauveté, s. f., état de ce qui est chauve; ce mot n'est pas français; dites calvitie: cette calvitie a été causée par la maladie.
Chef, s. m.—Ne dites pas: j'ai dix ans de chef, d'employé, etc.; dites, il y a dix ans que je suis chef, employé; j'ai dix ans de service.
Chemin de fer.—Dites: je suis venu par le chemin de fer, par tel convoi et non, avec le chemin de fer, avec tel convoi; ne dites pas non plus: je suis venu par ou avec la vapeur.
Chenal, s. m., conduit de bois ou de plomb qui recueille les eaux du toit et les porte dans la gouttière ou dans le tuyau de descente; on dit plus souvent, chéneau, pluriel, chéneaux; chenal, quoique l'Académie n'en dise rien, doit faire au pluriel chenaux.
Chenil, s. m., logement des chiens de chasse: prononcez ch'ni et non chenile.
Cheptel, s. m., bail de bestiaux; prononcez chètèle.
Cher, Chère, adj., s'emploie souvent comme adverbe pour modifier un verbe, et alors il est invariable: ces étoffes sont-elles chères (adj.)?—je les ai payées cher. (adv.)
Chercher après quelqu'un ou après quelque chose, est une locution vicieuse; dites, chercher quelqu'un ou quelque chose: qui cherchez-vous?—Je cherche mon frère, je cherche ma montre.
2. Chercher querelle.—Les enfants disent souvent c'est lui qui me cherche; qui est venu me chercher; chercher, pris dans ce sens, n'est pas français; il faut dire: c'est lui qui me cherche querelle, qui me cherche noise, ou qui m'agace, qui me provoque.
3 Chercher, ne peut pas s'employer dans le sens d'apprendre; ne dites donc pas: où avez-vous cherché cette nouvelle; dites, où avez-vous appris cette nouvelle?
4. Ne dites pas: où avez-vous cherché pour ce mot? dites, où avez-vous cherché ce mot? (Fland.)
5. Ne dites pas non plus, voir après quelqu'un; dites, chercher quelqu'un.
Chérif, s. m., prince chez les Arabes ou chez les Maures. Il ne faut pas le confondre avec schérif ou shérif, officier municipal en Angleterre.
Chétif insecte: prononcez chéti-finsecte et non chéti-vinsecte.
Cheval, s. m.: prononcez cheval en appuyant fortement sur l'e et non jeval ni ch'fal; il en est de même de chevaux, cheveu, cheville, achever, écheveau, échevin.
Chevrettes, s. f., petites écrevisses de mer; ce mot n'est pas français; dites crevettes: aimez-vous les crevettes?
Chevrons, s. m. (en wallon, wère), pièces de bois placées sur les pannes (en wallon viennes), et qui soutiennent les lattes sur lesquelles on pose la tuile ou l'ardoise; voyez panne.—Chevron se dit aussi de deux morceaux de galon assemblés en angle, que les militaires ont le droit de porter sur la manche gauche de leur habit, après un certain temps de service: ce soldat a deux, a trois chevrons.
Chez.—Les Wallons abusent singulièrement de ce mot; ainsi ils diront: la servante de chez Simon, pour la servante de Simon; j'ai passé devant chez Pierre, pour devant la maison de Pierre; c'est un élève de chez les Jésuites, pour des Jésuites.
Chic, s. m.—Cet homme a du chic; cet ouvrier n'a pas le chic; etc.—Cette expression est de la dernière familiarité; on peut en dire autant de chicard, chicarder.
Chicaneur, euse, Chicanier, ère, adj. et s.—Le chicaneur aime à chicaner, principalement en affaires; le chicanier conteste, vétille sur les moindres choses.
Chien, s. m., animal domestique; prononcez chi-in et non chian, siïn, chin.
Chiffon de pain, gros morceau de pain, n'est pas français; dites, quignon de pain.
Chine.—Écrivez et prononcez échine: il s'est rompu l'échine (épine du dos).
Chiper, prendre, dérober, est français, mais il est très-populaire.
Chipote, dans le sens de chipotier, chipotière, n'est pas français.
Chipoteur.—Ce mot n'est pas plus français que façonneur, tripoteur, rancuneur ou rancuneux; dites, chipotier, façonnier, tripotier, rancunier, ière. Cependant on dit également bien chicaneur, euse, et chicanier, ière. Voyez ces mots.
Chique, s. m., petite boule de pierre ou de marbre qui sert à des jeux d'enfants; ce mot est wallon; dites, bille (ll mouillées): gobille se dit quelquefois aussi pour bille. (Bescherelle.)
Chiragre, s.f.;—chirographaire, adj. des 2 genres;—chirologie, s. f.;—chiromancie, s. f.; chiromancien adj.;—chiste, terme de chir. (on écrit plus souvent kyste; ne confondez pas avec schiste, pierre lamellée), s. m.—Dans tous ces mots, chi se prononce ki.
Chirer, pour déchirer, n'est pas français.
Chirurgien: prononcez chirurgien et non chirugien, cherurgien, cirugien, cirurgien.
Choir, v. n. et défectif.—Il ne s'emploie qu'à l'infinitif et au participe passé chu, chue, qui se construit avec être: il est chu.
Cholédologie, s. f.;—cholédoque, adj., masculin sans fémin.;—choléra,—cholérique,—chondrologie, s. f;—choraïque, adj.;—chorée, s. m.;—chorus, s. m.;—chorège, s. m.;—chorégraphie, s. f.;—chorégraphe, s. m.;—chorégraphique, adj.;—chorévêque, s. m.;—choriambe, s. m.;—chorion, s. m.;—choriste, subst. des deux genres;—chorographie, s. f.;—chorographique, adj.;—choroïde, s. f. Dans tous ces mots, cho se prononce ko.
Choléra-morbus ou simplement Choléra: prononcez koléra-morbuce, koléra (Acad.)—L'Académie écrit aussi coléra-morbus.
Choquer, ne s'emploie pas pour signifier pousser, bousculer, heurter: il m'a heurté en passant, et non, .... choqué; ces deux convois se sont heurtés, et non ... choqués.
Chose, s. f.—Évitez de vous servir de ce mot pour désigner, à la manière des enfants, une personne dont vous ne vous rappelez pas le nom: chose m'a dit; j'ai vu chose; j'ai dit à chose.
2. Ne dites pas: oh! Monsieur, c'était quelque chose! ajoutez, de beau, de magnifique; ou bien dites, c'était beau à voir. (Fland.)
3. Ne dites pas: il est fait la même chose que l'autre; dites, il est fait comme l'autre, absolument comme l'autre, ou, de même, tout de même que l'autre. (Fland.)
4. Prononcez chô-ze (ô long) et non choze ni chôce.
5. Chose (quelque).—Quelque chose est féminin dans le sens de quelle que soit la chose: quelque chose que je lui aie dite; ou au pluriel: quelques choses que je lui aie dites, je n'ai pu le convaincre.—Il est masculin quand il signifie une chose: quelque chose de fâcheux; quelque chose qu'il m'a dit m'a surpris.
6. Chose (autre).—Autre chose est masculin: quelque chose est promis, autre chose est accordé.
Choser, n'est pas français; ne dites pas: qu'est-ce que vous chosez là? dites, qu'est-ce que vous faites là?
Choucroute, s. f., chou aigre et salé; il s'écrit sans trait d'union et en un seul mot.
Chrême, s. masculin, huile sacrée, mêlée de baume: le saint Chrême;—crème (acc. grave), s. féminin, la partie la plus grasse du lait et nom de certaines liqueurs.
Chrestomathie, s. f., choix de morceaux d'auteurs réputés classiques dans une langue morte ou étrangère: la chrestomathie grecque de Boscha.—Prononcez chrestomathie (comme sympathie) et non chrestomacie.
Chrétienté, s. f., pays chrétien; écrivez et prononcez chrétienté (créthi-inté), et non, chrétienneté (créthi-ènn'té).
Christ: on prononce l's et le t dans ce mot: Chris-te; on ne les prononce pas dans Jésus-Christ, antechrist: Jésu-cri, antecri.
Chut, interj., paix, silence: prononcez chute.
Chute, s. f., mouvement d'une chose qui tombe, malheur, etc.: ce mot s'écrit sans accent circonflexe sur l'u.
Ci.—Les gens du peuple disent: cet homme ici, ce jardin ici; il faut dire, cet homme-ci, ce jardin-ci (avec le trait d'union).
2. Ci-inclus, ci-joint; voyez inclus.
Cicérone, s. m., guide des étrangers en Italie; prononcez cicérôné et non tchitchérôné ni chichérôné.
Cicogne, s. f., grand oiseau de passage; on prononce et on écrit aujourd'hui, cigogne.
Cigare, est masculin: un cigare, et non, une cigare.
Ciguë, s. f., herbe vénéneuse; prononcez cighû (u long) et non cighe ni cighu-we.
Cil, s. m., poil des paupières: prononcez cille (l mouillée). (Acad.)
Cime, s. f., le sommet d'une montagne, d'un arbre, etc.; écrivez cime et non cîme.
Cimetière, est masculin: porter un mort au cimetière; il faut bien se garder de prononcer cimetchière, cimitière ou cimetié. Voyez ti.
Cinq.—Devant une consonne, prononcez cin; cin francs, cin femmes; le q se fait entendre lorsque cinq est seul ou bien lorsqu'il est devant une voyelle ou une h muette et à la fin d'une phrase: cinq arbres (cinque), cinq hommes (cinque); nous sommes cinq (cinque); cinq (cinque) multiplié par cinq (cinque).
2. Ne dites pas: en tombant j'ai fait un cinq à mon pantalon (une déchirure); dites, j'ai fait un accroc (akrô).
Cypaye, s. m., soldat indien: prononcez cipa-ye, (comme paille) et non cipaî, (comme je paie, tu paies). (Acad.)
Circonspect, adj.; prononcez circonspek; cependant on peut aussi prononcer circonspè.
Ciseau, s. m. pl., instrument des couturières à deux branches, s'emploie ordinairement au pluriel: prêtez-moi vos ciseaux.—Cependant il s'emploie quelquefois au singulier: on n'a pas encore mis le ciseau dans cette étoffe; le chirurgien lui a donné trois coups de ciseau. (Acad.)
2. Ciseau, au singulier, est un instrument de menuisier.
Clair, e, adj.—Ne dites pas: le général fit une charge le sabre au clair; dites, le sabre au vent, au poing, le sabre haut, le sabre dégaîné.
Claquer, Craquer, v. n.—On dit, claquer des mains; faire claquer un fouet; ses dents claquent; il claque des dents.—On dit: ce lit craque; ce biscuit craque sous la dent.
Classe, s. f., ordre, leçon: prononcez clâce.
Claude: voyez reine-claude.
Clayon, s. m. ou Plat d'osier, se dit de la petite claie ronde sur laquelle on met du gâteau, de la tarte, etc.
Clef, s. f.—On prononce clé même devant une voyelle; quelques-uns écrivent clé. (Acad.)
2. Dites: tirez la clef de la serrure et non, tirez la clef en bas de la serrure.
3. Dites également: la clef est à la porte et non après la porte.
Clématite, s. f., plante; ne dites pas, clémentine.
Clerc, s. m., ecclésiastique, praticien; prononcez clère; le c final se prononce dans la locution: de clerc à maître.
Cliche, Clichette, s. f., mots wallons, que l'on fait trop souvent français.—Il faut le rendre, d'après ses acceptions diverses, par les mots: loquet, clenche, clinche, bouton et targette.
2. Le loquet est l'ensemble d'une fermeture très-simple que l'on met aux portes qui n'ont pas de serrure et à celles dont le pêne est dormant; il est composé d'un battant, d'un mentonnet, d'un levier ou bascule et d'un bouton.
3. Le mentonnet est la pièce de fer, fixée au chambranle de la porte, qui reçoit le bout de la clenche ou du loquet, pour tenir la porte fermée.
4. Le levier ou bascule est proprement un petit levier faisant bascule, sur lequel on appuie pour lever le loquet d'une porte; les mots clenche ou clinche correspondent très-bien à lever et bascule.
5. Le battant est la pièce de fer horizontale qui se lève ou se baisse à l'aide du levier et s'adapte au mentonnet pour fermer la porte.
6. Le bouton est une pièce de fer ou de cuivre qui est ordinairement de forme ronde ou ovale, en forme de croix brisée ou de crosse, et qui sert à tirer une porte à soi ou à l'ouvrir: tournez le bouton (Acad.)—N'employez pas les mots pommeau, clenche, clinche, crossette pour le mot bouton.
7. Le loqueteau est un petit loquet que l'on met ordinairement aux volets ou aux carreaux mobiles d'en haut d'une fenêtre, et auquel on attache un cordon, afin de pouvoir les ouvrir et les fermer aisément.
8. Targette, s. f., petite plaque de métal qui porte un verrou plat, et qu'on met aux portes, aux fenêtres, etc., pour servir à les fermer.
Client, s. m.—Les commerçants ont des pratiques, les hommes de loi ont des clients.—Prononcez cli-an et non cli-ian.
Cligne-musette, s. f., jeu d'enfants, où l'un ferme les yeux, tandis que les autres se cachent pour qu'il les cherche: jouer à cligne-musette ou à la cligne-musette.—Écrivez cligne-musette (trait d'union) et non clignemusette ni cligne-mussette.
Clissé, ée, adj., qui est garni, enveloppé d'une clisse (ou clayon), espèce de petite claie faite d'osier, de jonc: bouteille clissée, gourde clissée.
Cloaque, s. m., égout: prononcez clo-ake (deux syllabes).
Cloche, s. f., manteau de femme garni d'un capuchon et nommé pelisse dans certaines localités wallonnes.
Cloche-pied (à), loc. adv., sur un pied; ne dites pas: courir à croche-pied, mais, à cloche-pied.
Cloporte, s. m., insecte (en wallon cochon de cave, en flamand duizendbeen); ne dites pas clou-à-porte, mais cloporte.
Clou, s. m., petit flegmon très-douloureux qui a son siége dans la peau, est français: on l'appelle aussi furoncle (s. m.), surtout en terme de médecine.
Clouer et Clouter, ont une différence de signification bien marquée: clouter, c'est garnir de clous; clouer, c'est attacher avec des clous; d'où il suit qu'on ne peut pas dire clouer un clou, pas plus que chanter un chant; dites mettre, placer, ficher un clou, attacher avec un clou ou des clous.
2. Prononcez clou-er, je cloû et non clou-wer, je clou-we.
Club, s. m., société politique; prononcez clu-be et non clupe; plusieurs prononcent cloube, d'autres clobe. (Acad.)
Cocasse, adj. des 2 genres, plaisant, comique, ridicule; ce terme est populaire: personne cocasse, vêtement cocasse.
Code, s. m., recueil de lois; prononcez code (o bref) et non côde (o long) ni co-te.
Cœtera (et): voyez et cœtera.
Cœur (Avoir).—Ne dites pas: qu'ai-je cœur; je n'en ai cœur; dites, que m'importe; cela m'est égal, peu m'importe.
2. Avoir cœur (cure), est la vieille locution française avoir cure (habere curam), avoir soin, avoir souci de... Il est à regretter qu'elle soit tombée en désuétude; elle n'est plus usitée que dans quelques phrases familières, comme: a beau parler qui n'a cure de bien faire.
3. Ne dites pas: j'ai le cœur malade; dites j'ai mal au cœur.
Coi, adj., calme, tranquille; le féminin était autrefois coie; on ne dit plus aujourd'hui que coite.
2. Ce mot n'est guère usité que dans ces phrases familières: se tenir coi, demeurer coi. (Acad.)
3. La locution, chambre coite, (chambre bien fermée et bien chaude) a vieilli. (Acad.)
Coing, s. m., fruit astringent; on ne prononce pas le g.
Coléreux, adj.—Ne dites pas, c'est un homme coléreux; dites, c'est un homme colère ou colérique.
Colidor: ce mot n'est pas français; écrivez corridor et prononcez coridor.
Colla, Colle, Colli, Collo, Collu, initiales qui font toujours entendre les deux l: collatéral, collation, collection, collision, colloque, collusion.
Colle, s. f., menterie, hâblerie: quelle colle il débite là! ce terme est populaire.
Colophane, de la colophane, résine, est féminin; ne dites pas colaphane.
Colorer, Colorier.—Colorer, c'est donner la couleur, de la couleur: le soleil colore les fruits; un vif incarnat colorait son visage; les raisins commencent à se colorer; le safran colore l'eau; l'art de colorer une injustice, le verre, le cristal. Au figuré, colorer signifie, donner une belle apparence à quelque chose de mauvais: colorer un mensonge; vice coloré.—Colorier, c'est appliquer les couleurs convenables sur une estampe, sur un dessin: je veux colorier cette lithographie; gravure coloriée; frontispice colorié; ce peintre colorie mieux qu'il ne dessine.
Colza, s. m., chou sauvage et huile tirée de sa graine; écrivez et prononcez colza et non golza. Voyez chausson.
Combien.—Ne dites pas: le combien du mois sommes-nous aujourd'hui? nous sommes le combien du mois? mais dites, quel quantième du mois avons-nous; quel est le quantième du mois? ne dites pas non plus: le quantième avons-nous; mais, quel quantième...
2. Combien est-ce que vous demandez pour?—Cette manière de demander le prix d'une marchandise n'est pas française; dites, combien vendez-vous...
3. Ne dites pas non plus: combien est-ce que vous avez payé pour ce livre? dites, combien avez-vous payé ce livre?
Commandement, s. m., ordre.—Prononcez comman-d'-ment (en faisant sentir le d) et non comman-n'-ment (en remplaçant le d par une n); il en est de même de, je demandais, je demeure, mandement, admettre, admission, administrer, etc.
Commander.—On commande quelque chose à quelqu'un et l'on commande à quelqu'un; ne dites donc pas: il faut savoir commander ses ouvriers; mais, à ses ouvriers.
2. Commander quelqu'un, ne se dit que quand il s'agit de commandement militaire: dix hommes furent commandés pour cette expédition; le régiment des guides est commandé par le colonel N.—Commander à et le: voyez présider.
Comme.—Ce mot ne peut pas être employé pour que, à la manière des flamands; ainsi ne dites pas: il est aussi grand comme moi; vous avez reçu autant comme moi; dites, il est aussi grand que moi; vous avez reçu autant que moi.
2. Il neige comme; vous êtes comme si gai, sont des expressions barbares; il est bien plus simple de dire: il paraît qu'il neige; vous me semblez ou vous m'avez l'air d'être gai.
3. Comme pour.—Ne dites pas: j'étais comme pour pleurer, comme pour mourir; mais dites, j'étais disposé à pleurer, j'étais sur le point de pleurer, j'allais pleurer; on aurait dit que j'allais mourir, etc.
4. Comme si, ou si, ne doivent jamais être suivis du conditionnel (ce serait un flandricisme): c'est comme si vous viendriez me voir; s'il aurait fait ses devoirs, il ne serait pas puni; dites, c'est comme s'il venait me voir; s'il avait fait ses devoirs, etc.
5. Comme de juste, est un barbarisme; dites, comme il est juste, comme il est raisonnable, et mieux comme de raison.
6. Comme il parle, au lieu de, à l'entendre, est un flandricisme; ne dites donc pas: comme il parle, on le prendrait pour le premier avocat du pays; dites, à l'entendre parler, on le prendrait...
7. Ne dites pas: il m'a dit comme ça, qu'il allait partir: retranchez comme ça, qui est inutile et ridicule.
8. Ne dites pas: comment est-ce qu'on dit, qu'on fait? dites, comment dit-on, comment fait-on?
9. Ne dites pas: si j'étais comme vous, voici ce que je ferais; dites, si j'étais de vous, si j'étais à votre place...
10. Comme tout.—Ne dites pas: il est sage comme tout; dites, il est fort sage, il est parfaitement sage.
Commencer, Finir.—On dit, commencer par, finir par et non commencer avec, finir avec: il commence son déjeuner par le café et finit par des fruits.
2. Commencer de, désigne une action qui aura de la durée: il avait commencé d'écrire sa lettre.—Commencer à, désigne une action qui aura du progrès, de l'accroissement: cet enfant commence à parler, à lire; le jour commence à luire.
Comment.—Comment va-t-il avec vous; comment vous va; comment vous va-t-il?—Remplacez ces expressions par: comment vous portez-vous, comment va votre santé, comment vous en va? (Acad.)—Comment va-t-il avec vous, est un flandricisme; comment vous va et comment vous va-t-il, sont des expressions incorrectes.
2. Il y a de ridicules façons de parler, auxquelles on se laisse aller quelquefois par insouciance ou par imitation; de ce nombre sont celles-ci: (comment vous portez-vous?) comme vous voyez; pas mal et vous, et la vôtre; comme un homme qui vient de chez son notaire; 79 un spirituel magistrat, afin d'éviter un compliment banal, abordait ses amis en leur disant: pas mal et vous?
3. Comment ce que.—Comment ce qu'on fait; comment ce qu'on dit? locutions employées par le bas peuple; il faut dire, comment fait-on, comment dit-on?
4. Ne dites pas non plus: comment est-ce qu'on raconte ce malheur? comment est-ce que cela est arrivé? Dites: comment raconte-t-on ce malheur? comment cela est-il arrivé?
Commerce.—Ne dites pas: mon frère fait commerce; mais, est dans le commerce, fait le commerce; il est commerçant, négociant.
2. Ne dites pas: les commerces ne vont pas; dites, le commerce ne va pas.
3. Ne dites pas: je fais plusieurs commerces; dites, j'ai ou j'exploite plusieurs branches de commerce.
Commodité.—Ne dites pas: cette famille a bien la commodité, a bien le moyen, est fortunée; mon cousin a bien la commodité de tenir un cheval; dites, cette famille est, vit dans l'aisance, elle est riche, elle a de la fortune; mon cousin a bien les moyens (et non le moyen) de..., est assez riche pour... Moyen, dans le sens de richesses, ne s'emploie qu'au pluriel; vous ne direz donc pas avec les wallons: mon voisin a bien le moyen; dites, mon voisin vit dans l'aisance, a de la fortune, etc.
Commun, une, adj.—Commune voix, désigne l'unanimité des suffrages, des voix; la voix commune est la voix vulgaire, la rumeur publique.
Compacte, adj. des deux genres, très-resserré, peu poreux; cet adjectif s'écrit au masculin comme au féminin; prononcez compak-te et non compake.
Comparer.—On dit souvent par inadvertance: cette étoffe, cette maison n'est pas à comparaître à celle-là; il faut dire, à comparer.
2. Comparer à, comparer avec.—Le premier suppose une analogie, un rapport commun de ressemblance entre les deux termes. Comparer avec éloigne l'idée de ce rapport, de cette ressemblance: il n'y a point d'église que l'on puisse comparer à celle de Saint-Pierre à Rome;—que l'on compare la docilité, la soumission du chien avec la fierté et la férocité du tigre. (Buffon.)
Comparoir, v. n., usité seulement à l'infinitif; mais il a vieilli et l'on dit aujourd'hui comparaître.
Comparution, s. f., action de comparaître devant le juge; ce mot s'écrit et se prononce comparution, quoique l'on dise apparition et disparition.
Compendium, s. m., abrégé; prononcez conpindiome: un compendium de théologie.
Comperose, s. f., vitriol; écrivez et prononcez couperose.
Complet, adj. fait au fém., complète et non complette.
Complétement, adv., d'une manière complète, s'écrit avec un accent aigu.
Compliment, s. m.—Ne dites pas: allons, Monsieur, sans compliment, acceptez notre dîner; dites, sans cérémonie, sans façon.—Sans compliment, signifie, sans flatterie: je vous dis sans compliment que votre dessin est fort beau.
Compris, part. passé de comprendre.—Y compris, non compris, sont invariables, comme prépositions, lorsqu'ils précèdent le substantif, et ils s'accordent avec lui lorsqu'ils le suivent: combien y avait-il de régiments y compris l'artillerie? il a dix mille francs de revenu, non compris la maison où il loge; ou bien, la maison où il loge non comprise.
Compte (en fin de) locution triviale, irrégulière et barbare; son équivalent consacré est, au bout du compte, qui n'est pas élégant. (Francis Wey.)
Compter.—Ne dites pas: il faut compter que je n'ai presque pas été me promener cette année; dites, à peine 81 ai-je été me promener... On ne prononce pas le p dans compter, comptant, compte, comptoir, comptable, comptabilité.
2. Compter, espérer, promettre.—Ces verbes marquent une chose à venir; on dit, compter, espérer, promettre qu'une chose sera; ne dites donc pas: je compte que vous êtes sage; j'espère que vous avez bien travaillé; je vous promets que j'ai dit la vérité; dites: je crois que vous êtes sage; j'aime à croire, j'ai la confiance que vous avez bien travaillé; je vous assure que j'ai dit la vérité.
3. Compter, dans le sens de se proposer, croire, ne prend point la préposition de devant un infinitif: ainsi vous direz: il compte partir demain et non de partir (Acad.)
4. Ne dites pas: comptez que j'ai été malade et ne vous étonnez pas que j'aie perdu de l'embonpoint; dites, apprenez, sachez que j'ai été malade.
Concetti, s. m. pluriel, pensées brillantes et sans justesse; ce mot, en France, est toujours pris en mauvaise part; le singulier est concetto, mais il est peu usité.
Concombre, subst., plante potagère, est masculin.
Condamner, Condamnation, Condamnable: prononcez condaner, condanable, condanation; l'a de dam est bref, tandis qu'il est long dans damner, damnation, damnable (dâner, dânation, dânable).
Conditionnel.—C'est une faute d'employer le conditionnel après la conjonction si: si vous feriez, si vous iriez, si j'aurais écrit, etc.; dites, si vous faisiez, si vous alliez, si j'avais écrit, etc.: c'est là un latinisme et un flandricisme tout à la fois.
2. C'est encore une faute que d'employer le conditionnel présent ou passé pour l'imparfait ou le plus-que-parfait du subjonctif: je voudrais que vous feriez vos devoirs, j'aurais désiré que vous auriez bien étudié; 82 cette faute est très-commune chez les wallons; pour l'éviter, il suffira de se rappeler que les verbes qui expriment la volonté, le désir, un ordre, fussent-ils même employés au conditionnel, gouvernent le subjonctif.
Conduire, Conduite: prononcez conduire, conduite (ui diphthongue) et non condouire, condouite, ni condu-wire, condu-wite.—Il en est de même de toutes les syllabes en ui, comme lui, je suis, je puis, puissant, suite, fuite, fuir.
Confesse, s., qui n'a point de genre; il ne s'emploie que précédé de l'une des prépositions à ou de: aller à confesse, venir de confesse.
Confiance, s. f.—On a confiance, on met sa confiance en ou dans; devant l'article il faut dans: avoir confiance en quelqu'un; mettre sa confiance en Dieu; mettre sa confiance dans les richesses; avoir confiance dans l'avenir.
Confirmer, v. a., conférer le sacrement de confirmation: l'évêque seul peut confirmer; ne dites donc pas: j'ai confirmé l'année dernière dans l'église de St-Antoine; dites, j'ai été confirmé...
Confiteor, au pluriel, des confiteor; on prononce confitéor. (Acad.)
Confort ou Comfort, s. m., assistance, secours: donner aide et confort; dans cette acception il est vieux.—Aujourd'hui il se dit, pour signifier le bien-être matériel, le bien-être de la vie: les Anglais ont un grand amour pour le confort; prononcez con-fort.
Confortable ou Comfortable, adj., qui a rapport au confort, au bien-être matériel de la vie: les anglomanes emploient à tout propos le mot confortable; ils vous diront d'une maison qu'elle est confortable, etc.—Confortable, s'emploie aussi substantivement et se dit de tout ce qui contribue au bien-être matériel: les Anglais ont un grand amour pour le confortable.
Confrère, Collègue.—Confrère se dit de tous les individus d'un corps, d'une société; les gens du même état sont aussi confrères. Collègue a une signification plus restreinte; il s'applique aux individus qui agissent ensemble et de concert.—Les professeurs d'un même établissement sont collègues, mais ils sont confrères par rapport aux professeurs d'autres établissements.
Conjoncture, Conjecture.—Conjoncture, signifie circonstance et conjecture, supposition. Dans les malheureuses conjonctures, on fait de fausses conjectures.
Connaissance.—Dites: j'ai rencontré quelqu'un de ma connaissance ou une de mes connaissances et non, quelqu'un de mes connaissances.
Connaisseur.—On dit: ce monsieur est connaisseur en musique, en peinture; et non, connaisseur de musique, de peinture.
Connaître, v. a.—On ne dit pas: je connais ma leçon; il connaît son discours; mais, je sais ma leçon; il sait son discours; cependant on dit très-bien: je connais tel livre, telle personne, telle maison, telle langue.
Consanguin, ine, s.: voyez germain.
Consanguinité, s. f., parenté du côté du père; l'u fait diphthongue avec i (Acad.); il ne le fait pas dans consanguin, consanguine où le g est dur.
Conscription, Milice.—On dit, tirer à la conscription, à la milice, etc., ou bien: tirer au sort pour la conscription, pour la milice. On tombe à la conscription, à la milice et non dans ou de la conscription, etc. Voyez réquisition.
Conseiller quelqu'un et à quelqu'un.—Conseiller quelqu'un, veut dire en général, qu'on lui donne des conseils: son avocat le conseille bien, c'est-à-dire, lui donne de bons conseils; les courtisans conseillent parfois mal les souverains, c'est-à-dire, leur donnent de mauvais conseils.—Mais si l'on exprime l'objet du 84 conseil que l'on donne, on doit dire, conseiller à quelqu'un: je lui ai conseillé de changer de conduite; la prudence conseille aux jeunes gens de fuir l'oisiveté et les mauvaises compagnies.
Conseilleur.—Ce mot est vieux et ne s'emploie plus guère que dans le proverbe: les conseilleurs ne sont pas les payeurs; il faut dans les autres cas se servir du mot conseiller (n'écrivez pas conseillier).
Consentir.—Ne dites pas: j'ai consenti dans la proposition qu'on m'a faite; mais j'ai consenti à la proposition...
Conséquent, se dit d'une personne qui est d'accord avec elle-même ou avec ses principes: cet homme est conséquent dans ses projets, dans sa conduite; c'est-à-dire qu'il est le même dans ses projets, dans sa conduite qu'en tout autre occasion. (Acad.)—Appliqué aux choses, il a à peu près le sens de l'adjectif conforme: il a une conduite conséquente à ses principes. (Acad.) Mais jamais ce mot ne peut signifier, considérable, important; il ne faut pas dire: une affaire conséquente, une somme conséquente, des propriétés conséquentes; mais, une affaire importante, une somme considérable, des propriétés considérables ou de grandes propriétés. Ce qui a pu donner lieu à cet emploi vicieux du mot conséquent, c'est qu'on dit très-bien, de conséquence, pour signifier qui peut avoir des suites importantes: une affaire de conséquence, une affaire de nulle conséquence. (Acad.)
2. Prononcez concéquent et non conzéquent ni conzèquent.
Consister: prononcez concister et non conzister.
Consolable, adj.—On ne le dit que des personnes (Acad.); cependant, au mot consoler, nous trouvons dans le Diction. de l'Académie l'exemple: consoler la douleur. Or, si l'on dit consoler la douleur, il suit nécessairement que la douleur est consolable. Il y a plus: 85 d'après l'Académie, on peut dire: douleur inconsolable; et qu'est-ce qu'une douleur inconsolable sinon une douleur qui n'est pas consolable? Voyez inconsolable.
Consoler, Console, Consolation, Consolant, etc.; prononcez l's dure et non conzoler, conzole, conzolation, etc.
Consommer, Consumer.—Consommer, v. a., achever, accomplir, mettre en sa perfection. Il se dit aussi en parlant des choses que l'on détruit en les faisant servir aux usages de la vie, comme vin, bière, viande, bois et toutes sortes de provisions: nous avons consommé nos provisions.
Consulte pour Consultation, conférence que l'on tient sur une affaire ou sur une maladie.—Ne dites pas: mon père est très-malade, il y a eu hier trois consultes; dites, ... trois consultations. Prononcez conçultations (s dure) et non conzultation.
2. Consumer, v. a., détruire, user, réduire à rien, sans but utile ou nécessaire pour celui qui détruit: le feu a consumé tout le bois; l'incendie a consumé la maison; la rouille consume le fer; les chagrins le consument.—Consumer signifie aussi, employer sans réserve; j'ai consumé tout mon temps à cet ouvrage.
3. Prononcez l's dure: conçumer, conçomer et non conzumer, conzomer.
Contact, s. m., attouchement; prononcez les deux consonnes finales: contak-te; prononcez de même compact, tact.
Contempteur, s. m., qui méprise; il n'a point de féminin correspondant.—Contemptible, adj., vil et méprisable: dans ces deux mots on prononce le p.
Contenir, v. a.—Ne dites pas: le bateau à vapeur contenait un prêtre, un officier et deux avocats; dites, dans le bateau à vapeur étaient...
Content, adj.—On doit dire, être content de quelqu'un et non sur ou après quelqu'un.
2. Ne dites pas: irons-nous à Verviers?—Je suis content; dites, volontiers.
3. Ne dites pas: je suis content de ce qu'il me quitte; dites, je suis content qu'il me quitte.
4. Ne dites pas: il était content pour avoir terminé ses devoirs; dites, d'avoir terminé...
Contenter (se), v. pron.—Ne dites pas: je me contente avec du pain et des fruits pour mon déjeuner; dites, je me contente de pain et de fruits...
Contigu, Proche: voyez proche.
Continuer à, Continuer de.—Continuer à, c'est poursuivre sans interruption une chose commencée, avec une intention dirigée vers un but: il continuait à lui dire des injures, à le frapper; continuer à bien vivre; il continuait à faire la guerre.—Continuer de signifie ne pas cesser, avec idée d'interruption: continuez de vous former le style; ou bien, ne pas cesser, sans interruption, mais en même temps sans que la phrase indique une intention dirigée vers un but: il continue de pleurer; la rivière continua de couler.
Contradicteur, s. m., n'a point de correspondant féminin.
Contraindre, v. a.—Devant un infinitif on dit, contraindre à et contraindre de; Laveaux établit une distinction qui nous paraît assez juste.—Contraindre à suppose un but, une tendance, une action; il faut donc préférer à toutes les fois que ces idées sont comprises dans la phrase, et de, dans tous les autres cas: on le contraignit à marcher, à s'avancer, à se battre: il s'agit ici d'une action.—Mais on dira: on le contraignit de se taire, de se tenir en repos, de prendre la fuite, de s'enfuir, de rester; c'est ici une cessation d'action.—L'Académie a observé cette différence dans ces deux phrases: on le contraignit à se battre; la ville fut contrainte de se rendre.
Contre.—Ne dites pas: je suis contre les plaisirs du monde, parce qu'ils détournent des devoirs envers Dieu; dites, je suis opposé aux plaisirs, j'ai de la répugnance pour....
2. On ne dit pas, être fâché sur quelqu'un; le chien aboie sur les passants, mais, être fâché contre quelqu'un; le chien aboie contre les, après les ou aux passants.
3. Ne dites pas: laisser la porte toute contre, mais tout contre.
4. Ne dites pas: il a passé tout contre moi sans me reconnaître; dites, tout près de moi; on dit, s'asseoir près de quelqu'un et non, contre quelqu'un. Mais en parlant des choses, on dit bien: j'étais assis contre le mur; ce champ est contre le bois (pour dire qu'il y touche).
5. L'expression par contre, n'est pas française, rendez-la par: en revanche, mais, du reste, du moins, au contraire: il avait mal dîné, mais, en revanche, il a bien soupé; il est bourru, du reste il est bon et humain; si cet ouvrage n'a pas le mérite de la perfection, il a du moins celui de la nouveauté.
Contredire, dédire, interdire, médire, prédire, font à la seconde personne du pluriel du présent de l'indicatif, vous contredisez, vous dédisez, vous interdisez, vous médisez, vous prédisez;—maudire fait, vous maudissez.—Il n'y a que dire et redire qui fassent, vous dites, vous redites.
Contrefaction, s. f., action de contrefaire, de falsifier, terme de jurisprudence.—On dit plus souvent, dans le langage ordinaire, contrefaçon.
Contremander, révoquer l'ordre qu'on a donné; ne dites pas décommander.
Contrevention, s. m., infraction pour contravention; contraventoirement pour en contravention et contraventaire pour contrevenant, ne sont pas français.
Contumace, s. f., t. de jurisprud. crimin., le refus, le défaut que fait un accusé de comparaître devant le tribunal où il est appelé: être en état de contumace; condamner par contumace. Il est souvent synonyme de contumax, adj. de deux genres, t. de jurispr. crimin., accusé ou prévenu qui est en état de contumace et auquel on fait un procès: accusé contumax, il est contumax; il s'emploie aussi substantivement: le contumax vient de se présenter devant ses juges.
Convenir, signifiant plaire, veut avoir; signifiant être d'accord ou avouer, il prend être: cette maison nous ayant convenu, nous sommes bientôt convenus du prix; le propriétaire est convenu lui-même que nous n'avions pas été difficiles.
Copeau, s. m., éclat de bois (en wallon, estalle, en flamand, spaender, krol); dites, brûler des copeaux et non des skafelings, de l'escaufelin.
Coquemar, s. m., espèce de pot de fer-blanc, de cuivre, etc., ayant un long bec, et qui sert à faire bouillir ou chauffer de l'eau, du café: faire bouillir de l'eau dans un coquemar. Dites cafetière, chocolatière, théière, laitière, pour désigner le vase d'argent, de terre, de fer-blanc, de porcelaine, etc., qui sert à faire ou à servir du café, du chocolat, du thé, du lait.
Coran: voyez alcoran.
Corbeille d'enfant, le linge, les langes, le maillot et tout ce qui est destiné pour un enfant nouveau-né; corbeille, dans ce sens, n'est pas français; dites layette.
Coroner, s. m., officier de justice en Angleterre; on fait sentir l'r finale: coronère.
Corpendu ou Court-pendu, espèce de pomme rouge; ces mots ne sont pas français; dites capendu, s. m.: un bon capendu.
Corps, s. m.—Corps à corps: prononcez cor à cor et non cor za cor.
2. Ne dites pas: il réclamait à corps et à cri; dites, à cor et à cri, c'est-à-dire, à toute force.
Corpulence, s. f., taille de l'homme considérée par rapport à sa grandeur et à sa grosseur: cet homme a de la corpulence, il est corpulent; corporence et corporent ne sont pas français.
Coriace, adj., dur comme le cuir: cette viande est coriace; ne dites pas, tiliasse.
Correct, e, adj., sans faute; on fait sentir les deux r et les deux lettres finales, même au masculin: cor-rek-te; prononcez de même le c et le t dans abject, contact, direct, exact, infect, strict, tact.—Faites également sentir les deux r dans correcteur, correction, correctif, correctionnel, corrégidor, corrélatif, corrélation, corroborer, corroboration, corroder, corrodant, corrosion, correspondre, correspondant, corrompre, corruption, corrupteur, corruptible, corroyer, corroyeur.
Corridor, s. m., galerie; ne dites pas, colidor; prononcez coridor.
Corset, s. m.—Les femmes seules portent des corsets; ne demandez donc pas à un homme, avez-vous mis votre corset de laine, de coton? dites, votre gilet de laine, de coton.
Corsionnaire, plante potagère dont la racine, noire en dessus et blanche en dedans, se mange cuite, comme le salsifis; dites, scorsonère (subst. féminin) et non corsionnaire; on la nomme autrement, salsifis noir ou salsifis d'Espagne.
Cortès, s. féminin pluriel, assemblée des États (chambres, parlement) en Espagne et en Portugal: prononcez cortèce.
Cosaque, s. m.: prononcez cozaque (o bref) et non côsaque (ô long).
Côté, s. m.—Prononcez cô-té (ô long) et non co-té (o bref).
2. Ne dites pas: de l'autre de côté; dites, de l'autre côté.
3. Ne dites pas: de tous côtés ou de tous les côtés pour partout, à la manière des wallons: on rencontre des injustices de tous côtés ou de tous les côtés; dites, partout.
4. N'employez pas non plus côtés pour pays, environs: il demeure de vos côtés, ce malheur est arrivé de ses côtés; dites: il demeure dans vos environs, dans votre pays; ce malheur est arrivé dans son pays. Cependant on dit très-bien: il demeure du côté de Verviers; il est du côté de Namur. (Acad.)
Côte, Côtelettes: prononcez l'ô long et non cote, cotelettes.
Cou, s. m.—Quelquefois on dit par euphonie col, surtout en poésie. (Acad.)
2. Ne dites pas: quelle belle cravate vous avez dans le cou; mais, quelle belle cravate vous avez au cou.
3. Cou-de-pied, s. m., haut du pied; ne dites pas: coude-pied, coup-de-pied, cou-du-pied.—Le pluriel est cous-de-pied.
Coucher, Promener, Baigner.—Ces verbes, employés pronominalement, doivent toujours être accompagnés de me, te, se, nous, vous, se; ainsi ne dites pas: je vais coucher, promener, baigner, mais, je vais me coucher, me promener, me baigner.
Coudre, v. a., fut., je coudrai, (et non je couserai); cond. je coudrais; impératif, couds, cousons, cousez; prés. du subj., que je couse, que tu couses; ind. prés., je couds, nous cousons, vous cousez, ils cousent; passé déf., je cousis, tu cousis, etc., (et non je cousus, etc.); imparf. du subj., que je cousisse, que tu cousisses, etc. (et non que je coususse, etc.)
Couenne, s. f., peau de porc; écrivez et prononcez couenne (ou en diphthongue) et non couanne ni couaine.
Couler, Courir.—En parlant des liquides, il faut se servir du verbe couler: cette fontaine coule doucement; ce tonneau, ce baril coule de toutes parts. Cependant, lorsqu'il s'agit d'un liquide qui marche régulièrement et précipitamment, on emploie quelquefois le verbe courir: le ruisseau qui court dans la prairie; l'eau qui court; le sang court dans les veines. Mais il n'est jamais permis de dire: ce vase court; le lait court dans le feu; il faut dire, ce vase coule; le lait coule dans le feu.
2. Le verbe courir se conjugue avec l'auxiliaire avoir: ne dites donc pas, je suis couru, mais j'ai couru. Mais il prend l'auxil. être quand il signifie être suivi, être recherché: cet ouvrage est fort couru; ce prédicateur est fort couru.
3. Je cours à la ville; il court à perdre haleine; il part avec lui: prononcez je cour à la ville; il cour à perdre haleine; il par avec lui. Mais au pl. ils courent avec lui (il cour-tavec), etc.; il en est de même dans les cas analogues.
Couleur d'isabelle, couleur mitoyenne entre le blanc et le jaune, mais dans laquelle le jaune domine; dites, couleur isabelle, quoiqu'on dise également bien, couleur de rose et couleur rose.
2. Couleurs (peindre sous des).—«On ne peint pas plus sous des couleurs que l'on ne dessine sous un crayon. Ce contre-sens, ou plutôt ce non-sens, provient de la confusion qui s'est faite à la longue entre deux locutions analogues: peindre avec des couleurs;—voir ou peindre sous un jour.» (Francis Wey). Il est donc plus correct de dire: peindre avec des couleurs.
3. Couleur, est féminin: une couleur changeante; il est masculin, lorsque, avec le nom qui le suit, il désigne une couleur particulière ou une chose ayant cette couleur: le couleur de feu, le couleur de rose, un beau couleur de feu, un joli couleur de rose, comme on dit, le rouge, le rose, un joli rose, etc.
Coup.—Ne dites pas: cet homme a fait les cent coups (locution populaire); dites, a fait mille folies, mille excès.
2. Boire un coup d'eau, un coup de vin; au coup de midi, au coup de trois heures, sont des expressions françaises.
Couper, v. a.—Ne dites pas: le vent, la grêle, la neige coupent le visage; dites, ... cinglent le visage.
Couperose, s. f., vitriol; ne dites pas comperose.
Couple, est féminin, lorsqu'il signifie simplement le nombre deux, sans idée d'union, d'assortiment, d'assemblage: une couple d'œufs, une couple de pigeons, une couple de serviettes.—Il est masculin 1o quand il désigne le mâle et la femelle: un couple de pigeons suffit pour peupler une volière; 2o quand il désigne des êtres animés, unis par un sentiment ou pour toute autre cause qui les rend propres à agir de concert: un couple d'amis; un couple de fripons; un beau couple de chiens. (Acad.)—Prononcez cou-ple et non coupe, coupèle.
Courant.—On doit dire, le cinq, le six, le dix du courant. Ici on ne pourrait pas supprimer l'article, parce que le mot mois est sous-entendu; c'est comme si l'on disait le cinq, le six, le dix du mois courant.
Courrier, s. m., se dit de la totalité des lettres qu'on écrit ou qu'on reçoit par un seul ordinaire: lire son courrier, faire son courrier.
(Bescherelle, Poitevin).
Courroie, lien de cuir, est féminin; n'écrivez pas corroi.—Prononcez courroî et non courroiïe.
Cours, s. m., flux, course, étude; prononcez cour (ou long) même devant une voyelle et non cource.
2. Ne dites pas: il donne un cours d'italien; le professeur donne son cours; dites, il fait un cours, il fait son cours.—Mais on dit, donner des leçons, (quand il s'agit de leçons particulières): voyez leçon.
Court, e, adj.—Ne dites pas: je suis à court d'argent; le prédicateur est resté à court; dites, je suis court d'argent; le prédicateur est resté court.
Coûter.—Ne dites pas, coûte qui coûte, mais, coûte que coûte ou quoi qu'il en coûte; prononcez coûter (oû long) et non couter (ou bref).
2. Coûter gros:—cela doit vous coûter gros, ce n'est pas le Pérou, sont des expressions populaires dont il faut éviter l'emploi; dites, coûter beaucoup, bel et bon.
3. Ne dites pas: les leçons de mon fils me coûtent dans les cent francs par mois; dites, à peu près cent francs par mois; me reviennent à près de cent francs par mois. Voyez cher.
Coutil, s. m., toile forte; prononcez couti et non coutile.
Couturière.—Tailleuse est un mot provincial qui n'est pas admis par l'Académie.
Couvent, s. m. Ne dites pas: elle est entrée dans le couvent à 18 ans, dites, au couvent, comme on dit entrer au service pour se faire soldat. Entrer dans le couvent, c'est y aller pour le visiter, pour y voir quelqu'un.
Couvert pour couvercle; Couverte pour couverture, malle, mallette.—On ne dit point le couvert, mais le couvercle d'une tabatière, d'une cafetière, d'un vase quelconque; on ne dit pas la couverte, mais la couverture d'un lit, d'une chaise, d'un livre (ce qui sert à couvrir le lit, la chaise, le livre).
2. On ne dit point la couverte d'un écolier, mais la malle et mieux la mallette pour désigner le sac, ordinairement en cuir, où il renferme ses livres et ses papiers et qu'il porte suspendu à son dos à l'aide d'une courroie.
Couvi, adjectif, qui ne s'emploie qu'au masculin; il se dit, d'un œuf à demi couvé ou gâté pour avoir été gardé trop longtemps: un œuf couvi, des œufs couvis. Prononcez couvi et non couvice.
Crabe, poisson qui ressemble à une écrevisse et dont on mange la chair; ce mot est masculin: un gros crabe. Prononcez crâbe (â long).
Crachat, s. m., dans le sens de décoration, est de mauvais ton.
Craie, s. f.: prononcez craî (aî long) et non craiïe.
Craindre, v. a.—Ne dites pas: je crains qu'il tombe; dites, je crains qu'il ne tombe.
Crainte.—Ne dites pas: je n'irai pas, crainte d'être entraîné; dites, de crainte d'être entraîné.
Cran, s. m., entaille qu'on fait à un corps dur pour accrocher ou arrêter quelque chose: craner, faire un cran.—Ne dites pas crain, crèner.
Crâne, s. m., tapageur, homme qui fait le rodomont: c'est un crâne, faire le crâne; on l'emploie quelquefois adjectivement: il est crâne, il a l'air crâne: ce mot est très-familier. (Acad.) C'est à tort que les wallons donnent à ce mot d'autres acceptions.
2. Crane (mot wallon), se rend par robinet (et non robin.)
Crapaud.—Dans certaines localités, on a assez l'habitude de donner aux enfants le nom de ce sale animal; il faut employer un des mots suivants: marmot, mioche, marmouset, etc.
Crapule, s. f., débauche, habitude grossière, excès dans le boire et le manger; il se dit quelquefois et par extension de ceux qui vivent dans la crapule: n'allez pas avec ces libertins, c'est de la crapule. (Acad.) Mais ce mot ne peut pas s'employer pour petit peuple, lie du peuple, populace, gens sans éducation, gens de rien.
Craque, craquer, craqueur, craquerie, menterie, se vanter, hâbler, hâbleur, hâblerie; ces mots, à l'exception de craquer, figurent dans le dictionnaire de l'Académie, mais ils sont de mauvais goût.
Crasser, se Crasser, figurent dans les dictionnaires; mais crasser se dit surtout des armes à feu; vous direz donc: cet enfant encrasse ses habits, plutôt que, ... crasse...
Crasseux, pour ladre, très-avare, est familier; crasserie, avarice sordide, n'est pas français; dites, crasse et mieux ladrerie.
Créancier, Débiteur.—Le créancier est celui à qui on doit;—le débiteur est celui qui doit.
Créer, v. a.—Prononcez cré-er et non cré-ier; prononcez de même créateur, créature, création; agréable, agréer, fléau, géant, Gédéon, néant, Léopold, Napoléon, récréer, réel, réellement, suppléer, théâtre, etc.
Crème, s. f.: voyez chrême.
Crémer, Écrémer.—Crémer est un verbe neutre et signifie se couvrir de crème; il ne se dit que du lait: en été le lait crème plus qu'en hiver. Écrémer est un verbe actif qui signifie ôter la crème de dessus le lait: allez écrémer le lait, du lait.
Crêpe, subst., est masculin et féminin; il est masculin, lorsqu'il signifie un morceau d'étoffe noire et claire qu'on porte en signe de deuil: il porte un crêpe à son chapeau. Il est féminin, lorsqu'il signifie une pâte qu'on fait cuire en l'étendant sur la poêle; il correspond assez bien au mot wallon bouquette et au mot flamand struif.
Crésane ou Creusane, espèce de poire; dites crassane et non creusane ni crésane.
Cresson à la noix, n'est pas français; dites, cresson alénois.
Crête (de), c'est-à-dire, sur le côté le moins large, n'est pas français; dites de champ: mettre de champ, poser de champ des briques, des pierres, des solives.
Crétin, s. m., habitant goîtreux des Alpes, sourd, muet et idiot, et au figuré, homme stupide; ce mot n'a pas de féminin; écrivez et prononcez crétin, crétinisme et non cretin, cretinisme ni crètin, crètinisme.
Crever, v. neutre, signifie parfois mourir; en ce sens il ne se dit que des animaux: ce chien avala du poison et il en creva. (Acad.)
Cric, s. m., machine à lever; prononcez cri.
Cric-Crac, interj., bruit d'une fracture: prononcez crike-crake.
Crier, terme générique dont on se sert pour exprimer le cri particulier de chaque animal; il est ridicule de dire: ce chien, ce chat, ces grenouilles, ces corbeaux ne font que crier: les animaux ont chacun un cri particulier, et ce cri a un terme propre qui le désigne et qu'il importe de bien connaître.
2. Crier après quelqu'un; dites, appeler quelqu'un.
3. Ne dites pas: mon professeur m'a crié; dites, ... grondé, réprimandé.
4. Crier sur quelqu'un; on dit: crier contre quelqu'un.—Prononcez cri-er et non cri-ier.
Croc, s. m., instrument pour accrocher: prononcez crô; communément le c final ne se prononce point (Acad.);—croc-en-jambe, tour de lutte; prononcez crokanjambe.—Voyez c final.
Croche-pied: voyez cloche-pied.
Croire, v. a.—Ne dites pas: ne croyez pas à cet homme, il vous trompe; dites, ne croyez pas cet homme; croire à quelqu'un, c'est croire à son existence: croire aux revenants.
2. Ne dites pas: j'ai n'y crois rien; dites, je n'en crois rien.
3. Ne dites pas: j'ai cru être malade; mais, j'ai pensé, j'ai failli être malade.
Croisée, Fenêtre.—L'Académie définit ainsi le mot croisée: fenêtre, ouverture qu'on laisse dans le mur d'un bâtiment pour donner du jour à l'intérieur et qui est quelquefois divisée par un montant et par une ou plusieurs traverses.—Il se prend aussi pour le châssis vitré (la fenêtre proprement dite) qui sert à fermer cette ouverture. Les gens de bonne compagnie disent toujours fenêtre, à moins qu'ils ne veuillent parler d'une ancienne espèce de fenêtre à montants et à traverses en maçonnerie ou en bois.
Croître, v. n.—Écrivez je croîs, tu croîs, il croît (accent circonfl. pour distinguer ces personnes des personnes correspondantes du prés. de l'ind. de croire); nous croissons, etc.; passé déf., je crûs, tu crûs, il crût, (nous crûmes, vous crûtes), ils crûrent (accent circ. pour la même raison); fut., je croîtrai, tu croîtras, etc. (accent circ. à toutes les personnes de même qu'au cond.); je croîtrais, etc.; part. passé, crû, crûe.
Croix, s. f.—Ne dites pas faire une croix, pour faire le signe de la croix; voyez pile.
Crolle, ne se trouve pas dans les dictionnaires; il faut dire, boucle, anneau, cheveux frisés: une boucle de cheveux; friser à boucles; être frisé par anneaux.—Croller n'est pas français non plus; dites, boucler, friser, crêper.
2. Crolle ne s'emploie pas non plus pour copeau (éclat, morceau de bois que la hache, le rabot, etc., font tomber du bois): gros copeaux, menus copeaux; brûler des copeaux; le mot crolle, dans cette acception, est flamand.
Cron ou Cromp, pour tortu, courbé, arqué, voûté, de travers et crombain, pour bancal, bancroche, ne sont pas français, mais flamands.
Croque-noix, Croque-noisettes, ne sont pas français; dites, casse-noix, casse-noisettes.
Croquer, v. a., ne s'emploie pas dans le sens d'offenser, de piquer, piquer au vif.
Croup, s. m., maladie, espèce d'angine; prononcez croupe.
Croustillant.—Ne dites pas: cette pâtisserie est croustillante; dites, est croquante.
2. N'employez pas non plus ce mot pour plaisant, drôle: des contes croustillants; dites, croustilleux; ce dernier mot est familier et signifie plaisant, libre, graveleux. (Acad.)
Croûte, s. f., en style d'atelier, se dit des tableaux sans valeur: ce peintre ne fait que des croûtes.—Mais il ne s'applique pas aux personnes; ne dites donc pas: ce peintre n'est qu'une croûte.
Cru, s. m., terroir où quelque chose croît; il n'est guère usité qu'en parlant des produits agricoles et surtout du vin: ces foins, ces denrées sont de mon cru; du vin de mon cru, de son cru, de votre cru; ce vin-là est d'un bon cru.—Vin du cru se dit du vin fait avec le raisin recueilli dans l'endroit même où on le consomme: nous voulûmes goûter du vin du cru; il faut se défier du vin du cru; on peut dire également du vin du pays (et non de pays).
Crucifix, s. m.; prononcez crucifi et non crus'fi.
Cruel, elle, Cruauté; prononcez cru-el, cru-auté et non cru-wel, cru-wauté.
2. Un cruel enfant est un enfant insupportable; un enfant cruel est un enfant porté à la cruauté.
Ct.—Ces deux consonnes finales se prononcent dans tact, exact, contact, correct, direct, infect, abject, strict; mais il y a exception pour amict, district et pour toutes les terminaisons pect, tels que respect, aspect, suspect, circonspect, etc.; prononcez ami, distrik, respèk, aspèk, suspèk, etc.—Bien qu'on entende souvent dire respè, aspè, suspè, pour respèk, etc., cette prononciation n'est pas généralement admise par les grammairiens. (Hennebert.)
Cueillir, v. a., détacher de la tige; ne dites pas, cueiller; prononcez keuillir.
Cuiller, s. féminin; on prononce et quelques-uns écrivent cuillère. (Acad.)
Cuire, v. a.—On cuit les aliments et l'on fait bouillir les liquides; ne dites donc pas l'eau est cuite; faites cuire le lait; dites, l'eau a bouilli, est bouillante; faites bouillir le lait.
Cul, s. m., derrière d'une charrette, d'un tombereau: mettez cela au cul de la charrette; mettre une charrette à cul (les timons en l'air).—On ne prononce point l'l et quelques-uns la suppriment dans l'écriture; prononcez de même cul-de-jatte (estropié), cul-de-lampe (ornement d'architecture), cul-de-sac (impasse).
2. Cul de chandelle pour bout de chandelle et hochecul pour hochequeue (oiseau), ne sont pas français: hochequeue est masculin.
Culotte.—On peut dire indifféremment une culotte, des culottes, une paire de culottes; il n'en est pas de même du mot pantalon, qui dans ce sens ne s'emploie qu'au singulier: j'ai mis un pantalon neuf et non, des pantalons neufs.
Cumulet, n'est pas français dans le sens de culbute; dites donc, faire des culbutes et non, des cumulets.
Curée, dans le sens de charogne, n'est pas français.
Curer, Écurer.—Curer, c'est nettoyer quelque chose de creux: curer un fossé, un égoût, un étang, etc.—Écurer, c'est nettoyer avec du sablon ou quelque chose de semblable: écurer la vaissette.—Voyez récureur.
Curieux.—Ne dites pas: il est si curieux pour sa toilette, pour les livres; dites, il a tant de soin de sa toilette; il aime tant les livres.
Ne dites pas: je suis curieux comment cela tournera; dites, je suis curieux de voir, de savoir comment cela tournera.
Cutée ou Cuitée, la quantité de pains qu'on fait cuire à la fois dans un four; ces mots ne sont pas français; dites, cuite ou fournée.
Cutter, s. m., petit navire de guerre; on prononce et plusieurs écrivent cotré.
Cuvelle, n'est pas français; dites, cuve, cuvier, cuveau, cuvette.—La cuve est un vaisseau de grande dimension; le cuvier, est la cuve où l'on fait la lessive; 100 le cuveau, est une petite cuve; la cuvette, est un vase dont on se sert pour se laver les mains; prononcez cuve et non cufe.
Czar, souverain, Czarine, impératrice de Russie; prononcez Czar, Czarine; quelques-uns écrivent et disent, tzar. (Acad.)
D.—C'est à tort que l'on prononce souvent le d des syllabes en de comme un t: timite, timitement, raite, ronte, corte, humite, Enéite, au lieu de timi-de, timi-de-ment, rai-de, ron-de, cor-de, humi-de, Enéi-de. Cependant à la fin d'un adjectif, suivi immédiatement de son substantif commençant par une voyelle ou une h muette, d a le son de t: un grand ignorant, la grande armée; prononcez gran-t-ignorant, la gran-te-armée. Il en est de même, lorsque cette lettre est à la fin d'un verbe suivi de il, elle: répond-il, entend-elle? (répon-t-il, enten-t-elle.)
2. On ne prononce pas le d final dans les adjectifs qui ne sont pas suivis immédiatement de leur substantif. Un abîme profond effraie (profon effraie). On ne le prononce pas non plus dans les substantifs, même lorsqu'ils sont suivis de leur adjectif: on dira donc un froid (froi) excessif, un bord (bor) escarpé, sans aucune liaison. Mais il faut excepter le d final dans les locutions suivantes: de pied en cap, de fond en comble, où le d prend le son de t.
3. Prononcez les deux d dans addition, additionnel, additionner, adducteur, adduction et reddition.
4. D'à moi, d'à toi, d'à lui, etc.; les personnes peu instruites disent seules: ce livre est d'à moi, d'à toi, d'à lui, etc.; il faut dire, ce livre est à moi, à toi, à lui, etc.
D'abord que, ne peut pas s'employer pour, puisque ou aussitôt que; ne dites donc pas: d'abord que je suis innocent, je ne dois pas être puni; d'abord que vous aurez fini vos devoirs, vous apprendez vos leçons; dites, puisque je suis innocent...; aussitôt, dès que vous aurez fini vos devoirs... (Wall.)
Dada, est un terme enfantin qui signifie cheval; mais il ne faut pas le confondre avec dadais, dandin, qui veulent dire niais: c'est un grand dadais, un vrai dandin.
Dahlia, s. m., plante d'ornement; prononcez dalia.
Daigner, ne doit jamais être suivi de la préposition de; ainsi ne dites pas: daignez de m'accorder votre protection, mais, daignez m'accorder...—Prononcez dai-gner et non dai-gne-ner; il en est de même de dédaigner, enseigner, etc. Voyez gne.
Daim, s. m., bête fauve qui tient le milieu entre le cerf et le chevreuil; la femelle s'appelle daine, que l'on prononce dine.
Daler, Thaler, Taler, s. m., monnaie d'Allemagne; prononcez dalère, thalère, talère; on dit plus souvent thaler que taler ou daler.
Damas, ville de Syrie; prononcez Damâce; damas, s. m., étoffe, fruit, acier; prononcez damâ.
Dame: voyez monsieur et époux.
Damner, Damnation, Damnable; prononcez dâner, dânation, dânable, en supprimant l'm et en allongeant l'a: voyez condamner.
Danger.—Ne dites pas: il n'y a pas de danger que j'aille jouer, car mes parents me l'ont défendu; dites, je me garderai bien; je n'ai garde; je ne veux pas aller jouer;—ne pouvoir mal, dans ce sens, est également un wallonisme.
Dangereux et dangereusement, employés pour probable, vraisemblable et probablement, vraisemblablement, apparemment, sont de véritables barbarismes. 102 Ainsi ne dites pas: cela est bien dangereux; cela arrivera dangereusement demain; mais dites, cela est bien probable, vraisemblable; cela arrivera probablement, vraisemblablement demain—Prononcez danj'reux et non danchereux ni dangéreux, dangèreux; item, dangereusement.
Dank.—C'est une expression qu'il faut laisser aux flamands, puisque nous pouvons dire merci.
Dans.—Ne dites pas: j'ai beaucoup voyagé dans les flamands, dans les wallons; dites, chez les flamands, chez les wallons, ou dans le pays flamand, dans le pays wallon.
2. Ne dites pas: je vais m'asseoir dans le soleil; je me promène dans le soleil; il est agréable de se réchauffer dans le soleil; mais dites, je vais m'asseoir au soleil; je me promène au soleil; il est agréable de se réchauffer au soleil.
3. Ne dites pas: je suis dans un grand mal de tête; dites, j'ai un grand mal de tête.
4. Ne dites pas: s'il était dans mon pouvoir ou dans ma puissance de vous rendre service; mais dites, s'il était en mon pouvoir, en ma puissance...
5. Ne dites pas: il a fait ce voyage dans deux heures; dites, en deux heures.
6. Ne dites pas: il y a dans les quarante ans; dites, il y a à peu près ou environ quarante ans. (Wall.)
7. Ne dites pas: cela coûte dans les trois cents francs; dites, environ, à peu près trois cents francs. (Wall.)
8. Ne dites pas: je me trouvais dans la place Saint-Lambert; dites, sur la place... (Fland.)
9. Ne dites pas: j'étais dans la fenêtre, dans la pluie; dites, à la fenêtre, à la pluie; on dit, se tenir, se mettre à la fenêtre, à la pluie, au vent.
10. Ne dites pas: je serai, j'irai dans l'hôtel d'Angleterre à 4 heures; dites, à l'hôtel d'Angleterre...
11. Ne dites pas: l'un dans l'autre; mais, l'un portant l'autre: les différents vols qu'on m'a faits, m'ont causé, l'un portant l'autre, une perte de mille francs. (Wall.)
Dante, célèbre poète italien, auteur de la Divine Comédie: on dit Dante, et non le Dante; mais on dit le Tasse et non Tasse.
Dartre, s. f., maladie de peau; écrivez et prononcez dar-tre, et non dar-te ni dar-tère.
Date (époque), dater, datif.—Gardez-vous bien de marquer l'a d'un accent circonflexe: une vieille date (et non dâte); ce décret est daté de telle ville (et non dâté). On prononce pourtant dâte, (â long).—Ne confondez pas date, époque, avec datte, fruit du dattier.
Davantage, adv. (et non d'avantage), s'emploie toujours sans complément; ainsi on ne dira pas: il a davantage de livres; il en a davantage que son frère; mais il faudra dire: il a plus de livres; il en a plus que son frère.
2. Il ne faut pas le confondre avec plus: celui-ci s'emploie pour exprimer directement une comparaison: votre sœur est plus âgée que vous; mais on dira fort bien: elle a vingt ans, vous en avez davantage. Davantage ne doit pas non plus être suivi d'un adjectif; on ne doit pas dire: il est davantage âgé, davantage estimé; il faut dire plus âgé, plus estimé.
3. Les grammairiens prétendent que davantage ne doit jamais être suivi de la préposition de ni de la conjonction que. Cette règle est vraie, si de ou que forment, avec ce qui les suit, un complément de l'adverbe davantage: il a davantage de livres; il en a davantage que son frère. Mais si de ou que et les mots qui suivent, sont un complément du verbe de la proposition, il n'y a point de faute à les placer après davantage. Ainsi la phrase suivante est correcte: ne nous étonnons donc pas et ne nous effrayons pas davantage des reproches que nous avons encourus: dans cette phrase, des reproches sont le complément des verbes étonnons et effrayons.
4. Les bons grammairiens condamnent l'emploi de davantage dans le sens de le plus; ne dites donc pas: de tous les jeux celui des barres est celui qui me plaît davantage: dites le plus. En général, davantage ne doit se placer que là où le sens permet l'emploi des locutions équivalentes à de plus, en outre, de surcroît et toutes les fois qu'il n'a pas de complément.—Voyez Soulice et Sardou, Dictionnaire, etc.
De, syllabe muette, dans le corps ou au commencement d'un mot; doit se prononcer de et non ne: command'-ment, man-d'-ment, ma-d'-moiselle, len-d'-main, je lui ai d'-mandé; panier d'-noix, etc., et non comman-n'-ment, man-n'-ment, ma-n'-moiselle, len-n'main; je lui ai n'-mandé; panier n'noix, à moins toutefois qu'on ne veuille faire sentir l'e de de et prononcer: comman-de-ment, ma-de-moiselle; je lui ai de-mandé, j'irai de-main, lendemain, etc.—Prononcez de même ad-mettre, ad-ministrer, ad-mission, ad-ministration, etc.
2. Ne dites pas: j'ai rêvé de la nuit, du jour, dites: j'ai rêvé la nuit, le jour.
3. Faut-il dire: quel est le plus habile de cet homme-ci ou de celui-là? ou bien: quel est le plus habile, cet homme-ci ou celui-là? L'Académie adopte la première orthographe; elle ne partage donc pas l'opinion des grammairiens qui suppriment de.
4. Dites: le livre de mon frère, la maison de mon cousin, et non, le livre à mon frère ou d'à mon frère; la maison à mon cousin ou d'à mon cousin.
5. On dit, le deux janvier, le trois février, etc., et le deux de janvier, le trois de février, etc. (Acad.) Cependant la première manière de s'exprimer nous paraît plus usitée.
6. Ne dites pas: il est le quart de huit heures; dites, il est huit heures moins un quart. Voyez quart.
7. Ne dites pas: mon frère est le 5e de 36 dans sa classe; dites, ... sur 36...
8. Ne dites pas: d'un coup de massue il cassa la tête de son ami; dites, il cassa la tête à son ami.
9. Ne dites pas: cela ne me fait de rien, ne m'est de rien; dites, cela ne me fait rien, ne m'est rien.
10. Ne dites pas: j'y penserai de la nuit, j'y travaillerai du matin, du jour; dites, ... pendant la nuit, dans la matinée, pendant la journée.
11. La particule de, devant les noms propres de noblesse, s'écrit avec un petit d et non avec le D majuscule: de Montmorency, de Ligne, d'Oultremont, d'Orléans. On écrit De avec une majuscule, lorsque ces noms ne sont pas nobles, alors même qu'on sépare la particule du nom.
12. Après les verbes espérer, souhaiter, désirer, on peut exprimer ou sous-entendre la préposition de devant l'infinitif: j'espère réussir ou de réussir; je désire aller ou d'aller avec vous, etc.—Compter, dans le sens de, se proposer, croire, ne prend point la préposition de devant un infinitif; ainsi vous direz: il compte partir demain et non de partir. (Acad.)
13. Dans la conversation et le style familier, de se supprime souvent après les prépositions hors, près, vis-à-vis, lorsqu'elles sont suivies d'un nom de chose: il est logé hors la barrière, il demeure près la porte Saint-Antoine, vis-à-vis l'église. (Acad.) Mais devant un nom de personne ou un pronom, on doit employer de: il était près de Paul, vis-à-vis de vous, et non près Paul, vis-à-vis vous.
14. L'emploi de la préposition de est vicieux dans cette phrase: la moitié de huit est de quatre; dites, est quatre.
15. On peut exprimer ou sous-entendre la préposition de devant un infinitif après c'est... que, mieux... que, plutôt que: ainsi vous pouvez dire: c'est quelque chose que faire ou que de faire un beau rêve; il vaut mieux étudier que de ou que jouer; plutôt que de ou 106 que m'exposer à une correction, je préfère faire mes devoirs. Néanmoins l'usage général est d'exprimer la préposition de.
16. Il ne fait que sortir, signifie, il sort à chaque instant; il ne fait que de sortir, veut dire, il vient de sortir.
17. L'usage permet également de dire: on dirait un fou, et on dirait d'un fou.
18. Ne dites pas: si j'étais toi, si j'étais lui, si j'étais vous; si j'étais à la place de, etc., je ferais telle chose; mais dites, si j'étais que de toi, de lui, etc., et mieux, si j'étais de toi, de lui, etc.
19. On emploie ordinairement la préposition de, devant un participe passé précédé d'un adjectif numéral ou d'un nom collectif; on dit: il y eut cent hommes de tués et un grand nombre de femmes de blessées, plutôt que: il y eut cent hommes tués et un grand nombre de femmes blessées;—mais on doit la supprimer devant un adjectif qualificatif: dans cette ville il n'y a pas quatre monuments remarquables. Cependant lorsque le nom qui précède le participe ou l'adjectif, est représenté par le pronom en, on exprime la préposition: sur mille hommes, il y en eut cent de tués; parmi tant de monuments, il n'y en a pas un de remarquable.
Débâcle, rupture et descente de glaces, est féminin; prononcez débâ-cle.
Déballer.—Ne dites pas: ce marchand est déballé à l'hôtel de l'Europe; dites, ... a déballé, car il n'a déballé que ses marchandises, et il ne s'est pas déballé lui-même.
Débine, s. f.—Être dans la débine, c'est-à-dire, dans la gêne; cette expression est triviale et même tout-à-fait populaire. Voyez blaguer.
Débiser.—Ne dites pas: j'ai les mains et les lèvres toutes débisées; dites, toutes gercées par la bise, par la gelée, par le froid; le froid gerce les lèvres, les mains.
Débit, s. m., vente, trafic; le t ne se prononce pas.—Ne dites pas: vendre en gros et en débit; dites, ... en détail.
Débiteur, qui doit, fait au féminin débitrice.
Débours, argent qu'on a avancé pour le compte de quelqu'un; ce mot a vieilli; dites déboursés (au plur.) et non débourses. (Acad.)
Décaméron, s. m., ouvrage contenant le récit des événements de dix jours; prononcez décamérone.
Décanat, Doyenné.—Le décanat est la dignité du doyen: ce curé a été promu à un décanat. Le doyenné est le pays qui ressortit à un doyen: le doyenné de Sprimont se compose de vingt paroisses.
Décéder, v. n., prend le verbe être dans ses temps composés. Ce mot n'est guère usité, dit l'Académie, qu'en termes de jurisprudence et d'administration, et en parlant des personnes; il s'emploie aussi au participe passé dans les inscriptions; dans tout autre cas on se sert du verbe mourir. Ces observations s'appliquent également au substantif décès.
Décemment, adv., d'une manière décente; prononcez déçaman; prononcez de même, apparemment, prudemment, négligemment.
Décemvir, s. m., l'un des dix magistrats de Rome; prononcez décèm'vir, décèm'virat.
Décennal, adj., qui dure dix ans: prononcez décèn'nal.
Décesser, n'est plus en usage; il faut dire cesser, discontinuer.
Décider, devant un infinitif, demande la préposition à: cette raison m'a décidé à partir (et non de partir); je me suis décidé à rester. Cependant lorsqu'il signifie, prendre une résolution, déterminer ce que l'on doit faire, il prend de: nous nous décidâmes de partir sur-le-champ.
Décime (pièce de dix centimes), centime, cents, sont masculins: un décime, un centime, un cents. Voyez centime et cents.
Déclicher, est un mot wallon: dites, lever la clenche, le loquet.
Décombres, débris, est un substantif masculin pluriel sans singulier: il faut faire enlever ces décombres.
Décommander, révoquer un ordre, n'est pas français; dites contremander.
Décorum, s. m., bienséance; il n'est guère usité que dans ces phrases: garder, observer le décorum, garder les bienséances; blesser le décorum, choquer les bienséances; prononcez décorome; il n'a point de pluriel.
Découcher (se), n'est pas français; dites se lever.—Découcher, v. n. et a., signifie, coucher hors de chez soi, ou être cause que quelqu'un quitte le lit où il couche: depuis huit jours, il a découché trois fois; le maître de la maison m'avait offert son lit, mais je n'ai pas voulu le découcher.
Décrémer le lait, ôter la crème de dessus le lait; ce mot n'est pas français; il faut dire écrémer. Voyez chrême et crémer.
Décret, s. m., loi, ordonnance; prononcez décrè et non decrè.
Décrottoir, s. m., est une lame de fer destinée à décrotter la chaussure; décrottoire, s. féminin, est une brosse ronde pour décrotter la chaussure.
Dedans, adv. de lieu, ne prend pas de complément; ainsi ne dites pas, dedans la maison, dedans ma chambre, mais, dans la maison, dans ma chambre.
2. Donner dedans, c'est se laisser tromper comme un sot; mettre quelqu'un dedans, c'est le tromper: ces locutions sont populaires. (Acad.)
Défaufiler et Défiler, (défaire un tissu fil à fil) ne sont pas français; dites éfaufiler et effiler.
Déficeler, ôter la ficelle, n'est pas français.
Déficit, s. m., ce qui manque; prononcez déficite. Quoique l'Académie dise qu'il est invariable au pluriel, nous pensons que déficit, qui a un accent sur l'e, est un mot tout-à-fait français, et qu'il doit par conséquent être soumis aux règles de la grammaire; ainsi nous écririons plutôt des déficits, avec une s que sans s.
Défier, v. actif: je l'en défie et non, je lui en défie.
Définitive (en), loc. adv., en résumé; ne dites pas et ne prononcez pas en définitif.
Dégommer, v. a., dans le sens de destituer, ruiner, déconsidérer, est français, mais il est populaire.
Dégouttant, signifie qui dégoutte: ce linge n'est pas sec, il est encore tout dégouttant. Ne confondez pas ce mot avec dégoûtant, qui donne du dégoût: malpropreté dégoûtante; prononcez oû long dans dégoûtant et ou bref dans dégouttant.
Dégrafer, détacher une agrafe; ne dites pas désagrafer.
Dégriffer, n'est pas français; c'est égratigner qu'il faut dire.
Déguisé.—Ce mot ne s'emploie pas comme substantif; ne dites donc pas: j'ai vu plus de trente déguisés pendant le carnaval; dites, plus de trente masques.
2. Ne dites pas: la petite vérole l'a déguisé; dites, l'a défiguré.—Déguiser signifie masquer, travestir.
Déhonté, adj., éhonté; ce mot, rejeté par quelques grammairiens, est admis par l'Académie: un homme déhonté, une femme déhontée.
Dehors, adv. de lieu, opposé à dedans, comme hors est opposé à dans; dehors doit toujours être employé sans complément: restez dedans, j'irai dehors.
2. Il est ridicule de mettre dehors après les verbes boire, aller, tomber, etc.; ainsi ne dites pas: buvez votre verre dehors; le feu va dehors; la bouteille est dehors; dites tout simplement, buvez, videz votre verre; le feu s'éteint; la bouteille est vide.
3. Ne dites pas non plus: je sais ma leçon dehors; dites, je sais ma leçon par cœur. (Fland.)
4. Ne dites pas: quelques historiens racontent qu'il tomba autrefois des pluies de sang dehors le ciel; dites, qu'il tomba du ciel... (Fland.)
5. Ne dites pas: on a sonné dehors que le pain est baissé; dites, on a annoncé au son de la clochette que... (Fland.)
6. Ne dites pas: il m'a donné cela dehors; j'ai eu ma carte dehors (t. de jeu de cartes); dites, il m'a donné cela; j'ai eu ma carte (en retranchant dehors). (Fland.)—Prononcez dehors et non déhors.
Déjà, adv.: prononcez déjà (é fermé) et non dejà ni dèjà.
Déjeter.—Ce verbe ne s'emploie que pronominalement et signifie se courber, se contourner: le bois de cette table s'est déjeté; sa colonne vertébrale s'est un peu déjetée.
2. Mais il ne faut pas l'employer dans le sens de bouleverser, déranger, mettre en désordre, bousculer, agiter, secouer: bouleverser tout dans une chambre; on a bousculé mes livres; nous fûmes horriblement bousculés dans la foule. Se déjeter ne doit pas non plus s'employer au lieu de, se débattre, s'agiter: se débattre comme un possédé; un oiseau qui se débat quand on le tient; ce malade s'agite continuellement.—Prononcez déj'ter et non déch'ter.
Déjeuner, Dîner, Souper, Goûter.—Ces verbes veulent la préposition de devant le nom de la chose dont on déjeune, dîne, soupe, etc.: déjeuner de chocolat, dîner de cotelettes, souper de fruits. Cependant on peut aussi employer avec: il déjeune tous les matins avec du chocolat; déjeuner avec du beurre et des radis. (Acad. aux mots matin et radis.) Nous ferons remarquer du reste que de bons écrivains n'ont pas craint de dire déjeuner avec, etc., devant le nom de la chose mangée.
2. Il est à remarquer que l'u de déjeuner, s. ou v., n'est pas marqué d'un accent circonflexe, quoiqu'il soit formé de la particule de et du verbe jeûner. Prononcez déjeuner et non d'jeuner.
Délabrement, s. m., état délabré; l'a est long de même que dans encadrement et dans tous les autres mots où se retrouvent les syllabes abre, adre, avre. Voyez abre.
Délibérer, v. a.—Ne dites pas: ce soldat est délibéré du service; dites, est quitte, délivré, libéré du service.
Délice et Orgue sont masculins au singulier et féminins au pluriel: un grand délice, de grandes délices; un bon orgue, de bonnes orgues. Cependant ils sont masculins au pluriel lorsque dans une même phrase, ils s'emploient au singulier et au pluriel: un de mes plus grands délices était d'étudier; cet orgue est un des meilleurs que j'aie entendus et un des plus beaux que j'aie jamais vus.
Déloger et Découcher.—Déloger signifie quitter le logement, décamper; découcher veut dire, coucher hors de chez soi: il déloge à la fin du mois; je vous ferai bien déloger de là; depuis huit jours il a découché trois fois. Voyez découcher.
Demain.—On peut dire demain au matin et demain matin; mais cette dernière locution est préférable. (Acad.)
Demander, v. a.—Demander excuse est une expression incorrecte; dites, je vous fais, je vous offre, je vous présente mes excuses.
2. Ne dites pas: mon maître vous demande de venir; dites, vous prie de venir ou d'aller le trouver.
3. Ne dites pas: demander après quelqu'un ou après quelque chose; mais, demander quelqu'un, demander quelque chose.
4. Après demander, il faut que et non à ce que: je demande qu'on répare mon honneur, et non, à ce qu'on répare....
5. Demander, suivi d'un infinitif, régit les prépositions à et de, suivant le sens: la prép. à, lorsque l'action, exprimée par chacun des deux verbes est faite par la même personne: il demande à entrer; Philoclès demanda au roi à se retirer.—La prép. de, dans le cas contraire: je vous demande de m'écouter.
Déméfier (se), barb.; dites, se défier ou se méfier.
Démêler, v. a.—On ne dit pas, démêler les cartes, mais, mêler ou battre les cartes.
Demeurer, prend avoir quand il signifie: 1o habiter: il a demeuré trois ans à Bruxelles; il demeure dans telle rue (plutôt que, il reste); 2o tarder: il a demeuré longtemps en chemin; 3o employer plus ou moins de temps à quelque chose: il n'a demeuré qu'une heure à faire cela.—Rester prend également avoir dans le sens de séjourner: il a resté deux jours à Lyon. (Acad.) Dans tout autre sens, demeurer et rester prennent l'auxiliaire être: il est demeuré, il est resté mille hommes sur la place; elle est demeurée, elle est restée court, seule, veuve, etc.
Demi, ie, placé devant un substantif, reste invariable: une demi-heure, des demi bouteilles; il reste également invariable lorsqu'il entre dans la composition d'un mot: des demi-heures, des demi-lunes, des demi-tons, des demi-dieux, des demi-frères.—Placé après son substantif, il en prend le genre, mais il s'écrit toujours au singulier: deux kilo et demi, deux livres et demie.—Demi, demie s'emploient substantivement, le premier pour désigner une moitié d'unité, le second pour signifier demi-heure: quatre demis valent deux unités; cette pendule sonne les heures et les demies. (Acad.) Prononcez demi et non démi ni dèmi.
2. Deux heures et demie, deux heures et un quart; ne faites pas la liaison de l's finale du mot heures avec le mot suivant. Voyez liaisons affectées.
Demi-frère, s. m., celui qui n'est frère que du côté paternel ou du côté maternel; les expressions 113 frère germain, frère consanguin et frère utérin ne sont guère usitées qu'en jurisprudence. (Acad.)
Démission, s. f.—Ne dites-pas: dès que j'aurai ma démission, je me retirerai à la campagne; dites, dès que j'aurai ma retraite, ma pension... La démission est l'acte par lequel on se démet d'une dignité, d'un emploi: démission volontaire, démission forcée; donner sa démission.
2. N'employez pas non plus le mot démission, dans le sens de destitution, qui est la privation forcée d'une charge, d'un emploi, etc.: prononcer la destitution d'un fonctionnaire.
Demoiselle.—Une dame, faisant allusion à ses jeunes années, dit ordinairement: quand j'étais demoiselle; il serait mieux de remplacer demoiselle par le mot fille; mais il est encore mieux de dire avant mon mariage, ou d'employer quelque tour analogue à celui-là. Voyez monsieur et époux.
2. Ne dites pas: comment se porte votre demoiselle (en parlant à son père ou à sa mère)? dites, comment se porte mademoiselle votre fille ou mademoiselle N.? Il en est de même des mots dame, madame, quand on s'adresse au mari.
Denier, s. m., petite monnaie; ne dites pas dernier à Dieu, mais denier à Dieu: prononcez de-nié et non dé-nié ni degnier.—Voyez ni.
Dénouement, dénouer, déjouer, jouer, etc.; prononcez dénoû-ment, dénou-er, déjou-er, jou-er, et non dénou-we-ment, denou-wer, déjou-wer, jou-wer.
Dent, s. féminin: une dent, de belles dents.
2. On dit très-bien d'un enfant, qu'il fait ses dents, qu'il fait des dents, pour signifier que les dents lui viennent. (Acad.)
3. Ne dites pas: j'ai les dents longues quand je mange du fruit vert; dites, j'ai les dents agacées, quand... ou bien, ces fruits m'agacent les dents... Voyez long.
4. Ne dites pas: se laisser tirer une dent; dites, se faire arracher une dent. (Fl.)—Prononcez dan et non dante.
Dentelle, disposition des dents, n'est pas français; dites denture.
Denture, s. f., ordre dans lequel les dents sont rangées; ce mot est français: ce jeune homme à une belle denture.
Dépareiller, Déparier.—Dépareiller, c'est ôter ou perdre une ou plusieurs choses pareilles; un ouvrage est dépareillé par un seul volume égaré ou perdu, même quand on a remplacé ce volume, s'il n'est pas en tout semblable aux autres. Déparier, c'est ôter l'une des deux choses qui font la paire: déparier des gants, des souliers; déparier des pigeons, c'est séparer le mâle de la femelle. Il en est de même de appareiller et apparier.
Déparler, cesser de parler, ne s'emploie qu'avec la négative; on ne doit donc pas dire: il déparle, mais on dit, il ne déparle pas (il ne cesse pas de parler.)
Dépêcher (se), devant un infinitif, veut la préposition de: dépêchez-vous de partir (et non à partir).
2. Gardez-vous de dire: dépêchez-vous vite; dites simplement dépêchez-vous.
Dépendre, doit être suivi de la préposition de et non de à: cela ne dépend que de vous, et non, cela ne dépend qu'à vous. (Fland.)
Dépenses.—Ne dites pas; il a fait beaucoup de dépenses autour de sa maison; dites, à sa maison.
Dépenseur, n'est pas français; dites dépensier.
Dépersuader, n'est pas français; dites dissuader, déconseiller.
Déplorable, adj., se dit des choses: un événement déplorable; et quelquefois des personnes dans le style soutenu: une famille déplorable. (Acad.)
Dépositaire, subst. des deux genres, celui ou celle à qui on confie un dépôt; déposant est celui qui confie le dépôt. Prononcez dépô (ô long) et non dépo (o bref). Voyez légataire.
De profundis, s. m.; prononcez de profondice.
Depuis, prép. et adv.—Ne dites pas: il nous arriva hier plusieurs accidents, depuis que nous fûmes sortis; dites, après que nous...
2. Ne dites pas non plus: depuis Liége jusqu'à Huy il y a six lieues; dites, de Liége à Huy.... Depuis indique un certain espace de temps et non la distance.
3. Prononcez depui (ui diphthongue) et non dépui ni depoui; prononcez de même, je suis, je puis, lui, aujourd'hui, ensuite, puissant, puits, Huy, etc. Voyez ui.
Déranger, dans le sens de déranger la santé, indisposer, incommoder, est français, quoi qu'en disent certains grammairiens: j'ai mangé hier un peu plus qu'à l'ordinaire, et cela m'a dérangé. (Acad.)
Dernier, ière; prononcez der-nier et non der-gnier.
2. La dernière année de sa vie, est l'année où il est mort; l'année dernière, est l'an qui vient de s'écouler. Voy. ni.
Derrière.—Ne dites pas: il me loue en ma présence, et, derrière moi ou en arrière, il me déchire; dites, en mon absence, quand je suis absent, il me déchire; ou bien, par derrière il me déchire.
2. Ne dites pas: il est caché par derrière la porte; dites, ... derrière la porte.
3. Ne dites pas non plus: il loge par derrière; dites, ... sur le derrière.
Des, Les, Mes, Tes, Ses.—Prononcez dè, lè, mè, tè, sè, et non dé, lé, mé, té, sé.
Descendre, v. a. ou n., se conjugue avec l'auxiliaire avoir et avec l'auxiliaire être, selon que l'on considère l'action ou le résultat, ou selon que l'on peut répondre à l'une où à l'autre de ces questions: qu'a-t-il fait?—où est-il? qu'est-il devenu? il a descendu (qu'a-t-il fait?) la montagne au galop; votre père est-il en haut? non, il est descendu (où est-il?); j'ai descendu (qu'ai-je fait?) l'escalier en moins d'une minute; il y a plus de dix minutes que je suis descendu (où suis-je, que suis-je devenu?).
2. Ne dites pas, descendre en bas, monter en haut; dites simplement descendre, monter: il est clair en effet qu'on ne peut pas descendre en haut ni monter en bas; voyez haut. Prononcez dècen-dre et non d'cendre.
Désagrafer, n'est pas français; dites dégrafer.
Déshonnête, Malhonnête, adj.—Ces mots n'ont pas la même signification: une action déshonnête est une action contraire à la pureté; une action malhonnête est contraire à la civilité, à la bonne foi, à la droiture.
Désir, s. m.: prononcez désir et non desir ni d'sir; il en est de même de désirer, désireux.
Désirer, v. a.—Désirer de faire ou désirer faire.—On doit le faire suivre de la préposition de, lorsqu'il exprime un désir dont l'accomplissement est incertain, difficile ou indépendant de la volonté: désirer de réussir; il y a longtemps que je désirais de vous rencontrer; je désirerais bien d'en être débarrassé. (Acad.)—Quand, au contraire, ce verbe exprime un désir dont l'accomplissement est certain ou facile et plus ou moins dépendant de la volonté, il s'emploie sans la préposition de: je désire le voir; il désire vous parler. (Acad.)
2. Nous ferons remarquer que l'on emploie l'infinitif quand le verbe régi se rapporte au sujet du verbe désirer, et que l'on se sert de que avec le subjonctif, quand il ne s'y rapporte pas: je désire partir; je désire que vous partiez. (Laveaux).
3. Prononcez désirer et non desirer ni dèsirer: anciennement on écrivait néanmoins desir, desirer, desireux, desirable, et l'Académie dit que plusieurs écrivent et prononcent de la sorte, mais dans tous les exemples qu'elle donne elle écrit désir, désirer, désireux, désirable.
Désister.—Ce verbe est essentiellement pronominal; on doit dire se désister et non désister de quelque chose; se désister d'un procès. Ce serait une faute tout aussi grave d'employer ce verbe dans le sens de cesser, discontinuer.
Dès lors: prononcez dès lor et non dès lorse.
Dessein et Dessin.—Écrivez sans e devant l'i, quand il s'agit du travail d'un dessinateur: dessin, d'où vient le mot dessiner.
Dessert, s. m. et non desserf, ce qu'on sert à la fin d'un repas: prononcez dessère.
Desserte, s. f., ce qui reste d'un repas, ce qu'on a ôté de dessus la table.—Ce mot se dit aussi des fonctions attachées au service d'une cure, d'une chapelle: le prêtre chargé de la desserte de cette chapelle.
Dessous, Dedans, sont des adverbes comme dedans, dehors, auparavant; d'où il suit qu'ils ne peuvent être suivis d'un complément; vous ne direz donc pas, dessous la table; dessus le bureau, mais, sous la table, sur le bureau.—Prononcez deçu, deçou et non déçu, déçou ni dèçu, dèçou.
2. Cependant dessus, dessous s'emploient comme prépositions: 1o lorsqu'ils sont liés par une des conjonctions et, ni, ou: j'ai cherché inutilement dessus et dessous le lit; (Acad.) 2o lorsqu'ils sont précédés d'une autre préposition: ôtez cela de dessous moi.
3. Dessous de tasse.—Cette expression n'est pas française; il faut dire soucoupe.
Dessus, adv.—Ne dites pas: la roue lui a passé dessus; dites, lui a passé sur le corps, comme on dit, le boulet lui a passé bien près de la tête; le coup lui a passé sous les bras, entre les jambes. Voyez sens.
De suite et Tout de suite.—Ne confondez pas ces deux expressions: de suite signifie ce qui se fait l'un après l'autre sans interruption: il ne saurait dire deux mots de suite;—tout de suite, ce qui a lieu sans délai, sur-le-champ: il faut que les enfants obéissent tout de suite. Prononcez de suite (ui diphthongue) et non de souite.
2. Ne dites pas toute de suite pour tout de suite.—Voyez suite.
Déteindre, v. a., faire perdre la couleur à quelque chose: le vinaigre déteint les étoffes; le soleil déteint toutes les couleurs. Ce verbe est également pronominal: cette étoffe se déteint.
2. Il s'emploie aussi neutralement pour se déteindre: cette étoffe déteint beaucoup; ces cravates déteignent sur le linge. (Acad.)
Détritus, s. m., débris de formation naturelle: détritus de végétaux, prononcez détrituce.
Dettes.—Ne dites pas: je suis dans vos dettes, ni je suis sur vos dettes; dites, j'ai une dette à vous payer, je vous dois quelque chose, je suis votre débiteur.
Deux, adj.—Ne dites pas: nous sommes à deux, nous étions à trois: dites simplement, nous sommes deux, nous étions trois.
2. Ne dites pas non plus: ils étaient leurs trois; ils sont leurs deux; dites, ils étaient trois, ils sont deux;—ce leurs est un grossier wallonisme.
3. Ne dites pas non plus: deux et deux sont quatre, mais, font quatre.
4. Tous deux et tous les deux.—L'Académie, d'accord avec les bons grammairiens et les auteurs les plus corrects, ne trouve aucune différence entre ces deux expressions, et en autorise indifféremment l'emploi: ainsi lorsqu'on veut exprimer l'idée de simultanéité, il vaut mieux employer le mot ensemble: Pierre et Paul iront ensemble à la chasse, que de recourir à cette locution tous deux. Prononcez deû et non deuce.
Deuxième, Second: voyez second.
Devancer, v. a.: prononcez devancer et non dévancer ni dèvancer.
Devant.—Ne dites pas: le jour de devant, mais, la veille; ni le jour d'après, mais, le lendemain.
2. Devant indique généralement le lieu, la place; avant indique plus spécialement le temps: retirez-vous, ne vous placez pas devant moi; laissez-le courir, j'arriverai pourtant avant lui.
3. Ne dites pas: faites vos devoirs devant d'aller jouer, mais, avant d'aller jouer.
Devanture, quoi qu'en disent quelques grammairiens, se dit de la face antérieure et de la façade d'une maison: la devanture d'une maison. (Acad.)
Devenir, ne peut pas s'employer pour venir; ne dites donc pas: je deviens de la ville, mais, je viens de la ville: prononcez (je) deviens et non déviens ni dèviens.
Deviner, v. a.: prononcez deviner, devin et non déviner, dévin.
Devinette, n'est pas français; dites énigme, rébus: pourriez-vous deviner cette énigme, ce rébus.
Devis, s. m., propos, état d'architecture: prononcez devi.
Dévoiement: prononcez dévoament sans faire sentir l'e ni un y, et non dévoyement.
Devoir, s. m.—Ne dites pas, rendre le dernier devoir à un mort; dites, les derniers devoirs.
2. Devoir, v.—Beaucoup de personnes disent: j'ai dû rire, sans vouloir indiquer par là qu'elles ont été forcées de rire; dites simplement: j'ai ri, je n'ai pu m'empêcher de rire, c'était risible.
3. Les locutions wallonnes, il ne devrait pas, il ne pourrait pas valoir, se traduisent par, il ne faudrait pas, il ne serait pas à désirer, il ne ferait pas beau voir.
4. Ne dites pas: nous allons devoir partir; dites, nous partirons bientôt, nous allons partir; nous serons bientôt obligés de partir; il faudra que nous partions.
5. Ne dites pas, nous de-ve-rions, vous de-ve-riez, mais, nous de-vrions, vous de-vriez.
Dévouement, Dévouer: prononcez dévoûment, dévou-er, je me dévoû, et non dévou-wement, dévou-wer, je me dévou-we.
Dey, s. m., gouverneur de Tunis et ancien gouverneur d'Alger: prononcez dè et non deye.
Di.—Prononcez di et non gi, tgi, en donnant à di un son à peu près équivalent au g wallon ou italien: Dieu, diamant, diamètre, diable, vous demandiez, mendier, mendiant, etc.—Voyez ti.
Dia, cri des charretiers pour faire tourner les chevaux à gauche.—Voyez hue.
Diable, s. m., démon: prononcez diâble, iâ diphthongue longue et non diable, ni diape. Le féminin diablesse est un terme d'injure qui se dit ordinairement d'une femme méchante et acariâtre; il s'emploie aussi dans le sens de, bon diable, bonne diablesse; pauvre diable, pauvre diablesse; méchant diable, méchante diablesse; grand diable, grande diablesse.
2. Dites, faire le diable à quatre et non, en quatre.
Diacre, s. m., clerc promu au diaconat: prononcez dia-cre (i bref) et non diâcre ni diaque; il en est de même de sous-diacre.
Diagnostic, s. m., connaissance des symptômes d'une maladie; prononcez diagh'nostik (g dur).
Dialecte, s. m., idiome particulier dérivé de la langue nationale; prononcez dialek-te et non dialek.
Dicace, Ducace, ne sont pas français; dites kermesse, fête.
Dictamen, s. m., sentiment de la conscience; prononcez diktamène.
Diction, Dictionnaire. Prononcez dikcion, dikcionère et non dikchon, dikchonnère; il en est de même de tous les mots terminés en tion, tier, tié: accusation, formation, cabaretier, amitié, et non accusachon, formachon, cabarecher, amiché (ch des wallons, équivalant à tch ou au c des italiens).
Dièse, s. m., signe pour hausser la note d'un demi-ton; prononcez diè-ze et non diè-ce.
Dieu: prononcez Dieu (en appuyant sur di) et non Djieu ni chieu (ch wallon).—Voyez di.
Différer, dans le sens de disconvenir, n'est pas français; dites donc, je n'en disconviens pas; disconvenez-vous du fait? et non, je n'en diffère pas; différez-vous du fait?
2. Dans le sens de, remettre à un autre temps, il régit la prép. de devant un infinitif: ne différez pas de partir.
Difficile.—Ne dites pas: j'ai difficile, j'ai facile d'apprendre par cœur; tu as bien facile, tu as bien difficile; dites, j'éprouve, tu éprouves, j'ai, tu as de la difficulté, de la facilité pour... ou bien, j'apprends difficilement, malaisément, avec peine, avec difficulté, facilement, aisément, avec facilité; dites encore, (au lieu de tu as bien facile, bien difficile) c'est bien facile, bien aisé, bien difficile, mal aisé: cette locution, qui se rencontre fréquemment chez les wallons, est tout-à-fait vicieuse.
2. Ne dites pas non plus: il fait facile, il fait difficile de marcher; dites, on a de la peine, on éprouve de la difficulté à marcher; on marche avec peine, difficilement; ou bien, on marche facilement, aisément, sans peine; il est facile, difficile de, etc.
3. Ne dites pas non plus: ces livres sont difficiles ou faciles à se procurer; dites, il est difficile, facile de se procurer ces livres.
4. Quand facile à, difficile à, aisé à, bon à, sont suivis d'un infinitif, ce dernier a un sens passif: ce livre est difficile à lire, c'est-à-dire, à être lu; ainsi ces adjectifs, dans ce sens, ne peuvent régir un verbe pronominal.
5. Être difficile à vivre, c'est-à-dire, être d'un caractère difficile, d'un commerce difficile, avec qui il est difficile de vivre, est une locution correcte, quoi qu'en disent certains grammairiens, plus orthodoxes que l'Académie.
Digestion, s. f., coction dans l'estomac; prononcez digess'thion et non digécion, digession, dijection.
2. On dit, ces aliments sont digestibles, faciles à digérer, ou indigestes, difficiles à digérer. Digeste et digestif dans le sens de digestible ne sont pas français.
Digne, adj.—Dans une phrase affirmative, il se dit également du bien et du mal: il est digne de récompense, il est digne de châtiment; mais dans une phrase négative, il ne se dit que du bien: il n'est pas digne de votre amitié. On ne dira donc pas: il n'est pas digne du supplice; il faut se servir d'une autre tournure de phrase, par exemple: il ne mérite pas le supplice.—Indigne ne se dit non plus que du bien: il est indigne d'être puni, serait une faute.
2. Prononcez digne (et non dine), di-gnement, di-gnité, indi-gner, indi-gnement, et non dign'-nement, dign'-nité, indign'-ner, indign'-nement. Voyez gn.
Diligence.—On dit, aller, être dans la ou en diligence, et non, sur la diligence, à moins qu'il ne soit question de l'impériale; prononcez diligence, et non déligence.
Diminuer.—Ne dites pas, les grains, les vins diminuent, pour signifier qu'ils sont à la baisse; dites, le prix des grains, des vins diminue, baisse. Voyez augmenter.
Diminutif.—Évitez d'ajouter le mot petit à un diminutif: une petite barquette, une petite statuette, un petit saumonet; dites simplement, une barquette, une statuette, un saumonet, à moins que vous ne vouliez insister sur les petites dimensions de cette statuette, etc.; ainsi une petite statuette est une statue doublement petite.
Dînatoire, adj.—Ce mot ne figure pas dans l'Académie et n'est usité que dans l'expression suivante, déjeuner dînatoire, déjeuner qui tient lieu de dîner; on dit mieux dans ce sens, déjeuner-dîner. (Acad.)
Dîner de et avec: voyez déjeuner.
2. Dîner, dînée, dîné (avant, après-dînée, etc.): voyez après.
Diocèse, s. m., pays administré par un évêque; prononcez diocè-ze, et non diocè-ce.
Diplôme, s. m., charte, acte public; prononcez diplôme (ô long).
Dire, v. a.—On rencontre trop souvent de ces impitoyables parleurs qui vous assomment à chaque phrase de leurs éternels dis-je, dit-il, qui dit, qu'il dit; c'est une faute qu'il faut éviter avec d'autant plus de soin, qu'elle n'est propre qu'à rendre ridicule celui qui en a contracté l'habitude.
2. Dire ne s'emploie pas dans le sens de promettre; il faut donc condamner les locutions flamandes: je lui ai dit de venir, il m'a dit de venir; remplacez-les par je lui ai promis de venir; il m'a promis de venir; ou bien, je lui ai dit que je viendrai, etc.
3. Ne dites pas: je me suis laissé à dire; cette locution n'a pas le sens que les wallons y attachent; dites, j'ai cédé; j'ai cédé aux instances.
4. Dire et redire, font à la 2e p. pl. du prés. de l'ind., vous dites, vous redites; tous les autres composés font, vous médisez, vous contredisez, etc.
Direct, Indirect: prononcez direk-te, indirek-te.
Directement, adv.—Ne dites pas: ce remède m'a guéri directement; dites, sur le-champ.
Disciple: voyez élève.
Discompte.—Ce mot n'est pas français; c'est escompte qu'il faut dire. On emploie aussi à tort le mot discompte pour signifier le bon poids.
Disconvenir, se conjugue toujours avec l'auxiliaire être: il n'en est pas disconvenu.
Discord, adj., qui n'est point d'accord: instrument discord; il n'a pas de féminin.
Disert, adj., qui parle bien et aisément; prononcez dizère.
Disparution.—Ce mot n'est pas français; dites, disparition, apparition; mais il faut dire comparution.
Dispos, adj., léger, agile; il ne se dit que des personnes: un homme gaillard et dispos; cet adjectif n'a pas de féminin.
Disposer, v. a.—Ne dites pas: j'ai disposé sur vous 1000 francs; dites, de 1000 francs.
Disputer (se), dans le sens de se quereller, s'emploie rarement; ne dites donc pas: ces enfants se disputent sans cesse; dites plutôt, ces enfants se querellent sans cesse, ou disputent sans cesse.
2. Ne dites pas: son père le dispute toujours; dites, le gronde, le querelle toujours.
Distiller, distillerie, distillateur, distillation: les ll ne se mouillent pas et l'on n'en prononce qu'une.
Distinct, te, adj.—Prononcez distink'te et non distinke, ni distin.
District, s. m., juridiction; prononcez distrik, sans faire sentir le t final.
Dit.—Lorsque ce participe est placé immédiatement après un article ou un adjectif possessif, il ne forme avec lui qu'un seul mot: ledit lieu, ladite maison, mondit seigneur, sondit procès-verbal.
2. Ne dites pas: franchement dit, il a raison; dites, à franchement parler, il a raison; franchement, il a raison.
Divers, adj., différent; au masculin, prononcez divère et non diverce.
Divin, adj., placé devant un mot qui commence par une voyelle ou une h muette, se prononce comme le féminin divine: divin auteur, divin oracle.
Divis et Indivis sont invariables: posséder par divis, par indivis; l's ne se prononce pas.
Dix.—Prononcez dice quand il est isolé; dize, devant une voyelle ou une h muette; di, devant un mot commençant par une consonne ou une h aspirée: dix, dix héros, dix personnes, dix hommes.
Dixième, adj.—Prononcez dizième, vingtième et non dizièm-me, vingtièm-me.
Docte, adj., savant.—Prononcez dok-te et non dok.
Docteur, s. m., se dit quelquefois absolument pour médecin: consultez votre docteur. Ce sens est familier, et le mot médecin ou docteur en médecine, selon le sens, est préférable. (Acad.)
Doge, s. m., chef de la république de Venise; on dit dogaresse pour la femme du doge; prononcez doge et non doche.
Dogme, s. m., vérité de foi; prononcez dogh-me (g dur) et non dome, ni doghe ni doh'me.
Doigt, s. m.—Prononcez doa; on ne fait pas sentir le g non plus dans doigter, doigtier.
2. Ne dites pas: j'ai un mauvais doigt, un doigt blanc; dites, j'ai mal à un doigt, j'ai un panaris.
Dompter, Dompteur, Domptable.—Dans ces mots, le p ne se prononce pas; dites donter, donteur, etc.; mais dans indompté, indomptable, on fait sentir le p, et l'm se prononce comme n. (Acad.) Voyez p.
Don, s. m.—Ne dites pas: don par M. N.; dites, don de M. N., ou donné par M. N., et mieux, offert par M. N.
Donc, conj., par conséquent.—Le c a le son de k, lorsque donc est au commencement ou à la fin d'une phrase, ou lorsqu'il est suivi d'un mot commençant par une voyelle ou une h muette: votre frère vous aime, donc (donke) vous devez l'aimer; allons, venez donc; votre frère est donc (donke) arrivé. Hors ces trois cas, on ne fait pas sentir le c: votre frère est donc (don) sorti.
Donner.—Ne dites pas, donnez-moi-z'en, mais donnez-m'en.
2. Ne dites pas: donner le dernier, pour administrer l'extrême-onction. (Fland.)
3. Ne dites pas: je me suis donné à connaître, mais, je me suis fait connaître. (Wall.)
4. Ne dites pas non plus: cet homme m'a donné des 126 sottises, mais plutôt, m'a dit des sottises, et mieux, m'a dit des injures.
5. Ne dites pas: j'ai été le dernier au concours, mais je n'en donne rien; dites, ça m'est égal, ça m'est indifférent. (Fland.)
6. Ne dites pas: donner des caresses; dites, faire des caresses.
7. Ne dites pas: donner leçon de musique, d'allemand, etc.; dites, donner des leçons de musique...
8. Ne dites pas: donner le bonjour, le bonsoir; dites, souhaiter le bonjour, le bonsoir.
Dont, pron. rel.—Ne dites pas: la ville dont je viens, mais, la ville d'où je viens: dont exprime simplement la relation; d'où se dit du lieu.
2. Ne dites pas: les livres que j'ai besoin, mais, les livres dont j'ai besoin. Prononcez don et non donte.
Dormir, ne s'emploie pas pour coucher; ne dites pas: j'ai dormi chez mon frère, mais, j'ai couché chez mon frère; dites de même, nous avons couché ensemble, et non, nous avons dormi ensemble; mais vous direz bien: je me suis couché sur l'herbe et j'y ai dormi: dormir signifie être dans le sommeil.
Dortoir, Abattoir, Lavoir.—Ces mots s'écrivent sans e final, tandis qu'il doit figurer dans réfectoire, conservatoire, laboratoire, baignoire.
Dos, s. m., partie postérieure; prononcez dô.
2. Ne dites pas: lier les mains derrière le dos, ce qui serait un contresens; dites, lier les mains au dos.
Dôse, petite pustule qui vient sur la peau, est un mot wallon; dites, pustule, bube, cloche, élevure, ampoule:—avoir des élevures sur la peau; la morsure du cousin produit une bube, une ampoule.
Dot, s. f., bien apporté en mariage: une dot considérable; prononcez dote.
Douairière, s. f., veuve qui jouit d'un douaire; prononcez douèrière; quelques-uns prononcent douarière.
Douanier, s. m., commis de la douane; prononcez douanié, et non doua-gnié. Voyez ni.
Double.—Faire double, c'est-à-dire faire toutes les mains aux cartes; dites mieux, faire capot, faire la vole. Prononcez, dou-ble et non doupe ni doubèle.
Douche, est une effusion d'eau d'un lieu élevé sur une partie malade; n'employez pas ce mot pour chaudron, grande chaudière, cuveau.
Douter.—Ne dites pas: je doute si vous gagnerez votre procès: dites, je doute que vous gagniez votre procès.
Douzaine.—On dit une douzaine, une huitaine, une dizaine, une vingtaine, une centaine, mais on ne dit pas une troisaine, une cinquaine, une sixaine, une septaine, une onzaine, etc.
Douze heures.—Dites midi ou minuit, selon qu'il s'agit du jour ou de la nuit. Prononcez dou-ze et non dou-ce.
Doxal, n'est pas français; dites jubé.
Doyen, s. m.: prononcez doa-i-in et non do-i-in ni doa-in.
Drachme, s. f., monnaie, poids; prononcez draghme (g dur); quelques-uns l'écrivent ainsi.
Dragon, s. m. tache qui vient sur la prunelle des hommes et des chevaux: avoir un dragon dans l'œil; ce mot est français: voyez taie.
2. Dragon, pour cerf-volant, n'est pas français.
Drap.—Ne dites pas, un drap de mains; dites, un essuie-mains.—Ne dites pas non plus, un drap d'enfant; dites une couche.
Drève.—Ce mot est flamand; dites, une avenue, une allée d'arbres: l'avenue du château.
Dringuelle, mot flamand, qu'il faut rendre par une des expressions suivantes: pourboire, épingle, pot-de-vin.—Les épingles (au plur.), se disent de la libéralité que l'on donne aux femmes: voilà pour les épingles des 128 filles; ce sont les épingles de madame;—le pourboire se donne aux hommes, domestiques, commissionnaires, cochers;—le pot-de-vin est ce qui se donne par manière de présent au-delà du prix qui a été convenu pour un marché; le pourboire se donne aux personnes d'un rang inférieur; le pot-de-vin se donne à des personnes d'une position plus élevée.
Drogman, s. m., interprète dans les pays orientaux; prononcez drogh'man et non drogh'mane: (g dur).
Droguer, v. n., attendre, se morfondre: il m'a fait droguer pendant deux heures; ce terme est populaire; dites préférablement, attendre, se morfondre, faire le pied de grue;—croquer le marmot est familier.
Droit.—Ne dites pas: cette femme marche droite à son but; dites, droit à son but; droit est ici adverbe, et dans ce cas, marcher droit signifie marcher en droite ligne, directement, par le plus court chemin.
Néanmoins, si vous voulez parler de la tenue, du maintien, vous direz, cette femme marche droite (a une bonne tenue, ne se tient pas courbée).
En d'autres mots, droit est adverbe quand il modifie un verbe: marchez droit devant vous, mesdames, et vous arriverez bientôt; il est adjectif, quand il modifie un sujet ou un complément: marchez droite, mademoiselle, et tenez votre bougie plus droite.
Drôle.—Bien des personnes se trompent dans l'emploi de ce mot: drôle, (adjectif) gaillard, plaisant, original: cet homme est bien drôle; c'est un drôle d'homme, un drôle de corps; avoir une tournure drôle, une drôle de tournure; voilà qui est drôle; un conte fort drôle. (Acad.)
2. Drôle s'emploie aussi comme substantif masculin, et se dit d'un homme, d'un enfant, lorsqu'on leur attribue quelque qualité dont il faut plus ou moins se défier, ou qu'on leur impute quelque chose dont on est contrarié, mécontent, etc.: c'est un drôle bien rusé; c'est un petit drôle bien éveillé; je surpris le drôle au moment où...; ah! monsieur le drôle, vous osez... (Acad.)
3. Il se dit dans un sens tout à fait injurieux, d'un polisson, d'un mauvais sujet, d'un homme qu'on méprise: c'est un drôle, un petit drôle, qui se fait chasser de partout; vous êtes un drôle, un grand drôle. Ce mot est toujours pris en mauvaise part comme substantif, et il est familier dans ces trois acceptions (Acad.)
4. Prononcez drôle (ô long) et non drole (o bref).
Drôlement, adv., d'une manière drôle; prononcez et écrivez drôlement (ô long) et non drôledement; prononcez également o long dans drôlerie, drôlesse, drôlatique.
Druide, s. m., prêtre gaulois; prononcez druide (ui diphth.) et non dru-wide ni druite.
Ducasse ou Ducace, n'est pas français; dites, fête, kermesse et voyez ce dernier mot.
Duègne, s. f., gouvernante; prononcez duègne (gne mouillé) et non duène, du-ègne, du-wègne.
Dupe, s. f.—Ce mot est toujours du féminin, quoiqu'on puisse l'appliquer à des noms du genre masculin: cet homme a été la dupe de son bon cœur; cette femme a été la dupe de sa bonne foi.
Dur, e, adj.—Cela me tombe dur, pour cela m'est dur, m'est pénible, me contrarie, est un flandricisme.
2. Ne dites pas: il est si dur avec ses domestiques; dites, ... envers ses domestiques ou à l'égard de ses domestiques.
Durant.—Cette préposition se place quelquefois après le mot qu'elle régit: il a six mille francs de pension sa vie durant (et non durante); six ans durant (et non durants).
2. Durant que, n'est pas français; dites pendant que ou tandis que, selon le sens.
Dussai-je, n'est pas français; écrivez et prononcez dussé-je, puisqu'on dit que je dusse, que tu dusses.
Duumvir, s. m., magistrat romain; prononcez duom'vir; item duumvirat.
E.—L'e muet doit conserver son son naturel dans la prononciation; c'est donc une faute grossière de le prononcer comme un è ouvert; dites, petit, peser, peler, lever, le livre, brevet, cerise, demander, etc., et non pètit, pèser, pèler, lèver, lè livre, brèvet, cèrise, dèmander, etc.
2. L'é fermé, suivi d'un e muet, se prononce très-long; il faut donc bien se garder d'intercaler dans la prononciation un i ou un y entre l'é et l'e: fumée, aimée, blâmée, levée, etc.; prononcez fumé, aimé, blâmé, levé (é très-long pour le distinguer d'un é isolé ou du masculin, par exemple, fumé, aimé, etc.); mais ne prononcez pas: fuméïe, aiméïe, blâméïe, levéïe.
3. E pour ai, dans le verbe faire et ses composés; quoiqu'on écrive très-bien je ferai, je ferais, écrivez cependant, faisant, nous faisons, je faisais, bienfaisant, bienfaisance, et prononcez cet ai comme un e muet.
Eau, s. f.—Avoir l'eau, est une locution vicieuse; dites, être hydropique, avoir une hydropisie; prononcez ô (ô long en serrant les lèvres et non o, o ouvert, en desserrant les lèvres.)
Ébène, s.—Ce mot est féminin: ébène grise; prononcez ébène et non ébin-ne.
Ébouler (s'), Écrouler (s').—La terre s'éboule; les murailles et les bâtiments s'écroulent; ne dites donc pas: la terre s'écroula sous nos pieds; dites, s'éboula...
Écaille.—Ne dites pas: les écailles d'un pot, d'un vase (brisé); dites, les têts.
2. Ne dites pas: des écailles de noix; des écailles d'œufs, de pois, de fèves: dites, des écales de noix, d'œufs. Dites au contraire des écailles et non des écales de poissons.—Brou est synonyme d'écale; cale dans ce sens n'est pas français.
Écaler, Écosser, Écorcer, Écorcher, Écailler, Peler, Éplucher.—Écaler, signifie ôter l'écale des noix, des œufs: il faut écaler ces noix, ces œufs.—Écosser se dit particulièrement des pois, des fèves et de quelques autres graines: elle écosse des fèves; vendre des pois écossés.—Écorcer veut dire ôter l'écorce du bois: on écorce le bois au printemps (le bois écorcé se nomme bois pelard.)—Écorcher, c'est ôter la peau d'un animal, le dépouiller: écorcher un cheval; il s'est écorché la main.—Écailler se dit des poissons dont on ôte les écailles: on n'a pas bien écaillé ce brochet.—Peler, c'est ôter la peau d'un fruit: peler une pomme, une poire; peler des pommes de terre; la peau, que l'on a ôtée de dessus les choses qui se pèlent, se nomme pelure.—Éplucher, c'est nettoyer des herbes, des graines, etc., en ôter les ordures et ce qu'il y a de mauvais, de gâté: éplucher des herbes, de la salade, éplucher du riz. Il se dit aussi en parlant des étoffes, des laines, des soies, etc. et signifie en enlever ce qu'il peut y avoir de faux, de mauvais, de reprochable en quelque chose: éplucher des draps, des laines, des soies. (Acad.)—C'est donc une faute de dire, éplucher des pommes de terre, pour, peler des pommes de terre.
Écarter, signifie rejeter les cartes dont on ne veut pas se servir, comme au jeu de piquet; faire les cartes ou donner les cartes, exprime la distribution que l'un des joueurs fait des cartes après les avoir battues (et mieux mêlées) et lorsqu'elles ont été coupées: ne confondez pas ces termes.
Échalasser, mettre des échalas à une houblonnière, à une vigne; ne dites pas échalader.
Échange et Change, sont masculins: vous n'avez pas gagné au change; vous avez fait un échange avantageux.—Prononcez chan-je, échan-je et non chan-che, échan-che.
Échapper à, Échapper de.—Échapper à signifie se soustraire, se dérober à, être préservé de: échapper 132 à la fureur des ennemis, à la tempête, au danger, à la mort.—Échapper de, signifie cesser d'être où l'on était, sortir de: échapper des mains des ennemis, du naufrage, du feu, du danger.
2. Échapper se conjugue avec être, lorsqu'il se dit d'une chose dite ou faite par imprudence, par indiscrétion, par mégarde, par négligence: à peine cette parole me fut-elle échappée que je sentis mon imprudence; son secret lui est échappé.—Échapper se conjugue avec avoir, quand il se dit d'une chose qu'on a oublié de dire ou de faire ou qu'on n'a pas remarquée: ce mot, cette date, son nom m'a échappé; cette observation lui a échappé; j'ai eu beau lire attentivement, cette faute m'a échappé.
3. L'échapper belle, c'est éviter heureusement un péril dont on était menacé: tu l'as échappé belle.
Écharde, petit éclat de bois, une épine, un piquant de chardon qui entre dans la chair; ne le confondez pas avec écharpe, bande d'étoffe.
Échasse, n'est guère usité qu'au pluriel; prononcez échâce (â long). (Acad.)
Échauffourée, s. f., action téméraire; écrivez et prononcez échauffourée et non échaffourée.
Èche. Les mots terminés en èche sont marqués d'un accent circonflexe ou d'un accent grave: calèche, flamèche, flèche, mèche, sèche, bêche, dépêche, pêche, prêche, etc.
Échec, s. m.—Faites sentir le c, excepté lorsqu'il s'agit du jeu des échecs: tant d'échecs (échek) ne découragent pas cet auteur; jouer aux échecs (échè).
Écheveau, s. m., assemblage de fils de chanvre, de soie, de laine, repliés en plusieurs tours, afin qu'ils ne se mêlent point: prononcez écheveau, et non échefeau.—Échet, pour écheveau, n'est pas français. Voyez cheval.
Échevin. s. m., magistrat municipal: prononcez 133 échevin et non ej'vin ni échefin; prononcez de même achever, cheville, cheval, etc. Voyez cheval.
Écho, s. m., son réfléchi: prononcez ékô (ô long) et non éko (o bref).
Éclabousser, faire jaillir la boue; ne dites pas esclabousser.
Éclair, est masculin: un éclair et non une éclair.
Éclairer.—On dit maintenant: éclairer une personne qui descend l'escalier; éclairez monsieur; vous l'éclairez mal; autrefois dans le même sens, on disait éclairer à. (Acad.)
Écolier: voyez élève.
Écorces, Écosses, de pois, de fèves; ces mots ne sont pas français; dites cosses. Voyez écaler.
Écoute.—Ne dites pas: donner écoute aux médisances; dites, prêter l'oreille aux...; écouter les médisances.
Écran, Paravent.—On se sert de l'écran pour garantir de la chaleur du feu; le paravent, garantit contre le vent ou l'air extéreur. Voyez brise-feu.
Écraser, v. a., aplatir et briser; prononcez écrâser (â long).
Écrémer, v. a.: voyez crémer.
Écreper, Écrepure.—Ces mots, fort en usage dans le Hainaut, pour signifier ratisser, ratissure, ne sont pas français.
Écrevisse.—Écrivez et prononcez écrevisse, et non écrévisse, écrèvisse, égrevisse.
Écritoire, Encrier.—L'écritoire est un petit meuble qui contient ou renferme les choses nécessaires pour écrire, encre, papier, plume, canif, etc.; ce mot est féminin: écritoire bien garnie; une écritoire de bureau.—Il ne faut pas confondre l'écritoire avec l'encrier, qui est un petit vase de verre, de porcelaine, de plomb, etc., dans lequel on met uniquement l'encre: encrier de verre, de plomb.
Écrivain.—La signification la plus ordinaire, est celle d'auteur de quelque ouvrage de littérature, et dans ce sens il est toujours masculin, même lorsqu'il se dit d'une femme: cette femme est un écrivain de mérite. Écrivain se dit plus rarement dans le sens d'employé, de commis, d'expéditionnaire, qui tient les écritures.
Écrou, s. m., trou dans lequel entre la vis; ne dites pas égrou.
Écrouelles, s. f., humeurs froides; ne dites pas égrouelles.
Écrouler (s'): voyez ébouler.
Écuelle, s. f., pièce de vaisselle, d'argent, d'étain, de bois, de terre, etc., qui sert le plus communément à mettre du bouillon, du potage; prononcez ékwelle (uel font une seule syllabe) et non écu-elle; prononcez de même écuellée, (plein une écuelle).
Écumoire, s. f., ustensile qui sert à écumer le bouillon, etc.; écumette n'est pas français.
Éden, s. m., paradis terrestre; prononcez édène.
Éduquer, est un mot populaire; dites donc: cet enfant est bien élevé et non bien éduqué.
Effendi, s. m., titre des fonctionnaires turcs; prononcez éfindi. Quelques-uns écrivent éfendi. (Acad.)
Effets, s. m. pl.—Ne dites pas: vous allez à la promenade, ayez soin de vos effets; dites, ayez soin de vos habits, de vos vêtements. Les effets sont les objets, les meubles à l'usage d'une personne: emporter ses effets; il ne se dit pas des vêtements en particulier.
Effort, s. m.—Ne dites pas: il s'est fait un effort dans les reins; dites, il s'est donné un tour de reins.
Égal, e, adj.—Ne dites pas: cela est égal pour moi; cela m'est tout égal; dites, cela m'est égal, parfaitement égal; cela m'importe peu.
2. Ne dites pas: voulez-vous jouer avec moi?—Cela m'est égal; dites, volontiers, comme vous voudrez.
Égaler, Égaliser.—Égaler se dit des personnes et des choses: la mort égale tous les hommes, tous les rangs.—Égaliser ne se dit que des choses: égaliser les lots d'un partage, un terrain. (Acad.)
2. Lorsqu'on dit: cinq multiplié par quatre égale vingt, le mot égale est la 3e personne du présent de l'indicatif du verbe égaler et non un adjectif; en conséquence, il faut écrire égale et non égal.
Ége.—Tous les mots terminés en ége portent un accent aigu et non un accent grave, sur l'e qui précède le g: barége, collége, cortége, Liége, manége, piége, siége, abrége, assiége, protége, etc.—Cependant il est généralement d'usage de prononcer ces sortes d'é comme s'ils étaient marqués d'un accent grave: barège, collège, cortège, Liège, manège, etc.; et cet usage est fondé sur cette grande loi de la prononciation qui veut qu'une syllabe muette soit précédée d'une syllabe grave. Malgré notre respect pour l'autorité de l'Académie, nous regrettons vivement qu'elle n'ait pas adopté cette dernière orthographe, comme elle l'a fait pour les finales en èche et en êche; nous sommes convaincu qu'elle devra un jour se déjuger, parce que l'usage est plus fort que les règles faites d'autorité.
Éger.—Les verbes en éger conservent l'accent aigu dans tous les temps et dans toutes les personnes.
Égnime, Égnimatique: écrivez et prononcez énigh-me, énigh-matique (g dur).
Égoïste.—Prononcez égoïs-te, et non égoïce; prononcez de même catéchis-te, sophis-te, pos-te, Égyp-te, pis-te, cul-te, cuis-tre, fich-tre, mons-tre, ellip-se, éclip-se, etc.—Voyez st et finales.
Égratigner.—Dites, le chat a égratigné cet enfant, et non, a gratté; dites également, égratignure et non gratte.
Éhonté,—On dit aussi déhonté. (Acad.) Voyez ce dernier mot.
Élaguer, Émonder.—Élaguer un arbre, en retrancher les branches superflues et nuisibles, soit à son développement, soit à la nourriture des branches fécondes.—Émonder un arbre, le rendre propre et agréable à la vue, par la soustraction de tout ce qui le gâte et le défigure.
Élancer, Élancement: voyez lancer, lancement.
Élève, Disciple, Écolier, Étudiant.—Un élève reçoit les leçons de la bouche même du maître; il se dit aussi cependant des enfants et des jeunes gens qui fréquentent une école, un collége ou qui y vivent en pension.—Le disciple suit les doctrines d'un savant mort ou vivant: les disciples de Socrate, les disciples de N. S. J.-C., les disciples de St.-Simon.—L'écolier étudie dans une école, un collége ou une pension: il y a des écoliers qui sont mauvais élèves, et qui ne sont jamais disciples des grands écrivains.—L'étudiant suit les cours d'une université ou d'une école publique: un étudiant en droit, en médecine.
Élever, Lever.—On lève, en dressant ce qui est couché, en haussant; dites donc, levez les mains, les yeux au ciel et non élevez... On élève, en plaçant dans un lieu ou dans un rang plus éminent: élever sa pensée vers le ciel.
Élixir, liqueur spiritueuse, est masculin: excellent élixir; ne dites pas élexir.
Elles, pluriel de elle: elles sont bavardes; prononcez elles et non elses.
2. Ne dites pas, elle l'est si bonne, mais elle est si bonne.
Embarbouiller, n'est pas français; dites barbouiller.
Embarlificoter, Emberlificoter, sont des expressions absurdes.
Embarras.—Ne dites pas: cet homme fait bien son embarras ou de ses embarras ou ses embarras; pour signifier qu'il se donne de grands airs, qu'il fait l'important; il faut dire: cet homme fait de l'embarras, ou fait l'important.
2. Ne dites pas avec les wallons: ce n'est pas l'embarras, mais je voudrais bien le voir; dites, malgré cela, quoi qu'il en soit, je voudrais... Prononcez ambarâ (â long).
Emberlucoquer (s'), v. a. et pron., se coiffer d'une opinion, s'en préoccuper tellement qu'on en juge aussi mal que si on avait la berlue; ne dites pas emberticoquer.
Embêter.—Ce mot est bas et populaire; on peut le rendre par ennuyer, fatiguer, tuer, impatienter, scier, scier le dos: cela m'ennuie; vous m'impatientez par vos discours; il me scie; cette affaire me scie le dos.
Emblaver.—Ne dites pas: vous emblavez toute la table; dites, vous embarrassez...
Emblève, rivière: voyez Amblève.
Embonpoint, s. m.—Ce mot est un de ceux où, par exception, n se trouve devant p.
Embouchoir, s. m., terme de bottier; c'est un instrument de bois en forme de jambe dont on se sert pour élargir les bottes, ou pour empêcher qu'elles ne se retrécissent; on dit plus communément embauchoir. (Acad.)
Embouler.—Un écheveau de fil emboulé, barbar.; dites, mêlé; embouler n'est pas français.
Embrasement, s. m., grand incendie; prononcez embrazement; un embrassement est l'action d'embrasser et se prononce embracement.
Embrouillamini, s. m., désordre, confusion; ce mot n'est pas français; dites brouillamini.
Embûches, s. f. pl.: voyez tendre.
Éminent, Imminent, péril éminent, péril imminent.—Éminent donne l'idée d'un mal, d'un péril qu'on peut regarder comme très-grand, mais dont on a le temps d'examiner la grandeur; et imminent donne l'idée d'un mal, d'un péril qu'on peut regarder comme présent et où le hasard nous engage; l'un s'envisage avec crainte; l'autre, avec effroi. On dira d'un 138 malheureux qui doit expier son crime sur l'échafaud, qu'il est dans un péril éminent; mais d'un criminel qu'on mène au supplice ou d'un homme surpris par les voleurs, on dira qu'il est dans un péril imminent.
Emmalgame, Emmouracher, Ennuiter: écrivez et prononcez amalgame, amouracher, anuiter.
Emmancher, mettre un manche; ne dites pas amancher.
Emment (terminaisons en); se prononcent a-ment et non an-ment: prudemment, ardemment.
Emmurailler, Murailler, entourer de murs, ne sont pas français; dites murer ou entourer, fermer de murs.
Émoluments, s. m. pl.: voyez gage.
Émoucher la chandelle.—Dites moucher la chandelle; émoucher veut dire chasser les mouches.
Émouchettes, Épinces.—On ne dit ni l'un ni l'autre dans le sens de pinces, mouchettes (ce dernier ne s'emploie qu'au pluriel).
Émoudre, v. a., aiguiser sur une meule: émoudre des couteaux, des ciseaux; les verbes émouler, remouler ne sont pas français.—Cependant on dit également bien émouleur et rémouleur, pour désigner celui qui fait profession d'émoudre, de rémoudre, d'aiguiser les couteaux, les ciseaux. (Acad.)
Empêche, n'est pas français; dites empêchement.
Empêché, Occupé.—Il ne faut point confondre ces deux mots: empêché se dit d'une personne qui a de l'embarras, un empêchement; occupé se dit d'une personne qui a de l'occupation, qui travaille à quelque chose; ne dites donc pas: j'ai été ce matin voir mon ami, il était empêché à rendre ses comptes; la servante est empêchée à faire le dîner; il faut dire, il était occupé à rendre ses comptes; la servante est occupée à faire le dîner. Mais l'on dira bien: s'il me vient une visite, dites que je suis empêché, c'est-à-dire, que j'ai de l'empêchement.
Empêcher.—Ne dites pas: Victor voulait se battre, je l'ai empêché; dites, je l'en ai empêché.
2. Ne dites pas non plus: je lui empêcherai bien de sortir; dites, je l'empêcherai bien de sortir.
3. Empêcher quelque chose à quelqu'un, est une locution vicieuse; il faut dire, empêcher quelqu'un de faire quelque chose.
Empereur, s. m.: prononcez emp'reur, et non empèreur ni empéreur.
Emplâtre, est masculin: appliquer un emplâtre; quel emplâtre que cet homme-là! prononcez emplâ-tre et non emplâ-te, ni emplâ-tère.
Emplette, est féminin et ne se dit que d'un achat de petits meubles ou de certaines marchandises vendues en détail: on fait emplette d'une boîte, d'un couteau et non d'une maison, de cent kilogrammes de café.
Employé.—Ne dites pas: le voilà ruiné, c'est bien employé; dites, il le mérite bien; il a ce qu'il mérite; c'est bien fait; il paie sa faute.
Empocheter, mettre en poche; dites empocher: à mesure qu'il gagne de l'argent au jeu, il l'empoche.
Empois, colle d'amidon, est masculin: de l'empois épais.
Emporter, v. a.—Ne dites pas: cet élève a emporté tous les prix de sa classe; dites, a remporté...
Empresser (s'), prend la prép. à devant un infinitif, lorsqu'il signifie, agir avec une ardeur inquiète, se donner du mouvement pour réussir: celui qui paraît le plus empressé à nous plaire, est plus occupé de lui que de nous. Il prend de, lorsqu'il veut dire simplement se hâter: s'empresser de parler; je m'empresserai de l'avertir.
Emprunter.—Il prend à et de devant le nom de la personne qui prête, lorsqu'il signifie, demander et recevoir en prêt: emprunter de l'argent à quelqu'un ou 140 de quelqu'un; emprunter une pensée à un auteur ou d'un auteur; emprunter un mot au latin ou du latin. Cependant, dans le sens de tirer, recevoir, devoir à, il prend toujours de: ce raisonnement emprunte (tire) de la circonstance présente une nouvelle force; la lune emprunte (reçoit) sa lumière du soleil. Voyez prêter.
En.—Ne dites pas: en Féronstrée, en Vinave-d'Ile, mais, dans la rue Féronstrée, dans la rue Vinave-d'Ile.
2. Ne dites pas: je n'en ai qu'un de canif; dites, je n'ai qu'un canif; en est de trop.
3. Ne dites pas: avoir part en l'amitié de quelqu'un, mais, à l'amitié de quelqu'un.
4. Ne dites pas: une robe garnie en argent, en or, en dentelle, mais, une robe garnie d'argent, d'or, de dentelle. On dit au contraire, une montre en or, une chaîne en argent, une fourchette en argent et non une montre d'or, une chaîne, une fourchette d'argent.
5. On dit en l'honneur et non à l'honneur: on fait à la paroisse une neuvaine en l'honneur de St Roch; j'ai donné un dîner en l'honneur de Pierre.
6. Ne dites pas: je n'irai pas à Verviers en semaine; dites, dans la semaine. (Fland.)
7. Ne dites pas: les oignons sont bons en salade; dites, dans la salade, à moins que vous ne vouliez indiquer une salade faite aux oignons.
8. Ne dites pas: fait en l'hôtel de ville; dites, fait à l'hôtel de ville ou dans l'hôtel de ville. On dit cependant bien, fait en séance ou en la séance de...
9. Ne dites pas: je l'ai rencontré en bourse, en foire; dites, à la bourse, à la foire. (Fland.)
10. Ne dites pas: cet enfant est toujours en rue; dites, dans la rue.
11. Ne dites pas: il a toujours la pipe en bouche, une canne en main; dites, à la bouche, à la main.
12. Ne dites pas: il s'ensuit de là, j'en conclus de là; dites, il s'ensuit, j'en conclus ou bien, il suit de là, je conclus de là.
13. Ne dites pas: je m'en vais voir; dites, je vais voir; en est de trop. Ne dites pas non plus: je me suis en allé; dites, je m'en suis allé.
14. Plusieurs grammairiens prétendent qu'il faut remplacer son, sa, ses, leur, leurs par l'article le, la, les et le pronon en lorsque l'objet possesseur et l'objet possédé se trouvent dans des propositions différentes; d'après eux, il faudrait dire: j'ai parcouru la ville de Liége, les rues en sont belles; et ce serait une faute de dire: j'ai parcouru..., ses rues sont belles.—M. l'abbé Péters (Grammaire, no 325) a fait bonne justice de cette prétendue règle, et a démontré, par des exemples tirés des meilleurs auteurs, que l'on peut, dans ce cas, faire usage de l'adjectif possessif.
15. En agir: voyez agir.
Encatharré, n'est pas français; dites enrhumé.
Encensoir, est masculin: un encensoir d'argent.
Enchifrené, enrhumé du cerveau; enchifrènement, rhume de cerveau; ne dites pas, enchiferné, enchifernement.
Enclos, s. m., enceinte, espace clos: prononcez anclô (ô long.)
Encoignure, s. f., angle de deux murs; on prononce et plusieurs écrivent encognure (Acad.): on a placé une armoire dans cette encoignure.
Encombre, embarras, est masculin; prononcez encom-bre et non encom-pe ni encombère.
Encore pas, est un barbarisme; dites pas encore: avez-vous déjeuné? pas encore (et non encore pas).
2. Ne dites pas: cela m'est encore arrivé; je l'ai encore vu; dites, cela m'est déjà arrivé, je l'ai déjà vu: encore n'a pas le sens de déjà.
3. Ne dites pas: cette personne est encore aimable; dites, cette personne est assez aimable.
4. Ne dites pas: il est encore toujours au lit; dites, il est encore au lit.
5. Ne dites pas: j'entendis hier quelqu'un, et encore un homme d'esprit, qui soutenait cette erreur; dites, et même un homme d'esprit.
Encourir.—Ne dites pas: je m'encours à l'école; je m'encours pour ne pas être aperçu; dites, je cours à l'école; je m'enfuis pour ne pas être aperçu.
En débit, n'est pas français; dites en détail: ce marchand vend en gros et en détail.
Endêver, avoir grand dépit de quelque chose: il endêve de cela; faire endêver quelqu'un: il est familier.
Endormir, est français dans le sens d'engourdir: cette attitude forcée m'a endormi la jambe; avoir un bras endormi.
Endroit, signifie le beau côté d'une étoffe, celui qui est opposé à l'envers: voilà l'endroit de ce drap; quel est l'endroit?
2. A l'endroit de quelqu'un, ne signifie pas, vis-à-vis de quelqu'un, mais, à son égard, envers lui: cette manière de parler à vieilli. (Acad.)
En exprès, A l'exprès, Par exprès: voyez exprès.
Enfant, est masculin: cette fille est un enfant gâté; cette mère a perdu tous ses enfants (toutes filles); il est quelquefois féminin au singulier en parlant d'une très-jeune fille: c'est une belle enfant; la pauvre enfant. (Acad.) Il est encore féminin: 1o lorsque, employé comme terme d'amitié, il se dit d'une fille ou d'une femme: ma chère enfant, ne craignez rien; 2o dans cette phrase: c'est une bonne enfant, c'est-à-dire, une personne, fille ou femme, d'un caractère doux et facile. (M. l'abbé Péters).
2. Ne dites pas: j'ai levé cet enfant, mais, je suis parrain, marraine de cet enfant, ou, je l'ai tenu sur les fonts baptismaux.
Enfantise, n'est pas français; dites enfantillage.
Enfiler, dans le sens de tromper, enjôler, est tout-à-fait populaire.
Enfin.—Évitez de multiplier cette expression dans une narration; ne l'employez pas non plus quand vous êtes gêné pour vous rappeler ou dire quelque chose: enfin.... enfin...: dans ces sortes de cas, enfin n'a pas de sens.
Enflammation, Enflammable, ne sont pas français; il faut dire inflammation, inflammable.
Enforcir, v. a., rendre plus fort: la bonne nourriture a enforci ce cheval; enforcir un mur. Il ne se dit guère en parlant des personnes.
2. Il s'emploie aussi avec le pronom et signifie, devenir plus fort: il s'enforcira; ce vin s'enforcit à la gelée.—Il s'emploie comme neutre dans le même sens: ce cheval enforcit tous les jours. (Acad.)
Enfuir (s'): prononcez enfu-ir et non enfou-ir; enfouir, c'est cacher sous terre. Voyez ui.
Engager, S'engager, devant un infinitif, demandent la préposition à: je l'ai engagé à dîner; il s'est engagé à venir nous voir.
Engeler, n'est pas français; dites geler: je suis gelé de froid; le vin gèle; la Meuse est gelée. Prononcez geler et non gèler.
Engelure, s. f., est français: avoir des engelures aux pieds, aux mains; ses engelures lui démangent beaucoup.
Engouer, embarrasser le gosier: prononcez engou-er, et non engou-wer.—Engouement, état engoué, passion: prononcez, engoûment, (oû long) et non engou-wement.
Engrais, s. m.—Dites, mettre des bœufs, des moutons à l'engrais et non, en graisse ni sur graisse.
Engraisser, Graisser.—Ces verbes correspondent respectivement aux substantifs engrais et graisse; on doit donc dire: engraisser une terre, un animal; cette personne a beaucoup engraissé depuis un an;—et en se servant du verbe graisser: graisser des bottes, des souliers; graisser les roues d'une voiture; graisser son linge, ses habits.
Engrener, engrenage, engrenure; prononcez engrener, engrenage, engrenure, et non engrèner, engrènage, engrènure.
Engueuler, n'est pas français; on peut le rendre par huer, accabler, poursuivre de huées, d'injures: il se fit huer de tout le monde; la canaille le poursuivit de ses huées.
Énigme, est féminin: prononcez énigh-me (g dur) et non énime, enih'me, énihe, énik.
En imposer: voyez imposer.
Enivrer, enivrant, enivrement: prononcez an-nivrer, an-nivrant, an-nivrement, et non énivrer, énivrant, énivrement.
Enjeu, ce qu'on met au jeu pour commencer à jouer; ne dites pas mettre au pot; dites, faire l'enjeu.
Enjoué, enjouement: prononcez enjou-é, enjoû-ment (oû long) et non enjou-wé, enjou-wement.
Ennemi: prononcez ènemi, et non ain-nemi.
Ennoblir, v. a.: voyez anoblir.
Ennui, ennuyer, ennuyant, ennuyeux: prononcez an-nui (ui diphthongue et non oui); an-nuyer, an-nuyant, en-nuyeux.
Ennuyant, Ennuyeux.—Ennuyant, qui chagrine, qui importune ou qui contrarie actuellement, dans le moment même: quelle soirée ennuyante; quel temps ennuyant!
2. Ennuyeux, euse, signifie, qui a la qualité d'ennuyer, qui est propre à ennuyer, qui ennuie habituellement: temps ennuyeux, livre ennuyeux; cet homme est bien ennuyeux.
Enorgueillir, rendre, devenir orgueilleux; prononcez an-norgheuillir et non énorgheuillir, ni énorgheillir.
Enregistrer, Enregistrement: prononcez enregis'tré, enregis'treman et non enrégis'tré, enrégistrement.
Enrouer, Enrouement: prononcez enrou-er, enroûment, (oû long) et non enrou-wer, enrou-wement. Voyez rauque.
Enrouiller, est français; mais ou dit plus ordinairement rouiller (ll mouillées). (Acad.): l'humidité enrouille et mieux, rouille le fer.
Enseigne, est masculin, lorsqu'il désigne un grade: un enseigne de vaisseau; il est féminin, quand il désigne l'emblème d'un commerçant: une belle enseigne.
Enseigner.—Ne dites pas: cet enfant a été bien enseigné; dites, bien instruit; prononcez ensei-gner, ensei-gnant, ensei-gnement, et non enseign'ner, enseign'nant, enseign'nement.—Voyez gn.
2. Enseigner, dans le sens d'indiquer, faire connaître quelque chose que ce soit, est français: enseignez-moi sa maison, enseignez-nous le chemin.
Enserrer, dans le sens de enfermer, enclore, est vieux; ne dites pas: j'ai enserré le chien; dites, ... enfermé. (Acad.) Mais on dit bien, enserrer des fleurs, c'est-à-dire, les mettre en serre.
Ensevelir: prononcez encev'lir et non encèv'lir ni ensèvélir.
En sorte.—Ne dites pas: il a fait si bien en sorte qu'on lui a pardonné; dites, il a fait si bien qu'on lui a pardonné.
Ensuite, suivi de la prép. de, ne s'emploie guère que dans ces deux phrases: ensuite de cela, ensuite de quoi (Acad.), et dans ce cas il est préposition.
Ensuivre (s'), v. essent. pron.—Il ne se dit qu'à la 3e pers. tant du sing. que du pluriel, et s'emploie le plus souvent impersonnellement: il s'ensuit que vous aviez tort. L'Académie ne donne qu'un seul exemple de ce verbe à un temps composé et c'est une phrase de barreau: le tribunal cassa la procédure et tout ce qui s'était ensuivi. Dans le langage ordinaire, on met généralement le verbe être entre la préposition en et le participe suivi: il s'en est suivi de grands maux; et tout ce qui s'en est suivi.
2. Il s'ensuit veut l'indicatif après lui; il ne s'ensuit pas, veut le subjonctif.
3. Il s'ensuit de cela, est un pléonasme vicieux; dites, il s'ensuit ou bien il suit de cela.
Entendre.—Entendre la raillerie, c'est avoir le talent de railler: peu de personnes entendent la fine et innocente raillerie.—Entendre raillerie, c'est ne point s'offenser d'une raillerie: vous entendez très-bien raillerie, quand d'autres que moi vous font la guerre sur vos petits défauts.
2. Ne dites pas: j'ai entendu de mon voisin que Paul vient de mourir; dites, j'ai appris de...; j'ai ouï dire, j'ai entendu dire... (Fland.) Prononcez enten-dre et non enten-te ni enten-tre ni entendère.
3. S'entend (et non c'entend, ni sentant) a à peu près le même sens que c'est-à-dire, je veux dire, bien entendu: vous aurez tous une récompense, s'entend, ceux qui l'auront méritée.
En-tête, ce qui s'écrit au-dessus d'une lettre, d'un tableau; ce mot est français et masculin: écrire un en-tête à un tableau; écrire des en-têtes de lettres. (Bescherelle.)
Entièreté, n'est pas français; dites, la totalité, le tout, le montant: il paya le montant, le total de la dépense ou toute la dépense.—Prononcez enti-er et non entchi-er, Voyez ti.
Entre.—L'e final de entre ne s'élide que dans la composition des mots devant une voyelle; on écrit entre eux, entre elles, entre autres et entr'actes, s'entr'aider, s'entr'aimer, s'entr'égorger, entr'ouvrir, etc. Si le mot suivant commence par une consonne, on réunit les deux mots par un trait, d'union: s'entre-déchirer, s'entre-nuire, etc. On écrit cependant en un seul mot: s'entremettre, s'entretenir, s'entrevoir.
2. Entre les deux, médiocrement; dites, entre-deux: fait-il froid? entre-deux.
3. Entre, Parmi.—Entre signifie au milieu de; c'est pour cela qu'en général il ne se dit que de deux objets ou de deux sortes d'objets: entre eux deux; entre la crainte et l'espérance; entre les hommes et les animaux.—Parmi signifie dans le nombre de, et c'est pour cette raison qu'il ne s'emploie qu'avec un pluriel indéfini signifiant plus de deux ou avec un collectif: parmi eux, parmi les élèves, parmi le peuple.—Cependant entre se dit quelquefois pour parmi: entre les merveilles de la nature; il fut trouvé entre les morts; la sainte Vierge Marie est bénie entre toutes les femmes. (Acad.)
Entrefaites, s. f., ne s'emploie guère qu'au pluriel et dans ces locutions adverbiales; sur ces entrefaites, dans ces entrefaites, pendant ce temps-là. On dit cependant quelquefois au singulier: dans l'entrefaite, dans cette entrefaite. (Acad.)
Entreprendre (s').—Ne dites pas: il vient de s'entreprendre avec son ami; dites, il vient d'avoir querelle ou de se quereller avec son ami.
2. On dit très-bien pourtant: entreprendre quelqu'un, c'est-à-dire, se mettre à le poursuivre, à le tourmenter, à le persécuter, à le railler: si j'entreprends cet homme-là, je lui ferai voir du pays.
Entrer, prend l'auxiliaire être; je suis entré; nous sommes entrés.
2. On peut dire par hypallage: ce chapeau n'entre pas dans ma tête; enfoncer son chapeau dans sa tête; ces bas n'entrent pas dans mes jambes. (Acad.)
Entretemps, est un substantif et non un adverbe: ne dites donc pas: écrivez votre lettre, entretemps je lirai; dites, dans l'entre-temps je lirai.
2. Ce mot est peu usité et ne se dit pas au pluriel. (Acad.); entre-temps s'écrit avec un trait d'union.
Envenimer, infecter de venin, aigrir; prononcez envenimer et non envènimer, m'envénimer.
Envergure, s. f., étendue des ailes; ne dites pas enverjure.
Envers, prép., à l'égard: voyez vis-à-vis. Prononcez envers eux, (envèreux) et non envèrz'eu.
Envier, Porter envie.—Envier, se dit des choses et quelquefois des personnes: je ne lui envie point son bonheur; tout le monde l'envie (Acad.); les gens en place sont ordinairement enviés (id.)—Porter envie, ne se dit que des personnes: Caïn portait envie à Abel.
Environ six ou huit, est un pléonasme; car environ et ou ont la même signification; dites, six ou huit, ou bien environ six à huit.
En voie: voyez voie.
Envoyer.—Ne dites pas: j'ai envoyé ce ballot avec la diligence; dites, par la diligence.
Épais, adj., fait au féminin épaisse et non épaise.
Épargner: voyer éviter.
Épaule, s. f.: prononcez épôle (ô long).
Épeautre, espèce de blé, est masculin.
Épellation, s. f., action d'épeler; prononcez épèl'lation.
Éperon, (et non épron), s. f., fer pour piquer le cheval; prononcez ép'ron et non épéron ni épèron.
Épidémie, Contagion.—Épidémie, désigne une maladie qui se communique par l'air; contagion, une maladie qu'on gagne par le contact: jusqu'à présent les médecins sont partagés sur la question de savoir si le choléra est épidémique ou contagieux.
Épiderme, première peau, est masculin.
Épincette, n'est pas français; dites pincettes.
Épine, Noble épine, pour signifier un arbrisseau à fleurs blanches, n'est pas français; dites aubépine.
Épion, Épionner, sont des barbarismes; dites espion, espionner.
Épisode, action incidente liée à l'action principale, est masculin: un triste épisode; prononcez épizo-de, et non épizo-te.
Épitaphe, inscription de tombeau, est féminin: une glorieuse épitaphe.
Éplucher: voyez écaler.
Époux, s. m.—Dans la conversation, il est contraire au bon usage de dire: mon époux, son époux; mon épouse, son épouse; sa dame, sa demoiselle; dites, mon mari, son mari; ma femme, sa femme; ma fille, sa fille. Ces mots époux, épouse, dame, demoiselle, ne peuvent être précédés de l'adjectif possessif, sans trahir, chez les personnes qui les emploient ainsi, une éducation peu relevée.
Équateur, Équation: prononcez écouateur, écouation.
Équerre, est féminin: une fausse équerre.
Équestre, équiangle, équidique, équidistant, équilatéral, équilatère, équimultiple, équipollence, équiries, équitation: prononcez écues-tre, écui-angle, écuidique, écuitation,... et non, ekestre, ekiangle, ekidique, ekitation,... ni écouestre, écouiangle, écouidique, écouitation....
2. On ne saurait trop s'attacher dans la prononciation à bien distinguer ui, ues de oui, oues; beaucoup de personnes, ne soupçonnant pas même cette différence, prononcent généralement et impertubablement les ui comme des oui, et font, par exemple enfouir (se cacher sous terre) de s'enfuir (prendre la fuite): voyez aiguiser et ui.
Équinoxe, équinoxial, équerre, équivaloir, équivalent; prononcez ékinoxe, ékère, ékivaloir, etc.
Er final.—Dans le discours soutenu, et surtout dans les vers, l'r finale dans l'infinitif des verbes en er se lie avec la voyelle du mot suivant; er se prononce alors ère et non ére: aimer à jouer; folâtrer et rire. Dans la conversation, ces sortes de liaisons seraient affectées et ridicules. (Hennebert.)
Érésipèle, tumeur inflammatoire sur la peau, est masculin, érésipèle dartreux; on disait autrefois érysipèle, ce qui est plus conforme à l'étymologie.
2. Ne dites pas résipèle: mon frère à la résipèle; ne dites pas non plus la rose pour l'érésipèle.
Ergot: voyez argot.
Ériger.—Ne dites pas: le canal a été érigé en 1850; dites, ... creusé.—Ériger, signifie élever: ériger un monument, une statue.
Ermite, ermitage, erminette (sorte de hache): on écrit aussi, mais moins souvent, hermite, hermitage, herminette.
Errer, errant, erratum, errata, erratique, errements; erreur, erroné: faites sentir les deux r, et prononcez er'rer, er'rant, er'ratum, etc.
Errière: voyez arrière.
Éruption, Irruption.—Éruption, se dit de l'évacuation subite d'un liquide et de toute sortie prompte et avec efforts.
2. Irruption, au contraire, signifie, entrée soudaine et imprévue des ennemis dans un pays. Il faut donc dire: le Vésuve vient de faire une éruption; les ennemis ont fait une irruption dans notre pays.
Escadre, s. f., flotte de guerre; prononcez escâ-dre (â long) et non escate ni escadère.
Escalier.—Ne confondez pas ce mot avec marche, degré: l'escalier est l'ensemble des marches qui conduisent d'un étage à un autre; ne dites donc pas monter les escaliers, s'il ne s'agit que d'un étage; dites monter les degrés ou l'escalier; ne prononcez pas escayer.
Escarole, s. f., espèce de chicorée à larges feuilles; on écrit aussi, mais moins souvent, scariole.
Escient (à mon, à ton, à son, etc.), sciemment, avec connaissance; prononcez ècian et non èci-in.
Esclabousser, n'est pas français; dites éclabousser.
Esclandre, malheur avec éclat, est masculin: il est arrivé un grand esclandre dans cette famille. Prononcez esclan-dre et non esclante ni esclandère.
Esclopé, n'est pas français; dites éclopé (qui marche avec peine).
Escouer, n'est pas français; dites secouer.
Escroc: prononcez escrô: un vil escroc. V. c final.
Espace, est masculin, excepté lorsqu'il désigne ces petites pièces de métal que, dans les imprimeries, on met entre les caractères pour séparer les mots l'un de l'autre: un long espace de temps; mettre une forte espace entre deux mots.
Espadon, s. m., épée grande et large; dites espadon, espadonner, et non espadron, espadronner.
Espèce: toute espèce, voyez sorte.
Espérer, Promettre, Compter, doivent être suivis d'un futur: voyez compter.
2. Espérer, suivi d'un infinitif, ne régit point de préposition, lorsque l'espérance paraît fondée, et il demande la préposition de, si l'on espère avec quelque doute: j'espère le revoir aujourd'hui; peut-on espérer de vous revoir aujourd'hui? Voilà pourquoi avec un adverbe qui exprime la certitude, on dit: j'espère bien partir demain et non j'espère bien de partir.—Espérer, à l'infinitif, suivi d'un verbe aussi à l'infinitif, régit toujours la préposition de, parce qu'alors l'espérance est vague, incertaine: on m'a fait espérer de le revoir.
Espiègle, adj. et subst. des deux genres; prononcez espiè-gle et non espiégle ni espièk, ni espièguèle; ne dites pas non plus, un spiègle, c'est un spiègle.
Esquelette.—Ne dites pas un esquelette, mais un squelette; squelette est masculin.
Esquinancie, s. f., inflammation du gosier; on écrit aussi, mais plus rarement, squinancie; ne dites pas esquilancie.
Essart, s. m., Essartage, s. m., Essarter, v. a.—Ces mots figurent dans les dictionnaires de Bescherelle et de Poitevin.
2. Essart se dit d'un terrain inculte, qui peut ou doit être essarté, défriché; l'essartage (ou essartement) est l'action d'essarter, la manière d'essarter, l'effet de cette action; essarter, c'est défricher en arrachant les bois, les épines, etc.
3. On dit également écobuer qui signifie proprement écroûter la surface du sol, et brûler sur place les tranches de gazon ainsi enlevées.—Les mots sart, sartage, sarter, sartager, ne sont pas français.
Essayer, dans le sens de goûter, savourer, déguster, n'est pas français: goûtez ce vin (et non essayez); goûtez cette viande (et non essayez).
2. Essayer, devant un infinitif, prend la préposition à, lorsqu'il signifie s'exercer à: un enfant essaie à marcher; dans les autres acceptions, il prend de: j'ai essayé de le persuader.—S'essayer veut toujours la préposition à: s'essayer à nager.
3. Essayer, signifiant tâcher, faire ses efforts, demande un régime indirect: essayez-y (et non essayez-le); je ne sais si j'en viendrai à bout; je n'y ai pas essayé (et non je ne l'ai pas essayé).
Est, s. m., Orient: on prononce le t: es-te.
Est-ce.—Ne dites pas: plus savant est-on, plus est-ce qu'on aime l'étude; plus vous en dites, moins est-ce qu'on vous croit; dites, plus on est savant, plus on aime l'étude; plus vous en dites, moins on vous croit.
Estaminet, Café chez Hubert; c'est une mauvaise locution; dites, estaminet, café tenu par Hubert ou bien simplement, estaminet-Hubert, café-Hubert.
Estoc, s. m., longue épée ancienne; ne dites pas: frapper de stoc et de taille, mais, d'estoc et de taille; prononcez estok.
Estomac, s. m.—Prononcez estoma et non estomak.
2. Ne confondez pas estomac avec poitrine: il a une large poitrine; je lui ai frappé sur la poitrine (et non estomac); estomac ne se dit que de la poche qui sert à digérer et qui se trouve au-dessous du thorax ou de la poitrine proprement dite.
Estomaquer, ne s'emploie que pronominalement, et signifie se tenir offensé de ce qu'une personne a dit ou fait, s'en formaliser; mais il ne signifie jamais surprendre, stupéfier, interdire, comme dans l'idiome wallon: il s'est estomaqué (formalisé) de ce que je ne lui ai pas rendu sa visite assez tôt; il n'a pas sujet de s'en estomaquer;—je fus bien surpris de sa réponse; cette nouvelle l'a stupéfié (et non estomaqué).
Estompe, s. f.; dessin à l'estompe; ne dites pas estombe.
Étable, est féminin: prononcez éta-ble.
Étal, Étau.—Un étal, est une sorte de table chez les bouchers; plur. étaux;—un étau, est une machine de serrurier, à tenir, à serrer les objets que l'on travaille; plur. étaux.
Étiquet, n'est pas français; dites étiquettes.
Étiqueter: on ne double jamais le t: les apothicaires étiquètent leurs fioles. (Acad.)
Étisie et Phthisie, étique et phtisique, se disent indifféremment; cependant on dit plus ordinairement phthisie que étisie, et étique que phthisique.
Étonner.—Il faut dire: je m'étonne, je suis étonné que... et non, ça m'étonne que...
2. Ne dites pas: je m'étonne ce qu'il a pu faire; je m'étonne s'il a fait sa besogne; dites, je suis curieux de savoir, je désire vivement savoir, etc.
Étouffe, Touffe, pour étouffant, sont des barbarismes: il fait étouffant, on étouffe de chaleur, et non, il fait touffe, étouffe.
Être, v. s.: prononcez ê-tre et non ê-te ni êtère.
2. Ne dites pas: cela est-il à votre goût; dites, cela est-il de votre goût?
3. Être chaud, être froid, au lieu de avoir chaud, avoir froid, sont des flandricismes.
4. Être en voie, chasser quelqu'un en voie, jeter quelque chose en voie, sont des wallonismes: dites être parti; chasser quelqu'un; jeter quelque chose: voyez voie.
5. Être fâché à quelqu'un ou sur quelqu'un; dites, être fâché contre quelqu'un. (Wall.)
6. Être gagné, pour avoir gagné: ne dites pas, si vous avez gagné au jeu, je suis gagné; dites, j'ai gagné.
7. Être perdu: ne dites pas: vous avez mal joué, vous êtes perdu; dites, vous avez perdu.
8. Être quitte d'une chose, pour avoir perdu cette chose.—Être quitte de..., ne se dit que d'une chose que l'on est bien aise de ne plus avoir: je suis quitte de la fièvre. Mais quand on regrette une chose, on ne peut pas dire qu'on en est quitte. Bien des gens disent abusivement: je suis quitte de mon enfant, pour dire: il est mort;—je suis quitte de ma montre, de mon parapluie, pour, ma montre m'a été volée, j'ai perdu mon parapluie.
9. Être vice d'une personne, d'une chose, pour, en être dégoûté:—ne soyez pas dégoûté (et non vice) de moi, buvez hardiment dans mon verre. (Fland.)
10. Ne dites pas: est-ce là votre livre? oui, c'est lui; dites, oui, ce l'est, ou bien c'est mon livre.
11. Ne dites pas: sont-ce là vos parents? oui, ce les sont; dites, oui, ce sont eux; ne dites pas: sont-ce là vos nièces? oui ce les sont; dites, oui, ce sont elles. Quand on parle de choses inanimées, on doit répondre: ce l'est, ce les sont; mais il faut répondre: c'est lui, c'est elle, ce sont eux, ce sont elles, quand on parle de personnes.
12. Ne dites pas: vous savez ce qui en est; dites, ce qu'il en est.
13. Ne dites pas: où est l'affaire; où sont les actions du chemin de fer? dites, où en est l'affaire, où en sont les actions...?
14. Ne dites pas: nous sommes à trois; ils sont leurs deux; dites, nous sommes trois, ils sont deux.
15. Ne dites pas: six et six sont douze, mais, font douze.
16. Ne dites pas: c'est à vous à qui je parle; dites, c'est à vous que je parle.
17. Je fus, se dit très-bien pour j'allai: voyez aller.
18. C'est à vous, c'est à vous de: voyez à.
19. Être à la campagne, en campagne: voyez campagne.
Étudiant, s. m., se dit de celui qui suit les cours d'une université ou d'une école publique: un étudiant en droit, en médecine; il y a beaucoup d'étudiants à cette université. Il ne se dit pas pour les élèves d'une école, d'un collége. Voyez élève.
Étudier.—Ne dites pas: mon fils étudie avocat ou l'avocat; dites, étudie le droit ou pour être avocat.
Étuve, Poêle.—Une étuve est un lieu clos dont on élève assez la température pour faire transpirer; un poêle (ou poile) est un fourneau de fonte, de tôle, etc., à l'aide duquel on échauffe les chambres, escaliers, etc.; ne dites donc pas: j'ai fait mettre une étuve dans ma chambre; dites, ... un poêle.
Eucharistie, eucologe, Eugène, Eulalie, Euphémie, euphémisme, Euphrate, Europe, Eustache, Euterpe, etc.: prononcez eu et non u ni é; Europe et non Urope, ni Erope, ni Eurôpe.
Eux: prononcez eû, et non eûce.
Évaluer,(u-er et non u-wer) et estimer, devant ou après un nom de nombre, ou un adverbe de quantité, peuvent être accompagnés de la préposition à ou employés sans préposition: à combien ou combien a-t-on évalué votre maison? sa propriété fut évaluée cent mille francs ou à cent mille francs; cette terre a été évaluée tant ou à tant.
Évangile, est masculin: le saint Évangile; le premier, le dernier Évangile...
Éventaire, s. m., plateau d'osier sur lequel sont placés les noix, les légumes, etc., que vendent certains marchands en parcourant les rues. Ne confondez pas ce mot avec inventaire, état détaillé des meubles, des marchandises, etc.
Évêque: prononcez évêque, (ê long).
Évier, s. m., pierre d'une cuisine, d'où s'écoulent les eaux; ne dites pas levier ni lévier ni pierre à relaver; on dit pourtant pierre à laver.
Éviter, Épargner.—Éviter ne veut pas dire épargner; ne dites donc pas: je vous éviterai cette peine; je veux vous éviter ce désagrément; dites, je vous épargnerai cette peine; je veux vous épargner ce désagrément, (littéralement, je vous ferai éviter, je veux vous faire éviter;—mais ce n'est pas moi qui éviterai, c'est vous qui devez éviter).
Évoquer, Invoquer: voyez invoquer.
Ex.—Cette particule, dans la composition de certains mots, se prononce toujours eks: ex-ministre, ex-législateur, il faut se garder de prononcer èce ni ek: voyez x.
Exact, adj.: prononcez èkzak-te, et non èkza, ni èkzak.
Examen, s. m.: prononcez ègzamin; quelques-uns disent ègzamène.
2. Ne dites pas: j'ai fait mes examens à Liége; dites, j'ai subi, j'ai passé mes examens...
Excellent, n'admet ni comparatif, ni superlatif; ne dites donc pas plus excellent, très-excellent.
Excepté, passé, supposé, y compris, vu, approuvé et quelques autres participes, employés sans auxiliaire, s'accordent avec le substantif qui les précède immédiatement, parce qu'on sous-entend l'auxiliaire être: mes amis (étant) exceptés; cette époque (étant) passée; ces faits (étant) supposés; cette somme y (étant) comprise; les pièces (ayant été) vues et approuvées.—Mais 157 ils sont invariables, quand le substantif les suit immédiatement, parce qu'alors on sous-entend l'auxiliaire avoir: excepté mes amis; passé cette époque; supposé ces faits; y compris cette somme; vu et approuvé l'écriture ci-dessus; reçu cent francs; c'est-à-dire, ayant excepté mes amis; ayant passé cette époque; ayant supposé ces faits; y ayant compris cette somme; j'ai vu et j'ai approuvé l'écriture ci-dessus; j'ai reçu cent francs.
Excessivement, adv.—Ne dites pas, excessivement beau, joli, agréable; dites, extrêmement.—Excessivement, est l'adverbe d'excessif, et ne peut s'appliquer à une qualité qu'on regarde actuellement comme bonne.
Exclu, part. passé de exclure, fait au féminin exclue et non excluse: prononcez eks'-clu, eks'-clure, etc. et non esclu, esclure.
Excusable, Inexcusable: voyez impardonnable.
Excuse.—On dit: je vous fais excuse, je vous fais bien excuse, je vous en fais mille excuses, ou je vous demande pardon; mais, demander excuse, est une locution vicieuse.—Prononcez ègs'-cu-ze et non es-cuze, ni ègs'cuce; prononcez de même excuser, excusable, etc.
Exemple.—Ce mot est masculin, excepté lorsqu'il désigne un modèle d'écriture; dans ce dernier cas, il est masculin et féminin, mais l'Académie semble préférer le masculin: vous avez un bel exemple devant les yeux; son maître de calligraphie lui donne tous les jours de nouveaux exemples.
2. On dit très-bien: suivre ou imiter l'exemple de quelqu'un; suivez son exemple; imiter l'exemple, la conduite de quelqu'un. (Acad.) Prononcez egzam-ple et non ekçample ni egzampe ni egzampelle: prononcez de même exemplaire, exempt, exempter, exemption, exorde.
Exempt, Exempter, Exemption: le p ne se prononce pas dans les deux premiers, mais il se fait sentir dans le dernier: exemp'tion.
Exigu, exil, exhaler, exhalaison, exeat, exequatur, exarchat: prononcez èg'zigu, èg'zile, èg'zaler, èg'zéat (x douce) et non èg'cigu, èg'cile, èg'çaler, èg'céat.
Exorde, commencement d'un discours, est masculin: cet exorde est trop long.
Expert, expertiser, expliquer, explication, explicite, exprès, expressément, exploiter, expédient, expirer, exposer, exterminer, extravagant, expérience, explosion, exploit, extérieur, extraire, extrait, etc.: prononcez èkspert, èkspliquer, èksplication, etc. en faisant sentir l'x et non simplement une s, espert, espliquer, esplication, esprès, esploit, estravagant, etc.
Expirer, v. n., signifiant mourir, et passer, dans le sens de être admis, prennent toujours avoir: dès qu'il eut expiré (Acad.); ce mot a passé dans notre langue. (Acad.)—Voyez Auxiliaire.
Explicitement, Explicite: voyez implicitement.
Exporter, Exportation: voyez importer.
Exprès, Expressément.—On entend assez souvent confondre ces deux adverbes, et cependant ils sont loin d'avoir le même sens. Exprès veut dire à dessein et expressément signifie formellement, explicitement, au moyen d'expressions claires, en toutes lettres: il le fait exprès (et non expressément) pour me fâcher; il a fait bâtir cet appartement exprès pour ses amis; il est venu exprès, tout exprès (et non expressément) pour demander cette place;—cela est énoncé expressément (en toutes lettres) dans le contrat; je lui avais commandé, défendu expressément (clairement) de faire telle chose.
2. A l'exprès, en exprès, par exprès, sont des barbarismes; dites simplement exprès et prononcez ègs'prè et non es'prè.
F.—Quand elle est finale, elle se prononce presque toujours, même devant une consonne: vif désir, soif brûlante, un bœuf très-maigre, une soif ardente, etc. Il faut en excepter quelques mots, tels que clef dont l'f ne se prononce ni au singulier ni au pluriel; œuf frais (eû), œuf dur (eû), nerf-de-bœuf (nèr-de-beufe); cerf-volant (cère), cerf-dix-cors (cèr), chef-d'œuvre (chè), bœuf-gras (beû). Le mot neuf forme aussi une exception: voyez ce mot.
2. Les flamands doivent se garder de prononcer f finale ou la syllabe fe comme v ou ve: un parafe et non un parave; un bref et non un brève; un if (arbre) et non ive; une griffe (ongle crochu) et non une grive (oiseau); ce cheval piaffe et non piave; piaffement et non piavement.
Fabricant, s. m.—Quelques-uns écrivent fabriquant (Acad.) Il nous semble que l'on doit réserver cette seconde orthographe pour le participe présent du verbe fabriquer: un fabricant d'étoffes; un ouvrier fabriquant des étoffes.
2. Le subst. fabricant n'a pas de correspondant féminin; ne dites donc pas: Madame N., fabricante de corsets; dites, faiseuse de corsets.
Fabricien et Fabricier: on dit plus ordinairement marguillier (marguillier et non margueiller).
Face, se dit du visage entier et ne doit pas s'employer comme synonyme de joue: une face de carême; avoir une grosse face, une face rubiconde;—avoir une fluxion à la joue; joue droite, joue gauche.
2. Ne dites pas: en face le palais, mais en face du palais.—Prononcez face et non faze.
Facétie, s. f., plaisanterie: prononcez facécie;—ti se prononce également ci dans les dérivés facétieux, facétieusement.
Fâcher.—On doit dire; se fâcher, être fâché contre quelqu'un et non à, sur, ou après quelqu'un: il est horriblement fâché contre vous et non à vous, sur vous, après vous; je me suis fâché contre lui (et non sur lui, après lui, à lui). Prononcez fâcher (â long) et non facher (a bref).
Facile.—Ne dites pas: j'ai facile, j'ai bien facile; vous avez bien facile; j'ai facile d'apprendre mes leçons; vous avez facile de faire ce problème; mais dites: il m'est facile, c'est bien facile, cela m'est bien facile, bien aisé; cela vous est bien facile, bien aisé; vous avez de la facilité pour apprendre vos leçons ou vous apprenez facilement vos leçons; vous ferez facilement ce problème, etc., ou une autre tournure;—mais avoir facile, avoir difficile, sont des locutions véritablement wallonnes et qu'il faut proscrire du langage correct. Voyez difficile.
Façon, s. f.: voyez compliment.
Façonneur, Façonneux, qui fait trop de façons; ces mots ne sont pas français; dites façonnier: que vous êtes façonnier; cette femme est trop façonnière.
Fac-simile, s. m., imitation parfaite; prononcez fac-similé: au pluriel, des fac-simile (invar.)
Facteur.—Ne dites pas le porteur de lettres, mais le facteur de la poste ou simplement, le facteur.
Factieux, adj., séditieux; prononcez fac-cieux; ti se prononce de même dans faction, factionnaire.
Factotum, s. m., qui se mèle de tout; prononcez factôtome: on prononçait autrefois factoton.
Factum, s. m., mémoire pour un procès; prononcez factome.
Faculté, s. m.; ne dites pas fagulté.
Faible, adj.: ce mot et ses dérivés s'écrivaient autrefois foible; l'Académie a adopté exclusivement faible, faiblesse, faiblir, etc. Prononcez fè-ble et non fèpe ni fèbelle.
2. Faible, fort.—Cela est faible, cela est fort, sont des exclamations dont les flamands abusent et qu'il faut rendre presque toujours par un équivalent.—Cela est fort, est français dans certains cas et se dit d'une chose qui étonne désagréablement, qui paraît extraordinaire, ou difficile à croire: cela est fort, paraît fort; voilà qui est fort.—Cela est faible pour exprimer le contraire de, cela est fort, ou pour signifier que tel propos qu'on vous tient ou telle réponse qu'on vous fait, ou telle action dont on vous parle, n'a pas grande importance ou est blâmable: dans ces diverses acceptions cette locution n'est pas française.
3. Ne dites pas non plus: cette viande est faible pour signifier, qu'elle a peu de goût; dites, cette viande est fade.
Faiblir, tomber faible.—Ne dites pas: cette femme est tombée faible, a faibli à l'église; dites, s'est trouvée mal, est tombée en faiblesse, en syncope, en pamoison; s'est évanouie; il lui a pris une faiblesse; elle est tombée en faiblesse.
Faïence, Faïencier, Faïencerie: on écrivait autrefois fayence, fayencier, fayencerie.
Faillir.—Devant un infinitif il demande à ou de, mais de est plus en usage: j'ai failli de tomber, à tomber; j'ai failli de l'oublier, à l'oublier; cet événement faillit de retarder, à retarder notre départ. Néanmoins on supprime souvent toute préposition, surtout dans le langage familier: il faillit être assassiné; il a failli nous arriver un malheur.
Faim, s. f.—Si et très ne peuvent modifier des substantifs, et par conséquent ne peuvent se placer devant faim, soif, peur; ne dites donc pas: j'ai si faim, 162 si soif; très-faim, très-soif, etc.; dites, j'ai grand'faim, grand'soif; fort faim, fort soif; mourir de faim, avoir une faim dévorante, etc. Voyez très et si.
Faîne, s. f.: prononcez fène et non fa-ïne: de l'huile de faîne, ramasser des faînes.
Fainéant, e, subst.—Ne dites pas fainiant, ni féniant, ni fègnant.
Faire.—Ne dites pas à table: j'ai bien fait, pour signifier que vous n'avez plus d'appétit: dites, j'ai assez mangé, je n'ai plus besoin de rien.
2. Ne dites pas: deux et deux fait quatre, mais, font quatre.
3. Faire avec.—Ne dites pas pour inviter quelqu'un à partager votre repas: voulez-vous faire avec nous; dites, voulez-vous partager notre repas; voulez-vous dîner, manger avec nous; voulez-vous prendre un verre de vin?
4. Ne dites pas non plus pour inviter quelqu'un à se mettre de la partie: voulez-vous faire avec? dites, voulez-vous être des nôtres, venir avec nous, faire la partie avec nous?
5. Faire dans telle ou telle chose pour, faire le commerce de telle ou telle chose, est une locution vicieuse; ne dites pas: il fait dans le papier, dans les draps; dites, il fait le commerce du papier, des draps; il vend du papier, des draps, etc. (Wall.)
6. Ne dites pas: cela ne me fait de rien; dites, cela ne me fait rien, m'importe peu, ne m'importe guère, m'est bien égal.
7. Ne dites pas: je ne fais rien qui ne soit de faire; dites, qui soit blâmable, condamnable, répréhensible.
8. Ne dites pas: ça je fais, ça je ne fais pas; dites, je fais ça et je ne fais pas ça. (Fland.)
9. Ne dites pas: j'ai fait mes trois cafés ce soir; dites, j'ai été dans trois cafés, ou bien, dans mes trois cafés, si c'est affaire d'habitude.
10. Faire tourmenter, est un wallonisme; ne dites pas: mon camarade me fait tourmenter; dites simplement, me tourmente:—faire tourmenter signifierait charger quelqu'un de tourmenter, comme, faire battre, faire rendre. (Wall.)
11. Faire pour rendre.—Ne dites pas: l'oisiveté nous fait vicieux; la vertu nous fait aimables; dites, l'oisiveté nous rend vicieux; la vertu nous rend aimables.
12. Ne dites pas: je ne sais quoi faire, je ne sais quoi dire, quoi répondre; dites, je ne sais que faire, que dire, que répondre.
13. Ne dites pas: je ne sais que faire avec cela; dites, je ne sais que faire de cela.
14. Ne dites pas: vous êtes dans l'embarras, savez-vous ce que vous faites ou ce que vous fassiez; dites, savez-vous ce qu'il faut faire.
15. Faire la messe, lire la messe, pour, dire la messe, célébrer la messe est un flandricisme.—faire une messe se dit d'un musicien qui compose une messe.
16. Faire une somme, pour, faire une addition, etc.; ne dites pas: faites-moi cette somme; dites, faites-moi cette addition, cette soustraction, etc.
17. Se faire.—Ne dites pas: il s'est fait fatigué; vous vous ferez malade; dites, il s'est fatigué; vous vous rendrez malade.
18. Il fait.—Ne dites pas: il fait beau de se promener; dites, il fait beau pour se promener.
19. Faire, se met souvent pour un autre verbe qu'on ne peut pas répéter: cet homme n'aime pas tant le jeu qu'il faisait (et non qu'il le faisait); nous nous entretînmes de cette nouvelle, comme nous aurions fait de toute autre (et non comme nous l'aurions fait) (Acad.)
20. Ne faire que, ne faire que de.—Ne faire que, marque ou une action fréquemment répétée: cet enfant ne fait qu'aller et venir; ou une action instantanée: attendez-moi, je ne fais qu'aller et revenir, c'est-à-dire, 164 je vais et reviens en un moment.—Ne faire que de, marque une action qui vient d'avoir lieu: il ne fait que d'arriver, c'est-à-dire, il vient d'arriver.
21. Faire excuse.—Voyez excuse.
22. On dit, avoir affaire et non à faire à quelqu'un: avoir affaire à plus fort que soi; si vous ne vous corrigez pas, vous aurez affaire à moi. Voyez affaire.
23. Faire les cartes.—Voyez écarter.
24. Se faire prêtre, religieux, pour, embrasser l'état ecelésiastique ou religieux, sont des expressions françaises.
25. L'Académie écrit, faisant, nous faisons, je faisais, ainsi que les dérivés faisable, bienfaisant, bienfaisance, contrefaisant; mais il faut prononcer ai comme si ces mots étaient écrits avec un e: fesant, nous fesons, je fesais, fesable, bienfesant, bienfesance, contrefesant. Il faut donc condamner l'orthographe que Voltaire avait mise à la mode et d'après laquelle on écrivait, fesant, je fesais, bienfesance, etc. Voyez e pour ai.
26. Fait-à-fait, à fait, fait et à mesure.—Ces expressions ne sont pas françaises; il faut dire, à mesure, au fur et à mesure, à fur et mesure, successivement, tour-à-tour:—on vous paiera à mesure que vous travaillerez; vous n'avez qu'à travailler et on vous paiera à mesure; travaillez, vous serez payé au fur et à mesure, à fur et mesure; vous serez payé à mesure de votre travail. Il faut préférer à mesure, à au fur et à mesure, fur et mesure.
27. Être au fait, mettre au fait, se mettre au fait, c'est-à-dire être bien instruit de, s'instruire de... sont des expressions françaises: quand vous serez au fait de votre métier; cette jeune fille est bien au fait du ménage; il se fut bientôt mis au fait de son nouvel emploi.
28. Au fait.—Ne dites pas: au fait de la comète, je vais vous conter une histoire; dites, à propos de la comète....
29. Ne dites pas non plus: c'est au fait de rire, de plaisanter, etc.; dites, c'est pour rire, c'est pour plaisanter.
Faisan, (coq sauvage), faisandeau, faisanderie, faiseur (ouvrier): prononcez fesan, fesandeau, fesanderie, feseur.
Fait, s. m.—Dans voies de fait, (violences) prononcez fête.
Falloir, v. n.—Ne dites pas: voilà ce qui nous faut, ce qui nous fallait; dites, ce qu'il nous faut, ce qu'il nous fallait.
2. Ne dites pas: il faut mieux étudier que jouer; dites, il vaut mieux...
Fameux, adj., renommé, célèbre, insigne dans son genre: fameux orateur, siège fameux, fameux voleur; c'est un fameux imbécile; voilà une fameuse bêtise.
2. Les wallons abusent de ce mot en l'appliquant à des choses d'une importance médiocre; ainsi ils diront: c'est un fameux, vous êtes un fameux, etc., au lieu de: c'est un espiègle, vous êtes un original, etc.;—on nous a servi un fameux jambon, (ou un terrible jambon); dites, un grand, un très-grand, un énorme jambon.
3. Ne dites pas non plus: goûtez-moi ce vin.—Fameux! dites, excellent, délicieux.—Vin fameux, pour vin renommé, est trivial.
Faner, v. a., signifie étendre l'herbe pour la faire sécher: faner le foin.—Faner ne peut pas s'employer neutralement; ne dites pas: ces fleurs commencent à faner; dites, ... à se faner.
Fange, s. f.—Beaucoup de wallons désignent, fort improprement, par ce mot une grande étendue de terrain inculte et couvert de bruyère; le mot fange a une tout autre signification. Traduisez par bruyère, lande, ou même par fagne qui figure dans quelques dictionnaires.
Faon, (petit d'une biche), faonner: prononcez fan, faner.
Faquin, est un terme de mépris qui signifie, homme de rien, qui fait des actions basses: ce n'est qu'un faquin; on l'a traité comme un faquin; c'est un métier de faquin: fieffé faquin.—Il ne faut donc pas employer ce mot dans le sens de, freluquet, coquet, pimpant, élégant: il était extrêmement pimpant; vous voilà bien pimpant aujourd'hui; faire le pimpant; etc.
Farce, se dit des actions qui ont quelque chose de plaisant, de bouffon ou de ridicule: faire une farce, des farces; faire une farce à quelqu'un; une bonne farce; quelle farce! il nous a donné la farce; c'est une farce que cela; c'est une vraie farce. (Acad.)—Faire ses farces (expression populaire), c'est se divertir d'une manière bouffonne: ces jeunes gens font leurs farces, ont fait leurs farces. (Acad.)
2. Farceur, se dit d'un homme qui fait des bouffonneries, qui est dans l'habitude d'en faire: un farceur insipide. (Acad.)—Il suit de là que les mots français farce et farceur ne correspondent pas exactement aux mots wallons farce et farceur; ceux-ci en effet ont une acception un peu détournée et se disent ordinairement d'un tour, d'une plaisanterie, d'une mystification, d'une espièglerie: cet écolier ne pense qu'à jouer des tours; je lui ai joué un bon tour; on m'a fait une méchante plaisanterie; vous avez fait là une dangereuse espièglerie.
3. Rendez le mot farceur par plaisant, qui aime les tours, espiègle, etc., selon le sens.
4. Ne dites pas farce pour farceur: cet homme est farceur; oh! que c'est farce! Cependant ce mot peut se dire des choses: une action farce, une parole farce, un maintien farce. (Bescherelle.)
5. Le verbe farcer, faire une farce, figure dans les dictionnaires de Bescherelle et de Poitevin.
Fashion (mode), Fashionable (à la mode), mots anglais: prononcez fachion, fachionable; néanmoins plusieurs prononcent fassion, fassionnable.
Fastes, s. m. pluriel, histoire; ce mot est masculin: les fastes glorieux de l'empire.
Fat, adj., impertinent; prononcez fate.
Fatal, ale, adj.—Le pluriel est fatals, mais il est peu usité.
Faubourg.—Prononcez fôbour.—Bourg final, ne fait pas entendre le g; Limbourg, Luxembourg, Cobourg; tandis que bourg, gros village, se prononce bourke.
Faubourien, ienne, adj. et s., homme du faubourg ou qui appartient au faubourg; ne dites pas faubourier, ni faubourtier.
Faute.—Ne dites pas: c'est de ma faute, si tu as perdu ton procès; dites, c'est ma faute ou c'est à moi la faute, si, etc.
2. Ne dites pas non plus: une faute d'attention; il faut dire, une faute d'inattention ou simplement, une inattention, une inadvertance: c'est une inadvertance; pardonnez-lui ses inadvertances; c'est une pure inattention, une faute d'inattention.—On dira très-bien au contraire: cet élève s'est trompé faute d'attention (l'attention lui a fait défaut).
Faux, s. f., instrument d'agriculture: la faux du temps.—On écrivait autrefois faulx.
Faux, fausse, adj.—Une fausse corde est une corde qui n'est pas au son voulu; une corde fausse est celle qui donne toujours un son faux.
2. Une fausse porte est une porte ignorée des importuns; une porte fausse est une porte figurée.
3. Un faux jour est un jour mauvais pour un tableau; un jour faux est un jour mal distribué dans le tableau.
Féconder, Fécond, etc.: prononcez fékonder, fékond, etc., et non fégonder, fégond.
Femme.—Ma femme, mon mari; voyez époux.
Fenaison, s. f., action de couper le foin; temps où on le coupe: on dit aussi, mais moins souvent, fanaison: pendant la fanaison; on dit également fanage et fauchaison.
Fénelon, n. pr.—On écrit et on prononce communément aujourd'hui en France, Fénelon et non Fénélon.
Fenêtre, Croisée: voyez croisée.
Fenil, s. m., lieu où l'on serre le foin; prononcez fenile.
Fer à cheval, fer de cheval.—On dit fer à cheval, quand il s'agit d'une table, d'un escalier ou de tout autre objet qui a la forme d'un fer qu'on met sous le pied d'un cheval: préparez une table de 30 couverts et disposez-la en fer à cheval.—On dit fer de cheval, quand il s'agit du fer même qu'on met au pied du cheval.
Férir, v. déf., frapper; vieux mot qui n'est plus usité que dans cette locution: sans coup férir.
Ferlaté, falsifié; dites frelaté: du vin frelaté.
Ferraille, Ferrure, Ferronnerie.—Le premier se dit collectivement d'une certaine quantité de vieux morceaux de fer usés ou rouillés: ce n'est que de la ferraille; vendeur de vieille ferraille.—Ferrure signifie garniture de fer: ferrure d'une porte; ferrure bien faite; la ferrure de ces roues n'est pas assez forte; la ferrure d'un vaisseau; les ferrures d'un gouvernail.—Ferronnerie, s'emploie pour désigner les ouvrages de fer en général;—le marchand qui vend de la ferronnerie prend le nom de ferronnier: acheter des chenets chez un ferronnier.
Ferré ou Ferret, perche munie d'un crochet de fer, à deux branches, l'une droite et l'autre courbe, dont on se sert pour pousser une barque; ces mots ne sont pas français; dites gaffe: pousser la barque au large avec la gaffe.
Fertin, menu poisson ou choses de peu de valeur; dites fretin.
Fesser, ne signifie pas clisser, entrelacer, ficeler; vous direz donc: une bouteille clissée, et non ... fessée.
Festival, s. m., grande fête musicale: le pluriel est festivals.
Feu.—Ne dites pas: le feu est dehors, ou est déteint; dites, est éteint.
2. Ne dites pas: il y a eu feu, ou le feu cette nuit-ci; dites, il y a eu un incendie.
3. Feu, Feue. adj.—Feu s'accorde avec son substantif, lorsqu'il le précède immédiatement: la feue reine, sa feue tante; mais il reste invariable, quand il en est séparé par l'article ou par un adjectif possessif: feu la reine, feu sa tante.
Fève, s. f., Féverole, s. f.: prononcez fè-ve, fé-v'role et non fè-fe, fé-f'role.
Fiacre, s. m., voiture de place; prononcez fia-cre (ia diphth.) et non fiaque, fiakère.
Fibre, filament délié des chairs, des plantes, est féminin: la fibre charnue, les fibres ligneuses. Prononcez fi-bre et non fi-pe ni fibère.
Ficelle, s. f.—Ne dites pas; cet homme est un peu ficelle; dites, est sujet à caution, est un fripon, un friponneau.
Ficher.—Ne dites pas, je m'en fiche; dites, je ne m'en soucie pas, je m'en moque: ficher, dans ce sens, n'est pas français.
2. Ne dites pas non plus: il lui a fiché ou fichu un soufflet; dites, il lui a donné, appliqué, administré un soufflet.
Fichu, ue, est un terme de mépris, bas et populaire, dont on ne doit pas se servir: voilà un fichu compliment.
Fief, s. m., domaine noble: prononcez fièfe.
Fiente, s. m., excrément de bête: prononcez fiante (ian diphth.)
Fier, ère. adj. hautain.—Fier homme (iron.), homme de peu de mérite;—homme fier, qui a de la fierté.—Prononcez le masc. fier comme le fém. fière.
Fier, v., commettre à la fidélité: prononcez fié, confié, défié, méfié (ié diphth.)
2. Ne dites pas: cet homme n'est pas à fier (flandr.); dites, cet homme n'est pas sûr, ne mérite pas confiance; ou bien, on ne peut pas se fier à cet homme.
Fièvre, s. f.—Ne dites pas: j'ai eu les fièvres; dites j'ai eu la fièvre. Prononcez fiè-vre et non fiévre ni fiè-fe ni fièvère.
Fignoler, v. n., faire l'élégant; ce mot est populaire.
Figue (faire la), mépriser quelqu'un, le braver, le défier, se moquer de lui: il fait la figue à tous ses ennemis. (Acad.)
Fil, de lin, de soie, etc.; prononcez file (l non mouillée).
2. Fil d'arka: écrivez et prononcez fil d'archal.
Filial, ale, adj.—Il n'y a point d'exemple du pluriel dans l'Académie: respect filial, piété filiale. Des grammairiens lui donnent le pluriel filials; Boinvilliers a dit, des sentiments filiaux.
Fille, s. f., filleul, fillette: mouillez les il, et ne dites pas file, fileul, filette.—Il en est de même de: anguille, bastille, camomille, cédille, charmille, chenille, cheville, coquille, esquille, étrille, famille, faucille, goupille, grille, guenille, lentille, pacotille, pastille, peccadille, quille, roquille, souquenille, vanille, vétille, vrille, etc. Voyez époux et demoiselle.
Filosenne, est un mot wallon qui se traduit par cordon, cordon de coton, cordon de soie.—Filoselle, dont on serait peut-être tenté de se servir, est un substantif féminin qui sert à désigner une espèce de grosse soie ou de fleuret, provenant de la bourre de la bonne soie et des cocons de rebut: des bas de filoselle;—comme on le voit, filoselle n'est pas du tout le filosenne wallon.
Filou, n'a pas de féminin; ne dites donc pas filoute.
Fils, s. m.—Quoique les grammairiens ne soient pas d'accord, nous pensons qu'il faut prononcer fice même devant une consonne; le repentir est fils de la vertu.
Fin.—Ne dites pas: vous avez pris la bille trop fine; dites, ... trop fin.
Finales (syllabes, lettres).—Nous ne saurions trop appeler l'attention des professeurs et des élèves sur la nécessité de bien prononcer les lettres et syllabes finales des mots. Les flamands aussi bien que les wallons ont à se mettre en garde contre plusieurs fautes; les premiers adoucissent généralement les fortes, tandis que les derniers renforcent les douces: les f, les p, les k, les ch, les t deviendront des v, des b, des g, des d dans la bouche d'un flamand; tandis que les wallons sont portés à faire des f, des k, des ch, des p, des t, là où il n'y a que des v, des g, des b, des d: donnons quelques exemples: un flamand prononcera parave pour parafe; attague pour attaque; vage pour vache; une pombe pour une pompe; il écoude pour il écoute. Le wallon à son tour dira: brafe pour brave; fromache pour fromage; une blaque pour une blague; une bompe pour une bombe; la bisse pour la bise, etc.—Ces défauts de prononciation, outre qu'ils prêtent au ridicule, donnent toujours une pauvre idée de l'éducation de celui qui n'a pas su s'en corriger; les professeurs donc ne sauraient y veiller de trop près, d'abord en prêchant d'exemple, et ensuite en se montrant d'une sévérité inexorable à l'encontre de ces défauts de prononciation de terroir.
2. Les wallons ont également beaucoup de peine à bien faire sentir les deux consonnes de certains mots, comme: est, ouest, tact, contact, lest, exact, infect, casque, secte, texte, prétexte, mixte, reste, il résulte, il inculque, liste, moraliste, burlesque, kiosque, etc.; généralement, ils négligent la dernière consonne et prononcent: esse, ouesse, take, contake, lesse, exake, infèke, casse, sèke, texe, mixe, resse, etc.
3. Il y a d'autres finales que les wallons et les flamands ne prononcent pas mieux: ce sont les ble, les ple, les gle, les dre, les tre, etc.—Supposons les mots: 172 aimable, exemple, règle, vendre, ventre, etc.: un flamand prononcera aimabèle, exempèle, règuèle, vendère, ventère, tandis qu'un wallon dira, aimape, exempe, rèke, vente, vente.—Ces vices de prononciation, pourtant si communs même chez les personnes les plus instruites, proviennent en très-grande partie de ce que les instituteurs et les professeurs n'ont pas assez exercé, n'ont pas brisé leurs élèves à la bonne prononciation. Nous recommandons beaucoup, comme un moyen de se corriger de ces sortes de défauts, la lecture ou la déclamation faite en commun et à haute voix; deux jeunes gens, vraiment désireux de se défaire de cette rouille de naissance ou de terroir, se réunissent: l'un fait la lecture et l'autre exerce charitablement l'office de censeur, mais d'un censeur impitoyable; et nous leur garantissons qu'en peu de temps ils parviendront à se faire une prononciation correcte.—Il y a encore d'autres finales que les wallons ou les flamands massacrent sans pitié: nous avons eu soin de les signaler en leur lieu et place.
4. Final, ale, adj., qui finit, qui termine.—L'Académie ne donne point d'exemple du pluriel masculin; de bons grammairiens disent finals.—Ce mot s'emploie substantivement, au féminin, pour signifier la dernière syllabe d'un mot: la finale de ce mot est longue.
5. Finale, terme de musique, morceau d'ensemble qui termine un opéra, un chœur, etc.; il est masculin: il y a du brio dans ce finale.
Finalement, signifie la même chose qu'enfin; ne dites donc pas, enfin finalement; un seul de ces mots suffit.—Ne dites pas non plus, en fin finale.
Finard, adj., fin, rusé dans les petites choses; ce mot n'est pas français; dites, finaud, finaude;—ce dernier mot est familier et ne se dit qu'en mauvaise part; il se prend aussi substantivement.
Finaud, e, qui est fin, rusé dans de petites choses: c'est un finaud.—Finard n'est pas français: voyez ce mot.
Finir.—Ne dites pas: je suis fini, pour exprimer que vous avez gagné: dites, j'ai fini.
2. C'est fini avec moi, disent les flamands, lorsqu'ils se croient sur le point de mourir; dites, c'est fini de moi, c'est fait de moi.
3. Ne dites pas: Nous avions fini avec lui; dites, nous en avions fini avec lui; je suis pressé d'en finir avec cet homme.
4. Ne dites pas: la fête finit avec un feu d'artifice; dites, ... par un feu d'artifice.
5. Finir, devant un infinitif, demande la préposition de: avez-vous fini de parler et non à parler?
Fisc, s. m., trésor de l'État; prononcez fis'que.
Fiscal, ale, adj.; le pluriel est fiscaux: droits fiscaux. (Acad.)
Fixement, adv., d'une manière fixe: regarder fixement:—prononcez et écrivez fixement et non fixément.
Fixer, signifie arrêter, attacher; jamais il ne veut dire regarder quelqu'un ou regarder fixement; dites, dans ce sens, fixer les yeux, la vue, ses regards sur quelqu'un ou quelque chose; ne dites pas: il nous a longtemps fixés; dites, il nous a longtemps regardés ou regardés fixement; il a longtemps fixé les yeux sur nous, et mieux, il a eu longtemps les yeux fixés sur nous.
2. Fixer les regards de quelqu'un, c'est devenir l'objet de son attention.
Flairer, Fleurer.—Flairer, c'est sentir par l'odorat: flairez cette rose.—Fleurer, c'est répandre une odeur: cela fleure bon.—Flairer ne signifie jamais puer. (Wall.)
Flamber, v. n., jeter de la flamme; ne dites pas flammer ni blamer.
Flanquer, dans le sens de jeter, lancer, est français, mais populaire: flanquer un soufflet, un coup de poing, une assiette à la tête de quelqu'un. (Acad.)
Flegme, s. m., sang-froid; prononcez fleghme en faisant sentir un g dur.—Ne dites pas: il est flegme, mais, ... flegmatique....
Fleuraison, s. f., le développement et l'épanouissement des fleurs; l'époque où les plantes fleurissent; l'état des plantes en fleur. L'Académie donne aussi le mot floraison, et renvoie à fleuraison.—Quoi qu'il en soit, le mot floraison nous paraît être aujourd'hui plus usité que fleuraison.
Fleur de lis: voyez lis.
Fleur d'orange.—Quoique, à la rigueur, on peut dire fleur d'oranger, la première expression est pourtant reçue et consacrée par l'Académie: un médecin, un pharmacien pourront néanmoins dire fleur d'oranger, mais dans le style ordinaire et dans le style de la conversation, on dit fleur d'orange.
2. Le mot fleur seul, ne signifie pas farine; dites donc, allez m'acheter une livre de fleur de farine; et non, ... une livre de fleur.
Fleurir.—Au propre, il signifie, être en fleur: les pêchers fleurissaient déjà, lorsque la gelée est survenue; les prés fleurissants, les plaines fleurissantes.—Employé au figuré, c'est-à-dire, lorsqu'il signifie, être dans un état de prospérité, de splendeur; être en crédit, en honneur, en réputation, il fait florissant, florissante; les lettres étaient alors très-florissantes. Lorsqu'on parle d'une personne ou d'une collection de personnes, comme d'une ville, d'un peuple, d'un état, il fait toujours florissait à l'imparfait de l'indicatif: Athènes florissait sous Périclès; ces empires florissaient alors.—Mais quand on parle de choses, il fait fleurissait et florissait: les sciences fleurissaient ou florissaient sous le règne de ce prince. (Acad.)
Flic-Flac, bruit de plusieurs coups de fouet, de plusieurs soufflets donnés coup sur coup.
Floche pour signifier houppe, gland, n'est pas français; il a un gland à son bonnet et non, ... une floche.
Floquet, mot wallon; dites nœud, boucle: nouer à boucles; un beau nœud.
Flouer, Floueur, Flouerie, sont des termes populaires: dites plutôt tromper, trompeur, tromperie; duper, dupeur, duperie, etc.
Fluide, adj., qui coule aisément; prononcez flui-de (ui diphth.) et non flu-ide ni flu-wide, ni fluite.
Flume ou Flimme, humeurs que l'on jette en crachant; ce mot n'est pas français; dites flegme, crachat.
Flux, s. m., mouvement de la mer, dévoiement; prononcez flu, l'x, dans flux et reflux, ne se prononce pas devant une consonne et il prend le son de z devant une voyelle: le flux (z) et le reflux de la mer.
Foible: voyez faible.
Foie, viscère, est masculin: pâté de foie gras; prononcez foî et non foye.
Fois.—Ne dites pas: une fois pour tout, mais, une fois pour toutes.
2. Ne dites pas: je lui avais dit ça l'autre fois; dites, l'autre jour.
3. Ne dites pas: toutes fois qu'il vient, je m'en vais; dites, toutes les fois ou chaque fois qu'il vient.
4. De fois à autres, de temps en temps, est une locution française.
5. Les flamands emploient très-mal l'expression une fois; dites une fois, venez une fois, laissez-moi voir une fois, etc.—Il faut absolument bannir ce flandricisme du langage correct et le supprimer entièrement, ou bien, lorsque le sens le permet, le rendre par ça! donc, un peu: ça! dites-moi, venez-donc, laissez-moi voir un peu.—Il en est de même du mot seulement que les flamands emploient si souvent d'une manière impropre 176 et à peu près dans le même sens qu'une fois: courez seulement, aidez-moi seulement; etc. Remplacez ce ridicule seulement par le mot que le sens vous indiquera, comme çà, donc, un peu, etc.
Foison, s. f., ne prend pas l'article et n'a point de pluriel: il y aura foison de fruits cette année;—on l'emploie aussi comme adverbe, précédé de la préposition à: il y a de tout à foison. Prononcez foizon et non foisson.
Folio, s. m.; mot emprunté du latin et qui signifie feuillet: folio 4, au folio 20.—On appelle folio recto ou simplement recto, la première page du feuillet, et folio verso ou simplement verso, le revers ou la seconde page;—au pluriel folios.
2. In-folio, se dit du format d'un livre où la feuille est pliée en deux: saint Thomas a écrit vingt volumes in-folio; au pluriel des in-folio.
Foncer, v. a.—Ne dites pas, foncer une porte; dites, enfoncer une porte: foncer, c'est mettre un fond: foncer un tonneau.
Fond, Fonds, Fonts.—Fond s'écrit sans s toutes les fois qu'il signifie l'endroit le plus bas, le plus intérieur, le plus éloigné de l'entrée, de l'abord, de l'ouverture d'une chose creuse; le fond d'un puits, d'un tonneau, d'un sac, d'un abîme, d'une boutique, d'un cachot, d'une haie, d'un port; le fond d'un chapeau, d'un coffre.—Fond (sans s) se dit aussi d'un terrain considéré surtout par rapport à son degré de fermeté, à sa qualité, à sa composition: bâtir sur un fond peu solide; vous avez choisi là un bien mauvais fond; un fond d'argile.—Fond, en parlant d'étoffes, signifie la première ou la plus basse tissure sur laquelle on a fait quelque dessin ou quelque ouvrage; il se dit aussi de l'étoffe même sur laquelle on brode, du champ sur lequel les figures d'un tableau sont peintes, des plans 177 plus reculés d'un tableau: velours à fond d'or, broderie sur fond de satin; un paysage sert de fond au tableau.—Au figuré, fond signifie ce qu'il y a d'essentiel dans une chose, et il est opposé à l'accessoire, à l'apparence, à la forme: le fond d'une doctrine, le fond d'un ouvrage, le fond d'une histoire, le fond d'un procès, un fond de raison, la forme l'emporte sur le fond.
2. Fonds (avec une s) signifie le sol d'une terre, d'un champ, d'un héritage, somme d'argent plus ou moins considérable: cultiver un fonds, bâtir sur son fonds, sur le fonds d'autrui; le fonds de la banque; fonds social; bailleur de fonds; être en fonds; les fonds publics; le fonds (le capital) et le revenu; fonds de commerce; fonds de magasin.—Au figuré, on le dit de la capacité, du savoir, de l'esprit, de la probité: cet homme a un fonds de vertu, un grand fonds d'esprit.—Biens-fonds se dit des biens immeubles.—Le fonds et le très-fonds, c'est le fonds (le sol, la propriété, etc.) et tout ce qui en dépend: on écrit aussi tréfonds.
3. Fonts, s. m. pluriel (on ne prononce ni le t ni l's): c'est le bassin où l'on conserve l'eau dont le prêtre se sert pour baptiser: les fonts baptismaux; tenir un enfant sur les fonts.
Fondation, s. f., Fondement, s. m.—Fondation signifie l'ensemble des ouvrages nécessaires pour asseoir les fondements d'un édifice; on l'emploie ordinairement au pluriel. Les fondations d'un édifice comprennent l'excavation du terrain, et, lorsqu'il est nécessaire, le pilotis à établir pour affermir le sol: faire les fondations d'un bâtiment. L'Académie fait remarquer que ce mot s'emploie quelquefois abusivement pour les fondements mêmes.—Fondation signifie encore le fossé, la tranchée qu'on fait pour y placer des fondements: creuser la fondation, les fondations.—Fondement se dit quelquefois au pluriel du fossé que 178 l'on creuse pour commencer à bâtir; cependant, le mot fondation est préférable dans ce sens.—Fondement signifie encore, et c'est là son acception ordinaire, la maçonnerie qui sert de base à un édifice, à une construction, et qui se fait dans la terre jusqu'au rez-de-chaussée; il s'emploie surtout au pluriel: poser, jeter les fondements d'un édifice. (Acad.)
Force, s. f.—Ne dites pas: il y avait force de monde; dites, beaucoup de monde.
2. Ne dites pas: il a force d'argent, force de bijoux, force d'amis; retranchez de et dites, force argent, force bijoux, force amis.
3. De force que.—Ne dites pas: elle est tombée de force qu'elle riait; dites, elle est tombée à force de rire. On peut aussi remplacer de force que par tant, comme dans ces phrases: il a fallu me porter, tant j'étais faible; il tremblait de tous ses membres, tant il avait peur (et non de force que j'étais faible ou qu'il avait peur.)
Forceps, s. m., instrument de chirurgie: prononcez forcep-ce, en faisant sentir le p et l's.
Forcer.—Ne dites pas: on lui a forcé de se taire; dites, on l'a forcé de se taire; forcer est un verbe actif.
2. Ne dites pas: il fut forcé malgré lui; dites simplement, il fut forcé, car c'est toujours malgré soi qu'on est forcé.
3. Forcer, suivi d'un infinitif, prend la préposition à ou de: il fut forcé de partir; on le força à signer. (Acad.)
Forcettes, n'est pas français; dites forceps.
Format, d'un livre: voyez in-douze.
Fort.—Cela est fort, Flandr.:—voyez faible.
2. Fort en et fort sur. On dit: cet élève est fort sur la philosophie, sur l'histoire; elle est très-forte sur le piano, sur la harpe; mais on dit: il est fort aux échecs, au piquet. (Acad.)
3. Fort (se faire).—Dans l'expression verbale se faire fort, c'est-à-dire, s'engager à quelque chose, fort est toujours invariable: elle se fait fort de l'obtenir; ils se faisaient fort d'une chose qui ne dépendait pas d'eux. (Acad.)
4. Il est fort et hardi:—ne prononcez pas for-té hardi mais for-é hardi.—Dans fort, adj., le t ne se lie pas avec la voyelle qui suit; il en est de même des mots en ard, ord, ort, comme hasard, abord, port, sort, mort, etc.; et des verbes terminés en ert, ort.—Mais le t final de fort adverbe, se lie avec le mot suivant dont il détermine le sens: homme fort habile, fort incommode, fort à l'aise.
Fortement, adv.—Ne dites pas: il pleut fortement, il gèle fortement; dites, il pleut fort, il gèle fort.
2. Ne dites pas: sa perte sera fortement ressentie; dites, sera vivement ressentie, parce qu'il s'agit ici d'un sentiment; fortement (avec énergie, au figuré) ne se dit en effet que de l'esprit et non du cœur: c'est un ouvrage fortement pensé; il a parlé fortement. (Acad.)
Fortifier, v. ac.—Ne dites pas: cet enfant a beaucoup fortifié depuis un an; dites, s'est beaucoup fortifié.
Fortuné, adj., signifie heureux; c'est à tort donc que quelques-uns l'emploient dans le sens de riche, qui a de la fortune: un homme fortuné; dites, un homme riche ou qui a de la fortune.
Forum, s. m., place où le peuple discutait les affaires publiques à Rome: prononcez forome.
Fosse, s. f.—Ne dites pas: il a la fosse au menton; dites, ... la fossette...
Fou, signifie quelquefois, excessif, prodigieux: il y avait à la fête un monde fou; un luxe fou; il en demandait un prix fou (et non de fou).
Foudre, est masculin, lorsqu'il désigne, 1o une certaine représentation de la foudre: les armes de 180 l'empire français sont un aigle tenant un foudre dans ses serres; 2o une grande tonne propre à contenir les liquides: le célèbre foudre d'Heidelberg: et dans les deux expressions suivantes: un foudre de guerre, un grand capitaine, comme Napoléon 1er; un foudre d'éloquence, un grand orateur, comme Bossuet.—Il est féminin, quand il désigne le tonnerre: être frappé de la foudre; la foudre sillonne les nues. Cependant, dans ce sens, il est quelquefois masculin en poésie et dans le style soutenu: être frappé du foudre; expirer sous les foudres vengeurs. (M. l'abbé Péters, Grammaire.)—Prononcez fou-dre et non fou-de, fou-te ni foudère.
Fouet, Fouetter: prononcez fouè, fouèter.
Fouine, s. f., grosse belette: prononcez fouine (oui diphth.) et non fou-ine ni fouwine.
Fouir, signifie creuser la terre avec un instrument: il faut fouir bien avant pour trouver de l'eau dans cet endroit.—Mais si l'on veut parler du travail du sanglier, du cochon, de la taupe, etc., on se sert du verbe fouiller: les sangliers, les cochons fouillent; la taupe a fouillé là.—Enfin on dira bècher, et non fouir, un jardin, une terre.—Prononcez fou-ir et non fou-wir.
Fourche (à la), négligemment, grossièrement; cette locution est française: cela est fait à la fourche.
Fourchu.—Ne dites pas: pied fourchu, mais pied fourché, pied fendu en deux; on dit aussi chemin fourché quand il se divise en deux.—Fourchu a le même sens, mais il ne s'emploie que dans certaines locutions comme menton fourchu, barbe fourchue, faire l'arbre fourchu (mettre la tête en bas, les pieds en haut, écartés l'un de l'autre.)
Fourmille.—Ne dites pas: une fourmille d'enfants, pour indiquer un grand nombre d'enfants; dites, une fourmilière d'enfants, une marmaille d'enfants.
Fournil, s. m., lieu où est le four; prononcez fourni.
Fouter (se), est un terme ignoble et sévèrement proscrit; les auteurs par pudeur dissimulent ce mot par la lettre initiale suivie de points suspensifs: f.....
Frac, redingotte, est masculin: un beau frac; prononcez fraque.
Fragment, s. m., morceau: prononcez le g dur.
Fraîchir, ne signifie pas mouiller: il craint de se mouiller (et non de se fraîchir) les pieds.
Frais, féminin fraîche (il faut se garder de dire fraîche au masculin).—Ce mot signifie, un peu froid, récent, non salé, brillant, vigoureux: il fait froid en hiver; il fait frais dans les belles nuits d'été; un vent frais (un peu froid); une nuit fraîche; avoir les mains fraîches (froides); du pain frais (nouveau); du porc frais (non salé); mettre des fleurs dans un vase avec de l'eau pour les tenir fraîches; ce vieillard est encore très-frais (vigoureux).
2. Frais, ne peut pas s'employer dans le sens de mouillé, trempé, humide: je suis mouillé (et non frais) comme un canard; il est tout trempé (et non frais) de sueur; il a pleuré, il a encore les yeux tout humides (et non tout frais); la terre est encore tout humide (et non toute fraîche). (Wall.)
3. Faire frais, signifie faire un peu froid et non faire humide, faire mouillé.—Ne dites jamais frisse pour frais: frisse est wallon.
Fraisil, s. m., cendre du charbon de terre dans une forge: prononcez fraisi et non fraisile.
Franc, adj., ne peut pas s'employer dans le sens de hardi, effronté, qui a de l'assurance; ne dites donc pas: ce déclamateur est franc devant le public; dites, ce déclamateur a de l'assurance, etc.
2. Un franc menteur est un menteur avéré; un homme franc est un homme sincère.
3. Franc de port.—Dans cette expression, l'adjectif franc, est invariable, quand il précède le substantif qu'il modifie: vous recevrez franc de port (franco) la 182 lettre que je vous envoie. Il s'accorde, quand il vient après ce substantif: la lettre que j'ai reçue était franche de port.
4. Le c de franc ne se prononce que devant une voyelle: un franc animal (fran-k'animal).
5. Franc, s. m.—Ne dites pas: un franc et demi, un franc et quart; dites, un franc et cinquante centimes, un franc et vingt-cinq centimes.
Frangipane, s. f., sorte de pâtisserie; écrivez et prononcez frangipane et non franchipane.
Frappant neuf.—Ne dites pas, un habit tout frappant neuf, mais, tout battant neuf.
Frayeux, pour coûteux, dispendieux, dépensier, n'est pas français: les voyages sont coûteux (et non frayeux); une femme très-dépensière (et non très-frayeuse).
Fredaine, s. f.—Écrivez et prononcez fredaine et non frèdaine, ni ferdaine.
Freluquet, s. m., damoiseau;—écrivez et prononcez freluquet et non fréluquet ni ferluquet.
Frères, consanguins, utérins, germains: voyez germain.
Fret, s. m., louage d'un vaisseau; prononcez frète.
Friand, de, adj., qui aime la chère fine et délicate: prononcez fri-an et non fri-ian.
2. Friand, Gourmand, adj.—Friand se dit de celui qui aime, recherche, connaît et savoure les morceaux délicats.—Le gourmand aime à faire bonne chère; le glouton et le goinfre semblent, dans leur voracité, vouloir tout engloutir dans leur estomac.
Fricandeau.—C'est du veau lardé; ne dites pas, un frécandeau.
Fricassée, ne se dit que des viandes fricassées: manger d'une fricassée de poulets; une fricassée de pieds de mouton.—Fricassée, dans le sens que les wallons lui donnent, c'est-à-dire du lard ou du jambon cuit dans la poêle avec des œufs battus, se rend en français par le mot omelette.
Fricasser, Frire.—Fricasser, c'est faire cuire dans la poêle, dans une casserole, etc., quelque chose après l'avoir coupé par morceaux: fricasser des poulets, des navets, des carottes, des pommes de terre, etc.
2. Frire, c'est faire cuire dans une poêle avec du beurre roux ou du sain-doux ou de l'huile: frire des oeufs, des côtelettes; le beurre frit dans la poêle; poisson frit, artichauts frits, pommes de terre frites.
Fricot, signifie ragoût, viande fricassée, toute sorte de mets, régal, bon repas, etc., mais il est populaire.
Frileux, euse, adj.: les vieillards sont frileux; ne dites pas frilieux ni fruleux.
Frimousse, s. f., mine, visage: quelle frimousse!—Ce terme est méprisant et populaire.
Fringale, s. f.—Ce mot n'est pas français; dites faim canine.
Friper, dans le sens de manger avec avidité, goulûment, est français, mais il est bas.
Frisquin (saint), tout ce qu'on possède: on doit dire frusquin, saint-frusquin, saint-crepin: il a perdu tout son frusquin, son saint-frusquin; perdre son saint-crepin; porter tout son saint-crepin;—saint-frusquin se dit principalement de l'argent et des nippes et saint-crepin, de la fortune en général.—Écrivez et prononcez crepin et non crépin ni crespin.
Froc, s. m., habit de moine: prononcez froke.
Froid.—On ne dit pas avoir froid (ou avoir chaud) des pieds, des mains, etc.; on ne dit pas non plus avoir froid (ou avoir chaud) les pieds, les mains, etc.;—on doit dire: avoir froid (ou avoir chaud) aux pieds, aux mains, etc. Par conséquent on doit dire en parlant des mains, des pieds, etc.: j'y ai eu froid (ou chaud) et non j'en ai eu froid.
2. Ne dites pas: j'ai gagné un froid qui me fait tousser; dites, j'ai gagné un rhume; je suis pris, j'ai été pris, saisi d'une fraîcheur, d'un rhume, d'un refroidissement.
3. Froid (battre), v. n., est français et signifie recevoir une proposition d'une manière à faire voir qu'on n'est pas disposé à l'accepter.
4. Faire froid, et plus souvent, battre froid à quelqu'un, c'est le recevoir avec moins d'empressement, avec un visage moins ouvert qu'à l'ordinaire. (Acad.)
Froidir, v. n. et pronom., devenir froid: il a laissé froidir son dîner: ce mot est vieux, on dit plutôt refroidir, se refroidir.
Froidure, froideur, froid. Froidure se dit uniquement du froid répandu dans l'air: j'ai supporté la froidure des climats.—Froideur s'emploie toujours au figuré et signifie indifférence, insensibilité: je n'ai pu endurer la froideur des grands.—Beaucoup de personnes emploient abusivement ces expressions pour le mot froid.
Fromage.—Dites un fromage d'Edam (espèce de fromage de Hollande fabriqué à Edam) et non fromage de dames.—Prononcez froma-ge et non froma-che.
Frugale, ale, adj., qui vit de peu; ce mot n'a pas de pluriel masculin (Acad.)—Quelques grammairiens disent frugals, d'autres, frugaux. Cette dernière forme serait préférable, si le plur. masc. devenait nécessaire.
Fruit, s. m.—On ne dit pas: manger un fruit, mais, manger du fruit.—Ne dites pas non plus: il lui a donné un fruit pour son goûter; dites, il lui a donné du fruit ou bien, il lui a donné une pomme, une poire, un raisin.
Fumé.—Ne dites pas, de la viande enfumée, un jambon enfumé, mais, de la viande fumée, un jambon fumé.
Funéraire, adj.—Ne dites pas: un service funéraire, un service mortuaire; dites, un service funèbre.
2. Funèbre, est un adjectif propre à dépeindre tout ce qui accompagne les funérailles, et par extension tout ce qui a un air de mort: pompe, appareil, honneurs, ornements, chant, convoi funèbres; images funèbres; oiseaux funèbres...
3. Funéraire est, comme mortuaire, un terme abstrait, de légiste, d'homme d'affaires, d'intendant, qui convient surtout, sinon uniquement, dans la locution, frais funéraires; on dit un drap mortuaire, registre mortuaire, extrait mortuaire, droits mortuaires.
Fur.—Au fur et à mesure, à fur et mesure: ces deux expressions signifient à mesure, à proportion: je travaillerai au fur et à mesure que vous m'apporterez de l'ouvrage; voyez fait-à-fait.
Furieux, furieusement.—Ces mots s'emploient figurément et familièrement dans le sens de prodigieux, qui est excessif et extraordinaire dans son genre, et alors il précède toujours le substantif: c'est un furieux mangeur, un furieux menteur; voilà un furieux travail; il s'est donné un furieux coup, une furieuse entorse; il fait une furieuse dépense; voilà un furieux poisson; il est furieusement grand, il est furieusement riche; il ment furieusement; elle est furieusement laide. (Ac.)—Voyez terrible et terriblement.
Fusil, s. m.—L'l finale ne sonne pas (fuzi), non plus que dans les mots baril, chenil, coutil, fenil, outil, persil, sourcil.
G.—Devant a, o, u, il se prononce dur; devant e et i il s'amollit et se prononce comme j.
2. Dans le premier cas, les flamands doivent se garder de prononcer le g du gosier; ils ne doivent pas prononcer ghagner, ghobelet, ghide, mais gagner, gobelet, guide.—Devant e et i ils doivent éviter de le prononcer comme se, sé ou sié: sibier, siémir, silet, sielée, fromase, etc., pour gibier, gémir, gilet, gelée, fromage.
3. Les wallons, de leur côté, sont exposés à prononcer la syllabe ge comme che: ramache, plumache, rouche, horloche, prodiche, granche, sonche, lochement, juchement, prolonchement, etc., au lieu de ramage, plumage, rouge, horloge, prodige, grange, songe, logement, jugement, prolongement.—Nous recommandons beaucoup aux professeurs, d'abord de se surveiller eux-mêmes et ensuite de donner à leurs élèves force exercices, afin de les initier bon gré mal gré à la bonne prononciation.
4. Le g final, suivi d'une voyelle se prononce ordinairement comme k: un long hiver; à la fin de certains mots il ne se prononce pas, même devant une voyelle: étang, seing, etc.
Gage.—En parlant du salaire des domestiques et des gens de service, ce mot ne s'emploie qu'au pluriel: gagner de gros gages (et non un gros gage); les gages d'un laquais, d'une servante.—Appointements se dit des emplois plus relevés;—honoraires et émoluments se disent des professeurs, des médecins, des avocats, et de ceux dont on obtient quelque conseil ou quelque service honorable.—Prononcez gaje et non gache.
Gageure, s. f., pari; prononcez gajure (Acad.); il faut préférer les mots pari et parier aux mots gageure et gager.
2. Gager, Parier.—Ne dites pas gager, parier pour une somme, mais, gager, parier une somme: je gage, je parie cent francs, ma montre, ma tête que....
Gagne, dans le sens de gain, et gagnage, dans le sens de ouvrage, travail, gain, ne sont pas français.
Gagner.—Ne dites pas en parlant du jeu: je suis gagné, je suis perdu; dites, j'ai gagné, j'ai perdu.—On dit gagner une bataille et remporter une victoire.—Prononcez gagner (a bref) et non gâgner (â long).
Gaiement, adv. Gaieté, s. f.: on écrit aussi gaiment, gaîté.
Galant, te, adj.—Un galant homme est un homme poli et serviable; un homme galant est celui qui cherche à plaire.
Galette, Gauffre.—Une galette est une espèce de gâteau cuit au four, qui a la forme d'un pain aplati.—Les gauffres sont cuites entre deux fers et présentent à la surface de petits carreaux ou des dessins en relief.—Il faut donc nommer gauffre ce qu'on appelle généralement galette:—galet, dans ce sens, n'est pas français.
Galop, s. m., dans le sens de savon, réprimande, semonce, saccade, garde, est un terme populaire: prononcez galô (ô long).
Gangrène, s. f.—On prononce cangrène selon l'Académie qui écrit aussi cangrène; nous ferons toutefois remarquer que la prononciation gangrène commence à être en faveur; il en est de même de gangrener, gangreneux.
2. Ne dites pas gangrin-ne mais gangrè-ne; prononcez gangrener, gangreneux et non gangrèner, gangrèneux.
Garçons, s. m.—Ne dites pas: les garçons ne sont pas à la maison; dites, les enfants, mes enfants, mes frères...
Garde à (prendre), et Prendre garde de.—Prendre garde à, s'emploie surtout avec un substantif pour complément: prenez garde à ce cheval, à ce fossé.—Avec un verbe, on met plutôt de: prenez garde de tomber, prenez garde de vous brûler.
2. Quand on met à devant un infinitif, c'est pour indiquer ce qu'il faut faire et non ce qu'il ne faut pas faire: prenez garde à ne pas tomber; prenez garde à bien conserver votre équilibre; prenez garde à bien sauter.
3. Garde, s., est féminin, quand il désigne tout un corps: la garde royale, la garde d'honneur, la garde nationale, la garde civique. Mais il est masculin, quand il désigne une ou plusieurs personnes tirées d'un corps: un garde royal, un garde civique, c'est-à-dire, un homme qui fait partie de la garde royale, de la garde civique.
4. Garde-enfants ou garde-d'enfants: dites une bonne d'enfants ou simplement une bonne.
5. Garde-champêtre, s. m.: prononcez gar-de-cham-pê-tre et non garte-champette ni garde-champêtère.
6. Garde-Chasse, s. m.: prononcez gar-de chasse et non garte-chasse; il en est de même de garde-corps, garde-fou, garde-forestier, garde-malade, etc.
7. Garde-robe, s. f.: prononcez gar-de-ro-be et non gart'rope.
Gare, Garde.—On dit gare dessous, gare l'eau, gare la bombe, gare le fouet; frapper sans dire gare; si vous faites cela, gare les conséquences. Mais il faut dire garde (et non gare) à vous (sous-entendu prenez.)
Garni.—On dit, une robe garnie d'or, de dentelle; un chapeau garni de fleurs, et non, une robe garnie en or, en dentelle, ... en fleurs. (Acad.)
Garnisaire.—Prononcez garnizaire et non garnissaire, homme en garnison chez un débiteur ou chez le débiteur du gouvernement.
Gasse, est wallon, dans le sens de banquet, gala.
Gastrique, est un adj.; il signifie qui tient ou appartient à l'estomac: le suc gastrique.
Gastrite, s. f., est une inflammation de l'estomac: il souffre d'une gastrite et non d'une gastrique.
Gâter, Gâteau: prononcez â long: gâter, gâteau.
Gaudron, Gaudronner, pour goudron, goudronner, sont des barbarismes.—Gaudronner et godronner ont une toute autre signification.
Gaz, s. m., fluide aériforme: prononcez gâze et non gâce.
Gaze, s. f., espèce d'étoffe: prononcez gâze et non gâce.
Geai, s. m., oiseau.—Ne dites pas, noir comme du geai mais noir comme du jais ou comme jais: le jais est une pierre noire susceptible d'un beau poli.
Géant, fait géante et non géane au féminin.
Gelée, Gelure, s. f.—Ne dites pas: j'ai des gelées ou des gelures aux pieds, mais, j'ai des engelures aux pieds: prononcez geler, gelée et non gèler, gèlée.
Geler: voyez engeler.
Gémeaux: voyez jumeau.
Général, s. et adj.: prononcez général et non gènèral ni gènèrâl.
Génie.—Officier de génie signifie, officier qui a du génie; officier du génie se dit d'un officier qui appartient au corps nommé le génie: on peut donc être officier du génie sans être officier de génie et vice-versâ.—Prononcez génî (î long) et non géniïe.
Genièvre, s. m., boisson: prononcez geniè-vre et non genièfe ni genèvre.
Genre des mots.—Nous donnons la liste des mots dont le genre peut paraître douteux et de ceux auxquels on donne souvent un genre contraire à l'usage.
2. Noms masculins auxquels on donne quelquefois, par erreur, le genre féminin:
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3. Noms féminins que, par erreur, on fait quelquefois masculins:
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Pour les substantifs qui, d'après leurs différentes acceptions ou leurs divers genres, ont des genres doubles, voyez le Dictionnaire.
4. Genre, s. m.—Ne dites pas: cette plaisanterie, cette manière de parler est de bon, de mauvais genre; dites, de bon, de mauvais goût; de bon, de mauvais ton.
5. Ne dites pas: homme de bon genre, femme de mauvais genre; dites, homme du bon ton, femme du 193 mauvais ton.—On dit aussi: homme qui sait bien le monde, qui sait bien son monde, homme du grand monde.
6. Ne dites pas: être vêtu dans le bon genre; dites, avec goût, à la mode, à la dernière mode.—Prononcez jan-re et non jâ-re.
Gens.—Gens, veut au féminin les adjectifs qui le précèdent, et au masculin ceux qui le suivent: de dangereuses gens, des gens dangereux; quelles gens! de telles gens sont à plaindre; je m'accommode de certaines gens, mais non de toutes gens.—Exceptions: Les adjectifs tel, quel, certain, maints, tout, se mettent au masculin:—1o quand l'adjectif qui les suit n'a qu'une seule terminaison pour les deux genres: quels braves gens! certains honnêtes gens; maints jeunes gens; tous les jeunes gens.—2o Quand le substantif gens est suivi d'un ou de plusieurs mots qui restreignent sa signification: quels gens adroits! certains gens d'affaires; tous les gens sensés; tous gens bien connus; tous ces gens-là; tous les gens de loi, d'église, etc.—3o Quand ils ne sont pas suivis immédiatement de leur substantif: quels sont ces gens-là? tels sont les gens que vous fréquentez.—Lequel suit la même règle: lesquels de ces bonnes gens voulez-vous récompenser?—Quant aux participes passés, ils se mettent toujours au masculin: instruits par l'expérience, les vieilles gens sont ordinairement prudents; ce sont les meilleures gens que j'aie jamais vus. (M. l'abbé Péters, Grammaire.)
2. On prononce gean, devant une consonne ou une h aspirée ou lorsque gens est seul ou à la fin d'une phrase: gens peureux, gens hardis. Devant une voyelle ou une h muette, prononcez geanze: gens instruits, gens habiles.—Ce mot n'a pas de singulier; en vers, dans les genres légers, gent s'emploie pour race: la gent trotte-menu (les souris), la gent marécageuse (les grenouilles). (Lafontaine.)
Gentil, adj.—L'l ne se prononce que devant une voyelle et dans les mots composés, et il prend alors le son mouillé un gentil (genti) garçon; un gentil (gentille) enfant; la gentillesse (gentiliesse); un gentilhomme (gentiliome); gentilhommerie (gentiliomerie).
2. Un gentilhomme est un homme de naissance noble; un homme gentil est un homme d'un commerce agréable, de manières affables.
3. Au pluriel, l'l ne se prononce pas: de gentils (gentis) enfants, des gentilshommes (gentisomes); les gentils (genti), c'est-à-dire, les payens, les idolâtres.
4. Au féminin, gentille, les ll sont également mouillées: une gentille fille.
5. Gentil signifie joli, agréable, gracieux et non laborieux, actif: ce bijou est gentil; des manières gentilles; une chanson fort gentille; faire le gentil (l'agréable).
Gentleman, s. m., titre en Angleterre: prononcez dgenn'tlemène.
Geôlier, Geôle, Geôlage: l'o est long, et l'e ne se fait pas sentir: jôlier, jôle, jôlage.
Géranium, s. m., plante: prononcez géraniome.
Germains, Consanguins, Utérins.—Des frères germains sont enfants du même père et de la même mère;—des frères consanguins sont enfants du même père, mais de différentes mères;—des frères utérins sont enfants de la même mère, mais de pères différents.
Gérofle, s. f.; girofle est plus usité: des clous de girofle.—Prononcez le fle.
Gestion, s. f., action de gérer: prononcez ges'thion en faisant sentir l's et le t comme dans gesticuler; ne dites pas gécion.
Gibelotte.—On dit une gibelotte de lapin; le mot civet se dit proprement du ragoût fait de chair de lièvre.
Gifle et Gifler sont français, mais populaires; dites, tape, claque, soufflet, taloche. Il faut en dire autant de calotte.—Au lieu de gifler et de calotter, dites taper, claquer, souffleter: je vous taperai; elle soufflette son enfant pour les moindres choses.
Gigier, n'est pas français; dites gésier, pour signifier le second ventre de certains oiseaux qui se nourrissent de graines.
Gigot, s. m.: le t ne se prononce pas.—C'est mal s'exprimer que de dire un gigot de mouton, car le mot gigot signifie à lui seul une cuisse de mouton; dites simplement un gigot.
2. On ne dit pas une gigue de mouton, mais on dit une gigue de chevreuil.
3. Ce mot n'est pas français dans le sens de mauvaise monnaie.
Gingembre, s. m., racine des Indes qui a un goût de poivre; écrivez et prononcez gingembre et non gingenvre.
Gironnée, capacité du giron, n'est pas français.
Gisant, gisons, gisez, gisent, gisait, gisement, etc.—Quelques-uns doublent l's, et quoiqu'il en soit, on doit prononcer l's dure comme si elle était double: son cadavre gisait (gissait) dans son sang.
Gît.—Ci-gît, formule ordinaire par laquelle on commence les épitaphes; l'Académie ne dit pas si, lorsqu'il est question de plusieurs personnes, on doit dire ci-gisent; nous pensons que la grammaire l'exige.
Gîte.—Ce mot est masculin: chercher un gîte.
Glaire, humeur visqueuse, est féminin: glaires teintes de sang.
Glissoire, Glissade, Glissement.—Beaucoup de personnes, et surtout les écoliers, confondent ces trois mots.—Une glissoire est un chemin frayé sur la glace pour glisser en jouant; une glissade se dit de l'action 196 de glisser involontairement; un glissement se dit de l'action de glisser: ce dernier mot est peu usité.—Glisse, dans le sens de glissoire, n'est pas français.
Gloire.—Ne dites pas: je me fais gloire d'être votre ami; je m'en fais gloire; dites, je fais gloire d'être votre ami; j'en fais gloire.—Cependant on dit quelquefois se faire une gloire de quelque chose. (Acad.)
Gloriette, dans le sens de berceau, de cabinet de verdure, est français. (Bescherelle, Poitevin).
Glorieux, plein de vanité, de bonne opinion de lui-même, est français: il a du mérite, mais il est un peu glorieux; il est sot et glorieux; c'est un esprit glorieux. Il s'emploie quelquefois substantivement dans un sens analogue: les glorieux se font haïr; c'est un glorieux, c'est une petite glorieuse. (Acad.)
Gne, Gn.—Prononcez ensei-gner, enseigne-ment, dési-gner, dési-gnation, dai-gner, i-gnorant, i-gnorer, a-gneau, ma-gnifique, etc., et non enseign'ner, enseign'nement, désign'ner, désign'nation, daign'ner, ign'norant, ign'norer, agn'neau, magn'nifique.—Les flamands, de leur côté, doivent éviter dans la prononciation de ces mots de séparer le g de l'n et de donner au premier le son d'un h ou bien le son guttural de leur g: i-gnorant, ma-gnifique, etc., et non ih-norant, mah-nifique ni igh'-norant, magh-nifique.
Godaille, s. f., mauvaise boisson, mauvais vin; godailler, boire avec excès;—ces mots sont français mais populaires: c'est un ivrogne, il ne fait que godailler.
Goëlette, s. f., bâtiment léger; prononcez goèlette (oè diphth.)
Golza, s. m., plante oléagineuse; écrivez et prononcez colza et non golza. Voyez chausson.
Gomme, s. f.; prononcez l'o bref comme dans homme: gomme et non gô-me.
Goulée, correspond à gueule et ne se dit guère qu'en parlant des animaux: brebis qui bêle perd sa goulée.—En parlant des personnes, on doit se servir du mot bouchée: une bouchée de pain.
Goulus (pois), pois que l'on mange avec la cosse; ne dites pas pois gourmands.
Gourmet, s. m., celui qui sait bien connaître et goûter les vins, les mets; gourmeur n'est pas français.
Goût. s. m.—Ne dites pas: j'ai du goût de sortir, j'ai du goût de pleurer; dites, j'ai envie de pleurer, de sortir.
2. Ne dites pas: cela est-il à votre goût? dites, cela est-il de votre goût?
Goûter.—On dit goûter un mets, goûter d'un mets et goûter à un mets.—On goûte un mets pour savoir s'il est bon ou mauvais; on goûte d'un mets quand on en mange comme aliment; on goûte à un mets pour savoir s'il y manque quelque chose et dans le dessein d'ajouter ce qui y manque. Dites, j'ai goûté ce vin-là et je l'ai trouvé bon; j'ai mangé du rôti, mais je n'ai pas goûté du lièvre; le cuisinier a goûté dix fois à cette sauce avant de la servir.
2. Ne dites pas comme on entend dire tous les jours: ce beurre ne me goûte pas; ce rôti m'a bien goûté; cela me goûte, cela ne me goûte pas, pour exprimer que quelque chose est ou n'est pas de votre goût. Il est clair en effet que les personnes seules, et non les choses inanimées, peuvent goûter, c'est-à-dire exercer le sens du goût. Dites donc: cela est de mon goût et non cela me goûte;—j'ai trouvé ce rôti bon, excellent et non ce rôti m'a bien goûté;—ce beurre est bon, a un bon goût, est de mon goût et non ce beurre me goûte;—cela me semble bon, cela me plaît, cela a un bon goût, cela est de mon goût, et non cela me goûte.
3. Ne dites pas, comme on dit en flamand: cela goûte bon; dites, cela est d'un bon goût.
4. Ne dites pas: j'avais goût de sortir; dites ... envie de sortir.
Goutte.—Ne dites pas: mon frère ressemble à mon père comme deux gouttes d'eau; dites, mon père et mon frère se ressemblent comme deux gouttes d'eau (se ressemblent).
2. Goutte, employé adverbialement pour donner plus de force à la négation, ne se dit que dans, ne voir goutte, n'entendre goutte: il fait bien obscur ici, je ne vois goutte, je n'y vois goutte; c'est un homme qui ne voit goutte dans ses affaires; je n'entends goutte (je ne comprends rien) à ce qu'il dit; cette affaire est fort embrouillée, je n'y entends goutte. (Acad.)—Ne dites, je n'y vois goutte, que lorsque le pronom y se rapporte à un objet dont on vient de parler, comme dans notre premier exemple où y se rapporte à chambre; c'est donc une faute de dire je n'y vois goutte, pour exprimer simplement que vous avez la vue mauvaise, sans vouloir faire entendre que vous ne voyez rien dans une chambre, dans un livre, ou tout autre objet déjà exprimé.
3. Ne dites pas: la marmite goutte, pour exprimer que l'eau s'en échappe par une fente; dites la marmite fuit.
4. Ne dites pas: avoir les gouttes, mais avoir la goutte; voyez fièvre.
5. Prononcez oû long dans goûter, goûte, dégoûter, dégoûtant, et ou bref dans goutter, goutte, dégoutter, dégouttant.
Goutter, dans le sens de tomber goutte à goutte, n'est pas français; dites dégoutter: il pleuvait il n'y a qu'un moment, les toits dégouttent encore (et non gouttent); quand il pleut sur le curé, il dégoutte sur le vicaire (et non il goutte).
2. Ne dites pas: il goutte, il commence à goutter, en parlant de la pluie: dites, il tombe des gouttes d'eau, il commence à pleuvoir.
Gouttière, ne signifie pas, eau de pluie, mais un canal par où l'eau s'écoule des toits; ne dites donc pas un seau de gouttière, mais un seau d'eau de pluie.
Gouverne, dans le sens de direction, est français: je vous dis cela pour votre gouverne.
Gozette.—Ne dites pas: ce boulanger fait de bonnes gozettes; dites, ce boulanger fait de bons chaussons. (Wall.) Voyez chausson.
Grâce.—Avoir bonne grâce, avoir mauvaise grâce, devant un infinitif, demandent la préposition à: il a bonne grâce, mauvaise grâce à faire (et non de faire) telle chose.
Gracier, v. act., remettre la peine à un criminel, est français; on l'emploie souvent au passif: il a été gracié. (Acad.)
Gracieux, euse, adj.—N'écrivez pas grâcieux mais gracieux et prononcez a bref;—il en est de même des mots disgracieux, gracier, graciable, gracieuseté, etc. Mais a est long dans: grâce, disgrâce, les trois Grâces, le Havre-de-Grâce, Grâce-Montegnée.
Gradué, s. m., celui qui a pris des degrés dans une des facultés de théologie, de droit, de médecine, des lettres. On dit: c'est un gradué; les gradués de l'université.—Prononcez gradu-é, gradu-el, gradu-er et non gradu-wé, gradu-wel, gradu-wer.
Grain, se dit du fruit et de la semence du froment, de l'épeautre, du seigle, de l'avoine, de l'orge, etc. Mais se serait une faute de l'employer pour désigner les froments, les seigles, l'épeautre en herbe et de dire: les grains sont beaux; scier les grains; du grain en gerbe; dites, les blés, les froments, etc., sont beaux; scier les blés, les froments, etc.; du blé en gerbe.—Blé est un terme générique qui se dit de toutes les plantes qui produisent le grain dont on fait le pain.
Grammaire.—L'Académie ne dit pas que les deux m se prononcent, et les personnes qui parlent bien 200 n'en font entendre qu'une seule dans ce mot et dans grammairien (gra-mairien), grammatical (gra-matical) grammaticalement (gra-maticalement), grammatiste (gra-matiste).—Prononcez donc gra-maire et non gram'maire, ni gran-maire comme dans grand'mère, ce qui serait excessivement ridicule: une grand'mère qui fait des fautes de grammaire. Voyez mm.
Grand.—L'adjectif féminin grand' est toujours invariable.—On dit grand'chère (il n'a pas de pluriel).—Grand'chose, grand'croix; le pluriel est grands-croix (Acad. au mot croix).—Grand'garde; le pluriel est grand'gardes.—Grand'faim: il n'a pas de pluriel.—Grand'mère; le pluriel est grand'mères.—Grand'messe: on peut dire aussi grande messe; le pluriel est grand'messes.—Grand'oncle: prononcez grantoncle; le pluriel est grands-oncles.—Grand'peine (à), difficilement.—Grand'père: le pluriel est grands-pères.—Grand'peur.—Grand'pitié.—Grand'soif.—Grand'tante; le pluriel est grand'tantes.—Grand'route ne se trouve pas dans les dictionnaires.
2. Un grand homme est un homme d'un grand génie; un homme grand est un homme de grande taille.—Une grande dame est une dame de haute condition; une dame grande, une dame de haute stature. Mais on dit: un grand homme noir, une grande dame blonde. Un homme à l'air grand, dont la physionomie annonce de la noblesse d'âme; un homme du grand air, qui vit à la manière des grands seigneurs. (Soulice et Sardou.)
3. Grande armée: ne prononcez pas gran-tarmée, mais gran-d'armée, comme darme dans gendarme.—Mais au masculin devant une voyelle ou une h muette, ce d final a le son de t: grand (t) homme, grand (t) arbre.
4. Grand'chose, s. fém.—On dit: il n'a pas fait grand'chose de beau, de bon, c'est-à-dire, grand'chose de ce qui est beau, de ce qui est bon.—Ne dites pas grande chose.—Voyez chose.
Grandeur, s. f.—Il ne faut pas employer ce mot comme synonyme de gloire: la gloire (et non la grandeur) le perdra; faire une chose par nécessité et non par gloire.
Grandir, v. n., se conjugue avec avoir ou avec être, selon que le sens permet de poser l'une ou l'autre des deux questions: qu'a-t-il fait ou que lui est-il arrivé?—cet enfant a bien grandi en peu de temps; vous êtes bien grandi.—Voyez vieillir.
Granit, s. m., pierre dure: prononcez granite.
Gras, asse, adj.—Ne dites pas: il fait gras, mais il fait chaud, l'air est étouffant.
Grasseyer, v. n., parler gras: écrivez et prononcez grasseyer, grasseyement et non gracier, graciement.
Gratis, adv., sans frais: prononcez grâtice.
Gratte, n'est pas français; il faut dire égratignure, marque: se faire une égratignure.
Gratter, signifie frotter, râcler et ne doit pas s'employer pour égratigner: le chat l'a égratigné; s'il ne mord, il égratigne. Mais on dira: le chat gratte à la porte; gratter une muraille; se gratter l'oreille en signe d'embarras.
Gratuit, Gratuitement: prononcez gratuit, gratuitement (a bref) et non gratu-wit, gratu-witement.
Grave, adj., pesant, sérieux: prononcez grâ-ve (â long) et non grâ-fe.
2. Grave (il), du verbe graver: prononcez gra-ve (a bref).
Greffe, s., petite branche pour greffer, est féminin: une belle greffe de pommier.—Greffe, lieu d'un tribunal où sont déposées les minutes des jugements, des arrêts, etc., est masculin: les pièces sont au greffe.
2. Greffe, petit brin de bois, de baleine, etc., dont les enfants qui apprennent à lire, touchent les lettres qu'ils veulent épeler; ce mot est wallon;—en français on dit touche.
Grelot, Grelotter: prononcez, grelot, grelotter (e muet) et non grèlot, grèlotter.
Grenade.—Ne nommez pas ainsi les petites écrevisses de mer qu'on colporte aux estaminets; dites, chevrette et mieux crevette.
Grenier: écrivez et prononcez grenier (e muet) et non grènier ni gregnier.—Dites au grenier et non sur le grenier.
Grenouille, s. f.: prononcez grenouille (e muet et ll mouillées) et non grènouille.
Grésil, s. m., menue gelée: prononcez grésile.
Grève ou Gravelle, gros sable mêlé de fort petits cailloux, de fort petites pierres, sont des barbarismes qu'il faut rendre par gravier: il n'y a pas de terre franche en cet endroit-là, ce n'est que du gravier.—Grève, s. f., signifie proprement un lieu plat et uni, couvert de gravier, de sable, le long de la mer ou d'une grande rivière: les vagues se déploient sur la grève; la grève était couverte de débris.—La Grève se dit, à Paris, d'une place publique qui est située sur le bord de la Seine et où l'on faisait autrefois les exécutions.
Gribouillette, s. f., jeu d'enfants; on dit jeter une chose à la gribouillette, c'est-à-dire la jeter au milieu d'une troupe d'enfants qui cherchent à s'en saisir.
Grière.—Ne dites pas: du fromage de grière, mais du fromage de Gruyère (ville de Suisse).
Grièveté, s. f., énormité: prononcez grièv'té et non grièf'té.
Griffer, v. n.—Ne dites pas: le chat m'a griffé; dites, le chat m'a égratigné.—Griffer signifie, prendre avec la griffe: les oiseaux qui griffent sont le perroquet, etc.
Griffon.—Ne dites pas un griffon, pour indiquer une écriture mal formée qu'on lit difficilement; dites un griffonnage.
Grignon, est le côté jaune et doré de la croûte du pain; ne dites pas grignot ni grignotte.
Gril, Grille.—Les ll de ces mots sont mouillées, 203 cependant gril, dans le langage familier, se prononce gri. (Acad.)—Le gril (masculin) est un ustensile de cuisine sur lequel on fait rôtir de la viande, du poisson, etc.: mettre du boudin sur le gril.—La grille est formée de plusieurs barreaux de bois ou de fer se traversant les uns les autres pour empêcher qu'on ne passe par une fenêtre, par une ouverture;—grille signifie aussi des barres de fer sur lesquelles on place le charbon dans un fourneau, dans un poêle au-dessus du cendrier.
Grillon, espèce de cigale à chant monotone; ne dites pas criquillon ni criquion, crition.
Gringalet, s. m., homme faible, débile, sans force; ce mot est français: ce n'est qu'un gringalet.
Grippe, s. f.—Prendre quelqu'un en grippe, ou se prendre de grippe contre quelqu'un, se prévenir défavorablement contre lui, sans pouvoir rendre raison de sa prévention.—Ces deux locutions sont françaises; la première était seule admise autrefois.
Gripper, attraper, saisir subitement; ce mot est français: ce chat a grippé un morceau de viande; il a grippé la souris à la sortie du trou; on lui a grippé sa bourse; on dit aussi griffer.
Grogner, v. n., gronder, gourmander, murmurer, réprimander; ce mot est français: il ne cesse de grogner après moi.
Grognon, adj., qui grogne actuellement ou qui a l'habitude de grogner; les vrais mots sont grogneur et grognard; mais le mot grognon est aujourd'hui fort usité et admis par l'Académie comme un adjectif des deux genres. Voyez groin.
Groin, museau du cochon, ne dites pas grognon.
Gros.—Donner gros, valoir gros, sont des expressions triviales et qu'il faut éviter d'employer; dites donc: cette charge doit lui valoir, lui rapporter beaucoup et non, cette charge doit lui valoir gros. Dites encore: 204 je donnerais beaucoup pour avoir de l'instruction, et non, je donnerais gros...
Grossier, impoli, rustique: voyez rustique.
Groom, s. m., petit laquais; prononcez groûme.
Grouiller, Grouillement: le ventre lui grouille; grouillement des intestins: ne dites pas, grouler, groulement.
Gruger, dans le sens de tromper, n'est pas français.
Gruyère (fromage de).—Gruyère est une petite ville de Suisse d'où ce fromage a tiré son nom. Ne dites pas fromage de Gruère ni de Grière.
Gu et Guë sont sonores à la fin des mots, mais ces deux terminaisons ne comprennent que les cinq masculins aigu, ambigu, contigu, exigu, zagu, les six féminins aiguë, ambiguë, ciguë, contiguë, exiguë, besaiguë ou besaguë, et le verbe j'arguë.—L'Académie met le tréma sur l'e et non sur l'u.
2. Gu est également sonore, et fait diphthongue avec la voyelle suivante dans aiguille et ses dérivés, aiguillon et ses dérivés, aiguillade (mais non aiguillat, terme d'histoire naturelle), aiguiser, aiguisement, ambiguïté, contiguïté, exiguïté, arguez, nous arguons, vous arguez, etc.—Ajoutez consanguinité, sanguinification (mais non sanguin, sanguinaire, sanguinolent, sanguine qui ont l'u muet et où l'on ne fait entendre qu'un g dur), inextinguible, linguiste, linguistique, onguiculé, Guise (nom propre).—Il faut prendre garde cependant de prononcer dans ces mots gui comme goui; on évitera ce défaut en s'exerçant d'abord à appuyer fortement sur l'u et à le séparer en quelque sorte de la voyelle suivante; plus tard on rétablira la diphthongue.
3. Dans tous les autres mots, gu a la valeur d'un g dur et l'u ne se fait pas sentir: anguille, guérir, gui, guignon, guichet, guise, etc.
Guenille, Guenipe.—Une guenille est un haillon, un chiffon;—une guenipe ou guinche est une femme 205 malpropre: cet homme ne porte que des guenilles; cette femme est une franche guenipe.—Prononcez guenille, (ll mouillées), guenipe (e muet) et non guènille, guè-nipe.
Guère, ou Guères, adv.—On n'écrit guères (s) que dans les vers, lorsqu'il est nécessaire à la rime ou à la mesure.
2. Guère est toujours accompagné de la négation; dites donc: il ne s'en est guère fallu, et non, il s'en est guère fallu.—Quoique l'on dise: il s'en faut de beaucoup, on ne peut pas dire pourtant: il ne s'en faut de guère: dites, il ne s'en faut guère.
Guêtre, s. f., sorte de chaussure qui couvre la jambe: prononcez guê-tre et non guette; dites se guêtrer, mettre des guêtres, et non se guetter.
Guette.—Ne dites pas: ce chien est de bonne guette, mais de bon guet.
Gueule, s. f., la bouche de certains quadrupèdes carnassiers et de plusieurs poissons. On dit la gueule d'un chien, d'un loup, d'un lion, d'un crocodile, d'un requin, etc.—La gueule est une grande bouche d'animal carnassier, armée de fortes dents: voyez bouche.—Prononcez gueule et non gueuille.
Gueuler, Gueulard, termes bas; dites criailler, criailleur.
Gueusard, coquin, est populaire. (Acad.)
Gueux, adj., nécessiteux, indigent, mendiant; il signifie quelquefois aussi coquin, fripon: ne vous fiez pas à cet homme-là, c'est un gueux.
Gui, s. m., plante parasite qui naît sur les branches de certains arbres, du poirier, du pommier, de l'aubépine, du chêne, du peuplier, etc.: le gui donne de la glu.—Prononcez ghi (g dur) et non gu-i: voyez gu.
Guide, celui qui guide, qui conduit, est masculin;—guide, rêne, est féminin: la guide du côté droit.—Prononcez ghi-de et non gu-ide ni ghi-te; mais dans le Guide, nom de peintre, gui fait dipthongue.
Guignonnant, adj.: perdre cinq parties de suite, c'est guignonnant (c'est du guignon, du malheur, c'est contrariant). Ce mot figure dans les dictionnaires et est d'un fréquent usage au jeu.—Ne dites pas: guignon guignolant, mais guignon guignonnant.
Guinée, s. f., monnaie d'Angleterre, pièce de 25 francs: prononcez ghinée et non gu-inée.
Gutta-percha, gomme résineuse: prononcez gutta-perka; ce mot est féminin: de la gutta-percha. (Poitevin).
Guttural, adj., qui appartient au gosier: on prononce les deux t.
H.—L'h est muette ou aspirée. Elle est muette, quand elle ne se prononce pas, comme dans l'homme, l'histoire, adhérer, inhumer, qu'on prononce comme s'il y avait l'omme, l'istoire, adérer, inumer. Elle est aspirée, quand elle se prononce un peu du gosier, comme dans le héros, la haine, les hiboux.—Cependant on peut aussi ne pas faire sentir l'h aspirée et dire: le éros, la aine, les iboux. Cette prononciation est préférable, mais il faut éviter dans ce cas de faire l'élision de la voyelle ou la liaison de la consonne qui la précède avec la voyelle qui la suit: ainsi vous ne direz pas l'éros, l'aine, lè-ziboux, mais le éros, la aine, lè iboux.—L'usage seul peut servir de guide pour distinguer ces deux sortes d'h; dans le doute, il faut avoir soin de recourir au dictionnaire; cette recommandation est d'autant plus importante, surtout pour les étrangers, que l'erreur ici prêterait souverainement au ridicule.—Dans notre Dictionnaire, l'astérisque * indique que l'h est aspirée.
Habile, adj.—Il régit la préposition à devant un infinitif et les prépositions en ou dans devant un nom: habile à manier le pinceau; habile dans les affaires, habile en affaires.
2. Habile, signifie capable, intelligent, adroit, savant: un ouvrier habile, un avocat habile, un habile général; on le dit quelquefois en mauvaise part: il est habile à tromper; c'est un habile fripon.—Habile signifie aussi, en terme de jurisprudence, qui est capable ou qui a droit de faire une chose: être habile à succéder.
3. Habile se dit aussi populairement pour diligent, expéditif: ce copiste est habile, il aura bientôt écrit ce mémoire. (Acad.)
4. Mais habile (ou habïe, abïe) ne peut jamais s'employer adverbialement dans le sens de vite: accourez habile; allez habile; habile! habile! dites, accourez vite; allez vite; vite! vite! (Wall.) Prononcez abile et non abille (ll mouillées).
Habileté et Habilité.—Il ne faut pas confondre ces deux mots; l'habileté est la qualité de ce qui est habile, le talent, le savoir, la capacité, l'intelligence.—Habilité n'est guère en usage que comme terme de jurisprudence et dans cette locution, habilité à succéder (aptitude à). (Acad.)
Habiller de neuf: voyez neuf.
Habit.—Ce mot indique plus spécialement un vêtement d'homme; en parlant d'une femme, employez le mot vêtement, robe, jupe, etc.: maman a mis sa plus belle robe, et non, son plus bel habit.
2. Un nouvel habit, est un habit différent de celui que l'on vient de quitter; un habit nouveau est un habit de nouvelle mode.
*Hache.—L'h est aspirée ainsi que dans tous les mots dérivés, hacher, hachette, hachis, etc.—Prononcez ha-che et non hage.
*Haie, s. f., clôture d'épines, de ronces, etc.; prononcez haî (aî long) et non hai-ïe.
*Haïe, interj., cri pour animer les chevaux: prononcez ha-î (deux syll.)
*Haine, haïr, haïssable, haineux.—Dites, je hais, tu hais, il hait, hais (impératif) et non, je haïs, tu haïs, il haït, haïs.—Partout ailleurs écrivez et prononcez ha-ïr, ha-ï, ha-ïssais, etc.
*Haire et Hère.—Haire, s. féminin, est une espèce de petite chemise rude que l'on met sur la peau par esprit de mortification: revêtir la haire et le cilice.
2. Hère, s. masculin, se dit par dérision d'un homme sans considération, sans fortune, sans mérite; on ne l'emploie guère que dans la locution: pauvre hère; c'est un pauvre hère. (Acad.)
Hakcelle, n'est pas français; dites paille hachée (à l'aide du hache-paille).
Haleine, Alène.—L'haleine est le souffle de la respiration; l'alène est un instrument de cordonnier.
*Haleter, être hors d'haleine.
*Halo, s. m., cercle lumineux autour des astres.
*Halte, s. f. et interj.—Prononcez halte et non hale.
*Hamac, s. m., lit suspendu dans les navires: prononcez hamaque.
Hameçon, s. masculin, crochet pour prendre les poissons; l'h est muette: prendre du poisson à l'hameçon.
*Han, s. m., terme populaire pour exprimer le bruit sourd que fait un homme qui frappe un coup avec effort.
*Hanche, s. f., partie du corps où tient la cuisse; prononcez han-che et non han-ge.
*Hanneton, s. m.:—l'h est aspirée: les enfants font la guerre aux hannetons.
*Happelopin, est un mot français qui signifie valet fripon et gourmand.
*Happer, se dit proprement d'un chien, lorsqu'il prend avidement avec la gueule ce qu'on lui jette: on lui jeta un morceau et il le happa.—Il signifie figurément et familièrement, attraper, saisir, surprendre à l'improviste: il s'est laissé happer par les huissiers; les gendarmes l'ont happé.—Mais il ne signifie jamais voler comme en wallon.
*Haquet, s. m., espèce de charrette longue et étroite, sans ridelles, qui sert surtout à voiturer des tonneaux: un haquet de brasseur;—haquetier est le conducteur du haquet.
*Hardes, s. f. pl., tout ce qui est nécessaire pour l'habillement; il n'a pas de singulier.
*Hardi, hardiesse, hardiment, etc.: l'h est aspirée.
*Hareng, (le g ne se prononce pas), harengaison, harengère, harangade, haranguière; l'h est aspirée dans tous ces mots.
*Haricot (le t ne se prononce pas): ne dites pas des zaricots, mais des haricots (h aspirée).
*Haridelle, s. f., un mauvais cheval maigre: une vieille haridelle.
Harlequin, n'est pas français; écrivez arlequin: un habit d'arlequin.
Harmonier, Harmoniser, v. a. ou pr., mettre en harmonie: le dernier verbe, quoique mal fait, est le plus en usage.
*Harnais.—L'h est aspirée ainsi que dans tous les dérivés: harnacher, harnachement, etc.—On dit aussi harnois pour harnais, mais seulement en poésie et dans le style soutenu.
*Harpe, harpiste, harpeur, harpie, harpon.
*Hart, s. f., espèce de lien d'osier ou de bois très-souple pour lier les fagots; corde qui servait à étrangler les criminels condamnés à la peine de mort: mériter la hart, la hart au cou.—Prononcez hare.
*Hasard, hasarder, hasardeux, hasardeusement: l'h est aspirée dans ces mots; ne dites donc pas: je joue à l'hasard; j'hasarde cette somme, etc.; mais, je joue au hasard, je hasarde,...
2. Hasard, ne s'emploie au pluriel que dans le sens de péril, risques: les hasards de la guerre.
3. Hasarder, devant un infinitif, demande la préposition de;—se hasarder veut à: hasarder de faire une chose; je me hasarderai à faire cette démarche.
*Hâte, hâter, hâtif, etc.: prononcez l'â long.
2. Ne dites pas: à toute hâte (toute âte) mais à toute hâte (h aspirée).
*Hâter (se) régit la prépos. de: se hâter de répondre.
*Haut.—Ne dites pas, monter en haut, descendre en bas, mais simplement, monter et descendre, à moins qu'on ne veuille dire tout en haut, tout en bas, par opposition à ce qui est moins haut, moins bas: montez en haut (de l'échelle) c'est-à-dire, allez jusqu'au dernier échelon et ne vous arrêtez pas à mi-chemin.
2. Ne dites pas non plus monter en haut pour, monter à l'étage; dites, monter au premier, au second.
3. Ne dites pas: les élèves appliqués pourront passer dans une classe plus haute; dites, dans une classe supérieure et mieux, pourront monter d'une classe: cette dernière locution est généralement employée en France dans ce cas.—Voyez descendre.
4. Haut ton et ton haut, ne sont pas synonymes: prendre le haut ton, signifie prendre le ton, les manières de la haute société; prendre un ton haut, veut dire prendre un ton fier, arrogant, menaçant.
*Hautain, adj., fier, orgueilleux, fait au féminin hautaine et non hautine; prononcez hautène (au fém.) et non hautin-ne.
*Hautement, adv.—Ce mot, dit l'Académie, n'est guère d'usage au propre; au figuré, il signifie hardiment, librement.—Il ne faut pas le confondre avec l'adverbe 211 haut: on dit hautement sa pensée, c'est-à-dire, hardiment, résolument; on dit, il parle haut, c'est-à-dire, d'une voix haute.
*Havet, s. m., croc, crochet en fer, est français.
*Havir, v. a., se dit de la viande qui se dessèche au feu sans cuire en dedans; ce mot est peu usité, dit l'Académie.
*Havre-sac, s. m., sac de soldat, d'ouvrier; ne dites pas havère-sac ni havur-sac ni hafe-sac.
Hébreu.—L'h est muette: ce que vous me dites est de l'hébreu pour moi (je n'y vois goutte), et non, du hébreu.
Hectare, Hectolitre, sont masculins; l'h est muette ainsi que dans tous les mots qui appartiennent au système légal des poids et mesures.
*Hein.—Interjection familière dont on accompagne quelquefois une interrogation ou une phrase qui exprime l'étonnement: voulez-vous, hein?—Hein, que dites-vous là?—Prononcez hin.
Hélas, interj. (et non hélàs): prononcez élâce (â long) et non éla ni élâ.
Héliotrope, genre de plantes; ce substantif est masculin: de beaux héliotropes.
*Hem, interjection dont on se sert pour appeler: hem, hem, venez çà.
Hémi, mot qui commence plusieurs termes de sciences, d'arts et qui signifie demi; il est invariable et l'h est muette.
Hémisphère, s., la moitié d'une sphère, est masculin: l'un et l'autre hémisphère.
Hémorragie, s. f.—Puisque ce mot signifie par lui-même perte de sang, vous ne pouvez pas plus dire une hémorragie de sang que du feu chaud, de l'eau humide; dites simplement une hémorragie.
*Hennir, hennissement (cri du cheval): prononcez hanir, hanissement.
*Henri, n. pr.—Dans la conversation seulement l'h devient muette.—L'h est également aspirée dans Henriette.
Héritance, n'est pas français; dites héritage, succession; ce mot s'est dit autrefois pour hérédité.
*Hernie, herniaire, hernieux.
*Héron, héros, herse, herser, héraut, hérisson.—L'h d'héroïsme, héroïque, héroïne est muette.
Hésiter, devant un infinitif, demande la préposition à: il n'hésita pas à (et non de) répondre: l'h est muette.
*Hêtre, s. m., arbre; prononcez hè-tre, et non hè-te, ni hè-tère.
Heure, Lieue.—Heure est une mesure de temps et lieue une mesure de chemin; dites donc: il y a six lieues de Liége à Huy, et non il y a six heures; mais vous pourrez dire: nous avons fait six lieues (de chemin) en cinq heures (de temps).—Nous n'oserions cependant pas condamner absolument, surtout dans la conversation et dans le style épistolaire qui n'est qu'une conversation écrite, l'emploi du mot heure pour lieue, quoiqu'il soit préférable, au demeurant, de conserver à chaque mot sa véritable signification.
2. Si vous ignorez quelle heure il est, dites, quelle heure est-il?—Si vous entendez l'heure sonner et que vous vouliez savoir l'heure qui sonne, dites: quelle heure est-ce?
3. Ne dites pas: il est arrivé à ces heures-ci, vers ces heures-ci; dites, à cette heure-ci, vers cette heure-ci.
4. Ne dites pas non plus: j'irai vous voir vers les une heure, mais, vers une heure.
5. Ne dites pas: dix heures est sonné, mais, dix heures sont sonnées.
6. Ne dites pas: une heure de temps; dites, simplement une heure.
7. Ne dites pas: le quart avant quatre ou pour quatre, mais, quatre heures moins un quart.
8. Ne dites pas: ce malade doit prendre des pilules tout les demi-heures, tout les deux heures; il part un courrier tout les vingt-quatre heures; dites, toutes les demi-heures, toutes les deux heures, toutes les vingt-quatre heures.—On dira de même: je vais voir mes parents toutes les trois semaines, et non tout les trois semaines, etc. Tout ici est adjectif et non adverbe et doit par conséquent prendre le genre et le nombre du nom auquel il se rapporte.
9. Ne dites pas: je suis à bonne heure, mais de bonne heure;—trop de bonne heure, mais de trop bonne heure;—de plus bonne heure, mais de meilleure heure.
10. Quatre heures, ne peut pas se dire pour désigner le léger repas entre le dîner et le souper; dites goûter: je m'en vais goûter; j'ai fait un bon goûter.
*Heurler, n'est pas français; dites hurler.
*Heurter, v. a., toucher, choquer rudement; ne dites pas avec maintes personnes hurter.
*Heurtoir, s. m., marteau pour frapper à une porte.
Hiatus.—L'Académie écrit l'hiatus (h muette); prononcez hiatuce.
*Hibou, s. m., oiseau nocturne.
*Hie, s. f., instrument dont on se sert pour enfoncer les pavés; on l'appelle communément demoiselle.—C'est aussi un instrument qui sert à enfoncer des pieux en terre et que l'on nomme vulgairement mouton. (Acad.)
Hier, adv.—Prononcez avan-t-hier, dès (z) hier, et non avan-hier ni avan-z-hier, ni dè-hier; cependant, dans la conversation, on peut dire avan'hier.
Historien, Historiographe, s. m.—Historien, celui qui écrit l'histoire;—historiographe, celui qui est nommé par un brevet du prince pour écrire l'histoire du temps: Racine était historiographe de Louis XIV sans être historien.
*Hoche, s. f.: voyez taille.
*Hochequeue, s., sorte de petit oiseau, ainsi appelé parce qu'il remue continuellement la queue; ce mot est masculin: un jeune hochequeue.—Hochecul n'est pas français.
*Hocher, secouer, branler: hocher la tête; hocher un arbre pour en faire tomber les fruits.
*Hochet (de houille) n'est pas français; dites briquette (et non boulette).
*Hollande, Hollandais, Hongrie, Hongrois.—L'h est aspirée dans tous ces mots. Ne dites donc pas: en n'Hollande, les z'hollandais, mais en Hollande, les hollandais.
2. On disait autrefois de l'eau de la reine d'Hongrie; quelques personnes disent encore de la toile d'Hollande, du fromage d'Hollande: cet usage, dit Ch. Nodier, est celui des blanchisseuses et de l'office; il ne doit pas faire loi au salon.—Aujourd'hui on dit de l'eau de la reine de Hongrie, de la toile, du fromage de Hollande.—Prononcez Holan-de et non Hol-lande ni Holan-te.
*Hom, interj., exclamation qui exprime le doute, la défiance: hom! il est encore bien jeune; prononcez home.
*Homard, s. m., grosse écrevisse de mer: un homard, des homards et non un n'homard, des z'homards.—Prononcez homare.
*Honnête, adj.—Un homme honnête est un homme poli; un honnête homme est un homme de probité.
Honneur, s., est masculin.
2. Ne dites pas: on a érigé à Liége une statue à l'honneur de Grétry, mais, en l'honneur ou en honneur de Grétry.
3. Ne dites pas: cet élève fera de l'honneur à son professeur; mais, ... fera honneur à son professeur.
4. Ne dites pas: vous en avez de l'honneur; mais, cela vous fait honneur.
Honoraires, s. m. pl.: voyez gage.
Honoré, ée, adj.—Ne dites pas: en réponse à votre honorée du 24 juillet; dites, en réponse à votre lettre...
*Honte, Honteux.—L'h est aspirée: ainsi ne dites pas, cela est t'honteux, mais cela est honteux (en aspirant l'h).
2. Ne dites pas: j'étais honteux pour me présenter ainsi; dites, ... de me présenter ainsi.
Hôpital, s. m.: prononcez hopital (o bref). Voyez o.
*Hoquet, mouvement convulsif de l'estomac; prononcez hoquè, et non hoquette ni hiquette, qui ne sont pas français.
Horloge, est féminin: une horloge bien réglée et non un horloge bien réglé.
2. Ne dites pas: je l'ai attendu deux heures d'horloge; dites, deux heures durant, ou deux heures tout entières.
Horr, initial, fait toujours entendre les deux rr: horreur, horrible, horriblement, horripilation.
*Hors, prép.—Ne dites pas: j'ai lu hors d'un livre une anecdote fort amusante; dites, j'ai lu dans un livre... (Fland.)
2. Ne dites pas: on a cherché les plus beaux dehors; dites, on en a pris, on en a choisi les plus beaux.
3. Ne dites pas: il passe son temps à regarder hors de la fenêtre; dites, à regarder par la fenêtre.
4. Ne dites pas: je suis sorti hors de chez moi vers quatre heures; mais, je suis sorti de chez moi...
5. Ne dites pas: Monsieur est-il ici? non, il est hors ville; dites, il est absent, en voyage, à la campagne, il est sorti de la ville.
6. Ne dites pas: on lui a pris son argent hors de sa poche; dites, ... de sa poche.
7. Ne dites pas: je vais tirer mon mouchoir hors de ma poche; dites, de ma poche, comme on dit, tirer de l'argent de son coffre, de sa bourse, de sa poche; tirer l'épée du fourreau.
8. N'employez pas hors qui est préposition pour dehors qui est adverbe;—hors doit toujours être suivi d'un complément: hors d'ici, hors de la maison, hors du pays. Lors donc que hors n'a pas de complément et qu'il devrait être placé isolément, il faut le remplacer par l'adverbe dehors qui correspond à dedans; dites donc: votre père est-il à la maison? non, il est dehors, et non, il est hors.—Dehors, de son côté, étant adverbe, ne peut pas avoir de complément; ne dites donc pas: mon jardin est dehors de la ville ou dehors ville, mais hors de la ville.—Il en est de même de dans et dedans; avant et auparavant; sur et dessus; sous et dessous, etc.
Hortensia, s., arbrisseau du Japon, est masculin: un bel hortensia.
Hostie, s. f., ne doit pas s'employer dans le sens de pain à cacheter; il ne se dit que du pain que le prêtre consacre à la messe.
Hôte, hôtesse, s., qui tient un cabaret, une auberge; celui qui vient manger; celui qui héberge, qui donne l'hospitalité ou qui est hébergé: prononcez ôte (ô long).
Hôtel, hôtellerie, hôtelier: prononcez otel, otell'rie, otelier (o bref): on dit un hôtel et non une hôtel.—Voyez o et maison.
*Houe, s. f., instrument de fer, large et recourbé, qui a un manche de bois, et avec lequel on remue la terre en la tirant vers soi: vigne labourée à la houe.—Prononcez hoû (oû long) et non hou-we.
*Houer, v. a., labourer une terre avec la houe: il faut houer cette terre.—Il est aussi neutre: ce vigneron ne fait que houer toute la journée.—Prononcez hou-er et non hou-wer.
*Houille, s. f.—Ne dites pas: le marchand d'houille, mais, le marchand de houille (h aspirée).
*Houp, interjection pour appeler: prononcez houpe.
*Houppe, Huppe.—Une houppe est un assemblage de laine, de fil qui se nomme autrement gland; (voyez floche); une huppe est une touffe de plumes que certains oiseaux portent sur la tête: mettre des houppes à des chevaux de carosse; la houppe d'une ceinture, d'un bonnet;—la huppe (et non la houppe) d'une alouette.—On dit aussi huppé dans ce sens: poule huppée.
*Houssard, Husard, Hussard.—L'h est aspirée dans les trois mots: voyez hussard.
*Hoyau, s. m., sorte de houe à deux fourchons, qui sert à fouir la terre.
Hubert, n. pr.—D'après nous, l'h devrait être aspirée, puisqu'elle l'est en wallon; cependant beaucoup de personnes la font muette.
*Huche, s. f., grand coffre de bois dont on se sert principalement pour pétrir le pain et pour l'y serrer.
*Hue, huhau, hurhau, (h aspirée), cri des charretiers pour faire avancer les chevaux et pour les faire tourner à droite. Voyez dia.
*Huée, s. f., cri pour effrayer, se moquer.
*Huer, faire des huées: prononcez hu-é, hu-er et non hu-éïe, huwé, huwer.
Huile à brûler: on dit plus généralement huile de lampe, huile à quinquet.
Huiles (saintes).—Les huiles dont on se sert pour l'extrême-onction et l'extrême-onction elle-même; dans ces acceptions, huile ne se dit qu'au pluriel: ce malade a reçu les saintes huiles, (et non la sainte huile).
Huissier, s. m., officier de justice: l'h est muette; dites donc l'huissier, les (z') huissiers et non le huissier, les huissiers.—Beaucoup de personnes, même parmi celles qui ont reçu un certain degré d'instruction, 218 aspirent imperturbablement l'h de ce mot et s'exposent ainsi au ridicule.
Huit.—On dit le huit, le huitième; nous étions huit (sans lier l's avec huit):—huit, quoique écrit avec une h muette, n'admet pas plus d'élision ni de liaison que si l'h était aspirée.
2. Ne dites pas: aujourd'hui, hier, demain en huit, en quinze; mais, d'aujourd'hui, de demain en huit, en quinze. (Acad.)
3. Ne dites pas: cela est arrivé aujourd'hui, hier en huit, en quinze, en trois semaines; dites, il y a aujourd'hui, il y a eu hier huit jours, quinze jours, trois semaines que cela est arrivé. (Fland.)
4. Prononcez huite et non houite; le t ne se prononce pas devant une consonne: huit personnes (hui personnes.)
*Hulan, s. m.: voyez uhlan.
*Hulotte ou Huette, s. f., espèce de hibou.
Humeur.—Être d'humeur à..., marque l'inclination naturelle ou habituelle: il n'est pas d'humeur à souffrir une insulte;—être en humeur de... dénote une disposition actuelle qui n'est pas une habitude: je suis en humeur de faire ce qu'on voudra.
Humidité.—Ne dites pas: les humidités sont plus nuisibles que les gelées; dites, l'humidité est plus nuisible...
*Huppe, s. f., oiseau: voyez houppe.
Hurluberlu, s. m., terme familier qui signifie inconsidéré, brusque, étourdi: c'est un hurluberlu; agir en hurluberlu.—Ne dites pas hurluburlu ni hurtuberlu.
*Hurter, v. a. rencontrer durement, choquer, blesser: écrivez et prononcez heurter.
*Huy, ville: prononcez Huy et non Houy.
Hydromel, boisson faite d'eau et de miel; ce mot est masculin: l'hydromel est adoucissant.
Hyène, s. f., loup d'Asie; l'h est muette: l'hyène et non la hyène.
Hyménée, mariage, est masculin ainsi qu'hymen: ne dites pas hymenée.
Hymne, est du masculin: un hymne guerrier; Seigneur, quels hymnes sont dignes de vous?—Il s'emploie ordinairement au féminin, en parlant des hymnes qu'on chante à l'église: entonner une hymne; chanter une belle hymne.
Hypocondre, s. m., homme bizarre, mélancolique: prononcez hypocon-dre et non hypocon-de ni hypo-conte ni hypocondère.
I euphonique.—Dans certains dialectes wallons on intercale souvent un i entre deux voyelles qui se suivent dans le même mot ou entre deux mots placés l'un à la suite de l'autre; cet i que l'on pourrait appeler euphonique, semble avoir pour but de faire disparaître l'hiatus; mais, quoi qu'il en soit, il est fautif et il faut soigneusement l'éviter.—Prononcez donc Caïn, Noé, Noël, Saül, Canaan, Napoléon, un-à-un, prier, prière, crier, oublier, oublieux, il cria, ils crièrent, ouvrier, linéaire; et non, Caïe-ïn, Noïé, Noïel, Saïul, Canaïan, Napoléïon, un-à-ïun, pri-ïer, pri-ïère, cri-ïer, oubli-ïer, oubli-ïeux, il cri-ïa, ils cri-ïèrent, ouvri-ïer, liné-ïaire.—Dites encore: cet homme est né à Ans, à Anvers; et non, à ïAns, à ïAnvers;—j'ai été à Ostende, à Arlon, et non, j'ai ïété à ïOstende, à ïArlon;—il est allé avec son papa et sa maman, et non, il est allé ïavec son papa ïet sa maman.
2. Cette sorte d'i est également fautive dans la prononciation du latin; vous direz donc De-us, me-us, grati-a, glori-a, benedicti-o, di-es, terti-us, confite-or, etc., et non, De-ïus, me-ïus, grati-ïa, glori-ïa, benedicti-ïo, di-ïes, terti-ïus, confite-ïor.—Voyez u.
Ibidem, signifie dans le même lieu; idem, la même chose; item, de plus.—Prononcez ibidème, idème, itème.
Ichneumon, s. m. (rat, insecte), ichonographie, s. f., (plan d'édifice), ichnographique, adj.; ichoreux, euse, adj. (séreux et âcre); ichthyolithe, s. m., (poisson pétrifié), ichthyologie, s. f., (histoire naturelle des poissons), ichthyologique, adj., ichthyologiste, s. m. (celui qui étudie l'ichthyologie), ichthyophage, s. m. (qui vit de poissons):—dans tous ces mots ch se prononce k.
Ici.—Ne dites pas: ces livres ici, ces jours ici, ces enfants ici, mais, ces livres-ci, ces jours-ci, ces enfants-ci.
2. Ne dites pas: d'ici à là nous comptons deux lieues; dites, d'ici-là...; mais il faut dire, d'ici à demain, d'ici à Tongres.
3. Ne dites pas non plus: ici à Liége on dîne vers une heure; mais, à Liége on dîne vers une heure.
Idéal, ale, adj.—L'Académie ne dit pas si cet adjectif a un pluriel masculin; Buffon a dit, des êtres idéaux et la plupart des grammairiens approuvent ce pluriel.—Prononcez idéal et non idé-ial.
Idée.—On a dans l'idée ce qu'on pense, ce qu'on croit; on a dans la tête ce qu'on veut, on y travaille: nos imaginations, nos espérances, nos pensées sont dans l'idée; nos desseins, nos projets, nos résolutions sont dans la tête.
2. Ne dites pas: cela m'est sorti de l'idée; dites, de la mémoire; ou bien, était sorti de ma mémoire; ou bien, je n'y pense plus.
3. Ne dites pas: l'idée lui a pris d'aller à Verviers, mais, il lui a pris l'idée, l'idée lui est venue, il a pris la résolution, il a formé le projet de...
4. Ne dites pas: vous ferez mon habit une idée plus grand, une idée plus petit; dites, ... un peu plus grand, un peu plus petit.
Idem, le même: prononcez idème et voyez ibidem, item.
Idiotisme.—C'est une façon de parler propre au génie particulier de chaque langue, et qui, traduite mot à mot dans une autre langue, passerait justement pour une locution barbare.
2. Anglicisme, idiotisme de la langue anglaise;
Flandricisme, idiotisme de la langue flamande;
Gallicisme, idiotisme de la langue française;
Germanisme, idiotisme de la langue allemande;
Hébraïsme, idiotisme de la langue hébraïque;
Hellénisme, idiotisme de la langue grecque;
Hispanisme, idiotisme de la langue espagnole;
Latinisme, idiotisme de la langue latine;
Lusitanisme, idiotisme de la langue portugaise;
Wallonnisme, idiotisme de la langue wallonne.
Prononcez, idiotis-me, wallonnis-me, flandricis-me, gallicis-me, etc.; et non, idiotisse, wallonnisse, flandricisse, gallicisse, ni idiotim-se, wallonnim-se, flandricim-se, gallicim-se.
Idole, s., est féminin: une idole de bois; on le faisait autrefois du masculin.
Ie.—I, suivi d'un e muet, se prononce long et l'e ne se fait pas entendre du tout; il faut se garder aussi de faire sentir un second i après l'i: Marie, prononcez Marî (î long); vie, vî (î long); envie, envî (î long); Julie, Julî (î long); Italie, Italî (î long); il crie, il crî (î long); je me fie, je me fî, (î long); je publie, je publî (î long); punie, punî (î long); crucifiement, crucifîment (î long); maniement, manîment (î long); je prierai, je prîrai (î long), etc.—Mais ne prononcez pas: Mariïe, viïe, enviïe, Juliïe, Italiïe, il criïe, je me fiïe, je publiïe, crucifiïement, maniïement, je priïerai, etc.—Voyez ée, oue, ue.
Ié, Ier, Iez.—Prononcez ami-ti-é, cabare-ti-er, charcu-ti-er, vous ache-ti-ez, vous je-ti-ez, etc., et non, cabaretchier, amitchié, charcu-tchier, vous ache-tchiez, vous je-tchiez, etc.—Voyez ti et di.
2. Prononcez de même: pa-nier, de-nier, cordon-nier, der-nier, doua-nier; vous don-niez, vous son-niez, nous son-nions, etc.; et non, pa-gnier, de-gnier, cordon-gnier, der-gnier, doua-gnier; nous don-gnions, nous son-gnions, vous don-gniez, vous son-gniez, etc.—Voyez ni.
Igname, s. m., (plante), igné, ée, adj., (de feu), ignicole, adj. (qui adore le feu), ignition, s. f. (combustion):—dans tous ces mots on prononce le g dur: igh'name, igh'né, igh'nicole, igh'nition (à peu près comme ikname, ikné, iknicole, iknition).
Ignorer, ignorant, ignominie: prononcez i-gnorer, i-gnorant, i-gnominie, et non, igh'norer, igh'norant, igh'nominie, ni ign'norer, ign'norant, ign'nominie, ni ih'norer, ih'norant, ih'nominie.—Voyez gn.
Il pour On.—Les flamands disent il sonne, pour, on sonne; il frappe, pour, on frappe, etc.
2. Il (impers.) se dit des choses inanimées et on, des personnes.
3. Il y a.—Ne dites pas: c'est aujourd'hui un an que mon père est mort; mais, il y a aujourd'hui un an... (Fland.)
Ill, au commencement des mots, ne se mouille pas; il en est de même des terminaisons illaire, illation;—au contraire, illard, illet, illot, illac, se mouillent toujours.
Illégal, illégitime, illettré, illicite, illinois, illisible, illumination, illuminer, illustre, illustrer, Illyrie:—dans tous ces mots les deux ll se prononcent;—le plur. masc. de illégal est illégaux.
Illisible.—Voyez inlisible.
Illustré, ée, adj.—Un ouvrage illustré est un ouvrage orné de gravures, lithographies, portraits, etc.
Imaginer, s'imaginer.—Imaginer, c'est se représenter quelque chose dans l'esprit, créer, inventer. 223 Ce verbe ne doit jamais être suivi de que ni d'un infinitif; on ne doit pas dire: j'imagine qu'il le fera; il imagine qu'il est recherché; on doit dire: je m'imagine que... il s'imagine être recherché.—Mais, on imagine des tours, des expédients, de nouveaux procédés, etc., c'est-à-dire, on les invente.
2. S'imaginer, v. a. pr., c'est se figurer une chose, croire, penser, présumer, se persuader; les pronoms me, te, se, etc., sont régimes indirects, et par conséquent le participe ne s'accorde jamais avec eux: ce n'est pas aussi difficile que vous vous l'imaginiez.
3. S'imaginer ne demande point de préposition devant l'infinitif qui suit: on dit, il s'imagine être un grand docteur et non, d'être un grand docteur.
Iman, s. m., prêtre turc; prononcez iman et non imane.
Imbroglio, s. m., confusion; prononcez imbroillo, ou imbroille, sans faire sentir l'i de io et en mouillant le gl.
Imiter.—On dit imiter l'exemple ou suivre l'exemple de quelqu'un. (Acad.)
Immaculé, ée, adj., sans tache de péché.—Dans ce mot et dans tous ceux qui commencent par imm, on prononce les deux mm et l'i conserve le son qui lui est propre (ime'maculé, ime'mense, etc., et non ain-maculé, ain-mense).
Immanquable, adj., infaillible; prononcez ime-manquable, comme immense et non ain-manquable. Toutefois, Lévy et Bescherelle donnent cette dernière prononciation.
Immédiat, adj.—On ne prononce pas le t.
Imminent, te, adj.: voyez éminent.
Immoral, ale, adj.—L'Académie ne donne point d'exemple du pluriel masculin; cependant rien n'empêche de dire immoraux comme on dit moraux.
Impardonnable, Pardonnable; Excusable, Inexcusable.—Une faute est pardonnable ou impardonnable, parce qu'on dit pardonner une faute;—une personne n'est ni l'un ni l'autre, parce qu'on ne dit pas pardonner une personne;—mais une personne est excusable, inexcusable et une faute l'est également, parce qu'on dit excuser quelqu'un, excuser quelque chose.
Imparfait de l'indicatif.—Les flamands sont exposés à employer l'imparfait de l'indicatif pour le passé défini ou le passé indéfini; ainsi ils diront: je recevais cette semaine une lettre de mon frère; au lieu de, j'ai reçu cette semaine...;—j'écrivais hier, la semaine dernière une lettre à mon père; au lieu de, j'écrivis hier, la semaine dernière une lettre....—Pour éviter ces sortes de fautes, il est important de bien connaître les règles touchant l'emploi de l'imparfait ainsi que du passé défini et du passé indéfini.
2. Or, l'imparfait de l'indicatif affirme une chose comme ayant eu lieu en même temps qu'une autre chose: j'ai appris que vous étiez malade la semaine dernière; vous écriviez quand je suis entré; je jouais pendant que vous faisiez vos devoirs.—Le passé défini affirme une chose comme ayant eu lieu dans une période de temps entièrement passée, au moment où l'on parle: je reçus une lettre l'année dernière, le mois passé, la semaine dernière, hier. Mais on ne dira pas: je reçus une lettre cette semaine, parce que la semaine où l'on est, n'est pas entièrement écoulée. On ne dira pas même: je reçus une lettre ce matin, parce que, pour employer le passé défini, il faut au moins une nuit d'intervalle entre le moment où l'on parle et celui où la chose a eu lieu.
Le passé indéfini affirme une chose comme ayant eu lieu dans un temps qui est ou qui n'est pas entièrement 225 écoulé: j'ai reçu une lettre la semaine dernière; j'ai reçu une lettre cette semaine.
3. Les flamands doivent également éviter un autre écueil: c'est de remplacer régulièrement leur imparfait par le passé défini, lequel a, comme nous venons de le voir, son emploi bien déterminé: je jouai, quand vous faisiez vos devoirs; vous écrivîtes, quand je suis entré, etc.
Imparfait du subjonctif.—C'est une faute d'employer le conditionnel présent ou passé au lieu de l'imparfait ou du plus-que-parfait du subjonctif après les verbes qui gouvernent le subjonctif: je voudrais que vous iriez porter cette lettre à la poste; j'aurais voulu que vous seriez rentré à dix heures; dites, je voudrais que vous allassiez...; j'aurais voulu que vous fussiez rentré...—Cet emploi vicieux du conditionnel pour le subjonctif a lieu ordinairement après un verbe employé lui-même au conditionnel.
2. Beaucoup de personnes prononcent la première et la deuxième personnes de l'imparfait du subjonctif comme la première ou la deuxième personne du passé défini: que j'aima, que tu aimas pour que j'aimasse, que tu aimasses;—que je finis, que tu finis, pour que je finisse, que tu finisses;—que je reçus, que tu reçus pour que je reçusse, que tu reçusses;—que je rendis, que tu rendis, pour que je rendisse, que tu rendisses.
Impartial, adj., qui est juste, qui n'est ni pour ni contre quelqu'un; partial, qui est injuste, qui est pour ou contre quelqu'un; impartialité, qualité de celui qui est impartial; partialité, qualité de celui qui est partial.—Nous avons souvent entendu confondre ces mots.
2. L'Académie ne donne point d'exemple du plur. masc.; La Harpe a dit, des juges impartiaux:—en général les grammairiens approuvent ce pluriel.—Le plur. masc. partiaux (de partial) est peu usité.
Impasse, s. féminin.—C'est une rue sans issue, ou un cul-de-sac (prononcez cu-de-sac).—Impasse ne signifie nullement impolitesse, injure, insulte, outrage, passe-droit.
Implicitement, Explicitement.—Explicitement signifie, d'une manière explicite, développée, en termes clairs, formels, précis, en toutes lettres: ce criminel a explicitement demandé sa grâce.—Implicitement signifie, d'une manière implicite, enveloppée, c'est-à-dire, en termes qui ne sont ni exprès, ni formels, ni clairs: il m'a fait implicitement entendre que je pouvais compter sur lui.—Il faut en dire autant des adjectifs implicite et explicite.
Impoli, Grossier, Rustique: voyez rustique.
Import, dans le sens de montant, n'est pas français: je vous paierai le montant de vos fournitures et non l'import.
Importer, Exporter.—On importe quand on fait arriver dans son pays les productions, les marchandises étrangères: on importe en Belgique le café, le thé.—On exporte, quand on transporte des marchandises, des productions hors d'un pays: la Belgique exporte des armes à feu en Asie, en Amérique, etc.—La différence que nous venons d'établir, s'applique aux substantifs importation et exportation.
Imposer, En imposer.—Imposer, c'est inspirer du respect, de la crainte (c'est être imposant): la figure de cet homme impose.—En imposer a été pris souvent dans le même sens, mais il signifie plus exactement tromper, surprendre, abuser, en faire accroire: ne le croyez pas, il en impose; il m'en avait imposé par son air de douceur.
Impossible, adj.—Ne dites pas: il m'est impossible de pouvoir vous rendre ce service (pléon. vic.); dites: il m'est impossible de vous rendre ce service, ou je ne peux pas vous rendre ce service.
Imprégner, imprégnation: mouillez gn, comme dans ensei-gner; cependant, quelques grammairiens prétendent qu'il faut prononcer impreghnation (g dur).
Impression.—Ne dites pas: ce discours m'a fait impression, mais, a fait impression sur moi, m'a impressionné.
Impromptu, s. m., ce qui se fait sur-le-champ; vers improvisés: prononcez impromp'tu.
L'Académie écrit impromptu; d'après elle, il s'écrit sans s au pluriel; cependant elle fait remarquer que quelques-uns l'écrivent avec une s: des impromptus (en un seul mot). Nous ferons observer toutefois que in-promptu, conservant sa forme latine, ne peut pas prendre d's au pluriel.
In: voyez in-douze.
Inanimé (cadavre), pléonasme vicieux; dites simplement cadavre.
Inattention.—Ne dites pas: c'est faute d'inattention qu'il a laissé passer cette faute sans la corriger; c'est en effet à cause de son inattention (et non par défaut d'inattention, ou à cause de son attention), qu'il a laissé passer la faute; dites, c'est par inattention ou faute d'attention qu'il a laissé passer...—Voyez faute, 2.
Incendie, est masculin: il ne faut qu'une étincelle pour allumer un grand incendie.
2. Ne dites pas: compagnie d'assurance contre incendie; dites, contre l'incendie.
Incessamment, signifie sans cesse: il travaille incessamment.—Il signifie aussi sans délai, au plus tôt: nous partirons incessamment; cet ouvrage paraîtra incessamment.—Ne dites donc point: nous partirons très-incessamment, cet ouvrage paraîtra très-incessamment, car cela signifierait très sans délai, très au plus tôt, ce qui est absurde.
Inclus, Incluse, part. passé du verbe inusité inclure.—Ci-inclus: cette locution s'emploie comme 228 adverbe (et reste par conséquent invariable), lorsqu'elle précède le verbe ou le substantif: vous trouverez ci-inclus copie du contrat; ci-inclus, vous trouverez copie du contrat.—Néanmoins, si le substantif est précédé d'un article ou d'un adjectif déterminatif, ci-inclus est adjectif et s'accorde, pourvu toutefois qu'il ne commence pas la phrase: vous trouverez ci-incluse la copie du contrat et ci-inclus la copie du contrat.—Après le substantif, ci-inclus est toujours adjectif: la lettre ci-incluse.—Ces observations s'appliquent également à la locution ci-joint.
Incognito, s. m., sans être connu: mouillez gn comme dans agneau et ne dites pas incogh'nito, incoknito. (Acad.)
Inconnu, demande la préposition à devant son régime, tandis que connu demande la préposition de: il est inconnu à tout le monde; il est connu de tout le monde.—Cependant, en poésie et dans le style soutenu, on peut mettre de devant le régime d'inconnu: l'hymen est inconnu de la pudique abeille. (Delille.)
Inconsolable, adj.—L'Académie ne le dit pas seulement des personnes, elle le dit aussi de la douleur: homme inconsolable, douleur inconsolable.—Prononcez inconçolable. (s dure) et non inconzolable ni inconsolape.—Voyez consolable.
Indemne, adj., dédommagé; prononcez indèm'ne.
Indemniser (dédommager), indemnité (dédommagement); prononcez indam'nizer, indam'nité.
Index, s. m., table d'un livre, deuxième doigt; prononcez indekce et non indêke.
Indice, signe apparent, est masculin: j'en ai de grands indices.
Indigeste, adj.: voyez digestion.
Indigestion, s. f., défaut de digestion; prononcez ti comme dans menti: indiges'thion et non indigècion; 229 il en est de même de digestion, combustion, mixtion, suggestion, question, bastion, Ephestion, Péthion.—Voyez digestion et digestif.
Indigne: voyez digne.
Indignité, s. f.—Prononcez indi-gnité (en mouillant gn) et non indign'nité ni indigh'nité—Voyez gn.
Indomptable, indompté: voyez dompter.
In-douze, in-dix-huit, in-quarto, in-vingt-quatre; in-trente-deux, in-folio: prononcez ain-douze, ain-dix-huit; ain-quarto, etc., et non ine-douze, ine-dix-huit, ine-quarto.—In-octavo: prononcez ine-octavo.
Induire à erreur, Induire en erreur.—Induire à erreur, c'est être la cause volontaire ou involontaire de l'erreur où tombe une personne: il fut induit à erreur par un faux bruit.—Induire en erreur, c'est tromper à dessein, avec intention: il voulait m'induire en erreur. (Acad.)
Indulgent.—On dit indulgent pour ou envers: il est indulgent pour ses amis, envers ses enfants;—indulgent à se dit aussi, mais il est peu usité.
Indult, s. m., privilége ecclésiastique; prononcez indulte et non indule.
Inénarrable, adj., qu'on ne peut conter; prononcez inénar'rable, en faisant sentir les deux rr.
Inestimable, adj.—Ce mot veut dire qui ne peut pas être estimé à cause de son grand prix: un diamant d'une valeur inestimable, un service inestimable.—Ce serait donc un barbarisme de faire de ce mot le contraire d'estimable, qui n'est pas estimable, qui n'est pas digne d'estime.
Inexact, adjectif, qui n'est pas exact; prononcez inexac-te.
Inexpugnable, adj., qu'on ne peut prendre d'assaut; prononcez inekspugh'nable (g dur).
Inextinguible, adj., qu'on ne peut éteindre; prononcez inekstinguible (ui diphth.) et non inekstinghible, ni inekstinghouible.
Infaisable, adj., non faisable: prononcez infesable et non infaisable ni infèsable.
Infect, adj., puant, corrompu: prononcez infecte et non infèke.
Infectation.—Ne dites pas: c'est une infectation en parlant de mauvaise odeur; dites, c'est une infection (infect, infecter, infection).
Infecter, Infester.—Infecter (infect), c'est corrompre ou incommoder par communication de quelque chose de puant, de contagieux ou de venimeux: ces égoûts infectent la ville de leurs émanations délétères; il nous infecte de son haleine; le choléra a infecté toute la province; il infecta le pays de sa pernicieuse doctrine. (Acad.)—Infester, c'est ravager tourmenter par des actes fréquents de violence et de brigandage: les pirates infestaient toutes les côtes; le pays était infesté par des brigands.
Infinité, employé seul ou avec un pluriel veut le verbe au pluriel: une infinité sont d'avis; une infinité de personnes ont péri. Mais si ce mot est suivi d'un collectif singulier, le verbe se met au singulier: une infinité de monde est venue le voir; une infinité de peuple a pris les armes. Précédé de en, il régit le pluriel: il y en a une infinité qui disent (sous-entendu de gens).—Cette remarque est applicable aux collectifs partitifs et aux adverbes de quantité, un grand nombre, une foule, peu, beaucoup, toute sorte, toute espèce; ainsi l'on dira: toute sorte de monde est venu; toute sorte de personnes sont venues.
Inflammation: ne dites pas enflammation.
Informer.—On informe quelqu'un de quelque chose; ne dites donc pas: j'informe que, mais, je vous informe de..., j'informe le public de...—Informer ne peut jamais être suivi de que, par la raison que la proposition qui suit ce que tiendrait lieu de régime direct d'informer, ce qui ne serait pas correct (on 231 informe quelqu'un de quelque chose). Dites donc j'ai l'honneur de vous informer de tel fait, de telle circonstance, et non, j'ai l'honneur de vous informer que, phrase vicieuse adoptée à tort par nos administrations.—Si l'on ne peut pas remplacer le que par de suivi d'un substantif, il faut remplacer informer par un autre verbe, tels que annoncer, faire savoir, donner avis, porter à la connaissance, etc. Voyez prévenir.
Ingrédient, s. m., partie d'un mélange; prononcez ingrédian et non ingrédiain.
Inhérent, inhérence: prononcez inéran, inérence.—Adhérent, incohérent, incohérence; prononcez adéran, incoéran, incoérance.
Inhibition, s. f., défense: prononcez inibition.
Inhumer (enterrer), inhumation (action d'enterrer), inhumain, inhumanité; prononcez inumer, inumation, inumain, inumanité.
Initial, ale, adj.—L'Académie ne donne point d'exemple du plur. masc.—Dumarsais, Beauzée, Boinvilliers et quelques autres grammairiens, disent initials.—Prononcez inicial, inicier, iniciation (initier, initiation).
Inlisible, Illisible.—L'Académie admet ces deux mots comme parfaitement synonymes; mais l'usage a consacré le dernier: écriture illisible.—Quelques grammairiens pourtant s'ingénient à établir une différence entre ces deux mots: illisible, se dirait de l'écriture qu'on ne peut pas lire; manuscrit illisible;—inlisible se dirait d'un ouvrage ennuyeux à lire, d'un style fatiguant: ce poème est inlisible.—Nous croyons que généralement on ne tient pas compte de cette nuance et que illisible est à peu près exclusivement usité.
Inn, au commencement des mots: les deux nn se font sentir excepté dans innocent et ses dérivés.
Innocent, dans le sens de, qui a l'esprit faible, borné, est français: c'est un innocent, un grand innocent; vous faites l'innocent. (Acad.)
Innommé, adj., sans nom: prononcez ine'nomé et non ain-nomé.
Innover (introduire des nouveautés), innovation: prononcez les deux nn.
In-octavo, s. et adj.: prononcez ine-octavo. Voyez in-douze.
Inonder, Inondation: ne prononcez qu'une n et ne dites pas in'-nonder, in'-nondation.
In-partibus (on sous-entend infidelium), se dit de celui qui a un titre d'évêché dans un pays occupé par les infidèles: évêque in-partibus:—prononcez ine-partibuce.
In-petto, adv., dans l'intérieur du cœur, en secret: cardinal nommé in-petto; prononcez les deux tt, ine pet'to.
In-plano, s. m., se dit du format d'un livre où la feuille imprimée ne contient qu'une page de chaque côté: prononcez ine-plano.
Insatiable, adj., qu'on ne peut rassasier: prononcez inçaciable et non inçathiable, ni inçaziable.—On dit aussi irrassatiable, mais ce mot est peu usité.
Insçu (à l'): on écrit plus souvent et mieux insu.
Insecte, petit animal articulé, est masculin: un chétif insecte.—Prononcez insek-te et non insèke.
Insigne, insister, insurgé, insurrection, insipide, insulter: prononcez l's dure comme dans insensé et non comme z dans désirer.
Insipide, adj., qui n'a nul goût, nulle saveur.—C'est une faute d'employer insipide, dans le sens de sciant, ennuyeux, importun, insupportable, impatientant, et de dire, voilà des enfants bien insipides, au lieu de, bien ennuyeux, bien insupportables, bien impatientants, etc.
Instinct, s. m., esprit des animaux; prononcez instin, et non instinke.
Institut, s. m., établissement où l'on enseigne une ou plusieurs sciences, un ou plusieurs arts; ce mot n'est pas français dans ce sens et ne figure dans aucun dictionnaire; dites école de commerce, école de médecine, école normale, école militaire, etc.—Il faut en dire autant de institut d'enseignement; dites, école, collége, pensionnat, maison d'éducation, selon le sens.—Cependant le mot institution, pour signifier un établissement destiné à l'instruction et à l'éducation de la jeunesse, est aujourd'hui consacré par l'usage et figure dans de bons dictionnaires: institution de jeunes gens, institution de demoiselles, chef d'institution.
Instrument: voyez jouer.
Insulter.—Insulter quelqu'un, c'est l'outrager de faits ou de paroles: il l'a insulté publiquement.—Insulter à, c'est manquer à ce qu'on doit aux personnes ou aux choses: il ne faut pas insulter aux malheureux; il ne faut pas insulter à leur misère.
Intact, adj., auquel on n'a pas touché: prononcez intak-te et non intake.
Intellect, s. m., intelligence: prononcez intel-lek-te;—intellect, intellectuel, intelligence, intelligent, intelligible, intelligiblement: dans tous ces mots on fait sentir les deux ll.
Intention.—Ne dites pas, je suis d'intention; mais, j'ai l'intention de faire telle chose.
Interdire, se conjugue comme médire: vous interdisez et non vous interdites.
Intérêt, s. m.—Ne dites pas: ce domestique est sur les intérêts de son maître; dites, ce domestique soigne les intérêts, a à cœur les intérêts de son maître.
Intérim, s. m., entretemps: prononcez ain-térime et non ine-térime; il ne s'emploie pas au pluriel.
Interjeter, v. a.—Il ne double point le t devant un e muet, comme jeter: ils interjètent appel de ce jugement.
Interligne, est masculin, excepté lorsqu'il se dit des lames de métal que, dans les imprimeries, on place entre les lignes pour les séparer et les maintenir: écrire dans un interligne; la largeur d'une interligne.
Interpeller, Interpellation, requérir, sommer, action de...: prononcez les deux ll.
Interrègne, s. m., intervalle de deux règnes: prononcez les deux rr.
Interroger, interrogation, interrompre, interruption, interrupteur:—dans ces mots et leurs dérivés, on ne prononce qu'une r.
Interstice, intervalle de temps; ce mot est masculin: les interstices sont remplis.
Intervalle, est masculin: ce fou a de bons intervalles.
Introït, s. masculin, prière au commencement de la messe: prononcez aintro-ite et non inetroïte ni intro-iït.
Intrus, participe passé du verbe inusité intrure, qui est introduit contre le droit dans quelque dignité ecclésiastique; prononcez aintru et non intruce; le féminin est intruse.—Il est adjectif et substantif.
Invectiver, dire des choses injurieuses, est un verbe neutre; on ne doit donc pas dire invectiver quelqu'un, mais, invectiver contre quelqu'un comme on dit invectiver contre le vice.
Inventaire, pour signifier ce plateau d'osier que portent devant elles les marchandes de fruits, de légumes, de poissons, etc.; ce mot n'est pas français; il faut dire éventaire (s. m.): voyez ce mot.
Inventeur, fait au féminin inventrice.
Inviter, suivi d'un infinitif, demande la préposition à: il m'a invité à dîner. (Acad.)
Invoquer, Évoquer.—On évoque les morts;—on n'invoque que Dieu, les saints, les vivants, les choses inanimées.
Ipécacuana, s. m., racine brune ou grise; ne dites pas ipicacuana.
Irai.-Ne dites pas: j'irai z'à Stavelot demain, mais j'irai à...; la terminaison ais appartient à l'imp. de l'ind. et au condit. prés. et non au futur simple.
Iris, arc-en-ciel, plante, est masculin; on l'a fait autrefois du féminin.—Iris, personnage mythologique (messagère de Junon), est féminin.—Prononcez irice dans les deux cas.
Irr, au commencement des mots:—on fait sentir les deux rr: ir'riter, ir'résistible, ir'récusable, ir'ruption, etc.
Irruption, s. f.: voyez éruption.
Isle, s. f., islot, s. m.; écrivez et prononcez île, îlot.
Isme, Iste, à la fin des mots.—Prononcez distinctement l's et l'm ainsi que l's et le t: catéchis-me, schis-me, barbaris-me, wallonnis-me et non catéchisse, schisse, barbarisse, etc., ni catéchim-se, schim-se, barbarim-se.—Prononcez de même catéchis-te, calvinis-te, résis-te, persis-te, Baptis-te, et non catéchisse, calvinisse, etc.—Voyez finales.
Israël.—Prononcez Is'ra-èle et non Is'raïèle ni I-zraèle, Isra-éle (é fermé).
Isthme, s. masculin, langue de terre entre deux mers; prononcez is'me.—Isthmique, prononcez is'mique.
Italianisme, Italicisme, Italisme, idiotisme de la langue italienne; ces trois mots sont français, mais italicisme est préférable.—Prononcez italicis-me et non italcisse ni italicim-se: voyez idiotisme.
Item, adv., de plus: prononcez itème. Voyez ibidem, idem.
Ivoire, est masculin: cet ivoire est bien blanc.
Ivraie, s. f., mauvaise herbe: prononcez ivrai (ai long) et non i'vrai-ïe.
Ivre, adj.—Ne dites pas: il s'est fait ivre, pour il s'est enivré; cela signifierait, il a feint d'être ivre.
2. Ivre-mort et mort-ivre, font au féminin ivre-morte, morte-ivre, et au pluriel ivres-morts, morts-ivres, ivres-mortes, mortes-ivres.
Ivresse, s. f., se dit au pluriel dans le sens de passions: le réveil suit de près vos trompeuses ivresses. (J.-B. Rousseau.)
2. Il peut également s'employer au pluriel dans le sens propre, d'après Laveaux, pour signifier des états d'ivresse particuliers et distingués les uns des autres: dans ses fréquentes ivresses, il ne connaît plus personne.
Ivrogne, adj. et s. m.—Le féminin correspondant est ivrognesse.
J.—Je ne doit pas se prononcer che; où suis-je, que dis-je, j'ai jeté, se déjeter, etc., et non, où vais-che, que dis-che, j'ai cheté, se décheter. (Wall.)
Jaconas, s. m., espèce de mousseline: une robe de jaconas; l's ne se prononce pas.—Jaconade n'est pas français.
Jadis, adv., autrefois.—Il s'emploie quelquefois adjectivement avec le mot temps: les bonnes gens du temps jadis; cela était bon au temps jadis: cet emploi est familier. (Acad.)—Prononcez jadice.
Jais, s. m., bitume d'un noir luisant.—Ne dites pas: cela est noir comme un geai, mais, comme jais ou comme du jais.—Voyez geai, jaune et lait.—Prononcez jè (long).
Jalouser.—Ce verbe est actif et il faut dire: ce marchand jalouse ses concurrents (et non contre, ou sur ses concurrents); les gens du même métier se jalousent entre eux (et non jalousent l'un contre l'autre, l'un sur l'autre).
Jalousie.—Gardez-vous bien d'écrire ou de prononcer jalouserie.
Jamais.—Prononcez jamais et non jamain.
Jambe.—Ne dites pas: mettre la jambe à quelqu'un pour le faire tomber; dites, donner le croc-en-jambe à quelqu'un...—Le c de croc se prononce fortement; prononcez jambe et non jampe.
Jambonneau, s. m., petit jambon: jambonnet n'est pas français.
Jarreté, qui a les jambes de derrière tournées en dedans et si peu ouvertes que les jarrets se touchent presque en marchant: je ne veux point de ce mulet, il est jarreté.—Ne dites point jarreteux ni jerreteux.
Jauger, mesurer un vase pour voir s'il est de la mesure dont il doit être; ne dites ni jaucher ni gauger.
Jaune.—Ne dites pas: il est jaune comme un safran, mais, comme safran ou comme du safran.
2. Ne dites pas: ces poires sont jaunes, mais, sont mûres.
Je.—Lorsqu'on élide l'e, il faut se garder de prononcer je comme che: il faut que je fasse mes devoirs et non, que ch'fasse mes devoirs.
Jésus.—Voyez antechrist et Christ.
Jet d'eau, eau qui jaillit d'un tuyau; ne dites pas jeu d'eau, qui est français, mais qui a un sens plus particulier.
2. Jet, dans le sens de levure, n'est pas français.
Jeter.—Ne prononcez pas le j placé devant un e muet comme un che: je l'ai jeté (jeté et non ch'té) par la fenêtre; nous jetons (et non nous ch'tons), vous jetez (et non vous ch'tez), je jetterai (et non je ch'terai).—Il en est de même du substantif jetée et des dérivés de jeter.—Voyez je.
Jeu, s. m.—Ne dites pas: je ne puis plus jouer qu'un jeu; dites, je ne puis plus jouer qu'une partie.
Jeune, peu âgé: prononcez jeune (eu bref);—jeûne, abstinence, prononcez jeûne (eû long);—prononcez de même jeûner, jeûneur, déjeuner (déjeuner s'écrit sans accent circonflexe.)
2. Quand l'adjectif jeune est précédé de l'article, on ne peut pas le placer indifféremment devant ou après le substantif: le jeune Pline signifie que Pline n'est pas âgé, tandis que Pline-le-Jeune se dit pour le distinguer de Pline-l'Ancien.
3. On dit jeune homme au singulier et jeunes gens au pluriel; quand il s'agit de filles, on dit mieux aujourd'hui jeune personne, jeunes personnes que jeune fille, jeunes filles.
4. Ne dites pas, un vieux jeune homme, pour désigner un homme d'un certain âge qui vit dans le célibat; dites, un vieux garçon, un vieux célibataire; dites de même une vieille fille, une vieille demoiselle:—célibataire ne se dit pas des femmes.
5. Ne dites pas: du fromage jeune, du beurre jeune; dites, du fromage, du beurre frais, nouveau.
6. Jeune, employé comme substantif, ne peut pas se dire d'un animal nouvellement né; il faut se servir du mot petit dans cette acception: les petits (et non les jeunes) d'une chatte, d'un pigeon, d'un corbeau.—Cependant en parlant de grives, de perdrix, par exemple, on pourrait dire: les jeunes sont tendres et délicates, tandis que les vieilles sont plus coriaces.—Ici jeune est pris comme adjectif et est opposé à vieux.
Jeunesse, s. f.—Ne dites pas: laissez rire ces jeunesses, c'est leur âge; dites, laissez rire ces jeunes gens, ou bien, ces jeunes personnes, selon le cas.
Joailler, s. m., qui fabrique et vend des joyaux; ne dites pas jouailler:—jouailler, c'est jouer petit jeu.
Jockey, s. m., mot anglais.—Prononcez jokè.
Joint, te: ci-joint: voyez ci-inclus, au mot inclus.
Jointée, s. f., autant que les deux mains rapprochées peuvent contenir: une jointée d'orge, une jointée d'avoine.
Joli, Beau.—Joli, offre l'idée de quelque chose de gentil, qui plaît; beau se dit de ce qui est grand, de ce qui inspire de l'admiration.—D'où il suit que joli ne peut pas se dire d'une composition large et sérieuse ou d'une scène grandiose de la nature; ne dites donc pas: Athalie est une jolie tragédie; la mer, le lever du soleil est une jolie chose, etc.; dites, Athalie est une belle tragédie... Mais vous direz très-bien: Perrault a écrit de jolis contes; Lafontaine a fait de jolies fables, etc.
2. Ne dites pas: voilà un joli enterrement;—joli en effet exclut toute idée de tristesse, de douleur; dites, un bel enterrement.
Joliment, adv., se dit dans un langage très-familier pour beaucoup, extrêmement: il l'a joliment puni; vous vous êtes joliment trompé. (Acad.)—Beaucoup de personnes font un étrange abus de ce mot et disent par exemple: il a joliment neigé, j'ai joliment dormi, j'ai joliment faim, etc. Nous pensons qu'il faut rejeter ces sortes de locutions.
Jouer.—Ne dites pas, jouer avec les cartes ni jouer une carte, mais, jouer aux cartes. (Flandr.)—Voyez jeu.
2. Ne dites pas d'un musicien: il joue si bien sur le piano, sur le violon, etc.; mais, il joue si bien du piano, du violon.
3. Ne dites pas: jouer banqueroute, mais faire banqueroute. (Flandr.)
4. Ne dites pas: jouer dans la tête, en parlant d'idées, de chimères, de ce qu'on appelle faire des châteaux en Espagne; dites, passer par la tête:—ce sont de vaines idées qui vous passent par la tête.
5. Jouer, est un mot générique qui se dit de tous les instruments de musique, et dans cette acception il est 240 neutre et doit être accompagné de la préposition de: jouer de l'orgue, du piano, du violon, etc.
6. On bat la caisse, le tambour, les timbales.—On donne du cor.—On sonne du cor et de la trompette.—On pince la harpe, la guitare, le luth, le téorbe.—On touche l'orgue, le piano, l'harmonium.
7. Prononcez jou-er et non jou-wer; je joue, (je joû, oû long), et non jou-we; je jou-ais, et non je jou-wais; je jouerai (je joûrai, oû long), et non je jou-we-rai, etc.—Prononcez de même jou-eur, et non jou-weur.
Jouereau, s. m., qui joue mal à quelque jeu ou qui hasarde peu au jeu; prononcez joûrau.
Joueur de tours, se dit aussi bien que faiseur de tours.
Joug, s. m.—Prononcez jougue, en faisant sentir le g même devant une consonne: un joug pesant, un joug honteux, un joug honorable.
Jouir.—On jouit de quelque chose d'agréable, d'avantageux;—ne dites donc pas: il jouit d'une mauvaise santé, d'une mauvaise réputation; dites, il a une mauvaise santé, une mauvaise réputation.
2. Prononcez: jou-ir, je jou-is, je jou-issais, jou-issance et non jou-wir, je jou-wis, je jou-wissais, jou-wissance.
Jour.—Faire son bonjour, faire ses dévotions, sont des locutions françaises. (Acad.)
2. On dit, jour ouvrable, jour ouvrier, et non jour d'ouvrier.
3. Ne dites pas: c'est mon jour aujourd'hui, demain; dites, c'est ma fête aujourd'hui, demain. (Flandr.)
4. Ne dites pas: cela est arrivé un jour au matin, un jour au soir; dites, ... un matin, un soir.
5. On dit indifféremment: vivre au jour le jour et vivre au jour la journée, c'est-à-dire, s'inquiéter peu du lendemain, être sans prévoyance. (Acad.)
6. Ne dites pas: au jour d'aujourd'hui l'instruction est bien répandue; dites, aujourd'hui ou à présent ou au siècle où nous sommes, ou bien, selon le sens, à l'heure qu'il est, l'instruction est bien répandue.
7. Ne dites pas: quel jour avons-nous? dites, quel jour est-il, quel jour sommes-nous, quel jour est-ce aujourd'hui?
8. Ne dites pas: jour bien employé, mal employé; dites, journée bien employée...—La journée est le jour par rapport à la manière dont il s'est passé.
9. Jour civil, espace de vingt-quatre heures qui se prend de minuit à minuit.—Jour naturel, temps qui s'écoule entre le lever et le coucher du soleil.—Jour astronomique, espace de vingt-quatre heures solaires moyennes, d'un midi à l'autre.—Jours complémentaires, dans le calendrier républicain, se disait des cinq ou six jours que l'on comptait à la fin de l'année, pour compléter le nombre de trois cent soixante-cinq ou de trois cent soixante-six jours, les mois de ce calendrier n'étant chacun que de trente jours.
10. Jours gras, les derniers jours du carnaval qui sont le jeudi, le dimanche, le lundi et le mardi.
11. Les noms des jours de la semaine s'écrivent sans majuscules: dimanche, lundi, mardi, etc.—Voyez calendrier républicain.
Jourd'hui, le jour actuel, appartient au vieux langage; il ne s'employait qu'avec le ou ce.—Ce jourd'hui est encore usité au palais.
Journal.—Ne dites pas: j'ai lu cette nouvelle sur le journal, sur la gazette, etc., mais, dans le journal, dans la gazette, comme on dit, j'ai lu dans tel livre.
Journellement, tous les jours, chaque jour: il étudie journellement cinq heures consécutives.—Journalièrement n'est pas français.
Jubé, s. m., espèce de tribune élevée dans une église; ne dites pas doxal ni toxal.
Juge.—Prononcez ju-ge, je ju-ge, je ju-gerai, jugement et non ju-che, je ju-che, je ju-cherai, ju-chement.
Juger, v. a. et n.—Ne dites pas: il juge tout ou sur tout à tort et à travers; dites, il juge de tout ou il tranche sur tout...
2. Juger quelqu'un ou quelque chose, c'est décider comme juge ou arbitre, ou bien exprimer d'une manière tranchante, une opinion, un avis: juger un procès (comme juge); jugez-nous (comme arbitre), je vous prie; vous jugez (décidez sur le mérite de) cet homme trop sévèrement.
3. Juger de, c'est avoir, énoncer une opinion; cette forme est plus vague et surtout moins pédantesque: juger sainement des choses; juger de la pièce par l'échantillon; il ne faut pas juger des gens sur l'apparence. (Belgicismes, par M. J. Benoit.)
Juif, fait au féminin juive et non juifresse ni juivresse.—Faites sentir l'f de juif au singulier et au pluriel; prononcez ju-if, ju-ive, et non jou-if, joui-ve (ui diphth. et non oui).
Juillet.—Prononcez ju-illet (ui diphth.) et non jou-illet, ni ju-let, julette: on mouille les ll.
Juin.—Prononcez ju-in (ui diphth.) et non jeun, jun ni jou-in.
Jujube, est féminin: de la jujube.—Prononcez juju-be et non juju-pe.
Jumeau, Jumelle, se dit de deux ou de plusieurs enfants nés ensemble.—Ne le confondez pas avec gémeau, subst. masculin, qui n'est usité qu'au pluriel Gémeaux, pour signifier l'un des douze signes du zodiaque.
Junte, s. f., nom que l'on donne à différents conseils en Espagne et en Portugal: la junte du commerce. Prononcez jonte.
Jurer, se dit pour blasphémer; jurement se dit également dans le sens de blasphème, imprécation, exécration. (Acad.)
Jury, Juré, Juriste.—Le jury est le corps, la réunion des jurés;—le juré est un membre du jury;—le juriste est celui qui écrit sur des matières de droit.—Quelques-uns écrivent juri, dit l'Académie, qui cependant a adopté jury.—Beaucoup de personnes confondent les deux mots jury et juré.
Jus, s. m.—Ne dites pas: cet enfant tousse, il faut lui donner du jus; dites, ... du jus de réglisse.
Jusque, prép., exige toujours à sa suite une préposition avec son complément: jusque dans les enfers, jusque par-dessus la tête, jusqu'à nouvel ordre.
2. On écrit quelquefois jusques avec une s à la fin, lorsque ce mot est suivi d'un autre mot commençant par une voyelle; alors on fait sentir la liaison entre jusques et le mot suivant: jusques au ciel, jusques à quand.
3. Jusque, suivi de là, adverbe, prend toujours un trait d'union: ils en vinrent jusque-là, et non jusqu'à-là qui n'est pas français.
4. On dit jusqu'à hier, jusqu'à demain, jusqu'à midi, jusqu'à Paris, jusqu'à Namur, et non pas jusque Paris, jusque Namur.—On peut dire jusqu'aujourd'hui et jusqu'à aujourd'hui, mais le premier est préférable.—Prononcez jusque (e muet) et non jusquè.
Juste.—Comme de juste est une expression aussi vicieuse que le seraient comme de vrai, comme de faux; dites comme de raison, comme il est juste.
2. Ne dites pas: il est sept heures justes; dites, il est sept heures précises.—Mais on dira bien: il est arrivé juste à l'heure du dîner; juste, est ici adverbe et signifie justement, exactement. Prononcez jus-te et non jusse.
Justement.—Dites, ce chasseur tire juste; peser juste; cela entre juste; chanter juste; il a deviné juste; il raisonne juste, etc., et non justement.
2. Justement signifie avec justice: il a été condamné justement.
3. Il signifie aussi la même chose que précisément: je suis arrivé justement quand on se mettait à table.
4. Ne dites pas: vous venez à propos, il est justement arrivé; dites, il vient d'arriver, il ne fait que d'arriver.—Voyez faire.
Kakatoès, s. m., sorte de perroquet huppé: prononcez kakatoua. (Acad.)
Karat, s. m.: on écrit plus souvent carat.
Keepsake, s. m., souvenir (mot anglais): prononcez kip'sèke.
Kermesse ou Karmesse, s. f., nom qu'on donne en Belgique et en Hollande aux fêtes annuelles communales ou paroissiales. (Acad.)
2. Ducace ou dicace se dit également pour kermesse dans ces pays; mais ce mot n'a pas été adopté par l'Académie, attendu qu'il n'est qu'une corruption du mot dédicace, lequel ne se dit que de cérémonies ou de fêtes religieuses.
Kilogramme.—On dit souvent par abréviation, dans le commerce: kilo, cinquante kilos. (Acad.)
2. Quoi qu'en dise l'Académie, le pluriel kilos est un véritable barbarisme, car il n'est pas permis de mettre la marque du pluriel à une abréviation, à la moitié d'un mot: on doit donc écrire cinquante kilo, ou mieux cinquante kilog. et mieux encore cinquante kilogrammes.—Ne dites pas kulo ni tilo pour kilo.
Kinine, s. f.: on écrit plus souvent quinine.
Kiosque, s. m., pavillon de jardin: prononcez kios-que et non kiosse.
Kip-kap, mot flamand: dites mou de veau.
Kirsch-wasser (ou simplement kirsch), eau-de-vie de cerises: prononcez kirche-ouaceur (eur bref), kirche.
Knout, s. m., supplice du fouet en Russie: prononcez knoute.
Koekebak, mot flamand estropié, par lequel on désigne souvent des crêpes (bouquettes en wallon).
Kopeck, s. m., monnaie russe d'environ quatre centimes; on écrit aussi copeck.—Prononcez kopèke.
Koran, s. m.: on écrit plus souvent Coran: voyez Alcoran.
Kreutzer, s. m., monnaie allemande: prononcez kreutzère; quelques-uns prononcent krètche.
Kyrie-eleison, s. m., prononcez ki-ri-é-éleis-sone, et non ki-ri-é-élei-zone.
L.—Il y a deux sortes d'l: l'l simple et l'l mouillée.—L'l simple est celle qui ne fait entendre qu'une seule articulation, qu'elle soit simple en effet comme dans bal, bel, fil, col, nul, etc., ou double comme dans balle, bulle, ville, molle, collége, etc.—L'l mouillée, dont la prononciation est particulière à la langue française, est presque toujours indiquée par la présence d'un i devant cette consonne; elle se prononce alors, non d'après sa valeur ordinaire, mais avec une sorte de mollesse, en faisant entendre un i après elle, indépendamment de celui qui la précède réellement; ainsi billard, piller, tilleul, bouillon, mouiller, ailleurs, bouteille, cueille, meilleur, etc., se prononcent comme s'il y avait biliard, pilier, tilieul, boulion, moulier, alieurs, bouteillie, cueillie, melieur.—Plusieurs grammairiens prétendent qu'il faut prononcer à la manière des wallons et du peuple de Paris: biïard, piïer, tiïeul, bouiïon, aiïeurs, bouteiïe, cueiïe, meiïeur, 246 mouiïer, etc., en supprimant entièrement l'l et en la remplaçant par deux i ou par un y.—Nous pensons que la première prononciation est plus généralement reçue dans notre pays. Au reste, cette question étant très-controversée, chacun peut adopter telle prononciation qu'il lui semblera bon.—Nous ajouterons pourtant que bon nombre de grammairiens recommandent la première prononciation dans le discours soutenu et la seconde dans la conversation ordinaire.
2. L finale est mouillée dans les mots suivants: avril, babil, cil, fenil, grésil, gril, mil ou millet et péril. (Acad.)—Elle ne se prononce pas dans: baril, chenil, fournil, fusil, outil, persil, sourcil, coutil, courtil, gentil (voyez ce mot), gril (dans le langage familier), nombril, soûl, cul-de-jatte, cul-de-lampe, cul-de-sac. (Acad.)—Lle finales se mouillent dans les mots suivants: aiguille, anguille, bille, cocomille, cédille, charmille, cheville, coquille, esquille, étrille, famille, faucille, fille, goupille, grille, guenille, lentille, pacotille, pastille, quille, roquille, vétille, vrille, etc.
La.—Le pronom le est invariable et s'emploie toujours au masculin quand il tient la place d'un adjectif: Madame, êtes-vous malade? je le suis (et non je la suis); Mesdames, êtes-vous contentes de ce discours? nous le sommes (et non nous les sommes).—Mais si l'adjectif est précédé d'un article, le, la, les s'accordent avec lui en genre et en nombre, parce qu'alors l'adjectif devient substantif: Madame, êtes-vous la malade dont on m'a parlé? je la suis (et non je le suis); Mesdames, êtes-vous les parentes de Monsieur? nous les sommes (et non nous le sommes).—De même, en s'adressant à des hommes, vous direz: êtes-vous soldats, médecins, avocats, Messieurs?—nous le sommes: (ces subst. sont pris ici adjectivement).—Mais vous direz: êtes-vous les soldats de Sébastopol, Messieurs?—Nous les sommes: (le subst. ici est un véritable substantif).
2. Là (avec un accent grave pour le distinguer de l'article la) et Ci, adv. dém., se mettent souvent à la suite des pronoms démonstratifs, et dans ce cas, on doit mettre un trait d'union entre là et ci et les mots qui les précèdent: celui-ci, celui-là, ce temps-là, cet homme-là.
3. Il s'emploie quelquefois par une sorte de redondance, et pour donner plus de force à la phrase, et dans ce cas, il ne faut pas de trait d'union: c'est là du courage; c'est là ce que vous auriez dû faire.
4. Ne dites pas: c'est là où je l'ai vu; dites, c'est là que je l'ai vu.
5. Ne dites pas: vous êtes venu chez moi, je n'étais pas là; dites, je n'y étais pas, je n'étais pas à la maison, j'étais absent.
6. De là, sans trait d'union, signifie de ce lieu-là, de ce point-là, de ce sujet-là, de cette chose-là; de là à la ville il y a cinq cents pas; tirez-vous de là; de là sont venues les guerres civiles.
7. Delà, prép., s'écrit en un seul mot, c'est-à-dire, sans trait d'union entre de et là: delà la rivière, delà les monts; il est de delà les monts, par delà le cap de Bonne-Espérance.—Dans ces derniers cas, toutefois, on dit de préférence au delà des monts, au delà du cap de Bonne-Espérance.
8. Deçà et delà, de côté et d'autre: j'ai perdu ma bourse, je l'ai cherchée deçà et delà; il était à cheval, jambe deçà, jambe delà, c'est-à-dire à califourchon.
9. En delà, signifie plus loin.
10. Par-ci, par-là, jusque-là, s'écrivent avec un trait d'union.
11. La, la, sans accent grave, locution familière, espèce d'interjection: la, la, ne pleurez plus; la, la, en voilà assez.—La, la (sans accent grave); adv.: a-t-il bien travaillé? la, la,—c'est-à-dire, médiocrement.
12. La, s. m., note de musique: prononcez lâ (a long).
Le, La, art.—1o L'article la ne se met que devant les noms des femmes célèbres par leurs crimes.—2o Ce tour que les français emploient rarement parce qu'il n'est pas honnête, est plus ordinaire dans la langue italienne: Le Tasse, la Pansarosa, la Ristori.
2. Ne dites pas: il a pris son enfant sur le bras et l'a emporté; dites, sur son bras.
3. Ne dites pas: l'un jour il travaille et l'autre il ne fait rien; dites, un jour il travaille...
4. Ne dites pas: l'un ou l'autre de mes parents vient me chercher; dites, un de mes parents, quelqu'un de mes parents vient...
5. Ne dites pas: parler le français, l'allemand; dites, parler français, allemand.
6. Ne dites pas: tout alla comme je désirais; dites, comme je le désirais.
7. Écrivez et prononcez: je l'ai vu, vous l'avez reçu, etc., et non je l'lai vu, vous l'l'avez reçu.
8. Ledit, ladite, etc.: voyez dit.
Labarum, s. m., étendard de Constantin; prononcez labarome.
Labour, s. m.—ne dites pas, des chevaux de labourage, mais, des chevaux de labour.
Laboureur, s. m., celui qui par état laboure la terre; ce mot n'a pas de correspondant féminin.
Lac, s. m., ne se dit que d'une grande étendue d'eau, et ne peut pas s'employer comme synonyme de mare, de flaque: dans ce village on abreuve les bestiaux à une mare; il y a des flaques d'eau dans ce chemin.—Il est à remarquer qu'une flaque est moins grande qu'une mare; c'est plutôt ce qu'on désigne, en wallon, sous le nom de potai.—Prononcez lake au sing. et au pluriel.
Lacer, serrer avec un lacet;—délacer, enlacer, laceure, lacet: tous ces mots s'écrivent avec un c.
Lâche, lâcher, lâcheté, lâchement: prononcez l'â long.
Lâcher, v. a.—D'après l'Académie, il faut dire: lâcher de l'eau (uriner) et non lâcher l'eau comme on le dit vulgairement.
Lacs, s. m., cordon délié, nœud coulant pour prendre divers oiseaux ou le gibier; au figuré, piége, embarras;—l'orthographe de ce mot est la même au singulier qu'au pluriel:—prononcez lâ.
Lacune, s. f., vide, interruption; ne le confondez pas avec lagune, petit lac, flaque d'eau.
Ladre, subst., avare, au féminin ladresse. (Acad.)
Lady, s. f., titre que l'on donne en Angleterre aux femmes et aux filles de personnes titrées; au pluriel ladys. Prononcez lédi. (Acad.)
Lai, Laie, adj., laïque: frère lai, moine lai, c'est-à-dire, qui n'est point destiné à la prêtrise; on se sert aussi de ce mot comme substantif. Prononcez lè, son bref, comme dans laid (désagréable.)
Laïc: voyez laïque.
Laideron, s. f., jeune fille ou jeune femme laide; l'Académie n'admet point la forme laideronne: c'est une petite laideron et non laideronne.
Laineux, Lanugineux.—Laineux se dit des moutons et des étoffes qui ont beaucoup de laine; il se dit aussi des plantes ou parties de plantes qui sont couvertes de poils imitant la laine;—lanugineux ne se dit que des parties des plantes, feuilles, fruits, tiges, etc., qui sont couvertes d'une espèce de duvet semblable à la laine ou au coton.
2. Quoique la laine ne paraisse guère mangeable, on trouve cependant dans l'Académie le dicton: se laisser manger la laine sur le dos; ce qui signifie, souffrir tout, ne pas savoir se défendre.—Prononcez laine (lène), laineux (lèneux) et non lain-ne, lain-neux.
Laïque, adj. des deux genres; quelques-uns écrivent laïc au masculin (Acad.);—il est aussi substantif masculin;—il se dit d'une personne qui n'appartient pas au clergé.
Laisse (je, tu, il), du verbe laisser, a l'ai long;—il est bref dans laisse, s. f., corde pour mener les chiens.
2. Ne dites pas mener les chiens à la laisse, mais, en laisse.
Laisser, pour faire, est un flandricisme; ne dites pas: je me suis laissé faire un habit; j'ai laissé relier mon manuel; je me suis laissé saigner, etc.; dites, je me suis fait faire un habit; j'ai fait relier mon manuel; je me suis fait saigner.
2. Ne dites pas: laisser la porte sur la serrure; dites, laisser la porte à demi-fermée ou entrou'verte.
3. Ne dites pas: laissez-nous aller pour allons, partons. (Fland.)
4. Ne dites pas: je me suis laissé à dire; dites, j'ai cédé ou je me suis rendu, j'ai accédé, acquiescé à ses instances, à ses sollicitations, à sa demande. (Wall.)
5. Ne dites pas: je me suis laissé dire: il ne s'agit pas ici d'une permission à donner; dites simplement, on m'a dit.
6. On dit indifféremment, ne pas laisser de ou ne pas laisser que de: il ne faut pas laisser d'aller toujours votre chemin; il est pauvre, mais il ne laisse pas que d'être honnête homme; la seconde expression est pourtant moins usitée que la première.
Lait, s. m.—Prononcez lè (è bref).—Ne dites pas: une carpe à lait, mais, une carpe à laite ou à laitance (substance blanche et molle ressemblant à du lait caillé).
2. Ne dites pas: il est blanc comme un lait; dites, il est blanc comme lait ou comme du lait. Voyez jais, geai et jaune.
3. Lait de beurre ou babeurre (et non lait battu), espèce de petit lait qui reste dans la baratte après qu'on a fait le beurre.
4. Petit-lait ou lait clair, sérosité ou liquide qui se sépare du lait lorsqu'il se caille: prenez un verre de petit-lait pour vous rafraîchir.
5. Lait coupé, lait dans lequel on a mis une portion d'un autre liquide: lait coupé avec du bouillon.
6. Lait de poule, jaune d'œuf délayé dans de l'eau chaude avec du sucre.
Laitière, s. f., femme qui fait le métier de vendre du lait; ne dites pas, femme au lait.—Prononcez laiti-ère et non laitchi-ère. Voyez ti et di.
Lamperon, Lampion.—Le lamperon est le petit tuyau ou la languette qui tient la mèche, (le coton) dans une lampe.—Le lampion est un vaisseau de verre, de terre ou de fer blanc que l'on place dans une lanterne ou dont on se sert pour faire des illuminations.
Lancées, Lançures, Lancements, ne sont pas français; dites, élancements: j'ai des élancements dans la tête, au doigt.—Voyez le mot suivant.
Lancer, faire ressentir dans quelque partie du corps une douleur vive et aiguë avec agitation; dites élancer et non lancer: la tête m'élance, le doigt m'élance.
Lande, Lente, s. f.—Une lande est une grande étendue de terre inculte et stérile: les Ardennes et la Campine sont pleines de landes.—Une lente est l'œuf d'où sortent les poux et qui s'attachent aux cheveux des enfants et des personnes malpropres (ne dites pas lende).—Voyez fange.
Landier, s. m., gros chenet de fer qui sert à la cuisine pour élever le bois autour de l'âtre et le faire brûler plus facilement.—Ne dites pas andier.
Landwehr, s. f., garde civique en Allemagne: prononcez land'vère.
Lange, Linge, s. m.—Le lange est le morceau de linge dont on enveloppe les enfants au berceau;—le linge se dit de toute toile mise en œuvre selon les différents usages auxquels on veut l'employer.—Prononcez lan-ge, lin-ge, et non lan-che, lin-che.
Langue fumée.—Ne dites pas langue enfumée.—Prononcez lan-gue et non lan-ke; prononcez de même bague, harangue, figue, etc.
Lanterne magique, s. f., instrument d'optique; ne dites pas lanterne magie.
Lapis, s. m., pierre précieuse; on dit aussi lapis-lazuli; prononcez lapice-ladzuli.
Lapisse, s. m., mot wallon, eau de son, eau blanche: il faut donner de l'eau de son à ce cheval pour le rafraîchir.
Lapoter, mot wallon, boire en tirant avec la langue comme le chien; en français, laper: ce chien fait du bruit en lapant.
Laps, s. m., espace de temps; prononcez le p et l's, lap'se.
Laque, s. f., ne se dit pas dans le sens de cire à cacheter; dites un bâton de cire à cacheter et non, un bâton de laque.—La laque est une sorte de gomme résine: la laque sert à composer des vernis.—Ce mot est masculin quand on veut parler du vernis de Chine ou des meubles qui en sont recouverts: le beau laque de la Chine.
Lard (bacon de), mot wallon; dites une flèche de lard.
Large, Long, Haut.—Ces adjectifs peuvent s'employer substantivement au lieu de largeur, longueur, hauteur: ce tableau a six pieds de haut sur quatre de large; ces rideaux ont six aunes de long.—Mais vous ne pouvez pas dire: cette chambre est six pieds longue, large, haute; dites, est longue, large, haute de six pieds, ou a six pieds de long, de large, de haut.
2. Au large, au long et au large, du long et du large, en long et en large, sont des locutions adverbiales.
3. Large (à grand), est une locution wallonne; dites largement, grandement, amplement: il a été payé largement; il leur donna amplement à manger.
4. Ne dites pas non plus: il regarda tout large, pour signifier, il fut étonné, surpris, stupéfait, stupéfié.—(Wall.) Prononcez large et non larche.
Larynx, s. m., partie supérieure de la trachée-artère, principal instrument de la voix:—prononcez laraink-ce.
Las, interj., hélas; il est du style naïf et familier. (Acad.) Prononcez lâce.
Las, lasse, adj., fatigué, ennuyé, dégoûté; l'a est long au masculin et au féminin et le masculin se prononce lâ et non lâce au singulier et au pluriel: je suis si las (lâ), nous sommes si las (lâ et non lâce).
Lasser, v. a., fatiguer, causer de la fatigue, ennuyer, dégoûter.—Se lasser régit la prép. à ou la prép. de: la prép. à, lorsqu'il est pris dans le sens de fatiguer, et la prép. de, lorsqu'il a le sens d'ennuyer, dégoûter: on se lasse plus à rester debout qu'à marcher; on se lasse d'entendre toujours les mêmes plaintes.
Latrines, s. f. pluriel sans singulier, lieu où l'on satisfait à ses besoins naturels.
Latte, s. f., morceau de bois refendu selon son fil, long, mince, étroit, que l'on attache avec des clous sur les chevrons pour porter la tuile, ou dans l'intérieur des bâtiments, sur la charpente pour recevoir l'enduit de plâtre des plafonds et des cloisons: une botte de lattes; clouer des lattes; un grenier lambrissé sous des lattes.
Latter, v. a., garnir de lattes:—il faut latter et contrelatter cette cloison; il s'emploie aussi absolument: latter à claire-voie; latter à lattes jointives.—Lattis, s. m., ouvrage de lattes: couvrir un lattis avec des tuiles.—Prononcez lati et non latice.
Laudanum, s. m., préparation d'opium; prononcez lôdanome.—Ne dites pas de l'eau d'ânon.
Laudes, s. f. pl., partie de l'office: prononcez lô-de et non lô-te.
Lauréole, s. f., plante dont les feuilles ressemblent à celles du laurier; ne dites pas laurelle et prononcez lo-réole.
Laurier.—Prononcez lo-rier et non lô-rier.
Lavanche et Lavange, s. f., se disent quelquefois pour avalanche. (Acad.)
Lavande, s. f., plante aromatique, labiée, portant de petites fleurs bleues qui viennent par épi: eau de lavande; mettre de la lavande dans du linge.—Ne prononcez pas lavante.
Lavandier, Lavandière.—Un lavandier est un officier, dans certaines cours, chargé de veiller au blanchissage du linge.—Une lavandière est une femme qui lave le linge; ce mot est peu usité, on dit plus souvent dans ce sens blanchisseur, euse, lessiveur, euse, et quelquefois laveur, laveuse: laveuse de linge.
Lavasse, s. f., pluie, subite, abondante et impétueuse: il vint tout à-coup une grande lavasse.—Mais on ne peut pas dire: il pleut à lavasse.
2. Lavasse signifie encore, vin, bière, bouillon, sauce, tisane où l'on a mis trop d'eau: ce n'est que de la lavasse.—On dit aussi piquette dans le même sens, mais lapette n'est pas français.
Laver, ne peut pas s'employer dans le sens d'arroser, d'irriguer.
2. Laver, s'emploie quelquefois absolument et alors il signifie se laver les mains avant le repas: ne voulez-vous pas laver. (Acad.) Dans toute autre acception, il faut exprimer la partie du corps qu'on lave: se laver les mains, la figure, les pieds, etc.
3. On ne dit pas: laver ses mains, sa figure, etc., mais se laver les mains, la figure.
Lavette, s. f., petit morceau de linge dont on se sert pour laver la vaisselle.
Lavier, Lévier, ne sont pas français; dites évier, pour signifier une pierre en forme de table et légèrement 255 creusée sur laquelle on lave la vaisselle, et qui a un trou pour l'écoulement des eaux: jeter les eaux par l'évier; cette cuisine a un évier.—On dit aussi pierre d'évier et pierre à laver.
Lavis, s. m., Lavure, s. f.—Lavis est un terme de peinture et signifie la manière de colorier un dessin avec de l'encre de chine, du bistre, etc.—Prononcez lavi.—Lavure est l'eau qui a servi à laver la vaisselle, les écuelles et n'est guère usité que dans cette locution: lavure de vaisselle, d'écuelles.—Lavure de vaisselle se dit aussi, familièrement, d'un bouillon, d'un potage fade et insipide où il y a trop d'eau.
Lazzarone. s. m., nom que l'on donne aux dernières classes du peuple napolitain; on dit au pluriel lazzaroni.—Prononcez, lad'zaroné, lad'zaroni; le z italien équivaut à ds, dz.
Lazzi, s. m., mot italien qui signifie, action, mouvement, geste bouffon dans la représentation des comédies: les lazzi d'Arlequin.—Il se dit, par extension, de mauvaises plaisanteries et de bouffonneries faites ailleurs qu'au théâtre: il s'en est tiré par des lazzi. L'Académie dit que quelques-uns écrivent au pluriel lazzis, mais dans les exemples qu'elle donne du pluriel, elle écrit lazzi sans s.—Prononcez l'ad'zi.
Le, art. et pron.—Prononcez le et non lè.
2. Le, la, les, employés comme régimes directs, ne doivent jamais s'omettre ni en vers ni en prose. Ce serait donc une faute de dire: je lui avais bien dit; donnez-lui; je ne suis pas ingrat, je lui rendrai bien; au lieu de: je le lui avais bien dit; donnez-le-lui; je le lui rendrai bien.
3. Cette règle est également applicable au pronom en. Ne dites donc pas: j'aurai plus de complaisance qu'ils n'ont; c'est là, soyez certain, la cause de son refus. Dites, qu'ils n'en ont; soyez-en certain.
4. Les phrases suivantes sont également incorrectes: prêtez-moi-le, montrez-nous-les, donnez-moi-le, etc. Ici il faut placer le régime direct le premier: prêtez-le-moi; montrez-les-nous; donnez-le-moi.
5. Les, Des, Mes, Tes, Ses.—Prononcez lè, dè, mè, tè, sè, et non lé, dé, mé, té, sé.
6. Lé, s. m., largeur d'une étoffe entre deux lisières: un lé de drap. Écrivez et prononcez lé et non lè ni lit.
Leçon, s. f.—Ne dites pas: je prends des leçons à un habile professeur; dites, je prends des leçons d'un habile professeur.
2. On dit très-bien, donner, prendre des leçons de musique, de dessin, d'histoire, etc. (Acad.);—mais donner leçon de grec, de latin, etc., ne nous paraît pas assez correct; il faut dire, donner des leçons de ...—Donner, prendre des leçons, se dit des leçons particulières; mais quand il s'agit de leçons ou de cours publics, on dit faire un cours (et non donner un cours), faire une leçon, faire des leçons.—Prononcez leçon et non lèçon.
Lecteur, lectrice, Liseur, liseuse.—La lecteur est en général celui qui lit, ou dont le métier est de lire à haute voix devant une ou plusieurs personnes ou une communauté; c'est un bon lecteur, c'est une excellente lectrice; lecteur du roi, lectrice de la reine.—-Le liseur est celui qui aime à lire, qui ne fait que lire, qui lit beaucoup et longtemps, qui lit avec passion; le liseur est un lecteur passionné: c'est un grand liseur, une grande liseuse de romans. Il est familier.
Légataire, subst. des deux genres, Testateur, testatrice.—Légataire, est celui, celle à qui on fait un legs;—testateur, testatrice, est celui, celle qui fait un testament.—Voyez dépositaire, signataire, locataire.
Léger, légère, adj., qui pèse peu, agile, volage; prononcez légé et non l'gé ni legé, lègé, légère (au masc.), quoique Rousseau et Voltaire l'aient fait rimer avec air et cher.
Législateur, législatrice, Légiste.—Légiste, qui connaît ou qui étudie les lois;—législateur, celui qui donne des lois à un peuple: Moïse fut le législateur des Hébreux.
Législation, Législature.—Législation est le droit de faire des lois: en Belgique, la législation appartient au Roi et aux deux Chambres;—il se dit aussi du corps même des lois: réformer la législation;—il se dit encore de la science, de la connaissance des lois: il est habile en législation.—La législature, ce sont les trois pouvoirs qui concourent à la confection des lois: la législature vient de décider une grande question.—Il s'emploie souvent dans le sens d'assemblée législative: législature nombreuse, complète.—Il se dit encore de la période de temps qui s'écoule depuis l'installation d'une assemblée législative, jusqu'à l'expiration de ses pouvoirs: pendant la première, la seconde législature.
Legs, s. m., ce qui est légué; prononcez lè et non lègue.
Légume, est masculin: de bons légumes et non de bonnes légumes.
Lendemain.—Du jour au lendemain;—quoi qu'en disent certains grammairiens, cette expression est très-correcte et fort usitée.—Prononcez len-de-main et non lan-ne-main.—Voyez commandement.
Lent à, Long à, se disent indifféremment l'un pour l'autre; cependant lent à, longtemps à, nous semblent préférables à long à: ces messieurs sont bien lents à venir, sont longtemps à venir.
Lente, s. f.: voyez lande.
Lesquels, Desquels: prononcez lèquèl, dèquèl, et non lès'quel, dès'quel ni lèquéle, dèquéle.
Lest, s. m., poids au fond du navire; prononcez less'te et non lesse.
Leste, adj. des deux genres, léger, inconsidéré: prononcez less'te et non lesse.
Lettre, s. f.—De quel genre sont les lettres de l'alphabet?—Si l'on adopte l'appellation moderne, elles sont toutes du masculin; un be, un de, un pe, un re, un se;—si l'on adopte, au contraire, l'appellation ancienne et usuelle (c'est celle que nous avons nous-même adoptée dans notre Dictionnaire), il faut consulter le son final de la lettre: elle sera féminine si ce son final lui-même est féminin, c'est-à-dire, s'il est censé se terminer par un e muet: une f, une h, une l, une m, une r, une s, une x, parce qu'on prononce effe, hache, elle, emme, enne, erre, esse, ikse.—Elles sont du masculin lorsque le son final est grave ou est censé se terminer par une voyelle autre que l'e muet: un b, un c, un d, un g, un j, un k, un p, un q, un t, un v, w, qui se prononcent bé, cé, dé, gé, ji, ka, pé, ku, té, vé.
2. Lettre, s. f.—Ne dites pas, mettre des mots par lettres alphabétiques, mais, par ordre alphabétique; en effet, toutes les lettres sont alphabétiques.
3. Ne dites pas, le porteur de lettres, mais, le facteur.—Prononcez let-tre et non let-te ni lettère.
Leur.—Ne dites pas: ils étaient leur deux, leur trois; dites, ils étaient deux, trois ou eux deux, eux trois, elles deux, elles trois; comme on dit, nous étions nous deux, vous étiez vous trois, et non nous étions nos deux, vous étiez vos trois.
2. Leur, signifiant d'eux, d'elles, veut être devant son substantif; dites en parlant de deux frères ou deux cousins: je suis leur parent, c'est-à-dire, le parent d'eux, et non, je leur suis parent, qui signifierait, je suis parent à eux, ce qui n'est pas français.
3. Leur, pronom, s'écrit sans s: ne dites donc pas, je leurs z'ai dit; dites, je leur ai dit.
Levain, s. m., Alevin, s. m.—Le levain est une pâte aigrie qui, mêlée à la pâte dont on veut faire le pain, la fait lever et fermenter;—l'alevin, c'est du 259 menu poisson pour peupler un étang, un vivier; dites donc, j'ai mis de l'alevin dans mon réservoir, et non pas du levain.
Levée, s. f.—Ne dites pas: il est capot, il n'a pas fait un seul levé; dites, une seule levée.
Lever, v. ac., fait au futur je lèverai, tu lèveras, etc., et au conditionnel, je lèverais, tu lèverais, etc., et non je leverai, tu leveras; je leverais, tu leverais.
2. Ne dites pas: j'ai levé cet enfant, pour dire, que vous êtes son parrain; dites, j'ai tenu cet enfant sur les fonts, ou je suis le parrain de cet enfant.
3. On dit très-bien, dans le sens de percevoir, recueillir, rassembler, ramasser, emporter: lever les fruits d'une terre; lever les impôts, des impôts; on lève annuellement tant de millions sur ce royaume; on lève un droit sur cette denrée;—on a dit de même autrefois, lever les rentes seigneuriales, la dîme.
4. Mais en parlant d'une somme d'argent, il faut dire toucher et non lever: il a touché ses appointements (et non levé); je lui ai fait toucher telle somme (et non lever); toucher de l'argent (et non lever). (Acad.)—(Wall.)—Prononcez lever et non lèver.
Lever-Dieu, s. m., le moment de la messe où le prêtre élève la sainte hostie; au plur., lever-Dieu; ne dites pas Dieu-levé.
Levier: voyez évier.
Lèvre, s. f.: prononcez lèvre, et non lè-fe ni lé-vère.
Levûre, s. f.—Ce substantif ne peut se mettre au pluriel que dans les cas où il s'agirait de différentes espèces de levûres. Il n'est pas plus correct de dire, acheter des levûres, mettre des levûres dans la pâte, que de dire acheter des levains, mettre des levains; il faut dire, acheter de la levûre, mettre de la levûre. Prononcez et écrivez levûre (accent circonflexe) et non lèvure.
Lexique, s. m., dictionnaire; il se dit particulièrement des dictionnaires grecs;—prononcez lek-cique, et non lek-zique; prononcez de même ses dérivés, lexicologie, lexicographie, etc.
Lez, adv., vieux mot signifiant à côté, proche de: la Tombe lez-Tournai.—C'est à tort que l'on remplace lez par les ou des: Plessis-les-Tours; il faudrait dire, Plessis-lez-Tours.—Prononcez lé et non lè, ni lèze.
Liaisons affectées.—La conversation demande plus de laisser-aller et un certain négligé que ne comporte pas le discours soutenu. Il faut donc éviter, en parlant, de multiplier les liaisons; il faut même s'attacher à les omettre le plus possible, surtout celles des s et des t et surtout encore celles qui présenteraient, dans le même mot ou dans deux mots qui se suivent, la répétition des mêmes consonnes ou des mêmes sons,—c'est ainsi que les personnes de bon ton ne diront jamais: il est onze heures z'et un quart, onze heures z'et demie; deux heures z'et demie; elles diront avec beaucoup plus de naturel il est onze heures et un quart, etc., en supprimant la liaison.—«Lier les mots avec affectation dans les discours fut de tout temps le propre de la pédanterie; c'est un défaut de maître d'écriture.» (Francis Wey).
Liard, s. m.—Ne dites pas: je n'ai plus de petits liards; dites, je n'ai plus de petite monnaie.—Prononcez liar (en une seule syllabe) et non li-ar ni li-iar.
Libelle, écrit injurieux, diffamatoire, est masculin: un libelle violent.
Libelliste, s. m., auteur de libelle; prononcez libel'liste; et non libèliste ni libel'lisse.
Liber, s. m., troisième partie de l'écorce; prononcez libère.
Libera, s. m., prière pour les morts; prononcez libéra.
Libéral, libéralité, libérer.—Prononcez libéral, libéralité, libérer, et non, libèral, libèralité, libèrer.
Librairie, Mairie, Seigneurie.—Dites librai-rie, mai-rie, seigneu-rie, et non librai-rerie, mai-rerie, seigneu-rerie.
Libre, adj.: prononcez li-bre et non li-pre, li-pe, libère.
Licence, s. f., grade que l'on prend dans les facultés de théologie (et autrefois dans celles de droit et de médecine); c'est le degré entre le baccalauréat (le grade de bachelier) et le doctorat: la licence en théologie, en droit canon;—le licencié est celui qui a pris le grade de la licence: monsieur N. est licencié en théologie.
Licet, s. m., permission; prononcez licète.
Lichefrite, s. f., ustensile de cuisine qui reçoit la graisse et le jus de viandes qu'on fait rôtir; dites, la lèchefrite.
Lichen, s. m., plante parasite qui croît sur les troncs d'arbres, sur les rochers, sur les murs; prononcez likène. (Acad.)
Licol ou Licou, s. m., lien de cuir ou de crin qu'on met autour du cou des chevaux pour les attacher à l'auge, au ratelier.—Licol n'est employé qu'en poésie et devant une voyelle, pour éviter l'hiatus;—licou fait au pluriel licous.
Lier, v., Lien, s. m.: prononcez li-é, li-in, et non li-ié, li-iin.
2. Ne dites pas: lier les dents; dites, agacer les dents.
Lierre, s. m., plante; prononcez lière (iè diphth.)
Liesse, s. f., joie; prononcez li-èce;—ce mot est vieux, dit l'Académie.
Lieu.—Les locutions, donner lieu, trouver lieu, avoir lieu, y avoir lieu, demandent la préposition à devant un substantif et la préposition de devant un infinitif: je n'ai pas donné lieu à votre colère; j'ai lieu de (et non à) me plaindre de vous.
Lieu-dit.—Cette expression prend le trait d'union toutes les fois qu'elle ne peut pas se remplacer par les mots lieu nommé; ainsi il faut écrire: cette pièce de terre est située à lieu dit (nommé) derrière-la-ville; tandis que vous écrirez: cette parcelle est située à tel lieu-dit.
Lieue, s. f.: voyez heure.
Ligature, s. f.—Ne dites pas: la ligature d'un livre, mais, la reliure d'un livre.
Ligne, s. f.—Ne dites pas: une étoffe à ligne, mais, une étoffe rayée.
2. Ne dites pas: peignez cet enfant, et faites-lui sa ligne sur le côté, dites, sa raie.—La raie est un trait tiré de long avec une plume, un crayon, etc.; il se dit aussi d'une certaine séparation de cheveux qui se fait naturellement ou avec le peigne sur le haut de la tête. (Acad.)
Ligner.—Ne dites pas: ligner du papier (tirer des lignes); dites, règler du papier; cahier règlé.
Ligneul, s. m., ligneux, adj. et subst.—Le ligneul est un fil enduit de poix dont se servent les cordonniers; ligneux signifie qui a la nature ou la consistance du bois: la coque de la noix est ligneuse: prononcez li-gneux et non ligh-neux (g dur).
Lilas, s. m., arbuste, fleur: prononcez lilà.
Limace, s. f., ou Limas, s. m.; mollusque rampant, sans coquille, de forme allongée, à quatre tentacules, et ordinairement rougeâtre.—Limaçon, s. m., diffère de la limace et du limas en ce qu'il porte une coquille; ne dites pas: ce jardin est rempli de limaçons; dites, de limaces;—les wallons sont exposés à confondre ces mots.
Limon, Timon.—Le limon est une des deux pièces de devant d'une charrette ou d'un cabriolet entre lesquelles se place le cheval;—le timon est la pièce de bois de devant d'un carrosse, d'un chariot, des deux côtés de laquelle on attelle les chevaux.
Linceul, s. m.—Prononcez ce mot comme il est écrit, linceul et non linceuille (l mouillée);—il ne se dit que du drap de toile dont on se sert pour ensevelir les morts.—Ne dites donc pas: mettez des linceuls au lit de monsieur; dites, mettez des draps au lit... Dans cette acception on dit drap et quelquefois drap de lit.
Linéaire, adj., qui a rapport aux lignes; prononcez liné-aire et non liné-iaire ni lignéaire.
Linger, ère, s., celui, celle qui fait commerce de toile, qui vend, qui fait du linge, qui travaille en linge.—Ce mot ne s'emploie pas dans le sens de blanchisseuse, lavandière, laveur, euse, repasseuse.
Lingerie, s. f.—On dit un magasin de lingerie et non de lingeries.
Lingual, ale, adj., qui a rapport à la langue; prononcez lingoual.—Le masculin lingual n'a pas de pluriel.
Linguistique, s. f., science des langues; linguiste, qui s'occupe de la linguistique;—prononcez lingu-ïs-tique, lingu-ïste (ui diphth.) et non lingouistique, lingouiste ni linghistique, linghisse.
Linteau, Liteau.—Le linteau est une pièce de bois, de pierre ou même de fer en travers, au-dessus d'une porte ou d'une fenêtre pour maintenir la maçonnerie;—le liteau est une petite pièce de bois couchée sur une autre; en terme de chasse, c'est le lieu où le loup se repose pendant le jour; c'est aussi une raie rouge ou bleue sur du linge de table, et dans cette acception on ne l'emploie guère qu'au pluriel: serviette à liteaux (et non à linteaux).
Lion, lionne, lionceau.—Plusieurs auteurs disent que ion est diphthongue; nous ne saurions nous ranger à cette opinion; et nous continuerons a prononcer, comme on le fait généralement: li-on, li-onne, li-on-ceau.
Lippe, s. f., la lèvre d'en bas, lorsqu'elle est trop grosse ou trop avancée: avoir une grosse lippe, une vilaine lippe; ce mot est familier.
Lippée, s. f., bouchée et repas;—dans ce dernier cas, il est toujours accompagné de franche: une franche lippée.
Lippu, ue, adj., qui a une grosse lèvre: les nègres sont lippus; ce mot est familier.—Il s'emploie plus ordinairement comme substantif: c'est un gros lippu. (Acad.)
Liquéfaction, s. f., action de liquéfier; prononcez liku-éfaction et non likouéfaction ni likéfaction.
Liquide, liqueur, liquoriste, liquéfier, liquider, liquidateur:—prononcez likide, likeur, likoriste, likéfier, likider, likidateur.
Lire.—Ne dites pas: j'ai lu hors d'un livre, hors du journal; dites, j'ai lu dans un livre, dans un journal. (Fland.)
2. Ne dites pas non plus: j'ai lu sur la gazette, j'ai lu sur le journal, sur la feuille, etc.; dites, j'ai lu dans la gazette, dans le journal, dans la feuille, dans la revue, dans l'almanach, dans les ou aux annonces du journal, etc. (Wall.)
Lis (et non lys), s. m., plante bulbeuse qui porte des fleurs à six pétales; prononcez lice même devant une consonne, lis (lisse) blanc, lis (lisse) bleu, etc.
2. Fleur de lis, terme d'armoiries: écu semé de fleurs de lis; dans ce cas on prononce li sans faire sentir l's.
3. Poétiquement, les lis se disait autrefois de la France: l'empire des lis, le trône des lis; dans ce sens on prononce lice.
Liseré, s. m., petite bordure faite sur une étoffe ou à un habit, un gilet, avec un ruban uni ou brodé; ne dites pas liseret.
Liseur.—Voyez lecteur.
Lisé-je, dormé-je, grossier barbarisme; dites, est-ce que je lis, est-ce que je dors?
Lisse, adj. des deux genres, uni, poli: une étoffe lisse, du papier lisse.
Lit de camp, Lit de sangles.—Le lit de camp est un petit lit dont le bois se démonte de manière qu'on peut le transporter facilement; il se dit aussi d'une espèce de couchette formée de planches inclinées, qui sert de lit dans un corps de garde.—Le lit de sangles est un lit fait de sangles, et quelquefois d'un morceau de coutil attaché à deux longues pièces de bois soutenues par des pieds ou jambages qui se croisent.—Comme on le voit, c'est à tort que l'on désigne, par lit de camp, un lit de sangles.
Litanies, s. f. pl., prière faite en l'honneur de Dieu, de la Ste-Vierge et des saints, et composée d'une série d'invocations; dans ce sens il ne s'emploie pas au singulier: les litanies de tous les saints, de belles litanies.—Litanie, au singulier, se dit d'une énumération longue et ennuyeuse: il nous a fait une longue litanie de ses peines, de ses plaintes.
Liteau: voyez linteau.
Litre, s., unité de mesure de capacité, est masculin: un litre de bière; prononcez li-tre et non lite, litère.
Littéral, ale, adj., qui est selon la lettre, conformé à la lettre: traduction littérale.—L'Académie ne donne point de pluriel masculin; Trévoux, Laveaux, Fabre, l'abbé d'Olivet et Boinvillers disent, des commentaires littéraux.
Livrance, Livrement, action de livrer une chose vendue, ne sont pas français; il faut dire livraison: j'ai fait une livraison de six pièces de toile; je dois faire demain une livraison à tel correspondant.
Livre, ancienne mesure remplacée aujourd'hui par le franc, est féminin: une livre tournois.
2. Livre.—On dit un livre de prières et non un livre à prières. (Acad.)—Prononcez livre et non life ni livère. Voyez lire et prière.
Ll mouillées: voyez l.
Llama, et mieux lama, s. m., quadrupède ruminant du Pérou; l'Académie dit qu'on mouille les deux ll dans llama.
Llation, Llaire, finales où les ll sont rarement mouillées.
Locataire, Propriétaire.—Le locataire est celui qui tient à loyer une maison, un jardin, etc.; le propriétaire est celui à qui appartient l'objet loué. Prononcez locatère, propriétère et non locatére, propriétére.
Locatis, s. m., mauvais cheval de louage; prononcez locatice.
Loch, s. m., instrument pour mesurer la vitesse du navire; prononcez loke.
Locomotive, s. f., remorqueur des chemins de fer; prononcez locomoti-ve et non locomoti-fe.
Lof, s. m., t. de marine, le côté que le navire présente au vent: ce vaisseau va au lof; venir au lof.—Lofer, signifie venir au lof.
Loger, v. neutre dans le sens d'habiter, de demeurer dans une maison.—Il est actif, dans le sens de donner le logement à quelqu'un.—Avec le pron. personnel, se loger signifie, prendre un logement, disposer un logement.
Logeur, logeuse, celui ou celle qui tient des chambres garnies pour les ouvriers et les gens de la classe pauvre; il ne se dit pas de la personne qui loge dans ces chambres garnies.
Logis, s. m.—Ne dites pas: j'ai été demander à logis dans cet hôtel; dites, j'ai été demander à loger ou le logement dans cet hôtel.
2. Ne dites pas non plus: je suis au logis dans cette auberge; dites, je loge dans cette auberge.—Prononcez logi et non logice.
3. Ne dites pas: estaminet et logement; dites, logis: le logis est une maison où on loge; logement se dit du 267 lieu où on loge et plus particulièrement du domicile habituel, du lieu où l'on habite ordinairement.—Prononcez lo-jeman et non lo-cheman.
Loin.—La locution, bien loin s'en faut, n'est pas française; il faut dire, tant s'en faut, loin de là: vous me demandez si j'ai gagné au jeu, tant s'en faut qu'au contraire.
2. De loin à loin, se dit de la distance: ces arbres sont plantés de loin à loin;—de loin en loin, se dit du temps: il ne nous vient voir que de loin en loin. Cependant, dans le langage ordinaire, on ne tient pas toujours compte de cette différence et l'on emploie une locution pour l'autre.—Prononcez loain (oin diphth.) et non loan.
Long, adj., ne se dit pas de la taille; ne dites pas: cet homme est long; dites, cet homme est grand ou de grande taille. (Fland.)
2. Long, pour lent, tardif, se dit très-bien: dépêchez, que vous êtes long; il est long à tout ce qu'il fait; les vieillards sont longs en tout; ces arbres sont longs à pousser, à croître.—Mais il ne peut pas s'employer pour loin: il y a loin d'ici à Rome, et non, il y a long...
3. Ne dites pas: les fruits verts rendent ou font les dents longues; j'ai mangé du fruit vert, j'ai les dents longues; dites, les fruits verts agacent les dents, j'ai les dents agacées.—Avoir les dents longues, bien longues, signifie être affamé après avoir été longtemps sans manger. (Wall.)
4. Ne dites pas: j'ai le temps long; j'ai le temps long de le voir arriver; dites, le temps me paraît long, je m'ennuie, je suis impatient, il me tarde de le voir arriver; il me dure de...
5. Prendre le plus long, son plus long, c'est aller en quelque lieu par le plus long chemin: vous êtes venu ici par telle rue, vous avez pris le plus long; c'est le plus long de beaucoup; c'est votre plus long.—Il signifie 268 aussi, figurément, se servir des moyens les moins propres à faire réussir promptement ce qu'on a entrepris.
6. Le long, tout le long, tout du long, au long, tout le long de, tout du long de, locutions adverbiales; ne dites pas tout de long.
Longtemps, adv., s'écrit en un mot et sans trait d'union.
2. Ne dites pas: il est longtemps ou déjà longtemps arrivé; dites, il est arrivé depuis longtemps, ou, il y a longtemps, déjà longtemps qu'il est arrivé;—ne dites pas: il demeure longtemps à Bruxelles; je suis ici longtemps; dites, il demeure depuis longtemps à Bruxelles; je suis ici depuis longtemps, ou bien, il y a longtemps qu'il demeure..., que je suis ici. (Fland.)
Loquace, Loquacité: prononcez lokouace, lokouacité, et non, lokace, lokacité ni lokuace, lokuacité.
Loque, s. f., pièce, morceau d'une étoffe, d'une toile usée et déchirée: cet habit s'en va en loques, est en loques, tombe en loques.
2. Loque, s. f., chiffon: ce mot est français. (Acad.)
Loquèle, s. f., langage trivial; prononcez lokuèle (uè diphth.) et non lokouèle.
Loquet, s. m., espèce de serrure mobile qui sert à fermer une porte, une malle, une valise, etc., au moyen d'un anneau passé soit dans un autre anneau, soit dans deux pitons;—ce mot n'est pas français dans ce sens, il faut dire cadenas (ne prononcez pas cannenas). (Wall.)—Voyez cliche.
Loquetière, s. f., clef qui sert à ouvrir plusieurs serrures; ce mot n'est pas français; dites passe-partout.
Loquier, n'est pas français; dites chiffonnier.
Lord, s. m., titre d'honneur usité en Angleterre; le d ne se prononce pas.
Lors, dès lors, pour lors, lors de, alors; prononcez lore, alore, et non lorce, alorce.
Lorsque, conj.—On prononce l's, lors'que;—ne prononcez pas lorseque ni lorsèque.—L'e ne s'élide que devant il, ils, elle, elles, on, un, une: lorsque Alexandre (et non lorsqu'Alexandre) pénétra dans l'Inde.
Los, s. m., louange (vieux langage): prononcez loce.
Losange.—L'Académie fait ce mot du genre féminin; cependant dans tous les traités de géométrie, on dit un losange, et tous les professeurs le font du masculin.—On écrit aussi mais plus rarement lozange.
Lot, s. m., objet qui échoit à chacun des numéros gagnants à une loterie; ne dites donc pas: j'ai pris dix lots à cette loterie; dites, j'ai pris dix numéros, dix billets.—Ne dites pas non plus: j'ai pris dix actions. (Fland.)
Louche, s. f., se dit dans beaucoup de villes du Nord de la France et en Belgique, pour désigner une grande cuiller à long manche avec laquelle on sert le potage, la soupe: douze couverts et la louche. (Bescherelle, Poitevin, Complément du Dict. de l'Acad.)—On peut dire également cuiller à soupe et grande cuiller.
Louer, Loueur, Louange, etc.: prononcez comme c'est écrit; gardez-vous de prononcer lou-wer, lou-weur, lou-wange.
Louette (la), morceau de chair à l'entrée du gosier: dites la luette; prononcez lu-ette et non lu-wette: il a la luette gonflée et non l'alouette ni la louette.
Loueur, euse, s., celui, celle qui fait métier de donner quelque chose à louage: un loueur de chevaux, de voitures, de vigilantes, de chambres garnies; loueuse de chaises, dans une église.—Louageur, euse, n'est pas français.
Lourdise, Lourderie, faute grossière contre le bon sens ou la bienséance; ces mots ont la même signification, mais lourdise vieillit (Acad.): il a fait une étrange lourderie.
Loustic, s. m., bouffon de corps de garde, mauvais plaisant.—Cette expression est populaire et du même acabit que blagueur, floueur, etc.
Loyal, e, Loyauté: prononcez loi-ial, loi-iauté et non lo-ial, lo-iauté.
Lucifer, s. m.: prononcez lucifère.
Lui, pronom.—Lui, leur, employés comme régimes indirects, à lui, à elle, à eux, à elles, ne se disent que des personnes; quand il s'agit des choses, il faut se servir du pronom y; ne dites pas, cette maison est trop petite, je lui ferai ajouter un étage; dites, j'y ferai ajouter un étage.—Il en est de même pour, de lui, d'elle, d'eux, d'elles, qu'on remplace par en: cet arbre va tomber, n'en approchez pas, et non n'approchez pas de lui.
2. Lui, elle, eux, elles:—ne dites pas en parlant d'un canif, d'une plume ou d'une chose inanimée: c'est avec lui que j'ai taillé ma plume; c'est avec elle que j'écris; il faut se servir du nom et dire, c'est avec ce canif, avec cette plume que...
3. Ne dites pas non plus, en parlant d'une chose, par exemple, d'un arbre, d'une table, d'une maison: j'étais sous lui; il est assis près d'elle; il demeure dans elle; dites, j'étais dessous; il était assis auprès; il y demeure.
4. Lui, elle, etc., suivis de qui, ne peuvent pas non plus se dire des choses; ne dites donc point en parlant d'un couteau, d'une chaise: c'est lui qui est bon, c'est elle qui est large; dites, c'est ce couteau, c'est cette table qui...
5. Leur, placé devant un verbe, est pronom et ne prend pas d's; ne dites pas, je leurs ai dit (z'ai dit), je leurs ai écrit (z'ai écrit), mais, je leur ai dit, je leur ai écrit.
6. Ne dites pas: l'aimant attire le fer à lui; dites, l'aimant attire le fer à soi.—Prononcez lui (ui diphth.) et non lu-i ni lou-i.
Luire, Luisant, etc.: Prononcez lui-re, lui-sant et non lou-ire, lou-isant.
Lumignon, s. m., bout de la mèche d'une bougie, d'une chandelle ou d'une lampe allumée: quand j'ai voulu moucher la chandelle, le lumignon est tombé.—Prononcez lumignon, en mouillant le gn.
Lunatique, adj., qui subit l'influence de la lune; au figuré, fantasque, capricieux: il est lunatique.
Lune, s. f.—Avoir des lunes, être sujet à des fantaisies, à des caprices, lubies, quintes, rats.
Lunette et Lunettes.—Lunette, au singulier, se dit d'un instrument composé d'un ou de plusieurs verres, taillés de manière à faire voir les objets plus grands à l'œil nu, ou à rendre la vue plus nette et plus distincte: regarder avec une lunette; lunette d'approche, lunette de longue vue ou à longue vue; lunette d'opéra.—Lunettes, au pluriel, se dit de deux verres de lunette, assemblés dans une même enchâssure, de manière à pouvoir être placés au devant des deux yeux: une paire de lunettes; il y a de bonnes et de mauvaises lunettes; des lunettes vertes, bleues; lunettes à branches; porter des lunettes, mettre des lunettes sur son nez; lire sans lunettes.—Voyez ciseaux.
Lunettier, s. m., faiseur, marchand de lunettes; prononcez lunètier et non lunetier.
Lurer, v. a., attirer quelqu'un par de belles promesses pour le tromper; ce mot est wallon et se rend en français par le mot leurrer: il s'est laissé leurrer.
Luron, onne, s.—Le masculin se dit d'un homme joyeux et sans souci, d'un bon vivant ou même, d'un homme vigoureux et déterminé; et le féminin, d'une femme réjouie, décidée, qui ne s'effarouche pas aisément: c'est un luron, un bon luron; quelle luronne!—Il est populaire. (Acad.)
Lustre, s. m., éclat, espèce de chandelier à plusieurs branches qu'on suspend au plafond; espace de cinq ans: je compte aujourd'hui sept lustres (35 ans).—Prononcez lus-tre et non lus-tère ni lusse, ni luxe.
Lut, s. m., matière molle que l'on applique sur les bouchons de certains vases, afin de prévenir l'évaporation du liquide: lut de terre glaise, lut de blanc d'œuf et de chaux:—prononcez lute.
Luth, s. m., instrument de musique à cordes: prononcez lute.
Luthéranisme, s. m., secte de Luther;—ne dites pas luthérianisme, et ne prononcez pas luthéran-isse ni luthéranim-se.
Lutter.—Ce verbe ne s'emploie pas pronominalement: lutter (et non se lutter) avec quelqu'un, contre quelqu'un; il est adroit, il lutte bien.
Luxe, s. m., somptuosité: prononcez luk-ce et non luke ni luce.
Luxurieux, Luxueux.—Luxurieux veut dire impudique;—luxueux signifie qui vit dans le luxe, qui aime et recherche le luxe; ne dites donc pas: cet homme est luxurieux, pour cet homme aime le luxe; dites, cet homme est luxueux.—Nous ajouterons pourtant que le mot luxueux n'a pas fait fortune et n'est guère usité.
Lynx, s. m., chat sauvage auquel les anciens attribuaient une vue très-perçante: prononcez laink-ce.
Mm.—Les deux m se font sentir dans imm au commencement des mots: immense, immortel, immoler, etc., de même que dans commensurable, incommensurable, commutation, commuer, commotion, commémoration, commémoraison, commensal, droit de committimus, lemming, lipogrammatique, mammaire, mammifère, et dans les noms propres Ammon, Ammonites, Emma, Emmanuel, Emmaüs, Grammont, Jemmapes, Mummius.—Les personnes qui parlent bien ne font entendre qu'une m dans grammaire, 273 grammairien, grammatical, grammaticalement, etc.; ainsi que dans inflammation, ces mots étant usuels. (Hennebert.)
Macaroni, s. m., pâte sèche et cylindrique des italiens; le pluriel est macaronis; manger des macaronis.
Mâchefer, s. m., scorie qui sort du fer à la forge, au fourneau et lorsqu'on le bat rouge sur l'enclume: le mâchefer pilé est très-bon à faire du ciment.—Ce mot se dit encore des scories à demi vitreuses qui s'agglomèrent dans les foyers et forment le résidu combustible de diverses houilles.
Machiavel, célèbre écrivain italien: prononcez Makiavel;—mais dans machiavélique, machiavéliquement, machiavélisme, machiavéliste, le ch se prononce doux comme dans chimère, déchirer.
Machin, s. m.—Ce mot, qui n'est pas français, est quelquefois employé pour désigner ce dont on ne connaît pas le nom; dites une chose, un objet et selon le sens, un outil, un instrument, un meuble, une machine, etc., quand il s'agit de ces sortes d'objets.—Machine, dans ce sens, n'est pas français non plus.
Mâchurer, barbouiller de noir, est français: mâchurer du papier, des habits, le visage, etc.;—prononcez mâchurer (â long).
Madame: voyez monsieur et époux.
Mademoiselle, s. f., titre qu'on donne ordinairement aux filles.—C'est aussi le titre qu'on donnait anciennement à toute femme mariée qui n'était pas noble.—Le mot mademoiselle, employé absolument (seul) désignait autrefois la fille aînée de Monsieur, frère du roi de France, ou bien de la première princesse du sang, tant qu'elle n'était pas mariée.
2. Quand on parle de plusieurs demoiselles ou qu'on leur adresse la parole, l'usage veut qu'on les désigne par le mot dames; j'ai rencontré les dames Lambert en 274 ville; bonjour, au revoir, Mesdames.—Prononcez mademoiselle et non mamzelle ni mane-moiselle.—Voyez monsieur et époux.
Magnanime, magnétisme, magnétique, magnétiser, magnifique, magnificence:—prononcez gn comme dans agneau, gagner, etc., et non magh-nanime, magh-nétisme, etc. ni magne-nanime, magne-nifique, ni mananime, manifique, ni mahe-nanime, mahe-nifique.
Magnat, s. m., grand en Hongrie: prononcez magh-nat, (g dur).
Magnificat, s. m., cantique de la Sainte-Vierge: prononcez magh-nificate (g dur).
Mai, s. m., ou arbre de mai, arbre orné de rubans et de guirlandes qu'on plante devant une porte le premier jour de mai ou le jour de l'installation d'un fonctionnaire, d'un curé, etc.
2. Mai, se dit également en Belgique des branches ou rameaux au moyen desquels on décore les rues ou les chemins par où passe une procession ou un cortége triomphal.
Maigrir, Amaigrir.—Maigrir, v. n., c'est devenir maigre; amaigrir, v. a., c'est rendre maigre: une personne maigrit; l'usage de certains aliments amaigrit.
Maille, Chique, Marbre, pour signifier de petites boules de pierre ou de marbre qui servent à des jeux d'enfants, d'écoliers, ne sont pas français; il faut dire bille: jouer aux billes (ll mouillées).
Mailloter, v. a., mettre un enfant dans le maillot; ce mot n'est pas français, il faut dire emmailloter.
Main, s. f.—Ne dites pas: il a toujours la canne en main; dites, à la main.—Voyez bouche.
Main-d'œuvre, s. f., travail, façon de l'ouvrier; main-forte, s. f., assistance donnée à l'autorité:—ces mots ne s'emploient pas au pluriel.
Maint, te, adj. (au masc. prononcez min devant une consonne).—Malgré l'idée de pluralité que renferme cet adjectif, il s'écrit au singulier ainsi que le substantif qu'il qualifie et le verbe dont celui-ci est sujet, excepté dans quelques locutions où on l'emploie indifféremment au singulier et au pluriel: maint homme, mainte femme, mainte fois, ou maintes fois; par maints et mains travaux; il m'a fait mainte et mainte difficulté.—Ne prononcez pas mai, maite.
Maintenant, adv., à présent: prononcez mintenant et non mè-tenant.
Mairie, librairie, seigneurie: ne dites pas, mairerie, librairerie, seigneurerie.
Mais, conj.—C'est un flandricisme de l'employer pour seulement; ne dites donc pas: il a mais peu de revenus; il nous a montré mais une petite partie de sa bibliothèque; dites, il n'a que peu de revenus; il nous a montré seulement une petite partie de sa bibliothèque.—Prononcez mai et non min.
Maïs, s. m., blé de Turquie: prononcez ma-ï-ce.
Maison, s. f.—Il serait ridicule d'employer ce mot pour désigner la première pièce d'une maison, c'est-à-dire, la cuisine. (Wall.)
2. Maison, Famille.—Famille, se dit plus particulièrement de la bourgeoise et maison, de la noblesse: ce jeune homme est d'honnête famille; ce gentilhomme est de bonne maison.
3. Maison, Hôtel, Palais, Château.—La classe moyenne habite des maisons;—les grands habitent des hôtels;—les princes, des palais;—enfin les habitations des gens riches, situées à la campagne au milieu de leurs terres, portent le nom de château.—Autrefois l'architecture seule établissait la différence; aujourd'hui, on la base sur le rang et la fortune.
Maître, fait au féminin maîtresse: madame est la maîtresse de la maison; cette femme est maîtresse (et non maître) de ses passions, de ses sentiments; maîtresse d'école, de piano; la maîtresse branche d'un arbre.
2. Lorsque, par le mot maître pris substantivement, on veut exprimer une idée de suprématie, d'omnipotence, il s'emploie au masculin même lorsqu'il se rapporte à un substantif féminin: la Providence est le maître; la Providence est notre maître.—C'est donc dans ce sens qu'une femme pourra dire: le maître ici, c'est moi.
3. Maître, en termes de Palais, est un titre qu'on donne aux avocats, aux avoués et aux notaires, lorsqu'il s'agit de l'exercice de leurs fonctions: maître N.; par-devant maître N.—On écrit par abréviation Me N., par-devant Me N.
4. Maître d'hôtel, Maître ès arts: l'Académie écrit ces mots sans traits d'union.
Majesté, s. f., titre particulier qu'on donne aux empereurs, aux rois et à leurs épouses; on dit en leur parlant: Votre Majesté, Vos Majestés (deux majuscules), et en parlant d'eux, Sa Majesté, Leurs Majestés (deux majuscules); Votre Majesté, Sire, a ordonné..., Sa Majesté a décrété; Leurs Majestés sont arrivées à Liége.
2. Par abréviation on écrit: V. M. (Votre majesté); VV. MM. (Vos Majestés), S. M. (Sa Majesté); LL. MM. (Leurs Majestés).
3. Les adjectifs et les participes qui se rapportent à ce mot se mettent au féminin, même lorsque Sa Majesté, Votre Majesté, désigne un roi, un empereur et non une reine, une impératrice; on dit: Votre Majesté est jalouse du bonheur de ses peuples; Sa Majesté est aimée de ses sujets. Les substantifs au contraire sont du masculin: Votre Majesté est le père 277 et le protecteur de ses sujets; et non pas, est la mère, la protectrice, etc.—En conséquence les mots qui peuvent s'employer substantivement et adjectivement, tels que maître, ami, ennemi, etc., devront être du masculin, lorsqu'ils figurent dans la phrase comme substantifs, c'est-à-dire, lorsqu'ils sont accompagnés de l'article ou d'un adjectif, et ils prendront la forme du féminin s'ils font la fonction d'adjectif. On dira donc: Sa Majesté est le maître d'y aller ou de ne pas y aller; et absolument: Sa Majesté est le maître, l'ami du peuple; est un ennemi redoutable.—Mais nous croyons qu'il faudra dire: Sa Majesté est maîtresse de telle ville; Sa Majesté est amie du bien, ennemie du mal.—On peut dire: Votre Majesté est le plus éclairé des rois, parce qu'il y a ellipse du substantif (Votre Majesté est le roi le plus éclairé des rois). Cependant il vaut peut-être mieux prendre une autre tournure et dire par exemple: Vous êtes, Sire, le plus éclairé des rois.
4. Sa Majesté Impériale (S. M. I.), se dit d'un empereur quelconque; autrefois, il se disait en particulier de l'empereur d'Autriche que l'on qualifiait aussi de Sacrée Majesté, mais seulement quand on lui parlait.
5. Sa Majesté Très-Chrétienne (S. M. T. C.), se disait des rois de France.
6. Sa Majesté Catholique (S. M. C.), le souverain d'Espagne.
7. Sa Majesté Très-Fidèle (S. M. T. F.), le roi de Portugal.
8. Sa Majesté Belge, Britannique, Hollandaise, etc., le roi des Belges, de la Grande-Bretagne, de Hollande, etc.
Major, (quinte).—On disait autrefois et l'on dit encore quelquefois quinte major (Acad.): nous pensons qu'aujourd'hui on nomme toujours quinte majeure, les cinq cartes de suite à commencer par l'as.
Majorer, Majoration.—Ces mots ne sont pas français; dites augmenter, payer une surtaxe, enfler, selon le sens: les lettres chargées en sus du port des lettres ordinaires, paient une surtaxe fixe de vingt centimes; on ne peut donc pas dire, les lettres chargées sont soumises au port des lettres ordinaires, majoré d'une taxe fixe de vingt centimes.—Dites de même mes appointements ont été augmentés et non majorés; mon compte a été enflé et non, majoré; j'ai obtenu une augmentation de traitement et non, une majoration.
Majuscule, s. f. ou adj., lettre capitale ou simplement, capitale: ne dites pas majescule.
Mal, subst. m. ou adv.: prononcez l'a bref et non mâl, ce qui serait insupportable.
2. Ne dites pas: ce vin n'est pas mal; dites, ce vin n'est pas mauvais;—mal, ancien adjectif, ne s'emploie plus dans ce sens, que dans quelques locutions particulières: à la male heure, mourir de la male faim; partout ailleurs on dit mauvais.
3. Ne dites pas: il a des maux à la figure; dites, il a du mal à la figure, il a des boutons, des humeurs..., à la figure.
4. Ne dites pas non plus: j'ai un mal à un doigt; dites selon le sens, j'ai du mal à un doigt, j'ai une plaie, une coupure, un petit abcès à un doigt, j'ai un panaris...
5. Avoir mal, faire mal.—Ces locutions ne doivent jamais être suivies d'un régime direct, et ce serait une faute grave et même ridicule de dire: j'ai mal la tête, les dents, les pieds; faire mal quelqu'un, au lieu de dire, j'ai mal à la tête, aux dents, aux pieds; faire mal à quelqu'un.—De même on doit dire: j'ai de mauvais pieds, j'y ai souvent mal; on m'a arraché la dent à laquelle j'avais mal; prenez garde, vous allez faire du mal à cet enfant; je ne lui ai pas fait mal, et non pas: je les ai souvent mal, la dent que j'avais mal, etc.
6. Il serait encore plus ridicule de dire: j'ai mal à ma tête ou ma tête, à mes dents ou mes dents, etc.
7. Ne dites pas: j'ai mal aux dents, c'est un mauvais mal; dites, c'est un vilain mal, car y a-t-il un mal qui soit bon?
8. Ne dites pas: je m'ai fait mal; dites, je me suis fait mal.
9. Ne dites pas: je me suis fait mal de ce pauvre; dites, j'ai eu pitié, compassion de ce pauvre.
10. Ne dites pas de quelqu'un qui vient d'échapper à un danger: il ne peut plus mal; dites, il est hors de danger.
11. Ne pouvoir mal. (Wall.)—Cette expression ne devrait jamais sortir de la bouche d'une personne qui tient tant soit peu à parler correctement; il faut dire n'avoir garde, se garder de:—il n'a garde (et non il ne peut mal) de tromper, il est trop honnête homme; irez-vous dans cette maison? je n'ai garde (et non je ne peux mal), on s'y ennuie trop; je me garderai bien (et non je ne peux mal) d'en manger.—Rendez encore cette locution selon le sens par: il n'y a pas de risque, il n'y a pas de danger:—prenez garde de tomber: il n'y a pas de danger (et non je ne peux mal); ne parlez pas de telle chose: il n'y a pas de risque (et non je ne peux mal).—Voyez pouvoir.
12. Mal parler et parler mal: voyez parler.
Malade, adj.—Faites les deux a brefs.
2. Ne dites pas: il fait malade aujourd'hui; dites, il fait malsain ou ... étouffant, s'il s'agit d'un temps chaud.
3. Ne dites pas non plus: il se fait malade; dites, il se rend malade:—se faire malade signifie feindre une maladie.
Maladieux.—Ce mot n'est pas français; dites, maladif, valétudinaire.
Malcomplaisant: ce mot n'est pas français; dites, peu complaisant.
Malcontent, Mécontent.—Ces deux mots expriment le déplaisir que nous éprouvons, lorsque quelque chose ne réussit pas au gré de nos espérances ou de nos désirs; mais mécontent dit plus que malcontent, en ce sens qu'il exprime l'humeur, le dépit, le ressentiment contre la cause de ce déplaisir.—Un maître est malcontent (peu content) d'un domestique qui le sert maladroitement; un maître est mécontent (pas du tout content, fâché contre) d'un domestique qui le trompe, qui le vole, qui lui manque de respect, qui fait mal son service, par négligence ou par paresse;—un domestique est malcontent d'un maître qui ne lui donne pas des gratifications qu'il avait espérées; il en est mécontent, s'il ne lui paie pas ses gages;—nous sommes malcontents, lorsqu'après avoir conçu un dessein, formé un plan, le succès ne répond pas à nos espérances, sans qu'il y ait de la faute de personne; nous sommes mécontents des autres ou de nous-mêmes, si c'est par la faute des autres ou par la nôtre.
Malentendu, Quiproquo.—Un quiproquo consiste à prendre une chose pour une autre; un malentendu vient de ce qu'on a mal compris.—Un sourd qui n'entend pas distinctement répond à une question sur son père, en parlant de son chien: c'est un quiproquo. Un ami à qui l'on donne rendez-vous à une heure, n'arrive qu'à deux heures, parce qu'il a mal compris: c'est un malentendu.
Malfaire, v. n., faire de méchantes actions; il n'est usité qu'à l'infinitif: il ne se plaît qu'à malfaire.
Malgré, Quoique.—Malgré est une préposition qui demande un régime direct (un substantif, pronom, etc., mais jamais un verbe ni une proposition);—quoique est une conjonction qui ne peut pas avoir de régime direct et qui régit toujours un verbe ou une proposition.—Ne dites donc pas: quoique ça, mais malgré ça; ne dites pas, malgré qu'il soit pauvre, mais quoiqu'il soit pauvre.
2. Malgré que dit l'Académie, ne s'emploie qu'avec le verbe avoir et dans ces sortes de phrases seulement: malgré que j'en aie, malgré qu'il en ait, etc., c'est-à-dire, malgré moi, malgré lui, en dépit de moi, en dépit de lui: malgré qu'il en ait, nous savons son secret, c'est-à-dire, en dépit de lui ou quel que soit le mal (mauvais) gré qu'il en ait: le que de malgré que est donc ici pronom relatif et complément direct de aie, ait, etc., et non la conjonction que.
Malhonnête, adj.—Il a deux sens différents et se dit des personnes et des choses.—Appliqué aux choses, il se met toujours après le substantif; avec un nom de personne, il précède ou il suit le substantif selon le sens: un malhonnête homme, est un homme qui manque d'honneur, de probité; un homme malhonnête est un homme impoli, incivil, grossier.—Voyez honnête.
Malin, adj., fait au féminin maligne et non maline.—Ce mot signifie proprement méchant, mais il peut aussi s'employer dans le sens de rusé, adroit: il est trop malin pour se laisser attraper.—Mais appliqué aux personnes, dans le sens de, qui a de l'esprit, des moyens intellectuels, il n'est pas français; ne dites donc pas: cet enfant n'est pas malin; dites, cet enfant a peu d'esprit. (Wall.)
Malle, et mieux Mallette, s. f., se dit de l'espèce de giberne en cuir où les écoliers serrent leurs livres, cahiers, etc.:—couverte, couverture, portefeuille, ne sont pas français dans ce sens.
Malle-poste, s. f., voiture qui transporte les lettres et les dépêches; le pluriel est malles-poste.
Maltraiter, traiter mal.—Maltraiter, v. a., c'est traiter durement en paroles et en actions, ou bien faire préjudice à quelqu'un: il l'a maltraité de coups, de paroles; cet homme a fort maltraité son fils dans son testament.—Traiter mal signifie, mal régaler quelqu'un ou bien en user mal avec lui. Aux temps composés, le 282 génie de la langue exige que l'adverbe mal passe avant le participe: il m'a mal traité;—de sorte qu'à la prononciation, cette expression peut se confondre avec celle-ci, il m'a maltraité.—Pour éviter l'équivoque, il suffira d'ajouter un modificatif, tel que bien, fort, assez, à l'adverbe mal, qui alors pourra se placer après le participe: il m'a traité fort mal.
Maman, s. f., mère, terme enfantin: prononcez maman et non man-man.
Mameluk, s. m., cavalier égyptien: prononcez mam'louk.
Mamezelle.—Ce mot ne se trouve pas dans les dictionnaires; il faut dire mademoiselle. Voyez ce mot.
M'amie, abréviation de mon amie; ce mot s'écrit avec une apostrophe.
Manche.—On dit le manche pour désigner la poignée de tout instrument, et la manche, quand il s'agit du vêtement du bras; dites donc, le manche d'un couteau, la manche d'un habit.—Mais ne dites pas, le manche ou la manche du panier, de la marmite; dites l'anse.
2. Ne dites pas: je n'étais pas dans sa bonne manche; dites, dans ses bonnes grâces, ou, je n'étais pas bien sur ses papiers, dans ses papiers.—L'Académie fait remarquer que être bien, être mal sur les papiers, dans les papiers de quelqu'un, est une locution familière.
Manchette, Garde-manche.—Une manchette est un ornement de mousseline, de dentelle qui se met au bras, au poignet.—Un garde-manche ou bout de manche, est une fausse manche que l'on met par-dessus la manche de l'habit, ou même de la chemise, quand on fait un travail qui peut les salir.
Mânes, s. m. pl., âmes des morts: les mânes plaintifs (et non plaintives) de nos ayeux: il est masculin et n'a pas de singulier.—Prononcez mânes (â long).
Manger, v. a.—Ne dites pas, manger un fruit, un raisin; dites, manger du fruit, du raisin.
2. Ne dites pas, si l'on vous consulte à table sur votre goût, je mange tout; ce serait annoncer un appétit de Gargantua; dites, je mange de tout.
3. Ne dites pas: nous avions dix personnes à manger; dites, nous donnions à manger à dix personnes. L'équivoque ici est mauvaise.—Cependant on dit très-bien: nous avions dix personnes à dîner.
4. Les locutions, venez manger ma soupe, j'irai demain manger votre soupe, sont familières et la bonne compagnie n'en fait point usage.
Mange-tout, s. m., celui qui dissipe follement tout ce qu'il a, tout ce qu'il gagne.
2. Les wallons désignent par ce mot une espèce de haricot, mais il n'est pas français dans ce sens.
3. Le pluriel s'écrit comme le singulier: prononcez man-ge-tout et non man-che-tout.
Mangeure, s. f., endroit mangé d'une étoffe, d'un pain, etc.: mangeure de vers, mangeure de souris: prononcez manjûre.
Manier, manière, maniéré, etc.—Prononcez ces mots comme ils sont écrits et non ma-gnier, ma-gnière, ma-gniéré.—Voyez ni.
Manique, s. f., morceau de cuir que les cordonniers mettent à leur main pour qu'elle résiste au travail; ne dites pas manicle.
Manne, s. f., nourriture que Dieu fit tomber du ciel pour nourrir les Israélites dans le désert;—espèce de suc concret qui découle naturellement ou par incision de certains végétaux et entre autres du frêne à fleurs et du frêne à feuilles longues; dans ces deux acceptions, on prononce mâne (â long).—L'a, au contraire est bref, lorsque manne désigne une espèce de panier à deux anses dont on se sert pour mettre du linge.—Ne dites pas mande (Flandr.)
Manœuvre, Manouvrier.—Le premier est l'homme de peine qui sert un autre ouvrier: le maçon ne travaille pas sans un manœuvre;—le second se dit de tout homme de peine travaillant au compte d'un entrepreneur.
Manquer, v. a. et n.—On peut dire manquer la messe, l'école, ses prières: voyez le Dictionnaire de l'Académie au mot messe.
2. Manquer, signifie aussi courir quelque risque, être sur le point d'éprouver quelque accident: nous avons manqué de verser; il a manqué d'être tué.—Il est familier. (Acad.)
Manuel.—Prononcez manu-èle et non pas manu-wèle ni manu-éle.
Manufacture, s. f.: ne dites pas manifacture.
Manus (in), s. m.—Dire son in-manus, recommander son âme à Dieu avant de mourir: prononcez ine-manuce.
Maquée, s. f., est un mot wallon, qu'il faut rendre par caillebotte, fromage blanc, fromage mou.
Maraîcher, ère, jardinier qui cultive un de ces terrains qu'on appelle marais, où l'on fait venir des légumes, des herbages; ne dites pas maraîchier.
Maraude, s. f., pillage clandestin des soldats; se dit aussi des écoliers qui vont à la picorée: on dit: aller à la maraude et mieux, en maraude; mais on ne dit pas: aller à maraude, (Acad.)—Prononcez marau-de et non marau-te.
Maravédis, s. m., petite monnaie d'Espagne: prononcez maravédi et non maravédice, encore moins maradévice.
Marbre, s. m., pierre calcaire: prononcez mar-bre et non mar-pe ni mar-bère.
Marc, s. m., poids;—résidu de fruits d'herbes ou d'autres substances pressurées;—du marc d'huile, du marc de café (et non de la marc de café): on ne 285 prononce pas le c, mais on le fait sentir dans Marc, nom d'homme;—le c est muet dans la place St-Marc (mar), le lion de S.-Marc (mar), à Venise, au marc (mar) le franc.—Voyez c final.
2. Une mare, est un amas d'eau dormante.
Marchand, s. m.—Ne dites pas: il fait le marchand de toiles; je fais le marchand, je fais le brasseur; dites il est marchand..., je suis marchand, je suis brasseur.
2. Ne dites pas non plus: j'ai marchand, pour signifier que vous savez à qui vendre; dites, j'ai acheteur, chaland, acquéreur.
Marché.—Ne dites pas: le marché de grains, de légumes, etc., mais, le marché aux grains, aux légumes.
2. A bon marché, loc. adv.—On dit acheter, vendre à bon marché, à trop bon marché, à meilleur marché, et non, acheter, vendre bon marché, trop bon marché, meilleur marché.—Il n'est pas plus permis de supprimer la préposition à devant bon marché que devant bon compte, bas prix: avoir une chose à bon marché (et non bon marché); donner sa marchandise à bon marché, à trop bon marché; je l'ai eu à meilleur marché.—Cependant on peut dire: cela ne vous coûte que dix francs, c'est bon marché, c'est grand marché; le bon marché m'a tenté, tout comme on dirait, c'est un bas prix, le bas prix m'a tenté.
Maréchal, s. m.—Maréchal de France, maréchal-ferrant; prononcez maréchal (é fermé) et non marchal ni marichal, marèchal.
Marguerite, s. commun et nom pr. de femme: écrivez et prononcez marguerite et non marguérite.
Marguillier, s. m., celui qui a soin de tout ce qui regarde la fabrique et l'œuvre d'une paroisse ou les affaires d'une confrérie; mais il ne se dit pas du clerc, sacristain ou chantre d'une église.—Prononcez et écrivez marguillier et non marguèillier.
Margotte, s. f., branche qu'on met en terre pour qu'elle y prenne racine; ce mot n'est pas français: dites marcotte.
Mari, s. m., époux.—Mon époux, mon épouse, ne sont admis à aucun titre par les gens de bon ton; on dit simplement ma femme, mon mari, ou bien avec un peu plus de cérémonie, monsieur ou madame, suivis toujours du nom de famille (ce sont les domestiques seuls qui désignent leurs maîtres par monsieur et madame);—mais mon mari, ma femme, sont préférables parce qu'ils sont plus simples.
Marier, v. a., ne s'emploie jamais pour, prendre en mariage.—Ainsi au lieu de dire: il a marié une telle, dites, il a épousé une telle.—Marier, signifie unir un homme et une femme par le lien conjugal, selon les lois de l'État ou en leur administrant le sacrement de mariage. Dans cette acception il ne se dit que du prêtre ou de l'officier de l'état-civil qui remplit l'une ou l'autre de ces fonctions: l'échevin N. les a mariés à défaut du bourgmestre; c'est le vicaire qui les a mariés. (Acad.)—Il se dit aussi de ceux qui font ou procurent un mariage, soit par autorité paternelle, soit par office d'amitié: son père l'a marié à la fille, avec la fille d'un de ses amis; cet homme a la manie de marier tout le monde. (Acad.)
2. Marier, joint au pronom personnel, signifie, lorsqu'on parle d'un homme, prendre une femme, et lorsqu'on parle d'une femme, prendre un mari: il est d'âge à se marier; il s'est marié richement; il ne se mariera pas.
3. Il s'emploie aussi dans le sens réciproque: quand se marieront-ils? ils se sont mariés l'an dernier. (Acad.)
4. Cependant on peut dire: cette demoiselle s'est mariée (a épousé) à un étranger; mais c'est une faute grossière de dire: cette demoiselle s'est mariée avec un étranger.—Avec s'emploie en prose pour les choses: sa voix se marie bien avec ou à son instrument.
Marmelade, s. f., confiture de fruits presque réduits en bouillie: marmelade d'abricots.—Cela est en marmelade (famil.), se dit d'une chose trop cuite et presque en bouillie: et, figurément, de ce qui est fracassé, broyé: il a reçu un coup qui lui a mis la mâchoire en marmelade.—Ne dites pas marmolade.
Marmiton, Mirmidon, Mirliton.—On appelle marmiton, celui qui est chargé du plus bas emploi d'une cuisine.—Mirmidon se dit, par mépris, par raillerie, d'un jeune homme de très-petite taille et figurément, de ceux qui ont des prétentions exagérées et ridicules.—Un Mirliton est une espèce de flûte formée d'un bout de roseau, de sureau, de branc-ursine, et bouché par les deux bouts, avec une pelure d'oignon ou un morceau de baudruche: il est sale comme un marmiton; voilà un plaisant mirmidon; ces mirmidons prononcent sur ce qu'ils ne connaissent pas; les enfants jouent du mirliton.
Marmonner, v. n., signifie murmurer à voix basse; ne dites pas, avec le peuple, marronner qui signifiait autrefois, friser les cheveux en grosses boucles.—Quelques dictionnaires emploient aussi marronner pour errer dans les bois en volant comme les nègres marrons:—il est vieux dans ce sens.
Marquer.—Ne dites pas: il est marqué sur la gazette, sur une lettre de...; dites, on lit dans la gazette, dans une lettre de..., etc., ou employez une phrase équivalente.
Marraine, s. f., celle qui tient un enfant sur les fonts: prononcez mârène (â long).
Marron, Marronnier; prononcez mâron, mâro-nier (â long) et non maro-gnier.—Voyez ni.
Mars, dieu de la guerre; 3e mois de l'année;—il signifie également, au pluriel, les menus grains qu'on sème au mois de mars, tels que les orges, les avoines, les millets, etc.; le temps a été bon pour les mars cette 288 année; s'il ne pleut pas, tous les mars sont perdus.—Quelques auteurs disent que mars, dans cette dernière acception, peut aussi se rendre par marsèche (la marsèche) ou par marsage; mais nous pensons que mars est préférable.—Dans toutes ces acceptions, prononcez marce et non mâre.
2. Ne dites pas: mars en carême; dites, marée en carême.—Cette expression signifie à propos: arriver comme marée en carême.
Marteau, s. m.—Ne dites pas, jeter la cognée après le marteau; dites, jeter le manche après la cognée, ce qui signifie renoncer de dépit ou de désespoir à une entreprise. (Acad.)
Martyr, Martyre.—Martyr, s. m., (au féminin martyre), est celui qui a souffert pour la foi chrétienne, pour une doctrine ou une foi quelconque;—martyre, s. m., est la mort ou les tourments qu'endurent celui qui est martyr: un évêque martyr, une vierge martyre; le martyre de saint Laurent.
Masque, Mascarade.—Ne dites pas un masqué, pour indiquer une personne déguisée; dites un masque.—Une mascarade se dit d'une réunion de masques, c'est-à-dire, de gens déguisés: une troupe de masques, un joli, un vilain masque; il faut laisser entrer les masques; venez voir une belle mascarade.
Massacrante, adj. fém.—Il n'est usité que dans cette locution familière: humeur massacrante, c'est-à-dire, humeur bourrue, maussade, grondeuse, menaçante.—Cette expression est approuvée par l'Académie; cependant elle n'est pas jolie, mais elle est énergique.
Masse, s. f.—Une masse de monde, est une expression triviale; dites, une grande foule, une grande multitude, une grande quantité de monde.
Mastic, est masculin: du mastic; et non de la mastic.
Mastouche.—On donne abusivement ce nom à la capucine; dites donc, une belle capucine, couleur capucine.
Mat, Mate, adj., qui n'a point d'éclat: argent mat, couleur mate: le masculin se prononce mate.—Mat, s. m., terme du jeu d'échecs, coup où le roi, mis en échec, ne peut bouger sans être pris: voilà un beau mat, être échec et mat.—Prononcez également mate.
2. Mât, s. m., pièce de bois longue, ronde et droite qui porte la voilure d'un navire: on ne prononce pas le t.
3. Mate, adj., humide, un peu mouillé:—ce mot est wallon; dites, moite pour les deux genres: il a le front moite; ces draps ne sont pas bien séchés, ils sont encore moites.
Mater, v. a., rendre mat, mortifier: prononcez mater (a bref);—mâter, v. a., garnir de mâts: prononcez mâter (â long).
Matériaux, s. m. pl., les différentes matières qui entrent dans la construction d'un bâtiment; il n'a pas de singulier.—Ne dites pas matéréaux.
Mâtin, s. m., gros chien de garde: l'â est long;—matin, s. m., la première partie du jour; l'a est bref.
2. Matin.—On dit très-bien, hier matin, demain matin, demain soir; on peut dire aussi demain au matin, demain au soir; cependant par une singulière bizarrerie, on doit dire hier au soir et non hier soir.
3. Ne dites pas: au matin, je prends une tasse de café; dites, le matin et mieux chaque matin, tous les matins...—Voyez soir.
Matinal, Matineux, Matinier, adj.—Matinal, qui s'est levé matin: vous êtes bien matinal aujourd'hui; l'Académie ne donne aucun exemple du pluriel masculin; nous pensons qu'il est inusité.—Matineux, matineuse, qui est dans l'habitude de se lever matin: il faut être plus matineux que vous n'êtes.—Matinier, matinière, qui appartient au matin; il n'est guère usité que dans cette expression: l'étoile matinière.—Prononcez mati-nière et non mati-gnière.—Voyez ni.
Matou, s. m., chat mâle; ne dites pas marou ni marcou.
Maudire, v. a., fait à la 2e pers. du près. de l'indic. et de l'impér., maudissez, et non maudisez, maudites.
Mauvais, e, adj.,—Ce mot peut s'employer dans le sens de méchant, mais jamais comme synonyme de fâché: que cet enfant est mauvais (méchant)! oh! le mauvais; oh! la mauvaise;—il était si fâché, je suis fâché et non mauvais. (Wall).
2. Mauvais mal, mauvaise maladie, ne peuvent pas se dire pour cruel mal, cruelle douleur, cruelle, dangereuse maladie:—vous avez mal aux dents, c'est un cruel mal, et non un mauvais mal; le typhus est une dangereuse maladie et non une mauvaise maladie.
3. Ne dites pas, un mauvais doigt, une mauvaise jambe, pour indiquer que vous y éprouvez un mal quelconque; dites j'ai mal au doigt, à la jambe, et non j'ai un mauvais doigt, une mauvaise jambe.
4. Mauvais air, air ignoble;—air mauvais, air terrible.—Prononcez mo-vai (o bref) et non mó-vai (ô long).
Maximum, s. m., le plus haut degré: prononcez mak-cimome et non mak-zimome;—en terme technique, on dit au pluriel maxima et minima.
Me, le.—Les personnes ignorantes seules disent: donnez-mê-le pour donnez-le-moi.
Méchant comme la gale.—Dites, mauvais comme la gale: la raison de ce choix est évidente; on dit que la gale est mauvaise, mais on ne dit pas qu'elle est méchante.
2. Une méchante épigramme, est une épigramme sans sel, sans mérite, mal faite;—une épigramme méchante, est une épigramme mordante: il en est de même de méchants vers et de vers méchants, etc.
Mécontent, e, adj.—On est mécontent de quelqu'un et non après, sur ou contre quelqu'un: il est mécontent de vous, de son fils.—Voyez malcontent.
Mécredi, s. m., barbar.:—écrivez et prononcez mercredi.
Médical, Médicinal, adj.—Médical, qui appartient à la médecine considérée comme science: l'art médical, instrument médical;—Médicinal, qui a la vertu d'une médecine, d'un médicament: plante médicinale.
Médire, v. n., fait au présent de l'indicatif et à l'impératif, médisez et non médites.
Méfaire, v. n., faire le mal, ne s'emploie qu'à l'infinitif et au participe passé, méfait, qui se construit toujours avec l'auxiliaire avoir.
Mégarde (par), loc. adv., par inadvertance: je me suis blessé par mégarde;—ne dites pas par mégard (mégar).
Meilleur, e, adj. comp.—Ne dites pas: vous chantez meilleur que moi; dites, vous chantez mieux que moi:—meilleur équivaut à plus bon et mieux à plus bien. (Fland.)
2. Ne dites pas, j'ai meilleur que vous; dites, je suis mieux que vous (Wall.)—Voyez bon.
3. Dites, je suis arrivé de meilleure heure que vous et non de plus bonne heure.—Voyez heure.
Mélanger:—voyez mêler.
2. Mêler à, mêler avec.—Dans l'acception de mettre ensemble plusieurs choses, les confondre, on dit mêler avec: l'Ourthe mêle à Liége ses eaux avec celles de la Meuse; mêler de l'eau avec du vin.—Mais au figuré on dit mêler à: il sait mêler la douceur à la sévérité; mêler les affaires aux plaisirs. (Acad.)—Voltaire a dit cependant: les anciens Romains étaient trop austères pour mêler leurs plaisirs avec leurs affaires: cet exemple n'est pas à imiter.
3. Mêler, mélanger.—Mêler signifie mettre ensemble, confondre;—mélanger, signifie, assembler, assortir; en mêlant les choses, on les dénature, on les brouille;—en les mélangeant, on les combine dans le but d'obtenir de leur composition un résultat avantageux, un produit nouveau.
Mélisse, s. f., plante, boisson: ne dites pas milisse.
Melon, s. m.—Ne dites pas mélon ni mèlon.
Membour, ne peut pas se dire pour tuteur ni membournie pour tutelle: cet enfant a perdu son tuteur et non son membour; cet homme est en tutelle et non, en membournie. (Wall.)
Membré, Membru, adj.—Membré ne s'emploie guère qu'avec l'adverbe bien et signifie, qui a des membres bien faits, bien proportionnés: il est bien membré.—Membru, qui a les membres fort gros: il est bien membru.—Il s'emploie aussi substantivement: un gros membru, mais il est familier dans cette dernière acception.
Même, adj. et adv.—Ne dites pas: j'entreprendrai tout de même ce long et pénible travail; dites, j'entreprendrai néanmoins, toutefois, malgré ça, ce long et pénible travail.
2. Ne dites pas: cette nouvelle paraît certaine, mais elle est tout de même étrange; dites, elle est pourtant, néanmoins étrange;—tout de même signifie de la même manière: mon bureau est fait tout de même que le vôtre.
3. Ne dites pas: est-ce tout de même d'aller jouer; dites, est-ce que je peux, est-il permis d'aller jouer, me donnez-vous la permission de... (Wall.)
4. Ne dites pas: c'est tout de même pour moi, ou c'est pour moi le même, c'est moi le même; dites, ça m'est égal, indifférent, m'importe peu ou peu m'importe.
5. Ne dites pas: il a le même caractère de son frère; dites, que son frère.
6. Ne dites pas: voulez-vous venir avec nous?—Tout de même;—dites, volontiers, avec plaisir.
7. Tout de même, tout le même.—Pour savoir laquelle de ces deux expressions il faut employer, il suffit de voir si, en supprimant tout, ou emploierait de même ou le même: il est tout le même qu'il y a dix ans;—ces deux robes sont faites tout de même l'une que l'autre.—Prononcez mê-me et non min-me.
Mémento, s. m., marque pour se souvenir.—L'Académie ne donne point d'exemple de pluriel; quant à nous, nous écririons des mémentos, parce que l'accent sur l'é donnant à ce mot le caractère de mot français, il doit être soumis aux règles de la langue française et prendre une s au pluriel.—Prononcez méminto.
Menacer, v. a.—Ne dites pas: il menace une maladie, une étisie, mais, il est menacé d'une maladie, d'une étisie ou il couve une maladie, une étisie.
2. Prononcez menacer (e muet) et non mènacer.
Mener, v. a.—Prononcez mener (e muet) ou m'ner et non mèner.—Il en est de même des mots amener, emmener; cependant dans les temps où l'n est suivi d'un e muet, le premier e devient grave et se prononce comme dans père: je mène, je mènerai (ne prononcez pas je min-ne, je min-nerai).
2. Ne dites pas: mener du bruit, mener du train; dites faire du bruit, faire du train:—ces enfants font beaucoup de bruit, font du train dans la classe.
Menotte, s. f., main d'enfant; liens de fer ou de corde cadenassés qu'on met aux poignets de certains prisonniers pour leur ôter l'usage des mains; dites menotte et non mènotte ni manotte ni minotte.
Menteur, fait au féminin menteuse et non menteresse: elle est menteuse comme un laquais.
Mentor, s. m., gouverneur, guide: prononcez mintor et non mantor, mennetor.
Menu, s. m.—Le menu d'un repas est la note de ce qui doit y entrer et non les mets comme on le pense assez généralement: il y aura demain vingt personnes à la table, il faut dresser le menu.
Menuisier, s. m.—Prononcez menu-isier (ui diphth.) et non menouisier ni mènuisier.
Méphitique, adj., qui a une odeur fétide; qui produit des exhalaisons nuisibles: air méphitique:—ne dites pas méphétique.
Mercredi, s. m.—Ne dites pas mécredi ni mercrédi, mercrèdi.—Voyez jour, 11.
Mérelle, s. f., jeu d'enfants où l'on pousse un palet (caillou, pierre) avec le pied dans des cases tracées d'avance sur le sol: on dit aujourd'hui marelle: jouer à la marelle.
Mérinos, s. m. (on prononce mérinoce); mouton de race espagnole, sa laine ou étoffe faite avec sa laine.—Il se prend aussi adjectivement et s'écrit mérinos pour les deux genres: bélier mérinos, brebis mérinos.—Ne prononcez pas mèrinos.
Méritant, te.—On dit très-bien: c'est une personne bien méritante (qui a du mérite). (Acad.)
Mérite, s. m., s'emploie généralement au singulier: il ne faut pas être fier de son mérite et non de ses mérites; cet homme a beaucoup de mérite et non de mérites; son mérite est au-dessus de tout éloge et non ses mérites.
Mésange, s. fém., petit oiseau: voilà une jolie mésange: prononcez mézange et non messange ni mézanche.
Mésentendu, n'est pas français; dites malentendu: voyez ce mot.
Messe, s. f.—On dit messe basse (et non basse messe) ou petite messe, qui se dit sans chant;—messe haute, ou grande messe ou grand'messe, (et non messe à chanter), qui est chantée: grand'messe fait au pluriel grand'messes.
2. On dit: servir la messe et non servir à la messe. (Acad.)
3. On dit, aller à la messe et non aller à messe; mais on dit, aller à vêpres et non aller aux vêpres.
4. On dit, manquer la messe et non à la messe; (Acad., au mot messe);—on dit un livre de messe, un livre de prières et non un livre à prières; (Acad., aux mots messe et prière).
5. Faire la messe, lire la messe, pour dire la messe, célébrer la messe, est un flandricisme;—faire une messe, se dit d'un musicien qui compose une messe.
6. Messe, pour signifier le fruit du néflier, n'est pas français; il faut dire nèfle: une grosse nèfle:—prononcez nè-fle et non nèfe ni nèfèle.
Messieurs, s. m. pl.—Ne dites pas: les messieurs furent obligés de rester debout pendant toute la séance; dites, les hommes...—Mais on peut dire ces messieurs, en parlant d'hommes désignés ou présents: je vais me promener, quant à ces messieurs (présents), ils resteront ici si bon leur semble:—cependant, il est impoli de dire ce monsieur.
Mesurer, v. a. et pr.—On dit se mesurer (lutter) avec quelqu'un et non contre quelqu'un.
Métal, Métail, s. m.—Métail est une composition de métaux;—métal indique un pur minéral: l'or est un métal, le bronze est un métail.—Quoique métail n'ait pas été admis par l'Académie, il figure pourtant dans plusieurs dictionnaires.
Métallique, adj., de métal; on prononce les deux ll: métal'lique.
Métier, Profession, Art.—Métier, profession d'un état manuel;—profession, carrière que l'on suit, emploi que l'on occupe;—art, talent qu'on cultive:—il a embrassé la noble profession des armes; puisque vous voulez faire apprendre un état manuel à votre fils, que ne choisissez-vous le métier de tailleur; l'art fait l'artiste.
Métis, Métisse, adj. et subst., né de deux espèces: on prononce l's de métis.
Mets, s. m., aliment préparé pour un repas; on l'écrit avec une s, même au singulier et on prononce mè;—l's se fait sentir devant une voyelle: un mets exquis.
Mettre, v. a.—Ne dites pas: mettre ou jouer dans la loterie; dites, mettre ou jouer à la loterie. (Fland.)
2. Ne dites pas: il a mis ces pierres sur un; dites, il a mis ces pierres les unes sur les autres. (Fland.)
3. Ne dites pas non plus, avec les flamands: tout est sous un; dites, tout est sens dessus dessous.
4. Ne dites pas: mettre quelqu'un en bas de sa charge; dites, déposer quelqu'un de sa charge ou le destituer. (Fland.)
5. Ne dites pas, comme c'est généralement l'usage à Mons, à une personne qui vous rend visite et que vous invitez à s'asseoir: veuillez vous mettre; dites, veuillez vous asseoir, ou servez-vous de toute autre phrase équivalente.
6. Ne dites pas au condit.: nous metterions, vous metteriez; dites, nous mettrions, vous mettriez.
Meublé, garni de meubles, ne peut pas s'employer pour tapissé:—aussitôt que ma chambre a été tapissée, je l'ai meublée.
Meubler, v. a.—Ne dites pas papier à meubler; dites, papier peint, papier-tenture, papier de tapisserie;—tapis, dans ce sens, n'est pas français.—Voyez ce dernier mot.
Meulière, Molière, s. f., Molaire, adj. et s. f.—La meulière est une pierre fort dure dont on fait les meules de moulin;—une molière est une carrière d'où l'on tire ces pierres; on appelle aussi terre molière une terre grasse et marécageuse.—On appelle enfin molaires ou dents molaires, les grosses dents qui servent à broyer les aliments.
Meurir pour Mûrir.—Ne dites pas: les fruits ne meuriront pas cette année; dites, ne mûriront pas...
Meurtre, Assassinat.—Le meurtre est un homicide commis avec violence;—l'assassinat est le meurtre commis avec préméditation, de guet-apens.
Mévendre, v. a., vendre une chose moins qu'elle ne vaut; il y a des temps ou les marchands sont obligés de mévendre.—Il a vieilli. (Acad.)
Mezzo-termine, s. m., (littér., moyen-terme), parti moyen pour concilier; le pluriel s'écrit comme le singulier:—prononcez med'zotèrminé.
Mi.—Abréviation du mot demi, mi-chemin, mi-corps, etc.—Quand on le joint au mot corps, jambe, chemin, mur, terme, sucre, et côte, on ne l'emploie qu'adverbialement avec la préposition à et sans article: il n'y a de l'eau qu'à mi-jambe; cette poutre ne va qu'à mi-mur; des confitures à mi-sucre, etc.—Joint au mot carême et au nom des mois, il fait partie du substantif et doit être précédé de l'article la, quoique les substantifs soient du masculin: la mi-carême, la mi-mai;—excepté toutefois dans cette locution proverbiale, mi-mai, queue d'hiver.
2. Mi-parti est un adjectif dont le féminin est mi-partie: les opinions ont été mi-parties; cette robe est mi-partie de blanc et de rouge.
Miche, s. f., pain d'une grosseur médiocre, pesant au moins une livre et quelquefois deux; il se dit aussi des pains ronds d'un poids plus considérable: une miche de douze livres. (Acad).
Micheau, s. m.—Ce mot n'est pas français:—au lieu de dire, je vais faire un voyage, je vous rapporterai votre micheau, il faut dire: je vous rapporterai quelque chose, je vous rapporterai un cadeau. (Wall.)
2. Micheau, n'est pas français non plus pour désigner de petits pains au beurre; dites simplement petit pain ou bien miche au beurre.
Micmac, s. m., est un mot français qui signifie intrigue (et non pêle-mêle), manigance, pratique secrète dont le but est blâmable: il y a eu bien du micmac dans cette affaire.
Midi, s. m., Minuit, s. m.—Ces deux mots sont du singulier et du masculin; dites donc, à midi précis, à minuit précis, et non pas à midi précise, à minuit précise.
2. Dites de même, sur le midi, sur le minuit, midi a sonné, à minuit sonnant, vers midi, vers minuit, etc., et non pas sur les midis, sur les minuits, midis ont sonné, à minuits sonnants ou sonnantes, vers les midis, 298 vers les minuits.—Cependant, on dit très-bien vers les dix heures, vers les onze heures, etc.
3. Ne dites pas non plus avec les flamands et les wallons: il est douze heures; dites, il est midi, il est minuit.—Prononcez minu-it (ui diphth.) et non minouit.
4. Ne dites pas: c'est midi, il est temps que je sorte; dites, il est midi...—Mais à la question: quelle heure sonne? il faudra répondre: c'est midi, c'est-à-dire, ce (l'heure) qui sonne est midi, puisqu'on dit, voilà midi qui sonne. (Acad.) Ces observations s'appliquent également au mot minuit.
5. Ne dites pas: je vous verrai ce midi; dites, à midi.
6. Ne dites pas: il rentre toujours sur le midi; dites à midi, vers midi; dites de même, avant midi, après midi, avant minuit, après minuit, vers minuit.
7. Ne dites pas: midi et quart, minuit et quart; dites, midi et un quart, minuit et un quart. Voyez quart et liaisons affectées.
8. Ne dites pas: avez-vous fait midi, avez-vous mangé le midi, dites, avez-vous dîné?
9. Après-midi, s. f.: je vous ai attendu toute l'après-midi.—Plusieurs, dit l'Académie, le font du masculin;—le pluriel s'écrit comme le singulier: il passe toutes ses après-midi à étudier, c'est-à-dire, toutes ses heures de l'après-midi.
Mier, v. a., mettre le pain en miettes, n'est pas français; dites émier ou émietter.
Miette, Mie, s. f.—Miette signifie petite partie, petit morceau;—mie ne se dit que de la partie du pain qui se trouve entre les deux croûtes: des miettes (et non des mies) de sucre; donnez m'en une miette; vous ne lui en avez donné qu'une miette;—il n'a plus de dents, il ne mange plus que de la mie (et non de la miette).—Prononcez miette (iette diphth.) et non mi-ette ni mi-iette.
Mieux, adv. comp.—Dites, c'est ma mère que j'aime le mieux, le plus, et non, la mieux, la plus: le mieux est ici superlatif et conséquemment invariable.
2. Lorsque mieux est suivi de deux infinitifs, on met ou l'on supprime la préposition de devant le second: j'aime mieux vous déplaire que vous tromper, ou que de vous tromper.—L'emploi de la préposition de est néanmoins préférable.
3. Aimer mieux et il vaut mieux, suivis d'un infinitif, ne doivent pas être suivis des prépositions de ni à: j'aime mieux étudier, il vaut mieux étudier, et non d'étudier ni à étudier.—Voyez aimer et valoir.
4. Ne dites pas: il chante, il joue des mieux; dites, très-bien, parfaitement:—des mieux n'est pas français dans ces sortes de phrases.
5. Ne dites pas: il chante plutôt mieux que mal; dites, bien que mal, en opposant l'adverbe positif bien à l'adverbe positif mal.
6. Ne dites pas: le temps s'est radouci, il fait mieux qu'hier; dites, il fait meilleur qu'hier, en sous-entendant le mot temps, comme on dit, il fait chaud, il fait froid, il fait bon, etc.
7. Il ne faut pas employer l'un pour l'autre mieux et plus: mieux exprime la perfection, l'idée d'une supériorité de manière;—plus exprime l'extension, l'idée d'une quantité supérieure.—On ne doit pas dire: j'ai gagné mieux de cent francs, mieux que cent francs; il faut dire, plus de cent francs.
8. Mieux, se met après les verbes dans les temps simples et entre l'auxiliaire et le participe dans les temps composés: j'aime mieux, j'ai mieux aimé.
Mille, adj. num. card.—Ne dites pas: le premier mille francs est le plus difficile à gagner; dites, les premiers mille francs sont...; francs étant substantif, impose le genre et le nombre.
2. Ne dites pas: il m'a comblé de mille éloges; dites simplement, ... d'éloges.
3. Mille est adjectif numéral et substantif commun.—Comme adjectif, il s'écrit de deux manières (et est naturellement invariable): 1o mille, pour exprimer le nombre dix fois cent: mille francs, dix mille francs. 2o Mil, dans l'expression des dates: Léopold premier, roi des Belges, est monté sur le trône l'an mil huit cent trente et un. Cependant on écrit mille dans l'expression des dates antérieures à la naissance de Jésus-Christ: le temple de Salomon fut achevé l'an mille cinq cent avant Jésus-Christ.—Comme substantif commun, c'est-à-dire, employé pour représenter une mesure de chemin, mille s'écrit avec une s au pluriel: trois milles d'Angleterre font près d'une lieue de France.—Ne confondez pas dans la prononciation l'adjectif mil (qui se prononce mile) avec le substantif mil (millet) où l'l est mouillée comme dans babil, péril.
Millésime, s. m., date de monnaie; millénaire, adj., hérétique ou qui contient mille; millimètre, s. m., millième partie d'un mètre:—dans ces mots on prononce les deux ll.
Milliaire, milliard, milliasse, millième, millier, million, millionnaire, millionnième, billion, trillion, etc.:—dans tous ces mots les ll sont suivies d'un i et on ne prononce qu'une l.
Minable, adj., misérable, qui fait pitié: air minable;—qui indique une grande misère: vêtements minables.—Cette expression populaire est mauvaise sous tous les rapports, puisqu'elle ne tient à aucune racine française ni étrangère qui puisse en faire comprendre le sens et la rendre claire. (Bescherelle.)
Minéral, Minerai, Mine, Minière, Carrière.—On donne le nom de minéraux (é fermé) aux substances inorganiques qui entrent dans la constitution de la terre; ils ne vivent pas et ne se reproduisent pas, ce qui les distingue des végétaux et des animaux.—On donne le nom de minerais (e muet) aux minéraux 301 que l'on utilise pour en extraire les métaux, tels que le fer, le zinc, le cuivre, le plomb, l'argent, l'or, etc.—On appelle mines les exploitations de minéraux: la loi distingue les mines, les minières et les carrières. Les mines s'exploitent dans la profondeur pour l'extraction des minerais et de quelques autres substances, telles que la houille, le soufre, le sel, etc. Les minières sont des exploitations superficielles ou très-rapprochées de la surface, et d'où l'on retire des minerais, de la tourbe, etc. Les carrières s'exploitent à la surface ou dans la profondeur pour les matériaux de construction, calcaire, grès, ardoise, argile, sable, pierre à plâtre, etc.
Miniature, s. f., peinture délicate: on prononce ordinairement mignature, dit l'Académie; cette prononciation vicieuse n'est donc pas de rigueur, et l'on doit approuver ceux qui disent mi-niature.
Minimum, s. m., le moindre degré: prononcez minimome.—Voyez maximum.
Minou, minet, minette, petit chat: le minet joue avec le chien; voilà une jolie petite minette.—Minou n'est pas français.
Minuit: voyez midi.
Minute, s. f.—Ne dites pas: en une minute de temps; si vous avez une minute de temps; dites simplement, en une minute; si vous avez une minute.—Voyez heure.
Minutie, s. f., bagatelle; minutieux, adj.—Prononcez minucie, minucieux.
Mi-parti, mi-partie: voyez mi.
Miracle, Miraculeux: l'a est long dans le premier et bref dans le second.
Mirmidon: voyez marmiton.
Misérable, adj.—Ne dites pas: faites-lui l'aumône, c'est une misérable femme, un misérable homme; dites, c'est une femme, un homme misérable 302 et mieux, malheureux.—On emploie mieux cet adjectif, en l'appliquant à la condition: être réduit à un état misérable; son sort est misérable; car, en général, appliqué aux personnes et employé substantivement, il veut dire malhonnête, vicieux, débauché: c'est un misérable, un grand misérable.—Il n'y a que quelques exemples, pris dans le style élevé, où il emporte l'idée de misère: il ne se faut jamais moquer des misérables; les misérables et les malheureux méritent des secours.
Miserere, s. m., psaume, colique: prononcez mi-zéréré.
Mite ou Teigne, s. f., insecte qui ronge les vêtements: ne dites pas motte.
Mitouche: voyez nitouche.
Mixte, adj., mêlé, mélangé: prononcez miks-te et non mixe.
Mixtion, s. f., mélange de drogues; mixtionner, faire ce mélange.—Dans ces deux mots, ti conserve sa prononciation naturelle, c'est-à-dire, celle qu'il a dans les mots menti, parti: miks-thion, miks-thioner.
Mode, s. f.—Prononcez mo-de et non mo-te ni môde: un habit à la mode.
Modeste, adj.—Quoi qu'en disent certains grammairiens, modeste se dit bien des choses et signifie médiocre, simple, sans éclat: avoir un train, un équipage modeste, une table modeste; faire une dépense modeste; il s'est borné à conserver le modeste héritage de ses pères. (Acad.)—Toutefois, nous croyons qu'on ne peut pas dire un prix, une somme, une taxe modeste, mais bien, un prix, une somme, une taxe modique.
Moelle, s. f., substance molle dans les os, dans les bois; moellon, pierre de construction: moelleux, rempli de moelle, souple, gracieux:—dans tous ces mots oe est diphthongue; prononcez moèle, moèlon, moèleux; quelques-uns prononcent moale, moa-lon, etc.
Mœurs, s. f. pl.; il n'a pas de singulier.—Prononcez meurce et non meure, soit seul, soit devant une consonne.
Moi, pr. pers.—Ne dites pas: donnez-moi-le; donnez-moi-la; dites, donnez-le-moi, donnez-la-moi.
2. Ne dites pas: mène-moi-z-y, amuse-toi-z-y; donne-moi-z-en, sers-toi-z-en, quoiqu'on puisse dire mène-nous-y, amusez-vous-y, donnez-nous-en, servez-vous-en:—la vraie construction est mène-m'y, amuse-t-y, donne-m'en, sers-t'en.—Cependant, comme ces finales sont trop dures, il vaut mieux employer une autre tournure: mène-moi dans cet endroit, amuse-toi dans cette société, etc.
3. Ne dites pas: un ami de moi me l'a assuré; dites, un de mes amis....
4. Dites, c'est moi qui ai, qui suis; c'est nous qui sommes, qui avons; c'est vous qui êtes, qui avez: et non pas, c'est moi qui est, qui a; c'est nous qui sont, qui ont; c'est vous qui est, qui a, qui sont, qui ont, etc.
5. Ne dites pas: il a la jambe plus grosse que moi; dites, que la mienne.
6. Ne dites pas: le maître ne me refuserait pas cette permission, moi:—moi, est ici un régime indirect, il faut donc dire à moi ou prendre une autre tournure, comme: quant à moi, le maître, etc.
7. Ne dites pas: moi, je me vengerais; moi, je vais jouer; dites plutôt: pour moi, je me vengerais, pour moi, je vais jouer; ou bien, je me vengerais, moi; je vais jouer, moi.
8. Ne dites pas: c'est moi, c'est vous la cause de son malheur; dites, c'est moi qui suis, c'est vous qui êtes la cause de son malheur.
Moindre, est le comparatif de petit; ne dites donc pas: sa position est plus moindre que la mienne ou est la plus moindre de toutes; dites, sa position est moindre que..., est la moindre de toutes.
2. Le moindre est le superlatif de petit; vous ne direz donc pas: il a relevé le moindre petit de mes défauts; petit est de trop; dites, le moindre de mes défauts.
3. Ne dites pas: j'en ai moindre, je ne le donnerai pas à moindre; dites, j'en ai moins, je ne le donnerai pas à moins.—Moindre est adj. et ne peut pas s'employer pour moins qui est adverbe.—Prononcez moin-dre et non mointe ni moandre, moindère.
Moins, adv.—Au moins signifie pour le moins; du moins exprime une correction, une restriction: comment, vous n'êtes pas au moins général? vous êtes du moins colonel?
2. Ne dites pas: vous ne l'aurez pas, à moins que le demander; dites, à moins de le demander, ou à moins que de le demander:—à moins devant un infinitif veut la préposition de seule ou précédée de que; la forme à moins que de est plus ancienne.
3. Ne dites pas: je ne le ferai pas à moins que de mille francs; dites, à moins de mille francs.
4. Ne dites pas: il est moins bon qu'il en a l'air; dites, qu'il n'en a l'air.
5. Ne dites pas: le moins que possible, le moins tard que possible; supprimez le que et dites, le moins possible, le moins tard possible.
6. Ne dites pas: à moins que vous jugiez à propos; dites, à moins que vous ne jugiez à propos:—à moins que est toujours suivi de la négation.—Prononcez moins et non moans.
Mois, s. m., douzième partie de l'année.—Les noms des mois s'écrivent avec une petite lettre: février, mars, avril, et non Février, Mars, Avril. (Acad.)
Moitié, s. f.—Ne dites pas: la moitié de six est de trois; dites, est trois.—Voyez quart, tiers.
2. On dit plus d'à moitié et non plus qu'à moitié: ce vase est plus d'à moitié plein.—Prononcez moiti-é et non moi-tchié.—Voyez ti et di.
Mon, Ton, Son, etc., adj. pos.—Ne dites pas: j'ai mal ma tête ou à ma tête; Pierre s'est cassé sa jambe; dites, j'ai mal à la tête; Pierre s'est cassé la jambe.
2. Prononcez mon, ton, son, devant une voyelle ou une h muette, en conservant à ces mots leur prononciation propre et en ajoutant une n au mot suivant: mon âme (mon n'âme), ton âge (ton n'âge), son ouvrage (son n'ouvrage) et non mo n'âme, to n'âge, so n'ouvrage.
Monnaie, monnayer, monnayeur: on a abandonné l'ancienne orthographe, monnoie, monnoyer, monnoyeur.
Mons, s. m., abréviation du mot monsieur.—Le roi de France écrivant à un archevêque ou à un évêque disait: mons l'Archevêque, mons l'Évêque; mais entre particuliers, cette expression est méprisante: mons un tel, mons Remy.—Prononcez monce.
Monseigneur, s. m., titre d'honneur, s'écrit en un mot.—Le pluriel est messeigneurs; on l'emploie en parlant ou en écrivant collectivement à plusieurs des personnes qui ont droit au titre de monseigneur.—On disait autrefois nosseigneurs dans les requêtes présentées au conseil du roi, aux cours du parlement et aux autres cours souveraines. (Acad.)—Cependant on ne tient généralement pas compte de cette décision de l'Académie et l'on dit aujourd'hui nosseigneurs aussi bien et même mieux que messeigneurs: nosseigneurs les évêques de Belgique;—on écrit aussi Nos Seigneurs en deux mots et avec des majuscules.
2. Mon seigneur, s'emploie dans les prières: mon seigneur et mon Dieu;—le vassal voulant désigner quel était son suzerain, disait aussi: un tel est mon seigneur, vous êtes mon seigneur.
Monsieur, s. m.—Prononcez mocieu (en ne faisant sentir ni l'n ni l'r; cependant en poésie on fait quelquefois sentir l'r) et non m'cieu, mon-cieu ni mon-cieure;—le pluriel est messieurs qu'on prononce mècieu (en supprimant l'r et l's) et non mècheu ni mècieurce.
2. Si, vous adressant à un homme, vous lui parlez de sa femme, ne dites pas simplement madame, mais ajoutez le nom de famille: madame Durand, madame la comtesse de Vergy, ou bien dites, madame votre femme.—De même si vous parlez à madame Durand de son mari, ne dites pas, par exemple: comment se porte monsieur? dites, comment se porte monsieur Durand?—Un enfant, une femme, en parlant de son père ou de son mari, ne dira pas non plus: monsieur est sorti, mais mon père, mon mari, est sorti.
3. Si vous parlez à un domestique de ses maîtres, vous direz simplement monsieur, madame, mademoiselle, sans y ajouter le nom: monsieur est-il à la maison? et non monsieur Durand est-il à la maison?
4. Les mots monsieur, madame, mademoiselle, sont de rigueur pour toutes les célébrités vivantes; on dira donc: monsieur de Lamartine, monsieur Guizot, et non Lamartine, Guizot tout uniment.—Les acteurs seuls peuvent faire exception.
5. Ce, cette, devant monsieur, dame, demoiselle, ce monsieur, cette dame, cette demoiselle, est impoli; dites simplement monsieur, madame:—dites bonjour à monsieur, à madame, à mademoiselle, et non à ce monsieur, etc.
6. Abstenez-vous de même, quand il s'agit de personnes présentes ou respectables, de ces locutions: cet homme, cette femme, cet individu, celui-ci, celle-ci, cet homme-là, cette femme-là, cet individu-là, lui, elle, etc.; les gens bien élevés ne suppriment jamais les mots monsieur, madame, mademoiselle, quand ils parlent d'un tiers, absent ou présent:—cependant il faut éviter, en écrivant aussi bien qu'en parlant, de répéter trop souvent ces mots: on se rendrait insupportable.
7. Il est contraire au bon usage d'apostropher une personne par son nom à la suite du mot monsieur, 307 madame, mademoiselle; ainsi en parlant à monsieur Durand, dites simplement, monsieur: oui, monsieur; non, monsieur; dites de même, oui, madame; oui, mademoiselle—et non oui, monsieur Durand; oui, madame Durand; oui, mademoiselle Durand.
8. On donnait le titre de monsieur (absolument) au frère du roi de France qui n'était pas destiné à occuper le trône.—Voyez mademoiselle.
Monter, v. n.—Les temps composés se conjuguent avec l'auxiliaire avoir, lorsqu'on veut exprimer l'action, et avec être, si l'on veut exprimer l'état, ou bien, en d'autres mots, selon que l'on peut répondre à l'une ou l'autre de ces questions: qu'a-il-fait?—où est-il, qu'est-il devenu?—il a monté (qu'a-t-il fait) quatre fois à sa chambre pendant la journée;—il est monté (où est-il) à sa chambre depuis une heure et il y est resté.—Lorsque monter est employé activement, il prend toujours avoir: il a monté l'escalier en courant.
2. Monter en haut, descendre en bas, sont généralement des pléonasmes vicieux; dites simplement monter et descendre.—Voyez haut.
Monteuse, une ouvrière en modes, une modiste: monteuse de bonnets, monteuse de modes. (Poitevin).
Monticule, petite montagne, est masculin: un monticule.
Moquer (se), v. essentiellement pronominal;—ne dites donc pas: il me moque toujours; dites, il se moque toujours de moi.
2. On dit indifféremment: tu te ferais moquer de toi ou tu te ferais moquer. (Acad.)
3. Le participe passé moqué s'emploie aussi dans un sens passif avec le verbe être: il fut moqué de tout le monde. (Acad.)
Mordicus, adv., avec ténacité:—soutenir son opinion mordicus: prononcez mordicuce.
Mordre, v. a.—Il mord à belles dents: prononcez il mor à et non il mor t'à belles dents.—Dans les mots terminés en ord ou ort le t final ne se lie point avec la voyelle ou l'h muette qui suit.
2. Ne dites pas: les cousins m'ont mordu à la joue; dites, m'ont piqué... (Acad.)
More, s. m., peuple africain; moresque, adj.; moricaud, aude, adj. et s.;—on écrit aussi maure, mauresque, mauricaud.—L'Académie ne donne point le féminin correspondant de maure; quelques-uns disent, une maure, d'autres, une mauresque.
Morigéner, v. a., corriger;—ne dites pas moriginer ni morigérer.
Mors, s. m., frein:—on ne prononce pas l's excepté devant une voyelle: prendre le mors aux dents; cependant beaucoup de personnes ne font pas cette liaison.
Mort, s. m.—Ne dites pas un billet de mort; dites une lettre de faire part, un billet d'enterrement, un billet d'obsèques.
2. Mort, morte, adj.—Dans quelques locutions, il a un sens différent, selon qu'il précède ou qu'il suit le substantif.—Mort-bois, les espèces de bois de peu de valeur, comme les ronces, les genêts;—bois mort, arbre séché sur pied, branches qui ne reçoivent plus de sève.
3. Morte-eau se dit des marées les plus faibles;—eau morte, qui ne coule point.
4. Mort-ivre se dit d'un homme; mais en parlant d'une femme, il faut dire ivre-morte: voyer ivre-mort.
5. Mort-gage, s. m.: le pluriel est morts-gages.
6. Mort-né.—Mort est invariable; il fait au féminin mort-née et au pluriel mort-nés, mort-nées: une fille mort-née, des enfants mort-nés.
7. Morte-paye, s. f.: le pluriel est mortes-payes.
8. Morte-saison, s. f.: le pluriel est mortes-saisons.
9. Ne dites pas du mort-papier, pour désigner du papier non collé propre à faire sécher l'encre; dites du papier brouillard.
Mortuaire, adj.—Ne dites pas un service mortuaire; dites un service funèbre.
2. Ne dites pas une carte, un billet mortuaire; dites, une lettre de faire part, un billet de faire part, un billet de part, s'il s'agit de la lettre destinée à annoncer le décès;—dites billet d'enterrement, billet d'obsèques, s'il s'agit du billet destiné à être lu au prône à l'église.
3. Domicile mortuaire, terme de jurisprudence, lieu où une personne avait son domicile légal au moment de son décès; dans le langage ordinaire, on ne dit pas domicile mortuaire ni maison mortuaire: on dit, domicile du défunt, de la défunte; maison du défunt, de la défunte.
4. Mortuaire, adj., veut dire qui appartient au service, à la pompe funèbre: un drap mortuaire. (Acad.)
5. Registre mortuaire, registre où l'on inscrit les noms des personnes décédées.—Extrait mortuaire, extrait qu'on tire de ce registre.
6. Droits mortuaires, droits perçus pour les cérémonies funèbres.
7. Mortuaire, comme substantif, n'est pas français; ne dites donc pas la mortuaire, pour la maison, le domicile du défunt, de la défunte.
Mot, s. m.: prononcez mô et non mote.
Mote, s. f., petit insecte; ce mot n'est pas français; dites mite, s. f: ce fromage est plein de mites.
Motus, interj., silence!—prononcez motuce.
Moucher, v. a. et pr.—Ne dites pas: je mouche vingt fois en une heure, mais, je me mouche.
2. Ne dites pas non plus: mouchez votre nez, mais simplement, mouchez-vous.
3. Pourtant, on peut dire absolument, dans le même sens que s'il était accompagné du pronom: si cet enfant pouvait moucher, il serait soulagé; il ne mouche presque point. (Acad).
4. On peut encore dire dans le sens absolu, moucher, fatiguer: cet enfant mouche beaucoup; ce cheval fatigue beaucoup.
5. Ne dites pas: moucher une lumière, mais moucher une chandelle;—ne dites pas émoucher.
Moucheron, s. m., bout de la mèche d'une chandelle allumée;—mouchures, s. f. pl., ce qu'on a retranché ordinairement avec les mouchettes.—Moucheron se dit aussi de toute espèce de petite mouche, mais mouchette, pour moucheron, n'est pas français.
Mouchettes, s. f. pl., n'a pas de singulier: dites donc les mouchettes et non la mouchette ni l'émouchette ni les émouchettes.
Mouchoir, s. m., carré de toile qui sert à se moucher.—Mouchoir de cou se dit du fichu d'une femme; mais quand on parle d'un homme il faut dire cravate et non mouchoir ni mouchoir de cou.
Moudre, v. a.—Dites, nous moulons, vous moulez, ils moulent, je moudrai, il faut que je moule, il fallait que je moulusse.
Moufle, s. f., gros gant de cuir ou de laine où il n'y a pas de séparation pour les doigts, excepté pour le pouce; prononcez mou-fle et non moufe, moufèle.
Moule, s. f., mollusque bon à manger;—moule, s., est masculin, quand il signifie un modèle creux donnant la forme déterminée à la matière que l'on moule: retirer un vase du moule.
Moulin, s. m.—Ne dites pas: moulin à filer; dites, rouet:—prononcez rou-et et non rou-wet.
Mourir, v. n.—Ne dites pas: il a été fait mourir; dites, il a été exécuté, mis à mort; on l'a fait mourir.
2. Dites, je meurs d'envie d'aller revoir mon pays, et non, je meurs d'aller revoir mon pays.
Mouron, s. m., plante que l'on donne aux oiseaux; ne dites pas moron.
Moussu, Mousseux, adj.—Moussu se dit de ce qui est couvert de mousse;—mousseux, de ce qui mousse: il a jeté une bouteille de champagne mousseux sur ce rocher moussu.
Moustache, s. f.—Ce mot s'emploie généralement au singulier; ne dites donc pas: cet homme porte de longues moustaches, mais, une longue moustache; il relève sa moustache et non ses moustaches; sa moustache grisonne et non ses moustaches...
Moyen, s. m., se dit, au pluriel seulement, des richesses, des facultés pécuniaires: je ne connais pas ses moyens; ses moyens ne sont pas considérables. (Ac.)
2. Ne dites donc pas avec les wallons: ce fermier a bien le moyen; tu as bien le moyen de faire cette dépense; dites, ce fermier est riche, a de la fortune; tes moyens te permettent de faire cette dépense.—Prononcez moi-ien et non moi-en ni mo-ien.—Voyez fortuné.
3. Ne dites pas: les étrangers sont admis au moyen d'une légère rétribution; dites, moyennant une légère rétribution.
Moyennant que, est une mauvaise expression qu'il faut remplacer par pourvu que, à condition que;—on vous donnera ce livre, pourvu que vous soyez sage et non moyennant que vous soyez sage.—Prononcez moi-iènant et non moi-ènan, ni mo-iènan, moi-ien-nan.
Moyenné, ée, adj.—Ne dites pas un homme moyenné, un homme qui n'est pas moyenné; dites, un homme riche, qui a de la fortune, qui n'a pas de la fortune.—Voyez fortuné.
Muffle, s. m.—Ne dites pas: c'est un muffle; dites, c'est un orgueilleux, un vaniteux.—Muffle est une expression de bas étage.
Mufti, s. m., le chef de la religion mahométane; on écrit aussi muphti.
Mur, s. m., clôture de pierres: prononcez l'u bref;—mûr, adj. (fruit), bon à cueillir; prononcez l'u long; écrivez et prononcez de même mûrir, mûrement.
Murailler: voyez emmurailler.
Mûre, s. f.—Ne dites pas: feuilles de mûre; dites, feuilles de mûrier, comme on dit feuilles de chêne, de noyer, de vigne, etc.—Voyez orange.
Muséum, s. m., musée; l'Académie ne donne pas d'exemple du pluriel, mais nous pensons qu'il faut écrire des muséums avec l's comme on écrit des factums: prononcez muséome et non musé-i-ome.
Mustache, n'est pas français; dites, moustache: une moustache noire.—Voyez ce mot.
Mutuellement, adv.—Ne dites pas: ils se sont entre-nui, entraidés mutuellement; dites simplement, ils se sont entre-nui, ils se sont entraidés. (Pléon. vicieux).
Myope, Presbyte.—Une personne qui voit de près et non de loin, est myope;—une personne, au contraire, qui voit de loin et non de près, est presbyte.
N.—A la fin des mots, on doit faire sentir l'n dans abdomen, Éden, hymen, le Tarn et dans tous les mots où elle est unie avec le mot qui le suit, lorsque ce mot commence par une voyelle ou une h muette: ainsi, ancien ami, vilain homme se prononcent ancien n'ami, vilain n'homme.—Mais si l'n se trouvait à la fin d'un substantif suivi immédiatement d'un adjectif commençant par une voyelle ou une h muette, on ne devrait point la prononcer: ainsi l'on dira, une passion aveugle et non une passion n'aveugle ni une passio n'aveugle, parce que le substantif n'est pas nécessairement lié avec l'adjectif dans l'ordre grammatical.
2. Il en est de même du mot en, soit préposition, soit adverbe.—L'n finale se fait sentir lorsque ce mot est suivi d'un autre mot commençant par une voyelle ou 313 une h aspirée avec lequel il a un rapport nécessaire, comme dans ces phrases: agir en ami, voyager en Allemagne, que l'on prononce comme s'il y avait, agir en n'ami, voyager en n'Allemagne.—Mais on dira: allez-vous-en au jardin, donnez-m'en un peu, sans faire sentir l'n, parce que dans ces phrases, le mot en n'a pas un rapport nécessaire avec le mot qui le suit.
3. Nn.—Les deux n se font sentir dans la prononciation de inn au commencement des mots, comme dans inné, innover, innommé, innombrable, etc.; excepté innocent et ses dérivés.—Elles se font également sentir dans tous les mots qui sortent du langage ordinaire, et dans les noms propres, tels que annal, adj., annales, annaliste, annate, biennal, bisannuel, conné, décennal, triennal, vicennal, septennal, surannation; Anna, Annibal, Apennins, Brennus, Cinna, Enna, Ennius, Porsenna, etc.; mais Cincinnatus se prononce plus communément Cinci-natuce.—On prononce également les deux n dans annuaire, annuel, annuité, annexe, (l'Académie ne dit rien d'annexé), annihilation, annihiler, annoise, annoter, connexe, connexion, connexité, annoter, annotation, annotateur, connivence, ennéagone, henné; et aussi dans Jenny, Sennachérib.—On ne prononce qu'une n dans les mots suivants: banne, banneau, banner, banneret, banneton, bannette, bannière, bannir, bannissable, bannissement. (Hennebert.)
4. N, se redouble: 1o dans les mots commençant par le son conn suivi d'une voyelle, comme connaître, connétable, connexe, connivence: il faut excepter cône, conoïde.
2o Dans les terminaisons en onner, comme couronner, tonner, patronner, etc.: on écrit cependant détrôner.
3o En général n se double devant une voyelle dans les dérivés des mots terminés en on: raison, raisonner; 314 son, sonner, résonner; pardon, pardonner; ton, entonner, détonner (sortir du ton); bon, bonne, bonnement; condition, conditionnel, conditionnellement.—Cette règle admet de nombreuses exceptions; ainsi quoique don fournisse donner, on écrit donataire, donateur, donation; on écrit aussi démoniaque, qui dérive de démon; détoner, (faire explosion) et détonation (explosion); limonade de limon; patronal, patronage de patron; colonie, colonisation de colon; bonifier, bonification de bon; cantonal de canton; national, nationalité de nation; septentrional de septentrion; sonore de son; bonheur, bonhomme de bon, etc.
4o N se double presque toujours après les voyelles a, e, o, quand la syllabe est brève: canne, colonne, méridienne.
5o Avec le son en prononcé comme dans moyen, précédé d'un i ou d'un y, on double l'n lorsqu'elle est suivie du son de l'e muet: païen, païenne; il tient, ils tiennent.
5. Quand n est redoublée, elle ne donne jamais à la voyelle précédente le son nasal, si ce n'est dans ennobli, ennui et leurs dérivés.—Ainsi deux nn ne servent qu'à rendre brève la syllabe précédente: anneau, année, innocent se prononcent comme s'il n'y avait qu'une n. (Soulier et Sardou.)
Nacre, s., matière blanche et brillante qui forme l'intérieur d'un grand nombre de coquilles; ce mot est féminin: de la nacre.—Prononcez na-cre et non nake ni nakère.
Naguère ou Naguères, adv., il y a peu de temps.
Nain, s., qui est d'une taille bien au-dessous de l'ordinaire; le féminin est naine et non nine: prononcez nène et non nain-ne, nine.
Naphte, s. masculin, espèce de bitume très-subtil et très-ardent, qui brûle dans l'eau: du naphte.—On le faisait autrefois du féminin.—Prononcez naf-te et non nafe.
Narrer, v. a., raconter;—narration, narratif, narrateur:—dans tous ces mots, faites entendre les deux rr.
Nasal, ale, adj.—Quelques grammairiens disent que le pluriel masculin est nasals; cependant l'Académie dit os nasaux.
Natal, ale, adj.—Il se dit du lieu et de l'époque de la naissance: endroit natal, jour natal.—Ce mot n'a pas de pluriel masculin (Acad.); quelques grammairiens ont dit au pluriel natals.
Natif, ive, adj., se dit des personnes en parlant du lieu où elles ont pris naissance, et suppose ordinairement l'établissement fixe des parents, l'éducation, etc.; à la différence de né, qui peut supposer seulement la naissance accidentelle: Grétry était natif de Liége; Rubens est né (accidentellement) à Cologne. (Acad.)
2. Né natif est un sot pléonasme qui est assez commun chez les personnes du peuple, mais qu'il faut éviter: je suis natif de Namur et non, né natif de Namur.
National, ale, adj.—Garde nationale et garde national: voyez garde.—National ne double pas l'n.
Naval, ale, adj., qui est relatif aux vaisseaux de guerre; il n'a point de pluriel suivant l'Académie; Laveaux, Levizac, etc.; MM. Noël et Chapsal disent navals; Boinvilliers dit des combats navaux.—Nous sommes de l'avis de l'Académie; on fait disparaître la difficulté en remplaçant le substantif masculin par un synonyme féminin: ainsi au lieu de dire des combats navaux, dites des batailles navales.
Navet, s. m., plante dont la racine sert à la nourriture des hommes et des bestiaux; écrivez et prononcez navet (et bref) et non navai, navau.
Nayer (se), Se Nier, v. p., ne sont pas français;—ne dites pas ces enfants se nayent, cette femme s'est nayée dans l'Ourthe; dites, ces enfants se noient, cette femme s'est noyée...
Ne, adv.—Il faut avoir soin de ne supprimer ne que dans les locutions reçues et autorisées; partout ailleurs ce sont de grossiers solécismes.—Ne dites donc pas: c'est délicat, point tortueux, point cupide; dites, ce n'est point tortueux, ce n'est point cupide.—Prononcez ne (e muet) et non nè.
2. Ne... que: voyez seulement.
Néanmoins, adv., toutefois: prononcez néan-moins et non néamoins.
Néant, s. m.: prononcez né-ant et non né-iant.
Nec-plus-ultra, loc. adv., pour indiquer un terme qu'on ne peut dépasser; on dit aussi, mais moins souvent, non-plus-ultra: l'Apollon du Belvédère est le nec-plus-ultra de la statuaire.—Prononcez nèk-pluce-ultra, nonne-pluce-ultra.
Nef, s. f., navire (en style poétique); partie d'une église: la grande nef.—Prononcez nèfe et non nève.
Nèfle, s. f., fruit du néflier; ne dites pas messe pour nèfle.—Prononcez nèfle et non nèfe ni nèfèle.
Négative, s. f., proposition qui nie; mot qui sert à nier: soutenir la négative.—Écrivez et prononcez négati-ve et non négatif.
Négligemment, adv., avec négligence; prononcez néglijaman et non néglijan-man.
Négoce, s., trafic, commerce, est masculin: un bon négoce.—Prononcez négoce (o bref).
Neige, s. f.: prononcez nei-ge et non nei-che.
Nenni, mot invariable dont on se sert pour refuser; il n'est usité que dans la conversation familière:—on prononce nani et non nèni.
Néologie, s. f., Néologisme, s. m.—Néologie, invention, emploi de mots nouveaux;—néologisme, abus de la néologie.—Distinguez et dites donc: j'aime la néologie pleine de goût, dont Racine nous a laissé tant d'exemples, mais je désapprouve le néologisme des poètes romantiques.
Nerf, s. m., tendons des muscles.—L'f ne se prononce pas au pluriel; souvent même au singulier elle s'annule dans la conversation.—On ne la prononce pas dans nerf de bœuf où l'on ne doit faire entendre que l'f du mot bœuf.—Voyez ce dernier mot.
Nescio vos, formule familière de refus, empruntée du latin; prononcez nes'cio voce.
Net, adj., propre, clair: prononcez nète (è bref); quelques-uns prononcent nè sans faire sentir le t.
Neuf, nom de nombre.—L'f de neuf ne se prononce pas quand il est suivi d'un substantif commençant par une consonne: neuf plumes, neuf livres (neu plumes, neu livres).—On la prononce, au contraire, quand elle n'est suivie d'aucun mot, ou lorsqu'elle n'est suivie ni d'un adjectif ni d'un substantif: ils ne sont que neuf; neuf et demi; ils étaient neuf en tout.—Quand neuf est suivi d'un substantif qui commence par une voyelle ou une h muette, on prononce l'f comme un v: neuf écus, neuf ans, neuf hommes (neuv écus, neuv ans, neuv hommes).
2. Neuf, euve, adj., nouveau, se place après le substantif: des habits neufs, des souliers neufs, et non de neufs habits, de neufs souliers.
3. Les flamands sont exposés à confondre les adjectifs neuf, nouveau, moderne, attendu qu'ils rendent dans leur idiome ces trois mots par le même adjectif; l'usage leur apprendra mieux que les règles l'emploi de ces trois adjectifs; ainsi on doit dire: un habit neuf, une maison neuve, une nouvelle mode, un auteur moderne, etc.
4. Remettre, refaire un tableau, un bâtiment à neuf, c'est réparer le tableau, le bâtiment; mais habiller quelqu'un de neuf, c'est lui donner des habits entièrement neufs.—Faites sentir l'f du masculin neuf, au singulier et au pluriel, neufe et non neu.
Neuvaine, s. f., prière pendant neuf jours: ne dites pas neuvaime.—Prononcez neuvène et non neuvain-ne.
Neveu, fait au féminin nièce et non neveuse ni niége.
Ni, adv.—Ne dites pas: et moi non plus; dites, ni moi non plus.
2. Ni.—Il faut éviter de prononcer ni dans le corps d'un mot comme gni: vous direz donc ma-nière, la-nière, pa-nier, opi-nion, cordon-nier, doua-nier, jardi-nier, commu-nier, commu-nion, ma-niaque, nous don-nions, vous pardon-niez, etc., et non, ma-gnière, la-gnière, pa-gnier, opi-gnion, cordon-gnier, doua-gnier, jardi-gnier, commu-gnier, commu-gnion, ma-gniaque, nous don-gnions, vous pardon-gniez.
Niais, aise, adj., sot, simple: prononcez ni-è et non ni-ïè.
Nichet, s. m., œuf que l'on met dans un nid préparé pour la ponte des poules; ne dites pas niau.
Nier, v. a.—Ne dites pas: je me suis fait nier, pour signifier que vous avez recommandé de dire que vous étiez sorti; dites avec l'Académie, je me suis fait céler.—Prononcez ni-er et non ni-ier.
Nieule, Nule, sont des barbarismes; dites pain à cacheter.
Nigaude, aude, adj., sot et niais; ne dites pas nigot: prononcez nigô (ô long).
Nitouche (sainte), s. f., personne qui affecte des airs d'innocence, de simplicité, de dévotion: c'est une sainte-nitouche;—ne dites pas sainte-mitouche.
Noble épine, s. f., arbrisseau épineux; il faut dire aubépine.
Noce, s. f.—Lorsque ce mot signifie mariage, il ne se dit qu'au pluriel: il épousa une telle en premières noces, le jour de ses noces.—Lorsqu'il désigne le festin, les réjouissances qui accompagnent le mariage, il se dit aussi bien au singulier qu'au pluriel: une noce de village; repas de noce, habits de noces; j'ai été aujourd'hui à la noce, il n'a pas voulu faire de noces.—Lorsqu'il signifie toute l'assemblée, toute la compagnie qui se trouve à la noce, il ne s'emploie qu'au singulier: après le dîner, toute la noce s'est dispersée.
2. Écrivez noce sans accent circonflexe et prononcez noce (o bref) et non nôce.
Noël, s. m., fête de la Nativité de N. S. J.-C.;—quoique ce mot soit masculin, on peut dire à la noël en sous-entendant le mot fête; on dit également à Noël.
2. Un Noël est un cantique spirituel en l'honneur de la Nativité de N. S. J.-C.
3. Prononcez noël (oë diphth.) et non no-èle ni no-iêle, noéle.
Nœud, s. m.—Le d ne se prononce pas, même devant une voyelle: un nœud indissoluble.
Noir, e, adj.—Ne dites pas: il est noir de teint, de peau; dites, il a le teint noir, ... la peau noire.
2. Ne dites pas du café noir; dites du café à l'eau, comme on dit café au lait, café à la crème.
Noix, Noisettes.—Ne dites pas: ces noix, ces noisettes ont d'excellents noyaux, pour désigner la graine bonne à manger contenue dans l'écale; dites amande:—ces noisettes ont de petites amandes; ces noix ont les amandes fort dures (et non les noyaux).—Voyez noyau.
Nombre (noms de).—Quand on écrit un nombre en toutes lettres, on met un ou plusieurs traits d'union entre les adjectifs qui le composent, depuis dix-sept jusqu'à quatre-vingt-dix-neuf, excepté entre les adjectifs vingt, trente, quarante, cinquante, soixante, et l'adjectif 320 un, qui s'unissent au moyen de la conjonction et: ainsi on écrit: vingt et un ans, vingt-deux, vingt-trois, etc., trente et un, trente-deux, quarante et un, quarante-deux, etc., et ainsi de suite jusqu'à quatre-vingts, quatre-vingt-un, quatre-vingt-deux, etc.—Mais au-delà de quatre-vingt-dix-neuf, on n'emploie ni conjonction ni trait d'union; on dit et on écrit: cent un, cent deux, cent dix-sept, cent vingt et un, trois cent soixante-dix, etc.—Cependant au lieu de soixante-dix, soixante-onze, etc., on dit aussi, et c'est mieux pour l'euphonie, soixante et dix, soixante et onze, jusqu'à soixante et dix-neuf. (Acad.)
Nonante, Octante, Septante.—Ces mots ont vieilli; octante même n'est plus du tout en usage.—On les remplace par quatre-vingt-dix, quatre-vingts, soixante-dix.—Cependant en arithmétique, on peut encore faire faire usage de nonante et de septante.
Non fait, est un barbarisme; cependant on dit très-bien si fait dans la conversation familière: je crois qu'il n'y a pas été.—Si fait, il y a été.
Non-pair, non-paire, adj.—On dit plutôt impair: un nombre impair.
Non pas, est une négation renforcée, équivalant à non, non; mais il ne peut pas s'employer pour n'est-ce pas.
2. J'ai reçu une lettre non affranchie;—ne prononcez pas non n'affranchie, mais non affranchie.
Nord, s. m.—Le d ne se prononce pas; il ne sonne pas non plus dans nord-ouest, nord-est (nor-oueste, nor-este).
Nos, Vos, adj. poss.: prononcez nô, vô (ô long) et non no, vo (o bref).
Nota, s. m., mot latin qui signifie remarquez, faites attention; on dit aussi nota bene (notabéné).
Notariel, adj.—Ne dites pas un acte notariel; dites un acte notarié:—notariel n'est pas français.
Notion, s. f., connaissance: prononcez nôcion.
Notre, votre, adj. poss., le nôtre, le vôtre, pron. poss.—On les distingue dans la prononciation: ainsi notre papier, votre plume se prononcent notre, votre, (o bref), tandis que dans le nôtre, le vôtre, les nôtres, les vôtres, ô est long:—prononcez no-tre, vo-tre, etc., et non note, vote ni notère, votère, etc.
Nourri.—Ne dites pas: vous êtes un mal nourri; dites, ... un mal élevé.
Nous, pron. pers.—Il est quelquefois employé dans le sens de je ou moi: ainsi dans les ordonnances le roi dit: nous ordonnons;—les évêques, les personnes qui ont quelque autorité et les auteurs, lorsqu'ils parlent d'eux-mêmes, se servent également de cette forme: nous mandons, nous déclarons, nous certifions, nous livrons au public le fruit de longues veilles.—Dans tous ces cas, les adjectifs, les participes dépendant de nous, se mettent au singulier et non au pluriel; nous avons été critiqué injustement; nous serons juste envers nos adversaires; nous nous sommes décidé à prendre cette mesure, etc.
2. Il en est de même du pronom vous employé pour tu, toi.
3. Ne dites pas: c'est nous qui ont, c'est nous qui sont, etc.; dites, c'est nous qui avons, c'est nous qui sommes.
4. Nous autres, vous autres: voyez autre.
Nouveau, Nouvel, elle, adj.—Un habit nouveau, est un habit à la mode nouvelle; un nouvel habit, est un habit nouvellement fait ou nouvellement porté.—Un habit neuf est un habit qui vient d'être fait.
2. L'adjectif nouveau, placé devant le substantif, éveille l'idée de certains objets analogues à ceux que va désigner le substantif; il exprime un rapport d'ordre, de succession, de nombre.—Placé après le substantif, il équivaut à récent, ou spécifie une chose inconnue jusque-là dans son genre.—On va chercher dans une bibliothèque de nouveaux livres; on reçoit d'un auteur 322 un livre nouveau.—Une nouvelle faute, c'est une dernière faute ajoutée à des fautes antérieures;—une faute nouvelle, c'est une faute dans un genre nouveau.
3. Un nouveau vin est un vin mis nouvellement en perce; un vin nouveau est un vin de l'année.
Noyau, s. m., partie dure et ligneuse d'un fruit, abricot, cerise, etc., qui contient une amande;—l'amande, est la graine contenue dans le noyau; on mange l'amande et non le noyau de la noisette, de l'aveline, etc.—Les wallons disent souvent noyau pour amande.—Pierre, pierrette, pirette, dans le sens de noyau, ne sont pas français.—Prononcez noi-ieau et non no-ieau, noi-au.—Voyez noix.
Nu, nue, adj.—Il est invariable, lorsqu'il précède le substantif: nu-tête, nu-jambes, nu-pieds.—Cependant en terme de jurisprudence, on dit la nue propriété, c'est-à-dire, la propriété du fonds dont un autre a l'usufruit.—Nu, placé après le substantif, prend le genre et le nombre du nom: la tête nue, les pieds nus.
Nuit, s. f., nuitée, nuitamment, nuire, nuisible;—ui forme une diphthongue, laquelle ne compte dans les vers que pour une syllabe;—prononcez donc nuit, nuire, etc., et non nouit, nouire ni nu-it, nu-ire.—V. ui.
2. Ne dites pas: il était dix heures à la nuit ou de la nuit; dites, il était dix heures du soir.
3. Ne dites pas: j'ai rêvé, je me suis éveillé de la nuit; dites, pendant la nuit ou la nuit.
4. Dites, bonne nuit et non bon soir, lorsque vous prenez congé de quelqu'un au moment d'aller vous coucher, autrement dites bonsoir et non bonne nuit: la bonne nuit, ne se dit pas.
Nul, nulle, adj.; voyez aucun.
Nullité, s. f., défaut qui rend nul: prononcez nul'lité (en faisant sentir les deux ll).
Numéro, s. m., plur. numéros: prononcez numéro et non numèro, numero.
O.—L'o marqué de l'accent circonflexe, est toujours long: alcôve, côte, diplôme, hôte, excepté dans hôtel, hôtellerie, rôti et autres dérivés de rôt, lequel a conservé l'ô long, ainsi que dans prévôtal, prévôtale, prévôtalement, hôpital.—Voici la liste d'un certain nombre de mots qui se prononcent avec l'o long, bien que la plupart d'entre eux ne portent pas toujours l'accent circonflexe: atome, axiome, enjôleur, fosse, fossé, geôle, godron, grosil, idiome, motus, odeur (mais non odorat, odoriférant), ôter, prône, prôner, rapsode, rapsodie, symptôme, tome, zone.—Les noms propres Ancône, Brantôme, Cobourg, Durosoy, Joseph, Rhône, Saône, et les dérivés, suivent la même prononciation. (Hennebert.)—Ajoutons que plusieurs grammairiens prononcent Joseph, o bref.
Oasis, s. f., espace qui dans un désert de sable, offre de la végétation; ce mot est féminin: la grande oasis.—Prononcez oazice et non owazice, oazi.
Obéissance, Soumission.—La première est une conséquence de la seconde;—la soumission est dans la volonté et l'obéissance, dans l'action: celui qui se soumet à Dieu, obéit à sa volonté:—obéissance ne s'emploie pas au pluriel.—Prononcez obé-issance, obé-ir et non obéi-issance, obéi-ir.
Obéré de dettes, (pléon.)—Obéré est tiré d'un mot latin qui signifie endetté; il faut donc dire obéré tout simplement, ou perdu de dettes, chargé de dettes: ce négociant est fort obéré.
Obit, s. m., service pour le repos de l'âme d'un mort: prononcez obite.
Obliger, devant un infinitif, demande à ou de, lorsqu'il signifie engager, contraindre: l'envie de 324 parvenir l'a obligé d'étudier; vous m'obligerez à me fâcher.—Il prend de, lorsqu'il veut dire, rendre service, et lorsqu'il est employé au passif: vous m'obligeriez beaucoup d'aller lui parler; il fut obligé de sortir; je serai obligé de vous punir,—S'obliger demande à: prêtez-moi ce livre, je m'oblige à vous le rendre (et non de vous le rendre) dans deux jours.
Obliquité, s. f., inclinaison; prononcez oblikité et non oblikuité.
Obsèques, s. f. pl., funérailles solennelles.—Ce mot est féminin et n'a pas de singulier; dites donc, on lui a fait de belles (et non de beaux) obsèques; on a célébré des obsèques solennelles (et non un obsèque solennel ni des obsèques solennels.)
2. Prononcez ob-sèques et non ob-zèques.
Observer, v. a,—Lorsque observer s'emploie dans le sens de remarquer, ce qui arrive souvent, il doit se construire comme ce verbe: ainsi, puisqu'on ne dit pas, je vous remarque que..., mais je vous fais remarquer que, on ne dit pas non plus, je vous observe que, mais je vous fais observer que:—je vous fais observer que vous êtes dans l'erreur, et non, je vous observe que vous êtes dans l'erreur.
2. Quelques personnes disent aussi, faire une observation, dans le sens de faire remarquer, de faire observer; cette manière de parler est incorrecte, car on ne peut pas plus dire faire une observation à quelqu'un, qu'observer à quelqu'un;—il faut dire, je vous ferai faire cette observation; je vous prie de faire cette observation.
3. Prononcez ob-cerver et non ob-zerver. Voyez remarquer.
Obtenir, v. a., se faire accorder: prononcez obtenir (e muet) et non obtènir.
Obus, s. m., petite bombe: prononcez obuze. (Acad.)
Occiput, s. m., le derrière de la tête: prononcez ok-'cipute.
Occuper, v. a.—Ne dites pas, il est occupé à mourir; dites, il est près de mourir, sur le point de mourir. (Flandr.)
2. Ne dites pas: il est occupé après ce travail depuis quinze jours; dites, il est occupé à ce travail. (Flandr.)
3. On dit, il est occupé à écrire et non d'écrire.
4. Occuper à (s'), s'occuper de.—S'occuper à quelque chose, c'est y travailler: il s'occupe à son jardin; il s'occupe à détruire les abus.—S'occuper de quelque chose, c'est y penser ou chercher les moyens d'y réussir: il s'occupe de son jardin; il s'occupe de détruire les abus.(Acad.)
Occurrence, s. f., rencontre; prononcez ocur'rence.
Octave, s., est féminin: une octave solennelle;—prononcez octa-ve et non octa-fe.
Octavo (in): voyez in-douze.
Oculer, signifie, greffer et ne se dit pas dans le sens de communiquer une maladie par le virus; dites donc, il faut faire inoculer le vaccin à cet enfant, et non oculer.
Œcuménique, adj., universel: concile œcuménique;—œ se prononce é, ainsi que dans œcuménicité, œcuméniquement.
Œil, (et non œuil), s. m., organe de la vue.—On prononce euille (ll mouillées); le pluriel est yeux; excepté dans œils-de-bœuf, fenêtres de forme ronde ou ovale (on prononce l'f de bœuf); œils-de-chat, œils-de-serpent, etc., noms de pierres précieuses; œils-de-bouc, coquillages; œils-de-chèvre, plantes; œils-d'or, poissons, etc.
2. Le pluriel yeux se dit de certains trous qui se trouvent dans la mie de pain et dans plusieurs espèces de fromage: un pain qui a des yeux, de grands yeux; un fromage qui n'a pas d'yeux,—Il se dit aussi de certaines marques de graisse qu'on aperçoit dans le bouillon: ce bouillon est très-gras, il a beaucoup d'yeux. (Acad.)
3. Entre quatre yeux, loc. adv., tête à tête: on prononce ordinairement (mais on n'écrit jamais) entre quatre-z-yeux. (Acad.)—Malgré l'autorité de l'Académie, nous ne conseillons pas de prononcer ainsi cette phrase; nous ne voyons pas du reste ce que la prononciation régulière, quatre yeux, peut avoir de désagréable à l'oreille.
Œuf, s. m.—L'f ne se prononce qu'au singulier: un œuf (œufe), des œufs (œu);—il en est de même du mot bœuf: voyez ce mot.
Œuvre, s., est féminin, quand il signifie une production de l'esprit, une action morale, etc.: les bonnes œuvres sont commandées par la charité; les œuvres de Corneille sont belles et nobles.—Il est masculin, quand il signifie le recueil de toutes les estampes d'un même graveur ou les ouvrages d'un musicien: avoir tout l'œuvre de Hollar, de Callot, etc.; le premier, le second œuvre de Grétry, de Gevaert, de Grisard.—On dit aussi le grand œuvre, pour désigner, en terme d'alchimie, la pierre philosophale, c'est-à-dire la prétendue transmutation des métaux en or: c'est un fou qui veut trouver le grand œuvre.
2. Mettre en œuvre, se dit des choses et non des personnes; ne dites donc pas: je mets beaucoup d'ouvriers en œuvre; dites, j'emploie beaucoup d'ouvriers.
3. Prononcez eu-vre (eu bien ouvert) et non eufe, œuvère.
Office, lieu où l'on fait, où l'on prépare tout ce qui se met sur la table pour le dessert, et dans lequel on garde le linge et la vaisselle; il est féminin dans ce sens: une grande office.—Dans les autres acceptions, office est masculin: de bons offices, un office solennel.
Officine, s. f., se dit quelquefois, chez les pharmaciens, pour laboratoire, boutique.
Offre, s., action d'offrir.—On l'a fait autrefois du masculin, mais aujourd'hui il est toujours du féminin: une offre avantageuse.—Prononcez o-fre et non ofe, ofère.
Offrir, v. a., devant un infinitif, demande la préposition de;—s'offrir prend à ou de:—il offre d'acheter (et non à acheter) ma maison à tel prix; il s'est offert de bonne grâce à y aller ou d'y aller.
Ogre, s. m., monstre qu'on suppose se nourrir de chair humaine: manger comme un ogre;—le féminin est ogresse.—Prononcez o-gre et non oke, oguère.
Oie, Oye (terminaisons en).—Les wallons font en général trop sentir l'i et l'e: ils prononcent, par exemple, voi-ïe, soi-ïe, j'envoi-ïe, que je croi-ïe, fourvoi-ïement, etc.—Oi suivi d'un e muet, devient une syllabe longue, mais on ne doit pas faire sentir un second i ni même l'e muet: prononcez simplement voî (oî long), soî, j'envoî, que je croî, fourvoî-ment.—Il en est de même de aie, aye, ée, ie, oue, ue, etc.
Oignon, s. m.—Prononcez ognon en supprimant l'i; quelques-uns même écrivent ognon (Acad.): prononcez de même ognonet, ognonière.
Oiseleur, Oiselier, s. m.—L'oiseleur, est celui qui fait métier de prendre des oiseaux: il n'a point de féminin correspondant.—L'oiselier, est celui dont le métier est d'élever, de vendre des oiseaux.
Oiseux, Oisif, adj.—Oiseux, qui par goût ou par habitude ne fait rien ou ne fait que des riens: gens oiseux et fainéants.—Il se dit aussi des choses et signifie inutile, vain, qui n'est bon à rien, ne sert à rien: des disputes, des questions oiseuses; une épithète oiseuse.—Oisif, ive, qui ne fait rien, qui n'a point d'occupation: un homme oisif.
2. On dit vie oisive, pour signifier la vie d'une personne oisive.—Le premier se dit plus particulièrement des choses et le second des personnes.
Olibrius, s. m., étourdi qui fait l'entendu, qui se donne des airs: prononcez olibriuce.
Ombreux, Ombragé, Ombrageux, Ombré, adj.—Ombreux, où il y a beaucoup d'ombre, qui fait 328 de l'ombre; forêt, vallée ombreuse;—Ombragé, qui fait de l'ombrage, un superbe marronnier ombrage sa maison; chemin ombragé d'ormes.—Ombrageux ne se dit au propre que des chevaux, des mulets, etc., qui sont sujets à avoir peur et à s'arrêter ou à se jeter subitement de côté quand ils voient leur ombre ou quelque objet qui les surprend.
2. Ombrageux.—Il se dit figurément des personnes qui prennent trop légèrement des soupçons, de l'ombrage sur des choses qui les regardent, qui les intéressent: c'est un homme fort ombrageux. (Acad.)
3. Ombré est un terme d'art; il indique qu'on a représenté non-seulement les linéaments des corps, mais les accidents d'ombre ou de lumière: tête ombrée, dessin ombré.
On, L'on.—L'on ne s'emploie généralement que pour éviter un concours désagréable de sons ou bien un hiatus; voilà pourquoi on l'emploie plus particulièrement après qui, que, quoi, et, si, ou, où;—il vaut mieux dire: de qui l'on parle; si l'on dit; et l'on croit; on se tait ou l'on parle bien; le pays où l'on va, que de dire: de qui on parle; si on dit; et on croit; on se tait ou on parle bien; le pays où on va.—Cependant si le pronom était suivi d'un mot commençant par la lettre l, il faudrait se servir de on pour éviter la rencontre de deux l: si on lui dit, à qui on lit, et non, si l'on lui dit, à qui l'on lit.—On doit toujours être préféré à l'on au commencement d'une phrase: on rapporte (et non l'on) que l'empereur Nicolas penchait plutôt vers la guerre que vers la paix.
2. On ne se dit que des hommes et jamais de Dieu; ainsi, au lieu de dire: au jour du jugement, on nous demandera compte du bien et du mal que nous aurons fait, dites: Dieu nous demandera compte...
Oncle, s. m.—Dites, un tel est mon oncle et non mon mononcle.—Prononcez on-cle et non onke, onkèle.
Ongle, quoique anciennement féminin, est aujourd'hui masculin: avoir les ongles trop longs et non trop longues.—Prononcez on-gle et non onke, on-cle, onguèle.
Onglet, s. m., morceau d'étoffe ou de peau qui sert à couvrir le doigt:—le mot onglet n'a pas cette signification, il faut dire doigtier.
Onze, adj. num. card., qui se prend aussi substantivement.—Quoique ce mot commence par une voyelle, il arrive quelquefois, et surtout quand il est question de dates, qu'on prononce et qu'on écrit sans élision l'article ou la particule qui le précède: le onze du mois; de onze qu'ils étaient, il en est mort dix; de vingt il n'en est resté que onze.—On dit aussi dans la conversation familière: il n'en est resté qu'onze.
2. Quand onze est précédé d'un mot qui finit par une consonne, on ne prononce pas plus la consonne finale que s'il y avait une aspiration: vers les onze heures; ils étaient onze.
3. Prononcez on-ze et non on-ce.
Onzième, adj. num. ord., se prend aussi substantivement.—La première syllabe est ordinairement aspirée: le onzième du mois; dans sa onzième année; le cinq du onzième mois; il vivait au onzième siècle; il a deux onzièmes dans cette affaire; il est le onzième sur la liste; quelques-uns disent l'onzième. (Acad.)
2. Prononcez onziè-me et non onzièm-me; prononcez de même deuxième, troisième, quatrième, vingtième, etc.
Ophicléïde, s. m., instrument de musique:—prononcez ophiclé-ide et non ophicleite, ophiclé-ite.
Ophtalmie, s. f., maladie des yeux: prononcez oftalmî et non optalmi-ïe ni optalmî.
Opuscule, petit ouvrage, est masculin: l'auteur de cet opuscule fameux est un tel.
Or, s. m., ne se dit au pluriel que pour signifier les différentes couleurs que l'on peut donner à l'or; une boite de deux ors; des ors de différentes couleurs. (Acad.)
Orage, est masculin: les orages ont été fréquents cette année.
2. Ne dites pas une tempête orageuse (pléon. vic.); dites simplement tempête, parce qu'une tempête est toujours orageuse.
Oral, ale, adj., qui est dit de vive voix.—Il n'est guère usité au féminin qu'avec les substantifs loi, tradition et au masculin avec les substantifs masculins enseignement et examen: il ne s'emploie donc pas au pluriel.
Orange, s. f.,—Quoiqu'on doive dire des fleurs de fraisier, des fleurs de pêcher et non des fleurs de fraise, de pêche, l'Académie écrit cependant un bouquet de fleurs d'orange; et au mot eau, on lit cet exemple: eau de fleur d'orange, où le mot fleur est du singulier.—Prononcez orange et non oranche.—Voyez fleur.
Orang-outang, s. m., grand singe à face humaine; le pluriel est orangs-outangs.—Prononcez oran-outan; quelques-uns prononcent orangue-outan.
Orateur, n'a point de féminin: une femme orateur; les passions sont les seuls orateurs qui persuadent toujours.
Oratorio, s. m., petit drame en musique dont le sujet est tiré de l'Écriture-Sainte; on peut écrire des oratorios comme on écrit des duos.
Orchestre.—Autrefois on faisait ce mot du féminin; aujourd'hui on ne le fait plus que du masculin:—prononcez orkes-tre et non orkesse, orkestère; prononcez de même orchestrer, orchestration, orchestique.
Ordonner, suivi d'un infinitif, demande la préposition de: je lui ai ordonné de et non à sortir.
Oreillette, n'est pas français; dites des boucles d'oreilles, des pendants d'oreilles.—On dit les oreillettes du cœur.
Orémus, s. m., prière, oraison; dire des orémus.—Prononcez orémuce.
Organe, est masculin: un bel organe, et non une belle organe.
Orge, est féminin: voilà de belle orge, de belles orges.—Il est masculin dans les deux expressions suivantes: orge mondé, orge bien nettoyée; orge perlé, orge réduite en petits grains dépouillés de leur son.—Prononcez or-ge et non or-che.
Orgeat, s. m., boisson rafraîchissante: prononcez orja.
Orgelet, s. m., (ou grain d'orge), petite tumeur inflammatoire sur le bord libre des paupières:—j'ai un orgelet à l'œil gauche.
Orgue: voyez délice.
Orgueil, s. m.—L'l finale est mouillée et ce mot se prononce comme deuil; ne dites pas orgheil, orghueule: prononcez de même les dérivés orgueilleux, orgueilleusement, s'enorgueillir.
Ormeau, s. m., arbre; ne dites pas un vieil ormeau; dites, un vieil orme;—les ormeaux sont de jeunes ormes.
Ornière, s. f., trace de roue de voiture: prononcez or-nière et non or-gnière.—Voyez ni.
Orteil, s. m., doigt de pied: se dresser sur ses orteils;—il se dit particulièrement et le plus souvent du gros doigt de pied: avoir la goutte à l'orteil, au gros orteil: prononcez orteille (l mouillée) et non ortelle.
Orthographier, v. n.: il sait bien orthographier;—ce mot ne vient pas d'orthographe mais d'orthographie, qui est le nom ancien de cette science;—ne dites pas orthographer.
Os, s. m., partie dure du corps: prononcez ô (long) et non oce; on ne fait sentir l's que devant une voyelle où il sonne comme z: un amas d'os et de chair.—Les ossements sont un amas d'os.
Osciller, oscillation, oscillatoire: on prononce les deux ll sans les mouiller.
Osier, Hart.—L'osier est un arbrisseau de la famille des saules:—une hart est un brin d'osier, de saule ou de tout autre bois pliant: lier avec de l'osier; délier la hart (et non l'osier) d'un fagot.—Prononcez hare (h aspirée).
Où, adv.—Ce mot ne peut jamais être employé pour que: ne dites pas, c'est là où je demeure; dites, c'est là que je demeure; ne dites pas, c'est là où je vais; dites, c'est là que je vais.
2. Ne dites pas: c'est le monsieur où je vais; dites, chez qui, chez lequel je vais. (Flandr.)
3. Ne dites pas: voici le verre où j'ai bu dedans; dites, voici le verre dans lequel j'ai bu. (Wall.)
4. Ne dites pas: la ville où nous y entrâmes deux jours après; dites, la ville où nous entrâmes ou bien et nous y entrâmes, car où signifie dans laquelle ville et y signifie dans cette ville;—les deux mots ensemble veulent donc dire nous entrâmes dans laquelle ville, dans cette ville.
5. Ne dites pas: j'irai où que vous voudrez; dites, j'irai où vous voudrez. (Wall.)
6. Ne dites pas: il ne se passait pas de semaine où je n'allasse à Liége; dites, que je n'allasse à Liége.
7. Ne dites pas: où est-ce que vous êtes? où est-ce que cela est? où est-ce que c'est que cela est?—dites, où êtes-vous, où cela est-il, où est cela.
8. Ou, conj.:—sept ou huit personnes: voyez à.
9. Où, adv. s'écrit avec un accent grave; et ou conjonct., s'écrit sans accent.
Ouate, s. f., Ouater, v. a.—On prononce ouète, ouèter (wète, wèter), dit l'Académie;—nous pensons néanmoins que cette prononciation est moins en usage que ouate, ouater (wate, water).
2. Les auteurs étant partagés sur la question de savoir si ou est aspiré ou non, nous croyons que l'on 333 peut dire indifféremment de la ouate ou de l'ouate; l'Académie du reste donne des exemples de l'une et de l'autre orthographe.
Oubli, s. m., action d'oublier, ne s'emploie pas au pluriel.
2. Oublie, s. f., sorte de pâtisserie fort mince et de forme ronde: prononcez oublî (î long) et non oubli-ïe;—prononcez de même oublier, j'oublî(e), j'oubli-ais, j'oublî-(e)rai et non oubli-ïer, j'oubli-ïe, j'oubli-ïais, j'oubli-ïerai.
Oublier à, vieillit (Acad.): ainsi au lieu de dire: il a oublié à lire et à écrire; dites, il ne sait plus lire ni écrire.—Oublier à signifie perdre l'usage, l'habitude; oublier de veut dire perdre le souvenir de quelque chose: oublier à chanter, à écrire; j'ai oublié d'apprendre ma leçon.
Oublieux, adj., Oublieur, subs. m.—Oublieux, qui est sujet à oublier: les vieillards sont oublieux;—l'oublieur est celui qui fait ou vend des oublies:—oublieur se prononce oublieux. (Acad.)
Oue.—La syllabe oue, finale ou non, se prononce oû (long) et non ou-we:—de la boue, une roue, engouement, enrouement:—prononcez boû, roû, engoûment, enroûment, et non bou-we, rouwe, engou-wement, enrou-wement.—Voyez ie et ue.
2. Ouer, ouir, ouet, etc.:—prononcez ou-er, ou-ir, et non ou-wer, ou-wir:—jouer, louer, clouer; ouïr, jouir, jouet, alouette, amadouer et non jou-wer, lou-wer, clou-wer, amadou-wer, ou-wir, jou-wir, jou-wet, alou-wette.
Ouest, s., m. le couchant du soleil: prononcez ouèste (ouè diphth.)
Oui, particule d'affirmation opposée à non.—Il s'emploie quelquefois substantivement et alors, dit l'Académie, il se prononce comme s'il était aspiré: le oui et le non; il a dit ce oui à regret.—Nous ferons remarquer que l'Académie aspire encore ce mot lorsqu'il 334 n'est pas pris substantivement: je crois que oui.—On dit aussi avec aspiration, c'est-à-dire, sans faire sentir la consonne finale du mot qui précède oui: mais oui, vraiment oui; dire le grand oui.
Ouï-dire, s. m., ce qu'on sait par le seul dire d'autrui; ce mot est invariable: il ne faut pas s'arrêter aux ouï-dire.
Ouïe, s. f., sens des sons: il a l'ouïe fine et non fin:—prononcez ouî non ou-wi-ïe ni ou-iïe.
2. Ouïes, au plur. sans sing., se dit des ouvertures placées aux deux côtés de la tête des poissons et par lesquelles ils donnent issue à l'eau qui est entrée dans leur bouche par la respiration.
Ouïr, v. a., entendre, recevoir les sons par l'ouïe; on ne se sert aujourd'hui presque plus de ce verbe qu'à l'infinitif et aux temps formés du participe ouï et du verbe avoir.
Ourler, v. a., faire un ourlet (et non une ourle);—ne dites pas ourlir.
Ours, est masculin: c'est un ours, un vrai ours; il est vêtu comme un ours; prononcez ource.—Ourse est la femelle de l'ours.
Ousque.—Ne dites pas ouse qu'il est? dites, où est-ce qu'il est? ou, plus brièvement, où est-il?
Outil, s. m.: un bon outil, et non, une bonne outil.—Prononcez outi et non outile.
Outre, prép.—Ne dites pas, en outre de cela, dites, outre cela ou en outre:—en outre s'emploie sans complément.—Prononcez ou-tre et non oute, outère.
Ouvrable, adj. m., consacré au travail; il n'est usité que dans l'expression jour ouvrable; mais on dit aussi jour ouvrier. (Acad.)—Ouvrable dans le sens de qui peut être ouvert, n'est point français.
Ouvrage, s.—Ce mot, qui était quelquefois du féminin du temps de Louis XIV, surtout en parlant des ouvrages des femmes, est toujours du masculin aujourd'hui: un bel ouvrage et non une belle ouvrage.
Ouvrier, ère, s.:—prononcez ouvri-é, ouvri-ère et non ouvri-ié, ouvri-ière.
Ovale, adj., qui a la forme d'un œuf: visage ovale:—le masculin est ovale comme le féminin.—Il est aussi substantif masculin: un grand ovale;—on le faisait autrefois du féminin.
P.—Le p final, ne se prononce pas dans les mots ordinaire: drap, galop, sirop, trop, coup, loup, corps, champ, temps, camp, exempt, prompt, je romps, etc., et dans les noms propres français qui dérivent de noms communs: telle est la règle générale.
2. Le p se fait sentir dans cap, laps, relaps, rapt, jalap, hanap, julep, salep, concept (faites sentir le t), et aussi dans cep pris isolément.—Le p muet, à la fin des mots, ne se lie pas avec la voyelle suivante; on ne peut donc pas dire, un loup enragé (lou-penragé), etc.
3. Il se prononce également dans psaume, adoption, captieux, contempteur, contemptible, exemption (quoiqu'on ne le prononce pas dans exempt, exempte, exempter), impromptu, rédempteur, rédemption, rédemptoriste, reptile, septante, septantième, septembre, septenaire, septennal, septentrion, septentrional, septuagénaire, septuagésime, symptôme; dans accepter, excepter et leurs dérivés.
4. Mais il ne se prononce pas dans presque tous les mots où il se trouve entre deux consonnes, tels que: Baptiste, saint Jean-Baptiste, cheptel, baptême, baptiser, débaptiser, baptismal, baptistaire, baptistère, comptabilité, comptable, comptant, compte, compter, comptoir, décompte, décompter, mécompte, escompte, promptitude, prompt, prompte, promptement, sculpture, sculpteur, sept, septième, septier (ou setier), et leurs dérivés.—Ajoutez les noms 336 propres Champfort, Champmeslé.—D'après l'Académie on le supprime dans dompter (donter), dompteur (donteur), domptable (dontable), tandis qu'il faut le prononcer dans indompté, indomptable. Nous ne nous chargerons pas d'expliquer cette contradiction.
Pachus, est une corruption du mot flamand pak-huis et il faut le rendre par le mot magasin:—quand un homme achète beaucoup de choses de même nature, on dit, qu'on croit qu'il veut en faire un magasin et non un pachus.
Page, s. féminin, dans le sens de page d'un livre, d'un cahier.—On dit également page dix et page dixième; page vingt, page cent et page vingtième, page centième, comme on dit, chapitre dix et chapitre dixième, chapitre cent et chapitre centième.
Paiement, paîment, payement, s. m., action de payer:—l'Académie autorise ces trois orthographes, mais, dans tous les exemples qu'elle donne, elle écrit payement:—dans ce dernier cas, prononcez pai-ïement.
Païen, païenne, adj. et subst.—On n'écrit plus aujourd'hui payen, payenne:—prononcez pa-ïien, pa-ïiène (et non pa-ïiain-ne).
Paillasse, s. f.—Dites une paillasse et non un garde-paille.
Paille, s. f., le tuyau et l'épi du blé, du seigle, de l'orge, etc., quand le grain en a été enlevé.—On entend aussi par paille un certain défaut de fusion dans les métaux.
2. Ce mot ne s'emploie pas au pluriel, à moins qu'il ne s'agisse de l'ensemble de la récolte: les pailles sont belles; les pailles servent à faire de la litière et du fumier.
Pain, s. m.—Ne dites pas un pain enchanté ou à chanter; dites un pain à cacheter.
Pair, s. m., titre de dignité, on appelle pairesse la femme d'un pair.
2. Paire, s. f., couple d'animaux de la même espèce, mâle et femelle: une paire de pigeons, de poulets (un mâle et une femelle); on dit familièrement une paire d'amis.—On donne aussi ce nom à deux choses de même espèce qui doivent nécessairement se trouver ensemble: une paire de gants, une paire de bas, une paire de souliers; on dit aussi une paire de bœufs (deux bœufs propres à être attachés au même joug.)—On le dit encore d'une chose unique composée de deux pièces: une paire de lunettes, une paire de pincettes.—Voyez couple.
Palais, hôtel, maison, château: voyez maison.
Pâle, adj., blanchâtre, peu coloré; ne dites pas voir pâle, mais être pâle. (Flandr.)—Prononcez pâle (â long).
Palefrenier, (et non palefermier, palefernier), domestique qui a soin des chevaux: prononcez palefrenier (e muet) et non palefrènier, palefre-gnier.—Voy. e et ni.
Palette, est un mot wallon; rendez-le par truelle, s'il s'agit d'un outil de maçon, et par pelle à feu ou pelle, s'il est question d'un instrument de cuisine: enlevez les cendres dans la pelle.
Palladium, s. m.; statue de Pallas: prononcez pal'ladiome.
Palletée, autant qu'il en peut tenir sur une pelle; ce mot n'est pas français; dites pellée, pellerée, pelletée: une pelletée de terre.
Pallier, v. a., déguiser, excuser; palliatif, qui pallie, remède;—prononcez les deux ll, pal'lier, pal'liatif.
Pallium, s. m., ornement des archevêques: prononcez palliome.
Palot, s. m., terme de mépris, personne grossière et sans éducation: prononcez palo (a et o brefs).
2. Pâlot, otte, adj., un peu pâle: prononcez pâlo (â long).
Palpitant d'actualité: voyez actualité.
Palus, s. m., marais: les palus Méotides; prononcez paluce.
Pampe, Pampre.—La pampe est la feuille du blé, de l'orge;—le pampre est une branche de vigne avec ses feuilles.
Pan, Basque, partie découpée et tombante de certains vêtements:—pan se dit d'un manteau, d'une robe, d'une chemise;—basque se dit d'un habit, d'une veste, d'une casaque: habit à petites basques, à grandes basques; les pans d'un manteau, d'une chemise.
Panacée, s. f., remède à tous les maux: tous les charlatans se vantent d'avoir trouvé la panacée.
Panaris, s. m., inflammation au bout des doigts, accompagnée d'élancements douloureux; ne dites pas, un doigt blanc, un mauvais doigt.—Prononcez panari.
Pandectes, s. f. pl. (ou digeste, s. m.), recueil des décisions des anciens jurisconsultes romains que Justinien fit compiler: prononcez pandek-tes et non pandèkes;—diges-te et non digesse.
Pandémonium, s. m.—Lieu imaginaire où l'on suppose que Satan assemble le conseil même des démons: pandémoniome.
Pandour ou Pandoure, s. m., nom de certains soldats hongrois.
Panégyrique, s. masculin, discours solennel à la louange de quelqu'un et notamment d'un saint; ne dites pas panégérique, panagérique.
Panier, s. m.: prononcez pa-nier et non pa-gnier.—Voyez ni.
Panne, employé pour tuile, n'est pas français.
2. Panne, s. f. (en wallon vienne), pièce de bois placée horizontalement sur la charpente d'un comble (toit) pour porter les chevrons: voyez ce mot.—Verne n'est pas français.
3. Panne, se dit aussi, chez les ouvriers, de la partie du marteau opposée au gros bout: frapper de panne.
Pantalon: voyez culotte.
Pantomime, s. f., espèce de drame où les acteurs suppléent à la parole par le geste: écrivez et prononcez pantomime et non pantomine—Il se dit aussi de l'acteur qui s'exprime par gestes sans proférer une parole: dans ce dernier cas il est masculin: les anciens avaient d'excellents pantomimes.
Pantoufle, s. f., chaussure de chambre: écrivez et prononcez pantou-fle et non pantoufe, pantoufèle.
Paon, s. m., oiseau, papillon;—prononcez pan;—voyez ao, aon, aou.
Papal, ale, adj., qui appartient au pape: pouvoir papal; ce mot n'a pas de pluriel masculin.
Papayer, s. m., arbre des Indes: prononcez pa-pa-îé.
Pape, s. m., le chef de l'Église; prononcez pâpe (â long).
Papeterie, s. f., fabrique de papiers: prononcez papet'rie et non papèt'rie.
Papier, s. m.—Ne dites pas: papier passé, papier gris, mort papier, papier de tache, pour désigner du papier non collé qui prend les taches et fait sécher l'encre; dites papier brouillard.—Voyez tapis.
Papillon, papillonnage, papillonner, papillotage, papillotte, papillotter:—les ll sont mouillées dans ces six mots.
Papin, n'est pas français dans le sens de cataplasme.—D'après Bescherelle, papin se dit de farine bouillie dans de l'eau ou dans du lait: faire manger du papin à un enfant.
Papyrus, s. m., plante d'Égypte qui servait autrefois pour écrire: prononcez papiruce.
Pâque, fête des juifs, est féminin: la Pâque des Juifs.
2. Pâque, et plus ordinairement Pâques, fête des chrétiens, est masculin et s'emploie régulièrement au singulier: quand Pâques sera venu; quand Pâques sera passé; le jour de Pâques, le temps de Pâques; je vous paierai à Pâques; à Pâques prochain.
3. Pâques fleuries, le dimanche des Rameaux, qui précède immédiatement celui de Pâques.
4. Pâques closes, le dimanche de Quasimodo qui suit immédiatement celui de Pâques;—faire ses pâques, faire ses dévotions, communier un des jours de la quinzaine de Pâques: se mettre en état de faire de bonnes pâques (remarquez le petit p de pâques): dans ces trois expressions, Pâques est féminin et ne se dit qu'au pluriel. (Acad.)—L'a est long dans ces mots, ainsi que dans pâquerette, espèce de marguerite.
5. Pâque.—Ne dites pas une branche de pâque, mais, un rameau de buis, ou bien, de buis bénit, si c'est du buis bénit le jour des Rameaux.
Paquebot, s. m., petit bâtiment de mer qui transporte les lettres et les passagers: prononcez pak'bô et non paquébô, paquèbô.
Par, prép.—La locution, par après, dans le sens de après, ensuite, depuis, a vieilli, dit l'Académie.
2. Il faut éviter l'emploi de par devant le mot Dieu; cependant il est des cas où par vaut mieux que de: l'univers a été créé par Dieu et non, de Dieu.
3. Par trop, loc. adv., beaucoup trop: il est par trop pressant; il est par trop importun: cette locution est familière. (Acad.)
4. Mais par ne peut pas s'employer, comme en wallon, dans le sens de encore, en même temps, etc.: vous avez bien fait vos devoirs, mais vous devez encore bien apprendre vos leçons; vous avez lu sa lettre; lisez en même temps ma réponse (et non par ma réponse).
Paradoxe, s. m., proposition contraire à l'opinion commune: un vrai paradoxe.—Ce mot s'employait 341 autrefois comme adjectif: cette opinion est trop paradoxe. (Acad.) On dit aujourd'hui paradoxal, ale.—Prononcez paradokce et non paradoke.
Parapet, s. m., mur à hauteur d'appui le long d'un pont, d'un quai, d'un mur de fortification;—ne dites pas parapel.
Paraphe, et plus souvent Parafe, marque qui accompagne ordinairement la signature et qui en tient lieu quelquefois; ce mot est masculin: il a mis son parafe pour approuver ce compte.
2. Parapher et plus souvent parafer, v. a., mettre son parafe.—Une pataraffe est une suite de traits mal formés, de lettres illisibles et mal écrites: votre dictée est une véritable pataraffe.
Parapluie, s. m.: prononcez parapluî (ui diphth.) et non paraplouî.
Parasite, s. m., qui fait métier d'aller manger à la table d'autrui, etc.—Prononcez parazite et non paracite.
Parce que, s'écrit en deux mots, lorsqu'il signifie à cause que: il est tombé parce que le chemin est glissant.—Il s'écrit en trois mots, lorsqu'il signifie par la chose que, par les choses que et que l'on peut intercaler l'adjectif tout entre par et ce: il m'a assuré par ce qu'il y a de plus saint; par ce que vous venez de dire, on doit conclure que...—Voyez cause que (à).
Pardon, s. m.:—demander pardon, faire des excuses: voyez excuse.
Pardonnable, adj., ne se dit guère que des choses (Acad.): faute, erreur pardonnable; ne dites donc pas, votre fils est pardonnable; dites votre fils est excusable: voyez impardonnable.
Pardonner, v. a.—On pardonne une faute et on pardonne à quelqu'un:—ne dites donc pas: je le pardonne, je pardonne mes ennemis, mais, je lui pardonne, je pardonne à mes ennemis.
Pareil, eille, adj.—Ne dites pas: ils sont habillés pareil; dites, ils sont habillés de même, tout de même; ils ont, ils portent les mêmes vêtements.
Parent, te, s. m., se dit non seulement du père et de la mère, mais de ceux de qui on descend et en général de ceux qui sont de la même famille, qui sont de même sang, qui touchent par consanguinité à quelqu'un; il se dit même de ceux qui sont simplement alliés. (Acad).—Proche, subst. masculin, signifie aussi parent; dans ce cas il n'est d'usage qu'au pluriel: c'est un de mes proches; ce fut le sentiment de tous ses proches. (Acad.)
Paret (ou parait, paris).—Sorte d'interjection familière que l'on met à la fin d'une foule de phrases et qui n'ajoute absolument rien au sens: je veux sortir, paret; c'est un habit neuf, paret; j'avais raison, paret, etc.—Il suffit presque toujours de changer le ton de la voix, pour éviter de s'en servir; d'autres fois, on la remplace par, voyez-vous, eh bien, etc. (Wall.)
Parfaitement.—Ne dites pas: je suis très-parfaitement ou fort parfaitement ou bien parfaitement convaincu; dites simplement, je suis parfaitement convaincu;—on ne peut rien ajouter à ce qui est parfait.
Parier, Pari, s'emploient de préférence à gager, gageure.
2. Ne dites pas: je parie pour cinq francs; pour combien pariez-vous?—dites je parie cinq francs; combien pariez-vous?
3. Pariure n'est pas français: dites pari, gageure.
Parisis, adj., ancienne monnaie de Paris: un sou parisis:—prononcez parizice.
Parler mal et Mal parler.—Parler mal signifie employer des expressions hors d'usage, user de termes équivoques, construire péniblement ses phrases ou à contre-sens, prononcer d'une manière incorrecte:—dans ce cas parler mal s'emploie sans régime: il parle bien mal pour un académicien.—Mal parler, c'est dire des 343 choses offensantes, tenir des propos inconsidérés, déplacés, qui peuvent porter atteinte à la réputation de ceux dont on parle: il ne faut parler mal de personne.—En résumé, parler mal, c'est parler incorrectement et mal parler, c'est médire: il ne faut point parler mal devant les grammairiens ni mal parler des absents.
2. Parler, est un verbe neutre:—ne dites donc pas, je l'ai parlé, je vais la parler, les parler; dites, je lui ai parlé, je vais lui parler, leur parler.
3. Ne dites pas, il n'est pas à parler; dites selon le sens, on craint de lui parler, il est inabordable, ou bien on ne peut lui parler en ce moment, il n'est pas visible. (Fland.)
4. Ne dites pas non plus: comme il parle, on croirait que son fils est une merveille, dites, à l'entendre, on croirait que...
5. Ne dites pas: cela va sans parler, dites, cela va sans dire.
6. Ne dites pas: parler avec quelqu'un, mais parler à quelqu'un.
7. Ne dites pas d'un vase fêlé, qu'il parle latin ou qu'il est déchiré;—ces expressions sont des flandriciens; dites simplement qu'il est fêlé.
8. L'usage permet souvent de supprimer la préposition qui devait suivre le verbe parler, et au lieu de dire, parler avec raison, parler de chasse, on dit simplement, parler raison, parler chasse:—il faut de bonne heure parler raison aux enfants; parler affaires; parler musique, peinture, politique, littérature, etc.
Parmi, prép.: voyez entre.
2. Ne dites pas: on ne voit que lui parmi les rues; dites, dans les rues.
3. Ne dites pas: tous ses papiers ont volé parmi la chambre; dites, dans la chambre ou au milieu de la chambre.
4. Ne dites pas: parmi payant, vous serez admis dites en payant ou moyennant payement...
5. Ne dites pas: laquelle choisissez-vous parmi ces plumes; dites, laquelle choisissez-vous de ces plumes.
6. Ne dites pas: l'un parmi l'autre, mais l'un portant l'autre, l'un tenant l'autre, l'un dans l'autre.
7. Parmi que, n'est pas français; il faut le rendre par pourvu que:—j'irai pourvu que (et non parmi que) vous m'accompagniez.
Paroi, s. f., muraille:—il désigne plus particulièrement une cloison de maçonnerie qui sépare une chambre ou quelque autre pièce d'un appartement d'avec un autre: les parois de cette chambre sont humides.—Il est vieux en ce sens, et l'on dit ordinairement cloison.
Parole d'honneur, Dieu me pardonne! sur mon honneur, sur ma foi, ma foi, aussi vrai que j'existe, je vous le jure, et autres affirmations du même genre, sont à la fois repoussées par la bonne compagnie et par l'habitude de la vérité.
Parquet, s. m.—Il ne faut pas confondre ce mot avec pavé et plancher:—un parquet est un assemblage à compartiments, faits de pièces de bois minces clouées sur des lambourdes, et qui forme le plancher d'en bas d'une salle, d'une chambre, etc.: un parquet de bois de chêne, de bois de noyer, de marqueterie.—Voyez pavé et plancher.
Parrain, s. m., celui qui tient un enfant sur les fonts: prononcez pârain (â long.)
Partager avec, Partager entre.—Quand on conserve une portion de ce que l'on partage, on doit dire partager avec: il a partagé sa fortune avec ses frères.—Quand on ne se réserve rien pour soi dans un partage, on doit dire partager entre: il partagea entre les pauvres tout ce qui lui restait.—Partager le travail aux ouvriers, c'est le répartir entre eux; on dit dans le même sens: il partage également sa tendresse entre tous ses enfants.
Partial, Impartial, ale, adj.—Plusieurs personnes confondent ces deux mots:—un homme partial est celui qui favorise avec une préférence injuste et passionnée un parti, une personne, une opinion: un juge partial est un mauvais juge (le pluriel masc. partiaux est peu usité).—Un homme impartial est celui qui est exempt de partialité, qui ne sacrifie point la justice ou la vérité à des préventions, à des affections, à des considérations particulières: juger d'une manière impartiale.—La partialité est un défaut, tandis que l'impartialité est une qualité.—Prononcez parcial, parcialité, parcialement, imparcial, etc.—Voyez impartial.
Partibus (in).—Il se dit de celui qui a un titre d'évêché dans un pays occupé par les infidèles: Frayssinous, évêque d'Hermopolis, était un évêque in partibus.—Prononcez ine partibuce.
Participer à, Participer de.—Participer à veut dire, prendre part à une chose: un associé dans une affaire participe aux profits et aux pertes. On le prend aussi dans le sens de s'intéresser: je participe à votre douleur.—Participer de signifie, tenir de la nature de quelque chose: le mulet participe de l'âne et le cheval.
Particule.—La particule de qui accompagne les noms patronymiques des familles nobles, s'écrit avec un petit d: de Montalembert, de Chateaubriand, d'Aremberg, d'Oultremont.—Elle s'écrit avec un grand D lorsque ces noms ne sont pas nobles, alors même qu'on la sépare du nom.
Particulièrement, adv., signifie singulièrement, spécialement, en détail, mais non, séparément, en particulier;—ne dites donc pas: je désire vous parler particulièrement; dites, en particulier, séparément.
Partisan, s. m., celui qui est attaché à un parti, à une opinion, à une personne: les partisans de la république, les partisans du libre-échange, etc.—L'Académie 346 ne reconnaît pas à ce mot de correspondant féminin; le féminin partisanne, employé par quelques auteurs, n'a pas été adopté généralement.
Partner, s. m., l'associé avec qui l'on joue: vous êtes mon partner.—L'Académie préfère l'orthographe suivante, partenaire.
2. Ne dites pas compagnon pour partenaire.
Pas vrai?—Cette interrogation est souvent employée dans la conversation pour dire, n'est-il pas vrai?—nous croyons qu'on ne peut pas la tolérer.—Voyez point.
2. Ne dites pas: il ne peut souffrir personne, pas encore ses amis; dites, pas même ses amis.
Pascal, ale (et non paschal), adj.—Le pluriel masculin pascaux n'est pas usité; plusieurs bons lexicographes disent des cierges pascals;—quand à nous, nous pensons que pascals choque l'oreille et qu'on ne peut pas l'employer.
Pasquée, (ou pasquille) s. f.—Nom que les liégeois donnent à une chanson burlesque, comique ou satyrique;—ce mot n'est pas français; rendez-le par chanson, chansonnette ou couplets burlesques, satiriques, comiques, et non par, pasquinade, qui signifie tout autre chose, etc.—Faire une pasquée sur ou contre quelqu'un, c'est le chansonner.
Passager, ère, adj.—Ne dites pas une rue passagère, un chemin passager, pour signifier une rue où il passe beaucoup de monde ou un chemin par lequel on a le droit de passer; dites rue passante, chemin passant:—la rue Féronstrée est une des rues les plus passantes de Liége.
Passe, s. m. (mot wall.), aliment formé de son, de pommes de terre, de farine, etc., que l'on donne au bétail pour l'engraisser; dites pâtée, soupe, ratatouille.
Passement de temps, loc. wall.:—dites perte de temps ou passe temps, selon le sens: la musique est un passe temps; toutes ces pertes de temps sont nuisibles à vos études.
Passer, v. n., demande avoir ou être, selon que le sens permet de répondre à l'une ou à l'autre de ces questions: qu'a-t-il fait?—ou bien où est-il? qu'est-il devenu:—il a passé à Liége l'année dernière (qu'a-t-il fait?);—il est passé en Amérique depuis tel temps (où est-il, qu'est-il devenu)?
2. Le participe passé s'emploie comme préposition dans le sens d'après et alors il est invariable: passé dix heures vous ne me trouverez plus.
3. On dit prêter serment et non passer serment: il fut admis à prêter serment.
4. Ne dites pas: la semaine passée, le mois passé, l'an passé; dites, la semaine dernière, le mois dernier, l'an dernier.
5. On dit repasser du linge et non passer du linge.
6. On dit donner, engager sa parole, et non passer sa parole.
7. Ne dites pas: y avait-il beaucoup d'invités?—oui, passé les quarante;—dites, plus de quarante.
Passoire, s. f., ustensile percé de petits trous pour passer le jus des légumes ou des fruits écrasés:—une passoire et non un passoir ni une passerette.
Pasteur, s. m., titre des ministres protestants;—il ne s'emploie pas dans le langage ordinaire comme synonyme de curé catholique; mais dans le style relevé (oratoire, poétique), c'est une expression reçue: c'est un vieux pasteur qui n'est connu que sous le nom de curé. (Chateaub.)
Patarafe: voyez parafe.
Patard, s. m., petite monnaie ancienne; il ne s'emploie plus que dans ces phrases familières: je n'en donnerais pas un patard; cela ne vaut pas un patard; 348 il n'a pas un patard. (Acad.)—Le mot wallon patard se rend par sou: ce cahier coûte cinq sous.
Patatras, figure pour exprimer le bruit que fait un corps qui tombe avec fracas: il pose le pied maladroitement, et, patatras, le voilà par terre.
Pâté, s. m., Pâtée, s. f.—Un pâté est une sorte de pâtisserie;—une pâtée est une sorte de pâte pour engraisser les dindons, une sorte de soupe pour nourrir les chiens, les chats, etc.—Prononcez pâté (â long);—prononcez de même pâte, pâtée, pâtisserie, pâture, pâturage, pâturon.
Patenôtre, s. f. (et non patenote, patenosse), l'oraison dominicale ou le Pater noster;—on comprend aussi sous ce nom l'Avé et les autres premières prières qu'on apprend aux enfants: cet enfant sait sa patenôtre (il est populaire).—Il se dit aussi de toute sorte d'autres prières chrétiennes: avez-vous achevé vos patenôtres? il est familier et ne se dit qu'en plaisantant.
2. Patenôtres, au pluriel, se dit populairement des grains d'un chapelet, et d'un chapelet tout entier.—Prononcez pâtenôtre (ô long) et non pâtenote, patenotère.
Pater (prière chrétienne), est masculin et invariable: dire cinq Pater et cinq Avé.
2. Pater et Avé s'écrivent avec une majuscule. (Acad.) Prononcez pâtère (â long).
Patère, s. f., ornement en cuivre ou en tout autre métal qui supporte les rideaux d'une croisée; dites une patère et non un patère.
Pathos, s. m., élévation de style affectée, boursoufflure: c'est du pathos.—Prononcez patôce.
Patience, s'emploie quelquefois absolument et en manière d'adverbe: si on lui laissait quelque chose, patience, mais on lui ôte tout;—eh bien, patience.
Pâtir, v. n., souffrir;—on pâtit de et non à quelque chose: il a fait la faute et j'en pâtis (et non j'y pâtis).—Prononcez pâtir (â long).
Pâtis, s. m., terrain vague, friche où l'on met paître les bestiaux;—pâture, pâturer, pâturage;—dans ces mots l'â est long;—l's de pâtis ne se prononce point.
Patois, s. m., langage du peuple et des paysans, particulier à chaque province; chaque province a son patois; patois namurois, montois, liégeois.
Patraque, s. f., machine usée ou mal faite et de peu de valeur; personne faible et débile: cette montre n'est qu'une patraque, une vieille patraque; votre voiture est une patraque;—je ne suis plus qu'une vieille patraque. Ces expressions, quoique françaises, sont triviales.—Ne dites pas patracle.
Patres (ad), expression latine qui s'emploie dans ces phrases familières: aller ad patres, mourir;—envoyer ad patres, faire mourir.—Prononcez ad'patrèsse.
Patron, Patronne, Patronage (une n) patronner (deux n), patronal (une n), patronnesse (deux n):—une patronnesse, dame qui dirige une fête ou une œuvre de charité: une dame patronnesse.—Voyez la lettre n pour les cas où l'n se redouble.
Pâture, s. f.—N'employez pas ce mot dans le sens de fourrage: donner du fourrage au bétail (et non de la pâture).
Pause, s. f., cessation, intervalle: faire une pause: prononcez pôze (ô long) et non pôce.
Pauvre, adj. et subst.; le substantif pauvre a pour féminin correspondant pauvresse (femme pauvre qui mendie).—Dans le sens ordinaire, l'adjectif pauvre se met devant ou après le substantif: un pauvre homme, une pauvre femme, un pauvre artisan (Acad.); ou bien, un homme pauvre, une femme pauvre, un artisan pauvre.—Dans le sens de chétif, mauvais dans son genre, il se place ordinairement devant le substantif: il a fait un pauvre discours; c'est un pauvre esprit, un pauvre poète; un pauvre musicien. (Acad.)—Devant 350 les substantifs exprimant une idée de profession, d'attribution, il se prend toujours dans ce dernier sens, c'est-à-dire, en mauvaise part:—un pauvre peintre, c'est un mauvais peintre;—un peintre pauvre, c'est un peintre sans fortune.—Prononcez pau-vre et non paufe, pauvère.
2. Ne dites pas: cela est pauvre, c'est pauvre; dites, cela est misérable, c'est pitoyable, ou bien, disgracieux, triste, déplorable, selon le sens. (Fland.)
Pauvret, ette, adj., diminutif de pauvre; terme de commisération, d'affection: le pauvret, la pauvrette ne sait où aller; il est familier. (Acad.)
Pauvreté, s. f., ne s'emploie au pluriel que dans le sens de choses sans valeur, basses, viles: c'est un diseur de pauvretés; ce livre est rempli de pauvretés.
Pauvreteux, n'est pas français; dites chétif, pauvre, souffreteux, malheureux.
Pavage, s. m., ouvrage fait avec des pavés: un pavage bien fait; pavage de grès, de pierre dure, de lave;—il se dit aussi du travail du paveur et des matériaux fournis par lui: j'ai payé tant pour le pavage de ma cour; un mémoire de pavage.
Pavé, s. m. morceau de grès, de pierre dure, de marbre, etc., dont on se sert pour paver;—assemblage de pavés qui couvrent une aire, une surface;—il se dit particulièrement en parlant d'un chemin, d'une rue, etc.: ne quittez pas le pavé; entretenir le pavé.—Le mot pavée n'est pas français.
Pavement, s. m., se dit de l'action de paver et des matériaux qu'on emploie pour cet effet: il a coûté tant pour le pavement de cette cour.—Il se dit plus particulièrement des ouvrages de luxe et de goût qui forment les pavages intérieurs: le pavement en mosaïque d'une église; le pavement des édifices grecs et romains étaient souvent de marbre de couleur. (Acad.) Prononcez pavement et non pafement.
Paver, v. a., couvrir le terrain, le sol d'un chemin, d'une rue, d'une cour, d'une écurie, d'une salle, etc., avec du grès, de la pierre dure, du caillou, du marbre, de la brique, etc.—(Acad.)
2. Il suit de là qu'on ne peut pas dire, mettre un pavé en planches; on doit dire, mettre un plancher ou planchéier;—on ne peut pas dire non plus un pavé en planches; dites un plancher.—Voyez parquet et plancher.
3. Ne dites pas non plus: paver en carreaux; dites carreler.
Payant.—Ne dites pas, un mauvais payant, mais, un mauvais payeur, une mauvaise paye.
Paye, s. f., solde des gens de guerre, celui qui paie; prononcez l'y: pai-ïe;—l'Académie n'admet pas l'orthographe paie qui pourtant est reçue par plusieurs bons grammairiens.
2. Paye, s. f., débiteur; ce mot est français: c'est une bonne paye, une mauvaise paye; d'une mauvaise paye on tire ce qu'on peut. (Acad.)
Payement, s. m.: voyez paiement.
Payeur, s. m., celui qui paie; le féminin correspondant est payeuse.
Pays, s. m., région, contrée;—il s'emploie aussi populairement dans le sens de compatriote, et dans cette acception, on dit au féminin une payse: c'est mon pays, c'est un de mes pays; bonjour, pays; elle est allée avec une de ses payses.—Ce mot, dit l'Académie, est populaire.—Prononcez péi.
2. Dites, du vin du pays et non du vin de pays: voyez cru.
Paysage, Paysan, anne; prononcez pé-izaje, péizan, péizane (et non péizan-ne).
Peau, s. f.—Ne dites pas: il est noir de peau, de cheveux, etc.; dites, il a la peau noire, les cheveux noirs.
Peccable, impeccable, adj., capable ou incapable de pécher;—peccadille, s. f., faute légère; peccante, adj. f., terme de médecine, qui pèche, humeur peccante;—peccata, s. m., se dit d'un âne dans les combats publics d'animaux; peccavi, s. m., contrition, repentir, un bon peccavi:—on prononce les deux c dans tous ces mots.
Pécher, v. n., commettre un péché: prononcez pécher (é aigu);—pêcher, v. a., prendre du poisson et pêcher, s. m., arbre qui produit la pêche: prononcez pêcher (ê ouvert).—Il en est de même de péché, pécheur et pêcheur, pêche.
Pécule, s. m., Pécune, s. f.—Le premier se dit du produit des épargnes d'une personne qui ne travaille pas pour son compte: il avait amassé un pécule.—Pécune est un vieux mot qui signifie argent comptant: disette de pécune.
Pécunier, ière, adj., qui regarde l'argent, qui y a rapport; ce mot n'est pas français;—dites, pécuniaire: peine pécuniaire, intérêt pécuniaire.—Prononcez pécu-niaire et non pécu-gniaire.—Voyez ni.
Pédale, s. f., gros tuyau d'orgue qu'on fait jouer avec le pied: la pédale et non le pédale.
Peindre, v. a., Peinturer v. a.—Le premier signifie, représenter les objets par les couleurs;—le second, peindre d'une seule couleur: peinturer une maison, un treillis:—peinturer étant peu usité (Acad.), on peut le remplacer par peindre.
Peine, s. f.—On lui a ordonné cela sur peine, sous peine ou à peine de la vie:—de ces trois façons de parler, sous peine est la plus usitée et la meilleure; (Acad.)—sur peine nous paraît peu correct.
2. Avoir de la peine, avoir peine, devant un infinitif, demandent la préposition à: il aura beaucoup de peine à (et non de) gagner son procès; avoir de la peine à (et non de) marcher; j'ai peine à (et non de) voir clair dans tout ceci.
3. Ne dites pas: ce n'est pas les peines ou cela ne vaut pas les peines de vous déranger pour si peu; dites, ce n'est pas la peine, cela ne vaut pas la peine de...
4. Ne dites pas: donnez-vous la peine de vous asseoir; dites, veuillez vous asseoir, je vous prie de vous asseoir.—Prononcez pène (è bref) et non pain-ne.
Peineux, euse, adj., veut dire qui a de la peine, qui est triste; mais il ne signifie nullement, dans le sens wallon, capot, confus, interdit, penaud, interdit, décontenancé.—Semaine peineuse, la semaine sainte. (Bescherelle).
Pelard (bois), chêne dont on a ôté l'écorce pour faire du tan (pelwai en wall.)
Peler, v. a. et n., ôter le poil, la peau; il ne double point l'l: ce velours se pèle.—Prononcez peler (e muet) et non pèler.—Voyez éplucher.
Pèlerin, ine, s.; pèlerinage, pèlerine, s. f. (vêtement de femme):—écrivez et prononcez ces mots avec un accent grave et non un accent aigu (Acad.)—Ne dites pas non plus pèlèrin, pèlèrinage, pèlèrine, ni pélérin, pélérinage, pélérin, mais pèlerin, pèlerinage, pèlerine (le second e est muet).
Pelle, s. f., ustensile de cuisine pour frire, fricasser; ce mot n'est pas français; dites poêle et prononcez poale.—Une pelle (prononcez pèle) est un instrument de fer ou de bois, large et plat à long manche: pelle de four, pelle à feu, pelle de jardin.
Pellicule, s. f. peau très-mince, il se forme une pellicule (ou mieux peau) sur le lait bouilli, sur l'encre; il y a dans un œuf deux pellicules, celle qui tapisse intérieurement la coque, et celle qui enveloppe le jaune.—On prononce les deux ll.
Pelure, s. f., peau, enveloppe de certains fruits, de certaines légumes: pelure de pomme, de poire; du vin couleur de pelure d'oignon.—Ne dites pas pelate, pelote.—Voyez éplucher, écaler.
Pénal, ale, adj., qui assujettit a des peines; il n'a point de pluriel masculin; quelques grammairiens pourtant disent des codes pénals.
Pénates, adj. et subst.:—les dieux pénates ou les pénates, demeure, habitation;—ce mot est masculin et ne s'emploie qu'au pluriel: je reverrai mes pénates chéris.
Pendant que, Tandis que.—Pendant que marque simplement la simultanéité de deux événements, de deux choses: pendant que vous étiez en Espagne, j'étais en Italie.—Tandis que marque non pas précisément la simultanéité de deux événements et de deux choses, mais une opposition, soit entre les temps que cette conjonction indique et un autre temps exprimé ou sous-entendu, soit entre deux actions qui se font simultanément: vous faites fort bien tandis que vous êtes jeune de travailler à vous instruire, quand vous serez vieux il ne sera plus temps; tandis que vous vous divertissez, je me consume dans le chagrin.
Pendre, v. a.—Ne dites pas: il était pendu après son père; dites, il était pendu au cou de son père, ou, selon le sens, il s'accrochait à son père.
Pendule, s., est masculin, lorsqu'il signifie le poids suspendu qui, lorsqu'il est mis en mouvement, fait des oscillations régulières;—il est féminin, lorsqu'il désigne une petite horloge de salon: la pendule est arrêtée.
Pêne, s. m.—C'est le morceau de fer qui sort de la serrure et s'engage dans un crampon, (gâche) pour fermer une porte; le pêne de cette serrure est usé.—Voyez cliche.
Pensée, s. f., opération de l'intelligence: une pensée généreuse: prononcez pensée (é long) et non pensé-ïe.—Voyez ée, ie, ue, oue.
Penser, v. n.—Ne dites pas: j'ai d'autres choses à penser; dites, j'ai à penser à bien d'autres choses.
2. Ne dites pas: il n'a que lui à penser; dites, il n'a à penser qu'à lui.
Pensum, s. m., au pluriel pensums, surcroît de travail qu'on exige d'un écolier pour le punir: on lui a donné pour pensum dix verbes à faire; il a eu trois pensums cette semaine.—Prononcez pinsome.
Pentacorde, s. m., lyre à cinq cordes;—pentagone, adj. et s. m., à cinq angles;—pentamètre, adj. et s. m., vers latin de cinq pieds;—pentandrie, s. f., classe de plantes;—pentapole, s. f., contrée qui a cinq villes principales;—pentateuque, s. m., nom collectif des cinq premiers livres de la Bible:—Pent se prononce pènt dans tous ces mots. (Acad.)
Pentecôte, s. f., fête chrétienne; prononcez pant'côte (ô long).
Pépie, s. f., petite peau blanche qui vient au bout de la langue des oiseaux et les empêche de boire; ne dites pas pépi, pipie.
Pepin, s. m., semence qui se trouve au centre de certains fruits: un pepin de pomme, de raisin, de groseille: écrivez et prononcez pepin (e muet) et non pépin (Acad.);—plusieurs lexicographes écrivent néanmoins pépin.—Le nom propre Pépin s'écrit ordinairement avec un accent aigu.
Pépinière (et non pepinière), s. f., plant de petits arbres: planter une pépinière.—Prononcez pépi-nière et non pépi-gnière.—Voyez ni.
Pequet, s. m. (mot wall.), rameau de verdure qu'on attache à une maison pour annoncer qu'on y vend des boissons; en français, on dit bouchon: un bouchon de cabaret;—ce mot se dit quelquefois pour le cabaret lui-même: il n'y a dans ce village qu'un mauvais bouchon. (Acad.)
Percale, s. f.—Ne prononcez pas percaille, mais percale et écrivez percale, percaline;—on écrit aussi, mais moins bien, perkale, perkaline.
Perce-neige, petite plante à fleurs blanches qui fleurit en hiver;—ce mot est féminin: une perce-neige, des perce-neige.—Prononcez perce-neige et non perce-neiche.
Percepteur, Précepteur.—Un percepteur est celui qui est chargé de recouvrer (de percevoir) les impôts, les deniers, les revenus; il n'a pas de correspondant féminin.—Un précepteur est celui qui est chargé de l'instruction et de l'éducation d'un enfant, d'un jeune homme; ce mot n'a pas de correspondant féminin; il peut cependant se rapporter à un substantif féminin: les femmes sont les vrais précepteurs du bon ton et du bon goût.
Percer, v. a.—Ne dites pas: voilà une pipe bien percée; dites, bien culottée.
Percha (gutta): voyez gutta-percha.
Perclus, adj., impotent, qui a perdu l'usage d'une partie de ses membres: il est perclus de tous ses membres; cette femme est percluse d'un bras.—Le féminin est percluse et non perclue.
Perderai, perderais, barb.; écrivez et prononcez perdrai, perdrais.
Perdreau, s. m., jeune perdrix de l'année;—une perdrix (féminin) est une gallinacée qui a plus d'une année.
Père, s. m., frère, etc.: prononcez père, frère, prière, (è ouvert) et non pére, frére, priére.
Perfection, s. f.—Ne dites pas: il travaille à la perfection; il joue du piano à la perfection; dites, en perfection.
Péril, s. m., risque, danger: L'l est mouillée ainsi que dans périlleux, périlleusement.
Période, est masculin et féminin: il est féminin, lorsqu'il signifie une révolution qui se renouvelle régulièrement;—un circuit d'un nombre d'années déterminé;—une phrase composée de plusieurs membres.—Il 357 est masculin, lorsqu'il se dit du plus haut point où une chose, une personne puisse arriver, est arrivé: Napoléon est arrivé au plus haut période de la grandeur; cet homme est au dernier période de la vie.—Il se dit aussi d'un espace de temps indéterminé: un long période de temps; dans un court période. (Acad.)—Prononcez période et non périote.
Péripétie, s. f., dénouement du drame: prononcez péripécie.
Périr, v. neutre.—Dans les temps composés, il prend l'auxiliaire avoir (Ac.); cependant quelques écrivains l'ont conjugué avec être: tous ceux qui étaient sur ce navire sont péris.—L'Académie ne se sert que de l'auxiliaire avoir.
2. Périr étant un verbe neutre, ne dites pas: ce sont les mauvaises fréquentations qui ont péri ce jeune homme; dites, ce sont... qui ont perdu... (Wall.)
Persan, ane, Perse.—Perse se dit des habitants de l'ancienne Perse;—les habitants de la Perse moderne s'appellent Persans, ce qui n'empêche pas qu'on ne donne aussi la qualification de Persan aux anciens Perses.
Persécuter, persécution, persécuteur, persévérer, persévérance, persistance, persister:—dans tous ces mots, l's étant précédée d'une consonne, se prononce dure, comme dans si, son, sa, ses.
Persil, s. m., plante potagère: prononcez perci et non percile.
Personne, s. f.—Ne dites pas: n'y a-t-il personne d'autre à la maison? personne d'autre que...; dites, n'y a-t-il pas d'autre personne? personne autre que... Voyez rien d'autre.
2. Ce mot est féminin, quand il désigne un individu déterminé et peut être remplacé par homme, femme: deux personnes différentes me l'ont assuré; une personne, deux personnes; je ne connais aucune personne aussi heureuse que cette femme.
3. Il est masculin, quand il est pris d'une manière indéterminée: personne oserait-il le nier? je ne connais personne d'aussi heureux que cette femme.
Perspective, s. f., t. de peint.: écrivez et prononcez perspective et non perspectife, perpective.
Persuader, persuasion: prononcez l's dure puisqu'elle est précédée d'une consonne: perçuader, (l'a est bref) perçuasion et non perzuader, perzuasion.
Perte, s. f.—Ne dites pas: j'ai fait de grandes dépenses à pure perte, mais, en pure perte.
Peser, pesant, pesanteur, peseur, peson:—prononcez pezer, pezant, pezanteur, etc. (e muet), et non pèzer, pèzant, pèzanteur.
Pétale, s., chacune des pièces qui composent la corolle d'une fleur; ce mot est masculin: un pétale blanc.
Pétaud ou Petaud, s. m.—Ce mot n'est usité que dans cette locution: c'est la cour du roi Pétaud, c'est-à-dire, un lieu de confusion, de désordre où personne ne s'entend.
Pétaudière ou Petaudière, s. f., lieu où chacun veut être maître, où il n'y a que désordre et confusion: cette classe est une vraie pétaudière.
Péter, v. n., se dit figurément de certaines choses qui font un bruit subit et éclatant: le bois de chêne pète dans le feu; le laurier et le sel, jetés dans le feu, pètent; cette boite, cette fusée, ce fusil, ce pistolet etc., pètent bien; cette bouteille de vin mousseux a bien pété; une corde de son violon, de sa harpe vient de péter; ce vin fait péter les bouteilles. (Acad.)
2. Il signifie aussi éclater, faire explosion: son fusil, son pistolet lui a pété dans la main. (Acad.) Mais il ne faut pas l'employer dans le sens fêler, s'étoiler: il ne faut pas exposer ce vase à la gelée, il se fêlerait; un verre fêlé; carreau de vitre étoilé (fêlé en forme d'étoile); prenez garde que vos bouteilles ne s'étoilent.
3. Ne dites pas, des pommes de terre pétées, dites des pommes terre grillées.
4. On écrit et on prononce péter et non pèter; on ne redouble pas le t devant e muet: il pète, il pétera.
Petiller, v. n., éclater avec bruit; dans ce mot et dans petillant, petillement, les ll sont mouillées: plusieurs écrivent et prononcent pé au lieu de pe.
Pétiole, s. masc., queue de feuilles; pétiolé, adj.; porté par un pétiole:—prononcez péciole, péciolé.
Petit, Long.—N'employez pas petit pour court, ni long pour grand; dites, cet habit est trop court, et non trop petit; cette femme est grande, et non cette femme est longue.—Prononcez petit (e muet) et non pètit.
2. Un petit homme, est un homme de petite taille;—un homme petit, est un homme sans cœur, sans dignité, sans esprit.
3. Petit peu (un), un tout peu, un tant soit peu: ces locutions ne sont pas françaises; dites, un peu, très-peu, bien peu, tant soit peu, un tantinet.—Toutefois, dans la conversation, on admet petit peu comme représentant mieux la petitesse de la quantité.
4. Petit à petit.—Il a fait sa fortune petit à petit.—Ne dites pas de petit à petit.
Petto (in), en secret, dans l'intérieur du cœur: prononcez ine pet'to; les deux tt se prononcent.—Voyez in-petto.
Pétulant, te, adj., signifie remuant, vif, impétueux, brusque, et non mutin, têtu; il est fort pétulant; il est d'un naturel pétulant, d'un caractère pétulant (remuant);—voyez le petit mutin (et non pétulant).
Peu, adv.—Dans le langage familier un peu est quelquefois explétif et sert à adoucir l'impératif: dites-moi un peu; venez ici un peu, que je vous parle; voyons un peu comment vous vous y prendrez. (Acad.)—Les flamands doivent se garder de rendre ce un peu, par seulement, une fois.
2. Ne dites pas un peu du pain, mais un peu de pain.
Peuple, s. m., nation, populace: prononcez peuple (eu bref) et non peupe, peupèle.
Peur, s. f.,—N'employez pas ce mot dans le sens de soin, avoir soin: cet écolier a soin de ses livres et non, a peur de ses livres. (Wall.)
2. Ne dites pas: vous feriez peur les gens; dites, vous feriez peur aux gens.
3. Ne dites pas: vous m'avez fait prendre une peur; dites, vous m'avez fait peur.
Peut-être, adv.—Prononcez peut-être (eu bref) pour le distinguer de (cela) peut être où l'eu est long; ne dites pas peut-ête, peut-êtère.
Ph, se prononce comme f: Philippe (fi-lipe et non flipe); phare (fare), philosophie (filosofie).
Phébus, s. m., Apollon, le soleil (en style poét.), style obscur et empoulé: vous croyez avoir fait du sublime et ce n'est que du phébus.—Prononcez fébuce.
Phénix, s. m., oiseau fabuleux qui renaissait, dit-on, de ses cendres; personne unique ou rare dans son espèce: vous êtes le phénix des hôtes de ce bois.—Prononcez fénikce et non fénik, fénice.
Phrase, s. f., assemblage de mots formant un sens: une belle phrase.—Prononcez frâze (â long) et non frâce.
Piailleur, euse, s., celui ou celle qui ne fait que piailler, crier continuellement par dépit ou par méchanceté: cet enfant est un piailleur.—Ne dites pas piaillard.
Piane-piane, adv., lentement, à pas comptés: marcher piane-piane: on ne prononce point les e.
Piano ou Forte-piano ou Piano-forte, s. m., instrument de musique à clavier: on prononce forté et piano (ia bref et diphth.) et non pî-anno, pi-âno.
2. Piano, s. m., adj. et adv., terme de musique, doux, doucement, avec douceur.—Le pluriel est pianos.
Piauler, v. n., se dit des enfants qui se plaignent en pleurant: cet enfant ne fait que piauler.
Pic, s. m. (prononcez pique).—Ce mot a plusieurs significations bien distinctes.—Le pic est un instrument de fer courbé et pointu vers le bout, et dont on se sert pour casser des morceaux de rocher et pour ouvrir la terre: il faut un pic pour ouvrir cette terre remplie de cailloux.
2. Pic, en terme de géographie, se dit des montagnes très-hautes: le pic de Ténériffe.
3. Pic est un oiseau grimpeur qui perce l'écorce des arbres avec son bec, pour chercher des vers et des insectes.
4. Enfin pic est un terme de jeu de piquet.—Il ne faut pas le confondre avec pique qui signifie une des couleurs du jeu de cartes, et est également masculin: il tourne du pique ou de pique ou pique.
Picorée, (la), a le même sens que le mot maraude; mais on dit aller à la picorée et non pas en picorée, quoiqu'on dise aller en maraude plutôt que aller à la maraude.—Picoreur, s. m., qui va à la picorée: ce mot n'a pas de correspondant féminin.—V. maraude.
Picot.—Ne dites pas: cet enfant est tombé dans les picots; dites, dans les orties.
Pie, s. f., oiseau de la famille des corbeaux; prononcez pî (î long) et non pi-ïe.
2. Pie, adj., pieux; il n'est usité qu'avec le mot œuvre, œuvre pie, c'est-à-dire, œuvre de charité faite en vue de plaire à Dieu.
Pièce, Place.—Dites un appartement composé de quatre pièces et non de quatre places: prononcez pièce (è grave mais bref) et non piéce.
Pied, s. m.—Ne dites pas: j'ai voyagé, j'ai fait le chemin de pied, je suis venu de pied; dites j'ai voyagé,... à pied.
2. On peut dire par hypallage: il n'avait point de souliers dans ses pieds, au lieu de: il n'avait point ses pieds dans des souliers. (Acad.)
3. Pied bot (bot n'a pas de féminin), pied contrefait: avoir un pied bot:—il se dit également d'un homme qui a le pied contrefait: les deux frères sont pieds bots; ne dites pas pied à boule ni pitabole.
4. De plain-pied, locut. adv., sans monter ni descendre: on va dans cette chambre de plain-pied.—N'écrivez pas de-plein-pied et ne dites pas de plat pied.
5. Pied droit.—Ne dites pas, j'ai un pied droit pour mesurer; dites, ... un pied de roi.
Piedsinte ou Piedsente, n'est pas français; dites sentier.
Piége, s. m., embûche: prononcez piège (è ouvert) et non pièche.—Voyez tendre et ége.
Pierre, Pierrette.—Ne dites pas des pierres d'abricot, des pierrettes de cerise, etc.; dites des noyaux d'abricot, de cerise.—On nomme pierre une espèce de gravier qui se trouve dans certaines poires: ces poires ont beaucoup de pierres.—Voyez noyau et amande.
2. Pierre d'achoppement, danger, obstacle; ne dites pas pierre d'achoquement.
3. On écrit un tailleur de pierre et non un tailleur de pierres, homme qui taille la pierre et non le bois ni le fer; mais on dira un casseur de pierres, homme qui casse les pierres.
Piété, s. f., dévotion; ce mot n'a pas de pluriel.
Piètre, adj., mesquin, chétif et de nulle valeur dans son genre: un habit piètre, un piètre ouvrier; ne dites pas peutre.—Prononcez piè-tre (piè diphth.) et non piète, piètère.
Pieux, se, adj., qui a de la piété:—prononcez pi-eu (deux syll.) pour le distinguer de pieu (pièce de bois pointue) qu'on prononce pieu (en une seule syll.)
Pile, s. f., se dit de celui des deux côtés d'une pièce de monnaie où sont empreintes les armes du souverain; le côté opposé se nomme croix ou tête: n'avoir ni croix ni pile; jouons, jetons à croix-pile qui l'aura; que retenez-vous, croix ou pile?
2. Pile, s. f., soufflet, taloche: ce mot n'est pas français.
Piler, v. a., écraser, broyer; écrivez et prononcez piler et non piller (ll mouillées).—Le vase de métal, de pierre, de faïence, etc., dans lequel on pile, se nomme mortier: un mortier de cuivre sert d'enseigne à ce pharmacien.—Le pilon est l'instrument dont on se sert pour piler dans un mortier: un pilon de fer, de bois.
Pilotis, s. m., grosse pièce de bois pointue qu'on fait entrer en terre avec force pour asseoir les fondements d'un édifice, etc.; ne dites pas pilote, qui signifie, celui qui gouverne un vaisseau: Amsterdam est bâti sur pilotis et non, ... sur pilotes.
Pince, Pincette, s. f.—Pince se dit d'une sorte de longues tenailles dont on se sert pour remuer les grosses bûches dans une cheminée: il faut prendre cette bûche avec la pince.—Il se dit également dans plusieurs arts ou métiers, de certaines tenailles, les unes grosses, les autres petites, qui servent à différents usages: les taillandiers, les serruriers ont de grosses pinces pour tenir leur ouvrage, quand ils le mettent au feu; les horlogers, les arquebusiers ont de petites pinces pour prendre et placer les goupilles et autres pièces légères.—Pince signifie aussi un barre de fer aplatie par un bout, et dont on se sert comme d'un levier: lever une grosse pierre avec une pince.
2. Pincette, s. f., et plus ordinairement pincettes (au plur.), ustensile de fer à deux branches égales, dont on se sert pour accommoder le feu: attiser le feu avec des pincettes. On dit aussi tenailles dans ce sens.—Il se dit encore d'un instrument de fer, dont on se sert pour s'arracher le poil: il se fait la barbe avec la pincette.—Il se dit également, dans plusieurs arts ou métiers, de petits instruments de fer à deux branches, dont on se sert pour prendre ou pour placer 364 certains objets qu'on ne pourrait ni prendre ni placer facilement avec les doigts.—Ne dites point épince, épincette.—Voyez tenaille.
Pinçon, Pincée, Pinson.—Pinçon, s. m., se dit de la marque qui reste sur la peau quand on a été pincé: je me suis fait un pinçon en fermant cette porte. Mais on dit avoir l'onglée et non des pinçons, lorsqu'on veut parler de certaines douleurs qu'on ressent au bout des doigts quand on y a eu fort froid: je ne puis pas écrire, j'ai l'onglée.—Pincée, s. f., se dit de ce qu'on peut prendre de certaines choses en les pinçant entre deux ou trois doigts: une pincée de sel.—Le pinson, s. m., est une sorte de petit oiseau: gai comme un pinson.—Voyez pensum.
Pipe, s. f.—Dites pipe bien culottée, et non pipe bien percée ni bien passée.
Piquanterie, n'est pas français: il faut dire picoterie, pour signifier des paroles malignes et de nature à blesser; picoter c'est faire des picoteries; il m'impatiente par des picoteries continuelles; il l'a picoté pendant toute la soirée.
Pique-assiettes, n'est pas français; dites piqueur d'assiettes, piqueur de table ou écornifleur, pour désigner celui qui cherche à manger aux dépens d'autrui.
Piqûre, s. f., petite blessure que fait une chose ou un animal qui pique: écrivez piqûre (avec un accent circonflexe) et non piqure.
Pire, Pis.—Pire, adj. comparatif de mauvais, (plus mauvais); au superlatif on dit le pire (le plus mauvais).—Pis, adv. comparatif de mal (plus mal); le superlatif est le pis.—Servez-vous de pire, lorsque, en reversant le sens de la phrase, vous diriez meilleur, et de pis, si c'est mieux que vous emploieriez:—tant pis (tant mieux); il va de mal en pis (en mieux); le pis (le mieux) que j'y trouve; il est bien pire (bien meilleur) qu'il n'était; de deux maux, il faut éviter le pire (le meilleur); ils sont pis que (mieux) jamais ensemble.
2. On ne dit pas: plus pire, plus pis, pas plus qu'on ne dit plus meilleur, plus mieux.
3. On ne fait sentir l's de pis que devant une voyelle: au pis aller; qui pis est.
Piteux, euse, adj., qui excite la pitié, un spectacle piteux, une mine piteuse.—Ne dites pas pitieux.
Pitié, s. f., compassion pour les peines d'autrui; ce mot ne s'emploie pas au pluriel.—On écrit grand'-pitié ou grande pitié dans cette locution: c'est grand'-pitié ou grande pitié. (Acad.)—Prononcez piti-é et non pit-chié.—Voyez ti et di.
Place, s. f.—On doit se servir du mot pièce, lors qu'on parle des différentes parties d'une maison: son appartement est composée de tant de pièces (et non de places); le salon est la plus belle pièce de la maison; la seconde pièce; la salle ou la pièce à manger (et non la place).
2, Ne dites pas, à la place ou en place d'étudier, il joue; dites, au lieu d'étudier, il joue.
3. Ne dites pas: Messieurs, mettez-vous à place; dites, en place.
Placer (se),—Ne dites pas: placez-vous, je vous prie; dites, asseyez-vous...
Placet, s. m., demande écrite à l'effet d'obtenir une grâce, une faveur du Roi; en parlant des ministres, des tribunaux, etc., on se sert du mot pétition;—au pluriel, placets.—Prononcez placè (è bref).
Plafonner, v. a.—Ne dites pas plafonner un mur, mais, plâtrer un mur: on ne plafonne que les plafonds.
Plaideur, s. m., celui qui est en procès; au féminin, plaideuse.
Plaidoyer, v. n., Plaidoyeur, s. m., ne sont pas français; il faut dire plaider, plaidailler, plaideur, plaidailleur.
Plain, aine, adj., plat, uni sans inégalité: pays plain; la bataille s'est donnée en plaine campagne; drap plain.
2. Plain-pied.—Voyez pied.
3. Plain-chant, s. m., le chant d'église: on a exécuté une messe en plain-chant.—Il n'a pas de pluriel.
Plaindre, v. a., signifie, entre autres acceptions, employer, donner avec répugnance, à regret, d'une manière insuffisante: il ne plaint ni son temps ni ses soins quand il s'agit de rendre service; il plaint le pain à ses domestiques; il plaint l'avoine à ses chevaux; il plaint jusqu'aux habits qu'il donne à ses enfants.—Il correspond assez bien au mot wallon mèskeûre; le mot keûre se rendrait également assez bien par, ne pas plaindre: je ne lui plains pas cette réprimande, il l'a bien méritée.
Plaine, s. f. campagne: prononcez plène (è long) et non plain-ne.
Plaire, v. n.—Ne dites pas: il faut bien plaire ses parents; dites, à ses parents.
2. Ce qui plaît, signifie ce qui est agréable; ce qu'il plaît, signifie ce que l'on veut.—Ne dites donc pas: je fais ce qui me plaît, pour faire entendre que vous n'avez pas d'ordre à recevoir; dites, je fais ce qu'il me plaît.—Au contraire, dites: les gens peu raisonnables sacrifient leurs intérêts à ce qui leur plaît; c'est-à-dire, à ce qui leur est agréable.
3. Ne dites pas: si vous plaît? pour engager quelqu'un à répéter ce qu'il vient de dire; dites, s'il vous plaît ou plaît-il, ou pardon, je n'ai pas entendu, je n'ai pas compris.
4. Se plaire, suivi d'un infinitif, demande la préposition à: il se plaît à étudier, à chasser.
Plaisant, ante, adj., agréable, qui plaît: je ne trouve pas plaisant que vous vous occupiez de moi. Il est peu usité dans ce sens, et il ne s'emploie que dans des phrases négatives.
2. Il signifie plus ordinairement, qui divertit, qui fait rire: il nous a fait un conte plaisant; c'est le plus plaisant homme du monde; il a des manières tout à fait plaisantes; histoire plaisante et récréative.—Ne dites donc pas d'un homme qu'il est plaisant, pour faire entendre qu'il est aimable.
3. Plaisant se dit aussi, par une sorte de mépris, et pour signifier, impertinent; ridicule: en ce sens, il précède toujours le substantif: c'est un plaisant homme, un plaisant visage; il a un plaisant habit; je vous trouve plaisant de vouloir...
Plaisir, s. m.—Ou dit avoir du plaisir, avoir plaisir, y avoir du plaisir à,—et avoir le plaisir, faire plaisir de:—vous aurez du plaisir à (et non de) causer avec lui; j'ai plaisir à travailler avec lui;—vous me ferez plaisir de (non à) parler ainsi.—Prononcez plésire et non plèsir, ni plési.
Plan, s. m.—Ne dites pas: jeter son plan sur quelqu'un, sur quelque chose; dites, jeter son plomb, son dévolu: il a jeté son plomb sur cet emploi, jeter un dévolu, son dévolu sur quelqu'un, sur quelque chose.
Planchéier, v. a., garnir de planches, faire un plancher: j'ai fait planchéier mon cabinet de bois, (et non de planches) de sapin.—Ne dites pas plancheter ni plancher.
Plancher, s. m.—On appelle ainsi les planches et les poutres qui séparent deux étages ou qui sont placées sur l'aire du rez-de-chaussée: il est tombé sur le plancher; peindre les solives d'un plancher; suspendre quelque chose au plancher;—mais il ne faut pas dire, monter au plancher, l'escalier du plancher, au lieu de monter à l'étage, l'escalier de l'étage.—Si la maison a plusieurs étages, on dit monter au premier, au second, etc.—Voyez pavé.
Plane, s. f., outil tranchant et à deux poignées pour aplanir, rendre unis des morceaux de bois des planches.
Planisphère, carte où les deux moitiés du globe céleste ou du globe terrestre sont représentées; ce mot est masculin: la mappemonde est un planisphère terrestre.
Plantoir, s. m., outil de bois, pointu et quelquefois ferré par le bout, dont les jardiniers se servent pour faire dans la terre les trous où ils veulent mettre des plantes ou des graines: un bon plantoir.—Une plantoire n'est pas français.
Planure, s. f., bois que l'on retranche des pièces que l'on plane: se chauffer avec des planures.
Plaquer, dans le sens d'adhérer fortement, de coller, n'est pas français: ce papier est collé (et non plaqué) sur du carton; ces deux feuillets sont collés (et non plaqués).
Plat, ate, adj.—Le plat pays est le village par rapport à la ville;—un pays plat est la plaine par rapport aux montagnes.
Platine, s., or blanc, est masculin: le platine a été découvert en Amérique.—Dans toutes les autres acceptions, il est féminin: la platine d'un fusil, la platine d'une serrure.—Plusieurs personnes se servent à tort de ce mot pour indiquer un petit chandelier de cuisine; il faut dire bougeoir.
Plâtre, s. masculin: du plâtre.
Platrier, s. m., celui qui prépare le plâtre ou qui le vend; ne dites pas plâtreur.
Plein, eine, adj.—Tout plein, sert quelquefois d'adverbe de quantité, et alors, il signifie beaucoup: on trouve tout plein de gens qui pensent...; il y a tout plein de monde dans les rues; j'ai tout plein de livres d'égarés; vous dites qu'il n'y a pas de boutique dans cette rue, il y en a tout plein.—Il est très familier. (Acad.)
2. Plein est invariable, lorsqu'il est séparé de son substantif par un adjectif possessif: il a plein ses poches d'argent.—Il s'accorde avec son substantif, quand il n'en est pas séparé: il donne de l'argent à pleines mains; il en a les poches pleines.
Pléis, poisson.—Ce mot n'est pas français; il vient apparemment du flamand pladys; il faut dire plie.
Pléonasme vicieux, surabondance de mots qui rendent le discours diffus ou incorrect; nous en donnerons quelques exemples (prononcez plé-onas-me et non pléïonasme, pléoname).
2. Arrière.—Les grecs épouvantés reculent en arrière: on ne peut pas reculer en avant; arrière est donc de trop.
3. Allumer la lumière; dires allumer la bougie, la chandelle, etc.; on ne peut allumer la lumière; cependant, on peut dire allumer le feu ou du feu.
4. Assez.—Vos raisons sont assez suffisantes; l'idée exprimée par le mot assez est déjà renfermée dans le mot suffisant.
5. Aujourd'hui.—Le jour d'aujourd'hui les enfants sont peu soumis.—Jour et aujourd'hui expriment la même idée.
6. Beaucoup.—Ce discours est rempli de beaucoup de citations. Il ne pourrait pas être rempli de peu de citations; beaucoup est donc superflu.
7. Borne.—Cicéron a étendu les bornes et les limites de la science. Ces deux mots exprimant la même idée, l'un des deux suffit.
8. Brillant.—Un brillant éclat: brillant est de trop, car tout éclat est brillant.
9. Charlemagne.—Magne (du latin magnus) veut dire Charles-le-Grand; ne dites donc pas Charlemagne-le-Grand, quoique pourtant on puisse dire le grand Charlemagne, ce mot étant dans ce cas considéré simplement comme un nom propre.
10. En.—Les vainqueurs étaient au nombre de vingt mille, dont il n'y en eut pas un seul de tué. Retranchez en ou bien dites: dont il n'y eut pas un seul de tué.
11. Inanimé.—Un cadavre inanimé: y a-t-il des cadavres animés ou vivants?
12. Mon, ma, mes, ton, ta, tes, son, sa, ses.—J'ai mal à mon pied, tu as mal à ta tête; il a mal à son bras: est-ce qu'on peut avoir mal au pied, à la tête, au bras d'un autre?
13. Malgré.—Il fut forcé malgré lui de partir; c'est toujours malgré soi qu'on est forcé.
14. Mutuellement.—Il faut s'entr'aider mutuellement: ce dernier mot n'ajoute rien au sens.—Il en est de même de l'un l'autre, les uns les autres employés dans ce sens.
15. Orageux.—Une tempête orageuse: il n'y a point de tempête sans orage.
16. De part et d'autre.—Cet entretien se termina par des plaintes réciproques de part et d'autres: ces derniers mots sont superflus, car réciproque et de part et d'autre signifient la même chose.
17. Partout.—Il y a des sots tout partout: le dernier mot rend à lui seul toute la pensée; supprimez tout.
18. Petit.—Un petit monticule, une petite maisonnette, une petite barquette, un petit peu: l'idée de petit est marquée par monticule, maisonnette, barquette et peu; donc le mot petit est de trop.
19. Puis.—Il va dîner, puis ensuite il ira chez nous; puis signifie déjà ensuite.
20. Seulement.—Pour faire trembler les révoltés, le roi n'aurait seulement qu'à se montrer: seulement est de trop, car l'idée qu'il exprime est rendue par ne... que.
21. Temps.—Une heure de temps, un jour, une semaine, un mois, une année de temps:—les heures, les jours, etc., ne mesurent pas autre chose que le temps.
22. Vite.—Dépêchez-vous vite; peut-on se dépêcher lentement?
23. Voyons voir: répétition barbare.
24. Nous entrâmes dans la maison où nous y trouvâmes des amis: retranchez y ou bien dites: et nous y trouvâmes des amis.
Pleurésie, s. f., maladie: ne dites pas plurésie ni purésie.
Pleurs, s. masculin, sans singulier, larmes: des pleurs amers.—Bossuet a dit dans le style élevé, en parlant de l'enfer: là règne un pleur éternel; mais ici le mot pleur paraît être pris dans un sens figuré, pour peine, douleur.
Pleuviner, pour désigner une pluie fine qui tombe, n'est pas français; dites bruiner ou pluviner: il commence à bruiner, à pluviner.—Bruiner est préférable.
Pleuvoir, fait au participe passé plu: il y a longtemps qu'il n'ait plu (et non pleu),—L'Académie ne donne pas de participe présent.
Pli, s. m., terme du jeu de cartes;—ne dites pas, j'ai fait deux, trois, six plis; dites, j'ai fait deux, trois, six levées.
Plier, Ployer, v. a.—Voici ce que dit le Dictionnaire de l'Académie:—plier, mettre en un ou plusieurs doubles et avec un certain ordre: plier du linge, plier des habits, des hardes, des draps de lit, des serviettes; pliez votre serviette, plier une lettre, etc.—Plier signifie aussi courber, fléchir: plier de l'osier, plier des branches, des branches d'arbre, des branches de vigne pour en faire un berceau, plier les genoux.
2. Plier s'emploie figurément, et signifie, assujétir, soumettre, faire céder, s'accoutumer: il faudra plier ce jeune homme à la bonne règle; plier son esprit, son humeur aux volontés, aux désirs d'autrui.—Il est aussi neutre, et signifie devenir courbé: un roseau, un bâton, une houssine, une baguette qui plie; la planche pliait sous lui.—Figurément, plier sous le poids des affaires, sous le poids des années; plier sous l'autorité, sous les ordres de quelqu'un.
3. Ployer veut dire, fléchir, courber: ployer une branche d'arbre; ployer le genou en marchant.—Il signifie quelquefois, arranger une chose en la pliant, en la 372 mettant en rouleau, en paquet, etc. ployez votre marchandise; ployez votre serviette; ployez vos habits.
Ployer s'emploie comme actif, comme neutre et avec le pronom personnel dans presque toutes les acceptions du verbe plier, mais seulement en poésie et dans le style élevé;—dans le langage ordinaire, on se sert de ployer. (Acad.)
Ploter, v. a., battre, maltraiter; écrivez peloter et prononcez ploter: on l'a bien peloté; il a été bien peloté dans cette conversation, dans cette dispute.
Pluie, s. f., eau qui tombe des nuages: prononcez pluî (ui diphth.) et non pluiïe, ni plouî.
Plume, s. f.:—c'est une belle plume, pour, il a une écriture, n'est pas français.
Pluriel, elle, adj. et subst.—Quelques-uns, dit l'Académie, écrivent plurier, et la plupart prononcent plurié;—nous pensons que cette forme et cette prononciation sont surannées, et qu'il faut aujourd'hui écrire et prononcer pluriel (plurièle, è bref).
Plus, adv. de comp.—Prononcez plu et non plusse: l's cependant se prononce dans: je dis plus, il a plus et dans plus-que-parfait.
2. Il a le même sens que davantage, mais on ne peut pas l'employer pour davantage: voyez ce mot.
3. Plus d'à demi, plus d'à moitié: ces locutions sont préférables à celles-ci: plus qu'à demi, plus qu'à moitié.
4. Ne dites pas: il a plus que vingt ans; il a dépensé plus que cent francs; dites, il a plus de vingt ans; il a dépensé plus de cent francs.
5. Ne dites pas: il est plus sage, il est moins sage comme vous; dites, que vous.
6. Ne dites pas: plus pauvre est-on, plus est-ce qu'on veut briller; plus que je le connais, plus que je l'estime; dites, plus pauvre est-on, plus veut-on briller; plus je le connais, plus je l'estime.
7. Ne dites pas: je n'ai plus vu ce monsieur, pour signifier que vous le voyez pour la première fois; dites, je ne l'ai pas encore vu, je ne l'ai jamais vu.
8. Plus pire, plus meilleur, plus pis, plus mieux, sont des locutions barbares.
9. Plus comparé à mieux; voyez ce dernier mot.
10. Plus tôt et plutôt.—Plus tôt, en deux mots, a rapport au temps et est opposé à plus tard: il est arrivé plus tôt (plus tard) que vous.—Plutôt, en un mot, éveille une idée de choix, de préférence: plutôt mourir que de me déshonorer; c'est-à-dire, je préfère, j'aime mieux mourir que...
Poche, s. f.—Ne dites pas: j'ai ce papier en poche; dites, dans ma poche; mettre, serrer, fourrer quelque chose dans sa poche, dans ses poches.—Mettre en poche, (figuré et famil.) c'est mettre en réserve et appliquer à son profit un argent qu'on a reçu pour une autre destination.
Poêle, a plusieurs significations:—poêle, s. masculin (et non poèle ni poële), drap mortuaire qui recouvre le cercueil; voile qui recouvre la tête des mariés; sorte de dais.—Poêle ou poile, s. masculin (et non poèle ni poële), sorte de fourneau de terre ou de fonte ou de tôle, par le moyen duquel on échauffe des chambres, des serres, etc.—Poêle, s. féminin (et non poèle ni poële), ustensile de cuisine à longue queue pour frire, fricasser;—poêlon, petite poêle:—dans toutes ces diverses acceptions, prononcez poale, poalon, poalier et non pèle ni poèle.
Poêlier, s. m. (et non poëlier), artisan qui fait des poêles: prononcez poalier et non poèlier.
Poème, s. m., ouvrage en vers;—poète:—l'e est grave dans ces mots; l'o et l'è forment deux syllabes de même que pour les dérivés poésie, poétereau, poétesse, poétique, poétiser, etc.
2. On doit se garder d'intercaler, dans la prononciation, un i entre l'o et l'e; ne dites donc pas, po-ïème, po-ïète, po-ïésie, po-ïétique, etc.
Poète, s. m., celui qui cultive la poésie; au féminin, poétesse, mais il est peu usité et l'on dit plus volontiers une femme poète.
Poigner, n'est pas français; il faut dire toucher, manier, prendre dans la main:—regardez cela, mais n'y touchez pas; ne touchez pas cela; manier un drap pour voir s'il est doux, s'il est fin.—Empoigner est français.
Poignet, poignant, poignée, poignard:—prononcez poagnet, poagnant, poagnée, poagnard et non pognet, pognant, pognée, pognard.
Poil, s. m.—On ne dit pas un poil, mais bien un grain de tabac, d'avoine, de poudre à canon;—un brin d'herbe, de fil, de soie, de paille;—un flocon de neige: la grêle n'a pas laissé dans ce pré un brin d'herbe; le seigle et le froment ont déjà poussé de beaux brins; ces pauvres n'ont pas un brin de paille pour se coucher.
2. Poil (mort).—Il faut traduire par poil follet, si l'on veut désigner ces poils rares et légers qui viennent avant la barbe; duvet s'emploie aussi dans cette acception, surtout en poésie;—et par duvet, si l'on veut parler des poils qui poussent aux jeunes oiseaux avant les plumes: ce jeune homme n'a encore que le poil follet; le poil follet commence à lui pousser; ces petits moineaux ont encore leur duvet.—Prononcez poale et non poèle.
Poindre, v. n., n'est usité qu'à l'infinitif et au futur; il se dit proprement du jour qui commence à paraître, et de plantes qui commencent à pousser: à peine le jour commençait à poindre; je partirai dès que le jour poindra; dès que les herbes commencent à poindre; le poil commence à lui poindre au menton.
2. Ne dites pas pointer dans ce sens: j'ai vu poindre (et non pointer) le jour.
3. Prononcez poindre et non poandre ni poin-te, poindère.
Point (à).—Cette locution est française et signifie, à propos; il était ruiné, il a recueilli une grande succession, cela lui est venu bien à point;—vous arrivez à point, bien à point;—tout vient à point à qui peut attendre.
Point, Pas.—Ne dites pas: il y a six mois que je ne l'ai pas vu; dites, il y a six mois que je ne l'ai vu.
2. Ne dites pas: ont-ils pas fait telle chose; viendra-t-il pas aujourd'hui? dites, n'ont-ils pas fait telle chose; ne viendra-t-il pas aujourd'hui?—Voyez pas.
3. Peu ou point, ni peu ni point:—Ces locutions sont françaises: la première signifie presque point et la seconde, point du tout:—il a peu ou point de santé; il n'a d'esprit ni peu ni point.
4. Prononcez point (en faisant sentir l'in comme dans pin) et non poant.
Pointilleux, euse, celui qui aime à pointiller, à contester: vous êtes bien pointilleux;—ne dites pas pointilleur.
Poireau et Porreau, s. m.—Ces deux mots sont reçus, mais porreau paraît moins usité (Acad.):—cependant comme porreau est plus en usage en Belgique que poireau, nous pensons qu'il faut lui donner la préférence, au moins dans la conversation: c'est une plante potagère du genre des oignons: une soupe aux porreaux.
2. Poireau signifie aussi une excroissance qui vient sur la peau, particulièrement aux mains: il a les mains pleines de poireaux;—il se dit dans le même sens, en parlant des chevaux et des chiens: un cheval qui a des poireaux aux jambes; un petit chien qui a des poireaux aux joues.—On dit aussi verrue dans ce sens.—Poireau: prononcez poareau.
Pois goulus, pois que l'on mange avec la cosse; ne dites pas pois gourmands.
Poivrier, Poivrière.—Le poivrier est un arbrisseau qui produit le poivre; il se dit aussi, d'un vase, d'une boîte où l'on conserve le poivre;—la poivrière est un ustensile de table de la forme d'une salière dans lequel on met le poivre;—il se dit aussi d'un petit vase en forme de poire dont l'extrémité est percée d'un petit trou et que l'on secoue pour saupoudrer de poivre divers aliments.
Polder, s. m., au pl., polders, vastes plaines de la Belgique qui sont protégées par les digues: prononcez pol-dre.
Polichinelle, s. m., sorte de marionnette; ne dites pas porichinelle ni pourichinelle.
Polir, v. a.—Ne dites pas polir, dans le sens de repasser du linge: voilà des chemises bien repassées, et non bien polies;—il faut dire également repasseuse et non polisseuse.
Pollen, s. m. poussière fécondante des fleurs: prononcez pol'lène, en faisant sentir les deux ll et l'n.
Pommeau: voyez cliche et bouton.
Ponctuer, ponctuation, ponctuel, ponctualité etc.:—prononcez le c comme un k.
Pontonnier, s. m., celui qui reçoit le droit exigé pour le passage d'une rivière, soit sur un pont, soit dans un bac.—Prononcez ponto-nier et non ponto-gnier.
Poques et Poquettes: ces mots ne sont pas français;—il faut dire petite vérole: mon frère a eu la petite vérole et non, les poques, les poquettes.
Porc, s. m., cochon:—le c ne se fait pas sentir devant une consonne: du porc frais (por).
Porc-épic, s. m., quadrupède dont le corps est hérissé de piquants; au pluriel, porcs-épic:—prononcez porképik au pluriel comme au singulier.
Portant, te, ne s'emploie qu'avec les adverbes bien et mal: mon frère est bien portant, ma sœur est mal portante (se porte bien, se porte mal).
2. L'un portant l'autre, pour l'un parmi l'autre: voyez parmi.
Porte d'une agraffe (la), est une espèce de petit anneau où l'on fait entrer le crochet d'une agraffe et qui sert à la retenir.—Ne dites pas œillet.
Porteballe, s. m., s'écrit sans trait d'union et en un seul mot.—Il se dit d'un marchand ambulant qui porte sur son dos une balle de marchandises; au pluriel des porteballes:—ne dites pas porte-panier.
Porte-cigare, s. m., espèce de chalumet au bout duquel on adapte un cigare;—étui pour renfermer plusieurs cigares;—au pluriel, des porte-cigare dans la première acception, et porte-cigares au singulier et au pluriel, dans la seconde;—dans ce cas, nous préférerions le mot étui à cigares; on éviterait ainsi l'équivoque.
Portefaix, Portefeuille, Portemanteau, s'écrivent sans trait d'union et en un seul mot.
Porter, s. m., espèce de bière anglaise: prononcez portère.
Porteur de lettres, ne se dit pas; dites facteur.
Portion, Potion.—Portion signifie part, partie: les héritiers ont partagé tout le bien du défunt en quatre portions; garçon, servez-moi une portion de fraises.—Potion ne désigne qu'un remède liquide: une potion calmante et non une portion calmante.—Prononcez porcion, pôcion (ô long).
Possible, adj.—Il est possible que, est-il possible que, veut le subjonctif: il est possible que je gagne (et non que je gagnerai) le gros lot; est-il possible que vous vous laissiez (et non que vous vous laisserez) toujours entraîner par vos camarades.
2. Possible est invariable, comme attribut d'une proposition elliptique, lorsqu'il est précédé des mots plus, moins, le plus, le moins: ils ne songent qu'à payer le moins d'impôts possible, c'est-à-dire, qu'il lui est possible.
3. Ne dites pas: cela peut être possible; c'est un pléonasme vicieux; dites simplement: cela est possible.
4. Prononcez possi-ble et non possipe, possibèle.
Poste, s. f.: prononcez pos-te et non posse.
2. Ne dites pas d'un domestique qu'il est dans un bon poste; dites qu'il est dans une bonne condition.
3. Papier de poste n'est pas admis par l'Académie, qui dit papier à lettres.
Post-scriptum, s. m., ce qui est ajouté à une lettre, ordinairement après la signature: on l'indique par ces deux lettres: P. S.—Au pluriel des post-scriptum. (Acad.) Prononcez poss'-scriptome.
Posture, s. f., signifie la position du corps, mais il n'est pas synonyme de statue: il y a des statues dans son jardin (et non des postures).
Pot, s. m., vase de terre ou de métal: prononcez pô (ô long); l'o devient bref dans pot-à-l'eau, pot-au-lait, pot-au-feu.
2. Ce mot, suivi de la préposition à, marque la destination du pot; et lorsqu'il est suivi de la préposition de, il indique l'usage actuel du vase: pot-à-l'eau, pot-au-lait, pot à fleurs, etc., vases propres à mettre de l'eau, du lait, des fleurs;—pot d'eau, pot de lait, pot de fleurs, vase qui contient maintenant de l'eau, du lait, des fleurs.
3. Ne dites pas: mettez au pot ou à la potte, pour, mettez au jeu, faites l'enjeu.
4. Ne dites pas, il est bête comme un pot; en effet, un pot ne peut être ni bête ni intelligent; dites, il est bête comme une oie;—cependant on peut dire d'une personne de peu d'intelligence, qu'elle est bouchée comme un pot.
5. On dit également bien, il est sourd comme un pot (et non comme une porte).
Potable, adj., qui peut se boire, qu'on peut boire sans répugnance: eau potable, ce vin est déjà potable;—prononcez 379 potable, et non potape ni potabèle.—Voyez buvable.
Potassium, s. m., nouveau métal: prononcez potaciome.
Pot-au-feu, s. m., s'écrit avec des traits d'union;—au pluriel, des pot-au-feu. (Acad.)—Ce mot signifie la quantité de viande destinée à être mise dans le pot: mettre un pot-au-feu, trois pot-au-feu; un pot-au-feu de trois livres de viande, de trois livres.—Pot-au-feu ne se dit pas du bouilli.
Pot-de-vin, s. m., sorte de présent qui se fait en sus du prix convenu pour un marché; au pluriel des pots-de-vin: on lui donne mille francs pour le pot-de-vin.—Voyez dringuelle.
Pot pourri, s. m., s'écrit sans trait d'union.
Poteau (d'eau), petit amas d'eau formé par la pluie, etc., dans les parties creuses des chemins;—ce mot n'est pas français; rendez-le par flaque ou mare (la flaque est plus petite que la mare): il y a des flaques d'eau dans ce chemin; dans ce village on abreuve les bestiaux à une mare, à la mare.
Potée, s. f., ce qui est contenu dans un pot, ce que peut contenir un pot: une potée d'eau, une potée de bouillon, une potée de lait.
2. Une potée d'enfants, c'est un grand nombre d'enfants;—éveillé comme une potée de souris, se dit d'un enfant fort vif, fort remuant et fort gai. (Acad.)—Plusieurs lexicographes disent éveillé comme une portée de souris.
3. On ne dit pas, une potée de fleurs ou simplement une potée; le mot français est pot de fleurs.
4. Potée ne se dit pas non plus en français pour quart de pinte.
Potiquet, n'est pas français; dites petit pot.
Potiron, s. m., espèce de citrouille ronde: manger du potiron;—ne dites pas poturon.
Potte, n'est pas français; il faut dire fossette pour désigner un petit creux que les enfants font en terre pour y jeter et y faire entrer des noix, des billes, des noyaux, etc.: jouer à la fossette.
Pouce, s. m., le plus gros et le plus court des doigts de la main.
2. On peut dire, manger un morceau sur le pouce, c'est-à-dire, à la hâte;—l'Académie donne cet exemple: manger, déjeuner sur le pouce, (à la hâte, sans prendre le temps de s'asseoir).—c'est donc à tort que certains grammairiens condamnent la première locution.
3. Ne dites pas le pouce du pied: dites le gros orteil ou simplement l'orteil.
Pouding, s. m., sorte de mets anglais composé de différents ingrédients: prononcez poudingue.
Poudre, s. f., se dit de divers médicaments, simples ou composés, qui sont sous la forme de poudre; ce mot est féminin: poudre purgative; une poudre d'une grande vertu.
Poulain, s. m., jeune cheval: le féminin correspondant est pouliche;—on disait autrefois poulaine ou pouline.
Poule, s. f.; ne dites pas pouille.
Pouls, s. m., battement des artères: prononcez pou et non poule ni pouce.
Poumonie, s. f., maladie de poumons; poumonique, qui en est atteint;—ces mots ne sont pas français: dites pulmonie, pulmonique.
Poupard, s. m., enfant au maillot, gros enfant: ne dites pas papard.—On dit aussi poupon, pouponne.
Poupée, s. f., jouet de petites filles; ne dites pas poupe, pope.
Pour, prép.—Ne dites pas: qui est-ce, qu'est-ce pour un homme, pour une musique, pour un arbre, 381 pour une fleur? dites simplement qui est-ce ou quel est cet homme, quelle est cette musique, quel est cet arbre, quelle est cette fleur?
2. Ne dites pas: pour à l'égard de votre frère; dites, pour votre frère ou à l'égard de votre frère.
3. Ne dites pas: le vin est fait pour boire; dites, pour être bu.—Avec pour, évitez les verbes actifs pris dans un sens passif.
4. Ne dites pas: pour quant à moi; dites, pour moi ou quant à moi.
5. Ne dites pas: s'il est puni, c'est pour lui, car il l'a bien mérité; dites, s'il est puni, tant pis pour lui...
6. Ne dites pas: c'est un long travail, j'en ai pour moi trois mois; dites, j'en ai pour trois mois.
7. Ne dites pas: tout est trop cher, ce n'est plus pour vivre; dites, il n'y a plus moyen de vivre. (Fland.)
8. Ne dites pas, le dites-vous pour de bon; dites, tout de bon.
9. Ne dites pas, il dort pour quatre; dites, il dort comme quatre. (Fland.)
10. Ne dites pas, je n'oserais le faire, c'est bon vous ou pour vous; dites, c'est bon à vous.
Pourboire, s. m.: voyez dringuelle.
Pourpre, s. m., couleur rouge foncée: prononcez pour-pre et non pourpe ni pourpère.
2. Pourpre, maladie dangereuse, est masculin: il a la maladie du pourpre.
Pourquoi.—Ne dites pas: Dieu est juste, c'est pourquoi que nous devons l'aimer; dites, c'est pourquoi nous devons l'aimer. (Wall.)
2. Ne dites pas: pourquoi est-ce que vous faites cela; pourquoi est-ce que c'est que vous faites cela?—dites, pourquoi faites-vous cela?
Poursuivre, v. a., fait au part. passé poursuivi et non poursui: il m'a poursuivi pendant une heure;—la même observation s'applique au verbe suivre.
Pourvu que, loc. conj.: voyez parmi que.
Pousser, v. a. et n.—On dit très-bien, les arbres commencent à pousser; ces fleurs poussent déjà, pour signifier un accroissement qui se produit dans les arbres et dans les plantes.—On dit également, les arbres commencent à pousser des boutons, des feuilles;—mais pousser, dans ce dernier sens, ne s'emploie pas comme verbe neutre;—il faut dire, les arbres poussent des boutons, des feuilles, etc., ou bien, les arbres verdissent.
Poussière, s. f.—Ne dites pas, j'ai une poussière dans l'œil; dites, j'ai un grain de poussière ou j'ai de la poussière dans l'œil.
2. Poudreux, couvert de poussière, dans le langage ordinaire, est infiniment préférable à poussiéreux:—pousseux n'est pas français.
Poussin, Poulet.—Poussin, petit poulet nouvellement éclos: une poule qui appelle, qui rassemble ses poussins.—Poulet se dit du petit d'une poule, plus âgé et plus fort que le poussin: manger du poulet; élever, engraisser des poulets.
Poutre, s., grosse pièce de bois équarri qui soutient les solives d'un plancher; ce mot est féminin: la poutre est cassée.—Prononcez pou-tre et non poute ni poutère.
Poutrelle, s. f., petite poutre: dans ce bâtiment il ne faut que des poutrelles.
Pouvoir, v. n.—Il ne peut mal de tomber, de négliger ses devoirs (Wall.): voyez mal.
2. Ne dites pas: le verre est cassé, je n'en peux rien; dites je n'y puis rien, ce n'est pas ma faute;—on dit encore: on l'accuse fort injustement de telle chose, il n'en peut mais.
3. Ne dites pas, cet homme peut contre la boisson (Flandr.); dites, cet homme sait supporter la boisson. (Flandr.)
4. Ne dites pas: cette dépense n'est pas trop forte pour lui, il peut là contre; dites, il peut la faire sans se gêner. (Fland.)
5. Pouvoir, savoir.—On ne saurait, on ne peut.—On ne saurait paraît plus propre à marquer l'impuissance morale où l'on est de faire une chose;—on ne peut, semble marquer plus précisément et avec plus d'énergie l'impossibilité de la chose en elle même. Ce qu'on ne saurait faire est trop difficile; ce qu'on ne peut faire est impossible: on ne saurait bien servir deux maîtres; on ne peut pas obéir en même temps à deux ordres opposés.
Précepteur, s. m.: voyez Percepteur.
Prêcher, v. a.—Ne dites pas, prêcher par exemple; dites, prêcher d'exemple.
Prédire, v. a., se conjugue comme médire:—indic. prés., vous prédisez; impér., prédisez.
2. Ne dites pas: tableau appartenant à M. X. prédit; dites, à M. X. cité plus haut, déjà nommé;—susdit, susdite se dit aussi, surtout dans le style de pratique.
Préférer, v. a.—On dit préférer faire et préférer de faire.
2. Lorsqu'il est suivi de deux infinitifs mis en opposition, il faut dire préférer de... plutôt que de....:—il préféra de mourir plutôt que de se rendre lâchement.
Prélire, v. a., t. d'imprim.: ne dites pas, la vente se fera aux conditions à prélire; dites, aux conditions indiquées plus haut, ci-dessus mentionnées.
Premier, ière, adj. num. ord.—Prononcez premier (e muet) et non prémier, prèmier, promier: prononcez de même premièrement.
Premièrement, adv.—N'employez pas premièrement pour tout à l'heure, il n'y a pas longtemps: dites donc: il est arrivé tout à l'heure et non il arrive premièrement;—je venais de dîner quand vous êtes entré, et non, je dînais premièrement quand vous êtes entré;—il 384 vient de partir et non il part premièrement;—Caïn a rougi le premier ou est le premier qui ait rougi la terre du sang humain, et non Caïn a premièrement rougi la terre. (Fland.)
2. Ne dites pas: dînons premièrement, nous verrons ensuite; dites, dînons d'abord...
Prendre, v. a.—Prendre sa main, prendre son pied, sont des expressions ridicules et qui n'ont pas de sens;—au lieu de dire, je prends ma main et je lui donne un soufflet; dites simplement, je lui donne un soufflet.
2. Ne dites pas, ne prenez pas mauvais que je vous contredise; dites, ne trouvez pas mauvais... (Fland.)
3. Ne dites pas, prenez attention à ce que vous faites; dites, faites attention...—Voyez attention. (Fland.)
4. Ne dites pas, prendre confiance en quelque chose; dites, mettre sa confiance en quelque chose.
5. Ne dites pas, l'idée lui a pris de sortir; dites, l'idée lui est venue de sortir.
6. Ne dites pas, prendre bon, pour trouver bon ou prendre en bonne part. (Fland.)
7. Ne dites pas au cond.: nous prenderions, vous prenderiez; dites, nous prendrions, vous prendriez.
Preneur, Bailleur, en style de notaire, font au féminin preneuse et bailleresse; dites bailleresse de fonds et non bailleuse de fonds.
Prenker ou Prinquère, est un mot du flamand vulgaire; rendez-le par hanneton (h aspirée).
Près de et Prêt à—Près de, loc. prép., signifie sur le point de: les beaux jours sont près de finir.—Prêt à est un adjectif qui veut dire disposé à, et qui s'accorde avec le mot qu'il modifie: l'ignorant est toujours prêt à s'admirer.—Ainsi près de la mort et prêt à la mort, ne présentent pas le même sens:—le premier signifie voisin de la mort et le second préparé à mourir.
2. Près de, auprès de, au prix de: voyez prix.
Presbyte, adj. et s.: voyez myope.
Prescience, s. f., connaissance de l'avenir: prononcez press'ciance et non pré-ciance.
Préséance, s. f., droit de prendre place avant quelqu'un dans une solennité:—prononcez l's dure, précéance.
Président à la cour, et Président de la cour.—Un président à la cour est un président d'une chambre de la cour; le premier président d'une cour d'appel ou de cassation a seul le droit au titre de président de la cour.
Présider, occuper la première place dans une assemblée, s'emploie avec ou sans la préposition à: présider une compagnie, présider l'assemblée, ou présider à une compagnie, présider à l'assemblée.—On dit de même présider un concours et présider à un concours. (Acad.)
Presque, adv.:—L'e ne s'élide que dans presqu'île: un ouvrage presque achevé (et non presqu'achevé),—cependant l'e devant une voyelle s'élide dans la prononciation.
Pressez-vous vite, hâtez-vous vite, dépêchez-vous vite, sont des pléonasmes vicieux; dites simplement, pressez-vous, hâtez-vous, dépêchez-vous.
Présupposer, présupposition: l's est dure dans ces mots.
Prêt à: voyez près de.
Pretantaine, s. f.—Courir la pretantaine, courir çà et là sans sujet:—ne dites pas prétentaine ni pertaintaine.
Prétendûment, adv.—Ce mot est hors d'usage; il faut le remplacer par le participe prétendu, due ou soi-disant: on a vérifié la pièce prétendue fausse et non prétendûment fausse; un tel, soi-disant docteur.
Prétendre.—Prétendre la première place, c'est l'exiger comme un droit; et prétendre à la première place, c'est y aspirer, c'est travailler à l'obtenir.
Prêter, Emprunter.—Il ne faut pas confondre ces deux mots:—prêter, c'est donner quelque chose à quelqu'un, lequel s'engage à vous le rendre: j'ai prêté de l'argent à mon frère pour le mettre à même de payer ses dettes;—emprunter, au contraire, c'est recevoir quelque chose de quelqu'un en s'engageant à le lui rendre: j'ai emprunté de l'argent à mon frère pour payer mes dettes;—en un mot, celui qui prête, donne et celui qui emprunte, reçoit.—Il en est de même des substantifs prêt et emprunt.—Plusieurs wallons emploient abusivement prêter pour emprunter.
Prétexte, s. m., raison apparente dont on se sert pour cacher le vrai motif: prononcez préteks-te (en faisant sentir l'x et le t final) et non prétekse ni prétèke.
Prêtre, s. m.;—le féminin correspondant prêtresse n'est usité qu'en parlant du culte des faux dieux:—prononcez prê-tre et non prê-te ni prê-tère.
Preuve, s. f., ce qui établit la vérité: prononcez preu-ve (eu bref) et non preu-fe ni preû-ve.
Prévenir, v. a., instruire, avertir quelqu'un d'une chose par avance;—on peut dire, prévenir quelqu'un d'une chose ou bien prévenir quelqu'une qu'une chose est, a été ou sera: il m'a fait prévenir de son arrivée; je vous préviens que vous aurez demain une visite qui vous surprendra. (Acad.) Voyez informer.
2. Prévenir d'avance, est un pléonasme vicieux: il m'a fait prévenir de son arrivée et non il m'a fait prévenir d'avance.
Prévisant, mot wallon, qui regarde de trop près à quelque chose; qui est trop exact, trop ménager;—traduisez-le par regardant: il ne faut pas être si regardant, trop regardant; vous êtes trop regardant.
Prévoir, v. a., se conjugue comme voir, excepté au futur et au conditionnel, où il fait, je prévoirai, tu prévoiras, etc., je prévoirais, tu prévoirais, etc.
2. Prévoir d'avance, est un pléonasme vicieux, car prévoir signifie par lui-même, voir d'avance.
Prévôt, prévôtal, prévôtalement: l'o est bref dans ces trois mots.
Prie-Dieu, s. m., sorte de pupitre devant lequel on s'agenouille pour faire ses prières; au pluriel des prie-Dieu.—Ne dites pas prié-Dieu et prononcez prî-Dieu (î long) et non pri-ïe-Dieu.
Prier, v. n.: prononcez pri-er et non pri-ier.
2. Ne dites pas: je vous prie le bon jour, le bon soir; dites, je vous souhaite le bon jour, le bon soir.
3. On dit, prier quelqu'un d'une chose ou de faire quelque chose. (Acad.)
Prière, s. f.—On dit un livre de prières et non un livre à prières. (Acad.)—Voyez livre.
Prieur, s. m., dignité ecclésiastique; l'i est long ainsi que dans prieure, prieuré.
Primatie, s. f., dignité du primat: prononcez primacie;—primatial, prononcez primacial.
Primeur, s. f., se dit au singulier de la première saison des fruits et des légumes: les fraises, les pois sont chers dans la primeur, dans leur primeur.—Il se dit aussi en parlant du vin: certains vins sont bons dans la primeur, c'est-à-dire, sont bons à boire aussitôt après la vendange.—Primeurs, au pluriel, se dit des fruits et des légumes précoces: on a servi des primeurs.
Priser, v. n., prendre du tabac,—priseur, qui prend du tabac, sont des mots français.
Prix, s. m.—Ne dites pas: ce marchand vend à des prix civils; dites, à des prix modiques ou à juste prix.
2. Au prix de, auprès de, près de.—Auprès de et au prix de s'emploient pour marquer la différence qu'il y 388 a entre deux objets comparés: la terre n'est qu'un point auprès du reste de l'univers; qu'est-ce que cette vie au prix de l'éternité!—Au prix de doit être préféré, quand il s'agit de la valeur de deux objets: qu'est-ce que la science au prix de la vertu? ce service n'est rien au prix de celui qu'il m'avait rendu. (Acad.)—Près de ne s'emploie plus pour auprès de, au prix de: le vers suivant a donc cessé d'être correct: pour vous régler sur eux, que sont-ils près de vous? (Rac.)—Aujourd'hui on dirait: que sont-ils auprès ou au prix de vous.
Prochain, aine, adj.—Ne dites pas: j'irai vous voir lundi qui vient, la semaine qui vient, etc.; dites, lundi prochain, la semaine prochaine. (Wall.)
2. Prochain, s. m., chaque homme en particulier et tous les hommes en général: il faut aimer son prochain comme soi-même.—Il ne s'emploie pas au pluriel.
Proche, voisin, est adjectif, adverbe et substantif: les maisons proches de la rivière sont sujettes aux inondations; les maisons qui sont proche (près) de la rivière; je demeure ici proche (près).
2. Proche, précédé du verbe être est adjectif ou préposition: ces maisons sont proches ou proche de la ville; mais précédé d'un autre verbe, il est toujours préposition: les maisons que l'on construit proche de la ville.
3. Proches, au pluriel, est substantif et signifie les parents: c'est un de mes proches;—voyez parent.
4. Proche, contigu.—Deux objets sont contigus, lorsqu'ils se touchent immédiatement, lorsqu'il y a entre eux un contact véritable: ces deux maisons sont contiguës, c'est-à-dire qu'elles se touchent et ne sont séparées par quoi que ce soit.—Au contraire, ces deux maisons peuvent être proches l'une de l'autre, quoique étant séparées par une ou plusieurs maisons, jardin, place, etc.
Procurer, v. a.—Ne dites pas, il s'est procuré d'une chambre, d'un domestique; dites, il s'est procuré une chambre, un domestique. (Fland.)
Professeur, s. m., n'a pas de correspondant féminin; on dit maîtresse: maîtresse de musique, de dessin, d'anglais.
Profession: voyez métier.
Proficiat, n'est guère usité que dans cette locution: souhaiter à quelqu'un un bon proficiat, c'est-à-dire, lui souhaiter une bonne réussite;—il s'emploie quelquefois seul et signifie alors, je vous fais compliment, je vous félicite:—votre devoir est très-bien fait, proficiat!—Prononcez proficiate et non proféciate.
Profil, s. m., trait d'un objet vu de côté: prononcez profile (l non mouillée).
Profit, s. m., petit instrument de métal qui sert à brûler les chandelles jusqu'au bout; ce mot n'est pas français; il faut dire binet ou brûle-tout.
Profiter, est un verbe neutre; ne dites donc pas, je n'ai rien profité, mais, je n'ai profité de rien. (Fland.)
2. Ne dites pas, j'ai profité cent francs dans cette soirée; dites, j'ai gagné cent francs... (Fland.)
3. Ne dites pas, je profite beaucoup de lui; dites, avec lui ou dans sa fréquentation. (Fland.)
Profondis (de):—voyez de profundis.
Prolongation, Prolongement.—Prolongation signifie le temps qu'on ajoute à la durée fixe de quelque chose: prolongation de congé, de terme.—Prolongement veut dire l'extension, la continuation de quelque portion d'étendue, d'espace: prolongement d'un mur, d'un chemin. Voyez proroger.
Promener, v. n.—Ne dites pas: je vais promener, coucher, baigner, etc.; dites, je vais me promener, me coucher, me baigner.
2. Cependant on peut dire, en sous-entendant se, je l'ai envoyé promener. (Acad.)—Prononcez promener (e muet) et non promèner.
Promenoir, Promenade.—La promenade est l'action de se promener;—le promenoir est le lieu où l'on se promène.—Prononcez promenade, promenoir (e muet) et non promènade, promènoir.
Promettre, v. a.—Ne dites pas, je vous promets que j'y suis allé; dites, je vous assure ou je vous certifie que...—Voyez compter.
Prompt, prompte, promptement, promptitude:—on ne prononce pas le second p dans ces mots: pront, pronte, prontement, prontitude. (Acad.)
Prône, s. masculin, instruction pendant la messe paroissiale: faites l'ô long ainsi que dans prôner.
Prononciation.—Pour arriver à se former une bonne prononciation, il importe, entre autres choses, aux wallons comme aux flamands, de donner à chaque lettre son véritable son ou sa juste valeur. Nous nous contenterons ici de dire un mot des lettres douces et des lettres fortes: on pourra s'en faire une idée exacte par le tableau suivant.
Douces. | Fortes. |
b—bombe | p—pompe |
c—ronce | q, ke—rauque |
d—ronde | t—conte |
g—bague | q—barque |
g—fromage | ch—vache |
j—il a jeté (j'té) | ch—acheter (ache'ter) |
v—grive | f—griffe |
z—douze | c—pouce |
s—blouse | s (dure)—mousse |
L'important, avons-nous dit, est de conserver à chaque lettre sa valeur naturelle, et de ne pas faire des douces des fortes et réciproquement: que deviendra 391 le mot grive, par exemple, si vous prononcez griffe? il deviendra tout à fait méconnaissable. Or, les wallons et les flamands, en ceci, pèchent précisément par les défauts contraires: les wallons tendent à faire fortes toutes les douces, tandis que les flamands sont exposés à adoucir toutes les fortes: ainsi une grive chez un wallon deviendra une griffe; et chez un flamand une griffe deviendra une grive.—Dans la liaison des mots c'est une faute commune aux flamands d'adoucir les fortes: mon père est allé (est d'allé) à Verviers; donc il n'ira pas chez vous (donc gu'il n'ira pas) etc.
2. Prononciation d'un jugement:—Cette expression est vicieuse;—il faut dire prononcé: le prononcé du jugement aura lieu samedi prochain.
Pronostic, s. m., conjecture, jugement sur ce qui doit arriver: ce médecin fait ordinairement des pronostics fort justes:—On écrivait anciennement prognostic.—Prononcez prognostique.
Proportionné, proportionnément, proportionnel, proportionnellement.—Ces deux derniers sont des termes de mathématiques et ne se disent qu'en parlant des quantités, des grandeurs, des nombres: quantités proportionnelles; échelle proportionnelle; réduire proportionnellement un grand dessin à un petit;—la récompense fut proportionnée au service; il n'a pas été récompensé proportionnément (et non proportionnellement) à son mérite.—Ti se prononce comme ci dans ces mots et dans proportionné, proportion, proportionalité.
Propre, adj.—Il a un sens différent selon qu'il est placé devant ou après le substantif: mon propre habit indique l'habit qui m'appartient; il n'est pas question ici de propreté mais de propriété.—Mon habit propre, indique l'état de propreté de celui-ci.—Les propres termes d'une lettre sont les mêmes mots, sans y rien 392 changer, rapportés fidèlement;—des termes propres sont des termes qui expriment nettement la pensée, et conformément aux règles de la langue.
2. Lorsque propre signifie, bien net, bien lavé, bien nettoyé, etc., il se met après son substantif: apportez-moi une assiette propre; voici un verre propre, vous avez des mains propres.—Lorsqu'il signifie, qui appartient en propre, dont on est possesseur, il se place ordinairement devant le substantif: vous avez mes propres gants; il a été blessé par son propre cheval.
3. Ne dites pas, vous êtes si propre avec cette robe; dites, vous êtes si bien avec cette robe. (Wall.)
4. Ne dites pas, c'est du propre que vous avez fait là; dites, c'est une belle affaire, une jolie équipée, un beau tour, une belle besogne, selon le sens.
5. Ne dites pas, c'est du propre pour cela est mal, ni je suis propre pour signifier, que vous avez reçu un malencontre.—Prononcez pro-pre et non pro-pe ni pro-père.
Prorata (au), à proportion, à raison de: au prorata de sa fortune;—ne dites pas à prorata.
Proroger, Prolonger (prorogation, prolongation).—Proroger, v. a., c'est prolonger le temps qui avait été pris, qui avait été donné pour quelque chose: on a prorogé le délai qu'on lui avait accordé; dans cette acception, il a à peu près le même sens que prolonger.—Proroger, en terme de législation politique, signifie suspendre les séances des Chambres par un acte de l'autorité royale, et en remettre la continuation à un certain jour: le roi a prorogé les Chambres jusqu'au premier mars.
2. Prolonger, v. a., veut dire, faire durer plus longtemps, rendre de plus longue durée: prolonger la guerre, prolonger sa vie.—Voyez prolongation, prolongement.
Prose, s. f., discours non assujetti à la mesure, tout ce qui n'est pas vers: prononcez prô-ze (ô long) et non pro-ze ni prô-ce.
Prospectus, s. m., programme qui annonce d'avance le sujet, le prix, le format d'un livre ou le but, les conditions d'un établissement nouveau: prononcez pros'pektuce.
Proue, s. f., partie de l'avant du vaisseau, par opposition à la poupe: prononcez proû (oû long) et non prou-we.
Prouesse, s. f., action de valeur: prononcez prou-esse et non prou-wesse.
Prune, Pruneau.—Prune se dit du fruit frais du prunier;—pruneau se dit de la prune séchée au four: une compote aux pruneaux.
Prusse, prussien, Russie, russe:—l'u est bref dans ces mots; c'est donc une faute de prononcer Prû-ce, prû-cien, Rû-cie, rû-ce.
Psaume, (et non pseaume), psautier, psalmiste: prononcez le p et non saume, sautier, salmiste.
Pseudonyme, s. m., qui a un faux nom: ouvrage pseudonyme; le pseudonyme de cet ouvrage est M. Pierre.—Prononcez le p.
Psychologie, s. f., traité philosophique de l'âme; psychologique, psychologiste:—prononcez le p et le ch a le son de k.
Puer, s'emploie ordinairement sans régime: cette viande pue;—mais il s'emploie quelquefois avec un régime: cette chambre pue le musc, et non après le musc, comme on dit en flamand.—Prononcez pu-er, il pû, nous pu-ons, etc., et non pu-wer, il pu-we, nous pu-wons.
Puîné, puînée, adj., qui est né depuis un de ses frères ou une de ses sœurs: c'est mon frère puîné;—on l'emploie aussi substantivement comme synonyme de cadet: c'est mon puîné.—Cependant, dans la 394 conversation, l'on se sert plus ordinairement du nom de cadet. (Acad.)
Puis, adv., signifie ensuite.—Ne dites donc pas: il va dîner, puis ensuite il se rendra chez vous; c'est comme si vous disiez ensuite ensuite il se rendra chez vous.—Prononcez puis (ui diphth.) et non pou-is; prononcez de même puits, puisard, puissant, puissance, puîné, puisque, etc.
Puissant, adj.—Ce mot ne signifie ni gros ni gras; ainsi ne dites pas un homme puissant, une femme puissante pour désigner un homme gros ou gras, corpulent, etc.
Punch (et non épunch), s. m., sorte de liqueur: prononcez ponche et non punche.
Purésie: voyez pleurésie.
Purgatoire, s. m.: ne dites pas purcatoire.
Purge, s. f., est peu usité; employez de préférence purgatif, purgation, médecine: prendre un purgatif, une purgation, une médecine.
Pusillanime, adj., lâche; pusillanimité, s. f., manque de courage:—on prononce les deux ll sans les mouiller et l's a le son de z.
Q.—On prononce ku suivant l'appellation ancienne et usuelle, et ke, suivant l'appellation moderne.—Q ne s'écrit jamais sans être suivi d'un u, si ce n'est dans quelques mots où il est final, coq, cinq. Les deux lettres qu se prononcent comme s'il n'y avait qu'un simple k, excepté dans les mots que nous indiquerons ci-après.
Qua, se prononce comme coua dans les mots suivants: quadragénaire, quadragésimal, quadragésime, quadrangulaire, quadratrice, quadrifide, quadriflore, 395 quadrilobé, quadrivalve, quadrige, quadrilatère, quadrinome, quadrumane, quadrupède, quadruple, quadrupler, quaker ou quacre, quanquam (m finale), quartidi, quartile, in-quarto, quaternaire, quatuor, quartz, quartzeux.
2. Qua, se prononce comme ka dans les mots suivants: quadran (ou cadran), quadrat, quadratin, quadrature, quadre (ou cadre), quadrille, quai, qualité, quanquan (ou cancan), quand, quant, quantité, quart, quarteron, quasi, quaterne, quatrain, quatre, quatre-vingt, quatrième, quarante.
Quadran, s. m., horloge solaire: prononcez cadran; on écrit plus souvent cadran.
Quadrature, s. f., en terme de géométrie et d'astronomie, prononcez coua;—en terme d'horlogerie, prononcez ka. (Acad.)
Quadre, s. m., bordure de bois, etc., autour d'un tableau: prononcez, cadre et non cate ni cadère.—On écrit plus communément cadre.
Quadrille, s., jeu, danse à quatre; ce mot est ordinairement masculin, dit l'Académie, danser un quadrille: prononcez kadrille, en mouillant les ll.—Il est féminin, lorsqu'il signifie une troupe de chevaliers du même parti dans un carrousel: la première quadrille était magnifiquement vêtue.
Quaker ou Quacre, s. m., secte religieuse en Angleterre et aux États-Unis;—on prononce coa-cre;—le féminin est quakeresse.
Quand, Quant.—Quand, adv., signifie lorsque, dans le temps que, dans quel temps: quand Dieu créa le monde en six jours; j'irai vous trouver, mais je ne puis vous dire quand.—Il est aussi conjonction, et alors il signifie, encore que, quoique, alors même que: quand je le voudrais, je ne le pourrais pas; en ce sens, il veut le verbe suivant au conditionnel.—Devant une voyelle le d de quand se prononce comme t: quand il 396 voudra.—Prononcez can et non kan-te devant une consonne: quand même.
2. Quant, adv., est toujours suivi de la préposition à, et signifie à l'égard de, pour ce qui est de: quant à lui, il fera ce qu'il voudra; quant à ce qui est de moi;—quant à, suivi de moi ou de soi, se prend aussi substantivement: tenir son quant-à-moi, son quant-à-soi; se tenir sur son quant-à-moi, sur son quant-à-soi, prendre un air réservé et fier, ne répondre qu'avec circonspection.—On dit également se mettre sur son quant-à-moi, sur son quant-à-soi, faire le suffisant, le hautain.
3. Ne dites pas, quant au reste pour au reste. (Wall.)
4. Ne dites pas, j'y serai quand vous; dites, en même temps que vous, aussitôt que vous.
5. Ne dites pas, quand je suis guéri, j'irai vous voir; dites, quand je serai guéri... (Fland.)
6. Quant, ne doit pas s'employer pour quantième: quel quantième (et non le quant ni le combien, ni le quantième) du mois avons-nous? il a reçu des nouvelles toutes fraîches, mais je ne sais pas de quel quantième elles sont; de quel quantième (et non du quant ni du combien, ni du quantième) vous a-t-il écrit? montre à quantièmes.—Voyez combien.
Quanquam, s. m. (on prononce couan'couame), harangue latine que prononçait un écolier à l'ouverture de certaines thèses de philosophie ou de théologie.
Quanquan, s. m., terme corrompu du latin quanquam:—on prononce et l'on écrit ordinairement cancan; il se dit populairement, surtout au pluriel, des bavardages dans lesquels il entre de la médisance: ces bruits ne sont que des cancans;—il signifie aussi faire beaucoup de bruit d'une chose qui n'en vaut pas la peine: faire des cancans, de grands cancans.
Quantes, adj. f. pl., n'est usité que dans ces locutions familières: toutes et quantes fois que ou toutes fois et quantes que:—je vous prêterai des livres toutes et quantes fois que vous voudrez; je vous accompagnerai chez lui toutes fois et quantes qu'il vous plaira:—il a vieilli. (Acad.)
Quantième: ne dites pas quantrième;—voyez quant et combien.
Quarré, quarrément, se quarrer, quarrure:—on écrit ordinairement carré, carrément, se carrer, carrure.
Quart.—Ne dites pas: il est le quart avant quatre heures, il est le quart pour quatre heures; dites, il est trois heures trois quarts ou il est quatre heures moins un quart. (Acad.)
2. Ne dites pas non plus: il est le quart après deux heures; dites, il est deux heures et un quart ou il est deux heures un quart (mais non deux heures et quart). (Acad.)
Quarteron, s. m., quatre onces, quart d'un cent, prononcez mais n'écrivez pas cartron.
Quartier, s. m.—Rien de plus commun que de voir affiché: quartier à louer; il faut dire appartement à louer; chambre ou chambres à louer, car une maison ne se divise pas en quartiers, mais en appartements.
2. On dit très-bien les quartiers d'une ville.
3. Quartier se dit aussi de ce qui se paie de trois mois en trois mois pour les loyers, pensions, rentes, gages, etc.: il doit deux quartiers de son loyer; le prix de la pension se paie par quartiers (trimestres).
4. Ne dites pas: les soldats sont rentrés au quartier; dites, ... à la caserne.
Quarto (in), un ouvrage in-quarto, prononcez ain-couarto.—Voyez in-douze.
Quasiment.—Ce mot n'est plus en usage; dites, presque, quasi:—il est presque minuit; il n'arrive quasi jamais à temps.
Quasimodo, s. f., le dimanche après Pâques; on prononce kasimodo et couasimodo.
Quatre, adj. num.—Entre quatre yeux, en tête à tête: je lui dirai cela entre quatre yeux. Selon l'Académie, on prononce, ordinairement, par euphonie, entre quatre-z-yeux;—quoi qu'il en soit, la prononciation entre quatre yeux nous paraît préférable.—Voyez œil.
2. Se mettre en quatre, c'est s'employer de tout son pouvoir pour rendre service: c'est un homme qui se met en quatre pour ses amis. (Acad.)
3. Comme quatre, veut dire beaucoup, excessivement: il crie, il fait du bruit comme quatre; il mange, il boit comme quatre; un œuf gros comme quatre; il a de l'esprit comme quatre. (Acad.)—Prononcez qua-tre et non quate ni qua-tere.
Quatre-vingts.—On écrit quatre-vingts hommes, et quatre-vingt-un, quatre-vingt-deux, etc., hommes;—Voyez cent.
Quatrième, adj. num.: on prononce katrième (î long) et non katri-aim-me.
Que, se prononce comme ke dans que, quenouille, querelle, quereller, quel, quelque, quelqu'un, quérir, question, queue.—Il se prononce comme cue (et non coue) dans quérimonie, questeur, questure.
2. Ne dites pas: j'ai plus que trente ans; dites, j'ai plus de trente ans.
3. Ne dites pas, vous avez mis l'habit que vous êtes si bien avec; dites, avec lequel vous êtes si bien.
4. Ne dites pas: c'est la fenêtre qu'il y a des carreaux cassés; dites, où il y a..., dans laquelle il y a...
5. Ne dites pas: de la manière qu'il agit, de la manière qu'il parle; donnez-lui ce qu'il a besoin;—que, pronom relatif est toujours régime direct, et ne peut par conséquent s'employer qu'avec des verbes actifs; dites donc: de la manière dont il agit, de la manière dont il parle; donnez-lui ce dont il a besoin.
6. Ne dites pas: je vais vous dire qu'est-ce que c'est; dites, ce que c'est.
7. Ne dites pas, qu'est-ce qui vous a parlé; dites, qui est-ce qui vous a parlé?
8. Ne dites pas, qu'est-ce qui vous appelle, mais qui est-ce qui vous appelle.
9. Ne dites pas: que veut-on dire, la chose est ainsi; dites, qu'y faire la chose est ainsi. (Fland.)
10. Ne dites pas: que vous n'ayez pas été trompé, est étrange: dites, que..., cela est étrange.
11. Ne dites pas: la plume que vous écrivez, que vous écrivez si bien avec; dites, la plume avec laquelle vous écrivez...: on n'écrit pas une plume, mais, avec une plume. (Wall.)
12. Ne dites pas: quel beau temps qu'il fait; quel beau discours qu'il a prononcé; dites, quel beau temps il fait, quel beau discours il a prononcé. (Wall.)
13. Ne dites pas: il fait tant de sottises; il arrange si mal ses affaires que ce n'est pas pour dire; dites, qu'on ne saurait l'exprimer, qu'on ne peut s'en faire une idée, ou bien prenez une autre tournure, mais, ce n'est pas pour dire, n'est pas supportable.
Quelque, Quelqu'un, Quelquefois:—prononcez toujours l'l et non quéque, quéqu'un, quéquefois; prononcez également quèlque, quèlqu'un, quèlquefois et non quélque, quélqu'un, quélquefois.
2. Ne dites pas: Oh! Monsieur, c'était quelque chose; dites, c'était beau, rare, magnifique. (Fland.)
Quelqu'un (un).—Ce pléonasme, admis autrefois, ne l'est plus du tout aujourd'hui; il faut dire simplement quelqu'un:—quelqu'un (et non un quelqu'un) me l'a dit.
2. Quelqu'un, une, substantif., signifiant un, une entre plusieurs: nous attendons des hommes, il en viendra quelqu'un (un); plusieurs femmes m'ont promis de venir, nous en aurons quelqu'une (une).—Quelqu'un 400 pris absolument s'emploie pour deux genres, et signifie une personne: quelqu'un m'a dit; j'attends ici quelqu'un.—C'est pourquoi quelqu'une m'a dit, j'attends ici quelqu'une, ne sont point des locutions françaises.—Au pluriel, on dit absolument; quelques-uns assurent le contraire; mais on ne dirait pas, en employant quelques-uns comme régime du verbe: je connais quelques-uns; il faut dire avec le pronom en, j'en connais quelques-uns; et dans le cas, quelques-uns n'est point pris absolument, il se rapporte avec un substantif énoncé auparavant et dont le pronom en rappelle l'idée.
Quelque chose, est masculin lorsqu'il signifie une chose: j'ai appris quelque chose de bon; il est féminin lorsqu'il signifie, quelle soit la chose ou quelle que fût la chose: quelque chose qu'il m'ait dite, je n'ai pas confiance en lui.—Voyez chose.
Quelquefois, ne peut pas s'employer pour peut-être ou par hasard: Jean n'est pas encore de retour. Il est peut-être (et non quelquefois) malade; si par hasard le maître vous voyait, vous seriez puni, et non, si quelquefois le maître.
Quenouille, s. f., canne pour filer: prononcez kenouille (e muet et ll mouillées) et non quènouille ni quenoule.
Querelle, Quereller:—prononcez kerèle, kerèler, krèle, krèler, et non kèrelle, kèrèller ni kérelle, et encore moins karèle, karler.
Questeur, Questure:—prononcez cuesteur, cuesture et non kesteur, kesture ni couesteur, couesture.
Question, s. f., demande, proposition, torture:—prononcez kess'thion et non kécion; prononcez de même questionner.
Qu'est-ce qui, se dit des choses et qui est-ce qui, des personnes: ne dites donc pas, qu'est-ce qui m'a appelé, mais qui est-ce qui m'a appelé.
Queue, s. f.: prononcez keû (eû long) et non keu-we.
2. On dit la queue d'une poêle, d'une casserole; le 401 manche d'un balai, d'une pelle; les manches ou mancherons d'une charrue; des tiges, des fanes, et non des queues de pommes de terre, de navets, de carottes, de panais, de betteraves, etc.
Qui, se prononce comme ki dans qui, quiconque, quidam (kidan), quillage, quille, quiller, quilliette, quillier, quinquina (kinkina), quitte, quitter, quiproquo.
2. Il se prononce comme cui (et non coui) dans quia (à), quibus, quiescent, quiet, quiétisme, quiétiste, quiétude, quindécagone, quindécemvir (cuindécem'vir), quinquagénaire (cuincouagénère), quinquagésime (cuinquouagésime), quinque (cuincué), quinquennal (cuincuenn'nal), quinquennium (cuincuèn'niome), quinquenove (cuinkenove), quinquerce (cuincuerce), quinquerème (cuincuérème), quintetto (cuintèt'to), quintetti (cuintèt'ti), quintidi, quintil, quintuple, quintupler, quitus (cuituce).
3. Ne dites pas: c'est moi qui a, c'est moi qui est; c'est vous qui ont, c'est vous qui sont; c'est nous qui ont, c'est nous qui sont:—qui doit toujours s'accorder en genre, en nombre et en personne avec son antécédent; dites donc, c'est moi qui ai, qui suis; c'est vous qui avez, qui êtes; c'est nous qui avons, qui sommes, etc.
4. Ne dites pas: c'est à vous à qui je parle; est-ce à moi à qui vous en voulez; dites, c'est à vous que je parle; est-ce à moi que vous en voulez?
5. Ne dites pas: parlez à tout qui vous voudrez; dites, parlez à qui vous voudrez, à tous ceux que vous voudrez. (Wall.)
6. A qui, de qui.—Qui, précédé d'une préposition, ne peut se dire que des personnes; on le remplace par lequel, laquelle, quand il s'agit des choses: dites donc, l'étude à laquelle (et non à qui) je consacre mon temps; le cheval sur lequel (et non sur qui) je suis monté.
Quia (à), terme usité seulement dans ces phrases proverbiales: être à quia, mettre à quia, c'est-à-dire, être réduit ou réduire quelqu'un à ne pouvoir répondre; prononcez cuia (a bref) et non couia ni kiia.
Quibus, s. m., terme populaire qui n'est guère usité que dans cette phrase: avoir du quibus, avoir de l'argent, être riche: prononcez cuibuce et non couibuce ni kibuce.
Quiconque, pron. indif., est masculin dans le sens général: quiconque est capable de mentir, est indigne d'être compté au nombre des hommes.—Employé pour désigner une femme, il est féminin: mesdames, quiconque de vous sera assez hardie pour médire de moi, je l'en ferai repentir. (Acad.)
Quidam, s. m., désigne les personnes dont on ignore ou dont on n'exprime pas le nom; je fus accosté par un certain quidam, un quidam de mauvaise mine; le féminin quidane n'est usité qu'en terme de palais.—Prononcez kidan.
Quiet, quiétisme, quiétiste: prononcez cuiet, cuiétisme, cuiétiste, et non coui ni ki.
Quille, s. f.—Dites jouer aux quilles et non aux guilles.
Quincaille, Quincaillerie, Quincaillier:—on écrit aussi, mais moins souvent, clincaille, clincaillerie, clincaillier.
2. Le mot quincaillerie ne s'emploie qu'au singulier: marchand de quincaillerie.—Prononcez kincaille, etc.
Quine, s. m., ne se dit pas pour désigner le jeu du loto: dites donc jouer au loto et non à la quine.—Quine se dit au loto de cinq numéros gagnant ensemble sur la même ligne horizontale ou de même couleur; j'ai un quine (il est masculin).
Quinine, s. féminin (de la quinine), quinquina, s. m. (on dit aussi quina):—prononcez kinine, kinkina, kina.
Quinquagénaire, adj. et subst., qui est âgé de cinquante ans: prononcez cuincouagénère.
Quinquagésime, s. f., le dimanche de la Quinquagésime;—prononcez cuincouagézime et non kinkagézime.
Quinquennal, ale, adj., qui dure cinq ans; le pluriel est quinquennaux:—prononcez cuincuèn'nal et non kinkèn'nal.
Quint, adj., ne s'emploie guère que dans ces dénonciations, et pour signifier cinquième de nom:—Charles-Quint, empereur; Sixte-Quint, pape.
Quintousse.—Ce mot n'est pas français; il faut le rendre par coqueluche: cet enfant souffre beaucoup de la coqueluche.
Quintuple, adj., cinq fois autant; quintupler:—prononcez cuintuple, cuintupler, et non kintuple, kintupler ni couintuple, couintupe, cointupèle, etc.
Quinze, adj. num.—On dit d'aujourd'hui, de demain, d'hier en quinze et non, aujourd'hui, demain, hier en quinze. (Acad.)
2. Ne dites pas: cela est arrivé aujourd'hui, demain, hier en quinze; dites cela est arrivé il y a aujourd'hui, il y aura demain, il y a eu hier quinze jours. (Fland.)—Voyez huit.—Prononcez kin-ze et non kince.
Quiproquo, s. m., méprise, malentendu: il a fait un quiproquo.—L'Académie écrit au pluriel des quiproquo; nous ne voyons pas ce qui empêche décrire des quiproquos: le mot n'a plus la forme ni la prononciation latine, il est donc tout-à-fait français: voyez malentendu.—Prononcez kiprokô (ô long.)
Quitte, adj.; le pluriel est quittes: nous sommes quittes.—Quitte signifie qui est délivré, débarrassé de quelque chose; il suit de là qu'on est quitte de quelque chose de mauvais, de gênant, de fâcheux, comme d'une fièvre, d'un procès, etc.; mais on ne peut pas dire que l'on est quitte de quelque chose auquel on était attaché ou que l'on regardait comme un bien; ne dites donc pas, il est quitte de sa bourse, de son chapeau, de sa place, de ses parents, etc.; dites, il a perdu, on lui a volé sa bourse, son chapeau, etc.
2. Ne dites pas, je suis quitte avec vous, mais, ... envers vous.
Quitter, v. a., dans le sens de tenir quitte, a pour régime direct le nom de la personne et pour régime indirect le nom de la chose: donnez-moi la moitié de ce que vous me devez et je vous quitte du reste (et non le reste); je vous quitte de tout ce que vous me devez (et non tout ce que); je vous quitte des intérêts et du principal; je vous en quitte. (Acad.)
2. Ne dites pas: je connais un moyen de quitter les taches de graisse; dites, ... d'enlever, d'ôter, d'effacer les taches de graisse. (Fland.)
3. Ne dites pas: c'est là que nous avions quitté, reprenons notre conversation; dites, c'est là que nous en étions restés... (Fland.)
4. Ne dites pas: quittez la table, ôtez la table, pour desservir.
5. On dit très-bien, quitter son habit, sa robe, ses souliers, etc., dans le sens d'ôter quelque chose de dessus soi, de s'en dépouiller, de s'en débarrasser. (Acad.)
Quoi, pron.—Ne dites pas: je ne sais quoi faire, quoi dire, quoi répondre, quoi penser, etc.; dites, je ne sais que faire, que dire, que répondre, que penser.
2. Ne dites pas de quoi pour quoi: on vous fait une question que vous ne comprenez pas, et pour vous la faire répéter vous dites, quoi? (et non de quoi), c'est-à-dire, que dites-vous, qu'avez-vous dit?
3. Il a de quoi, ils ont de quoi, locution triviale; dites, il est riche, il a de l'argent, il est dans l'aisance, etc.—Voyez fortuné, moyen, moyenné.
4. Ne dites pas, à quoi monte le budget; dites, à combien...
Quoique, conj.—Quoique, en un mot, veut dire encore que: quoique vous ayez raison, je ne puis pourtant pas vous approuver entièrement,—quoi que, en deux mots, veut dire quelque chose que; quoi que vous fassiez, vous ne réussirez pas.
2. Ne dites pas, quoique ça, mais malgré ça et mieux malgré cela:—malgré cela, je lui pardonne.—Voyez malgré.
3. Ne dites pas, quoiqu'il fait beau, je reste à la maison, dites, quoiqu'il fasse beau... Quoique gouverne toujours le subjonctif.
Quote, adj.:—il n'est usité que dans cette expression quote-part, qui ne s'emploie pas au pluriel: il doit payer tant pour sa quote-part.—Prononcez kote-part.
Rr.—Les deux r se font entendre dans les mots qui commencent, 1o par err, comme errer, erreur, erroné et autres dérivés; 2o par irr, comme irraisonnable, irrasatiable, irrécusable, irrégulier, irréligion, irritabilité, etc.; 3o par horr, comme horreur, horrible, horripilation et aussi abhorrer.
2. Les deux r se prononcent également, 1o dans les futurs et les conditionnels des verbes mourir, acquérir, requérir, courir, et les dérivés; 2o dans aberration, concurrence, concurrent, corroder, corrosion, erratique, erre, errhin, errement, interrègne, inénarrable, myrrhis, narration, narrateur, narratif, narré, narrer, occurrence, terreur, terrible, torrent et le verbe errer à l'infinitif et au participe.—Les deux r se prononcent dans les noms propres Burrhus, Pyrrha, Pyrrhon, Pirrhus, Verrès, etc., et dans les mots dérivés pyrrhique, pyrrhonien, etc. (Hennebert.)
Rabattu.—Ne dites pas, c'est du rabattu pour c'est du rebattu, c'est du rebâché.
Raccroc, s. m., coup imprévu du jeu: il s'est sauvé par raccroc: prononcez racrô (ô long).
Raccuser.—Ce mot n'est pas français pour signifier redire par méchanceté, ce qu'on a vu ou entendu; il faut dire rapporter, rapporteur, dénoncer, dénonciateur:—c'est lui qui nous a rapportés; les enfants sont rapporteurs.
Rachever, n'est pas français: dites achever.
Raclée, s. f., volée de coups: recevoir une bonne raclée; ce terme est populaire.
Racoudre, n'est pas français: dites recoudre:—votre manche est décousue, faites-la recoudre; s'il s'agit de raccommodage, dites raccommoder.
Racquitter.—Ce verbe est français: il avait beaucoup perdu, mais j'ai pris son jeu et je l'ai racquitté; il avait perdu tout son argent, mais il s'est racquitté; essayez de vous racquitter; vous vous racquitterez une autre fois.
Radis, s. m., légume:—l's ne se prononce pas.
Rafistoler, n'est pas français; dites réparer, raccommoder, rarranger, retoucher.
Rafle, s. f., terme de jeu, enlever tout sans rien laisser;—au jeu des dés, rafle se dit quand les dés amènent chacun le même point: j'ai fait rafle de quatre.—Prononcez ra-fle et non rafe ni rafèle.
Rafraîchir.—Dans le sens de faire un repas, de boire un coup, etc.; il ne s'emploie que pronominalement: nous sommes allés nous rafraîchir à tel hôtel (et non rafraîchir).
Rahausse, ce qui sert à hausser; dites hausse: mettre une hausse à des souliers, à des bottes; mettre des hausses aux pieds d'une table, d'une armoire.
Raide, raidir, raideur, raidillon:—on écrit aussi roide, roidir, roideur, roidillon.—En conversation, dit l'Académie, et quelquefois dans le discours soutenu, on prononce rède, rèdir, rèdeur, rèdillon. Il résulte de cette observation que l'on peut aussi prononcer roide (roade), roidir (roadir), roideur, roidillon, mais seulement dans le discours soutenu.
Raie, s. f.; voyez ligne.
Raiguiser, n'est pas français; il faut dire aiguiser ou aiguiser de nouveau, selon le sens: allez aiguiser votre couteau; faites-le aiguiser de nouveau:—voyez aiguiser.
Rail, s. m. pl., rails, barre, barreau: raille.
Raillerie (entendre).—Voyez entendre.
Rail-way, s. m., chemin de fer: prononcez rail-wai.
Raison, s. f.—Ce mot ne s'emploie pas dans le sens de querelle, différend, démêlé;—ne dites donc pas: j'ai eu des raisons avec lui; dites, j'ai eu une querelle, un différend avec lui.—Mais on dit fort bien, conter ses raisons à quelqu'un, c'est-à-dire, l'instruire de ses affaires, de ses intérêts, lui explique les motifs de la conduite qu'on a tenue.
Raisonnable, adj.—Quelques personnes emploient à tort le mot raisonnable pour moyen, et le crieur d'une petite ville du Hainaut terminait de la manière suivante l'annonce d'une vente de porcs: il y en a des grands, des petits et des raisonnables. (Omnibus montois.)
Raja ou Rajah, s. m., prince indou: prononcez raja.
Rallargir, mot wallon: dites rélargir: il est obligé de faire rélargir tous ses habits.
Rallonge, Rallonger.—Ces mots sont français: mettre une rallonge à une robe, à une table; rallonger une jupe, une table.—On dit aussi dans le même sens allonge, allonger.
Ramonasse, mot d'origine flamande qu'il faut rendre en français par les mots rave, raifort ou radis, selon le sens.
Ramponeau, s. m., terme de cuisine; ce mot n'est pas français; dites filtre à café.
Rance, dans le sens de crêpe, est un mot wallon: il a mis un crêpe à son chapeau.
Rancuneux, euse, adj. qui garde rancune: ce mot n'est pas français: dites rancunier, ière.
Ranger (se), de, signifie se mettre de:—se ranger à, veut dire adopter: se ranger du parti, du côté de quelqu'un; se ranger à l'avis (et non de l'avis) de quelqu'un.
Râpe, s. f., Râper, v. a.: l'â est long comme dans pâté.
Rapêcher, retirer de l'eau: ce mot est wallon; dites repêcher: il était tombé au fond de la rivière, on l'a repêché à demi-mort.
Raphaël, n. pr.—Prononcez Raphaèle et non Rapha-yèle.
Rapiécer, Rapiéceter, Rapétasser.—Rapiécer, c'est raccommoder en mettant une pièce ou des pièces;—rapiéceter, c'est remettre sans cesse de nouvelles pièces;—rapétasser, c'est raccommoder grossièrement de vieilles hardes.
Rappeler (se): on dit, se rappeler quelque chose et non de quelque chose:—je me le rappelle et non je m'en rappelle.—Il est toutefois d'usage de dire: je me rappelle d'avoir vu, d'avoir fait, d'avoir écrit. (Acad.), c'est-à-dire, je me rappelle le fait d'avoir vu, d'avoir fait, etc.
2. Rappeler (en), ne dites pas: j'ai été condamné, mais je vais en rappeler; dites, je vais en appeler, je vais en appel, je vais interjeter appel.
Rapport, s. m.—Ne dites pas: il m'en veut à rapport de vous, ou bien, à rapport que je suis riche; dites, il m'en veut à cause de vous, ou bien parce que je suis riche. (Wall.)
2. Ne dites pas, il dit cela par rapport à vous; dites, il dit cela à cause de vous, ou à votre adresse, selon le sens.
3. Ne dites pas: je ne suis pas venu à l'école, à rapport que j'ai été malade; dites, parce que j'ai été malade.
4. Ne dites pas: sur le rapport de la conduite, je n'ai que de bons renseignements à donner de mon domestique; dites, sous le rapport...
Rapt, s. m., enlèvement par violence; on prononce le p et le t, (rapte).
Rare, adj.—Dites, il est rare que je le fasse, que nous le fassions et non, que je le fais, que nous le faisons.
Ras, ase, adj., qui a le poil coupé jusqu'à la peau ou qui a le poil fort court, etc.—On dit au ras de l'eau, à ras l'eau, c'est-à-dire, presque au niveau de l'eau: cette embarcation est à ras l'eau:—on dit aussi à rase terre, c'est-à-dire, à fleur de terre, de niveau avec le sol environnant: dans la cour est un puits dont la margelle est à rase terre.
2. Ne dites pas, mesurer à rase; dites, mesurer à rase mesure.—Prononcez raze au masculin comme au féminin.
Rasibus, prép., tout près: la balle lui passa rasibus du front.—Prononcez rasibuce.
Rassercir ou Rassercer.—Ce mot n'est pas français; dites rentraire, s'il s'agit de l'action de coudre ensemble deux morceaux d'étoffe sans que la couture paraisse;—dites ravauder, pour signifier, raccommoder de méchantes hardes à l'aiguille, sans pièces: ravauder des bas, une veste; aiguille à ravauder.
Ratatouille, s. f., ragoût grossier, composé ordinairement de viande et de légumes: quelle ratatouille nous servez-vous donc là? ce traiteur ne donne que de la ratatouille. (Bescherelle.)
Râteau, Râteler, Râtelier, etc.—Prononcez l'â comme dans pâté: un râteau à dents de fer; râteler des foins, des avoines, manger à plus d'un râtelier.
Rattaquer.—Ne dites pas: il a rattaqué à Bruxelles; dites, il a appelé..., il a interjeté appel à Bruxelles.
Rattendre, n'est pas français; dites donc, attendez-moi, attendez un peu et non rattendez-moi; rattendez un peu.
2. Ne dites pas, on a rattendu un homme dans le bois; dites, on a attaqué...
Rature, Effaçure, s. f.—Les ratures consistent en quelques traits de plume qu'on passe sur ce qu'on écrit;—les effaçures se font à l'aide d'un grattoir; un écrit plein de ratures, chargé de ratures; l'effaçure n'empêche pas qu'on ne lise encore quelque chose de ce qui était écrit.—De même le verbe raturer a une toute autre signification que les verbes gratter, effacer, ôter: il est difficile d'avoir un style pur sans raturer (biffer, bâtonner) beaucoup.
Rauque, Enroué.—Rauque ne se dit que de la voix et jamais des personnes;—enroué se dit également de la voix et des personnes, mais il n'exprime qu'un effet passager, inaccoutumé: une voix rauque; cet homme a une voix forte, mais le son en est rauque; un homme enroué (et non rauque); avoir la voix enrouée, parler enroué.
2. Prononcez roque (o bref).
Ravauderie, s. f., ne signifie pas vieillerie, gueuserie, bagatelle: on ne vend là que de la vieillerie; il ne se meuble que de vieilleries.—Ravauderie veut dire, bavardage, discours, plein de niaiseries, de bagatelles: il ne dit que des ravauderies; quelle ravauderie venez-vous nous conter.
Ravoir.—Ce verbe ne s'emploie qu'à l'infinitif; dans les autres temps, il faut se servir de l'un des mots: payer, se rétablir, avoir de nouveau, reposséder, regagner, retenir, récupérer, recouvrer, rattraper:—vous le payerez (et non je vous raurai); cette personne commence à se rétablir (et non à se ravoir); si je puis retenir mes papiers, je ne les lui donnerai plus;—je voudrais bien retenir l'argent que je lui ai prêté;—il voudrait bien retenir ce qu'il a dit;—je n'ai jamais pu récupérer mes déboursés dans cette affaire;—il a recouvré sa bourse;—il cherche à recouvrer son bien;—allez toujours devant, je vous aurai bientôt rattrapé;—il a si bien fait qu'il a rattrapé la montre qu'on lui avait volée; on ne m'y rattrapera plus;—bien fin qui m'y rattrapera.
Rawette, s. f., mot wallon qui se rend selon le sens par: et le reste, surcroît, cadeau ou une autre expression équivalente:—son emploi lui vaut par an mille francs et le reste (la locution haïe au bout a vieilli); après ma journée j'ai dû faire une course d'une lieue par surcroît; je vais vous acheter cette pièce d'étoffe, mais vous me donnerez ce foulard en cadeau, vous me ferez cadeau de ce foulard, vous me donnerez quelque chose en sus du marché.—Voyez dringuelle.
Rayé.—En parlant d'étoffes, on dit un dessin rayé et non un dessin à lignes.
Re.—Particule qui entre dans la composition d'un grand nombre de mots, et qui sert à indiquer un sens contraire, comme dans repousser, rejeter, renvoyer, etc.;—ou bien un sens itératif (de nouveau) comme dans redire, refaire;—ou un sens augmentatif comme dans relâcher, rendre plus lâche.
Rébarbatif, ive, adj., rude, repoussant: cet homme a toujours une humeur rébarbative.—Rébarbaratif n'est pas français.
Rebelle, adj. et s. Rebeller (se): prononcez re et non ré ni rè.—Prononcez et écrivez, au contraire, rébellion et non rebellion.
Rebiffade, s. f., mauvais accueil, refus avec mépris et paroles.—Rebuffade n'est pas français.
Rebiffer, v. a. et n., regimber, ne pas vouloir, refuser;—se rebiffer, est très-usité parmi le peuple, mais il ne figure pas dans les dictionnaires. (Bescherelle).
Rebours, s. m., sens contraire.—A rebours, au rebours, loc. adv. et prép., en sens contraire: il prend tout à rebours, au rebours de ce qu'on lui dit.—On ne prononce pas l's.—A la rebours n'est pas français.
Rébus, s. m., sorte de jeu d'esprit, allusion, équivoque: prononcez rébuce.
Rébutoire (vice).—Ce mot n'est pas français; dites vice, cas rédhibitoire: la pousse, la morve et la 412 courbature sont des cas rédhibitoires pour la vente d'un cheval.—Prononcez rédibitoire.
Récépissé, s. m., (au plur. récépissés), écrit par lequel on reconnaît avoir reçu des papiers, des pièces, etc.: ne dites pas récipissé.
Recette, s. f., se dit de la composition de certains remèdes ou médicaments ou bien d'un écrit enseignant la manière de faire cette composition; mais quand il s'agit de la prescription d'un médecin destinée au pharmacien, on se sert du mot ordonnance: portez cette ordonnance au pharmacien.
Rechanger (se), signifie, changer de linge: vous êtes mouillé, rechangez-vous.—Mais il n'est pas français dans le sens de se remplacer, se relever, faire quelque chose à tour de rôle, alternativement: cette besogne est très-fatiguante, mais nous pourrons la faire à tour de rôle.
Rèche, adj., ce mot est français: rude au toucher:—cette étoffe est rèche, il a la peau rèche;—aigre, rude au goût: pomme rèche, poire rèche.
2. Rétif, difficile à vivre: je lui trouve l'esprit un peu rèche.
Réchigner, est un verbe neutre qui signifie, témoigner par l'air de son visage la mauvaise humeur où l'on est, le chagrin, la répugnance qu'on éprouve: qu'avez-vous à réchigner? il réchigne toujours; il fait les choses de mauvaise grâce et en réchignant; c'est un homme qui réchigne à tout.—Mais il ne faut pas employer ce verbe activement ni pronominalement: il s'est fait réchigner, il s'est réchigné; dites, il s'est fait rabrouer, rembarrer; il réchigne.
Réciproquer, v. a., rendre la pareille, est familier et ne se dit que par plaisanterie. (Bescherelle).
Récit, réciter, récitation, etc.; écrivez et prononcez ré et non re.
Réclame, s. f., annonce pour recommander un ouvrage, tel ou tel genre d'industrie, de spéculation, etc.—N'employez pas ce mot dans le sens de réclamation: j'ai adressé une réclamation (et non une réclame) au bourgmestre.
Récolte, s. f.—Prononcez récolte et non recolte, récolle, r'colte;—prononcez de même les mots commençant par ré, comme réduire, réforme, réformer, réformation, répéter, etc.
Récompenser, n'est pas synonyme de dédommager; dites donc, si la nature l'a fait laid, elle l'a dédommagé (et non récompensé) en lui donnant de l'esprit.
Reconnaissant, te, adj.—On dit reconnaissant envers quelqu'un, envers son bienfaiteur; mais on ne dit pas reconnaissant à quelqu'un; c'est donc une faute de dire: je vous suis très-reconnaissant de ce service: dites, je vous suis fort obligé, bien obligé de ce service.
Recouper, signifie, couper de nouveau: cet habit avait été mal coupé, il a fallu le recouper; au jeu de cartes, lorsqu'on n'a pas coupé net, il faut recouper.—Mais n'employez pas ce mot dans le sens de rogner: il faut rogner ce bâton, il est trop long; rogner un manteau, les bords d'un chapeau; se rogner les ongles.
Recouvrer, Recouvrir.—Il ne faut pas confondre ces deux mots: recouvrer signifie rentrer en possession et recouvrir veut dire couvrir une seconde fois: dites donc, j'ai recouvré la santé, les biens que j'avais perdus, et on a recouvert mon toit.
Recréer, Récréer.—Ne confondez pas ces deux mots: recréer signifie créer de nouveau, donner une nouvelle existence, remettre sur pied;—récréer veut dire divertir, réjouir.—Prononcez recré-er, et non recré-i-er.
Recrue, nouvelle levée de gens de guerre;—soldat nouvellement arrivé au service;—gens qui arrivent inopinément; ce mot est féminin: nos recrues se sont comportées dans cette affaire comme de vieux soldats.
Recto, s. m., la première page d'un feuillet, se trouvant à droite, lorsqu'on ouvre le livre; il se dit par opposition au verso qui est la seconde page;—vous trouverez ce passage folio 24, recto.
Recul, s. m., mouvement d'une chose qui recule: on prononce l'l.
Recureur, euse, s.—Ce mot n'est pas français; il faut dire écureur, euse.—Cependant le verbe récurer existe, mais écurer est préférable et plus usité.
Reddition, s. f.—On dit la distribution des prix et non la reddition des prix;—on dit bien cependant reddition de compte, mais rendage de compte n'est pas français.
2. Ne dites pas: j'ai payé, j'ai reçu mes rendages; dites, ... mes fermages, mes rentes.
Rédempteur, rédemption, rédemptoriste:—dans ces mots on fait sentir le p.
Rédhibition, s. f., action pour faire cesser une vente; prononcez rédibition.—Voyez rebutoire.
Rédicule, s. m., petit sac dans lequel les femmes portent leur mouchoir, leur bourse, etc.; écrivez et prononcez ridicule.
Réel, réellement, réalité, réaliste, etc.—-Prononcez ré-el, ré-ellement, etc., et non ré-i-el, ré-i-ellement.
Reformer, Réformer.—Reformer, c'est former de nouveau: reformer un régiment qu'on venait de licencier;—réformer, c'est opérer une réforme: réformer la société, une loi.
Refroidir, s'emploie neutralement pour, devenir froid: laissez refroidir le bouillon.—Ne dites pas réfroidir ni rafroidir.
Refuser, v. a.—Lorsqu'il est suivi d'un autre verbe à l'infinitif, il régit la préposition de: il refusa de manger, de se coucher.—On peut dire aussi: il refusa à manger, à coucher, mais dans le sens de 415 il refusa de donner à manger, à coucher, et alors manger et coucher sont pris substantivement.—Se refuser, suivi d'un infinitif, demande la préposition à: il se refusa à le suivre.
Refuge, Réfugier.—Écrivez et prononcez re dans refuge et ré dans réfugier.
Regarder, v. a.—Ne dites pas: regarder hors de la fenêtre, mais, par la fenêtre.
2. Ne dites pas, regardez voir, mais simplement, regardez.
3. Ne dites pas: après quoi regardez-vous? je regarde après mon canif; dites, que cherchez-vous? je cherche mon canif.
4. Regarder large, dans le sens de, être étonné, être stupéfié, stupéfait, est un grossier wallonnisme.
Regimber, ruer, en parlant des animaux; au fig., refuser d'obéir:—ce verbe est neutre et ne s'emploie pas pronominalement: un inférieur qui regimbe (et non qui se regimbe) contre son supérieur.
Registre, s. m.—Quelques-uns prononcent et écrivent regître, dit l'Académie, qui dans tous les exemples qu'elle donne, écrit registre;—d'où il suit que cette dernière orthographe est préférable: prononcez r'gis'-tre et non regisse, registère (ni régître).
Règlement, s. m., règle, statuts: écrivez et prononcez règlement et non réglement.
Régler, v. a.—Régler un cahier, c'est tracer des lignes avec une règle;—ne dites pas ligner.
Réglisse.—Ce mot est féminin: la réglisse est adoucissante.
2. On appelle racine de réglisse ou simplement réglisse, la racine de cette plante, et jus de réglisse, le suc de la même plante préparé: mettre de la racine de réglisse ou de la réglisse dans une tisane; du jus de réglisse anisé; un bâton de jus de réglisse—Prononcez réglisse et non régli.
Régnicole, adj. et s. m., habitant naturel d'un pays, ou étranger naturalisé: prononcez le g dur, regh'nicole.
Regret, s. m.—Être aux regrets que ou de, n'est pas français;—il faut dire, avoir regret, avoir du regret, regretter: j'ai regret que vous ne puissiez m'accompagner; j'ai du regret de vous voir malade; je regrette qu'il soit parti seul.
2. A regret, est une locution adverbiale qui signifie avec répugnance: cet enfant obéit à regret.
Reguérir (se), n'est pas français; dites guérir ou se guérir: il est guéri, il se guérira bientôt.
Reguiser ou Raiguiser, n'est pas français; dites simplement aiguiser ou aiguiser de nouveau, selon le sens.
Reine, s. f., femme du roi: prononcez rène et non rain-ne.
2. Reine-Claude, s. f., espèce de prune très-estimée: prononcez comme c'est écrit, reine-Claude et non reine glaude.
3. L'Académie écrit des reines-Claude:—quelques grammairiens prétendent que ce mot doit rester invariable et ils écrivent des reine-Claude, en sous-entendant des prunes de la reine Claude;—d'autres enfin, et nous nous rangeons à leur avis, soutiennent qu'il faut pluraliser les deux mots et écrire des reines-claudes;—il nous semble en effet que par suite d'un long et fréquent usage le mot Claude a perdu sa qualité de nom propre et est devenu bel et bien nom commun; voilà pourquoi nous voudrions également voir, écrire ce dernier mot avec un c minuscule.
Relâche, interruption, discontinuation; ce mot est masculin: sa maladie commence à lui donner du relâche.
Rélargir, v. a. Rendre plus large et se rélargir, sont français: faire rélargir ses habits.
Relaver, v. a.—Dites un évier ou pierre d'évier, pierre à laver, et non pierre à relaver: voyez lavier.
Reléguer, relation, rejaillir, rehausser:—écrivez et prononcez re et non ré.
Rèler, dans le sens de se couvrir de givre ou de bruiner, n'est pas français;—rèler signifie se fendre de haut en bas sous la forme d'une vis: le suif se rèle.
Relevailles, cérémonie qui se fait à l'église, lorsqu'une femme y va la première fois après ses couches pour se faire bénir par le prêtre; ce mot est féminin et n'a pas de singulier: le jour de ses relevailles; c'est le curé qui a fait les relevailles de ma tante.
Relevée, s. f., le temps de l'après-dînée: à deux heures de relevée; l'audience de relevée; vacations de relevée.
2. Ce mot est un terme de procédure (Académie) qu'il faut bannir du langage ordinaire en le remplaçant par les expressions après-dînée ou après-midi, soir.
Relieur, s. m.—Dites simplement un relieur et non un relieur de livres.
Religion, religieux, etc.: prononcez religi-on, religi-eux et non religeon, religeux.
Reliquat, s. m., ce qui reste: le reliquat d'un compte de tutelle;—prononcez relika; prononcez de même reliquataire.
Reluquer, v. a., lorgner curieusement du coin de l'œil; au fig., avoir des vues sur une chose, la désirer;—reluqueur, euse, s., celui, celle qui reluque:—ces mots sont français, mais très-familiers.
Remaigrir, n'est pas français; dites ramaigrir, v. a. et n., rendre maigre de nouveau ou redevenir maigre.
Remarquer, v. a.—Ne dites pas: je vous remarquerai que vous êtes dans l'erreur; dites, je vous ferai remarquer, comme on dit je vous ferai observer: voyez ce dernier mot.
Remerciement, remercîment, s. m., discours par lequel on remercie:—la seconde orthographe est la plus usitée.
Remercier, v. a.—On remercie de quelque chose et non pour quelque chose: je vous remercie de vos bontés et non pour vos bontés.
2. Remercier s'emploie pour, congédier, révoquer: remercier un employé;—mais se remercier, dans le sens de donner sa démission d'un emploi, d'une charge, etc., n'est pas français.
3. Prononcez remerci-er et non remerci-ier.
Remolade, rémoulade, s. f., espèce de sauce piquante;—le second vieillit.
Remords, s. m.—On ne prononce ni le d ni l's; cette dernière lettre se fait sentir, lorsqu'elle est suivie d'un mot commençant par une voyelle. Les poètes retranchent quelquefois l's, mais cette licence n'est point permise en prose.—Remords ne peut pas se dire pour exprimer le mauvais goût qui reste de quelque liqueur après qu'on l'a bue; il faut dire arrière-goût, déboire:—ce vin laisse un arrière-goût; du vin qui a du déboire, quelque déboire.—Déboire s'emploie aussi au figuré: les plaisirs ont leur déboire; il a éprouvé bien des déboires.
Rémouleur ou Émouleur, s. m., celui dont le métier consiste à émoudre, à aiguiser les couteaux, les ciseaux, etc.; ce mot n'a pas de correspondant féminin;—écrivez et prononcez rémouleur, émouleur et non remouleur, emouleur.—Rémouler, émouler ne sont pas français; c'est émoudre ou rémoudre qu'il faut dire.
Remuement ou remûment, s. m., action de ce qui remue: prononcez remû-ment, remuer et non remu-wement, remu-wer.—Voyez ue.
Remplir, v. a.—Ne dites pas remplir un but, mais atteindre un but: voyez ce mot.
Rendre, v. a.—Ne dites pas, maison à rendre, c'est-à-dire, à prendre sur rente; dites maison à arrenter.
2. Ne dites pas non plus: on a bien rendu cette comédie; dites, on a bien joué, bien représenté cette comédie.
3. Ne dites pas: nous rende-rions, vous ren-de-riez, mais, nous ren-drions, vous ren-driez.
Renonce, s. f., terme dont on se sert, à certains jeux de cartes pour exprimer qu'on n'a point d'une certaine couleur; renon, n'est pas français;—il faut dire renonciation pour exprimer l'action de renoncer à quelque chose: je viens d'envoyer ma renonciation à mon propriétaire.
Renoncer, v. n. et a.—Ne dites pas d'un malade: il est renoncé des médecins; dites, il est abandonné des médecins, les médecins ne répondent plus de lui.
Rentraire, v. a., coudre, joindre bord à bord, etc.;—ne le confondez pas avec rentrer qui signifie entrer de nouveau. Voyez rassercir.
Renverser, v. a.—Ne dites pas: il a renversé son vin sur la table; dites, versé, si c'est à dessein et répandu, si c'est par étourderie ou par maladresse;—renverser se dit du contenant: il a renversé le verre, la bouteille, l'encrier, la table, etc.
Renvoi, s. m., en terme de médecine se dit, surtout au pluriel, des gorgées de substances gazeuses ou liquides, qui remontent de l'estomac ou de l'œsophage dans la bouche, sans être accompagnées des efforts qui caractérisent les vomissements. (Acad.)—Aigreur, s. f., se dit des rapports que causent quelquefois les aliments mal digérés; et, dans ce sens, on l'emploie plus ordinairement au pluriel qu'au singulier: cela donne des aigreurs, cause des aigreurs. (Acad.)—Ainsi, quoi qu'en disent certains auteurs, renvoi est tout aussi français qu'aigreur, avec cette différence toutefois que le premier semble plutôt être un terme technique.
Repartie, s. f., réplique, réponse prompte; prononcez reparti et non répartî ni réparti-ïe.
Repartir, Ressortir.—Repartir (re), partir de nouveau ou répliquer, et ressortir, sortir de nouveau, se conjuguent comme partir et sortir:—mais répartir (ré), partager, distribuer, et ressortir, être du ressort ou de la compétence de quelque juridiction, se conjuguent comme finir:—je repartis, je ressortis, nous répartissons, nous ressortissons, etc.—On dit ressortir à et non de: cette affaire ressortit au juge de paix; les tribunaux de première instance ressortissent aux cours d'appel.
Repasser, v. a.—On dit repasser le linge et non polir le linge; l'instrument qui sert à repasser le linge se nomme fer à repasser et non polissoir:—ce dernier mot s'emploie pour signifier un instrument propre à polir, à l'usage des relieurs, des doreurs, des cordonniers, etc.
Repasseur, s. m., ouvrier qui repasse, aiguise les lames, couteaux, etc.—Ce mot figure dans le dictionnaire de Bescherelle et dans celui de Poitevin;—on dit très-bien repasser des couteaux, rasoirs, etc.; mais plusieurs grammairiens, à la suite de l'Académie, disent que repasseur n'est pas français.
Repasseuse, s. f., ouvrière qui repasse le linge; ce mot n'a pas de correspondant masculin.
Répété.—Il ne faut pas dire répété au lieu de réputé: il est réputé fort riche, il est réputé pour un homme de bien.
Répliquer, Répondre.—Ces verbes ne peuvent pas avoir un nom de personne pour régime direct, et ce serait une faute très-grave de dire: ne le répondez pas, ne le répliquez pas; je ne les ai pas répondu; il ne répond personne; dites, ne lui répondez pas, ne lui répliquez pas; je ne leur ai pas répondu; il ne répond a personne.
Répondre la messe.—On ne dit pas répondre à la messe, mais répondre la messe, c'est-à-dire, prononcer à haute voix les paroles que doit dire celui qui sert la messe. (Acad.)
2. Prononcez répondre, répliquer et non repondre, repliquer.
Repos, s. m.—Ne dites pas, il n'est jamais de repos; dites, il n'est jamais en repos.
Reprendre, v. a.—Ne dites pas, on l'a repris du collége; dites, on l'a retiré du collége.
Représaille, s. f., vengeance; ce mot s'emploie plutôt au pluriel qu'au singulier.—Prononcez reprézailles (ll mouillées) et non repressaille.
Réprimable, adj., qui doit ou peut être réprimé: abus réprimable.
Réprimandable, adj. qui peut ou doit être réprimandé.—Ce mot, quoique figurant dans certains dictionnaires, nous paraît hasardé; nous préférons, selon le sens, les mots réprimable, blâmable, repréhensible, etc.
Répugner, demande la préposition à devant un infinitif: il répugne à faire cela. (Acad.)
Requiem, s. m., prière pour les morts: messe de requiem;—au pluriel requiem. Prononcez recui-ème et écrivez requiem.
Réquisition, s. f.—Ne confondez pas ce mot avec conscription:—une réquisition est une levée extraordinaire d'hommes destinés à l'armée;—la conscription est la levée annuelle qui se fait en Belgique, en France, etc.—Voyez conscription.
Réséda, s. m.—Écrivez et prononcez réséda;—et non résida;—résette n'est pas français.
Résilier, v. a.—Ne dites pas: il a résilié sa place; dites, il a renoncé à sa place, il a donné sa démission.
2. Résilier signifie, casser, annuler, invalider et se dit d'un contrat, d'une vente, d'un bail, d'un marché, etc.: les juges ont résilié ce contrat.
Résoudre, v. a., a deux participes, résolu et résous.—Celui-ci n'a pas de féminin et ne se dit que des choses qui se changent, qui se convertissent en d'autres: brouillard résous en pluie.—Mais on ne pourrait pas dire: j'ai résous de partir; je me suis résous à plaider; il faut dire, j'ai résolu de partir, je me suis résolu à plaider.
2. Résoudre, employé activement, prend la préposition de devant un infinitif: j'ai résolu de vendre ma maison; cependant, s'il est précédé de son régime direct, il prend la préposition à: je me suis résolu à vendre ma maison.
Respect, s. m.—L'Académie cite les locutions suivantes: sauf le respect, sauf respect, sauf votre respect, sauf le respect que je vous dois, avec le respect que je vous dois.—Ce sont des termes d'adoucissement dont on se sert dans le style familier, quand on veut dire quelque chose qui pourrait choquer ceux devant qui l'on parle;—populairement on dit: sauf le respect que je dois à la compagnie et parlant par respect; mais il serait incorrect de dire, sous votre respect ou sur votre respect.
2. C'est mal connaître la valeur des mots que de terminer ainsi une lettre: j'ai l'honneur d'être avec respect; dites simplement, je suis avec respect.
3. Prononcez respèk; quelques-uns pourtant prononcent respè: voyez ct.
Respectif, ive, adj.—Ne dites pas avec les billets de part: époux, père, frère respectif, etc.; retranchez le mot respectif, car il va de soi que le défunt n'a pas été de son vivant époux, père, frère des mêmes personnes.
Ressembler, v. neutre, ne peut pas avoir de régime direct; ne dites donc pas: la fille ressemble la mère, mais ressemble à la mère.—Prononcez reçambler, reçamblance et non res'sembler, res'semblance; 423 prononcez de même: ressort, ressortir, ressaisir, ressasser, ressentiment, ressentir, resserrer, ressource, ressouvenir, ressouvenance, ressuer, etc.
Ressortir, v. n.: voyez repartir.
Ressusciter, v. a. et n., ramener ou revenir à la vie: prononcez réçucité.
Restaurant, s. m., se dit de l'établissement d'un restaurateur; restauration n'est pas français dans ce sens;—le restaurateur est le traiteur chez qui on peut prendre ses repas à toute heure; ainsi vous direz: je dîne au restaurant et non chez le restaurant;—chez le restaurateur et non au restaurateur.
Reste (au), du reste, loc. adv.—Au reste s'emploie quand, après avoir exposé un fait ou traité une matière, on ajoute quelque chose qui a du rapport avec ce que l'on vient de dire: c'est là ce qu'il y a de plus sage; au reste, c'est aussi ce qu'il y a de plus juste.—On emploie du reste, quand ce qui suit ne complète pas le sens de ce qui précède ou lorsque ce qui suit n'a pas une relation essentielle avec ce que l'on a déjà dit: il est capricieux; du reste, honnête homme. (Acad.)—Prononcez res'te et non res'se.—Voyez finales, 2.
Rester, v. n., suit la même règle pour l'emploi de l'auxiliaire que le verbe demeurer; c'est-à-dire, qu'il se conjugue avec avoir ou avec être selon que le sens permet de répondre à l'une ou l'autre de ces deux questions: qu'a-t-il fait? ou bien, où est-il?—On l'attendait à Liége, mais il est resté à Mons; quand j'ai voulu prendre cet outil, le manche m'est resté dans la main; il a resté deux jours à Tongres.—Voyez demeurer.
2. Rester dîner, rester loger, etc., quelque part, est un flandricisme; vous direz donc: le roi a logé au palais ou bien le roi a resté au palais et y a logé, et non le roi est resté loger au palais;—j'ai dîné chez un tel, un tel m'a retenu à dîner, je suis resté à dîner chez un tel, et non je suis resté dîner chez un tel.
Restituer, v. a., rendre ce qu'on a pris: restituer le bien d'autrui.
2. Ne dites donc pas, restituer un livre à sa place; dites, remettre un livre à sa place.
3. Prononcez restitu-er et non restitu-wer.—Voyez ue.
Résulter, v. n. s'ensuivre, ne s'emploie qu'à l'infinitif et à la 3e personne des autres temps: il résulte de cette discussion; les maux qui résultèrent de la guerre.
2. Il se conjugue avec avoir ou avec être: qu'a-t-il résulté de là? ou qu'en est-il résulté?
Résurrectionner, n'est pas français: dites ressusciter.
Rétamer, enduire la surface intérieure d'une couche d'étain fondu; ce mot n'est pas français; dites étamer.
Rétention, s. f.: dites une rétention d'urine, et non une détention...
Retirer, v. a.—Ne dites pas: cette entreprise était difficile, mais il s'en est bien retiré; dites, il s'en est bien tiré.
Retour, s. m.—Avoir de retour, donner de retour, dans le sens de rendre, remettre, faire remettre, renvoyer, n'est pas français;—dites donc, prêtez-moi ce livre, je vous le renverrai ce soir, etc., et non, vous l'aurez de retour...
2. Ne dites pas: il y a longtemps qu'il garde mon livre; tâchez de l'avoir de retour; dites, tâchez de le ravoir.
3. Ne dites pas: il a quitté le pays et demeure de tour chez ses parents; dites, est retourné chez ses parents.
4. Ne dites pas non plus: je lui ai envoyé un chien, et il m'enverra de retour, un dindon; dites, il m'enverra un dindon en échange.—De retour, dans le cas précédent, signifierait ce qu'on ajoute, ce qu'on joint 425 à la chose qu'on troque contre une autre pour rendre le troc égal: voulez-vous troquer votre dictionnaire contre le mien? je vous donnerai cinq francs de retour.
Retourner, v. n.—Pour savoir si l'on doit dire retourner ou s'en retourner, il suffit de voir si l'on dirait aller ou s'en aller:—il est temps que nous nous en retournions (et non que nous retournions); il s'en retourna comme il était venu; elle s'en est retournée; retourne-t-en; retournez à l'ouvrage.
2. On ne dit pas se retourner sur quelqu'un, mais vers quelqu'un.—Comme on ne dit pas, avancez en avant, on ne doit pas dire, retournez en arrière; il en est de même du verbe reculer.
Retrancher.—Retrancher de, c'est ôter quelque chose d'un tout: retrancher un couplet d'une chanson;—retrancher à, c'est priver quelqu'un de quelque chose: retrancher le vin à un malade; on lui a retranché sa pension.
Rets, s. m., filet pour prendre des poissons, des oiseaux; ce mot s'écrit au singulier comme au pluriel.—Prononcez rè.
Réunir, v. a., dans le sens de posséder en même temps, n'admet qu'un complément direct composé, et ne doit jamais être suivi de à ni de avec: Turenne réunissait la prudence et la hardiesse.—Unir veut un régime direct et un régime indirect précédé de à: Turenne unissait la prudence à la hardiesse. Voyez unir.
Revanche, s. f.—Écrivez et prononcez revanche et non revange ni revenge;—dites de même revancheur, revancher, se revancher et non revengeur, revenger, revanger, se revenger ni se revanger:—courage, je vais te revancher; pourquoi ne te revanches-tu pas?
Revenir, v. n., retourner à l'endroit d'où on était sorti: je reviens au gîte; je reviens d'un long voyage.—Mais 426 on ne peut pas dire: je reviens de la messe, je reviens de Bruxelles; dites, je viens de la messe, je viens de Bruxelles.
2. Ne dites pas: revenir sur l'eau, sur la terre pour, revenir par eau, par terre.
3. Ne dites pas non plus: je ne puis revenir sur son nom; dites, je ne puis me rappeler son nom.
Rêver à, Rêver de, Rêver sur.—Rêver à, c'est penser à quelque chose étant éveillé: rêver à une affaire;—rêver de, c'est penser à quelque chose étant endormi: rêver de combats, de naufrages, de quelqu'un;—rêver quelqu'un n'est pas français;—on dit j'ai rêvé de vous et non je vous ai rêvé; cependant on peut dire: vous avez rêvé cela, rêver combats, rêver naufrages.—Réver sur, c'est méditer profondément sur quelque chose: rêver longtemps sur une affaire.—On ne dit pas rêver après les honneurs, pour, désirer vivement, avec passion; on dit rêver les honneurs, la fortune.
Réverbère, s. m., lanterne; prononcez réverbère, et non reverbère.
Revêtir, se conjugue comme vêtir; il faut donc dire: les formes dont la pensée se revêt et non, se revêtit.
Reviser, v. a., examiner de nouveau.—On écrit reviser, mais révision, réviseur ont un accent aigu.
Revoici, Revoilà, prép.—Ces mots sont français: le revoici, le revoilà.
Revoir, v. a.—A revoir est une locution dont on se sert pour dire qu'il faut faire un nouvel examen d'un compte, d'un écrit, etc.: à côté de chaque article douteux de ce compte, j'ai mis: à revoir; revoir un manuscrit, revoir des épreuves.—Au revoir (adieu), est une expression de civilité dont on se sert en prenant congé de quelqu'un et alors le mot revoir est pris substantivement: au revoir, jusqu'au revoir; il ne lui a pas seulement dit au revoir:—à revoir dans ce cas n'est pas français.
Rez, prép. qui signifie, tout contre, joignant; il ne se dit plus que dans ces locutions, rez pied, rez terre, à fleur de terre, au niveau du sol: couper des arbres rez terre.—Au rez:—cette expression n'est pas française, et se traduit par contre, jusque contre, jusque, joignant, rasibus: le coup lui passa rasibus du nez.
Rh.—Ces deux lettres se prononcent comme s'il n'y avait qu'une r: le h qui suit l'r est purement étymologique.
Rhum, s. m., eau-de-vie de sucre; quelques-uns écrivent rum, dit l'Académie, qui cependant dans tous les exemples qu'elle donne, écrit rhum.—Prononcez rome.
Rhumatique, n'est français qu'en style de médecine et est synonyme de rhumatismal: goute rhumatique;—dites donc, cette maison est insalubre, malsaine, humide et non rhumatique.
Rhume, s. m.—Dites, j'ai un rhume, ou je suis enrhumé et non j'ai le rhume;—dites de même j'ai un rhume et non j'ai un froid.
Ric-à-ric, signifie tout juste, rigoureusement: je le ferai payer ric-à-ric; on lui a payé ric-à-ric tout ce qu'on lui devait; compter ric-à-ric.
Richard, s. m., celui qui, dans une condition médiocre, a fait fortune; ce mot n'a pas de correspondant féminin.
Ride, pli qui se fait sur le front, sur le visage; ce mot est féminin: il a soixante ans et il n'a pas encore une seule ride.
Ridicule, adj., ne peut pas s'employer pour, entêté, d'un avis différent, difficile à contenter:—allons, ne soyez pas entêté (et non ridicule) et entendez raison. (Fland.)—Prononcez et écrivez ridicule et non rédicule.—Voyez rédicule.
Rien, s. m.—Ne dites pas: cela n'est de rien, ne me fait de rien; dites, cela n'est rien, ne me fait rien. (Fland.)
2. Ne dites pas: je n'ai rien d'autre à lui dire; dites, je n'ai rien autre chose à lui dire. (Wall.)
3. Ne dites pas, il passe le jour à rien faire, mais, à ne rien faire.
4. Rien moins, précédé du verbe être et suivi d'un adjectif, a le sens de la négation: il n'est rien moins que sage (il n'est pas sage).—Suivi d'un substantif ou accompagné d'un verbe, il peut avoir le sens positif ou négatif, selon la circonstance: vous lui devez de la reconnaissance, car il n'est rien moins que votre bienfaiteur (il est votre bienfaiteur); il n'aspire à rien moins qu'à prendre votre place (il aspire à prendre votre place ou bien il n'aspire pas le moins du monde à prendre votre place). (Acad.)
5. Servir à rien, servir de rien: voyez servir.
6. La prononciation du mot rien est soumise à quelques règles qui sont également applicables au mot bien.—On doit faire sentir l'n et faire la liaison dans ces mots, lorsqu'ils sont suivis immédiatement de l'adjectif ou de l'adverbe ou du verbe qu'ils modifient, si cet adjectif, cet adverbe ou ce verbe commencent par une voyelle en une h muette: un homme bien honorable, bien aimable; rien à dire; rien à vous écrire.—Mais si les mots bien et rien sont suivis de tout autre mot que de l'adjectif, de l'adverbe ou du verbe qu'ils modifient, la consonne n, quoique placée devant une voyelle, aura un son nasal et on ne fera pas la liaison, comme dans: il parlait bien et à propos; il ne voyait rien et n'entendait rien.
Rifflard, s. m., vieux parapluie qu'on ne peut pas porter comme une canne: ce mot est familier.
Rincée, s. f., volée de coups de bâton, correction manuelle: recevoir une fameuse rincée:—ce mot est populaire.
Riole, pour rigole, est un mot flamand (riool).
Ripopée, s. f., signifie, mélange que les cabaretiers font de différents restes de vin; il se dit également du mélange de différentes sauces: ce vin n'est que de la ripopée; quelle ripopée faites-vous là?—Mais il ne doit jamais s'employer comme synonyme de ribambelle: il m'a dit une ribambelle d'injures; il amena une ribambelle d'enfants.
Rire, v. n.—Ne dites pas: nous avons ri avec cela, avec cet homme; dites, nous avons ri de cela, de cet homme.
2. On ne dit pas, rire à larmes, mais, rire aux larmes.
3. Ne dites pas, il en rit dessous son nez; dites, il en rit sous cape.
4. Écrivez et prononcez: je ris, tu ris, il rit, et non je rie, tu rie, il rie. (Wall.)
Risibel, pour érésipèle, est un grossier flandricisme.
Risquant, Risqueux.—Ces mots ne figurent pas dans les dictionnaires et doivent se traduire par risquable, dangereux, hasardeux:—une affaire, un projet risquable; cela est bien hasardeux, bien risquable; une entreprise hasardeuse.—Risquable signifie aussi, qu'on peut risquer avec quelque chance de succès: cette entreprise n'est pas sûre, mais elle est risquable.
Robe, s. f.—On dit, une robe de dentelle, de velours, de taffetas, de satin, etc., et non une robe en dentelle, en velours, etc.; dites de même un chapeau garni de, une robe garnie de...
Rochet, s. m.: voyez surplis.
Roide, roideur, roidir.—On prononce et on écrit généralement aujourd'hui raide, raideur, raidir.—Voyez raide.
Ronde, s. f., chanson qu'une personne chante seule, et dont le refrain est répété par tous en dansant en rond: danser une ronde; ronde villageoise. (Acad.)—On 430 dit aussi branle (s. f.) dans le même sens.—C'est le cramignon liégeois.
Rosbif ou Roastbeef, s. m., bœuf rôti; prononcez ross'bif.
Rose, affection aiguë, inflammatoire, caractérisée par rougeur; ce mot est wallon et se rend en français par érésipèle, s. masculin: érésipèle dartreux.—Voyez ce mot.
Rossignol, s. m., oiseau; prononcez ros'signol et non rozignol.
Rôti, Rôtir, etc.; prononcez roti, rotir (o bref): voyez o.
Roué, ée, adj., dans le sens de finaud, retors, n'est pas français.
Rougeaud, eaude, adj., qui a naturellement le visage rouge: un gros rougeaud, une grosse rougeaude;—ne dites pas rougeot ni rouget.
Rouille, ée, adj.—Dites un fusil rouillé, un pistolet rouillé et non, enrouillé;—mais on dit également bien: l'humidité enrouille et rouille le fer; le fer s'enrouille et se rouille.
Roulette, s. f., machine roulante où un enfant se tient debout sans pouvoir tomber, et qui l'aide à marcher.
Royal, ale, adj.—Prononcez roi-ial et non ro-ial ni roi-al;—prononcez de même royaume, royauté, royalement.
Rude, adj.—Ne dites pas, ce maître est trop rude avec ses ouvriers; dites, à ses ouvriers ou envers ses ouvriers.
Rue, s. f.—Ne dites pas: votre fils est toujours sur la rue; je vous ai rencontré en rue; dites, votre fils est toujours dans la rue; je vous ai rencontré dans la rue.
2. Rue sans fin, rue sans bout: ces mots ne sont pas français; dites cul-de-sac et mieux impasse.
3. Prononcez rù et non ru-we: voyez ue.
Rumb, s. m., nom que l'on donne à chacune des trente-deux parties de la boussole de l'horizon desquelles part un des trente-deux vents: prononcez le b, rombe.
Ruse, s. f., dans le sens de querelle, dispute, réprimande, n'est pas français.
2. Il n'est pas français non plus dans le sens de peine, mal, embarras: il s'est donné beaucoup de mal (et non de ruses) pour conclure cette affaire; vous vous donnez beaucoup d'embarras (et non de ruses).
Russie, russe: l'u est bref; ne dites donc pas Rûcie, Rûce: voyez Prusse.
Rustaud, Rustre, adj.—On est rustaud, faute d'éducation, faute d'usage;—on est rustre par humeur, par rudesse de caractère: les manières du rustaud sont ses formes; elles déplaisent, mais elles n'offensent pas; les manières du rustre sont ses mœurs, elles choquent et elles offensent.
Rustique, Grossier, Impoli.—C'est un plus grand défaut d'être rustique que d'être simplement impoli; et c'en est encore un plus grand d'être rustique.—L'impoli manque de belles manières, il ne plaît pas; le grossier en a de désagréables, il déplaît; le rustique en a de choquantes, il rebute.—L'impolitesse est le défaut des gens d'une médiocre éducation; la grossièreté l'est de ceux qui en ont une mauvaise; la rusticité, de ceux qui n'en ont point eu.—On souffre l'impoli dans le commerce du monde; on évite le grossier; on se lie point du tout avec le rustique. (Girard)
S.—S, entre deux voyelles a le son de z: rose, ruse, agonisant, je refuse, j'arrose, je pèse, etc.—Après une consonne, elle a un son dur: consister, persister, assister; etc. (concister, percister, ascister.)
2. On sait que les mots terminés en ase, ise, ose, use, etc., doivent se prononcer comme si l's était remplacée par un z: base (baze), église (églize), rose (roze), arrosement (arrozement), déguisement (déguizement), museler (muzeler), la Meuse (Meuze), j'use (j'uze), je méprise (méprize), etc., et non bace, églice, roce, la Meuce, j'uce, je méprice;—les wallons ne sauraient trop s'exercer sur ce point.
3. L's finale sonne dans les mots suivants: as, ambesas, atlas, lampas, les interjections las et hélas, stras, vasistas;—bis, cassis ou câcis, gratis, jadis, maïs, fils, lis, (mais dans fleur-de-lis, terme de blason, l's ne sonne pas)—albatros, mérinos, rhinocéros;—blocus, calus, choléra-morbus ou coléra-morbus, motus, omnibus, prospectus, rébus, ours, mœurs, mars, (nom du 3e mois, d'une planète, et d'une divinité mythologique);—l's sonne également dans les mots tout latins: ad patres, aloès, kermès, de profundis, lapis, agnus, angelus, argus, blocus, chorus, fœtus, hiatus, motus, orémus, papyrus, etc.
4. L's finale sonne aussi dans les noms propres suivants: Adonis, Atlas, Argos, Bacchus, Brutus, etc.—Il y a des noms propres français où elle sonne également; ce sont: Arras, Blacas, Calas, Carpentras, Coutras, Cujas, du Bartas, Duras, Pézenas, Privas, Stanislas, Tartas, Toyras, Varillas, Vaugelas, Agnès, Bruéys, Clovis, Genlis, la Lys (rivière), Médicis, Senlis et tous ceux en us: Caylus, Fréjus, Jansénius, Grotius, Nostradamus, etc.
5. Cependant elle ne sonne pas dans Villers, nom propre de lieu:—en France on prononce Vilère et en Belgique Vilé: Villers-l'Evêque.
Sabbat, s. m., dernier jour de la semaine juive;—sabbatine, s. f., autrefois thèse de controverse qui avait lieu ordinairement le samedi (sabbat);—sabbatique, adj.;—année sabbatique, septième année chez les juifs:—dans tous ces mots on ne fait sentir qu'un b.
Sable, s. m., terre légère, gravier; prononcez sâble (â long).
Sableux, Sablonneux, adj.—Sableux, n'est guère usité que dans cette locution, farine sableuse, farine dans laquelle se trouve mêlé du sable.—Sablonneux, lieu où il y a beaucoup de sable: pays sablonneux.
Sablier, s. m., petit vase contenant du sable propre à être répandu sur l'écriture pour la sécher:—ne dites pas sablière (lieu d'où on extrait le sable).
Sabord, Babord, Tribord et Vibord, ss. mm.—Sabord, embrasure pour le service du canon dans un vaisseau;—babord, côté gauche d'un vaisseau en partant de la poupe (la partie de l'arrière d'un vaisseau);—tribord, côté droit d'un navire, à partir de la poupe;—vibord, grosse planche qui porte le pont supérieur d'un vaisseau.
Sabre, arme tranchante; ce mot est masculin, un beau sabre;—l'â est long ainsi que dans sabrer.
Sachet, s. m., petit sac: porter du camphre dans un sachet;—prononcez sachet (et bref) et non sachai (ai long).
Sacrement, s. m.—On dit sacrement et non sacrament, quoique l'on dise bien sacramental, ale, sacramentel, elle, sacramentalement, sacramentellement.
Sacristain, s. m., et non sacristiain;—le féminin correspondant est sacristine et non sacristaine, qui désigne dans un couvent de religieuses celle qui a soin de la sacristie.
Sage, sagement: prononcez sa-je, sa-jement et non sache, sachement.
2. Une sage-femme est une accoucheuse; une femme sage est une femme qui a de la sagesse.
Saigner du nez, veut dire, perdre du sang par le nez ou manquer de courage: il s'était chargé de faire cette proposition, mais il a saigné du nez (Acad.);—saigner 434 au nez ou par le nez, dans le sens de saigner du nez, n'es pas français;—mais saigner au nez, dans le sens de pratiquer une saignée au nez, est français.
Saint, te, adj.—Il s'écrit par une petite lettre devant le nom du saint et sans trait d'union: les apôtres saint Pierre et saint Paul. (Acad.)—L'Académie écrit avec une petite s et sans trait d'union: la sainte Vierge (nous préférons Sainte-Vierge), les saints Pères, la sainte Trinité, la sainte Bible, la sainte Famille, la sainte Église, l'Écriture sainte;—et sans majuscule: les saints anges, les saints docteurs, les saints apôtres, le saint sacrement, la sainte table, le saint père.—Elle fait observer qu'en écrivant au pape, on écrit: Très-Saint Père.
2. Lorsqu'on veut désigner la fête, l'église mise sous l'invocation d'un saint, une ville, un village, une rue qui porte le nom du saint, ce mot s'écrit par une majuscule et se joint au mot suivant par un trait d'union: la Saint-Jean, l'église Saint-Antoine, la ville de Saint-Hubert, le village de Saint-Hadelin, la rue Saint-Georges, etc.
3. Quand saint est écrit par abréviation, l's est toujours majuscule: les apôtres S. Pierre et St. Paul, Ste Gudule, les SS. Pères; on voit que l'abréviation peut s'écrire de deux manières.—On écrit le Saint-Esprit et l'Esprit saint.
4. Sainte nitouche et non sainte mitouche:—voyez nitouche.
Salade, s. f.—Prononcez sa-lade (les deux a brefs) et non salâde ni salâte, slade.
Saligaud, saligaude, adj., personne malpropre;—prononcez ces mots comme ils son écrits et non saligot, saligotte.
Salissant, te.—Ne dites pas, cette couleur est contre l'ordure, mais, cette couleur n'est pas salissante.
Saluer, v. a.—Ne dites pas: je l'ai salué d'un verre de bière, pour, je lui ai présenté un verre de bière;—ne dites pas non plus, on vous salue pour je vous salue.
Samson, n. pr.: prononcez San-son et non Sameson.
Sanctifier, sanctification, sanctuaire, sanction, sanctionner:—dans ces mots faites sentir légèrement le c comme un k: que votre nom soit sanctifié; la sanctification du dimanche; sanctionner une loi.
Sanglier, s. m., porc sauvage: prononcez sanglîé (i long).
Sanguin, sanguine, sanguinaire, sanguinolent:—le g est dur et l'u ne se prononce pas: sanguin, sanguinaire, sanguinolent;—mais l'u se fait sentir dans sanguinification, s. f. (transformation du chyle en sang).
Sans que, loc. conj., ne doit pas être suivi de ne: il l'a fait sans qu'on le lui ait dit; je ne puis parler sans qu'il m'interrompe (et non sans qu'il ne m'interrompe).
2. Sans, étant préposition, ne peut pas s'employer adverbialement; ainsi ne dites pas: je suis tellement habitué à me promener avec cet ami que je ne puis m'en aller sans; dites, sans lui.
3. Sans dessus dessous; écrivez et voyez sens dessus dessous.
4. Sans devant derrière; écrivez et voyez sens devant derrière.
Santé, s. f., état de celui qui se porte bien.—Il ne se dit au pluriel que lorsqu'il est en quelque sorte personnifié, comme dans cette phrase: il y a des santés faibles que peu de chose dérange, c'est-à-dire, il y a des personnes ayant une santé faible.—Mais on ne dirait pas bien: messieurs, ayez soin de vos santés, ménagez vos santés; vos santés sont-elles bonnes? Dans tous ces exemples, santé doit être au singulier.—Santé peut aussi se mettre au pluriel dans le sens de toast: porter des santés.
Saoul, e, adj., repu, rassasié; saouler, rassasier avec excès, enivrer: prononcez sou, souler.—On écrit plus souvent soûl, soûler:—ces termes sont bas et de mauvais ton.
2. Ne dites pas d'une personne qu'elle est une soûlée; ce mot n'est pas français;—employez le mot ivrogne ou bien soûlard, arde, soûlaud, aude;—ces deux derniers termes sont populaires et soûlaud ne figure que dans quelques dictionnaires.
Sarbacane, s. f. (en flamand blaespyp), long tuyau de verre, de bois, de fer-blanc, par lequel on peut, en soufflant, jeter des pois ou autre chose; on peut même se parler au moyen d'une sarbacane, afin de n'être entendu que d'une seule personne: se jeter des pois avec une sarbacane.
2. Ne dites pas sarabacane ni serbacane.
Sarrau, s. m., espèce de blouse grossière en toile, en coton que portent les paysans, les rouliers, etc.; on écrit aussi, mais moins souvent, sarrot.—Prononcez sârô (â et ô longs).
Sart, s. m., sarter, sartage, sartager:—ces mots ne sont pas français: voyez essart.
Sas, s. m., tissu de crin, de soie, etc., qui est entouré d'un cercle de bois et qui sert à passer de la farine, du plâtre, des liquides, etc.—On ne prononce l's finale que devant une voyelle ou une h muette.
Sasse ou Escope, s. f., sorte de pelle de bois étroite et creuse qui sert à prendre et à jeter l'eau hors des navires, chaloupes, nacelles, etc.
Sauf votre respect: voyez respect.
Saule, arbre; ce mot est masculin: un saule pleureur.
Saume ou Same (mot wallon), filet de pêche; en français, trouble ou truble, s. féminin.
Saumer, v. n. (mot wallon), jeter ou tirer vers un but pour savoir qui jouera le premier;—abuter est le mot français: abutons d'abord et puis nous jouerons.
Saunière (et non saunier), s. f., vaisseau, espèce de coffre où l'on conserve le sel;—saunier, s. m., ouvrier qui travaille à faire le sel, celui qui débite, qui vend le sel.
Saur, adj. m., ou Saure, adj. des deux genres, qui est de couleur jaune, tirant sur le brun.—Saure ne se dit guère que des chevaux.—On écrit hareng saur, par abréviation de saure, et l'on dit aussi, mais moins souvent, hareng-sauret. (Acad.)—L'Académie écrit aussi sor, en renvoyant au mot saure.
2. Ne dites pas angletin ni ingletin, pour hareng saur.
Sauvage, adj.—Ne dites pas d'un animal domestique qu'il est sauvage; dites, qu'il est farouche.
Sauvagin, ine, adj.—Il n'est guère usité que dans cette locution, goût sauvagin, certain goût, certaine odeur qu'ont quelques animaux de mer, d'étang, de marais;—il s'emploie plus ordinairement comme substantif: le canard sent le sauvagin et non le sauvage.
Sauver.—Ne dites pas, le prisonnier est sauvé hier, pour indiquer qu'il a pris la fuite; dites, le prisonnier s'est sauvé:—est sauvé signifierait qu'il est hors de danger.
Savoir, Pouvoir.—Savoir s'emploie dans le sens d'avoir le pouvoir, la force, le moyen, l'adresse, l'habileté de faire quelque chose: je saurai bien le réduire; je saurai bien me défendre; je n'y saurais que faire; je le voudrais bien, mais je ne saurais; je ne saurais faire ce que vous me dites; ne sauriez-vous aller jusque-là? il n'a su en venir à bout; il ne sait pas ouvrir cette porte, ayant la clef dans sa main.(Acad.)—Voyez pouvoir.
2. Faire à savoir, c'est-à-dire, faire savoir:—il ne s'emploie guère que dans les proclamations, les publications, les affiches, etc.: on fait à savoir que tels et tels héritages sont à vendre. (Acad.)
3. Savoir à parler, locution barbare; ne dites pas, je ne sais pas à parler de cette affaire; en savez-vous à parler? dites, je n'ai pas entendu parler de cette 438 affaire, je n'ai pas connaissance, je ne suis pas instruit, informé de cette affaire; en avez-vous entendu parler, en avez-vous connaissance, en êtes vous informé, instruit.
4. Sais-tu, savez, savez-vous, sont autant de locutions vicieuses et barbares que l'on n'entend que trop souvent en Belgique: oui, non, sais-tu; tu ne m'oublieras pas, sais-tu; sois bien sage, sais-tu; oui, non, savez-vous; je ne suis pas méchant, savez-vous; il est riche, savez-vous.—Il faut s'attacher à faire disparaître de la conversation cette phrase aussi ridicule que parasite et monotone;—il suffira la plupart du temps de donner une autre inflexion à la voix; d'autres fois on pourra la remplacer par certes, certainement, assurément, sans doute, etc.
5. Il faut en dire autant de vois-tu, voyez-vous, employés à peu près dans le même sens et que certaines personnes répètent à satiété: ce sont là des tics contre lesquels on ne saurait trop se mettre en garde.
6. Savez-vous quoi, est encore une locution mauvaise; ne dites donc pas: savez-vous quoi? eh bien, vous ferez vos excuses et tout s'arrangera pour le mieux; dites, savez-vous ce qu'il faut faire, ce qu'il faut dire, etc.
7. Ne dites pas non plus: savez-vous ce que vous fassiez? faites vos excuses, etc.; dites, savez-vous ce qu'il faut faire, ce que vous avez à faire, ce que vous devez ou devriez faire. (Wall.)
Sayer, pour essayer, est un barbarisme; ne dites pas, venez sayer votre robe, mais, venez essayer votre robe.
Scandale, s. m., mauvais exemple: prononcez scandale et non scane-dale ni escandale.
Scariole, s. f.—On écrit plus souvent escarole, espèce de chicorée qu'on mange en guise de salade. Ne dites pas scarole.
Sch, d'origine allemande, et sh anglais, se prononcent comme le ch français: kirsh, schlague, shérif, schlich, les noms propres Schaffhouse, Schelestadt, 439 Ashanti, Cavandisch, Shéridan, Shore, etc.—Goldsmith (écrivain anglais) se prononce Gold'chmite.
Scarlatine, s. f., et adj.: la scarlatine n'attaquait guère que les enfants; la fièvre scarlatine.—Écrivez et prononcez scarlatine et non escarlatine.
Sceau, s. m., grand cachet: prononcez sô.
Sceller, v. a., appliquer le sceau; ce verbe garde les deux ll dans toute sa conjugaison, ainsi que seller (mettre la selle).
Scène, s. f., spectacle, querelle; prononcez cène (è long):—ne le confondez pas avec cène (la dernière cène de J.-C.)
Schah, titre du souverain de la Perse; le pluriel est comme le singulier: prononcez châ.
Schako, s. m.—On écrit aussi shako et l'on prononce chacô.
Schall, s. m., vêtement de femme; on écrit aussi shall et le plus souvent châle; prononcez châle.
Scheik, s. m., chef de tribu chez les arabes; on écrit ordinairement cheik et on prononce chèk.
Schelling ou Shelling, s. m., monnaie anglaise d'un franc et vingt centimes: prononcez chelin.
Schérif, s. m.; on écrit ordinairement shérif, officier municipal en Angleterre: prononcez chérif.—Ne le confondez pas avec chérif qui se dit d'un prince chez les Arabes et chez les Maures.
Scholaire, scholastique, scholiaste, scholie, s'emploient moins souvent que scolaire, scolastique, scoliaste, scolie.
Schooner, goëlette;—prononcez chounère.
Schyte, s. m., nom d'un ancien peuple; prononcez cite.
Scie, sciant, scier, ennuyeux, ennuyer, etc.;—ces expressions sont populaires: quelle scie que cet homme-là; comme il est sciant, comme il scie!
Sciemment, adv., le sachant bien;—prononcez ciaman et non cian-man.
Science, s. f.; prononcez ci-ance (trois syllabes).
Scintiller, scintillant, scintillation;—on prononce les deux ll sans les mouiller.
Sciure, s. f.—Pour savoir si l'on doit mettre ce mot au singulier ou au pluriel, il suffit de le remplacer par farine. De même que l'on dirait de la farine de froment, de même aussi l'on doit dire de la sciure et non des sciures de bois; sécher le pavé d'une cuisine avec de la sciure (et non des sciures) de bois.
Scorbut, s. m.:—on ne prononce pas le t.
Scorie, s. f., substance terreuse ou pierreuse vitrifiée qui nage sur la surface des métaux fondus.—On appelle scories volcaniques certains produits des volcans.—Voyez mâchefer.
Scorsonère, s. f., légume, espèce de salsifis; ne dites pas scorsionère ni corsionelle;—remarquez que ce mot est féminin.
Sculpter, sculpteur, sculpture:—prononcez sculter, sculteur, sculture.—Sculpterie n'est pas français.
Se, pr. pers.—Ne dites pas: quand se vient le soir, quand se vient le jour; dites, quand le soir vient, quand le jour vient.
Seau, s. m., vaisseau propre à puiser, à porter de l'eau: prononcez sô et non séau ni siau, séïau, séhau.
Sec, fait au féminin sèche, et il n'y a que les gens qui n'ont reçu aucune instruction qui puissent dire: avoir la bouche sec, les mains secs.
Second, adj. ord., deuxième.—Prononcez cegon et non sekon;—le c se prononce également g, surtout dans la conversation, dans seconde, seconder, secondement, secondaire, secondairement. (Acad.)
2. On dit Henri second, François second et mieux Henri deux, François deux.
3. Second, deuxième.—On ne peut se servir indifféremment des mots second et deuxième.—Deuxième semble annoncer un troisième; il éveille l'idée d'une série, tandis que second éveille l'idée d'un ordre 441 seulement. On dira d'un ouvrage en deux volumes: voici le second volume, et d'un ouvrage qui aura plus de deux volumes, voici le deuxième volume.—On dit, par la même raison, je demeure au second et non au deuxième, même en parlant d'une maison qui a plus de deux étages, parce qu'on ne veut pas faire l'énumération des étages de la maison; on veut seulement indiquer que l'on demeure au-dessus du premier.
4. Prononcez l'x de deuxième et de deuxièmement comme un z; prononcez en outre deuziè-me, deuziè-mement et non deuzièm-me, deuxièm-mement.
Secousse, s. f.: n'écrivez pas sécousse.
Secret, s. m., secrétaire, secrétariat, etc.;—prononcez secrè (et non sècrè), secrétaire, etc., et non segrè, segrétaire.
Secrétaire, Secrétariat, Secrétairerie.—C'est le second e qui est marqué de l'accent aigu et non le premier; n'écrivez et ne prononcez donc pas: sécretaire, sécretariat, sécretairerie; écrivez de même secrètement et non sécrètement.
Sécrétion, s. f., toute matière qui sort du corps;—ne prononcez pas secrétion.
Sehu ou seyu ou saou:—ce mot n'est pas français; dites sureau: du thé de fleurs de sureau.
Seigle ou Sègle, s. m., sorte de blé; prononcez sei-gle et non sei-ke, seiguèle.
Seigneur, s. m.—Prononcez sè-gneur et non sé-gnieur ni sègn'nieur.
Seigneurie, s. f., droit, terre de seigneur, titre d'honneur: ne dites pas séigneurerie.—Voyez mairie.
Seize, adj. num.—Prononcez sei-ze et non sei-ce; prononcez de même onze, douze, treize, quatorze, quinze.
Sellette.—Mettre quelqu'un sur la sellette, être sur la sellette; ne dites pas selette.
Semaille, s. f., ensemencement des céréales et des autres plantes objet de la grande culture, ne s'emploie guère qu'au pluriel: les semailles sont une opération importante pour un cultivateur.—Il se dit aussi des grains semés ou à semer: semailles de froment; les semailles commencent à lever; les semailles (et non les semés) sont de belle venue.—Il se dit encore de la saison pendant laquelle on ensemence les terres: au temps des semailles, à la fin des semailles.—Semaison est un vieux mot qui signifiait le temps où l'on fait les semailles:—Bescherelle est d'avis qu'il faut rétablir ce mot dans les dictionnaires.
Semaine, s. f.—Ne dites pas: j'irai vous voir à la semaine; dites, la semaine prochaine.
2. Ne dites pas non plus, la semaine qui vient, le mois qui vient, l'année qui vient; dites, la semaine prochaine, le mois prochain, l'année prochaine.
3. Les noms des jours de la semaine s'écrivent avec une petite lettre: dimanche, lundi, etc. et non Dimanche, Lundi. (Acad.)
4. Prononcez semène et non sèmène ni semain-ne.
Sembler, v. n.—Ne dites pas: vous semblez un gouverneur; dites, vous avez l'air d'un gouverneur.
Semer, semeur, semence, semis, semoir:—prononcez se et non sè.
2. Semer, Ensemencer.—Semer a rapport au grain:—ensemencer a rapport à la terre; on sème le blé, on ensemence le champ.
Semestre, s. m., espace de six mois consécutifs; prononcez semestre et non sémestre ni semesse ni semestère.
Semi, mot tiré du latin et qui signifie demi; il ne s'emploie que devant un autre mot auquel on le joint par un trait d'union et il ne prend jamais la marque du pluriel: des semi-tons, des fleurs semi-doubles.—Écrivez et prononcez semi et non sémi ni sèmi.
Séminariste, s. m., élève d'un séminaire;—le séminaire est l'établissement ecclésiastique lui-même; ne dites donc pas: j'ai rencontré deux séminaires sur le marché; dites, deux séminaristes.—Prononcez séminaris-te et non séminarisse.
Semoule, s. f., pâte de farine très-fine; d'après l'Académie, on doit prononcer semouille.—N'écrivez pas semouille.
Sempiternel, nelle, adj., perpétuel; prononcez sainpiternel. (Acad.)
Sénatus-consulte, s. masculin, décision du sénat: un sénatus-consulte; le pluriel est sénatus-consultes.—Prononcez sénatuce-consul-te (et non sénatuce-consule.)
Senor, s. m., seigneur, monsieur;—senora, madame;—prononcez sègnore, sègnora comme dans seigneur, enseigner.
Sens, s. m.—On fait sentir l's finale, lorsque après ce mot on peut faire une pause, et elle devient nulle si la pause est impossible: mettez cette table de ce sens-là (san-là); c'est un sot qui n'a pas le sens (san) commun; à mon sens (sance).
2. Sens dessus dessous, loc. adv., qui se dit en parlant de la situation d'un objet tourné de manière que ce qui devrait être dessus ou en haut se trouve dessous ou en bas: renverser un objet sens dessus dessous.—Il se dit aussi familièrement de ce qui est dans un grand désordre et tout bouleversé: tous mes papiers sont sens dessus dessous; ma bibliothèque est sens dessus dessous.—N'écrivez pas sans dessus dessous.
3. Sens devant derrière, loc. adv., dont on se sert en parlant de la situation d'un objet tourné de telle façon que ce qui devrait être devant se trouve derrière: elle a mis son bonnet sens devant derrière; sa perruque est sens devant derrière.—N'écrivez pas sans devant derrière.
Sensible, adj., signifie qui est aisément ou vivement touché, mais non, qui émeut.—Ne dites donc pas: c'est un livre, c'est une pièce très-sensible; dites, c'est un livre très-touchant, une pièce très-touchante.
Sente, s. f., sentier.—L'Académie donne ce mot et renvoye au mot sentier; il ne paraît être d'usage que dans les campements.—Pied-sente n'est pas français; dites sentier.
Senté-je, expression barbare; dites sens-je et mieux est-ce que je sens, parce que sens-je paraît dur.—Ne dites pas non plus dormé-je, mais est-ce que je dors.
Sentinelle, est féminin: la sentinelle, une sentinelle;—quelques poètes ont fait ce mot du masculin: ces nombreux sentinelles (Delille): c'est une licence qu'il ne faut pas imiter.
Sentir.—Dites, cette fleur sent bon et non, sent bonne:—ici bon est adverbe.
2. Ne dites pas: ce couteau sent après l'oignon; dites, ce couteau sent l'oignon (Fland.)—Voyez puer.
Seoir, v. n., être assis.—Il n'est plus guère en usage qu'au participe présent séant et au participe passé sis, sise qui signifie situé, située: tribunal séant à Liége; maison sise dans la rue Hors-Château.—Cependant, on dit encore, en poésie et dans le langage familier, sieds-toi pour assieds-toi.
2. Seoir, v. n. être convenable à la personne, à la condition, au lieu, au temps, etc.—Il n'est plus d'usage à l'infinitif et n'a d'usitées que les formes suivantes: indic. prés., il sied, ils siéent,—imp., il seyait, ils seyaient;—futur, il siéra, ils siéront;—condit. prés., il siérait, ils siéraient;—part, prés., seyant: il n'a point de temps composés.—On l'emploie souvent comme impersonnel: il vous sied bien (il vous appartient bien) de vouloir réformer les autres.
Sept, adj. num.—On ne prononce pas le p dans sept ni dans ses composés septième et septièmement; mais on le prononce dans tous les autres: septante, septembre, septenaire, septennal, septennalité, septentrion, septentrional, septidi, septuagénaire, septuagésime, septuple, septupler, etc.—Quant au t de sept, il ne se prononce que lorsque ce mot est pris à part: le nombre sept, ils étaient sept, ou lorsqu'il est suivi d'une voyelle on d'une h muette: sept amis, sept hommes.—Il faut ajouter à cette observation de l'Académie, que le t se prononce dans tous les cas lorsque le mot sept est employé substantivement: le sept d'avril, le sept de trèfle; sept multiplié par trois; un sept de chiffre ou simplement un sept, le sept du mois.
Septante, adj. num., soixante-dix.—Il n'est plus guère usité qu'en Belgique et dans le midi de la France ainsi que dans le style de mathématiques; on le remplace partout ailleurs par le mot soixante-dix. Il en est de même de nonante; quant à octante il n'est plus du tout en usage.—Prononcez le p, sep'tante.
Septennal, ale, adj., qui arrive ou qui est renouvelé tous les sept ans: fête septennale. On prononce le p et les deux nn: sep'ten'nale.
Septier, s. m., mesure de grains, de liquides; on écrit plus souvent setier.—Prononcer cetié et non cètié ni cetchié.—Voyez ti et di.
Séquestrer, Séquestration: prononcez sékestrer, sékestration.
Sera.—Ne dites pas: sera lui qui aura la place, sera vous qui partirez; dites, ce sera lui, ce sera vous qui... ou bien, s'il s'agit d'une interrogation: sera-ce lui..., sera-ce vous...?
Sérail, s. m.; le pluriel est sérails.
Serein, eine, adj., qui est clair, doux, calme;—serin (et non serein), s. m., sorte d'oiseau chanteur.—Prononcez se et non sè.
Sérénade, Aubade, s. f.—Ils désignent l'un et l'autre un concert de voix ou d'instruments donné dans la rue ou sous les fenêtres de quelqu'un; la sérénade se donne le soir et l'aubade le matin.—Prononcez sérénade, aubade et non sérénate, aubate ni sèrènade; ne dites pas non plus ombade.
Serf, adj. s., espèce d'esclave: prononcez serfe;—le féminin est serve (ne prononcez pas serfe).—V. cerf.
Sérincheur.—Ne dites pas d'un mauvais musicien, c'est un sérincheur; dites, c'est un râcleur, un croque-note.—(Les ouvriers qu'on désigne sous le nom de sérincheurs, s'appellent cardeurs en français).
Serre.—N'employez pas ce mot dans le sens de serrure ou de batterie de fusil, de pistolet.
Serrer, Enserrer.—Serrer signifie étreindre, presser ou bien mettre quelque chose dans un lieu où il ne soit exposé ni à être volé ni à s'égarer ni à être gâté.—Enserrer signifie mettre dans une serre: enserrer des orangers.
2. Serrer, ne peut pas s'employer pour fermer; ne dites donc pas, serrez la porte, la fenêtre, le livre, etc.; dites, fermez la porte, etc.
3. Serre-papier, s. m., arrière-cabinet;—tablettes à compartiment où l'on serre des papiers;—petit meuble pesant de marbre, de granit, etc., qu'on met sur des papiers pour les tenir:—presse-papiers n'est pas français.—Le pluriel s'écrit comme le singulier.
Serrure, s. f.—Ne dites pas, laissez la porte sur la serrure, pour signifier ne pas la fermer entièrement; dites, laissez la porte entr'ouverte, ou laissez la porte tout contre.—Prononcez cèrure.
Serveur de messe, servant de messe: ces mots ne sont pas français; dites enfant de chœur.—V. acolyte.
Service.—Ne dites pas, qu'y a-t-il de votre service? dites, qu'y a-t-il pour votre service ou à votre service?
2. Ne dites pas, ce domestique n'est pas au service pour le moment; dites, n'est pas en service.—Mais lorsque service est suivi d'un complément, l'article est de rigueur: être au service de quelqu'un; il a été longtemps au service d'un tel.
3. Service, employé d'une manière absolue, signifie le service militaire: il a vieilli au service.
Servir.—Servir à rien, servir de rien.—Ce qui ne sert à rien aujourd'hui, peut servir demain à quelque chose: il a des talents qui ne lui servent à rien.—Ce qui ne sert de rien ne peut jamais être d'aucune utilité: les murmures contre les décrets de la Providence ne servent de rien; vous êtes aveugle, des lunettes ne vous servent de rien.
2. On dit servir la messe, répondre la messe et non à la messe.
Serviteur, s. m.—Le féminin correspondant est servante.
Seul, eule, adj.—Un seul homme est un homme unique; un homme seul est un homme isolé, retiré.
Seulement, adv.—Ne dites pas: dites-le seulement, faites-le seulement, venez seulement, courez seulement, parlez seulement, etc.—Ce seulement est un flandricisme qui, ordinairement, n'ajoute rien au sens et qu'il faut faire disparaître entièrement en français, ou bien remplacer, selon le sens, par çà, donc, un peu, je vous prie, etc.:—dites-le, faites-le, venez, etc.,—dites-le donc, faites-le donc, venez-donc;—çà! dites-le, çà! faites-le, çà! venez;—dites-le, je vous prie, faites-le, je vous prie, venez, je vous prie.—Voyez fois.
2. Ne dites pas, je n'ai seulement qu'à paraître, et il se taira (pléon. vic.); dites, je n'ai qu'à paraître...
Sexe, s. m.: le sexe masculin, féminin:—prononcez cekce et non cèke.
Sexte, s. f., une des petites heures de l'office;—s. m., le sixième livre des Décrétales.—Prononcez ceks'te et non cêke ni cekce.
Si, conj., ne s'élide que devant il, ils:—s'il, s'ils.
2. Si ne doit jamais être suivi du conditionnel; ne dites donc pas: si j'aurais le temps, j'irais le voir; si je l'aurais su, je n'y serais pas allé; dites, si j'avais le temps, si je l'avais su...
3. C'est également une faute d'employer le conditionnel au lieu du subjonctif; ainsi vous ne direz pas: je voudrais que cela serait; j'ai craint qu'il ne viendrait pas; dites, je voudrais que cela fût, j'ai craint qu'il ne vint pas.
4. Ne dites pas: si j'étais vous ou si j'étais comme vous, je ferais telle chose; dites, si j'étais à votre place ou si j'étais que de vous, si j'étais de vous, je ferais telle chose.
5. Si peut s'employer familièrement comme particule affirmative: vous dites que non et je dis que si; vous n'avez pas été là? si.—On dit également si fait: je crois qu'il n'a pas été là; si fait, il y a été.
6. Ne dites pas, si longtemps que j'aurai une goutte de sang dans les veines, je me défendrai; dites, tant que j'aurai... (Wall.)
7. Ne dites pas, si vite qu'il est levé, il étudie; dites, dès que, aussitôt qu'il est levé... (Wall.)
8. Si peut s'employer au lieu de tant devant un participe passé, et au lieu de tellement devant une locution adverbiale; on peut dire: si aimé, si à l'aise, si à propos, si en colère, etc.—Il serait trop rigoureux de condamner ces sortes d'expressions, dit Boniface.
Sibylle, s. f., prophétesse dans l'antiquité; les ll ne se mouillent pas, cibile.—Sibyllin, adj., de sibylle, vers sibyllins: prononcez les deux ll, cibil'lin.—Une sébille, s. f., est un vase de bois, rond et creux: jetons un sou dans la sébille de ce pauvre aveugle.
Sieste, s. f., Méridienne, s. f.—Sieste, temps qu'on donne au sommeil pendant la chaleur du jour;—méridienne, temps que l'on donne au sommeil après le dîner.
Sieur, s. m., abréviation de monsieur: prononcez cieure en une syllabe.
Signal, signifier, signification: prononcez si-gnal, si-gnifier, si-gnification et non sign'-nal, sign'-nification, sign'-nifier.—Voyez gne.
Signet, s. m., ruban pour marquer dans un livre: autrefois on supprimait le g dans l'écriture et dans la prononciation; mais aujourd'hui on écrit et on prononce signet.
Simple, nom générique et vulgaire des herbes et des plantes médicinales; ce substantif est masculin: la mélisse est un simple d'une grande vertu.
Sinapisme, s. m., cataplasme à la moutarde; prononcez sinapis-me et non sinapisse ni sinapim-se.
Singulier, s. m.:—prononcez singulié; mais faites sonner l'r finale de singulier, adjectif, lorsqu'il fait corps avec le mot qui le suit: quel singulier (lière) homme! le singulier (lière) animal!
Sinon, conj., autrement, sans quoi, ne doit jamais être précédé de ou: obéissez, sinon vous serez puni, et non, ou sinon...
Sirop, s. masculin: du sirop de pomme;—prononcez cirô (ô long) et non cirot (o bref) ni sirope.—On écrit plus rarement syrop.
Sis, sise, part. passé du verbe seoir; il ne s'emploie plus que comme adjectif et en style de pratique (avoués, notaires, huissiers), dans le sens de situé, située: une maison sise rue des Mineurs. Voyez seoir.
Sitôt, adv.—Ne dites pas, sitôt l'arrivée de la diligence, je partirai; dites, aussitôt après l'arrivée, aussitôt la diligence arrivée; dès que la diligence sera arrivée, etc.
Six, adj. num.—Devant une consonne, l'x ne se prononce pas: six personnes;—elle sonne comme z devant une voyelle ou une h muette: six amis, six hommes;—à la fin d'une phrase, après son substantif, ou 450 bien lorsqu'on l'emploie substantivement, on prononce six en faisant sonner l'x comme une s: de douze qu'ils étaient il n'en est resté que six; le chapitre six traite de...; le six du mois.—Elle se prononce aussi, dans le corps de la phrase, lorsqu'il est suivi d'un repos: ils étaient six, tous de bonne humeur. (Acad.)
Sixain, s. m., petite pièce de poésie composée de six vers; prononcez cizin.
Sixième, sixièmement.—L'x se prononce comme z; prononcez sizième, sizièm'ment et non siziain-me, siziain-m'ment.
Skaufelin, est un mot flamand; dites des copeaux.
Sloop, s. m., petit navire à un seul mât; on prononce et quelques-uns écrivent sloupe. (Acad.)
Soc, Socle, Socque, s. m.—Le soc est un couteau de fer attaché à la charrue, qui fend la terre et forme le sillon;—un socle est la base carrée d'une colonne, etc., le piédestal d'une statue, d'un vase;—un socque est une chaussure grossière qui en enveloppe une autre et la préserve de la boue, de l'humidité.
Société, s. f.—Aller en société, est une mauvaise locution; il est mieux de dire, aller dans le monde, dans le grand monde, fréquenter le monde.
2. Ne dites pas, je n'ai pu lui parler, il était en société; dites, il était en compagnie.—Prononcez société et non socièté.
Sœurs, consanguines, germaines, utérines: voyez germain.
Sofa, s. m.: on écrit aussi sopha.
Soi-disant.—Terme de pratique; il se dit aussi par raillerie ou par mépris, dans le langage ordinaire et s'écrit au pluriel comme au singulier: un tel soi-disant docteur; de soi-disant docteurs.
Soie, s. f., étoffe; prononcez soi et non soi-ïe.
2. Soie, s. f., se dit, surtout au pluriel, du poil long et rude de certains animaux: des soies de cochon. 451 Il se dit aussi du poil long et doux d'un barbet, d'un épagneul, d'un bichon: cet épagneul a de belles soies.—Ce mot est féminin.
Soierie, s. f., toute marchandise de soie: prononcez soirie et non soi-ïeri-ïe.
Soigner, v. a.—Ne dites pas: je soignerai pour votre affaire; dites, je soignerai votre affaire, j'aurai soin de votre affaire, je m'occuperai de votre affaire.
2. Ne dites pas, vous soignerez que tout soit prêt; dites, vous aurez soin que tout soit prêt.
Soin, s. m.: prononcez soin et non soan.
Soir, s. m.—Dites un matin, un soir au lieu de dire un jour au matin, un jour au soir.
2. Ne dites pas, un jour sur le soir, un jour au soir, dites un soir:—un soir il aperçut la lune au fond d'un puits.
3. On dit: demain au soir (Acad. au mot demain) et demain soir (Acad. au mot soir);—on dit hier au soir, mais on ne dit pas bien hier soir.—Voyez matin.
Soit, adv., à la bonne heure: soit, j'y consens;—prononcez soite.
Soixantaine, soixante, soixanter, soixantième: dans ces quatre mots, x se prononce comme deux ss.
Solde, est féminin, lorsqu'il signifie la paye des militaires: faire une retenue sur la solde des troupes.—Il est masculin, lorsqu'il signifie la différence entre le doit et l'avoir d'un compte ou le payement qui se fait pour demeurer quitte de compte: le solde est de 300 francs au doit; le solde de votre compte se monte à 500 francs.—Prononcez sol-de et non sol-te ni solle.
Solécisme, s. m., faute contre la syntaxe: c'est moi qui a fait cela, est un solécisme;—prononcez solécis-me et non solécisse, ni solécim'se. Voyez barbarisme.
Soleil, s. m.—Ne dites pas, il fait soleil, mais il fait du soleil comme on dit il fait du vent.
2. Dites, se reposer au soleil et non, dans le soleil.—Prononcez soleille (ll mouill.) et non solèle.
Solennel, elle, adj.—On prononce solanel et non solan-nel et on fait l'a bref; il en est de même de ses dérivés solennellement, solennisation, solenniser, solennité.—Plusieurs, dit l'Académie, écrivent solemnel, solemnellement, solemnité, etc., cette dernière orthographe n'est plus guère usitée de nos jours.
Solive, s. f., en wallon, terrâsse, pièce de charpente qui sert à former et à soutenir le plancher d'une chambre, d'une salle, etc., et qui porte sur les murs ou sur les poutres: solive de brin, solive de sciage.
Solliciter, sollicitation, solliciteur, sollicitude: dans tous ces mots, on prononce les deux ll.
2. Devant un infinitif, on dit solliciter à, quand l'action exprimée par le second verbe n'a point pour but le sujet: je l'ai sollicité à faire cette démarche.—On dit solliciter de quand l'action se termine au sujet: je l'ai sollicité de venir me voir: cette distinction nous paraît un peu subtile.—Devant les substantifs et les pronoms, on dit toujours solliciter à: solliciter à la révolte; qui est-ce qui vous a sollicité à cela?
Solo, s. m.—L'Académie écrit des solo sans s: mais puisqu'elle met une s au pluriel de duo (de beaux duos), il est évident qu'il faut écrire des solos avec une s.
Somme, Sommeil:—ils ne se disent que de l'homme;—on dit, faire un somme, mais on ne dit pas, faire un sommeil.
Sommité, s. f., sommet; on prononce les deux mm.
Somnambule, adj., somnambulisme, s. m.;—somnifère, adj.;—somnolence, subst.;—somnolent, ente, adj.:—dans tous ces mots, on prononce l'm.
Somptuaire, adj.;—somptueusement, adv.;—somptueux, euse, adj.;—somptuosité, subst.:—dans la prononciation de ces mots, on fait sentir le p.
Son, Sa, Ses, adj. poss.—Mon, ton, son, suivis d'un mot commençant par une voyelle ou une h muette, ont un son nasal très-prononcé: mon ami, ton habit, son argent, prononcez mon-n'ami, ton-n'habit, son-n'argent et non mo-n'ami, to-n'habit, so-n'argent.
2. Ne dites pas: mon frère parle si bien son français, son allemand; dites, parle si bien le français, l'allemand.
3. Ne dites pas: celui qui a recueilli ces omnibus, voudrait qu'on touchât son français; dites, ... voudrait qu'on parlât bien le français.
4. Son, sa, ses, remplacés par le pronom en: voyez en.
Sonate, s. f., pièce de musique instrumentale; ne dites pas sonade.
Songer, v. n.—Ne dites pas: j'ai songé de lui mille choses désagréables; dites, j'ai pensé de lui mille choses désagréables.
2. Ne dites pas: j'ai songé de vos commissions ou songé de faire la commission; dites, j'ai songé à vos commissions, à faire votre commission:—songer quelque chose ou de quelque chose, c'est rêver quelque chose ou de quelque chose.
Sonnant, part. prés., du verbe sonner.—Il est adjectif verbal, lorsqu'il se dit d'un objet qui rend un son clair et distinct: de l'étain sonnant, airain sonnant.—Il est aussi adjectif dans les locutions horloge, montre sonnante, espèces sonnantes (monnaies d'or ou d'argent); à l'heure sonnante; arriver à sept heures sonnantes; à midi sonnant, etc.:—et dans cette phrase du langage théologique, propositions mal sonnantes, qu'on écrit aussi, propositions malsonnantes, en un seul mot.
Sonner, v. n. et v. a.—Quand il a pour sujet un mot qui désigne l'heure, il prend l'auxiliaire être: on dit minuit est sonné, midi est sonné, huit heures sont sonnées, et non minuit a sonné, midi a sonné, huit heures ont sonné.—On dit aussi, la messe est sonnée, les vêpres sont sonnées.
2. Ne dites pas, on sonne à messe, à vêpres; dites, on sonne la messe, les vêpres.
3. Ne dites pas, sonner à mort, mais sonner pour un mort;—ni sonner une transe, une agonie, mais sonner le glas, un glas.—Voyez transe.
4. On dit sonner du cor, de la trompette et jouer du cor, de la trompette.—Voyez jouer.
Sont.—Ne dites pas, cinq et cinq sont dix; dites, ... font dix.
Sor, Soret, adj. m.: voyez saure.
Sôrot ou Saurot: cette orthographe est vicieuse; dites, sarrot et mieux sarreau.
Sorte, s. f.—Il est tout aussi incorrect de dire: j'ai fait toute sorte que de dire j'ai fait toute espèce; le sens n'est complet qu'en ajoutant un des substantifs, chose, marchandise, étoffe, etc.; il faut donc dire: j'ai fait toutes sortes de choses.
2. Ne dites pas: il a fait si bien en sorte qu'il a réussi; dites, il a si bien fait qu'il a réussi.
3. Toute sorte et toute espèce, se mettent indifféremment au singulier et au pluriel, excepté lorsque le substantif qui suit ne s'emploie pas au singulier: nourrir toutes sortes de bêtes; souhaiter toutes sortes de prospérités, toute sorte de bonheur à quelqu'un; toute sorte de livres ne sont pas également bons; lire toute sorte d'écriture; il ne faut pas se fier à toutes sortes de gens, à toutes sortes de personnes; des marchandises de toute espèce.—L'accord du verbe ou de l'adjectif se fait, non pas avec sorte, espèce, mais avec le substantif qui suit: toute sorte de personnes sont (et non pas est) venues; une sorte de fruit qui est mûr (et non mûre) en hiver.
Sortir, v. n., demande avoir ou être, selon que le sens permet de répondre à l'une ou à l'autre de ces questions: qu'a-t-il fait, ou bien, où est-il, qu'est-il devenu?—il a sorti (qu'a-t-il fait?) mais il vient de 455 rentrer; il est sorti (où est-il? qu'est-il devenu?) mais il va rentrer.
2. Ne dites pas, il est sorti hors de la chambre, hors de la ville; dites, il est sorti de la chambre, de la ville.
3. Ne dites pas, sortez dehors ou hors d'ici; dites simplement sortez d'ici.
4. On dit très-bien, sortir d'entendre la messe, sortir de dîner, etc., dans le sens de sortir du lieu où l'on a entendu la messe, où l'on a fait le dîner. (Acad.) Mais on ne peut pas dire: je sors de faire telle chose, je sors d'être malade; il faut dire, je viens de faire telle chose, je viens d'être malade.
5. Ne prononcez pas, je sors z'avec vous; prononcez, je sor avec vous.
6. Ne dites pas, sortez votre casquette et dites bonsoir; dites, ôtez votre casquette...
7. Ne dites pas, connaissez-vous le nouveau règlement qui vient de sortir? dites, qui vient de paraître.
8. Sortir s'emploie aussi comme verbe actif dans quelques phrases du style familier où il signifie, faire sortir, tirer:—il est temps de sortir les orangers de la serre; sortez ce cheval de l'écurie; sortez la voiture de la remise; on l'a sorti d'une affaire fâcheuse. (Acad.)
9. Sortir, v. a. et déf., usité en terme de jurisprudence; il signifie, obtenir, avoir:—cette sentence sortira son plein et entier effet dans quinze jours.—Dans ce sens, sortir se conjugue comme finir, mais il n'est usité qu'à la 3e personne: il sortit, ils sortissent; il sortissait, ils sortissaient; subj. prés., qu'il sortisse, qu'ils sortissent; part. prés., sortissant.
Sot, Sotte, adj.—On ne prononce le t de sot que lorsqu'il est suivi d'un mot commençant par une voyelle ou une h muette: un sot enfant (so-t'enfant), un sot (so) personnage; c'est un sot (so).
2. Dites d'un homme qui est tombé en démence, qu'il est devenu fou et non, qu'il est devenu sot.
Sottise, s. f., signifie aussi injure: il m'a dit des 456 ou cent sottises (injures). Cette expression pourtant paraît être de mauvais ton.
Soucier (se), signifie s'inquiéter, s'intéresser, faire cas, etc.: de quoi vous souciez-vous?—Ainsi lorsqu'on veut exprimer une idée d'indifférence, d'insouciance, de mépris, il faut accompagner le verbe se soucier de la négation: je ne me soucie pas (et non je me soucie) de cet homme-là; je ne me soucie pas (et non je me soucie) qu'il vienne; je ne me soucie pas (et non je me soucie) de ce que l'on dit de moi; faites tout ce qu'il vous plaira, je ne m'en soucie guère (et non je m'en soucie).—On peut cependant dire ironiquement: je me soucie bien de cet homme-là; qu'ai-je besoin de lui?
Soucoupe, s. f., espèce de petite assiette de porcelaine, de faïence, etc., qui se place sous une tasse ou sous un gobelet de même matière, propre à prendre du café, du chocolat, etc.: verser son café dans la soucoupe; la tasse et la soucoupe sont d'ancienne porcelaine.—Soutasse n'est pas français.
Souffler, Siffler.—Il existe entre ces deux verbes la même différence qu'entre les substantifs souffle et sifflet: le vent lui soufflait au nez; ce soufflet est troué, il ne souffle plus; siffler pour faire boire un cheval; le vent siffle dans la serrure; il entendait les balles qui lui sifflaient à l'oreille; cet acteur à été sifflé.
Souguenille, s. f., long surtout de grosse toile: écrivez et prononcez souquenille.
Souhaiter, v. a.—Devant un infinitif, il est suivi ou non de la préposition de: souhaiter d'avoir un emploi; je souhaiterais pouvoir vous obliger.
Soûl, adj., au fém. soûle.—On écrit plus rarement saoul, saoule; on prononce soû, soûle, en ne faisant sentir l'l qu'au féminin.
2. Dans le sens de ivre, il est bas et de mauvais goût. Voyez saoul.
Soûlée, employé substantivement dans le sens d'ivrogne, n'est pas français; mon voisin est un ivrogne et non une soûlée.—On dit cependant, mais populairement, soûlard, arde, et soûlaud, aude. Voyez saoul.
Soûler, rassasier avec excès, enivrer; on écrit plus rarement saouler.—Ce terme est bas.
Soulier, s. m., chaussure; l'l ne se mouille pas: sou-lié et non souil-lié ni souyié.
Soupe, s. f.—Ne dites pas: je vous invite à la soupe, à manger la soupe; dites je vous invite à dîner. (Popul.)
Souper, s. m.: on écrit aussi soupé.
2. Après-soupé, s. féminin; on dit mieux après-soupée.
Soupied, s. m.—On écrit plus ordinairement sous-pied: au pluriel, des soupieds et des sous-pieds. (Acad.)
Soupoudrer, v. a.—Écrivez et prononcez saupoudrer, poudrer de sel, de poivre, de farine, de sucre, etc.
Sourcil, s. m., ligne de poils au-dessus de l'œil; prononcez sourci.
Sourciller, v. n., Sourcilleux, adj.: mouillez les ll.
Sourd-muet, sourd et muet.—Le sourd et muet a deux infirmités distinctes et indépendantes l'une de l'autre;—le sourd-muet n'est muet que parce qu'il n'entend pas, et il recouvrerait la parole, si l'on pouvait lui rendre l'ouïe.—Cette distinction est fondée; mais, dans la pratique, on n'en tient presque pas compte, attendu que le résultat est le même.—Prononcez mu-et et non mu-wet.
Sourdité, n'est pas français; dites surdité.
Sous votre respect, locution vicieuse: dites sauf votre respect.—Voyez respect.
Souscription, Suscription.—La souscription, c'est la signature que l'on met au-dessous d'un acte pour l'approuver; c'est un engagement de fournir une certaine somme pour une entreprise; c'est aussi une reconnaissance donnée à un souscripteur.—La suscription n'est autre chose que l'adresse qui est écrite au dos d'une lettre.
Sous-curé, s. m:—C'est l'onder-pastoor des flamands; mais en français on doit dire vicaire: j'ai rencontré le curé et le vicaire de la paroisse.
Sous-diviser, sous-division: on dit plus ordinairement subdiviser, subdivision.
Sous-louer, v. a., donner ou prendre à loyer une partie d'une maison, d'une terre, etc., déjà louée par un locataire principal: j'ai sous-loué ma maison.—Ne dites pas sur-louer.
Sous-main.—Ne dites pas, on a intrigué en sous main, ni en dessous main; dites, on a intrigué sous main.
Sous-pied: voyez soupied.
Soutasse, n'est pas français; dites soucoupe.
Soutenement, s. m., t. de maçonnerie, appui, soutien.—Quelques-uns, dit l'Académie, écrivent soutènement; nous pensons que cette dernière orthographe est préférable, puisque l'Académie écrit entretènement avec un è, et ténement avec un é. V. ège.
Souvenir, v. et s. m.: prononcez souvenir et non soufenir ni soumenir.
Souvent, adv.—Ne dites pas: je l'ai fait, je l'ai dit plus souvent, pour dire simplement que vous l'avez fait souvent, assez souvent: dans ce cas il n'y a pas de comparaison; dites donc je l'ai fait, je l'ai dit assez souvent. (Fland.)
Soye.—Ne dites pas, il faut que cela soye; dites, il faut que cela soit.
Spécimen, s. m., modèle, échantillon: prononcez spécimène au singulier et au pluriel.
Spégulaire, pour signifier la résine dont les musiciens se servent pour frotter l'archet; ce mot n'est pas français; il faut dire colophane, et ce mot est féminin: de la colophane.
Sphynx, s. m., monstre fabuleux, insecte: prononcez sfainkce.
Spiral, adj. ou s.—On dit le ressort spiral ou simplement, le spiral d'une montre; mais on ne peut pas dire l'aspiral ni la spirale d'une montre.
Spiritueux, adj.—Ne dites pas, une liqueur spirituelle; mais une liqueur spiritueuse.
Spleen, s. m.; dégoût de la vie: avoir le spleen; être dévoré du spleen; il n'a pas de pluriel;—prononcez spline et non spléne ni splène.
Squelette: s.—Ce mot est masculin: un squelette d'homme;—écrivez et prononcez squelette et non squèlette, squélette ni esquelette.
Ss.—Les deux ss se font entendre dans assentiment, dissension, disséminer, essence, essentiel, transsuder, transsudation.—Il en est de même de sc dans adolescence, ascension, condescendre, effervescence, efflorescence, résipiscence.
St, St, terme invariable, signe qu'on emploie dans l'écriture, pour exprimer un son que forme quelquefois la voix, lorsqu'on appelle quelqu'un: st, st, venez ici tout de suite.—Il se prononce sit, sit, et on ne fait sentir l'i que très-faiblement (Acad.)
2. St (terminaisons en): voyez t.
Stagnant, ante, qui ne coule point: eau stagnante.—Stagnation, s. f., état de ce qui ne coule point et au figuré, stagnation des affaires, affaires de commerce qui languissent, qui sont suspendues.—Dans ces deux mots, gn se prononce dur.
Staminet, s. m., cabaret; écrivez et prononcez estaminet: les estaminets de Bruxelles sont élégants.
Stathouder, s. m., chef de l'ancienne république de Hollande; prononcez stade-houdère ou stade-oudère.
Statue, s. f.: écrivez et prononcez statu et non estatue. Voyez ée, ie, oue, ue.
Steam-boat, s. m., bateau à vapeur: prononcez stime-bote.
Steamer, s. m., bateau à vapeur: prononcez stimère ou stémère.
Steeple-chase, s. f., mot anglais, course à cheval faite à travers des obstacles: prononcez stipel-tchèsse.
Stentor, s. m., nom d'un guerrier grec au siége de Troie, et dont la voix, dit-on, faisait seule plus d'effet que celle de cinquante hommes: il a une voix de stentor; ne dites pas une voix de centaure. L'Académie écrit stentor avec une petite s.
Sterling, s. m., monnaie d'Angleterre; il ne se dit point seul et il est invariable: cinquante livres sterling;—la livre sterling vaut vingt-cinq francs;—prononcez sterlain.
Stigmate, s. masculin, marque que laisse une plaie, cicatrice: il porte les stigmates de la petite vérole.—Stigmatiser, v. a., marquer avec un fer rouge, etc.: le g se prononce dur dans ces mots.—On écrit aussi, mais rarement, stygmate, stygmatiser.
Stockfisch, s. masculin, sorte de morue salée et séchée à l'air; on prononce et l'on écrit aussi stokfiche.
Store, s. m., sorte de rideau qui se lève et se baisse; ce mot est masculin: des stores élégants.
Stras, s. m., composition qui imite le diamant; prononcez strâce: on n'écrit pas strasse.
Strict, icte, adj., étroit, resserré, sévère: on prononce le c et le t final: strik'te. Voyez finales, q et t.
Subitement, adv.—Dites, cet homme est mort subitement et non, est mort subite.
Subjonctif, s. m., mode verbal.—C'est une faute d'employer le présent pour l'imparfait du subjonctif: il faudrait que je retourne à pied; dites, il faudrait que je retournasse à pied.—Sans doute, beaucoup de 461 personnes se servent de cette tournure pour éviter les formes disgracieuses de certains imparfaits du subjonctifs, terminés en asse, insse, etc.—Quoi qu'il en soit de cette raison d'euphonie, elle ne nous paraît pas suffisante pour se dispenser des règles touchant la concordance des temps du subjonctif avec ceux de l'indicatif; au surplus, dans les cas où l'oreille serait affectée d'une manière désagréable, nous conseillons de faire disparaître le subjonctif en recourant à un autre tour de phrase; ainsi au lieu de dire, il faudrait que je retournasse à pied, dites simplement, il me faudrait retourner à pied.—Voyez conditionnel et imparfait.
Subsister, subsistance, subside, subséquent: prononcez subcister, subcistance, subcide, subcéquent et non subzister, subzistance, subzide, subzéquent.
Substance, substantiel, substituer, etc.; faites sentir l's qui suit le b: subs'tance et non subtance.
Substanter, v. a., entretenir la vie au moyen des aliments: ce mot n'est pas français; dites sustenter: il n'a pas de quoi se sustenter.
Subtiliser, v. a., tromper, attraper: ce mot est français: c'est un voleur qui en subtilise un autre.
Subvenir, v. n., secourir, soulager: dans ses temps composés il prend toujours l'auxiliaire avoir: on a subvenu à ses besoins.
Sucandi, n'est pas français; dites, sucre candi.
Succade, n'est pas français; dites, sucrerie: cet enfant est malade parce qu'il mange trop de sucrerie, et non, trop de succades.
Succession, s. f.—Prononcez suk-cession et non su-cession.
Succès, s. m., réussite, avantage, prononcez sukcè (è long).
Succinct, incte, adj., succinctement, adv.—On fait sentir les deux premiers c, en séparant les syllabes suc-cinct, mais le dernier c est nul;—le t de succinct se prononce.
Succomber, v. n.—Il prend toujours avoir dans ses temps composés: il a succombé glorieusement.
2. On dit succomber sous, lorsque le complément est représenté comme un poids qui nous accable, qui nous fait ployer: succomber sous le poids, sous le faix, sous le travail. (Acad.)
3. On dit succomber à, pour signifier, céder à, se laisser aller à: succomber à la douleur, à la tentation. (Idem.)
Sucre, s. m., suc très-doux qu'on tire de la canne à sucre, de la betterave: prononcez sucre et non suc ni sukère.
2. Ne dites pas du sucre andi pour signifier du sucre dépuré, cristallisé; dites, du sucre candi.
Sucrer, v. a.—On sucre l'eau, le lait, le café, les fraises, mais on ne se sucre pas soi-même; vous ne direz donc pas à vos convives: sucrez-vous, êtes-vous sucré, mais, sucrez votre café, votre thé, etc.; votre café, votre thé est-il sucré, avez-vous pris du sucre, etc.
Suer, v. n.—Ne dites pas, faites suer le linge au soleil; dites faites sécher...—Prononcez suer et non su-wer.
Sueur, s. f., liquide qui sort des pores: prononcez sueur (ueu diphth.) et non, su-eur ni su-weur.
Suffisant, ante, part. et adj. verb.—Assez suffisant est un pléonasme vicieux; dites donc, vos raisons sont suffisantes, et non assez suffisantes.—Prononcez suffizant et non suffissant.
Suggérer, v. a., insinuer, inspirer: prononcez sugh'gérer (le premier g est dur).
Suggestion, s. f., instigation: prononcez sugh'jesthion (le premier g est dur et ti se prononce comme dans question); ne prononcez pas suggécion.
Suicider (se), v. pr., se tuer, se donner la mort.—L'Académie n'a pas admis ce mot, attendu qu'il présente 463 étymologiquement, un pléonasme ridicule; mais l'usage n'a pas tenu compte de l'arrêt de la cour suprême ni des prescriptions du bon sens; et cette expression est aujourd'hui généralement reçue malgré les lamentations de quelques grammairiens boudeurs.
Suicidé, qui s'est donné la mort.—Ce mot n'est pas français; il faut dire suicide: autrefois le corps des suicides était traîné sur la claie.—Prononcez suicide, suicider (ui diphth.) et non su-wicide, su-wicider.—Voyez ue.
Suie, s. f., Suif, s. m.—La suie est une matière noire qui s'attache à l'intérieur de la cheminée.—Le suif est la graisse de mouton ou de bœuf dont on se sert pour faire la chandelle: chandelle de suif; de la suie de cheminée et non du suif ni du soufre de cheminée.—Prononcez sui, suif (ui diphth.) et non soui, souif.
Suite, s. f.—De suite, tout de suite.—De suite, loc. adv., l'un après l'autre, sans interruption: faites-les marcher de suite; j'ai reçu vingt visites de suite; il ne saurait dire deux mots de suite. Il se dit encore de l'ordre dans lequel les choses doivent être rangées: ces livres, ces médailles ne sont pas de suite; mettez-les, rangez-les bien de suite.—Tout de suite, autre loc. adv., signifiant sur-le-champ, aussitôt, sans délai: il faut que les enfants obéissent tout de suite; il faut aller chercher tout de suite le médecin.—La différence entre le sens de ces deux locutions n'est pas tellement marquée qu'on ne puisse, dans beaucoup de circonstances, les prendre l'une pour l'autre. En effet, combien de phrases où sans délai et sans interruption présentent absolument le même résultat! C'est ce que reconnaît très-bien l'Académie:—tout de suite, dit-elle, signifie aussi sans interruption: il but trois rasades tout de suite; il a couru vingt postes tout de suite. Dans ce sens, ajoute-t-elle, souvent on dit simplement 464 de suite.—Quoi qu'il en soit, il vaut mieux ne pas confondre ces deux locutions et leur conserver leur signification propre; la clarté du langage n'a qu'à y gagner.
2. Ne dites pas, toute de suite pour tout de suite.
3. De suite que.—Ne dites pas, je vous préviendrai de suite qu'il sera venu; dites, dès qu'il sera venu, aussitôt qu'il sera venu.
Suivre, v. a., fait au part. passé, suivi et non suit: il m'a suivi (et non suit) toute la journée.
Sujet, s. m.—Ce mot ne peut pas s'employer dans le sens de domestique: il change tous les jours de domestiques, et non, de sujets.
Sujétion, s. f., dépendance, assiduité: prononcez sujécion.
Superstition, Superstitieux.—Prononcez supers'ticion, supers'ticieux (en faisant sentir la seconde s), et non, superticion, superticieux.
Suppléer, v. a.—Suppléer quelque chose, c'est l'ajouter, le fournir, lorsqu'il manque; fournir ce qu'il faut de surplus, et dans ce cas on ajoute une chose de même nature: il lui manquait six mille francs, son père les a suppléés; suppléer ce qui manque dans un auteur, c'est-à-dire, remplir les lacunes qui se trouvent dans ses ouvrages.—Suppléer à quelque chose, c'est le remplacer, en réparer l'absence, le défaut, c'est-à-dire, remplacer cette chose par un équivalent; dans les temps de disette, on supplée au pain par le riz et par les pommes de terre; la valeur supplée au génie. Ici la chose qui remplace n'est pas de la même nature que la chose remplacée.
2. Quand il se dit des personnes, suppléer est toujours actif;—suppléer quelqu'un, c'est tenir sa place, faire ses fonctions: si vous ne pouvez venir, je vous suppléerai.—Prononcez suplé-er et non suplé-ïer.
Suprématie, s. f., supériorité: prononcez suprémacie.
Sûr et sur.—Sûr, signifiant certain, s'écrit avec l'accent circonflexe;—sur, qui a un goût acide et aigret et sur préposition, s'écrivent sans accent circonflexe.
2. Sûr, adj., ne peut pas s'employer pour sûrement, certainement: j'irai vous voir certainement demain, et non sûr demain.
3. Sur, prép.—Ce mot donne lieu à beaucoup d'omnibus.—Ne dites pas: sur la rue, sur la foire, sur une chambre, sur le grenier, sur le monde, sur un jour, sur un dimanche, sur une fois, jouer sur le piano, sur le violon, etc.; dites, il est dans la rue, ou en rue, à la foire, il a acheté ce cheval à la foire, dans une chambre, (il demeure dans une chambre garnie), au grenier, (il est monté au grenier), dans le monde, (il y a beaucoup de dangers dans le monde), un jour, un dimanche, une fois (j'irai vous voir une fois, un jour, un dimanche); il joue bien du piano, du violon.
4. Ne dites pas, j'ai lu cette nouvelle sur le journal, sur la gazette, sur un cahier; dites dans le journal, dans la gazette, dans un cahier. (Wall.)
5. Ne dites pas, mon père écrit sur un bureau, mais, dans un bureau. (Wall.)
6. Ne dites pas, j'ai fait la route sur trois heures; mais, en trois heures. (Wall.)
7. Ne dites pas: Ce monsieur vit sur ses rentes, mais, de ses rentes. (Wall.)
8. Ne dites pas: il est fâché sur vous, il est mécontent sur vous ou après vous; dites, il est fâché contre vous, il est mécontent de vous. (Wall.)
9. Ne dites pas: faites bouillir cela sur un litre d'eau; dites, dans un litre d'eau. (Fland.)
10. Ne dites pas: il a changé ses tableaux sur des meubles, mais, contre des meubles.
11. Cependant l'usage permet de dire: tirer sur quelqu'un; sur la fin de l'hiver; il y a deux fenêtres 466 sur la rue; je m'y rendrai sur les neuf heures (vers les neuf heures).
12. Ne dites pas: sur le temps que vous irez en ville, j'écrirai ma lettre; dites, pendant que vous irez... (Wall.)
13. Ne dites pas: le professeur en a toujours sur moi, tandis qu'il laisse faire les autres; dites, le professeur m'avertit, me gronde, me punit toujours, tandis que... (Wall.)
14. Ne dites pas: il a beaucoup appris sur le peu de temps qu'il a étudié, dites, il a beaucoup appris pour le peu de temps qu'il a étudié. (Wall.)
15. Ne dites pas: sur cela, il est aisé de conclure que... dites, d'après cela, il est aisé de conclure.
Surdité, s. f., état sourd; ne dites pas sourdité.
Surfaire, v. a., demander un prix trop élevé; il se conjugue comme faire: vous surfaites.
Surjet.—Ce mot, fort en usage pour désigner la bonne mesure, le bon pieds, n'est pas français.
Surlouer, n'est pas français; dites sous-louer: j'ai sous-loué la maison et non, ... surloué.
Surplis, s. m., Rochet, s. m., vêtement d'église, ordinairement en toile et qui couvre le corps jusqu'au jambes; les manches du surplis sont très larges, tandis que celles du rochet sont des manches ordinaires: ne dites pas suplis ni supplice.
Surpris, e, Surprenant, te.—Ne dites pas: vous êtes surpris, il est surprenant qu'il n'a pas fait votre commission; dites, qu'il n'ait pas fait... (subj.)
Sus, prép., sur; il n'est guère usité que dans cette phrase: courir sus à quelqu'un.
2. En sus, adv. au delà, en outre: il a touché des gratifications en sus de ses appointements.
3. Sus, interj. famil. dont on se sert pour exhorter, pour exciter: sus, mes amis, sus donc, levez-vous; or sus, dites-nous... Prononcez suce et non su.
Susceptible, adj., Capable, adj.—Susceptible, capable de recevoir certaine qualité, certaine modification; il se dit également des personnes et des choses: la matière est susceptible de toute sorte de formes; l'esprit de l'homme est susceptible de bonnes, de mauvaises impressions; susceptible d'amour, de haine, susceptible du bien et du mal.—Il diffère de capable; en ce qu'il s'emploie toujours dans le sens passif, tandis que capable a un sens actif.—Capable, dans le sens de, qui est en état de faire une chose, qui a les qualités requises pour, se dit des choses aussi bien que des personnes, contrairement à l'opinion de certains grammairiens: seriez-vous capable de porter ce fardeau? votre cheval n'est pas capable de traîner cette voiture; cette digue n'est pas capable de résister à la violence des flots. (Acad.)—Mais susceptible ne peut pas s'employer dans ce sens; ne dites donc pas: il est susceptible de se tromper comme un autre; dites, il est capable de, il peut se tromper...
2. Susceptible se dit absolument des personnes, et signifie, qui est facile à blesser, qui s'offense aisément: un esprit, un caractère, un homme susceptible.
Susmentionné: ce mot n'est pas français; dites, mentionné ci-dessus.
Suspect, ecte, adj., qui est soupçonné ou qui mérite de l'être; on prononce le c et le t: suspek-te.
Syllabe, syllabique, syllabaire, monosyllabe, etc., syllepse, syllogisme: dans tous ces mots, prononcez les deux ll.
Symptôme, s. m., signe, accident dont on tire quelque présage: des symptômes de fièvre; prononcez le p: cimp'tôme (ô long).
Synode, s., conseil épiscopal, ce mot est masculin: le synode doit statuer prochainement sur cette affaire.
Synonymes, Homonymes, Paronymes, s. m.—On donne le nom de synonymes aux mots qui ont 468 une signification à peu près semblable, comme épée, glaive;—les homonymes sont les mots qui se prononcent de la même manière, mais qui ont une signification différente: saint, sain, sein, seing;—les paronymes ont une prononciation à peu près semblable: bayer, payer; boule, poule.
Syrop, s. m.—On écrit ordinairement sirop: voyez ce mot.
T ou Te, placés à la fin des mots et précédés d'une s doivent se faire sentir dans: Ernest, lest, les-te, res-te, pos-te, pis-te, cas-te, Augus-te, subsis-te, résis-te, Baptis-te, évangélis-te, catéchis-te, calvinis-te, modis-te, etc.—Ce serait une faute grossière que de supprimer le t et de prononcer: Ernesse, lesse, resse, posse, pisse, casse, Augusse, subsisse, résisse, Baptisse, évangélisse, catéchisse, calvinisse, modisse.
2. T final.—Il ne se fait sentir que dans un très-petit nombre de mots ordinaires: bat, queue de poisson (et non bât, selle pour les bêtes de somme), fat, mat, adjectif, cobalt, opiat, et cætera, fret, accessit, déficit, transit, granit, l'adverbe soit (à la bonne heure), dot, but, brut, lut, ut, note de musique (il est muet dans bahut), caput, sept, huit, indult, fait dans l'expression voies de fait; quelques grammairiens ajoutent immédiat et net.
3. Par décision du 11 mars 1819, l'Académie a décidé que le t serait maintenu dans le pluriel des mots terminés en ant, ent, soit afin de distinguer le pluriel de serments, parents, etc., de ceux d'examens, païens, etc., soit afin de faire connaître le singulier des mots auxquels ils appartiennent.
Tabac, s. m.: prononcez taba et non tabak.
Tabatière, s. f., boîte à tabac: voyez boîte.—Prononcez taba-tière et non tabatchi-ère: voyez ti.
Table, s. f.: prononcez ta-ble (a bref). et non tâble, ni tape ni tabèle.
2. Ne dites pas, le dîner est à table; dites, le dîner est servi.
Tablée, s. f., réunion de personnes autour d'une table: une tablée d'amis;—ce mot se trouve dans les dictionnaires, mais il n'est pas admis par l'Académie.
Tablier, s. m., pièce de toile, etc., qu'on met devant soi: prononcez tablier et non tabilier ni tabellier.
Tacet, s. m., terme de musique, silence: prononcez le t final: tacette.
Tache, s. f., souillure: il a des taches sur son habit (et non dans son habit);—tacher, v. a., faire des taches: tacher du linge avec de l'encre.—L'a est bref dans ces deux mots, ainsi que dans tacheter, qui signifie, barioler, marquer de diverses taches: le soleil lui a tacheté (et non taché) le visage.
2. Taché, part. pas.—Ne dites pas, Jean est taché de la petite vérole; dites, ... est marqué.
3. Ne dites pas, du papier de tache ni du papier buvard; dites, du papier brouillard.
4. Tâche, s. f., ouvrage, occupation: remplir sa tâche;—tâcher, v. n., s'efforcer, viser à:—l'â est long et est marqué d'un accent circonflexe dans ces deux mots.
5. Tâcher, v. n., prend à quand il signifie viser à: il tâche à m'embarrasser.—Mais lorsque tâcher exprime les efforts que l'on fait pour venir à bout de quelque chose, il prend de: je tâcherai de vous satisfaire.—Il est mieux de dire tâcher de que tâcher que: je tâcherai de vous contenter, et non, je tâcherai que vous soyez content.
Tact, s. m., toucher, l'un des cinq sens; prononcez le c et le t final: tak-te. Voyez finales, 2. et t.
Taie, s. f., sorte de sac qui enveloppe un oreiller; ne dites pas une tête d'oreiller, mais une taie d'oreiller.
2. Taie, s. f., certaine tache blanche et opaque qui se forme quelquefois sur l'œil: il a une taie sur l'œil, sur la cornée: prononcez taî, et non tai-ïe.—Fleurette ou florette n'est pas français.—Voyez dragon.
Taillant, s. m., le tranchant d'un couteau, d'une hache, d'un sabre, etc.; ce mot est français: prendre un couteau du côté du taillant.
Taille, s. f., se dit chez les boulangers, les bouchers, etc., d'un petit bâton fendu en deux parties égales, sur lesquelles le vendeur et l'acheteur font des coches ou petites entailles, pour marquer la quantité de viande, de pain que l'un fournit à l'autre: prendre à la taille le pain chez le boulanger. (Acad.)—On peut dire également coche (s. f.); mais hoche n'est pas français.
2. Ne dites pas: salon pour la taille des cheveux; dites, salon pour la coupe des cheveux:—on taille les pierres, les arbres, etc., et on coupe les cheveux.
3. Ne dites pas: voilà une belle taille de robe; dites, voilà un beau corsage.
Tailleuse, s. f., se dit quelquefois pour couturière, celle qui taille et coupe les vêtements de femme. (Bescherelle, Poitevin.)—Employez de préférence le mot couturière.
Tain, s. m., mélange d'étain et de vif-argent que l'on applique derrière les glaces pour en faire des miroirs: le tain de ce miroir est enlevé; dites le tain et non l'étain.
Tais-toi, Taisez-vous.—Termes ridicules que certaines personnes intercalent à chaque instant dans la conversation; ces mots n'ajoutent rien au sens de la phrase; il suffit presque toujours de les supprimer, en changeant le ton de la voix; on peut aussi les remplacer par un des mots suivants: certainement, n'est-ce 471 pas, mais, comptez, voyez, etc.: il fait bien chaud aujourd'hui!—oh! oui, certainement (et non taisez-vous). (Wall.)
Talent, s. m.—On dit un homme de talent et non un homme à talent.
Talus, s. m., pente, inclinaison de haut en bas que l'on donne à un terrain, etc.; prononcez talu et non taluce.
Tambour de basque, s. m., petit tambour à un seul fond, entouré de grelots; ne dites pas tambour de basse.
2. Tambour, s. m.—On bat du tambour et non le tambour.
Tandis que, conj.:—on fait sentir légèrement l's, tandisse que et non tandi que.—Voyez pendant que.
Tant, adv.—Ne dites pas tant qu'à moi ni pour tant qu'à moi au lieu de quant à moi, pour moi:—quant à moi, je ne l'ai point vu.
2. Ne dites pas tant pire, mais tant pis, comme on ne dit pas, tant meilleur, mais tant mieux.—Voyez pire.
3. Ne dites pas, un tant soit peu, mais tant soit peu: attendez tant soit peu; donnez-en, mettez-en tant soit peu.
Tantième, s. m.—Ne dites pas: je ne sais pas au juste le tantième de son traitement; dites, le chiffre de son traitement.
Taon, s. m., sorte de grosse mouche qui s'attache surtout aux animaux: prononcez ton et non ta-on. (Acad.)
Taper, v. a., donner des tapes: il l'a tapé, je vous taperai.—On dit aussi taper du pied; voilà une réponse bien tapée, un mot bien tapé.—Mais il ne faut pas employer ce verbe comme synonyme de jeter.
Tapis, Tapisserie, Papier de couleur.—Un tapis est une pièce d'étoffe, de toile cirée, etc., dont on couvre une table, le parquet d'une chambre.—La 472 tapisserie est un ouvrage ordinairement fait à l'aiguille ou au métier, et qui sert à revêtir et à parer les murs. Lorsque la tapisserie est de papier, on l'appelle plus ordinairement papier peint ou papier-tenture ou papier de tapisserie (mais jamais tapis).—On nomme papier de couleur le papier coupé en feuilles, de couleur rouge, jaune, marbrée, jaspée, etc., dont se servent principalement les relieurs.
Tapissier, sière, s. qui travaille en toutes sortes de meubles, d'étoffes, etc.; ne dites pas tapisseur.
Taque de cheminée, grande plaque de fer ou de fonte qu'on applique au fond d'une cheminée; ce mot n'est pas français, dites, plaque de feu ou plaque de cheminée. (Wall.)
Taquiner, v. a.—Ne dites pas, cette affaire le taquine; dites, l'inquiète, le tourmente:—taquiner, tourmenter, impatienter pour de minces sujets, ne peut avoir pour sujet qu'un nom de personne: il m'a taquiné tout un jour.
Tarder, v. n.—On peut dire tarder de, mais l'usage préfère tarder à: il tarde à venir. (Acad).—Employé impersonnellement, ce verbe régit de, quand c'est un infinitif qui suit: il me tarde d'achever mon ouvrage. (Acad.)
Targette, s. f.:—Voyez cliche.
Tarlarigot ou Tallarigot, (boire à): il faut dire boire à tire-larigot—Ce terme n'est employé que dans la phrase proverbiale et populaire: boire à tire-larigot, boire excessivement; quelques-uns prétendent qu'il faudrait écrire tire la rigaud. (Acad.)
Tarte, s. f., pièce de pâtisserie: tarte à la crème, aux cerises.—Tartre, s. masculin, dépôt terreux et salin produit dans les tonneaux par la fermentation du vin;—sédiment crayeux et salin qui s'attache aux dents: il y a beaucoup de tartre sur vos dents.—Prononcez tar-tre et non tarte ni tartère.
Tartine, s. f., tranche de pain recouverte de beurre, de confitures, etc.: tartine de beurre, de confitures;—ce mot est français.
Tasson.—Ce mot n'est pas français; dites têt et mieux tesson, débris de bouteille cassée, de pot cassé: il s'est blessé en marchant sur un tesson de bouteille.
2. Ne dites pas tesson, pour désigner un blaireau. (Wall.)
Tatouage, s. m., action de tatouer, c'est-à-dire de barioler, peindre le corps de diverses couleurs, etc.: (oua, oue sont diphth.)—Ne prononcez pas tatou-wage, tatou-wer.—Voyez oue et ue.
Taupe, s. f.: prononcez tôpe (ô long).—Au se prononce toujours ô long, excepté: 1o devant un g dur (gue) ou to: augure (ogur), auguste (oguste), automne (otone);—2o devant st: caustique (costique), austère (ostère);—3o devant r: Laure (Lore), taure (tore);—mais vaurien (vaut rien) se prononce vôriain (ô long).
Te Deum, s. m., cantique de l'Église qui commence par ces mots; au pluriel, des Te Deum.—L'Académie écrit Te Deum, sans trait d'union et avec deux majuscules.—Prononcez té déome et non té dé-ïome.—V. i.
Tel et tel.—Ces adjectifs ainsi que le substantif qui les suit, s'emploient au singulier ou au pluriel, selon qu'on peut les faire précéder de un ou de de: par telle et telle (par une telle et une telle) raison; il m'a dit telle et telle chose; avoir telle et telle qualité; à telles et telles (à de telles et de telles) conditions.
2. Ne dites pas: combien coûte un tel livre?—dites, combien coûte tel livre ou ce livre?
3. Ne dites pas: un homme tel qu'il soit, ne me fait pas peur; dites, un homme, quel qu'il soit, ne me fait pas peur.—Tel a un sens positif et précis et gouverne l'indicatif: tel qu'il est, ce livre est à peine lisible.
Tèle, n'est pas français; dites, une écuelle, une terrine, et non une tèle.
Tellement que.—Ne dites pas: il n'a point d'habits pour se couvrir, tellement qu'il est malheureux; il a fait des progrès étonnants, tellement qu'il est appliqué à l'étude;—dites, tellement il est malheureux, tant il est malheureux;—tellement il s'est appliqué à l'étude, tant il s'est appliqué à l'étude (en supprimant le que).
Témoin, à témoin.—Témoin est invariable au commencement d'une proposition: votre frère est un bon élève, témoin les prix qu'il remporte chaque année.—A témoin est invariable dans tous les cas, parce que, dans chaque expression, témoin est une abréviation de témoignage: je vous prends tous à témoin.—Partout ailleurs, témoin est substantif et par conséquent variable: les témoins ont comparu; je vous prends pour témoins, Messieurs.—Ce mot s'emploie aussi, sans changer de genre, en parlant d'une femme: cette femme est un bon témoin.
Tempe, s. f., la partie de la tête qui est depuis l'oreille jusqu'au front: la tempe droite; ne dites pas le temple ni la temple.
2. Ne dites pas non plus: les tempes de la tête; le mot tempe indique assez qu'il s'agit de la tête; dites simplement les tempes.
Tempester, n'est pas français; il faut dire tempêter, pester: tempêter contre quelqu'un; tempêter pour rien, à propos de rien; c'est un homme qui peste toujours contre l'autorité; il ne fait que pester.
Temporaire, Temporel, elle, adj.—Temporaire signifie momentané;—temporel, périssable: les biens de ce monde sont temporels; cette défense est sévère, mais elle n'est que temporaire.
Temps, s. m.—Le p ne se prononce pas, mais c'est une faute que de le supprimer dans l'écriture, comme le font quelques personnes.
2. Ne dites pas d'une personne, qu'elle a bien le temps, pour signifier qu'elle est assez riche; dites, qu'elle est dans l'aisance, qu'elle a de la fortune.
3. Ne dites pas: en deux heures de temps, en trois mois de temps, en quatre années de temps; dites simplement, en deux heures, en trois mois, en quatre années.
4. Ne dites pas: j'ai tout le temps de faire mes devoirs, je ne suis pas si pressé; dites, j'ai le temps, j'ai encore le temps de..., j'ai assez de temps, il me reste assez de temps pour faire mes devoirs... (Wall.)
5. Ne dites pas: j'ai le temps long de voir arriver cette belle fête; j'ai le temps long, je m'ennuie;—dites, il me tarde, je me réjouis de voir arriver cette belle fête; le temps me paraît long, le temps m'est long, je m'ennuie. (Wall.)
6. Ne dites pas: j'ai vu le temps que les enfants avaient un grand respect pour leur parents; dites, j'ai vu le temps où les enfants... (Wall.)
7. Ne dites pas: dans le temps ce n'était pas comme ça; dites, autrefois, anciennement, jadis, selon que l'époque est plus ou moins éloignée. (Wall.)
8. Ne dites pas: je n'ai pas le temps pour étudier; dites, je n'ai pas le temps d'étudier. (Fland.)
9. On dit de temps en temps et de temps à autre (quelquefois). (Acad.)
Ténacité, s. f., qualité de ce qui est tenace, opiniâtreté; ne dites pas tenacité, quoiqu'on dise tenace.
Tendant, est adjectif verbal, lorsqu'il signifie qui tend à; il est participe présent, lorsqu'on peut le remplacer par, étant fait pour: des discours tendants à prouver; une requête tendante à ce qu'il plaise à la cour; semer des libelles tendants à la sédition;—ces discours ne tendant point à éclaircir la matière, il convient...
Tendre, v. a.—On dit, tendre des filets, tendre ou dresser un piège, tendre ou dresser des embûches.
Tendreté, s. f., qualité de ce qui est tendre; il se dit seulement des viandes, des fruits, des légumes: la tendreté d'un gigot, d'un lièvre; la tendreté de ces légumes, de ces fruits.
Tendron, s. m., cartilages à l'extrémité de la poitrine de quelques animaux; on dit des tendrons de veau et non des tendons de veau.
Tendue, s. f., action de tendre des piéges, des filets: aller à la tendue; il se dit aussi de la place, de l'endroit où l'on a tendu des piéges, des toiles, des filets: ma tendue se trouve sur telle campagne.—On dit plus généralement tenderie, que quelques-uns écrivent abusivement tendrie.
Ténèbres, s. féminin pluriel: les ténèbres sont épaisses.
Tenir, v. a.—Ne dites pas, il faut tenir de soi; dites, il faut se respecter, avoir de la dignité; il faut garder son quant-à-soi. (Wall.)
2. Ne dites pas: cet homme ne se tient pas de soi; dites, ... ne se respecte pas, ne conserve, ne garde pas sa dignité.
3. Ne dites pas, tenir sa tête droite, pour, se porter bien, conserver sa santé:—portez-vous bien, conservez votre santé, et non, tenez on tâchez de tenir votre tête droite. (Fland.)
4. Ne dites pas d'une personne riche, qu'elle tient voiture; dites, qu'elle a équipage ou qu'elle a un équipage.
5. Ne dites pas: cet homme a tenu des emplois considérables; dites, a occupé, a rempli...
6. Ne dites pas: cet acteur ne pourra tenir son rôle; dites, ne pourra remplir ou conserver, garder, selon le sens.
7. Ne dites pas, il ne tient pas d'aller à la promenade; dites, il ne tient pas à aller à la promenade. (Wall.)
8. Ne dites pas: je n'ai pas besoin de mon chien, tenez-le avec; dites simplement, gardez-le.
9. Ne dites pas: on ne peut tenir les rossignols en hiver, le froid les fait périr; dites, on ne peut conserver les rossignols...
10. Ne dites pas: j'aime à tenir des lapins à la campagne; dites, j'aime à avoir, à soigner, à élever, à nourrir des lapins... (Wall.)
11. Ne dites pas: je ne me tiens pas à ce que tu dis, car tu mens; dites, je ne m'en tiens pas ou je ne m'arrête pas à ce que tu dis...
Ténor, s. m., (et non ténore, mot italien): voix de taille, chanteur; au pluriel des ténors.—Taille, signifiant ténor, n'est presque plus usité. (Acad.)
Tentatif, ive, adj.—Ne dites pas: ce fruit est tentatif; dites, ce fruit est appétissant.
Terme, s. m.—Ne dites pas: je ne sais pas s'il le disait à terme de plaisanterie; dites, en plaisantant, par plaisanterie.
2. Ne dites pas: à terme de plaisanter, il parle très-sérieusement; dites, au lieu de ou bien loin de plaisanter...
Terre (à ou par).—Ne dites pas: Jean est tombé à terre de tout son long; dites, est tombé par terre...—Voyez tomber.
Terriblement, adv., signifie, dans le langage familier, extrêmement, excessivement:—il pleut, il neige extrêmement; gagner terriblement au jeu; perdre terriblement; manger terriblement; il étudie terriblement; il parle terriblement; il est terriblement ennuyeux. (Acad.)
Tertre, s. masculin, éminence de terre dans une plaine, colline, monticule: tertre couvert de gazon; prononcez ter-tre et non terte ni tertere.
Testament, s. m.—Ancien Testament (avec deux majuscules et sans trait d'union), les livres saints qui ont précédé la naissance de J.-C.—Nouveau Testament (avec deux majuscules et sans trait d'union), les livres saints postérieurs à la naissance de J.-C.
Tétanos, s. m., convulsion permanente des muscles: prononcez tétanôce.
Tétard, s. m., petit de la grenouille; prononcez tétare.
Tête, s. f.; voyez taie.
2. On ne dit pas, la tête d'un sanglier, d'un saumon, d'un brochet: on dit la hure.
3. Ne dites pas: je ne sais où donner la tête; dites, je ne sais où donner de la tête.
4. En faire à sa tête, n'en faire qu'à sa tête, c'est se conduire à sa guise, sans consulter personne, sans tenir compte de l'avis des autres. (Acad.)
5. Tête à tête, loc. adv., seul à seul: parler tête à tête: on l'écrit sans traits d'union.—Tête-à-tête, s. m., s'écrit avec des traits d'union, et alors il se dit d'une conversation, d'une entrevue seul à seul: un long tête-à-tête; de fréquents tête-à-tête.
6. En tête, s. masculin (style admin.), ce qui s'écrit en tête d'une lettre, d'un tableau: faire imprimer des en tête de lettres; écrire l'en tête d'un tableau: ce mot est invariable.
Tétière de lit, partie du lit sur laquelle repose la tête: ce mot n'est pas français; il faut dire chevet.
Texte, s. m., les propres paroles d'un auteur, etc. l'avocat a rapporté le texte de la loi.—Prononcez l'x et le t: teks-te et non texe. Prononcez également l'x dans ses dérivés, textuel, textuellement, etc.
Taler, s. m.:—voyez daler.
Thé, s. m.—C'est à tort qu'on appelle ainsi toute herbe propre à faire de la tisane; il faut dire herbe médicinale, herbe à tisane.
2. Thé, s. m., se dit de l'arbrisseau qui produit le thé et de l'infusion de thé; il se dit également d'une collation dans laquelle on sert du thé. (Acad.)—Mais ce mot n'est pas français, quand il s'agit de l'eau dans laquelle on a fait bouillir ou infuser de l'orge, de la réglisse, du chiendent ou autre substance, soit grain, soit racine, fleurs, feuilles, ou bois, pour en composer 479 un breuvage, une boisson médicamenteuse:—dans cette acception, il faut dire tisane: tisane rafraîchissante; un verre de tisane; il ne boit que de la tisane. (Acad.)
Théâtre, s. m.: prononcez thé-â-tre et non thé-iâtre ni théâte, théâtère.
Théière, s. f.; thétière n'est pas français.
Théologie, théologien, théologal, théorie, théorème, etc.:—prononcez thé-o et non thé-io.
Thésauriser, v. n., amasser de l'argent; ne dites pas trésoriser.
Thuia ou Thuya, s. m., sorte d'arbrisseau toujours vert.
Ti, dans les syllabes en tié, tier, tiers, tiez, tieu, tien, tion, etc., doit conserver sa prononciation propre: ainsi prononcez amiti-é, moiti-é, méti-er, cabareti-er, enti-er, volonti-ers, un ti-ers, vous acheti-ez, vous éti-ez, Mathi-eu, ti-en, ti-ens, questi-on, etc., et non ami-tchi-é, moitchi-é, métchi-er, cabarétchi-er, entchi-er, volontchi-ers, un tchi-ers, vouz achetchi-ez, vous étchi-ez, Matchi-eu, tchi-en, tchi-ens, questchi-on.—Les wallons sont exposés à remplacer ti par un son qui équivaut plus au moins à leur ch, tch (planchî, pochî, Macheu):—voyez di.
Tic-tac, s. m. et Tactique, s. f.—Ne confondez pas ces deux mots: le premier ne se dit que du bruit d'un balancier, d'un moulin: le tic-tac d'une montre.—Le second signifie la marche qu'on suit, les moyens qu'on emploie pour réussir dans quelque affaire: je vois votre tactique, c'est une vieille tactique.
Tiens, est quelquefois interjection: tiens! ou tiens, tiens, c'est étonnant.—Dans ce cas il serait ridicule de remplacer tiens par tenez, pour parler plus poliment, attendu qu'il ne s'agit nullement de l'impératif du verbe tenir.
Tiers, erce.—Ne dites pas: le tiers de douze est de quatre; dites, est quatre.—Voyez ti.
Tiliasse ou Tignasse.—Ne dites pas: la chair de ce dindon est tiliasse; dites, est coriace (c'est-à-dire, résistante, difficile à broyer).
Timon, s. m.; voyez limon.
Timoré, ée, adj., qui craint d'offenser Dieu ou qui porte très-loin le scrupule: conscience timorée.—Il ne se dit pas dans le sens de timide.
Tire-larigot: voyez tarlarigot.
Tirelire, petit vase, avec une fente en haut, par laquelle on fait entrer des pièces de monnaie qu'on veut amasser; ce mot est féminin: ma tirelire n'est pas remplie de napoléons.
Tirer, v. a.—Ne dites pas: le thé, le café a-t-il tiré? pour demander s'il est infusé; dites, le thé, le café est-il tiré?
2. Ne dites pas: mon voisin m'a tiré en justice; dites, m'a attrait en justice, m'a fait assigner en justice, m'a fait citer. (Fland.)
3. Ne dites pas: je vais tirer mon paletot, il fait très-chaud ici; dites, je vais ôter mon paletot... (Fland.)
4. Ne dites pas: tirez votre casquette, votre chapeau; dites, ôtez votre casquette, votre chapeau ou simplement, découvrez-vous. (Fland.)
5. Ne dites pas: on lui a tiré une dent hier; dites, on lui a arraché une dent hier. (Fland.)
6. Ne dites pas: ce babillard m'a tiré en ridicule; dites, m'a tourné en ridicule. (Fland.)
7. Ne dites pas, il tire, pour faire entendre que le vent se glisse à travers quelque fente; dites, le vent souffle ou bien, il y a un vent coulis; il vient un vent coulis par cette porte; je sens un vent coulis qui me donne sur l'épaule; les vents coulis sont dangereux.
8. Ne dites pas: cet enfant tire après son père; dites, ressemble à son père, a des traits de son père. (Wall.)
9. Ne dites pas: j'ai tiré ou j'ai tiré bas deux lièvres; dites, j'ai abattu ou j'ai tué deux lièvres. (Wall.)—Tirer un lièvre, c'est simplement tirer dessus, mais non le tuer.
10. On dit très-bien, tirer sa révérence, dans le sens de faire sa révérence.
11. On dit de deux ennemis déclarés, qu'ils en sont aux couteaux tirés, à couteaux tirés et non à couteaux tirer.
Tisonnier ou Tire-braise, s. m., ustensile de fer recourbé vers le bout, et qui sert à attiser le feu, à tirer les braises, etc.—Le mot fer, dans ce sens, est wallon.
Toast, s. m., proposition de boire à la santé de quelqu'un; au pluriel toasts. On prononce et quelques-uns écrivent toste. (Acad.)
2. Toaster, v. n., boire à la santé de quelqu'un: on prononce et on écrit ordinairement toster.
Tohu-bohu, s. m., confusion, mélange ou conflit d'opinions, de système: c'est un véritable tohu-bohu.
Tôle, s. f., fer battu et réduit en feuilles ou plaques minces, dont on fait des poêles et d'autres ouvrages: tuyaux de grosse tôle.—Ce mot est féminin; prononcez tôle (ô long).
Tollé.—Mot emprunté du latin et qui n'est usité que dans des locutions comme celle-ci: crier tollé sur quelqu'un, c'est-à-dire, crier pour exciter l'indignation contre lui.—On prononce les deux ll.
Tombée, s. f.—Il ne s'emploie guère que dans cette locution: à la tombée de la nuit, au moment où le jour tombe, où la nuit approche. (Acad.)
Tomber, v. n.—La plupart des grammairiens disent que le participe de ce verbe ne se construit jamais avec l'auxiliaire avoir; cependant plusieurs bons auteurs présentent plusieurs exemples de tombé combiné avec avoir; et l'Académie, de son côté, donne 482 l'exemple suivant: les poètes disent que Vulcain a tombé du ciel pendant un jour entier.—Quoi qu'il en soit, nous pensons qu'il faut régulièrement le construire avec être; dites donc, je suis tombé, il est tombé et non j'ai tombé, il a tombé.
2. Ne dites pas: ce malade est tombé hors de connaissance ou sans connaissance; dites, ce malade a perdu connaissance.
3. Ne dites pas: prenez garde de ne pas tomber, pour recommander de ne pas tomber; dites, prenez garde de tomber.
4. Ne dites pas d'un jeune milicien, qu'il est tombé dedans; dites qu'il a tiré un mauvais numéro; qu'il est désigné pour le service. (Wall.)
5. Tomber à terre, tomber par terre.—Ce qui touche à la terre, tombe par terre;—ce qui n'y touche pas, tombe à terre. Ainsi, un arbre tombe par terre, et les fruits tombent à terre.
Tome, Volume.—Noms qu'on donne aux livres matériellement pris comme objets qui ont place dans les bibliothèques.—Le tome est une division ou une partie d'un ouvrage; un tome en suppose d'autres, c'est un commencement ou une suite.—Le volume, c'est tout ce qui est réuni dans une même brochure ou dans une même reliure; c'est un tout distinct. Quelquefois on fait mettre deux ou plusieurs tomes en un volume; c'est, par exemple, quand il n'y a qu'une table pour tout l'ouvrage; on peut même réunir ainsi des ouvrages différents, des opuscules qui aient peu ou point de rapports. Un tome peut à son tour être publié en deux ou plusieurs volumes.—En général, les tomes ont quelque rapport au contenu, au lieu que les volumes ne se considèrent qu'extrinsèquement, par rapport à la grosseur, au format, au nombre. (Lafaye)—Prononcez tôme (ô long).
Ton, adj. poss.—Mon, ton, son, suivis d'un mot commençant par une voyelle ou une h muette, conservent leur prononciation naturelle et l'on ajoute une seconde n pour faire la liaison: mon âme, ton ami, son oncle se prononcent mon n'âme, ton n'ami, son n'oncle et non mo-n'âme, to-n'ami, so-n'oncle.
2. Ton. s. m.—Ne dites pas: ce jeune homme se donne des tons, dites, fait l'important.
Torcher, v. a.—Ne dites pas: je me suis torché le pied; dites, je me suis foulé le pied.
Torrent, s. m., courant d'eau rapide: prononcez les deux rr, ainsi que dans torrentiel, torrentueux, torréfier, torréfaction.
Tors, torse, adj., qui est tordu ou qui en a la figure: un cou tors, un fil tors, une jambe torse.
2. On dit populairement torte au féminin, en parlant de ce qui est contourné, difforme: jambes tortes, bouche torte. (Acad.)
Tortoir, s. m., et mieux Garrot, s. m., petite perche, bâton qu'on passe dans une corde, dans un lien quelconque, pour serrer quelque chose en tordant: serrez davantage le garrot de cette malle, de cette scie.
Tory, s. m., mot emprunté de l'anglais et qui désigne les partisans des prérogations royales ou les conservateurs; au pluriel torys. (Acad.)—Prononcez tori, ou tôri à l'anglaise.
Toton, s. m., espèce de dé qui est traversé d'une petite cheville sur laquelle on le fait tourner, et qui est marqué de différentes lettres sur ses faces latérales: les totons sont ordinairement d'os ou d'ivoire.—Ne dites pas tonton.
Touche, s. f.—Ne dites pas: écrivez sur votre ardoise avec votre touche; dites, avec votre crayon.—On dit crayon et crayon d'ardoise;—la touche est un petit brin de bois, de baleine, etc., dont les enfants, qui apprennent à lire, se servent pour toucher les lettres.
Toucher, v. a., en parlant de certains instruments 484 de musique, signifie jouer: toucher la lyre, l'orgue, le piano; il touche le piano agréablement, délicatement.—C'est une faute de dire toucher du piano, toucher de l'orgue, etc.—Voyez jouer.
Touiller, v. a., mêler, brouiller: touiller des œufs.—Touiller figure dans les dictionnaires comme terme populaire.
Toujours, adv.—Les Wallons emploient abusivement toujours dans le sens de cependant, pourtant, néanmoins, malgré cela:—quoique le temps soit à la pluie, nous irons toujours (néanmoins) nous promener; mon professeur m'a fort bien expliqué ce problème, mais je sens que j'aurai toujours (pourtant) de la peine à en trouver la solution.
Tour, s. m.—On dit également, c'est à mon tour de ou à, ou bien c'est mon tour de ou à: c'est mon tour à vous aller voir; c'est mon tour, c'est à mon tour de monter la garde.—Voyez a, 6.
Tourelle, s. f., petite tour; ne dites pas tourette.
Tourmenter, v. a.—Ne dites pas: Pierre me fait tourmenter, Paul m'a fait tourmenter, etc.; dites simplement Pierre me tourmente, Paul m'a tourmenté, en supprimant le verbe faire, qui est ici de trop. (Wall.)—Voyez faire, 10.
Tournement.—Ne dites pas, avoir des tournements de tête; dites avoir des tournoiements de tête et mieux, avoir des vertiges.
Tournevis, s. m., instrument de fer ou d'acier pour serrer ou desserrer les vis: prononcez l's ainsi que dans vis.
Toursiveux, adj. (mot wallon), malicieux, astucieux: il est malicieux comme un vieux singe; homme astucieux.
Tous, plur. de tout.—On fait sentir l's lorsque tous est pris substantivement ou qu'il est placé à la fin d'une phrase: il faut se faire tout à tous; tous l'ont vu; ils y étaient tous.
Tout, adj.—Ne dites pas, une fois pour tout; dites une fois pour toutes (sous-entendu les fois).
2. Tout, reste au masculin devant un nom de ville féminin: tout Liége en parle; tout Bruxelles l'admira; tout Rome fut consterné; tout Vienne apprit cette nouvelle fâcheuse; c'est-à-dire, tout le peuple de Liége, de Bruxelles, de Rome, de Vienne...
3. Ne dites pas, en terme de jeu, pour de bon, pour le bon, pour tout de bon, pour de rire; dites, pour rire et tout de bon (c'est-à-dire sérieusement, entièrement, de bon jeu, pour quelque chose).
4. Ne dites pas, tout de long de la rivière, mais tout du long...
5. Ne dites pas, tous les deux heures, tous les vingt-quatre heures; tous les trois semaines; dites, toutes les deux heures, toutes les vingt-quatre heures, toutes les trois semaines.
6. On dit également bien: ce n'est pas le tout ou ce n'est pas tout de bien réciter sa leçon, il faut encore la comprendre. (Acad.)
7. Ne dites pas, il m'a fait tout peur; dites, il m'a fait peur. (Wall.)
8. Ne dites pas: il est malade tout comme tout, il est sage tout comme tout; dites, il est fort malade, fort sage.
9. Ne dites pas: il est heureux comme tout, il est pauvre comme tout; dites, il est fort heureux, il est fort pauvre.
10. Ne dites pas: vous m'éclaboussez et vous me salissez tout; dites, ... vous me salissez entièrement, tout à fait.
11. Tout à fait, est adverbe et ne peut par conséquent s'employer comme substantif;—ne dites donc pas: le nouveau propriétaire a changé tout à fait dans cette maison; dites, a changé tout.—Écrivez ce mot sans traits d'union. (Acad.)
12. Tout plein, beaucoup; cette expression est française: il y a tout plein de monde dans les rues;—j'ai tout plein de livres d'égarés; vous dites qu'il n'y a pas de boutiques dans cette rue, il y en a tout plein.
13. Tout de suite et de suite: voyez suite.
14. Toute sorte, toute espèce: voyez sorte.
15. Tous deux, tous les deux: voyez deux.—On dit de même tous trois, tous quatre et tous les trois, tous les quatre;—au-delà de ce dernier nombre jusqu'à dix, on supprime rarement l'article: tous les cinq, tous les six, tous les sept, etc.;—au-delà de dix, on l'emploie toujours: tous les seize, tous les vingt.
16. Tout à coup, tout d'un coup.—Tout à coup (sans traits d'union) signifie soudainement, subitement: ce mal l'a pris tout à coup, comme il y pensait le moins. (Acad.)—Tout d'un coup signifie tout d'une fois, tout en même temps: il gagna mille écus tout d'un coup. (Acad.)
Toux, est un substantif féminin: j'ai la toux;—ne dites pas tousse. (Wall.)
Tracassement, n'est pas français; dites tracas, tracasserie: il est dans le tracas du déménagement; il y a bien du tracas dans cette maison; il passe sa vie à faire des tracasseries.
Tracassier, ière, subst.—Celui, celle qui aime à tracasser. On l'emploie aussi adjectivement: une administration tracassière.
Traducteur, s., celui qui traduit d'une langue en une autre. Ce mot n'a pas, quoi qu'en disent certains grammairiens, de correspondant féminin: madame Dacier, traducteur d'Homère (et non traductrice).
Trafic, s. m., négoce, commerce de marchandises: on prononce le c: trafike.
Trahir, trahison.—L'h est muette dans ces mots; prononcez tra-ir, tra-ison et non tra-hir, tra-hison.
Train, s. m.—Faire du train, pour, faire du tapage, est français, mais populaire; cependant on ne dit pas mener du train:—voyez mener.
Traîner, être en langueur sans pouvoir se rétablir; ce mot est français: il y a longtemps qu'il traîne; il traînera encore quelque temps.—Prononcez trèner et non train-ner.
Traîtrise.—Ce mot n'est pas français: dites trahison.
Tramontane, s. f.—Perdre la tramontane, c'est perdre la tête comme les matelots qui, perdant l'étoile polaire (tramontane), ne savent plus se diriger sur mer; ne dites pas trémontade.
Tranquille, adj., calme, paisible.—Prononcez trankile et non tranquille (ll mouillées).—Prononcez de même une seule l non mouillée dans tranquillement, tranquillité, tranquilliser, tranquillisant.
2. Laissez-moi donc tranquille? est impoli, pour dire: n'en parlons plus, je vous prie; brisons là-dessus, s'il vous plaît; assez sur ce sujet, parlons d'autre chose, si vous le voulez bien, etc.
Trans, prép., dans la composition des mots, signifie au-delà, à travers;—l's se fait sentir.
Transaction, transiger, transalpin, transitif, transition, transitoire:—prononcez l's douce: tranzaction, tranziger, tranzalpin, etc.
Transe.—Ne dites pas, sonner une transe, une agonie; dites sonner le glas, un glas funèbre. Remarquez qu'on ne pourrait pas dire: un tel est mort, on vient de sonner son glas; dites, on vient de sonner le glas (cloche funèbre), ou bien de sonner son trépas, son décès.
Transir, v. a. et n., pénétrer, engourdir de froid: je suis transi de froid;—prononcez trancir, tranci, trancissement et non tranzir, tranzi, tranzissement.
Transit, s. m., faculté de faire passer des marchandises sans payer de droits d'entrée: prononcez tranzite, et non trancite ni tranzi.
Translater, v. a., traduire d'une langue en une autre: ce mot est vieux (Acad.); on dit plus communément aujourd'hui traduire.
Transvider, verser une liqueur d'un vase dans un autre: ce mot n'est pas français; il faut dire transvaser.
Trappe.—Ce mot n'est pas français, dans le sens de souricière, ratière, taupière, etc., instrument dont on se sert pour prendre les souris, les rats, les taupes. (Wall.)
Travailler, v. a. et n.—Ne dites pas, il a travaillé longtemps après cet ouvrage; dites, ... à cet ouvrage. (Fland.)
Travers.—A travers, au travers, loc. prép.—La première est toujours suivie d'un régime simple, et l'autre, de la préposition de: à travers les champs, au travers des champs.—A travers désigne un passage libre, tandis que au travers indique qu'il y a des obstacles à surmonter pour se frayer un passage: à travers la route, au travers des ennemis.—Mais l'Académie fait remarquer que cette distinction n'est pas toujours observée: on ne voyait le soleil qu'à travers les nuages, qu'au travers du brouillard.
Traverse, s. f.—Ne dites pas un chemin de travers, mais, un chemin de traverse, pour signifier un chemin particulier qui conduit à un lieu où ne mène pas le grand chemin ou qui est plus court que ce grand chemin.
Traverser, v. a.—On ne dit pas traverser un pont, mais passer un pont ou traverser la rivière:—traverser un pont, en effet, c'est passer du côté d'amont à celui d'aval, ou réciproquement, et non suivre le pont dans sa longueur.—Cette observation s'applique également aux rues, aux chemins, tandis qu'au contraire, une place peut être traversée dans tous les sens.
Trayer, triller, trayage, trillage, choisir ou l'action de choisir, entre plusieurs choses, les meilleures seulement: ces mots ne sont pas français; dites trier, triage.—Chercher dehors, pour trier, est un flandricisme.
Trébucher, est un verbe neutre qui ne peut pas s'employer pronominalement; se trébucher n'est pas plus français que se tomber ou se marcher:—il ne peut pas faire un pas sans trébucher (et non sans se trébucher.)
Trèfle, s. m., plante ou l'une des quatre couleurs du jeu de cartes; ce mot est masculin: voilà de beau trèfle; je joue du trèfle.—Prononcez trè-fle et non trè-fe ni trè-fèle.
Trémontade, n'est pas français: voyez tramontane.
Trente et un: prononcez trenté un et non trenté iun;—prononcez de même vingt et un, quarante et un, etc.—Voyez nombre.
Très, ne se joint qu'à un adjectif, à un participe ou à un adverbe, et non à un substantif; on ne doit pas dire: j'ai très-faim, très-soif, très-raison, très-peur; il est très-matin, etc.; il faut dire, j'ai bien faim, fort soif, extrêmement, terriblement faim, soif, etc.
2. Remarquez que très doit toujours être joint, par un trait d'union, à l'adjectif, au participe ou à l'adverbe: très-riche, très-aimé, très-bien. (Acad.)
Trésoriser: voyez thésauriser.
Tressauter, n'est pas français; dites donc, ce coup de fusil ma fait tressaillir et non, tressauter.
Tricheur, tricheuse, celui, celle qui triche, qui trompe au jeu: trichard n'est pas français.
Tricoises, s. f. pl., tenailles dont se servent les maréchaux pour ferrer et déferrer les chevaux. (Acad.) Dans les autres acceptions, dites tenailles. (Wall.)
Triennal, ale, adj., qui dure trois ans: période triennale;—prononcez les deux nn, trien'nal.
Trimbaler, v. n., mener, conduire, faire courir, etc.; ce mot est trivial.
Trimer, v. n., marcher vite et avec fatigue; ce mot est très-populaire; dites, se tuer à marcher, à courir, à faire des courses.
Tringle, s. f., verge de fer: prononcez trin-gle et non tringue ni trin-guèle.
Trio, s. m., musique à trois parties; au pluriel, trios.
Tripotier, ière, s., celui, celle qui tripote, intrigant, intrigante:—tripoteur n'est pas français.
Triste, adj.—Un triste caractère, est un caractère avec lequel on ne peut pas vivre; un caractère triste, est celui qui est porté à la tristesse.
Triumvir, s. m., un des trois magistrats chargés de l'administration dans l'ancienne Rome:—prononcez triomevir; prononcez de même triumviral, triumvirat. (Acad.)
Troc, s. m., échange de meubles, de nippes, de chevaux et autres choses semblables: faire un troc avec quelqu'un.—Prononcez troque et non tro.
Trognon, s. m., le cœur, le milieu d'un fruit dont on a ôté tout ce qu'il y avait de meilleur à manger; il se dit principalement des poires et des pommes.—Le trognon d'un chou, un trognon de chou, est la tige d'un chou dont on a ôté les feuilles.—Ne dites pas rognon dans ce sens.
Trois-pieds, n'est pas français; dites trépied.
Trombone, s. m., espèce de grande trompette; on donne aussi ce nom à celui qui joue cet instrument: ce mot est masculin dans ces deux acceptions: le son du trombone est grave; le premier trombone de l'harmonie.
Trompette, est masculin, quand il désigne celui qui sonne de la trompette: le trompette de telle compagnie.—Il est féminin dans les autres acceptions.
Tronc, s. m.; boîte placée dans les églises pour recevoir les offrandes des personnes charitables: prononcez tron et non tronke.—Le mot bloc, employé pour tronc, n'est pas français.
Trône, s. m., siége royal: prononcez trône (ô long) et non trone (o bref).
Trop, adv.—Ne dites pas, il est trop courageux que pour se rendre; dites, il est trop courageux pour se rendre.—On ne prononce le p de trop que pour faire la liaison devant une voyelle ou une h muette: trop avare (ne dites pas tro-z'avare).
Trotte, s. f., espace de chemin; ce mot figure dans le dictionnaire de l'Académie comme terme populaire: il y a une bonne trotte d'ici là.—Il est mieux de dire traite, course: il y a une bonne traite, une longue course d'ici là.
Trouée, s. f., ouverture, espace vide dans un bois, dans une haie, etc.; ce mot est français: il est facile de faire une trouée dans ce bois; dans cette haie il y a une trouée par où nous pourrons aisément passer.—Prononcez trou-é (é long) et non trou-wé ni trou-wéïe.—Voyez ue, oue, ie, é, 2.
Troupe, s. f.—En parlant de quelqu'un qui est au service, dites: il est dans les troupes et non, dans la troupe ni à la troupe.
Trouver bon, trouver mauvais, approuver, désapprouver, etc., sont des expressions correctes. (Acad.)
Truand, ante, s., vaurien, vagabond, qui mendie par fainéantise: cet homme est un vrai truand.—Ce mot est substantif, et ne peut s'employer comme synonyme de paresseux, indolent; du reste, il est populaire et peu usité, dit l'Académie.—Prononcez tru-and et non tru-want.—Voyez oue, ue.
Truc, s. m. Avoir le truc, avoir l'art, le secret, le talent, être habile, rusé: il a le truc, il s'en tirera bien.—Ce mot est populaire et sent un peu l'argot.
Truelle, s. f.—Une truelle est un instrument de 492 maçon; il ne faut pas employer ce mot comme synonyme de pelle.—Prononcez tru-elle et non tru-welle.
Truffe, s. f., légume très-savoureux et très-odoriférant; écrivez et prononcez truffe et non truffle.
Trumeau, Glace.—La partie du mur comprise entre deux fenêtres se nomme trumeau; il se dit aussi des glaces, ordinairement hautes et étroites, qui se mettent entre deux fenêtres ou qui sont placées au-dessus d'une cheminée.
Tsar. Voyez czar.
Tu-autem, s. m., expression latine dont on se sert pour dire, le point essentiel, le nœud, la difficulté d'une affaire: c'est là le tu-autem.—On ne l'emploie pas au pluriel: prononcez tu-autème.
Tuer, tueur etc.—Prononcez tu-er, tu-eur, je tû, et non tu-wer, tu-weur, je tu-we.—Voyez oue, ue.
Tuile, s. f.—Dites un toit couvert en tuiles ou de tuiles et non un toit couvert en pannes ou de pannes: ce dernier mot est flamand.—Prononcez tu-ile, et non tou-ile.—Voyez ui.
Tulle, s. m., sorte de tissu en réseau, très-fin; ce mot est masculin: du tulle brodé.
2. Tulle, pierre tendre, rouge, propre à marquer: ce mot est wallon et se rend en français par, craie rouge.
Tumulte, s. m., grand mouvement accompagné de bruit et de désordre; prononcez le t final: tumulte et non tu-mule.—Voyez finales, 2. et t.
Tuser, mot wallon qui signifie, penser, réfléchir, être absorbé par une idée;—il va sans dire qu'on ne peut pas l'employer en parlant français.
Tutti, terme de musique; prononcez les deux tt, tut'ti.
Tuyau, s. m.: prononcez tui-iau et non tu-iau.
Typhus, s. m., maladie contagieuse: prononcez typhuce.
Tyran, s. m.—On dit aussi une femme tyran domestique.
Tzar, s. m.: voyez czar.
Ubiquiste, s. m., docteur en Sorbonne non résident;—homme à qui les lieux sont indifférents, qui se trouve bien partout: prononcez ubikuiste (la diphth. ui se fait sentir) et non ubikiste ni ubikouiste ni ubikuisse;—prononcez de même ubiquitaire, ubiquité.
Ue, uer.—En général les wallons prononcent mal ces sortes de syllabes, en intercalant abusivement un w entre l'u et l'e, er; ainsi avenue, cohue, vendue, contribue deviennent avenu-we, cohu-we, vendu-we, contribu-we; de même attribuer, puer, continuer, se prononcent attribu-wer, pu-wer, continu-wer.—C'est là une faute grossière de prononciation: ue doit se prononcer simplement u long: avenû, cohû, vendû, contribû: en appuyant sur l'u suivi d'un e muet, on le distingue suffisamment d'un u non suivi d'un e et que l'on fait bref.
2. De même les syllabes uer, uet, ué, uez, ua, uan, uo, etc., doivent conserver leur prononciation naturelle et ne pas se transformer en u-wer, u-wé, u-wez, u-wet, u-wa, etc.: prononcez donc attribu-er, évalu-é, vous contribu-ez, mu-et, continu-ation, évalu-ation, du-o et non attribu-wer, évalu-wé, vous contribu-wez, mu-wet, continu-wation, évalu-wation, du-wo.—Le défaut de prononciation que nous signalons, est extrêmement grossier, quoique pourtant il soit très-commun dans les provinces wallonnes; nous devons en dire autant du défaut suivant.
3. Les mêmes observations s'appliquent à la prononciation du latin: vous direz donc tu-us, su-us, sensu-um, defectu-i, cu-i, tribu-o, tribu-i, etc., et 494 non tu-wus, su-wus, sensu-wum, defectu-wi, cu-wi, tribu-wo, tribu-wi.
Uhlan, s. m.—L'u est aspiré; on écrit aussi hulan et houlan (Acad.): espèce de lancier dans l'armée autrichienne.
Ui.—Généralement les wallons ne font aucune différence en ui et oui et prononcent de la même manière Louis et lui, Huy et oui, fouir et fuir; c'est un défaut dont il importe souverainement de se corriger.—Conservez donc à la diphthongue ui son véritable son ui (u-i) et ne la métamorphosez pas gauchement en oui (ou-i), ce qui est tout différent.
Ultimatum, s. m., dernière condition d'un traité;, il n'a point de plur.—Prononcez ultimatome.
Umble, s. m., poisson qui ressemble beaucoup à la truite: on prononce omble, mais on dit et l'on écrit communément ombre, ombre-chevalier.
Un, une, adj. num. card.—Il s'emploie souvent comme substantif, et alors il ne prend point d's au pluriel: trois un de suite font cent onze.—Le masculin un se prononce à peu près comme s'il y avait eun et le féminin une se prononce u-ne: un jardin, un héros, une table, etc.—Devant une voyelle ou une h muette, un se prononce aussi eun, mais on le joint par une autre n au mot suivant: un oiseau, un homme (eun-noi-seau, eun-nhomme et non pas, u-noiseau, u-nhomme).—Dans les locutions sur les une heure, vers les une heure, l's de l'article pluriel les ne doit point se joindre à l'adjectif une; on prononce sur lè une heure, vers lè une heure: la raison en est que cet article pluriel n'appartenant point au substantif une heure, mais à un substantif pluriel sous-entendu, tel que environs, moments, etc., il repousse le singulier une.
2. L'un et l'autre, l'un ou l'autre, etc., se prononcent l'eun-net l'autre, l'eun-nou l'autre, ou bien sans joindre l'n aux mots et, ou. Mais lorsque l'un est 495 séparé de l'autre par d'autres mots que les conjonctions et, ou et que la préposition à, l'n de l'un ne se fait point sentir devant la voyelle du mot qui suit: ainsi l'un est riche, l'autre est pauvre; l'un aime à lire, l'autre à jouer, ne se prononcent point l'eu-nest riche, l'eu-naime à lire, etc.
3. Un chacun: voyez chacun.
4. Un. Ne dites pas: c'est un de Verviers; dites, c'est un Verviétois, c'est quelqu'un de Verviers.
5. Ne dites pas: monsieur Pierre est de ceux qui fut décoré; dites, un de ceux qui furent...
6. Un, premier.—On dit le premier janvier, le deux, le trois, le dix janvier; on dit de même Léopold premier, Philippe deux, Philippe trois, Philippe cinq:—en vers cependant on peut dire second dans ce dernier cas: François second.
7. Ne dites pas: l'un jour ou l'autre, j'irai vous voir, dites, un de ces jours-ci...
8. Ne dites pas: l'un jour il est gai, l'autre jour il est triste; dites, un jour il est gai, l'autre jour il est triste.
9. Ne dites pas: j'ai vu un qui était original; dites, j'en ai vu un (s'il y a un substantif exprimé précédemment), ou j'ai vu un homme, j'ai vu quelqu'un...
10. Ne dites pas: je lui ai expédié un cinquante kilogrammes; ôtez un et dites, je lui ai expédié cinquante kilogrammes.
11. Ne dites pas: c'est un des plus éloquents prédicateurs que nous avons; dites, ... que nous ayons.
12. Ne dites pas: il n'y en avait pas un qui comprenait; dites, ... qui comprît.
13. Ne dites pas: l'un ou l'autre de mes amis vient me prendre; dites, un de mes amis vient me prendre.
Uniforme, s. masculin: un uniforme neuf et non une uniforme neuve.
Union, s. f.: prononcez u-nion et non u-gnion: l'union fait la force.—Voyez ni.
Unir, v. a.—Unir, dans le sens propre, veut la préposition à ou la préposition avec: unir un mot à un autre ou avec un autre. (Acad.)—Au figuré, il ne prend que la préposition à: Turenne unissait la prudence à la hardiesse; ce jeune homme unit la modestie au mérite.—Son composé réunir veut la préposition à, lorsqu'il est employé au propre: le cou réunit la tête au corps. Mais au figuré, dans le sens de posséder en même temps, réunir veut que les différents compléments directs soient joints par la conjonction et: Turenne réunissait la prudence et la hardiesse; ce jeune homme réunit la modestie et le mérite.
Université, s. f.—Il n'y a en France qu'une université proprement dite, et sous ce nom l'on comprend les académies, les facultés (de droit, de médecine, de belles-lettres, etc., établies dans les chefs-lieux des cours impériales ou cours d'appel), les colléges impériaux, les colléges communaux, les pensions et les écoles primaires;—ne dites donc pas: ouvrage adopté par les universités de France, mais, par l'Université de France.
Us, s. m. pl., les règles, la pratique qu'on a coutume de suivre en quelques pays touchant certaines matières; il est presque toujours joint au mot coutumes: les us et coutumes.—Prononcez uce.
Usage, s. m.—En parlant des choses qui durent longtemps, employez le mot user: cette étoffe de drap est d'un bon user; il y a des étoffes qui deviennent plus belles à l'user.—Usage, dans ce sens, n'est pas français.
User, v. n.—Ne dites pas: en usez-vous, je n'en use pas: dites, en prenez-vous, prenez-vous du tabac, 497 je n'en prends pas, je ne prends pas de tabac. On peut également se servir du mot priser, qui ne figure pas dans le dictionnaire de l'Académie, mais qu'un usage universel a consacré depuis longtemps: prisez-vous? je ne prise pas.
Ustensile, s. masculin: un ustensile de cuisine.
Usufruit, usufruitier.—Gardez-vous bien d'écrire ou de prononcer usurfruit, usurfruitier: il n'a pas cette terre en propre, il n'en a que l'usufruit, il n'en est que l'usufruitier.
Usurpateur, s. m.—Le féminin correspondant est usurpatrice.
Utérin, ine, s. m.: frères, sœurs utérins, consanguins, germains: voyez germain.
V.—Il faut conserver à cette lettre sa prononciation naturelle dans les mots terminés en ve, comme vive, neuve, brève, brave, cave, achève, achèvement, prévenir, il est venu, nous venons, manœuvre, livre, mouvement, bravement, etc., et ne pas dire vife, neufe, brèfe, brafe, cafe, achèfe, achèfement, préfenir, il est fenu, nous fenons, manœufre, lifre, moufement, brafement.
2. Il en est de même de cheville, écheveau, échevin, achever, etc., qu'il ne faut pas prononcer ch'fille, éch'feau, éch'fin, ach'fer;—nous conseillons, pour la facilité de la prononciation, de ne pas élider l'e de che, mais d'y appuyer fortement, jusqu'à ce qu'on soit en état de prononcer éch'vin, ach'ver, etc.
3. Un autre défaut propre à certains dialectes wallons, c'est de prononcer comme me la syllabe muette ve précédée d'une syllabe sonore: soumenir, nous menons, prémenir, circonmenir, etc., au lieu de souvenir, nous venons, prévenir, circonvenir.
Va.—Comme va, comment va-t-il?—Voyez aller.
Vacances, s. f. pluriel, temps pendant lequel les études cessent; dans ce sens il ne s'emploie qu'au pluriel: les petites, les grandes vacances; de courtes, de longues vacances.
Vacature.—Ce mot n'est pas français, rendez-le par vacance, temps pendant lequel une place, une dignité, un emploi n'est pas rempli: durant la vacance du Saint-Siège; la vacance d'une abbaye, d'un bénéfice; il y a vacance de la chaire de littérature française à l'université;—on peut également faire usage du mot vacation, qui signifie quelquefois vacance, dit l'Académie, en parlant de choses non occupées, des places, des emplois non remplis, vacants: la vacation d'un emploi; un bénéfice en vacation; à la première vacation, ces fonctions seront supprimées.
2. Vacation, se dit ordinairement de chacun des espaces de temps que des personnes publiques (notaires, experts, etc.) emploient à travailler à quelque affaire: on paie tant aux experts par chaque vacation.
Vaciller, v. n., vacillation, s. f.—Prononcez les deux ll sans les mouiller.
Vade-mecum, s. m., se dit d'une chose que l'on porte commodément et ordinairement avec soi; on dit aussi mais plus rarement, veni-mecum: prononcez vadé-mécome, véni-mécome.
Vagabonder, v. n., errer çà et là; on dit aussi vagabonner (Acad.); prononcez vagabond, vagabonder, etc., et non vakabond, vakabonder.
Vais, 1re p. s. du prés. de l'ind. du v. aller; ne dites pas je m'y vais; je m'en y vais; dites, j'y vais.
Vaisseau, s. m.: voyez navire.
Val, s. m., vallée; il n'est plus en usage que dans les noms propres: Val-St-Lambert, Val-Benoît, Val-Dieu, le château du Val, l'abbaye du Val, l'église du Val-de-Grâce.—Il a un pluriel qui n'est en usage que 499 dans cette phrase, par monts et par vaux, et dans quelques noms de lieux, comme les vaux de Cernai. (Acad.)
Valet, Laquais, s. m.—Le premier désigne un homme de service; le second, un homme de suite; le valet est pour l'utile, le laquais, pour le luxe.
Valoir, v. n., fait valent et non vaillent à la 3e pers. du plur. du prés de l'indic.; de même il fait vaille et non vale au prés. du subj.: ils ne valent pas mieux (et non vaillent) les uns que les autres; il faut que je vaille (et non vale) bien peu de chose à leurs yeux.—On dit aussi vaille que vaille et non vale qui vale.
2. Valoir mieux, suivi d'un infinitif, rejette toute préposition comme aimer mieux: il vaut mieux attendre (et non d'attendre) un peu.—L'Académie donne l'exemple suivant: il y a beaucoup d'occasions où il vaut mieux se taire que de parler: d'où nous concluons que le second infinitif doit être précédé de la préposition de.
3. Dans ce sens ne dites pas: il faut mieux, il faudrait mieux, il eût mieux fallu, etc.; dites, il vaut mieux, il vaudrait mieux, il eût mieux valu.
4. Ne dites pas non plus, valoir plus pour valoir mieux: il vaut mieux (et non il vaut plus) se taire que de parler trop.
Vanille, s. f., vanillier, s. m., plante d'Amérique: on mouille les deux ll.
Vapeur, s. f., vapeur, s. m.—Tout le monde sait ce que c'est la vapeur;—un vapeur, c'est un bateau à vapeur: ce masculin n'est pas encore admis par l'Académie, mais il est employé partout, et ne peut manquer d'être admis un jour.
Vaquer, v. n., Vaguer, v. n.—Vaquer se dit proprement des emplois, des charges, des dignités, et signifie être vacant;—vaguer, c'est errer çà et là, aller de côté et d'autre à l'aventure.
Variation, s. f., signifie changement;—ne dites donc pas: ce marchand d'estampes a une belle et riche variation de gravures; dites, une belle et riche variété.
Vasistas, s. m., petite partie d'une porte ou d'une fenêtre, laquelle peut s'ouvrir et se fermer à volonté; prononcez vazis'tâsse. (Acad.)
Vaste, adj., qui est d'une fort grande étendue: vastes campagnes, vaste mer, vastes déserts, etc.
2. Ne dites donc pas: vaste jardin, vaste maison à vendre; dites, grand jardin, grande maison...
Vaudeville, s. m., chanson populaire et pièce de théâtre: prononcez vôd'ville et non vodéville.
Vaux, s. m., pluriel de val: voyez ce mot.
Vauxhall, s. m., jardin public: prononcez vokçal (o bref). On écrit aussi wauxhall.
Veille, s. f., ne doit pas s'employer comme synonyme de veillée, soirée: aller tous les jours à la veillée (et non à la veille); les veillées, les soirées sont longues en hiver.
Veine, s. f., canal du sang; prononcez vène et non vain-ne.
Vélin, s. m., peau de veau préparée: reliure en vélin, papier vélin:—écrivez et prononcez vélin et non velin.
Vendange et Vidange: voyez vidange.
Vendition, vendue: ces mots ne sont pas français; c'est vente qu'il faut dire: vente de bois, vente de meubles.
Vendre, v. a.—On dit vendre, acheter à bon marché et non, bon marché; on dit également acheter, vendre telle chose dix francs, cent francs et non, pour dix francs, pour cent francs.—Prononcez ven-dre et non ven-te ni ven-dère.—Voyez acheter.
Venimeux, vénéneux, adj.—Vénéneux ne se dit que des plantes, des végétaux: la ciguë est une plante vénéneuse;—venimeux ne se dit que des animaux: la dent de la vipère est fort venimeuse.—Écrivez et prononcez venimeux, venin, envenimer et non vénimeux, vénin, envénimer.
Venir, v. n.—Ne dites pas: je ne puis pas venir à 501 son nom; dites, son nom ne me vient pas, je ne puis pas trouver son nom, me rappeler son nom.
2. Venir à rien, ne peut pas s'employer dans le sens de se réduire à rien; ne dites donc pas: cette eau est venue à rien par l'évaporation; mais, cette eau s'est réduite à rien...
3. Ne dites pas: je viens, je sors de monsieur le curé; je vais au juge de paix; dites, je viens, je sors de chez M. le curé; je vais chez le juge de paix. (Fland. et Wall.)
4. Ne dites pas non plus: je vous paierai bientôt.—Bien, cela ne vient pas à huit jours;—dites, ce ne sont pas huit jours qui font l'affaire; ou bien, huit jours de plus ou de moins n'y font rien. (Fland.)
5. Ne dites pas: on vous attend, Monsieur.—Dites que je viens tout de suite; il faut dire: dites que j'y vais tout de suite. (Fland.)
6. Ne dites pas: je l'ai attendu inutilement, il avait pourtant dit de venir; il faut dire ... il avait pourtant dit qu'il viendrait. (Fland.)
7. Ne dites pas: cela ne vient pas encore au marché; dites, cela ne se vend pas encore au marché. (Fland.)
8. Ne dites pas: cela vient dans la grammaire à telle page; cette scène vient dans tel acte; dites, cela se trouve dans... (Fland.)
9. Ne dites pas: ce chapeau vient roux; cet homme vient maigre; dites, ... devient roux, devient maigre.
10. Ne dites pas: il n'y a pas d'apparence que cette ferme vienne à louer; dites, il n'y a pas d'apparence que cette ferme se loue.
11. Ne dites pas: la semaine qui vient, le mois qui vient, l'année qui vient; dites, la semaine prochaine, le mois prochain, l'année prochaine.—Voyez passé.
12. Ne dites pas: nous vien-de-rions, vous vien-de-riez, mais nous vien-drions, vous vien-driez.
13. N'employez pas venir pour provenir: le papier de Chine vient du mûrier; dites, ... provient du mûrier.
Ventre, s. m.—Dites, avoir mal au ventre, avoir des maux de ventre ou mieux, des coliques, et non avoir mal de ventre. Prononcez ven-tre et non ven-te ni ven-tère.
Ventriloque, adj. des deux genres et s. m.; il se dit d'une personne ayant la voix sourde et caverneuse: ventroloque n'est pas français.
Vêpres, s. f. plur., office divin qu'on chante après midi;—on dit aller à vêpres et non aller aux vêpres; ont peut dire également sans article: chanter vêpres en musique; il est à vêpres. Prononcez vê-pres et non vé-pes ni vêpères.—Voyez messe.
Véreux, euse, adj.—Ce mot est français, et se dit au propre des fruits dans lesquels se trouvent des vers, et au figuré d'une personne ou d'une chose suspecte: pomme véreuse, prune véreuse; il y a quelque chose de véreux dans cette affaire; créance véreuse.
Vergettes, s. f. pl., brosse pour les habits; on dit aussi une vergette. (Acad.)
Verglas, s. m., pluie qui se glace sur le sol: on ne prononce pas l's: verglâ.
Vermicelle, ou vermicel, s. m., violoncelle, s. m.—On prononce aujourd'hui ces mots à la française: vermicelle, violoncelle et non vermichelle, violonchelle.
Verre, s. m.—Dites un verre de montre et non une glace de montre.
Vers, s. m., terme de poésie: prononcez vère et non verse.
2. Vers, prép.—Ne dites pas: j'irai vers quatre heures, mais, vers les quatre heures. (Acad.)—Ne dites pas non plus, se retourner sur quelqu'un, mais, vers quelqu'un.—Prononcez vèr et non verse.
3. Prononcez vers Audenaerde (vèr Audenaerde); il est allé je ne sais vers où (ver où). Il en est de même du substantif vers: vers alexandrin (vèr alexandrin).
4. L's finale sonne dans Anvers. En France on prononce quelquefois Anvère; il est muet dans envers 503 (anvèr), tiers, thiers, travers, univers et dans les verbes je sers, je perds, etc.
5. La finale ers se prononce é dans Angers, Villiers, Louviers, Noirmoutiers, Tiviers, Tilliers, noms de villes.—Dans tous ces mots l's ne sonne jamais, même devant une voyelle: ver à soie et vers à soie se prononcent également vèr à soie.
Verse (à), loc. adv.; on ne l'emploie que dans cette phrase: il pleut à verse.
Verso, s. m., la seconde page, le revers d'un feuillet; on le dit par opposition à recto, la première page du feuillet: vous trouverez ce passage folio 42 verso.
Vésicatoire, s. m., médicament externe: prononcez vézicatoire et non vécicatoire, visicatoire, virsicatoire.
Vétille, s. f., bagatelle: les ll sont mouillées ainsi que dans vétiller, vétilleux.—Vétille de rien est un pléonasme vicieux.
Vêtir, revêtir, font au prés. de l'ind.: nous vêtons, vous vêtez, ils se vêtent; nous revêtons, vous revêtez, ils revêtent;—vêtissent, revêtissent sont la 3e pers. plur. du prés. du subj.
Veto, mot emprunté du latin et qui signifie je m'oppose: le roi a mis le veto, son veto à cette loi;—ce mot ne s'emploie pas au pluriel et se prononce vèto. (Acad.)
Vêtu, Habillé.—Vêtu signifie simplement couvert de vêtements;—habillé ajoute à l'idée de vêtu celle d'une certaine recherche, d'un certain goût, d'un certain ordre dans la mise.
Veuille, Veuillez, veux, voulez: voyez vouloir.
Viande, s. f., chair dont on se nourrit: ian est diphthongue.
Vicaire, s. m.: voyez sous-curé.
Vice, dans la composition des mots, reste invariable au pluriel: des vice-amiraux, des vice-présidents.
Vice-versâ, mots latins dont on se sert adverbialement pour signifier réciproquement: il y a des personnes dont la figure attire et le caractère repousse, et vice-versâ.—On prononce vicé. (Acad.)
Vicoter, vivre petitement, subsister avec peine; ce mot n'est pas français; dites vivoter: il ne fait que vivoter. (Wall.)
Vidange, Vendange, s. f.—La vidange est l'action de vider;—la vendange est la récolte du raisin pour faire le vin.
Vider, v. a.—Vider, c'est faire le vide, c'est rendre vide; ainsi, vider son verre, c'est le boire; c'est donc à tort que quelques personnes emploient ce mot dans le sens de verser; ainsi vous ne direz pas, quand j'aurai débouché la bouteille, je vous en viderai un verre; dites, je vous en verserai un verre. (Wall.)—Vide, vider s'écrivent et se prononcent vide, vider et non vuide, vuider.
Vieil ou Vieux, adj. m., Vieille, adj. f.—Lorsque cet adjectif est employé au masculin après son substantif, on doit toujours se servir de vieux. On dit plus ordinairement vieil devant un substantif commençant par une voyelle ou une h muette; l'Académie pourtant donne les exemples: un vieil homme et un vieux homme.
2. L'l est mouillée dans vieil, vieillir et dans leurs composés; mais elle ne l'est pas dans vielle, instrument de musique, que l'on prononce vièle.
3. Vieux, signifiant avancé en âge; ne dites pas à un enfant: vous paraissez plus vieux que votre frère, puisque ni l'un ni l'autre ne sont vieux; dites, vous paraissez plus âgé que votre frère.
4. Ne dites pas d'un homme âgé, c'est un vieux; dites, c'est un homme âgé, sur l'âge, un vieillard ou un vieil homme.
Vieillard, s. m., Vieillesse, s. f. (ll mouill.)—Ne dites pas vieulard, vieulesse, ni vièlard, vièlesse.
Vieillir, v. n.—Il suit les mêmes règles pour le choix des auxiliaires que le verbe grandir: voyez ce mot.
Vif, vive, adj.—Je le lui dirai de vive voix (vive et non vif), veut dire, je le lui dirai en parlant, en employant la parole, c'est-à-dire, je ne le dirai pas par intermédiaire ou personne tierce ou par lettre.—Mais si vous vouliez signifier que vous le diriez franchement, catégoriquement, formellement, il faut vous servir d'une des expressions suivantes: je le lui dirai nettement, carrément, franchement, sans détours, en face.
Vigne, vigneron: gn est mouillé; ne prononcez donc pas vine, vineron.
Vignoble, s. m., territoire planté de vignes; ce mot est masculin: un riche vignoble.
Vilain, aine, adj., laid, sale, tout ce qui déplaît à la vue.—Un vilain homme est un homme dont les mœurs, la conduite sont honteuses; un homme vilain est un homme laid, ladre, avare.
Vilenie, s. f., action basse et vile; prononcez vilenî et non vilénie ni vilènie.
Ville (à la), en Ville.—A la ville signifie dans la ville, par opposition à la campagne; il a passé l'été dans son château, il va revenir à la ville.—En ville se prend par opposition à la maison qu'on habite: vous êtes venu pour me voir, j'étais en ville, c'est-à-dire, je n'étais pas chez moi.
2. Ne dites donc pas: il est venu en ville, il a son bureau en ville; dites, à la ville.
Villers, nom propre.—En France, on prononce Vilère et en Belgique Vilé.—Villerse est donc une prononciation qui ne se justifie aucunement et qui 506 ressemble plutôt à du flamand qu'à du français ou à du wallon.
Vin, s. m.—On dit mieux, du vin de Bordeaux, de Bourgogne, du Rhin, etc., que du Bordeaux, du Bourgogne, du Rhin.—On ne dit pas du vin de pays, mais du vin du pays.—Voyez cru.
Vingt, adj. num.—Prononcez vin devant une consonne, excepté si le mot qui suit vingt est lui-même un nom de nombre: vingt-deux, vingt-trois (vinte-deux, vinte-trois).
2. Vingt et un: prononcez vinté-un et non vinté-iun.—Voyez cent.
Violoncelle, s. m.: voyez vermicelle.
Virus, s. m., t. de médecine, venin, agent de contagion; prononcez viruce.
Vis, s., pièce de bois ou de métal, cannelée en spirale; ce mot est féminin et se prononce vice: une forte vis.—Prononcez de même tournevis.
Vis-à-vis, loc. prép.—Quoique la plupart des grammairiens condamnent cette expression employée dans le sens de envers, à l'égard, nous ne pouvons pas nous ranger à leur avis, attendu qu'un usage, à peu près universel aujourd'hui, nous paraît l'avoir suffisamment consacrée. Nous dirons donc indifféremment et sans scrupule: il est fier vis-à-vis de ses inférieurs ou envers ses inférieurs; il a été ingrat vis-à-vis de moi ou envers moi.
Visite, s. f.—Rendre visite à quelqu'un, c'est l'aller visiter, et rendre à quelqu'un sa visite, c'est faire à quelqu'un une visite après en avoir reçu une de lui. (Acad.)
Vite, adj., des deux genres, qui se meut, qui court avec célérité, avec grande promptitude; il ne se dit que des animaux et de certaines choses dont le mouvement est rapide: cheval vite, fort vite, comme le 507 vent; mouvement très-vite; il a le pouls fort vite; un copiste qui a la main fort vite. (Acad.)
2. Les flamands font en général un usage trop fréquent de l'adjectif vite: vous êtes trop vite;—il faut dans ce cas employer l'adverbe et le joindre à un autre verbe que le verbe être: par exemple, vous allez trop vite, vous me pressez trop, etc.
3. Ainsi ne dites pas: vous avez été trop vite à parler; dites, vous avez parlé trop vite ou vous avez été trop prompt à parler, trop empressé à parler.
4. Vite, adv., avec vitesse.—Dépêchez-vous vite est un pléonasme vicieux.—Vitement, adv., vite: aller vitement, courez vitement:—il est familier. (Acad.)
Vitre, s., pièce de verre qui se met à une fenêtre: carreau de vitre; il manque là une vitre; ce mot est féminin.—Prononcez vitre et non vite ni vitère.
Vitrine, s. f., ne figure pas dans le dictionnaire de l'Académie; selon Bescherelle, il se dit, dans quelques provinces, du vitrage d'une boutique.
Vitriol, s.—Ce mot est masculin: du vitriol blanc.
Vivat, s. m., acclamation, applaudissement; il est invariable au pluriel: des vivat.—Prononcez vivate. (Acad.)
Vivre, v. n.—Ne dites pas: cette propriété me rapporte assez pour vivre; dites, pour me faire vivre. (Wall.)
2. Ne dites pas: vivre sur ses rentes, il vit avec des pommes de terre, mais vivre de ses rentes, il vit de pommes de terre. (Wall.)
3. Vivre, s. m., nourriture: le vivre et le vêtement. (Acad.) On l'emploie surtout au pluriel, et alors il signifie toutes les choses dont une personne peut se nourrir: les vivres sont fort chers dans cette ville; de bons vivres, des vivres frais.
4. L'i est long dans le substantif vivre, tandis qu'il est bref dans le verbe vivre.
Vlà ou V'là, mauvaise construction de voilà.
Voie (en).—Cette expression qui est toute wallonne et quelquefois aussi flamande, se traduit de différentes manières suivant le verbe auquel elle est jointe.
2. Aller en voie, s'en aller, se retirer, s'ôter, s'éloigner: ôtez-vous de mon soleil; allons-nous-en d'ici.
3. Balayer en voie, balayer: balayez ces ordures.
4. Chasser en voie, chasser: la nuit nous chassa.
5. Couper en voie, couper, retrancher, élaguer: il faut couper plusieurs branches à cet arbre.
6. Courir en voie, s'enfuir, s'échapper, se sauver.
7. Envoyer en voie, envoyer, renvoyer, envoyer promener: il m'impatientait à tel point, que j'ai fini par l'envoyer promener.
8. Être en voie, être parti, être sorti, être en voyage, être absent, n'être plus.
9. Gratter en voie, gratter, enlever, ôter, emporter, effacer.
10. Jeter en voie, jeter: c'est un homme d'ordre qui ne jette rien.
11. Mener en voie, emmener: emmener cet homme, je vous prie.
12. Mettre en voie, ôter, ranger, mettre ailleurs, mettre dehors, renvoyer.
13. Porter en voie, emporter.
14. Pousser en voie, pousser de côté, dehors.
15. Tirer en voie, ôter: il y a trop de bois dans le feu, ôtez-en la moitié.
16. Voler en voie, s'envoler: il n'y a plus que le nid, les oiseaux s'en sont envolés.
Voilà, prép.—Ne dites pas: voilà où que nous en étions; voilà oùsque, où est-ce que nous en étions; dites, voilà où nous en étions.
Voile, s., est féminin, quand il signifie une pièce de toile très-forte que l'on attache aux mâts des navires, bateaux, etc., pour recevoir le vent: il avait tendu ses voiles.—Dans les autres acceptions, voile est masculin.
Voir, v. a., Regarder, v. a.—Voir, c'est recevoir les images des objets; regarder, c'est voir avec attention, c'est fixer ses regards sur un objet;—les yeux s'ouvrent pour voir; ils se tournent pour regarder.—Faute de faire cette distinction, les personnes qui traduisent du flamand, disent, je vois sur vous, au lieu de, je vous regarde.
2. Voir après.—Ne dites pas: on est allé voir après le médecin; dites, on est allé chercher le médecin. (Wall.)
3. Se voir avec.—Ne dites pas: il ne se voit plus avec ses parents; dites, il ne voit plus ses parents. (Wall.)
4. Voir pâle, pour, être pâle, est un flandricisme: il a donc été malade, car il est bien pâle, et non il voit bien pâle.
5. Ne dites pas: je l'ai vu et parlé; dites, je l'ai vu et lui ai parlé:—parler est un verbe neutre.
6. Ne dites pas avec les petits marchands: voyez voir, regarder voir:—dites simplement, voyez, regarder.
7. En voir, pour, souffrir, avoir de l'embarras, avoir se donner du mal, est un vrai wallonnisme; ne dites donc pas: il en a vu beaucoup dans sa maladie; il en a bien vu pour gagner son procès; dites, il a souffert beaucoup dans sa maladie; il s'est donné bien du mal pour gagner son procès.
8. En voir de grises, pour, souffrir, est également un expression wallonne.
9. Il en faut dire autant de voir quelqu'un volontiers pour, aimer, estimer quelqu'un.
10. Voir goutte, n'y voir goutte: voyez goutte.
Voire, adv., signifie, même: tout le monde était de cet avis, voire monsieur un tel qui n'est jamais de l'avis de personne.—On le joint souvent au mot même: ce remède est inutile, voire même pernicieux.—Voire, dans ce sens, s'écrit avec un e final. (Acad.)
Voisin, voisinage: ne prononcez pas woisin, woisinage.
Voix, s. f.—Je le lui dirai de vive voix: voyez vif.
Volage; adj., qui est changeant et léger: cœur volage; la jeunesse est volage. (Acad.)—Mais il ne s'emploie pas dans le sens de: étourdi, dissipé, inattentif; ne dites donc point: ce petit garçon ne peut rien apprendre, il est trop volage; dites, il est trop étourdi, ou trop dissipé, ou trop inattentif, selon le sens.
Vole, s. f., terme du jeu de cartes pour indiquer que l'un des deux joueurs fait toutes les mains: il a fait la vole.—Ne dites pas volte.
Volée, s. f.—Ne dites pas: on lui a administré une volée; dites, une volée de coups, une volée de coups de bâton (c'est-à-dire, un grand nombre de coups).
Volontaire, adj., indocile, rétif, entêté, qui prétend faire ce qu'il veut; c'est donc à tort que certaines personnes emploient ce mot comme synonyme de soumis, docile, de bonne volonté.
Volume, Tome: voyez tome.
Vos, adj. poss. pl.—C'est un grossier wallonnisme de dire: ah! vos bavards! ah! vos menteurs! Il faut prendre une autre tournure et dire, par exemple: ah! bavards que vous êtes, menteurs que vous êtes!—Prononcez vô, nô (ô long) et non vo, no (o bref).
Votre, adj. poss.; voyez notre et nos.
2. Ne commencez pas une lettre par ces mots: j'ai reçu la vôtre; dites, j'ai reçu votre lettre, parce que le mien, le nôtre, etc., supposent un substantif exprimé précédemment.
Voui, particule d'affirm.; dites oui.
Vouloir, v. a., fait veulent à la 3e pers. plur. du prés. de l'indic., et il faut bien se garder de prononcer veuillent comme au subjonctif: il y a des enfants qui veulent être menés par la crainte.
2. Veuille, veuillez, veux, voulez, sont les deux impératifs de vouloir:—veuille et veuillez sont moins énergiques, moins absolus que veux, voulez;—veuille, (et veuillez) signifie, aie la bonté, la complaisance;—veux (et voulez) signifie, aie la force, le courage, le caractère: veux bien et tu arriveras; voulez une bonne fois et vous remporterez la victoire; veuillez m'écrire et je vous répondrai.
3. Lorsqu'on consulte quelqu'un sur ce que l'on doit faire, il est ridicule de dire: veux-je faire telle chose? il faut dire, dois-je faire, faut-il faire telle chose, voulez-vous que je fasse telle chose:—faut-il vous aider?
4. Après le conditionnel, je voudrais, nous voudrions, j'aurais voulu, etc., employez l'imparfait et le plus-que-parfait du subjonctif et non le conditionnel: je voudrais que vous vinssiez tel jour; j'aurais voulu que vous eussiez fait telle chose, et non, que vous viendriez, que vous auriez fait...
5. Ne dites pas: faites comme vous voulez, ce sera toujours bien; dites, faites comme vous voudrez...: le futur est plus poli en ce qu'il laisse une plus grande latitude.
6. Ne dites pas: voulons-nous faire une promenade? dites, voulez-vous faire une promenade?—Il va sans dire que celui qui propose est toujours censé vouloir.—Voyez plaire.
7. Ne dites pas: retirez-vous, je ne vous veux pas: dites, je ne veux pas de vous.
Vous.—Ne dites pas: partez sur-le-champ pour vous revenir de bonne heure; dites, ... pour revenir de bonne heure.
Voyage, voyelle: prononcez voi-iage, voi-ielle et non voi-age, voi-elle ni vo-iage, vo-ielle.
Vrai, pas vrai? pour dire, n'ai-je pas raison?—cette phrase est vicieuse; dites, n'est-il pas vrai?
Vuit, mauvaise prononciation du mot huit.
Wagon ou Waggon, s. m., sorte de voiture employée au chemin de fer: prononcez ouagon; plusieurs prononcent et écrivent vagon.
Wallon, onne, s. et adj.—Prononcez oualon.
Wallonnisme, s. m.: voyez idiotisme.
Whig, s. m., nom d'un parti politique en Angleterre: les whigs sont opposés aux torys.—Prononcez ouigue.
Wiskey, s. m., sorte d'eau-de-vie de grain: on prononce ouiski.
Wiski, s. m., sorte de cabriolet léger et très-élevé: prononcez ouiski.
Whist, s. m., sorte de jeu de carte: on prononce ouiste et non ouisse.—Quelques-uns disent wisk, qu'on prononce ouiske. (Acad.)
X.—On doit beaucoup exercer les enfants wallons à bien prononcer cette lettre; nous avons toujours remarqué en effet qu'ils en viennent difficilement à bout; et cela se conçoit très-bien quand on pense que cette lettre ne figure généralement dans le wallon que sous la forme d'une s ou d'un k.
Xh.—Dans certains noms propres d'hommes ou de lieux de notre pays l'h est précédée d'une x, laquelle rend l'aspiration plus forte: Xhovémont, Xhavée, Xhoris, Xhendremael, Fexhe, Xhardé, Xheneumont, etc.—Il faut conserver à ces mots la prononciation reçue dans le pays, en aspirant fortement l'h et en ne tenant aucun compte de l'x.—Les étrangers et certains gallomanes s'obstinent maladroitement à vouloir prononcer ces mots à la française et disent imperturbablement Xovément, Xavée, Xoris, Xendremael, Fexe, etc. ou 513 Covèmont, Cavée, Coris, Quendremael, Fèke... C'est manquer à la grande règle de prononciation, qui veut que l'on conserve aux noms étrangers leur prononciation locale.
Y.—Nous pensons que d'ici à peu de temps l'y doit disparaître de tous les mots français où il peut être remplacé par i sans nuire à la prononciation. Ainsi on écrit aujourd'hui Tournai, Courtrai, Remi, faïence, païen, etc., de préférence à Tournay, Courtray, Remy, fayence, payen.—Nous conviendrons pourtant que pour Barthélemi, les auteurs abandonnent plus difficilement la vieille orthographe, et que plusieurs continuent à écrire Barthélemy.—Quant à nous, il nous paraît que, pour rester logique, il faut également faire disparaître cet y et écrire Barthélemi.
2. Ne dites pas: mène-moi-z-y; promène-toi-z-y en attendant; dites, mène-moi dans ce lieu, dans cet endroit ou veuille m'y mener;—promène-toi là ou dans ce lieu.
3. Aujourd'hui on ne met plus de tréma sur l'y.
Yacht, s. m., petit bâtiment à voiles et à rames, qui sert pour la promenade. Prononcez iake, et l'y est aspiré: les yachts sont forts communs en Hollande et en Angleterre (lè-yaques et non lè z'iaques.) (Acad.)
Yankee, s. et adj., sobriquet des Américains: prononcez ian'ki.
Yatagan, s. m., sorte de poignard turc: l'y est aspiré.
Yeux, s. m. pl.: entre quatre-z-yeux: voyez quatre.
2. Œil bleu, yeux bleus, pour, œil poché, yeux pochés, est une expression flamande.
3. Yeux: prononcez ieu et non jeu.
Yole, s. f., sorte de petit canot léger: prononcez iole (i aspiré).
Z.—Évitez de prononcer la finale z ou ze comme ce: prononcez gaz, on-ze, dou-ze, trei-ze, etc., et non gace, once, douce, treice.
Zéro, s. m.—On dit souvent zéro en chiffre, pour dire un homme, une chose sans valeur; c'est une faute et il faut dire: zéro sans chiffres.
Zest, interj., pour se moquer: il se vante de faire telle chose, zest!—Prononcez le t, zeste et non zesse.
2. Zest, s. m.—Il n'est usité que dans cette locution proverbiale et familière; être entre le zist et le zest, qui se dit d'une personne fort incertaine sur le parti qu'elle doit prendre ou d'une chose qui n'est ni bonne ni mauvaise.—Prononcez le t dans zist et dans zest. (Acad.)
3. Zeste, s. m.—Espèce de cloison, de séparation membraneuse qui divise en quatre l'intérieur d'une noix: le zeste d'une noix.
Zigzag, s. m., ligne formant des angles aigus; le pluriel est zigzags.—Prononcez les g durs.
Zinc, s. m., métal d'un blanc bleuâtre;—zinguer, couvrir de zinc;—zingueur, ouvrier qui travaille le zinc:—on dit également, mais moins souvent quoique plus régulièrement, zinquer, zinqueur.
Zizanie, s. f., ivraie, mauvaise graine qui vient parmi le bon grain; il n'est plus en usage au propre. Au figuré, il signifie désunion, mésintelligence: ils étaient bien unis, quelqu'un a semé la zizanie parmi eux, entre eux.—Écrivez et prononcez zizanie et non sizanie.
Zollverein, association douanière en Allemagne: prononcez, tsol-fe-reine (à l'allemande) et mieux zol-verène.
Zone, s. f., (o sans accent circonflexe), chacune des cinq divisions de la terre, entres les pôles. Prononcez zône (ô long).
Zoologie, s. f., science qui a pour objet les animaux.—Ne dites pas: avez-vous été voir la zoologie d'Anvers? dites, le jardin zoologique.—Quant à cette dernière expression, jardin zoologique, nous ne voyons pas, malgré l'opinion de certains grammairiens, ce qu'elle peut avoir de répréhensible; ne dit-on pas jardin botanique?—Au reste, par quel autre mot voudrait-on la remplacer: jardin botanique, jardin des plantes, jardin-ménagerie, jardin-muséum? Mais un jardin botanique a pour objet la culture des plantes, exclusivement, comme son nom l'indique;—un jardin des plantes n'est qu'un jardin botanique, si l'on s'en tient à la valeur des termes; et si le jardin des plantes de Paris est en même temps un jardin zoologique, ce n'est pas à coup sûr sa dénomination qui nous l'apprend;—un jardin-muséum? mais quel muséum renferme-t-il? on ferait bien de le dire;—quant à jardin-ménagerie, nous n'avons rien à en dire, quoique pourtant, de tous les mots précédents, c'est celui qui nous paraît rendre le mieux la chose; mais après tout, ce terme nous semble peu convenable et d'une composition peu heureuse, outre qu'il n'est nullement prouvé qu'il ait été mieux accueilli et qu'il soit d'un plus fréquent usage que jardin zoologique.
FIN.
Au lecteur.
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